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L’UE « choquée » par Varoufakis - Mais au nom de quoi peut-elle se « choquer » ?

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L’UE « choquée » par Varoufakis

Mais au nom de quoi peut-elle se « choquer » ?

 

Voilà autre chose ! L’intraitable Varoufakis avait un plan B secret, hypermoderne et blasphématoire*. Hypermoderne parce que ce plan reposait sur un piratage informatique sophistiqué (mis au point par un copain geek) ; blasphématoire parce que ce plan réalisait la sortie de l’euro et la résurrection de la monnaie nationale grecque.

 

 C’était avant les élections de janvier 2015. Varoufakis pensait qu’une sortie consensuelle de la Grèce (« grexit ») ne serait pas admise par Bruxelles craignant que l’exemple ne s’installe dans les esprits. Il avait donc formé une cellule secrète de cinq personnes et organisé un « grexit » insurrectionnel, clandestin dans sa préparation ; celle-ci consistait à pirater informatiquement la banque centrale grecque pour transférer les fonds des contribuables vers les organisations financières de l’État. Le but était de « créer un système bancaire parallèle, au moment où les banques étaient fermées à cause de l’action agressive de la BCE visant à nous étrangler » – explique Varoufakis dans une téléconférence du Forum des institutions financières et monétaires (OMFIF) divulguée dimanche par la presse de droite athénienne. Le système Varoufakis, libellé initialement en euros, était conçu pour s’adapter rapidement au retour à la monnaie nationale grecque.

 

D’où le frisson de nos commentateurs radio... L’un d’eux interrogeant ce matin un financier français s’offusquait de l’idée de Varoufakis : « Son plan aurait été déclaré illégal par Bruxelles ! »

 

Ce mot (« illégal ») laisse perplexe.

 

Quelle est la source de la légalité dans l’UE ?

 

La question n’est pas résolue, même si l’on fait comme si. Cette équivoque elle-même est significative parce qu’elle semble voulue et durable :

 

► Ou bien l’on suit la logique démocratique, et l’on dit que la source du droit en Europe réside dans les diverses démocraties nationales composant l’Union : auquel cas la Commission, la CJUE et la CEDH n’ont de rôle juridique que par délégation. Auquel cas aussi l’un des États membres a le droit de se retirer et d’en prendre les moyens...

 

► Ou bien l’on suit une logique autre que démocratique : on fait comme si l’UE était un engrenage sans retour en arrière, en vertu d’une mystérieuse puissance supérieure aux États – donc aux démocraties résidant dans leurs peuples.

 

Tout se passe comme si la logique numéro 2 était au pouvoir, jusque dans les esprits des éditorialistes et des gouvernants. Il suffit de voir ce qu’il advient des référendums quand ils ne tournent pas dans le sens de l’engrenage, ce dont l’affaire grecque nous a donné l’exemple le plus caricatural.

 

C’est cet engrenage que l’UE décore du nom de « légalité » : une légalité qui ne répond pas aux critères du droit démocratique, carence que vient de signaler à son tour l’épiscopat français. L’appareil de l’UE est une machine qui ne se soucie ni de légalité ni de légitimité, non par perversion (une machine n’a pas d’âme) mais par structure de fonctionnement. Nous sommes bien en post-démocratie. Varoufakis le savait. Tsipras aussi : mais, lui, il est coincé.

 

 

 

Par Patrice de Plunkettplunkett.hautetfort.com – le 28 juillet 2015

 

 

Note :

 

* Blasphémer l’UE n’est pas autorisé : ça fait partie des rares tabous d’aujourd’hui.

 

***

 

> sur la "légalité" de l'euro, lire l'argumentation implacable de Varoufakis ici : http://www.les-crises.fr/transcription-integrale-de-linterview-de-yanis-varoufakis-notre-bataille-pour-sauver-la-grece/

 

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Europol amorce la censure de contenus légaux contre le terrorisme

Europol amorce la censure de contenus légaux contre le terrorisme | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Europol amorce la censure de contenus

légaux contre le terrorisme

 

Europol a annoncé au début du mois le déploiement d’une nouvelle unité qui traquera sur internet les contenus « de propagande terroriste » ou « d’extrémisme violent », et qui les signalera de gré à gré aux plateformes pour qu’elles les suppriment immédiatement. Sans ordre judiciaire ou administratif, et même lorsque le contenu en cause ne viole pas la loi.

 

Europol, l’agence européenne chargée de faciliter la coordination entre les différentes polices de l’Union européenne et de mener des enquêtes en matière de criminalité transfrontières, a annoncé la semaine dernière le lancement de la European Union Internet Referral Unit (EU IRU), dont il faut comprendre toute la symbolique et l’importance sur le plan (anti) démocratique.

 

Présentée comme une initiative visant à « combattre la propagande terroriste et les activités extrémistes violentes liées sur internet », l’unité de police européenne est avant tout un instrument de contre-propagande qui doit permettre aux gouvernements d’obtenir sur internet la censure de contenus que les législations ou juges nationaux ne considèrent pas (ou pas toujours) comme illicites au regard des lois adoptées par les représentants élus.

 

L’unité d’Europol signalera aux services en ligne des contenus qualifiés « de propagande terroriste » ou « d’extrémisme violent » qu’ils hébergent ou auxquels ils donnent accès, pour obtenir qu’ils les suppriment aussitôt, sans passer par un processus judiciaire ou administratif public et contradictoire.

 

La création de l’EU IRU avait été proposée en début d’année par le coordinateur de l’Union européenne pour la lutte contre le terrorisme, Gilles de Kerchove, qui suggérait de généraliser à toute l’Europe le principe de la Counter Terrorism Internet Referral Unit (CTIRU), créée par la police de Grande-Bretagne. Dans un document confidentiel (.pdf), de Kerchove écrivait en toutes lettres qu’il fallait « soumettre [aux réseaux sociaux] les contenus terroristes ou extrémistes qui violent les propres termes et conditions des plateformes (et pas nécessairement la législation nationale) ».

 

L’idée de créer l’European Union Internet Referral Unit part du constat simple que l’efficacité de la loi en matière de censure étatique est bridée par les principes de liberté d’expression sur lesquels veille la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Mais que par ailleurs, les internautes n’utilisent plus de réseaux P2P et n’hébergent plus leurs propres contenus lorsqu’ils s’expriment, mais passent quasi exclusivement par des plateformes privées (YouTube, Facebook, Twitter, Google+, Overblog,...) qui imposent des contrats privés, lesquels peuvent être plus restrictifs que la loi en matière de liberté d’expression.

 

Il est donc bien plus efficace et discret en 2015 de faire exercer cette censure par les acteurs privés, grâce à des pressions à des accords bons pour leur image publique, que d’opérer cette censure par des ordres administratifs dont la légalité est parfois très douteuse et sujette à des condamnations par la CEDH.

 

 

« DES RELATIONS DE CONFIANCE AVEC LE SECTEUR PRIVÉ »

 

C’est dans ce sens que le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a obtenu en avril dernier l’accord de principe de Google, Facebook, Apple et Twitter de mettre en place « une plateforme de bonnes pratiques dans la lutte contre la propagande terroriste sur le Net », qui doit faciliter la fermeture de comptes ou la suppression de contenus. « Les terroristes n’ont pas leur place sur Facebook », avait ensuite déclaré le réseau social pour marquer son approbation de la démarche, même si qualifier le « terrorisme » est souvent plus politique que pénal, et qu’il paraît douteux, voire dangereux pour la démocratie, de laisser des entreprises privées et l’exécutif décider souverainement de ce qui est de la propagande terroriste et ce qui ne l’est pas.

 

Selon le communiqué d’Europol, l’EU IRU « puisera dans les relations de confiance qui existent entre les autorités de police [et] le secteur privé », et « identifiera et fera suivre les contenus en ligne pertinents aux fournisseurs de services internet concernés, et aidera les États membres avec des analyses opérationnelles et stratégiques ».

 

« Les récentes attaques terroristes en France, Tunisie et au Koweït ont démontré une nouvelle fois combien il est important de combattre les menaces terroristes avec détermination », s’est félicité Dimitris Avramopoulos, le commissaire européen à l’immigration, aux affaires intérieures et à la citoyenneté. L’Unité d’Europol « fournira aux États membres un appui opérationnel sur la manière de réaliser plus efficacement la détection et la suppression d’un volume croissant de contenus terroristes sur internet et sur les médias sociaux ».

 

Suite à la décapitation terroriste d’un chef d’entreprise dans l’Isère, le Premier ministre français Manuel Valls avait rapidement fait savoir que c’était « d’abord sur internet » qu’il fallait lutter contre le terrorisme, tout en précisant qu’aucune loi supplémentaire ne serait nécessaire. Car désormais, la censure se fait plus discrète, par le droit souple, qui n’a rien de démocratique.

 

Avantage supplémentaire : la censure de gré à gré, négociée entre États et acteurs privés, n’apparaît pas dans les rapports. Ni les rapports officiels des pays qui doivent rendre compte de leur politique en matière de respect de la liberté d’expression, ni les prétendus « rapports de transparence » des entreprises privées, qui se contentent de signaler les demandes officielles émanant des États.

 

 

 

Par Guillaume Champeau - numerama.com – le 6 juillet 2015.


Rose Clerc's curator insight, December 12, 2015 3:05 AM

Europol lutte anti cybercriminalité action majeure

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Faillite de la démocratie occidentale : une dérive totalitaire à son point d’achèvement

Faillite de la démocratie occidentale : une dérive totalitaire à son point d’achèvement | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Illustration : la machine de la terreur (« Quotidien des Rédacteurs » du 2 juillet 2015)

 

 

Faillite de la démocratie occidentale :

une dérive totalitaire à son point d’achèvement

 

La (brève) campagne pour le référendum grec aura achevé de faire tomber les derniers oripeaux de l’idée démocratique à l’occidentale. Et confirmé la dérive clairement totalitaire d’une élite dirigeante aux abois.

 

A-t-on jamais vu pareil déchaînement contre un gouvernement ayant décidé de consulter ses citoyens quant au chemin délicat qu’il entendait emprunter ?

 

  • Intrusion grossière dans un processus démocratique avec des appels, que dis-je, des injonctions à voter oui de la part des autorités européennes : « Un non des Grecs au référendum serait un non à l’Europe » (Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne).

 

  • Menaces ouvertes de représailles en cas de vote contraire à ces injonctions, comme celle de Jeroen Djisselbloem, président de l’Eurogroupe, avertissant que toute négociation serait close si la Grèce vote « non ».


  • Appel sans phare à un coup d’État : Martin Schultz, président du Parlement européen, ne vient-il pas d’exprimer son souhait de « voir la fin de l’ère Syriza en cas de victoire du « oui » aux réformes, pour qu’un gouvernement de technocrates puisse être formé » ?


  • Mensonges éhontés pour appuyer des arguments comme cette déclaration du ministre français Sapin invoquant de prétendues interventions de pays jaloux des « largesses » accordées par le FMI à la Grèce (affirmations solennellement démenties par les intéressés, l’Argentine et le Brésil, ceux-là prenant au contraire fait et cause… pour le gouvernement Tsipras !).


  • Pressions intérieures tout aussi brutales comme ce chantage révélé par Panagiotis Grigoriou sur son site Greek Crisis : en juin, des entreprises privées grecques n’ont payé que la moitié des salaires de leurs employés, en menaçant ces derniers de s’exposer à des licenciements massifs en cas de victoire du « non ».

 

 


La répression comme ultime méthode de gouvernement

 

Mais ces dangereuses dérives ne se limitent pas au seul cas grec. Celui-ci n’est au contraire que le point d’achèvement de l’idée démocratique à l’occidentale. Car il faut avoir les yeux et l’esprit sérieusement crottés pour ne pas en avoir vu se multiplier les signes de plus en plus criants de la tentation totalitaire :

 

  • La remise en cause sans complexe de tous les résultats électoraux « non conformes » : après le référendum français de juin 2005, les législatives grecques de janvier 2015 avaient déjà fait l’objet de ces remises en cause à peine voilées.


  • La militarisation galopante de l’espace démocratique : non seulement en Ukraine et dans les ex-pays dits de l’Est, mais également sur toutes les Zad récalcitrantes et dans tous les quartiers « échauffés » (cf. l’équipement des Robocops policiers abondamment déployés par les autorités en poste).


  • La multiplication des mesures répressives et liberticides : mises sur écoutes de tous les citoyens, limitation draconienne du droit de manifester comme en Espagne, répression féroce contre tous les lanceurs d’alerte tels Julian Assange ou Edward Snowden…


  • L’assujettissement complet des moyens d’informations devenus purs instruments de propagande au service de la pensée unique, comme on a pu encore le vérifier avec la curée médiatique contre le référendum grec, tant dans les pays satellites européens qu’en Grèce même où TOUS les médias privés se sont faits les hérauts du « oui ».

 

 

Des ennemis

 

Cette fuite en avant totalitaire, qui ne prend même plus soin de se draper dans les oripeaux de l’apparence démocratique, illustre bien plus un désarroi qu’une position de force des dirigeants occidentaux. Ceux-là n’ont tout bonnement plus d’autres moyens, ni financiers, ni économiques, ni politiques, encore moins sociaux, d’assurer leur autorité auprès de leurs ouailles.

 

Pas d’autres moyens non plus, et c’est peut-être le plus important, de préserver les intérêts très privés de leurs commanditaires. Car là où les citoyens russes et chinois ont encore des chefs d’État, les populations occidentales n’ont plus depuis longtemps que les VRP appointés des lobbies de ces intérêts privés.

 

Dès lors, le spectacle démocratique n’a plus pour but que de valider le degré de soumission des majorités à leurs maîtres. Et l’effondrement de pratiquement tous les fondamentaux du système occidental néolibéral ne peut conduire qu’au chaos politique.

 

Le fossé est désormais définitif entre les citoyens et ceux qu’on ose plus appeler leurs « représentants ». Quelle qu’en soit l’issue, le résultat du référendum grec témoignera vite de cette rupture irréductible. Car quoi qu’en dise Alexis Tsipras, une victoire du « non » n’infléchira en rien la position inflexible de la Troïka.

 

D’adversaires politiques, ceux-là sont clairement devenus des ennemis.

 

 

Par Le Yéti politis.fr – le 3 juillet 2015.

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Pétition : Non à l’austérité, Oui à la démocratie !

Pétition : Non à l’austérité, Oui à la démocratie ! | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Pétition : Non à l’austérité,

Oui à la démocratie !

Par Altersummit

 

En juin 2015, la Grèce se trouve à un carrefour. Elle doit choisir entre la poursuite des programmes d’ajustement macroéconomique imposés par ses créanciers ou briser les chaînes de sa dette. Cinq ans après le début des programmes d’ajustement, le pays reste plongé dans une grave crise économique, sociale, démocratique et écologique. La boîte noire de la dette n’a pas été ouverte.

 

À ce jour, aucune autorité, grecque ou internationale, n’a cherché à faire la lumière sur les causes et les modalités d’assujettissement de la Grèce au régime de la Troïka. La dette, au nom de laquelle rien n’a été épargné à la population, reste le dogme au nom duquel est imposé un programme d’ajustement néolibéral qui s’accompagne de la plus profonde et la plus longue récession jamais connue en Europe en temps de paix.

 

Dans la continuité de la semaine d’action européenne en soutien avec la Grèce, nous appelons, d’ici au 5 juillet, à « voter » symboliquement contre l’ultimatum des créanciers, en signant et en faisant signer l’appel ci-dessous, et en organisant des votations citoyennes symboliques et rassemblements ou manifestations.

 

À Bruxelles,

une grande manifestation est prévue

vendredi 3 juillet 18 h 30

à la gare Centrale !

Soyons nombreux et nombreuses !

 

 

>>> Participez à la pétition lancée

par Altersummit ici

 

 

 

Par Altersummit - cadtm.org – le 30 juin 2015.

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À lire ou relire : L’appel de Mikis Theodorakis

À lire ou relire : L’appel de Mikis Theodorakis | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


À lire ou relire :

L’appel de Mikis Theodorakis

 

Voici un extrait de 2011 qui refait surface, un appel du cœur que chacun devrait lire ou relire, et malheureusement passé inaperçu ou oublié dans la cacophonie généralisée qui nous est asséné chaque jour dans les médias. Cet appel reste on ne peut plus d’actualité, les vérités n’ont pas bougé d’un iota, mais combien pour l’écouter ? Combien pour saisir la gravité du texte ? Alors, bougeons-nous ! Et faisons de grandes choses, ce n’est pas uniquement avec des mots que le monde peut changer, mais aussi avec des actes !


« Notre combat n’est pas seulement celui de la Grèce, il aspire à une Europe libre, indépendante et démocratique. Ne croyez pas vos gouvernements lorsqu’ils prétendent que votre argent sert à aider la Grèce. (…) Leurs programmes de « sauvetage de la Grèce » aident seulement les banques étrangères, celles précisément qui, par l’intermédiaire des politiciens et des gouvernements à leur solde, ont imposé le modèle politique qui a mené à la crise actuelle. Il n’y pas d’autre solution que de remplacer l’actuel modèle économique européen, conçu pour générer des dettes, et revenir à une politique de stimulation de la demande et du développement, à un protectionnisme doté d’un contrôle drastique de la Finance. Si les États ne s’imposent pas sur les marchés, ces derniers les engloutiront, en même temps que la démocratie et tous les acquis de la civilisation européenne. La démocratie est née à Athènes quand Solon a annulé les dettes des pauvres envers les riches. Il ne faut pas autoriser aujourd’hui les banques à détruire la démocratie européenne, à extorquer les sommes gigantesques qu’elles ont elles-mêmes générées sous forme de dettes.

 

Nous ne vous demandons pas de soutenir notre combat par solidarité ni parce que notre territoire fut le berceau de Platon et Aristote, Périclès et Protagoras, des concepts de démocratie, de liberté et d’Europe. (…)

 

Nous vous demandons de le faire dans votre propre intérêt. Si vous autorisez aujourd’hui le sacrifice des sociétés grecque, irlandaise, portugaise et espagnole sur l’autel de la dette et des banques, ce sera bientôt votre tour. Vous ne prospérerez pas au milieu des ruines des sociétés européennes. Nous avons tardé de notre côté, mais nous nous sommes réveillés. (…) 
Résistez au totalitarisme des marchés qui menace de démanteler l’Europe en la transformant en Tiers-monde, qui monte les peuples européens les uns contre les autres, qui détruit notre continent en suscitant le retour du fascisme. »

 

Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, Mikis Theodorakis est un compositeur (Zorba le Grec, Serpico, etc.) et un homme politique grec, il s’est notamment distingué par son combat contre les dictatures.

 

S’il est autant contesté par certains, car indéniablement la polémique va éclater à ce sujet, c’est suite à ses propos jugés antisémites, à savoir, cette déclaration :

 

« Oui, je suis antisémite et antisioniste. J’aime le peuple juif et j’ai vécu avec lui, mais les Américains juifs se cachent derrière tout, les attentats en Irak, les attaques économiques en Europe, en Amérique, en Asie, les Juifs américains sont derrière Bush, Clinton et derrière les banques. (…) les Juifs américains sont derrière la crise économique mondiale qui a aussi touché la Grèce ».

 

À ces accusations, le compositeur a répondu dans une longue lettre pour clore le débat :

 

« Je suis grec et fier de l’être, car nous sommes le seul peuple en Europe qui, pendant l’occupation allemande (1941-1944), non seulement n’a pas exercé de poursuites contre les juifs, mais, au contraire, les a aidés à vivre et à survivre avec tous les moyens dont nous disposions. À l’époque, j’étais moi-même partisan de l’Armée populaire de libération et je me souviens que nous avions pris sous notre protection de nombreuses familles de juifs grecs, que nous nous sommes souvent battus contre les SS pour les sauver et beaucoup d’entre nous l’ont payé de leur vie. » […] « Donc, me qualifier de raciste et d’antisémite n’est pas une simple calomnie, mais l’expression de la pire bassesse morale, issue le plus souvent de cercles proches d’organisations et d’individus opérant dans la mouvance du néonazisme, et auxquels la crise a permis de relever la tête pour nous menacer et – incroyable, mais vrai – nous accuser, eux, d’antisémitisme en utilisant un arsenal de mensonges et de déclarations insidieuses ! Il suffit de dire, par erreur manifeste, dans une interview de trois heures, « antisémite » au lieu d’« antiraciste », et on s’empare d’une seule et unique phrase dont on isole un mot, brandi comme un étendard, tout simplement pour servir l’intention de m’incriminer. »

 

 

Vous en apprendrez beaucoup plus directement sur la page Wikipedia qui lui est dédiée.

 

 

 

Par Benji - lesmoutonsenrages.fr – le 25 juin 2015.

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36 sites internet bloqués en France. Lesquels et pourquoi ? Mystère.

36 sites internet bloqués en France. Lesquels et pourquoi ? Mystère. | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


36 sites internet bloqués en France.

Lesquels et pourquoi ? Mystère.

 

Bernard Cazeneuve a indiqué dimanche que 36 sites internet avaient déjà été bloqués sur ordre du ministère de l'Intérieur, sans qu'aucune explication détaillée ne soit fournie, ni que l'accusation aboutissant à la censure ne soit vérifiée par un magistrat.

 

Au détour d’un communiqué de presse sur les arrestations opérées dimanche matin relatives à la tentative d’attentat déjouée de Villejuif, le ministère de l’Intérieur a fait savoir que 36 sites internet avaient d’ores et déjà fait l’objet d’une mesure de blocage administratif, dans le cadre d’une stratégie globale de lutte contre le terrorisme mise en œuvre par la France, qui « ne connaît aucune pause ».

 

« Elle est permanente et renforcée chaque jour par les moyens supplémentaires que le Gouvernement mobilise. Tous les jours, nous procédons à des interpellations, nous empêchons des départs vers la Syrie et interceptons des individus de retour sur notre sol. Tous les jours, nous portons des coups au terrorisme », se félicite le ministre de Bernard Cazeneuve.

 

« À ce jour, 1 750 individus sont recensés pour leur implication à un titre ou à un autre dans les filières djihadistes. 113 français ou résidents en France ont trouvé la mort sur le théâtre des opérations. 130 procédures judiciaires concernant 650 personnes sont en cours pour des activités liées au terrorisme. 60 interdictions administratives de sortie du territoire ont déjà été prononcées, et une cinquantaine d’autres sont en cours d’instruction. 36 sites Internet faisant l’apologie du terrorisme ont déjà fait l’objet d’une mesure de blocage. Les mesures de la loi antiterroriste du 13 novembre dernier sont toutes en application. Les renforts supplémentaires pour nos services de renseignements annoncés par le Premier ministre en janvier se mettent en place dans les délais prévus. Tous les services placés sous ma direction travaillent dans une totale coordination ».

 

 

UNE CERTAINE VISION DE LA DÉMOCRATIE

 

Une totale coordination, mais pas une totale transparence. Comme le prévoit la loi antiterrorisme de novembre 2014 qui n’a pas été présentée au Conseil constitutionnel, la liste des sites à bloquer établie par les services de l’État est transmise sans aucun contrôle judiciaire aux FAI, dans le plus grand secret.

 

Théoriquement, la procédure permet de contester le blocage après-coup, si l’on estime qu’il est abusif, soit que l’on édite un site censuré, soit que l’on soit lecteur d’un site censuré, privé de la liberté d’accéder à l’information (qui est un droit de l’homme à part entière, et même « la pierre de touche de toutes les libertés » selon la toute première session de l’ONU en 1946).

 

Mais comme l’ont démontré les suites données à notre recours contre le blocage d’un média indépendant (Islamic-News.info) accusé de faire l’apologie du terrorisme, le ministère de l’Intérieur ne juge pas utile de répondre aux demandes de levées de blocage ni de se justifier. Il nous faudra aller jusqu’aux tribunaux, et peut-être jusqu’à une QPC, pour que soit peut-être enfin remis en cause le pouvoir confié à la police de censurer un média sans aucune explication ni aucun contrôle.

 

Existe-t-il, parmi les 36 sites bloqués, d’autres cas contestables comme celui du site Islamic-News ? Sauf à tomber par hasard sur un site bloqué, ou à en être averti par un tiers, il n’existe aucun moyen de le savoir. Ceci au nom de la lutte d’une démocratie contre l’autoritarisme islamiste. 

 

 

 

Par Guillaume Champeau - numerama.com – le 8 juin 2015.

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Cette Chine qui réussit en refusant les potions néolibérales

Cette Chine qui réussit en refusant les potions néolibérales | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Cette Chine qui réussit en refusant

les potions néolibérales

 

 

Dirigisme contre néolibéralisme

 

The Economist a publié un papier passionnant sur l’agriculture chinoise, dénonçant la forte augmentation des subventions, passées de 1,4 à 2,3 % du PIB en 15 ans, soit la bagatelle de 165 milliards de dollars. À titre de comparaison, la PAC a un budget d’environ 50 milliards, soit 0,5 % du PIB de l’UE. En clair, la Chine consacre près de 5 fois plus d’argent en proportion de sa richesse nationale que les Européens. Et The Economist souligne que Pékin permet donc aux prix agricoles d’être sensiblement supérieurs aux prix mondiaux pour assurer son indépendance alimentaire, appliquant finalement des recettes assez proches de celles de la PAC, avant que l’UE ne cède aux sirènes néolibérales.

 

 

La question démocratique

 

 

Il ne s’agit pas de dire que la Chine serait un modèle indépassable. On peut penser que la démocratie est un prérequis essentiel pour nos sociétés. D’ailleurs, curieusement, on voit chez certains néolibéraux une forme de fascination pour la réussite de certains modèles autocratiques. Dans un dossier réalisé il y a deux mois par The Economist sur Singapour, pouvait poindre une forme de relativisme sur le caractère non démocratique du régime de la Cité-Etat, sans oublier que le journal oubliait que sa réussite économique devait largement à sa petite taille et à sa position, comme le Luxembourg ou la Suisse sur le continent européen. Mais le néolibéralisme n’est pas toujours démocratique

 

Mais sans renoncer à ses idéaux démocratiques, on peut également respecter la Chine et le chemin qu’elle prend. Après tout, le Japon et la Corée du Sud ont évolué progressivement et lentement vers des régimes de plus en plus ouverts et démocratiques. Après tout, la Chine pourrait évoluer de la même manière et on trouve quelques premiers signes de cela dans une plus grande liberté des citoyens, qui gagnent un mot à dire dans les affaires locales, à travers les nouvelles technologies. Et de toutes les façons, il faut respecter le chemin pris par les sociétés et ne pas céder à un tropisme français. Les interventions des 15 dernières années montrent qu’un mode de fonctionnement ne s’impose pas.

 

Merci donc à la Chine de démontrer que la religion néolibérale n’est qu’une religion totalement abstraite, si souvent contredite par une réalité que ses missionnaires, dont quelques-uns sévissent régulièrement sur le blog, préfèrent ne pas voir, dans leur vision du monde en noir et blanc. 

 

 

 

Par gaullistelibre.com – le 2 juin 2015.

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Résistance politique : Retrouver la voie hors du mensonge généralisé et institutionnalisé…

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Illustration : contrepoints.org


 

 

Résistance politique :

Retrouver la voie hors du mensonge généralisé et institutionnalisé…

 

« Dans un monde de mensonge permanent, dire la vérité est un acte révolutionnaire »

~ George Orwell ~

« Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas… C’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles… »

~ Sénèque ~

« Donne un cheval à l’homme qui dit la vérité, il en aura besoin pour s’enfuir. »

~ Proverbe arabe ~

 

 

Ces mensonges qui nous empêchent de vivre

 

 

Ces mensonges sont tellement énormes que nous y avons tous cru. Pourtant lorsque l’on décortique certains sujets, il n’y a aucune difficulté à détecter la supercherie.

 

La vie, notre vie nous est dictée. Tout le monde s’emploie, depuis notre petite enfance, à nous expliquer ce qu’est la vie, ce qui est possible et acceptable, ou pas. Parents, enseignants, médias, politiciens, la publicité, le monde du travail, les religions… tous nous transmettent et imposent LEUR vision de la vie, dans un cadre très restrictif.

 

 

Tout est faux

 

Il existe tellement de possibilités dans la vie pour chaque individu, que ces vérités toutes faites qu’on nous inculque depuis toujours sonnent comme des mensonges éhontés. Chaque mensonge a sa raison d’être, son objectif à servir.


La vie peut être une aventure passionnante. Nous avons le droit d’aspirer à une existence qui a du sens. Pour cela il est nécessaire de déconstruire les mensonges ancestraux qui nous interdisent de choisir notre vie :

 

 

— « Un bon diplôme c’est l’assurance d’une vie heureuse » : mensonge

 

Inutile de tourner autour du pot : c’est FAUX. Encore l’un de ces mensonges qui se perpétuent. Il n’y a qu’à regarder le tôt de suicide dans notre pays pour s’en convaincre : Le suicide en France.


Le bonheur ne dépend pas du niveau de revenus, pas non plus du niveau social, ni même des diplômes obtenus, et encore moins des bonnes notes à l’école.

 

Pourtant : les parents comme les enseignants et la société tout entière ne voient que par « l’éducation ». L’éducation scolaire formate les enfants en ne tenant pas compte de leurs besoins fondamentaux. C’est déjà la course aux résultats, l’individu doit être productif, le plus rapidement possible.

 

Le plus souvent, l’école, les diplômes puis la carrière professionnelle conduisent à une vie conformiste et sans véritable passion. Explorer la vie et rencontrer les gens, se laisser porter par ses aspirations, vivre ses passions, sublimer l’amour… Voilà quelques pistes d’envol pour un aller sans retour vers une vie heureuse.

 

 

— « Il faut travailler pour s’enrichir » : mensonge

 

Une idée trompeuse, totalement fausse. Dans cette société « modèle », le travail n’est pas valorisé. Les plus riches ne travaillent pas. Ils récoltent le fruit du travail de ceux qui sont au boulot tous les jours. Celui qui travaille honnêtement gagne de quoi vivre, payer ses factures, encore des factures et pas beaucoup plus.

 

En 2014, les seules entreprises du CAC 40 ont versé 56 milliards d’euros de dividendes à leurs actionnaires. Dans le monde, c’est plus de 1 000 milliards de dollars qui sont ainsi distribués chaque année. Ces chiffres ne vous parlent pas ?

 

  • Pour la France cela équivaut à 2 000 euros par foyer.
  • On pourrait donner 137 dollars à chacun des 7,3 milliards d’habitants de la planète, enfants et vieillards compris.

 

C’est tout simplement énorme. Les riches investisseurs « aspirent » les fruits du monde du travail. Le mensonge est démasqué : l’homme est asservi par l’homme. Le travail n’apporte pas la richesse, votre travail enrichit les riches. Cette vie est une vie de servitude. Quand on a compris cela, alors on commence à se tourner davantage vers les choses essentielles de la vie. C’est là que réside la richesse.

 

 

— « La curiosité est un vilain défaut » : archi faux.

 

C’est même tout l’inverse : votre curiosité est une qualité essentielle. C’est elle qui permet de ne pas être soumis aux autres, de ne pas se ranger à leur avis « d’expert » les yeux fermés. C’est elle qui vous donne la soif d’apprendre et de comprendre, de rencontrer et connaître.

 

Nul doute que votre curiosité dérange. Elle dérange tellement que tout est mis en œuvre pour vous distraire de cette soif naturelle de savoir. La télévision est une cause évidente de l’abêtissement des gens.

 

Apprendre des choses, se documenter et s’informer constamment sur tout : c’est non seulement passionnant, mais c’est aussi et surtout vital dans ce monde impitoyable. Cela nous permet de garder notre libre arbitre en chaque occasion. C’est de notre liberté de penser, de raisonner qu’il s’agit. Préservons là, soyons le plus curieux possible.

 

 

— « Je dois regarder les infos pour comprendre le monde » : encore faux

 

Les principaux médias, français sont détenus par quatre grands groupes. Il s’agit de : LAGARDÈRE – BOUYGUES – DASSAULT – ROTSCHILD

 

Pensez-vous vraiment que ces gens possèdent la presse et la télévision pour nous informer vraiment. Quels intérêts ont-ils à dévoiler les coulisses du fonctionnement de la société et ces mensonges qui nous fabrique une fausse réalité ? Pourquoi alimenter le débat des inégalités sociales ?

 

Si la presse dans son ensemble n’était pas aux mains de quelques-uns, elle pourrait jouer son véritable rôle d’information. Elle serait alors ce « 4e pouvoir » qui fait tant trembler les gouvernements. Au lieu de cela, pour s’informer et comprendre le monde, il faut aller chercher l’information. Aller là où les choses sont dites. Entendre ceux qui ne défendent aucun autre intérêt que celui du bien commun. Très rapidement, on découvre un monde insoupçonné où tout ce qu’on nous a inculqué apparaît faux. Ces mensonges organisés ne tiennent pas la route.

 

 

— « Consommez pour être heureux » : toujours faux

 

Le matraquage publicitaire dont nous sommes victimes est puissant. C’est partout, tout le temps. On ne peut passer une journée sans avoir l’esprit polluer par message publicitaire. On nous pousse à acheter toujours plus de produits. Beaucoup d’entre eux nous empoisonnent. Qu’à cela ne tienne, on vous vend le poison puis le médicament qui va avec.

 

On nous vend une vie de servitude passée à travailler plus que de raison pour acheter, acheter et acheter encore. On y passe sa vie, on y laisse sa santé et ses illusions…

 

Avoir du temps pour soi est la véritable richesse. S’occuper de soi, de ses proches, écouter son cœur et faire ce qui nous passionne : c’est vivre.

 

 

— « Nous vivons en démocratie » : c’est on ne peut plus faux

 

Cela peut paraître insensé : le pays des droits de l’homme, la Révolution française… Ces événements si importants de notre histoire ont vu naître la République. Et pourtant, la supercherie est énorme, mais bien réelle. Penchons-nous de plus près sur la question :

 

Démocratie : du grec « démos » qui désigne l’ensemble des citoyens, le peuple – et du grec « kratos » celui qui gouverne, le pouvoir. La démocratie c’est le pouvoir au peuple. Si nous vivions en démocratie, les lois seraient écrites et votées par le peuple. Elles serviraient vraiment le peuple, au détriment des nantis.

 

Or, en France et ailleurs, nous procédons à un vote pour élire nos dirigeants. Ils viennent tous de la classe politique, on choisit nos maîtres. Autrement dit nous vivons en Oligarchie : du grec « oligos », un petit nombre et « arché », le commandement. Les lois sont écrites par une élite pour l’élite. Elles ne servent pas l’intérêt du peuple.

 

Vous le voyez, des affirmations couramment admises sont en fait totalement fausses quand on y regarde de plus près. Même si la supercherie est grossière, elle perdure. Heureusement certains ne sont pas dupes. Espérons qu’ils soient de plus en plus nombreux à ouvrir les yeux.

 

 

 

Par Mieux Vivre Autrement - mars 2015.


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« La démocratie en Europe, une vaste plaisanterie ! »

« La démocratie en Europe, une vaste plaisanterie ! » | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it



« La démocratie en Europe, une vaste plaisanterie ! »

Par Charles SANNAT (*)

 

Je vous dis régulièrement que nous faisons face à un mouvement mondial de réduction des libertés individuelles, que nous assistons à un recul sans précédent de la démocratie.

 

Vous le voyez en France où, sous couvert de lutte légitime contre le terrorisme, on cherche en réalité à encadrer et à terroriser le citoyen un peu pétochard qui « n’a rien à se reprocher ou si peu » plus qu’à nous protéger des méchants vilains. Pourquoi peut-on affirmer cela ? Pour une raison très simple. Si les paiements en espèces sont prohibés au-delà de 1 000 euros pour un résident fiscal français, ils restent autorisés jusqu’à 10 000 euros par transaction pour un non-résident fiscal. On se fiche donc ostensiblement aussi bien du financement des filières terroristes que de notre protection. Non, ce qui compte c’est bien évidemment la répression financière, la répression fiscale. Le fait que personne ne puisse échapper à l’État.

 

Ne soyons pas naïfs, c’est évidemment pour notre bien. Aucune politique de réduction des libertés ne saurait être acceptée par les populations si c’était pour réduire leur liberté. Alors on vous explique que c’est pour votre bien, que c’est pour lutter contre les vilains terroristes ou encore contre les très vilains fraudeurs fiscaux sans doute comme Thévenoud – dont plus personne ne parle, mais qui siège toujours sur les bancs bien socialos et bien-pensants de notre gôche moralisatrice pour les autres et nettement moins pour elle-même.

 

 

Une justification idéologique évidente : construire l’Europe, augmenter la productivité, globaliser l’économie

 

Vous devez comprendre, mes chers amis, que lorsque l’on veut construire une Europe des multinationales qui n’a rien à voir avec l’Europe de la paix et de l’amour universel entre les peuples, la démocratie comme l’a si bien dit le ministre allemand de l’Économie c’est assez pénible. Lorsque l’on veut avancer dans une mondialisation qui n’arrange que les multinationales et les mégariches et dont personne ne veut, les libertés individuelles ce n’est pas très pratique.

 

Lorsque l’on veut vous réduire vos « acquis sociaux », vos 35 heures, vos machins formation, ou encore votre sécu ou augmenter le prix des soins, vous laisser protester c’est assez difficile à supporter.

 

Lorsque l’on veut vous rendre compétitif face à un petit Chinois des champs ou même des villes payé au mieux 500 euros par mois pour les plus chers, mais généralement 90 dollars et 10 bols de riz pour la grande masse, enrégimenté et qui n’a pas le droit de grève, mais le droit de crève, ce qui n’est pas du tout pareil, les syndicats européens, le droit du travail ou le code du même travail sera toujours trop épais pour un capitaliste exploiteur ne voulant au mieux que vous donner ce que Marx appelait déjà un salaire de « subsistance ».

 

 

L’excellence du modèle chinois

 

Alors face à tout cela, face à cette compétition mondiale, c’est la Chine qui a prouvé l’excellence de son modèle. D’ailleurs, la conclusion intellectuelle c’est qu’il n’y a aucune façon de lutter contre l’efficacité du modèle chinois dans une économie mondiale globale et ouverte sans adopter les mêmes techniques ou sans changer les règles, c’est-à-dire sans fermer l’économie.

 

Le modèle chinois c’est une dictature politique, avec un parti unique qui n’a rien d’une démocratie, avec la peine de mort pour les vilains y compris ceux qui sont juste pas d’accord avec les mamamouchis de là-bas. C’est l’absence presque totale de droit social ou de droit de grève ou même de droit tout court puisque l’une des plus jeunes professions en Chine c’est… avocat !

 

Bon, le temps de travail on s’en fiche, le salaire minimum aussi, les normes de sécurité… itou, bref, un paradis pour capitaliste la dictature communiste et c’est ainsi que la boucle fut bouclée et que de l’affrontement entre le capitalisme et le communisme sortit vainqueur non pas le capitalisme, comme tout le monde le pense depuis la chute de l’URSS et l’effondrement du mur de Berlin, mais un nouveau système à l’efficience redoutable, l’hybride mis au point par la Chine que j’appelle le « Cocapitalisme ». Tous les attributs de la dictature communiste mis à la disposition du capital pour produire au meilleur coût et avec la plus grande des efficacités. La seule liberté laissée au peuple étant la liberté de consommer, qui était d’ailleurs absente du monde communiste et qui fut l’une des principales causes de l’échec du système communiste.

 

Les peuples se fichent pas mal de leur propre liberté. Il leur faut simplement, depuis l’antiquité, du pain et des jeux. La version moderne c’est la télé-réalité et la consommation. L’hyperconsommation. Celle qui abrutit et lobotomise les masses laborieuses.

 

Alors pour nous adapter à ce Nouveau Monde, nous devons non pas refuser ce Nouveau Monde, protéger nos valeurs ou encore nos libertés, nous n’avons pas le droit de penser ou d’imaginer d’autres chemins (sans être taxés de tous les termes euthanasiant la pensée).

 

Non il n’y a « pas d’alternative », vous dira Macron. « Il faut bien accepter de réduire vos libertés », a ainsi déclaré il y a quelques jours Nicolas Sarkozy dans une confession d’une rare honnêteté et laissant apparaître au grand jour le grand mobile des « réformes » en cours qui, loin d’être uniquement économiques, concernent également chaque jour vos libertés futures et celles que vous laisserez à vos enfants. Comme je vous le disais, ce mouvement est mondial, il est aussi européen.

 

 

Tollé au Portugal face au retour de la censure

 

Ainsi cet article d’Euronews, qui est loin d’être un organe de presse fasciste, explique que c’est la « bronca des médias au Portugal face au spectre du retour de la censure ».

 

Un nouveau texte de loi est en discussion pour que les médias soumettent leur plan de couverture du scrutin à la commission électorale et à l’entité de régulation des médias portugais.

 

Il est également demandé aux journalistes de s’abstenir « de tout commentaire ou jugement de valeur »… ce qui revient à dire qu’en période électorale, le droit à la liberté d’expression – qui est l’un des attributs d’un régime dit démocratique – serait suspendu le temps de la campagne puisqu’il ne pourrait plus y avoir aussi bien commentaires que jugements de valeur…

 

Vous imaginez à quel point les peuples honnissent désormais leurs dirigeants pour que ces derniers passent ce type de lois, ou encore à quel point ils veulent vous faire avaler de futures couleuvres pour vous empêcher ainsi tout droit de protestation ?

 

Inutile de vous dire qu’avec une telle loi, il serait impossible d’écrire ce simple billet, oui ce simple article que vous êtes en train de lire. Il est rempli de commentaires et de jugements de valeur que vous avez d’ailleurs parfaitement le droit de rejeter, de combattre ou d’approuver. D’ailleurs, cela porte le nom d’ » édito ».

 

 

Uniquement le droit de dire oui, uniquement le droit de dépenser, uniquement le droit d’acheter des actions…

 

Je ne sais pas combien de temps durera le crépuscule de ce monde. Ce que je sais c’est qu’il est condamné comme l’était l’URSS, car ces systèmes sont devenus fous.

 

Si vous regardez avec objectivité, la politique des banques centrales n’amène qu’à une obligation d’acheter des actions… puisque cela ne baisse jamais. Cela est une obligation à utiliser votre épargne et donc à consommer puisque les taux d’intérêt sont à zéro et seront bientôt négatifs, ce qui est la négation de la définition d’une monnaie qui doit être capable de conserver de la valeur dans le temps.

 

Politiquement, vous n’aurez prochainement que le droit de dire oui. Pour le reste, si vous dites non, vous serez au choix un terroriste, un fasciste, un anarchiste, un criminel, un délinquant ou un individu relevant de la psychiatrie. C’est génial la psychiatrie. Un simple préfet peut vous enfermer sans procès directement en institution sans recours, sans tambour ni trompette. D’ailleurs, l’ex-URSS affectionnait particulièrement ses psychiatres. Il est déjà trop tard, préparez-vous.

 

 

 

Par Charles SANNAT (*) (Le contrarien.com) - arretsurinfo.ch – le 27 avril 2015

  

Nicolas Sarkozy : « Il faut que la sécurité prime » par BFMTV

http://fr.euronews.com/2015/04/25/tolle-au-portugal-face-au-retour-de-la-censure/

http://www.numerama.com/magazine/32879-sarkozy-demande-aux-francais-un-effort-pour-renoncer-a-des-libertes.html

 

(*) Charles Sannat est diplômé de l’École Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques.

Koter Info's insight:


 Il est déjà trop tard, préparez-vous.


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EXCLUSIF. Yanis Varoufakis : « Nous ne voulons plus du régime colonial incarné par la troïka »

EXCLUSIF. Yanis Varoufakis : « Nous ne voulons plus du régime colonial incarné par la troïka » | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

PHOTO : LOUISA GOULIAMAK/AFP

 

 

EXCLUSIF. Yanis Varoufakis : « Nous ne voulons plus

du régime colonial incarné par la troïka »

  

Entretien exclusif avec le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis. Extrait.

 

— Pouvez-vous nous expliquer la différence entre la troïka et ce que vous appelez désormais le « Groupe de Bruxelles », qui inclut, outre les représentants de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne (BCE) et du Fonds monétaire international (FMI), ceux du Fonds européen de stabilité financière (FESF) ? La Grèce ne sera-t-elle pas soumise aux mêmes formes de contrôle politique ?

 

Yanis Varoufakis : la principale différence, c’est que durant les cinq dernières années, les gouvernements successifs, en Grèce, étaient complètement dépendants de la volonté des créanciers. Ils ont capitulé face à la logique des créanciers, face à l’Union européenne. Cette dernière a fonctionné comme un despote très dur, qui a imposé à une nation en faillite des prêts dont le but était simple : permettre à l’Europe officielle de prétendre que la Grèce était sauvée tout en restant dans le déni des failles architecturales de la zone euro.

 

La troïka était un groupement de technocrates envoyés en Grèce par nos créanciers pour appliquer un programme inapplicable, un programme qui devait aggraver la crise. Pourquoi ont-ils fait cela ? D’abord parce que, dans la première phase de la crise, après 2010, il y a eu une tentative cynique de transférer les pertes des banques françaises et allemandes vers les contribuables. Ils ont réussi cette opération, tout en prétendant que la crise grecque était réglée. Le coût, et c’est en cela que la troïka est synonyme en Grèce de régime colonial, fut une crise humanitaire massive. Voilà à quoi a servi la troïka.

 

Nous avons été élus parce que le peuple grec a décidé de porter au pouvoir un parti condamnant ce processus. Le traitement administré à la Grèce a échoué. Nous avons été élus pour contester la philosophie et la logique politique du programme d’austérité. Bien sûr, nous appartenons à la zone euro. Nous n’avons pas notre propre banque centrale. Notre point de vue, comme gouvernement de gauche, est qu’il ne faut pas sortir de la zone euro. Nous n’aurions pas dû y entrer. Mais en sortir, dans les circonstances actuelles, causerait une perte massive de revenus et plongerait encore des millions de personnes dans la pauvreté. Sortir de la zone euro n’apporterait au peuple grec aucun progrès. Lorsque vous appartenez à une union, vous devez la réparer, pas la démanteler. Ce qui implique une négociation. À la différence de la troïka, le Groupe de Bruxelles est le fruit de l’accord que nous avons arraché dans la douleur le 20 janvier à l’Eurogroupe.


Nous avons ouvert un nouveau processus. Mesurons le chemin parcouru : au lendemain des élections, les instances européennes nous intimaient l’ordre d’accepter leurs conditions, sous peine de couper les vivres aux banques grecques. Nous avons réussi à convenir d’un règlement créant une situation hybride. Nous mettrons en œuvre notre programme de réformes, nous serons jugés sur cette base. L’ambiguïté persiste, puisque nos interlocuteurs entendent aussi nous juger sur une partie du précédent programme. Le Groupe de Bruxelles témoigne de notre volonté de poser le problème au cœur de l’Europe. Pas dans un avant-poste colonial. Ce n’est pas le régime colonial qui envoie ses technocrates, ses fonctionnaires à la périphérie. Nous sommes désormais dans un processus européen. C’est notre tentative pour regagner la démocratie. Pas seulement pour la Grèce, mais pour toute l’Europe.

 

  

Lire la suite : ici

 

 

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR ROSA MOUSSAOUI ET GAËL DE SANTIS - humanite.fr – le 16 mars 2015

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France - L’État contre la République

France - L’État contre la République | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : le 27 janvier 2015, le président François Hollande rendait les « complotistes » d’aujourd’hui responsables des crimes commis hier par les nazis contre les juifs d’Europe. Il appelait à leur interdiction d’expression.

 

 

France - L’État contre la République

Par Thierry Meyssan (*) -

 

À la demande du président François Hollande, le Parti socialiste français vient de publier une Note sur le mouvement international « conspirationniste ». Son but : préparer une nouvelle législation lui interdisant de s’exprimer.

 

Aux États-Unis, le coup d’État du 11 septembre 2001 a permis d’établir un « état d’urgence permanent » (Patriot Act) et de lancer une série de guerres impériales. Progressivement, les élites européennes se sont alignées sur leurs homologues d’outre-Atlantique. Partout, les citoyens s’inquiètent d’être abandonnés par leurs États et remettent en question leurs institutions. Cherchant à se maintenir au pouvoir, les élites sont désormais prêtes à utiliser la force pour bâillonner leurs oppositions.

 

Le président de la République française, François Hollande, a assimilé ce qu’il nomme les « théories du complot » au nazisme, puis a appelé à empêcher leur diffusion sur internet et les réseaux sociaux.

 

Ainsi a-t-il déclaré le 27 janvier 2015 au Mémorial de la Shoah :

« [L’antisémitisme] entretient les théories du complot qui se diffusent sans limites. Théories du complot qui ont, dans le passé, conduit déjà au pire » (…) « [La] réponse, c’est de prendre conscience que les thèses complotistes prennent leur diffusion par Internet et les réseaux sociaux. Or, nous devons nous souvenir que c’est d’abord par le verbe que s’est préparée l’extermination. Nous devons agir au niveau européen, et même international, pour qu’un cadre juridique puisse être défini, et que les plateformes Internet qui gèrent les réseaux sociaux soient mises devant leurs responsabilités, et que des sanctions soient prononcées en cas de manquement » [1].

 

Plusieurs ministres ont également conspué ce qu’ils appellent les théories du complot comme autant de « ferments de haine et de désintégration de la société ».

 

Sachant que le président Hollande appelle « théorie du complot » l’idée que les États, quels que soient leurs régimes – y compris les démocraties –, ont une propension spontanée à agir dans leur intérêt et non pas dans celui de leurs administrés, on peut en conclure qu’il s’est livré à cet amalgame pour justifier d’une éventuelle censure de ses opposants.

 

Cette interprétation est confirmée par la publication par la Fondation Jean-Jaurès, think tank du Parti socialiste dont M. Hollande était le Premier secrétaire, d’une note intitulée « Conspirationnisme : un état des lieux » [2].

 

Laissons de côté les relations politiques de François Hollande, du Parti socialiste, de la Fondation Jean-Jaurès, de son Observatoire des radicalités politiques et de l’auteur de la note et concentrons-nous sur son message et son contenu idéologique.

 

 

Définition des « théories du complot »

 

Les expressions « théories du complot » et « conspirationnisme » se sont développées en France à la suite de la publication de mon livre sur l’impérialisme états-unien post — 11-Septembre, L’Effroyable imposture [3]. À l’époque, nous avions du mal à comprendre ce qu’elles signifiaient, car elles renvoyaient à l’histoire politique américaine. Aux États-Unis, on appelait couramment « conspirationnistes » ceux pour qui le président Kennedy n’avait pas été assassiné par un seul homme, mais par plusieurs, formant une conspiration (au sens judiciaire). Avec le temps, ces expressions sont entrées dans la langue française et se sont superposées avec des souvenirs des années 30 et de la Seconde Guerre mondiale, ceux de la dénonciation du « complot juif ». Ces expressions sont donc aujourd’hui polysémiques, évoquant parfois la loi du silence états-unienne et, à d’autres moments, l’antisémitisme européen.

 

Dans sa note, la Fondation Jean-Jaurès donne sa propre définition du « conspirationnisme ».

 

C’est « un récit « alternatif » qui prétend bouleverser de manière significative la connaissance que nous avons d’un événement et donc concurrencer la « version » qui en est communément acceptée, stigmatisée comme « officielle » » (p. 2).

 

Observons que cette définition ne s’applique pas qu’aux délires de malades mentaux. Ainsi, Platon affirmait avec le mythe de la caverne remettre en cause les certitudes de son temps ; Galilée avec sa thèse héliocentrique défiait la lecture que son époque faisait de La Bible ; etc.

 

Pour ma part et puisque l’on voit en moi le « pape du conspirationnisme » ou plutôt l’« hérésiarque », selon le mot du philosophe italien Roberto Quaglia, je réaffirme mon engagement politique radical, au sens du radicalisme républicain français, de Léon Bourgeois [4], de Georges Clemenceau [5], d’Alain [6] et de Jean Moulin [7]. Pour moi, comme pour eux, l’État est un Léviathan qui par nature abuse de ceux qu’il gouverne.

 

Comme républicain radical, je suis conscient que l’État est l’ennemi de l’intérêt général, de la Res Publica ; raison pour laquelle je souhaite non pas l’abroger, mais le dompter. L’idéal républicain est compatible avec divers régimes politiques — y compris avec la monarchie, comme l’ont acté les auteurs de la Déclaration de 1789.

Cette opposition, que le Parti socialiste actuel conteste, a tellement marqué notre histoire qu’en 1940 Philippe Pétain abrogea la République pour proclamer l’« État français ». Dès sa prise de fonction présidentielle, j’ai dénoncé le pétainisme de François Hollande [8]. Aujourd’hui, M. Hollande se réclame de la République pour mieux la combattre et son inversion des valeurs plonge le pays dans la confusion.

 

 

Qui sont les « conspirationnistes » ?

 

Les « conspirationnistes » sont donc des citoyens qui s’opposent à la toute-puissance de l’État et qui souhaitent le placer sous surveillance.

 

La Fondation Jean-Jaurès les décrit en ces termes :

« [C’est une] mouvance hétéroclite, fortement intriquée avec la mouvance négationniste, et où se côtoient admirateurs d’Hugo Chávez et inconditionnels de Vladimir Poutine. Un milieu interlope que composent anciens militants de gauche ou d’extrême gauche, ex — « Indignés », souverainistes, nationaux-révolutionnaires, ultranationalistes, nostalgiques du IIIe Reich, militants anti-vaccination, partisans du tirage au sort, révisionnistes du 11 — Septembre, antisionistes, afrocentristes, survivalistes, adeptes des « médecines alternatives », agents d’influence du régime iranien, bacharistes, intégristes catholiques ou islamistes » (p. 8).

 

On notera les amalgames et les injures de cette description visant à discréditer les personnes qu’elle désigne.

 

 

Les mythes des « conspirationnistes »

 

La Fondation Jean-Jaurès poursuit son dénigrement en accusant les « conspirationnistes » d’ignorer les réalités du monde et de croire naïvement en des mythes éculés. Ainsi, nous croirions au « complot sioniste mondial », au « complot illuminati » et au « mythe Rothschild » (p. 4). Et pour créditer ces trois affirmations, elle ne cite qu’un exemple relatif au seul « mythe Rothschild » : le blogueur Étienne Chouard — dont le travail ne porte pas simplement sur la République, mais va bien au-delà pour traiter de la Démocratie [9] — affirme que la loi Pompidou-Rothschild de 1973 est à l’origine de la dette de la France. Et la Fondation de réfuter cette affirmation en citant une tribune publiée par Libération.

 

On notera ici que l’exemple d’Étienne Chouard nous laisse sur notre faim à propos des deux autres mythes cités. Surtout, la Fondation s’adresse à des ignorants qui n’ont pas lu la réponse de M. Chouard à la tribune de Libération [10], ni la contribution du « conspirationniste » Michel Rocard [11]. En effet, de ce débat, il ressort bien que la loi de 1973 a permis l’explosion de la dette française au profit de banques privées, ce qui aurait été impossible auparavant.

 

 

La « complosphère »

 

Pour la Fondation Jean-Jaurès, les intellectuels conspirationnistes seraient « essentiellement Nord-Américains. Citons en particulier Webster Tarpley et William Engdhal (tous deux anciens membres de l’organisation politico-sectaire américaine dirigée par Lyndon LaRouche), Wayne Madsen (WayneMadsenReport.com), Kevin Barrett (VeteransToday.com) ou encore Michel Chossudovsky (Mondialisation.ca). Avec leurs homologues européens, ces derniers forment une sorte d’Internationale à laquelle Thierry Meyssan, le président du Réseau Voltaire, a tenté de donner une forme concrète en novembre 2005, en réunissant à Bruxelles une « conférence anti-impérialiste » – « Axis for Peace » – dont la liste des participants se lit comme un who’s who des auteurs conspirationnistes les plus en vue de l’époque » (p. 8).

 

Observons d’abord que la Fondation Jean-Jaurès ne doit lire que le français et l’anglais, et n’avoir que survolé la liste des participants d’Axis for Peace, pour croire que le phénomène qu’elle décrit ne concerne que la France, le Canada et les États-Unis, alors qu’il comprend une très importante littérature en allemand, en arabe, en espagnol, en italien, en persan, en polonais, en portugais et en russe ; langues qui sont d’ailleurs majoritaires à Axis for Peace.

 

Notons aussi le caractère malveillant de l’allusion à « l’organisation politico-sectaire américaine dirigée par Lyndon LaRouche ». En effet, Webster Tarpley et William Engdhal ont quitté cette organisation, il y a plus de 20 ans. Et à l’époque où ils en étaient membres, ce parti était représenté en France aux congrès d’une formation d’extrême gauche.

 

Un peu plus loin, la Fondation Jean-Jaurès ne manque pas de citer l’humoriste Dieudonné M’Bala M’Bala, dont l’État tente d’interdire les spectacles, le sociologue Alain Soral, dont le site internet (EgaliteEtReconciliation.fr) obtient des records d’audience en France, et Alain Benajam (facebook.com/alain.benajam), président du Réseau Voltaire France et représentant du gouvernement Novorossien du Donbass.


En 1989, l’ancien chef du Renseignement états-unien en Europe, Irwing Brown, révélait aux journalistes Roger Faligot et Rémi Kauffer avoir recruté Jean-Christophe Cambadélis lorsqu’il militait chez les trotskistes lambertistes. 25 ans plus tard, M. Cambadélis est devenu Premier secrétaire du Parti socialiste français.

 

 

Les idées politiques des « conspirationnistes »

 

Après ces apéritifs, la Fondation Jean-Jaurès en vient au cœur du débat, celui des idées politiques. Il définit ainsi celles des « conspirationnistes » :

 

 « l’effacement de toute distinction de nature entre régimes autoritaires et démocraties libérales (réputées plus « totalitaires » que les pires des totalitarismes) » ;

 « [l’opposition à] toute législation antiraciste sous prétexte de défense de la « liberté d’expression » » ;

 « [le rejet de] la pertinence du clivage droite-gauche, le véritable clivage étant celui qui sépare « le Système » (ou « l’Empire », ou « l’Oligarchie ») de ceux qui lui résistent » ; (p. 8)

 « l’idée que le sionisme est un « projet de domination » du monde » (p. 9).

La Fondation Jean-Jaurès cible précisément les sujets de conflit, mais grossit le trait pour discréditer ses opposants. Par exemple, personne ne s’est opposé à la législation antiraciste, mais uniquement et exclusivement à la disposition de la loi Fabius-Gayssot qui punit de prison le débat sur l’extermination des juifs d’Europe [12]

 

 

Qu’est-ce que le sionisme ?

 

La Fondation se livre alors à une très longue analyse de mes travaux sur le sionisme. Elle les défigure puis les commente :

 

« L’antisionisme revendiqué ici par Thierry Meyssan n’a pas de rapport avec la critique d’une politique conjoncturelle, celle des gouvernements qui ont pu se succéder à la tête de l’État d’Israël. Il ne relève pas d’un anticolonialisme que satisferait le retrait d’Israël des territoires occupés à l’issue de la guerre des Six Jours et la création d’un État palestinien. Il ne procède pas non plus d’un internationalisme qui tiendrait en suspicion, par principe, tout mouvement national d’où qu’il vienne puisque, précisément, il ne tient pas le sionisme pour un mouvement national. Cet antisionisme de facture paranoïaque ne prétend pas combattre le sionisme envisagé dans la diversité de ses expressions historiques, mais une hydre fantasmatique qui serait à la source du malheur du monde » (p. 9).

 

En voulant conclure sur ce débat et en lui donnant une place considérable dans son analyse, la Fondation Jean-Jaurès en souligne l’importance. Je défends en effet une position jusqu’ici absente du débat politique occidental [13] :


 Le premier chef d’État ayant affirmé son intention de rassembler les juifs du monde entier dans un État qui serait le leur fut Lord Cromwell au XVIIe siècle. Son projet, clairement explicité, consistait à utiliser la diaspora juive pour étendre l’hégémonie anglaise. Ce projet a été défendu par tous les gouvernements britanniques successifs et inscrit par Benjamin Disraeli à l’ordre du jour de la Conférence de Berlin.


Theodor Herzl lui-même était un disciple de Cecil Rhodes, le théoricien de l’Empire britannique. Herzl avait proposé au départ de créer Israël en Ouganda ou en Argentine, pas du tout en Palestine. Lorsqu’il est parvenu à faire adhérer des militants juifs au projet britannique, il a acheté des terres en Palestine en créant l’Agence juive dont les statuts sont la copie intégrale de la société de Rhodes en Afrique australe.


 En 1916-17, le Royaume-Uni et les États-Unis se sont réconciliés en s’engageant ensemble à créer l’État d’Israël, c’est la Déclaration Balfour pour Londres et les 14 points de Wilson pour Washington.

Il est donc parfaitement absurde de prétendre que Herzl a inventé le sionisme, de dissocier le projet sioniste du colonialisme britannique, et de nier que l’État d’Israël est un outil du projet impérial commun de Londres et de Washington.

 

La position du Parti socialiste sur ce sujet n’est pas innocente. En 1936, il proposait avec Léon Blum de transférer les juifs allemands au sud du Liban de manière à ce que ce territoire soit annexé par Israël lorsque celui-ci serait créé [14]. Cependant le projet fut rapidement écarté par le haut-commissaire français à Beyrouth, le comte Damien de Martel de Janville, parce qu’il violait à l’évidence le mandat de la Société des Nations. Aujourd’hui le lobby israélien, créé en 2003 au sein du Parti socialiste, alors que François Hollande était Premier secrétaire, s’appelle donc naturellement Cercle Léon-Blum.

 

 

Remarques conclusives

 

En 2008, le professeur Cass Sunstein, conseiller du président Barack Obama et époux de l’ambassadrice US aux Nations unies, avait rédigé une note similaire [15].

 

Il écrivait :

 

« Nous pouvons facilement imaginer une série de réponses possibles.

 1. Le gouvernement peut interdire les théories de la conspiration.

 2. Le gouvernement pourrait imposer une sorte de taxe, financière ou autre, sur ceux qui diffusent de telles théories.

 3. Le gouvernement pourrait s’engager dans un contre discours pour discréditer les théories du complot.

 4. Le gouvernement pourrait engager des parties privées crédibles à s’engager dans un contre-discours.

 5. Le gouvernement pourrait s’engager dans la communication informelle avec les parties tierces et les encourager ».

 

En définitive, le gouvernement des États-Unis avait décidé de financer des individus, à la fois chez lui et à l’étranger, pour perturber les forums des sites internet « conspirationnistes » et pour créer des groupes leur apportant la contradiction.

 

Ceci n’ayant pas suffi, la France est appelée à prendre des mesures autoritaires. Comme par le passé, les élites françaises, dont le Parti socialiste forme l’aile prétendument de gauche, se sont placées aux ordres de la principale puissance militaire de l’époque, en l’occurrence les États-Unis.

 

Pour la mise en œuvre de ce projet, il reste à définir quelle instance, nécessairement administrative, sera chargée de la censure et quels en seront les critères. Ne soyons pas naïfs, nous nous approchons d’une inévitable épreuve de force.

 

 

 

PAR THIERRY MEYSSAN (*) — RÉSEAU VOLTAIRE INTERNATIONAL | DAMAS (SYRIE) — LE 9 MARS 2015

 

 

(*) Thierry Meyssan : consultant politique, président fondateur du Réseau Voltaire et de la conférence Axis for Peace. Dernier ouvrage en français : L’Effroyable imposture : Tome 2, Manipulations et désinformations (éd. JP Bertand, 2007). Compte Twitter officiel.

 

 

Document joint :

 

Conspirationnisme : un état des lieux », par Rudy Reichstadt, Fondation Jean-Jaurès, Parti socialiste, 24 février 2015.

(PDF - 159.3 ko)

 

 

Notes :

[1] « Discours de François Hollande au Mémorial de la Shoah », par François Hollande, Réseau Voltaire, 27 janvier 2015.

[2] « Conspirationnisme : un état des lieux », par Rudy Reichstadt, Observatoire des radicalités politiques, Fondation Jean-Jaurès, Parti socialiste, 24 février 2015.

[3] L’Effroyable Imposture suivi de Le Pentagate, par Thierry Meyssan, Nouvelle réédition, entièrement réactualisée et annotée, éditions Demi-Lune.

[4] Léon Bourgeois, sculpteur français (1851-1925). Théoricien du « solidarisme » (que les socialistes actuels confondent avec la Fraternité). Il fut président du Parti radical, président du Conseil des ministres, premier président de la Société des Nations et lauréat du prix Nobel de la paix en 1920. Avec l’aide du Tsar Nicolas II, il posa le principe des arbitrages entre États, dont la Cour internationale de Justice des Nations unies est l’aboutissement actuel.

[5] Georges Clemenceau (1841-1929). Il défendit les Communards face à la droite et combattit la gauche socialiste de Jules Ferry aussi bien contre son projet de colonisation que contre sa vision de la laïcité. Alors que, durant la Grande Guerre, le pays semblait vaincu, il devint président du Conseil et le conduisit jusqu’à la victoire.

[6] Alain, philosophe français (1868-1951), co-fondateur du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes (CVIA). Il milita pour une république protectrice de la liberté, strictement contrôlée par le peuple.

[7] Jean Moulin, haut fonctionnaire (1899-1943). Il prit le parti des Républicains espagnols et organisa illégalement, malgré le gouvernement socialiste neutre, un trafic d’armes pour résister aux Franquistes. Durant l’Occupation de la France, il dirigea le Conseil national de la Résistance, y incluant toutes les sensibilités politiques à l’exception de celle qui s’était battue aux côtés des Franquistes. Arrêté par les nazis, il mourut sous la torture.

[8] « La France selon François Hollande », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 30 juillet 2012.

[9] La République veille à ce que le Pouvoir serve l’Intérêt général. La Démocratie exige que le Pouvoir soit exercé par tous les citoyens.

[10] « Analyse des réflexions de Monsieur Beitone sur la prétendue rumeur d’extrême droite à propos de la loi de 1973 », par Étienne Chouard, 30 décembre 2011.

[11] Émission Mediapolis sur la radio Europe 1, le 22 décembre 2012, l’ancien Premier ministre socialiste Michel Rocard était l’invité de Michel Field et d’Olivier Duhamel.

[12] De nombreux responsables politiques se sont vainement opposés à cette loi, dont l’ancien président Jacques Chirac, et les anciens Premiers ministres Dominique de Villepin et François Fillon.

[13] « Qui est l’ennemi ? », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 4 août 2014.

[14] My Enemy’s Enemy : Lebanon in the Early Zionist Imagination, 1900-1948, par Laura Zittrain Eisenberg, Wayne State University Press (1994). Thèse de doctorat vérifiée par Itamar Rabinovitch côté israélien et Kamal Salibi côté libanais.

[15] « Conspiracy Theories », Cass R. Sunstein & Adrian Vermeule, Harvard Law School, January 15, 2008.

Koter Info's insight:



Pour approfondir le sujet "conspirationnisme", je vous invite à lire :


- Le « conspirationnisme » La grande tarte à la crème

 

- Et la CIA créa le label Théoriciens du complot… (Partie 1/2)

 

- Et la CIA créa le label Théoriciens du complot… (Partie 2/2)


- Dix « théories du complot » qui se sont avérées être exactes


- Les conspirationnistes sont sains.


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Le Parlement européen refuse l’ouverture d’une commission d’enquête sur les Luxleaks

Le Parlement européen refuse l’ouverture d’une commission d’enquête sur les Luxleaks | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : conférence de presse sur l'enquête du Parlement européen sur les LuxLeaks ©European Parliament Conference de presse sur l'enquête du Parlement européen sur les LuxLeaks ©European Parliament

 

 

Le Parlement européen refuse l’ouverture d’une commission d’enquête sur les Luxleaks

 

 

Les trois grands groupes de la coalition favorable à Jean-Claude Juncker se sont mis d'accord pour proposer la création d'une commission spéciale. Un dispositif qui donne moins de pouvoirs pour enquêter sur l'évasion fiscale des entreprises en Europe.

 

La toute puissante conférence des présidents du Parlement européen a décidé jeudi 5 février qu’il n’y aurait pas de commission d’enquête sur le dossier des Luxleaks. Une décision surprenante alors que la demande d’ouverture de cette commission d’enquête sur les pratiques fiscales du Luxembourg avait été signée par suffisamment d'eurodéputés, soit 188 d’entre eux.

 

 

>>Lire : Le Parlement se prononce pour l'ouverture d'une commission d'enquête sur les Luxleaks

 

 

L’indépendance des services du Parlement européen en question

 

Les services juridiques du Parlement européen avaient recommandé, il y a 48 h, aux présidents de groupe, de refuser la création d’une telle commission en estimant que la proposition était mal ficelée.

 

Les experts jugeaient que la proposition de création de commission d’enquête omettait de préciser l’objet de l’enquête, et ne fournissait pas suffisamment d’éléments pour identifier clairement les infractions et les cas de mauvaise administration allégués. Un argument qualifié d’argutie juridique par les Verts, qui estiment qu’un autre expert aurait pu dire l’inverse. « Avec de tels arguments, le service juridique pourrait interdire l’ouverture de toute commission d’enquête » regrette l'eurodéputé Vert belge Philippe Lamberts.

 

L’argument juridique a permis au président du Parlement européen, Martin Schulz, d’éviter de présenter la proposition en session plénière. À la place, la conférence des présidents a proposé que la plénière se prononce sur la création d’une commission spéciale, une question qui devrait être soumise au vote la semaine prochaine.

 

 

Quand les signataires se retirent

 

La demande de création d’une commission d’enquête avait été lancée par le groupe des Verts, avant d’être soutenue par la gauche radicale et d’un certain nombre de députés européens de l'ensemble de tous bords politiques.  

 

 

>>>Lire : La coalition pro-Juncker tente d'éviter une commission d'enquête sur les Luxleaks.

 

 

Au total, 194 députés avaient initialement signé la demande d’ouverture de cette enquête. Mais certains élus ont ensuite retiré leur signature : de 192 début janvier, il ne restait plus que 188 signatures le 5 février.

 

« Les membres du PPE ont été la proie de fortes pressions de la part de leur parti pour qu’ils retirent leur signature, et la plupart l’ont fait » constate une source au Parlement européen.

 

Parmi eux, le député européen Jérôme Lavrilleux, qui reste membre du PPE mais n’est plus membre de l’UMP, ce qui le place dans une position délicate. D’autant que le Parlement européen doit se prononcer prochainement sur la demande de levée de son immunité parlementaire.

 

« La conférence des présidents a décidé à la majorité qu’une commission spéciale aurait plus de pouvoirs et serait plus adaptées à traiter le sujet » a de son côté expliqué Martin Schulz, le président du Parlement européen, lors d’un point presse, tout en rappelant que le Parlement avait l’expérience des deux types de commission et qu’aucune des deux ne posait problème.

 

 

Des commissions d’enquête rarissimes

 

Les commissions d’enquête sont en fait très rares, puisqu’il n’y en a eu que 3 depuis que le Parlement européen existe, dont celle sur la vache folle, alors que les commissions spéciales sont légion.

 

En 1996, le Parlement européen avait déjà refusé la création d’une commission d’enquête à propos du scandale d’Echelon, un système d’interception des communications mis en place par les États-Unis et d’autres pays anglo-saxons.

 

 

Compétences réduites mais un champ d’enquête élargi pour la commission spéciale

 

Par rapport à une commission d’enquête, une commission spéciale a moins de pouvoir, mais peut se pencher sur des sujets plus larges ; notamment, elle se penchera sur les rescrits fiscaux conclus par les pays ciblés comme le Luxembourg, les Pays-Bas ou l’Irlande dans le passé et dans le présent.

 

Mais les deux types de commission n’ont pas les mêmes droits d’accès aux documents nationaux : la commission d’enquête aurait eu accès à tous les documents nationaux, la commission spéciale n’aura accès qu’aux documents européens.

 

« Je suis très optimiste sur le fait qu’une commission spéciale puisse apporter de vraies améliorations » a estimé le président du Parlement européen.

 

 

Les Verts  furieux

 

Les Verts et la gauche radicale se sont montrés très frustrés de cette décision, notamment le Vert belge Philippe Lamberts.

 

« Nous nous sommes battus, ça a été une longue bataille, parce que la commission d’enquête est l’outil le plus fort contre les problèmes administratifs en UE » a expliqué Philippe Lamberts, estimant que les trois principaux groupes du Parlement européen se sont mis d’accord contre la minorité.

 

« Les trois grands groupes ne voulaient pas donner aux forces minoritaires ce qu’ils voulaient » a assuré Philippe Lamberts.

 

 « Je suis très déçu de ce résultat. Je suis furieux que le droit des minorités au sein d’un Parlement européen soit bafoué à ce point. C’est une agression envers la démocratie européenne ! » s’est exclamé Sven Giegold, élu dans le groupe des Verts en Allemagne.

 

«Le Groupe PPE est déterminé à agir pour garantir l'équité et la transparence au niveau fiscal en Europe », a déclaré Manfred Weber, président du Groupe PPE au Parlement européen, à la suite de la décision prise aujourd'hui par les présidents de groupes politiques au Parlement européen, de mettre en place une commission spéciale chargée de rédiger un rapport d'enquête sur l'équité fiscale en Europe. 

 

« La délégation socialiste française avait soutenu et s’était mobilisée pour la création d’une commission d’enquête » rappelle Pervenche Berès.


« Désormais, nous allons déployer toute notre énergie pour avancer avec les moyens en place en matière fiscale car l’urgence est là ; les chantiers sont nombreux : fiscalité du numérique, taxe sur les transactions financières, impôt sur les sociétés, reporting pays par pays, etc. Avec les moyens à notre disposition, nous ferons notre travail comme nous l’avons toujours fait contre l’évasion fiscale » estime l’eurodéputée.

 

«L’Europe donne l’impression qu’elle a des choses à cacher. Ce n’est absolument pas un bon signal ! » estime Hugues Bayet du PS belge, en charge des affaires économiques au Parlement européen.

 

 

 

Par euractiv.fr –le 5 février 2015

Koter Info's insight:


Les loups ne se mangent pas entre-eux !


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Emir Kusturica : « Partout où les Occidentaux débarquent pour répandre la démocratie, les catastrophes suivent »

Emir Kusturica : « Partout où les Occidentaux débarquent pour répandre la démocratie, les catastrophes suivent » | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


« Partout où les Occidentaux débarquent pour répandre la démocratie, les catastrophes suivent »

 Entretien : Gérald Papy et Kerenn Elkaïm

 

À l’occasion de la sortie de son premier recueil de nouvelles Étranger dans le mariage (éd. JC Lattès), le réalisateur Emir Kusturica évoque ses racines et une actualité, en Ukraine, qui lui rappelle les guerres en ex-Yougoslavie. Il fustige les Américains et défend Vladimir Poutine.


Emir Kusturica, le réalisateur doublement primé à Cannes pour Papa est en voyage d’affaires (1985) et pour Underground (1995), est un formidable raconteur d’histoires. Son premier recueil de nouvelles, Etranger dans le mariage, explore ses racines familiales dans cette Bosnie encore yougoslave qui arborait sa multiculturalité avec bonhomie. Nostalgique de cette fédération, Emir Kusturica veut briser aujourd’hui les clichés sur sa nouvelle patrie, la Serbie, et sur cette Russie tant décriée. Autant dire que sur le dossier ukrainien, il a choisi la défense de Vladimir Poutine contre les Américains, plus que contre les Européens.

 

>>> Extraits de l’interview publiée cette semaine dans Le Vif/L’Express.

 

Levif.be : Vous vous désolez d’une ex-Yougoslavie multiethnique, se composant désormais de six républiques. Qu’est-ce qui s’est achevé avec la guerre et ces scissions ?

 

Emir Kusturica : La multiculturalité, or celle-ci est nécessaire pour le vivre ensemble. La pluralité des cultures apporte différentes saveurs à la vie. Après la destruction de la Yougoslavie, on est entré dans une ère où la civilisation nous prive de culture, alors que celle-ci développe la civilisation ! Que va devenir cette dernière sans culture ni racines ? Le rôle des artistes est d’offrir un espace d’expression aux gens. La culture a un pouvoir énorme, tant elle rapproche les êtres et les civilisations.

 

— Rejetez-vous la principale responsabilité du conflit ukrainien sur les Occidentaux ?

 

Pas sur les Occidentaux, sur les Américains. D’abord, les Américains avaient promis à Mikhaïl Gorbatchev, le dernier président de l’URSS, de ne pas étendre l’OTAN vers l’est de l’Europe. Ils ont pourtant créé un contexte favorable à cette extension. Ensuite, la Russie, l’Allemagne et l’Union européenne avaient convenu d’entamer des négociations sur la transition à Kiev. Or, deux mois avant leur lancement, les Américains ont fomenté un coup d’État, renversé le président prorusse Viktor Ianoukovitch et lancé la révolte de la place Maidan. La mort de manifestants et de policiers sous les balles de snipers m’a rappelé le début de la guerre de Bosnie à Sarajevo : une manifestation pacifique se transforme en drame quand des tireurs embusqués visent la foule... On a accusé les Serbes, mais personne n’a jamais su qui étaient les snipers.


Sur les événements en Ukraine, le ministre estonien des Affaires étrangères Urmas Paet a rapporté à Catherine Ashton, la haute représentante pour la politique extérieure de l’Union européenne, le témoignage d’une médecin ukrainienne qui pointait une responsabilité de l’opposition dans les tirs de snipers.

 

 

— Au début du conflit en Ukraine, vous avez exprimé votre soutien à Vladimir Poutine. Est-ce toujours le cas aujourd’hui ?

 

Absolument. Mais en fait, la question n’est pas d’être pour ou contre Poutine. Il s’agit d’être opposé aux néonazis. Comment pouvez-vous accepter la présence de nazis ukrainiens aux avant-postes du combat de l’opposition, conjuguée aux doutes sur le déclenchement de la révolte de Maidan ?

 

 

Entretien : Gérald Papy et Kerenn Elkaïm - levif.be – le 19 février 2015

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François Hollande : contradictions et démagogie

François Hollande : contradictions et démagogie | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : François Hollande et Jacques Delors, à un meeting à Paris, en mai 2005. (Francesco Acerbis/Signatures) - lejdd.fr


 

 

François Hollande :

contradictions et démagogie

 

Le dimanche 19 juillet, le Président de la République, M. François Hollande, a fait deux déclarations dans des registres très différents. La première fut faite dans le cadre d’une lettre envoyée au Journal du Dimanche à l’occasion du 90ème anniversaire de Jacques Delors [1]. Elle porte sur l’Europe, l’Union européenne et l’organisation de la zone Euro. La seconde déclaration a été faite en Lozère le samedi 19 juillet, où se rendait le Président de la République pour assister au passage du Tour de France [2]. Face à la grave crise que subissent les éleveurs français, il a appelé les français à manger de la viande française.

 

En apparence ces deux déclarations ne portent pas sur la même chose. La première est l’annonce, honnête ou non, d’un projet de transformation de certaines des institutions européennes dans un sens plus « fédéral ». La seconde se voulait une réaction à la crise grave que subit l’élevage en France, qu’il s’agisse de la filière dite de la viande bovine, de la filière du lait ou de celle de la viande de porc.

 

En apparence, il s’agit donc d’un problème de politique intérieure. Mais en apparence seulement. Car, demander aux Français de consommer avant tout de la viande élevée et abattue en France revient en réalité à faire du protectionnisme et même plus, à se prononcer pour une forme d’autarcie. À l’inverse, l’avancée vers des institutions fédérales aboutit exactement à l’inverse. De fait, l’un des arguments avancés en faveur de l’Euro était qu’il devait permettre une unification des marchés des pays considérés, rendant impossible toute forme de protectionnisme. Jamais la contradiction dans le discours du Président François Hollande n’aura été aussi visible, aussi patente, aussi constitutive de sa vision de la politique.

 

 

François Hollande et le gouvernement de la zone Euro

 

L’annonce d’un changement des institutions européennes vient donc à la fin de cette lettre ; ce sont les dernières phrases : « J’ai proposé de reprendre l’idée de Jacques Delors du gouvernement de la zone euro et d’y ajouter un budget spécifique ainsi qu’un Parlement pour en assurer le contrôle démocratique. Partager une monnaie, c’est bien plus que vouloir une convergence. C’est un choix que 19 pays ont fait parce que c’était leur intérêt. Nul gouvernement d’ailleurs depuis quinze ans n’a pris la responsabilité d’en sortir. Ce choix appelle une organisation renforcée et avec les pays qui en décideront, une avant-garde. La France y est prête parce que, comme Jacques Delors nous l’a montré, elle se grandit toujours quand elle est à l’initiative de l’Europe ».

 

Quand François Hollande propose un « parlement de la zone Euro » afin d’en assurer le « contrôle démocratique » il ne répond pas au problème réel de la zone Euro, qui s’est révélé dans la crise grecque. En fait, ce contrôle démocratique pourrait très bien se faire de manière bien plus simple. Si l’on pensait sérieusement que tel était le problème, on pourrait le résoudre en institutionnalisant l’Eurogroupe, qui rappelons le n’a pas d’existence légale dans les traités, et en le soumettant au contrôle du Parlement européen. Nul besoin de créer de nouvelles institutions ni un nouveau Parlement dont on avoue ne pas saisir très bien la relation avec celui déjà existant. Cette prolifération des institutions n’est pas sans évoquer certains souvenirs. On se souvient du mot de Georges Clémenceau, lors de débats sous la troisième république : « quand je veux enterrer un problème, je créé une commission ». Il s’applique à merveille à l’idée de François Hollande. Donc, si on voulait soumettre l’Eurogroupe à un contrôle démocratique, les représentants des 19 pays de la zone Euro pourraient se réunir en comité restreint et superviser les décisions de l’Eurogroupe, mais aussi de la Banque Centrale Européenne. Il n’est nullement nécessaire d’élire un nouveau Parlement. Reste la question du budget. Et cette question soulève un problème, celui-ci bien réel, mais fort différent de ce que prétend le Président de la République.

 

 

Mais quel est ce problème réel ? C’est bien le refus de la part de l’Allemagne de faire fonctionner une « union de transfert » dans le cadre de la zone Euro. Ce refus, on peut le regretter au nom de la « solidarité » qui est évoquée dans cette même lettre, mais on peut aussi le comprendre. Car il convient maintenant de dire qu’une union de transfert impliquerait une ponction budgétaire énorme sur l’Allemagne, calculée entre 8% et 12% du PIB par an. On voit que cela n’a rien à voir avec une « organisation renforcée » et une « avant garde ». C’est un problème très simple, que tout étudiant en licence en économie comprend. Si les régions d’un même pays, en dépit de leurs différences en richesse et en dotation de capital (matériel et humain) peuvent vivre avec la même monnaie, c’est grâce au budget qui transfert massivement des ressources. C’est la situation dans tous les pays, comme on l’a vu aux États-Unis, quand certains États ont connu des difficultés importantes, mais aussi en Allemagne ou en Inde, pour ne parler ici que des pays fédéraux. Sauf que la zone Euro n’est pas un pays, on le voit dans les différences de cultures politiques, et qu’elle refuse, en particulier dans le traité de l’UEM, la notion d’union de transfert. Dès lors, la seule forme d’ajustement possible passe par ce que l’on appelle des « dévaluations internes », autrement dit des politiques extrêmement récessives. Évoquer un « gouvernement de la zone Euro » sans aborder la question des transferts n’est donc pas honnête.

 

 

La raison d’un hors-sujet

 

Alors, pourquoi parler de « démocratie » quand il est évident que le problème primordial est celui des transferts ? Si le président de la République était un étudiant, on dirait qu’il est hors-sujet. Mais, François Hollande n’est pas stupide, contrairement à ce que d’aucuns croient. Il a parfaitement compris les conséquences désastreuses de l’accord, ou plus exactement du diktat, même Strauss-Kahn utilise ce terme, imposé à la Grèce. Il en voit surtout les conséquences politiques. Et, en politicien qu’il est il pense qu’il faut répondre à un problème politique par une « solution » politique. Sauf, que cette solution est d’une part superfétatoire – si l’on voulait réellement démocratiser la zone Euro cela peut se faire plus simplement autrement par l’institutionnalisation de l’Eurogroupe – et d’autre part ne répond nullement au problème fondamental de la zone Euro. Alors pourquoi a-t-il fait cette proposition ? Très probablement pour faire ce que l’on appelle de « l’enfumage ».

 

En fait, il prend position pour l’élection présidentielle de 2017 sous couvert de parler d’Europe. Et ceci se voit un peu plus haut dans sa lettre : « Les populistes se sont emparés de ce désenchantement et s’en prennent à l’Europe parce qu’ils ont peur du monde, parce qu’ils veulent revenir aux divisions, aux murs, aux grillages ». Dans cette phrase, il pratique la confusion à grande échelle. Tout d’abord en prétendant que la peur du monde explique le dégout de l’Union européenne. Puis en confondant délibérément Europe et Union européenne. Il est clair que ce sont les abus des institutions de l’UE qui engendrent un rejet aujourd’hui grandissant de l’UE. Et, la manière dont la Grèce a été traitée n’est que l’un de ces abus, mais assurément le plus grave et le plus spectaculaire. Il n’y a nulle « peur du monde ».

 

Mais, il y a un rejet de ce que représentent Mme Merkel, M. Juncker et M. Dijsselbloem. Il entend enfermer les opposant à l’Euro, et les opposants à l’UE dans la cage des rétrogrades. Pourtant, quand on voit comment l’UE fonctionne, et comment la zone Euro est gérée, on peut se demander si les véritables rétrogrades ne sont pas justement Mme Merkel, M. Juncker et M. Dijsselbloem, mais aussi M. François Hollande. Si, le véritable obstacle au mouvement et au progrès n’est pas cette conception particulière des institutions européennes, que nous avons héritée de Jacques Delors, mais aussi de Jean Monnet. Cette vision technocratique et anti-démocratique de l’Europe, fondée sur la négation de la souveraineté, c’est une vision du XIXème siècle, c’est la vision du Congrès de Vienne, alors que nous en sommes au XXIème.

 

En pratiquant toutes ces confusions, en s’abritant derrière ces rideaux de fumées, en s’inventant des ennemis imaginaires, François Hollande est bien entré en campagne électorale. Qu’il l’ait fait alors que ce déroulait ce drame symbolique du viol de la souveraineté grecque montre que s’il n’est pas dénué d’intelligence, son intelligence est étriquée, formatée, sèche, stérile, et dépourvue de ce qui devrait en être la principale qualité : la puissance d’imagination.

 

 

Manger français ?

 

Et cela, on le constate dans la seconde déclaration. En effet, si on la prend au pied de la lettre ce n’est même pas une incitation au protectionnisme, mais directement à l’autarcie. Nous ne mangerions que ce que nous produirions. Si l’on veut alors parler de « peur du monde », de « grillages », nous sommes amplement servis.

 

François Hollande aurait pu plaider pour une certaine qualité de nourriture, dire que la viande élevée en France présentait, dans certains cas, plus de garanties, tant sanitaires qu’alimentaires, sur des produits importés. Il aurait pu, au passage, condamner l’importation dans notre pays de ce modèle des usines à viande, comme les « fermes des mille vaches ». Notons, au passage, que cette position, qui est respectable et qui serait digne d’être soutenue, est parfaitement contradictoire avec le Traité Transatlantique, ou TAFTA, qui est actuellement négocié dans la plus parfaite obscurité, par la Commission européenne. François Hollande va-t-il donc appeler à rejeter ce traité, remettre en cause tout le processus européen ? Bien sûr que non ; et pour justifier sa position il nous ressortira la grande tirade sur ceux qui «…s’en prennent à l’Europe parce qu’ils ont peur du monde, parce qu’ils veulent revenir aux divisions, aux murs, aux grillages ».

 

Il y a donc une incohérence profonde dans ce qu’a dit notre Président. Cette incohérence tient à ce qu’une partie du discours est juste : oui, la viande produite en France offre plutôt plus de garanties tant d’un point de vue sanitaire que d’un point de vue gustatif sur la viande produite dans de véritables « usines à viande » aux États-Unis ou en Allemagne. La meilleure réponse serait alors d’établir des critères quant aux conditions de production et de taxer, voire d’interdire, toute viande d’importation ne répondant pas à ces critères. Ce n’est plus de l’autarcie, mais du protectionnisme, car cela autorise toujours l’importation de viandes moyennant qu’elles soient produites dans des conditions que nous trouvons acceptables. Notons aussi que l’on pourrait se coordonner avec des pays dont les exploitations agricoles sont du même type que le notre pour l’élaboration en commun de labels de qualités (les AOP et AOC) et une organisation du marché (avec des quotas pour le lait) qui permettraient à la fois de garantir un niveau de vie décent aux éleveurs sans les mettre sous perfusion avec des aides, ce que l’on va encore faire, et de maintenir un niveau de qualité adéquat. Cette politique impliquerait une restructuration de la commercialisation et impliquerait la constitution de filières intégrées allant de l’élevage à la commercialisation, sans doute de structures coopératives. Seulement, il faut savoir que tout ceci a été pratiqué et a été démantelé au nom de l’Union européenne et dans une logique dite « de grand marché ».

 

Entre le libre-échange intégral, qui provoque des désertifications de territoires, des crises alimentaires, qui conduit à accepter une alimentation au goût standardisé, et l’autarcie, il y a une solution, celle d’une maîtrise du marché par un protectionnisme intelligent qui associe dans des circuits courts les producteurs et les consommateurs. Mais, il faut savoir qu’une telle politique est aujourd’hui contradictoire avec les intérêts de certains pays, et certainement contradictoires avec les règles de l’Union européenne.

 

On mesure alors toute la contradiction révélée par ces deux déclarations quasi-simultanées de François Hollande. Mais, il y a une raison à cette contradiction.

 

 

François Hollande en campagne

 

Il est désormais évident que François Hollande est en campagne pour l’élection présidentielle de 2017. Mais, il n’a ni projet ni programme. Le parti qui est le sien, le parti dit « socialiste », est depuis plusieurs années en état de coma dépassé. Il n’y a plus de réflexion globale en son sein. Tous les courants où une certaine recherche intellectuelle, et quel que soit le jugement que l’on porte sur cette recherche, se faisait jour ont été marginalisés. Confronté à la montée du ressentiment contre les institutions européennes, ressentiment qui aujourd’hui touche des couches très différentes de la population française et qui est amplement justifié par leur mode de fonctionnement, il cherche des échappatoires, qui à enfourcher un fois le cheval de l’européisme le plus absolu, mais aussi le plus incohérent, et l’autre celui d’une revendication autarcique que pourraient reprendre à leur compte les identitaires. En vérité, l’absence de réponse aux problèmes de fond le contraint à ces exercices de styles. Et cela porte un nom en politique. On appelle cette tactique qui consiste à flatter chaque segment de son électorat, quitte à faire des promesses parfaitement contradictoires, et sans s’adresser au peuple tout entier, de la démagogie.

 

Ainsi, sous le couvert d’un homme politique qui se veut sérieux et responsable, c’est bien le masque du démagogue que l’on trouve. Mais, le démagogue est obligé pour ne pas être démasqué, d’accuser de démagogie ses adversaires. Ainsi, on verra, sans nul doute, fleurir dans le discours de François Hollande d’ici 2017 les accusations de démagogie et de populisme portées contre ses adversaires. Nous savons désormais que ces accusations ne font que refléter la démagogie profonde du projet de François Hollande.

 

 

 

PAR JACQUES SAPIR - russeurope.hypotheses.org – le 21 juillet 2015.

.

Notes :

[1] Journal du Dimance, François Hollande, « François Hollande : “Ce qui nous menace, ce n’est pas l’excès d’Europe, mais son insuffisance” », 19 juillet 2015,

http://www.lejdd.fr/Politique/Francois-Hollande-Ce-qui-nous-menace-ce-n-est-pas-l-exces-d-Europe-mais-son-insuffisance-742998

[2]http://www.francetvinfo.fr/economie/crise/prix-de-la-viande-francois-hollande-en-appelle-au-patriotisme-des-consommateurs_1004661.html

 

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Vous avez dit honnête ?

Vous avez dit honnête ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Tout est clair, non ?


Mais je dois probablement me tromper si je m'en réfère au silence de la masse alors que l'UE tue la démocratie sous son nez.


Duc

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Déclarations de la Présidente du Parlement grec sur les ingérences grossières dans le processus du référendum et la tentative d’en changer la question

Déclarations de la Présidente du Parlement grec sur les ingérences grossières dans le processus du référendum et la tentative d’en changer la question | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Zoe Konstantopoulou - fimes.gr


 

Déclarations de la Présidente du Parlement grec sur les ingérences grossières dans le processus

du référendum et la tentative

d’en changer la question

 

 

Ces derniers jours et ces dernières heures on a enregistré un déluge d’ingérences grossières dans le processus démocratique du référendum, proclamé pour la première fois en 41 ans depuis la fin de la dictature des colonels, à l’instigation du Premier ministre, puis sur proposition du gouvernement et décision du Parlement.

 

Les représentants d’hier, les coresponsables de la destruction du pays et du peuple, et leurs partenaires nationaux et étrangers, ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour empêcher l’expression de la volonté populaire.

 

Pour empêcher ou annuler le référendum.

 

Et maintenant, puisqu’ils ont échoué dans cette tentative, ils font tout ce qu’ils peuvent pour en modifier le résultat, rendre floue et dénaturer la question très claire, en adressant au peuple un nouveau chantage :

 

  • Que soi-disant, si les citoyens disent « non », nous devrons quitter l’Union européenne ou la zone euro ;


  • Que s’ils disent « non », il n’y aura aucune nouvelle négociation;


  • Que s’ils disent « non », cela signifiera qu’ils « ne veulent pas d’aide».

 

Certains – chefs d’État, mais aussi représentants de la Commission et d’autres institutions et organismes – n’hésitent pas à s’immiscer grossièrement dans les affaires internes du pays et à suggérer au peuple ce qu’il doit voter au référendum, en modifiant la vraie question.

Ce qui est important c’est non seulement ce qu’ils disent, mais qui le dit.

Le disent les représentants des gouvernements qui se sont alliés aux gouvernements qui ont détruit le pays et ont fait des accords et échanges avec eux.

 

Le disent les représentants d’organisations internationales qui ont participé à des programmes catastrophiques qui ont décomposé la société et causé d’indicibles malheurs.

 

Le disent des dignitaires qui ont admis s’être trompés dans le cas de la Grèce, encore et encore.

 

Mais le disent aussi les représentants du système politique corrompu des anciens partis, de la corruption et des combines, ceux qui ont créé une dette illégale, odieuse et insoutenable et qui veulent la mettre sur le dos du peuple, de la jeunesse et des générations futures, sans rendre de comptes.

 


Le oui ne signifie pas oui à l’Europe.

 

  • Il signifie oui à l’ultimatum adressé par la Troïka au gouvernement grec.

 

  • Le oui signifie oui aux mémorandums, à la soumission et à la servitude.

 

  • Oui à des diminutions supplémentaires des salaires et des retraites;


  •  Oui au chômage et à la précarité de l’emploi ;


  • Il signifie oui à l’abandon de la souveraineté et de la démocratie, au bradage des biens publics, à de lourds impôts sans fin.


  • Il signifie aussi oui à la dégradation de la Grèce de pays membre à part égale de l’UE en pays paria et en colonie de la dette.

 

 

Le non signifie non aux tactiques et

pratiques antidémocratiques

  •  Non aux chantages anti-européens et aux ultimatums ;


  • Non aux blocages artificiels ;


  • Non à l’asphyxie du peuple, avec les banques fermées ;


  • Non à l’asservissement d’États membres par d’autres États membres ;


  • Non à la soumission économique et politique. 



Le gouvernement s’est redressé. Il n’a pas cédé, il n’a pas capitulé en trahissant la confiance des citoyens.

 

Le Parlement en 2015 a été à sa hauteur.

Il n’a pas fait loi d’État les mesures qui ont condamné de nombreuses générations à un esclavage mémorandaire.

 

Pour la première fois, le peuple peut réellement décider de son avenir.

 

Pour la première fois, il peut repousser lui-même, par son vote, le dernier chantage.

 

Pour la première fois, le peuple peut lever la tête et avec son vote, avec le non, secouer le joug des mémorandums.

 

Qu’il vote et se batte pour sa dignité et son avenir.

 

Et qu’il défend le seul gouvernement qui lui a fait confiance et lui a rendu le pouvoir qui lui appartient, qu’il défend le Parlement qu’il a lui-même élu et qui lui a rendu le pouvoir qu’il en tire et exerce en sa faveur.

 

Qu’il ne permette pas le renversement du gouvernement par ceux qui, depuis des mois, élaborent des scénarios de déstabilisation et de détournement, pour remettre le pays et le peuple aux forces de la corruption, des combines et de la tromperie, qui ont tiré profit des mémorandums sur le dos de la société.

 

Et qu’il envoie le message retentissant et optimiste aussi aux autres peuples d’Europe, que la démocratie est l’affaire des citoyens et des peuples, non des banques, des banquiers et des marchés.

 

Les « non » du peuple grec ont, dans l’Histoire, rendu fiers non seulement les Grecs, mais l’humanité tout entière.

 

Un tel « non » rendra fières les générations futures et défendra la véritable âme de l’Europe, qui ne se base pas sur des ultimatums et des chantages, mais sur une coexistence égalitaire, la démocratie et la solidarité.

 

 

>>> Voir la vidéo ici (en grec)

 

 

Par tlaxcala-int.org – le 3 juillet 2015.

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« Être paysan, c’est vouloir être libre, travailler au rythme des saisons, travailler avec la nature »

« Être paysan, c’est vouloir être libre, travailler au rythme des saisons, travailler avec la nature » | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Illustration : Confédération paysanne


 

« Être paysan, c’est vouloir être libre, travailler au rythme des saisons, travailler avec la nature »

 

« Pour beaucoup d’entre nous, l’autonomie du paysan n’est plus qu’un rêve, et la prolétarisation du métier se confirme. » Le texte est lu par des paysans le 17 juin 2015, à Amiens, à l’issue du procès en appel des neuf militants de la Confédération paysanne poursuivis pour des actions menées contre l’usine des 1 000 vaches, en Picardie. Dans l’attente du jugement, le 16 septembre, le syndicat dénonce un libéralisme qui « se nourrit aussi de nos utopies, qui les avale et les recrache, pour mieux avancer ». Si les alternatives qui se multiplient partout sur le territoire contribuent à bâtir d’autres mondes, le changement passe aussi par un engagement collectif, énonce l’appel d’Amiens.

 

Nous sommes paysans… Être paysan, c’est vouloir être libre, travailler au rythme des saisons, travailler avec la nature, les animaux… Être paysan, c’est se voir confier cette noble tâche : produire pour l’alimentation de tous ! Alors, partout dans le monde, des centaines de millions de paysans produisent de la nourriture, en lien avec leurs territoires... et ils en sont fiers !

 

Ces dernières décennies, nous, paysans des pays riches, avons commencé à perdre quelques fragments de notre métier, à perdre surtout de l’autonomie. La banque permet l’emprunt, mais impose aussi les options de production. Les industriels fournissent matériel, semences et produits de traitement, parfois nécessaires, mais qui enchaînent les paysans à une recherche infinie de rendement. Les grandes chaînes de distribution assurent la commercialisation des produits – elles imposent aussi le prix payé aux paysans et obligent à produire du volume pour assurer un revenu. Beaucoup de lois et de réglementations ont accompagné cette mise en dépendance du métier de paysan.

 

 

« L’autonomie du paysan n’est plus qu’un rêve »

 

Tout se passe comme si le paysan mettait sa force de travail à disposition d’employeurs puissants, souvent invisibles, et impitoyables. Pour beaucoup d’entre nous, l’autonomie du paysan n’est plus qu’un rêve, et la prolétarisation du métier se confirme. Cette évolution s’accélère aujourd’hui, brutalement : usines à vaches, serres géantes à tomates, énormes surfaces de production de céréales… Avec ces gigantesques entreprises qui créent une pression maximale sur les paysans et qui accaparent les terres, il y a une réelle volonté d’industrialiser l’agriculture !

 

Les acteurs de l’agro-industrie ont d’abord investi à leur profit les outils d’amont et d’aval, souvent créés et mis en place par les paysans. Ils s’emparent maintenant du cœur même de notre métier : la production. Ils veulent appliquer les mêmes logiques industrielles : concentration, mise en situation de monopole, recherche du coût de production toujours plus bas, à n’importe quel prix, les travailleuses et travailleurs comme variable d’ajustement… Effroyable logique qui pense pouvoir s’affranchir de la moindre considération pour ceux qui en sont victimes !

 

 

Une nourriture qui n’a plus de lien avec la terre

 

L’industrialisation de l’agriculture, de la bouffe abondante et bon marché prétend être l’assurance d’une alimentation suffisante pour l’humanité, avec ce qu’elle impose comme coûts sociaux, écologiques et climatiques ! Elle est surtout la réponse cynique à la paupérisation des populations par les politiques libérales, et le meilleur moyen de mieux les ponctionner par les loyers, les transports, ou les marchandises à obsolescence programmée... C’est l’intolérable réalité d’une nourriture qui n’a plus de lien avec la terre, qui n’est que production artificielle imposée par les logiques standardisantes du business et du commerce international, pure destruction du mode alimentaire des peuples, totale négation du principe de souveraineté alimentaire, de la liberté de chacun de choisir son alimentation.

 

On nous place sous la dépendance alimentaire de quelques grands groupes industriels et financiers, assurant ainsi notre soumission. Car c’est aussi leur domination politique qui est en jeu, telle qu’elle se manifeste déjà dans les accords de libre-échange actuellement négociés par l’UE avec l’Afrique de l’Ouest, les États-Unis ou le Canada. Nous ne pouvons pas laisser faire, nous soumettre à cet ordre des choses, comme si tout cela était l’ordre inéluctable de l’évolution de l’humanité ! En n’agissant pas, nous nous rendrions coupables, nous deviendrions complices de ceux qui régissent le monde à leur unique profit. Nous avons le devoir de nous remettre en question, de tout remettre en question !

 

 

« Donnons-nous les moyens de l’espoir ! »

 

Alors oui, il faut agir. Les alternatives se multiplient, partout, elles essaiment sur cette envie qui bouillonne de dire NON, de faire autrement. Elles sont l’image de ce que nous pouvons devenir, elles font vivre l’espoir qu’une autre société est possible. Alors, rejoignons-les, agissons chez nous, partout, au quotidien, sans relâche. Donnons-nous les moyens de l’espoir ! Mais cela ne suffira pas… Le libéralisme se nourrit aussi de nos utopies, il les avale et les recrache, pour mieux avancer. Notre engagement doit être collectif, il doit être politique ! Les attaques quotidiennes sur nos espoirs ne doivent pas parvenir à nous faire baisser les bras ! L’histoire récente est pleine de victoires, ne l’oublions pas ! On peut gagner !

 

Alors, attachons-nous à nos causes communes. Nous, paysans, battons-nous pour notre autonomie et nos savoir-faire. Nous paysans, avec vous tous, citoyens, luttons contre l’industrialisation de l’agriculture qui veut nous balayer. Nous tous, citoyens, pas seulement consommateurs, revendiquons le choix de notre alimentation. Nous tous, citoyens, refusons de brader notre démocratie à la surveillance généralisée et au bon vouloir des multinationales. Réinventons notre engagement politique. Prenons conscience que nous avons le pouvoir, exerçons-le ensemble !

 

Texte de la Confédération paysanne

 

 

 

Par bastamag.net – le 26 juin 2015.


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France - Loi Renseignement : « un coup d’État à froid » pour Edwy Plenel

France - Loi Renseignement : « un coup d’État à froid » pour Edwy Plenel | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


France - Loi Renseignement :

« un coup d’État à froid » pour Edwy Plenel

 

Pour Edwy Plenel, le projet de loi sur le renseignement est le fruit d’un « coup d’État à froid » opéré par les services et plus globalement par « l’État profond », avec la complicité du gouvernement et des parlementaires. Plus qu’une mauvaise loi, c’est une crise démocratique.

 

Les mots sont forts et ils sont répétés. À deux reprises, comme pour mieux marquer qu’il assume parfaitement l’expression et sa signification la plus grave, le fondateur de Mediapart Edwy Plenel accuse « l’État profond » d’avoir fomenté avec succès un « coup d’État à froid », à travers l’élaboration du projet de loi sur le renseignement.

 

Il y voit pour preuve ultime l’adoption en catimini par la commission mixte paritaire (CMP) de l’amendement, jamais débattu en séance publique, qui prive les étrangers et les exilés de toute protection de leur vie privée, et dont nous avons vu et démontré qu’il était une nouvelle violation des droits de l’homme introduite dans le texte.

 

Après avoir gardé le silence, le Gouvernement a enfin annoncé qu’il déposerait un amendement de suppression, la manœuvre ayant été découverte et fortement dénoncée, notamment dans Le Monde. Pour Edwy Plenel, la sinistre anecdote est la goutte d’eau d’un vase déjà trop rempli, qui renvoie à la question des institutions que l’on appelle « démocratie », et qui n’ont pourtant plus rien de démocratiques. Elles ne l’étaient déjà pas dans les textes, elles le sont encore moins dans la pratique. Il met en parallèle deux textes et leur mode d’adoption, la loi Macron et le projet de loi Renseignement.

 

« COMME SI LA DÉMOCRATIE LEUR ÉTAIT

DEVENUE UN FARDEAU »

 

« Ce n’est pas seulement le pouvoir exécutif qui, désormais, règne en maître, imposant sa loi brutale à un pouvoir législatif dépouillé de ses prérogatives délibératives via des procédures d’exception – accélérée pour la loi Renseignement, 49-3 pour la loi Macron », écrit-il. « Plus essentiellement, ce sont les services, qu’ils soient sécuritaires (DGSE et DGSI) ou économiques (le poids sans pareil de l’Inspection des finances), qui prennent le pas sur des gouvernants soumis à leurs exigences ou à leurs expertises, incapables d’imposer une volonté politique autonome faute de savoir ce qu’ils veulent eux-mêmes, sinon survivre ».

 

« (...) À l’abri de la machinerie d’État, dont ils revendiquent l’autorité à leur seul profit, ils en viennent à prendre en grippe ou en méfiance toutes ces complications qui relèvent simplement de l’exercice d’une démocratie vivante ».

 

« (...) Comme si la démocratie leur était devenue un fardeau...

 (...). L’avis d’un inspecteur des finances, d’un agent secret, d’un chef militaire ou d’un grand patron compte bien plus pour ceux qui se croient momentanément propriétaires du bien commun que celui du peuple de base, dont l’engagement militant n’est requis qu’à la façon d’une servitude volontaire : un abandon de souveraineté ».

 

Bien sûr, le Conseil constitutionnel qui devra examiner la loi Renseignement est censé être le dernier bouclier démocratique, et il faut espérer qu’il sanctionne les violations du droit. Mais l’institution contrôlée par le pouvoir politique a déjà démontré sa faiblesse par le passé, en particulier lorsqu’au nom d’une indécente raison d’État, et sans que ça ne soulève l’indignation que ceci méritait, il a expliqué qu’il avait validé des élections qu’il savait truquées par la violation des règles de financement des campagnes. Il avait préféré fermer les yeux.

 

« Annuler l’élection de Chirac aurait eu des conséquences terribles. J’ai pensé à mon pays. Je suis un homme de devoir. Nous avons finalement décidé, par esprit républicain, de confirmer, à l’unanimité au deuxième tour, son élection présidentielle. Je suis convaincu que j’ai sauvé la République en 1995 », expliquait sans honte aucune son ancien président Roland Dumas. Sauver la République en enterrant la démocratie. On en voit, 20 ans plus tard, le résultat.



Par Guillaume Champeau - numerama.com – le 22 juin 2015.

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La raison délirante de l’Europe, un nouveau fascisme mou ?

La raison délirante de l’Europe, un nouveau fascisme mou ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


La raison délirante de l’Europe,

un nouveau fascisme mou ?

Par Laurent de Sutter

 

Il est temps d’ouvrir les yeux : les autorités qui se trouvent à la tête de l’Europe incarnent un fascisme nouveau. Ce fascisme, ce n’est plus celui, manifeste et assumé, qui a fait du XXsiècle l’un des grands siècles de la laideur politique ; il s’agit plutôt d’un fascisme mou et retors, dissimulant ses intentions mauvaises derrière un langage qui se voudrait de raison. Mais la raison que manifestent tous ceux qui, aujourd’hui, se trouvent forcés de discuter avec le Premier ministre grec, Aléxis Tsípras, est en réalité une raison délirante. Elle l’est sur plusieurs plans.

 

Premièrement, la raison européenne est délirante sur le plan politique : chaque nouveau geste posé par les autorités de l’Europe (ainsi, en dernier lieu, celui du directeur de la Banque centrale, Mario Draghi) affiche davantage le mépris des principes sur lesquels elle se prétend fondée par ailleurs. En proclamant que les traités européens sont soustraits à tout vote démocratique, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, ne l’avait pas caché : la démocratie, en Europe, n’est qu’un mot vide. Qu’il ait pointé une réalité juridique (il est vrai que les traités sont négociés entre États et non entre populations) n’empêchait pas moins qu’il s’agissait là d’une déclaration de renégat. Non, l’Europe ne vous appartient pas, peuples d’Europe – pas plus qu’elle n’appartient aux gouvernements que vous avez élus, si ceux-ci ne marchent pas au rythme que nous souhaitons lui voir adopter. Tel était le message que Juncker souhaitait faire passer – et qui a été entendu.

 

Deuxièmement, la raison européenne est délirante du point de vue économique : ce que les autorités européennes sont en train de réaliser, c’est tout simplement la ruine d’un continent entier. Ou, plutôt : la ruine de la population d’un continent entierà l’heure où la richesse globale de l’Europe, en tant qu’entité économique, ne cesse de croître. Les autorités économiques européennes, en tentant de tuer dans l’œuf le programme grec, pourtant d’une impeccable rationalité économique, de Yánis Varoufákis, le disent là aussi sans ambages. Ce qui les intéresse, c’est la perpétuation d’un statu quo financier permettant au capitalisme, dans son caractère le plus désincarné et le plus maniaque, de continuer à produire une richesse abstraite.

 

Il n’est pas important que la richesse en Europe profite aux personnes ; en revanche, il est d’une importance croissante qu’elle puisse continuer à circuler – et toujours davantage.

 

Pourtant, qu’en déséquilibrant de manière aussi radicale le système économique européen, les autorités en question risquent d’aboutir à la destruction du système capitaliste lui-même, comme ne cessent de le souligner les analystes financiers, ne leur traverse même pas l’esprit. Car, au bout du compte, il ne s’agit pas vraiment de capitalisme, ni même d’économie ; il s’agit de pouvoir, et de sa pure imposition.

 

Troisièmement, la raison européenne est délirante du point de vue de la raison elle-même. Derrière les différents appels au « raisonnable », que le nouveau gouvernement grec devrait adopter, se dissimule en réalité la soumission à la folie la plus complète. Car la raison à laquelle se réfèrent les politiciens européens (par exemple, pour justifier les mesures d’austérité débiles qu’ils imposent à leur population) repose sur un ensemble d’axiomes pouvant tout aussi bien définir la folie. Ces axiomes sont, tout d’abord, le refus du principe de réalité – le fait que la raison des autorités européennes tourne dans le vide, sans contact aucun avec ce qui peut se produire dans le monde concret. C’est, ensuite, le refus du principe de consistance – le fait que les arguments utilisés pour fonder leurs décisions sont toujours des arguments qui ne tiennent pas debout, et sont précisément avancés pour cela (voir, à nouveau, l’exemple de l’austérité, présentée comme rationnelle du point de vue économique alors que tout le monde sait que ce n’est pas le cas). C’est, enfin, le refus du principe de contradictionle fait que l’on puisse remonter aux fondements mêmes des décisions qui sont prises, et les discuter, possibilité suscitant aussitôt des réactions hystériques de la part des autorités.

 

Ce délire généralisé, que manifestent les autorités européennes, doit être interrogé. Pourquoi se déploie-t-il de manière si impudique sous nos yeux ? Pourquoi continue-t-il à faire semblant de se trouver des raisons, lorsque ces raisons n’ont plus aucun sens – ne sont que des mots vides, des slogans creux et des logiques inconsistantes ?

 

La réponse est simple : il s’agit bien de fascisme. Il s’agit de se donner une couverture idéologique de pure convention, un discours auquel on fait semblant d’adhérer, pour, en vérité, réaliser une autre opération. Comme je l’ai suggéré plus haut, cette autre opération est une opération d’ordre : il s’agit de s’assurer de la domestication toujours plus dure des populations européennes – de ce qu’elles ne réagiront pas aux mesures de plus en plus violentes prises à leur encontre.

 

Des gouvernements qui se prétendent démocratiques ont été élus par les différentes populations européennes – mais ce sont des gouvernements dont le programme caché est tout le contraire : ce sont des gouvernements qui souhaitent la fin de la démocratie, car la démocratie ne les arrange pas. Tout le reste n’est que prétexte. Or, ce que le nouveau gouvernement grec tente de réaliser, c’est réintroduire un peu de réalisme au milieu de l’invraisemblable délire politique, économique et rationnel dans lequel baigne l’Europe – donc un peu de démocratie. Mais, ce faisant, il rend apparente l’ampleur de la crapulerie régnant dans les autres pays du continent – et, cela, on ne le lui pardonnera pas.

 

 

 

Par Laurent de SUTTER, Professeur de théorie du droit, à la Vrije Universiteit de Bruxelles et directeur de la collection « Perspectives critiques » aux Presses universitaires de France - les-crises.fr – le 8 juin 2015

.

Source : Laurent de Sutter, pour Libération, le 10 février 2015.

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EN DÉPIT DE LA VOLONTÉ DES PEUPLES, LE PARLEMENT EUROPÉEN A DIT OUI AU TAFTA (TTIP) !

EN DÉPIT DE LA VOLONTÉ DES PEUPLES, LE PARLEMENT EUROPÉEN A DIT OUI AU TAFTA (TTIP) ! | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


EN DÉPIT DE LA VOLONTÉ DES PEUPLES,

LE PARLEMENT EUROPÉEN A DIT OUI…

AU TAFTA (TTIP) !

 

28 Pour. 13 Contre.

 

Le 28 mai 2015, l’Europe a commencé à dire oui au TAFTA. À 28 députés pour et 13 contre. Insidieusement. Le PS a plutôt dit oui, les Verts ont dit non. Le Pen n’était même pas là. Et très peu de médias ont relayé l’info, évidemment.

 

« C’est une déception majeure pour tous les observateurs de la société civile. Ce vote a d’ailleurs été salué comme une avancée par Business Europe, le lobby des plus grandes multinationales européennes », déplore sur son site internet l’association internationale de techniciens, experts et chercheurs (Aitec).

 

Socialistes, conservateurs et libéraux ont donc majoritairement donné leur aval pour la poursuite en Europe de ce projet qui soulève pourtant de nombreuses levées de bouclier, notamment du côté des citoyens.

 

>>> Lire sans faute : L’abominable TAFTA (GMT ? TTIP ?) pour les « nuls » !

 

Le pire, c’est que la fameuse question épineuse des Tribunaux d’Arbitrage, qui embêtait quand même un peu les députés européens, a été validée avec le reste, du coup.

 

Le groupe socialiste au Parlement « considérait jusqu’à maintenant (l’ISDS) inacceptable entre deux continents démocratiques munis de systèmes juridiques indépendants et performants ». Et pourtant… Il faut croire que les lobbies ont bien fait leur travail du côté de Bruxelles.

 

« Le TTIP (ou TAFTA) s’il est adopté garantira des conditions de commerce optimales dans toute la zone du monde dit « occidental ».

 

Qui dit conditions de commerce optimales dit que tout État qui tentera de s’élever contre une décision d’une multinationale devra répondre de ses actes devant un Tribunal international indépendant (les fameux ISDS). Qui dit indépendants des États dits non démocratiques. Ces tribunaux, au nom du sacro-saint commerce, donneront donc naturellement raison aux multinationales et à leurs velléités face au pouvoir des États de protéger leurs citoyens. »

 

 L’indigné du Canapé

 

Par ailleurs, il faut souligner l’attitude de Marine Le Pen. Elle qui se dit contre l’Europe et anti-système, mais à surtout prouvé sa capacité à se contredire : déjà parce qu’elle est élue européenne et touche une belle paie (bizarre pour quelqu’un qui critique l’Europe). Mais aussi parce qu’elle est payée à ne rien faire puisqu’hier, elle brillait par son absence sur un dossier très important où son vote « contre » aurait en effet été « anti-système ».

 

Difficile d’être aussi « anti » qu’on essaie de le faire croire, n’est-ce pas ?

Voici un petit avertissement adressé à tous ceux qui croient réellement aux mensonges de ce parti aussi opportuniste que ceux qui se sont toujours partagé le pouvoir.

 

La pauvre démocratie, impuissante contre l’oligarchie

 

Saviez-vous que déjà par deux fois, des pétitions ayant réuni plus d’un million de signatures ont été adressées à la Commission Européenne ?

 

Et que par deux fois, la Commission Européenne n’a même pas pris la peine de les considérer ? Où est passée la démocratie ?

 

Elle est assez loin : rappelons-nous des paroles de M. Juncker quand Syriza est arrivé à la tête des élections en Grèce :  « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens »

 

>>> Lire aussi La Grèce seule face à l’Union, comme dans les pires films de science-fiction

 

Merci beaucoup cher Président non élu ! Ce qu’on nous prouve en ce moment, c’est que la mobilisation consciente, active et volontaire de plus d’un million de personnes ne pèse pas aussi lourd que les décisions d’une poignée d’élusLa démocratie est en peine pire, elle disparait !

 

Quel est l’important désormais ?

 

Continuons la mobilisation. Continuons le combat.

Le TAFTA est une menace réelle pour le droit des peuples, à tous les niveaux : politique, social, économique, écologique, sanitaire, éducatif…

 

Le TAFTA serait LE moyen légal pour les lobbies et autres groupes d’influence pour faire valider en Europe toutes les « saletés » qu’ils ont cherché à faire passer sans succès depuis une quinzaine d’années. Il est encore temps d’empêcher ce désastre et cette future tyrannie des multinationales sur les États et les peuples.

 

La mobilisation va devoir redoubler dans les assemblées, les réunions, les manifestations, les actions. Mais il va également falloir passer à la vitesse supérieure dans notre manière de voter.

 

Malheureusement, la politique politicienne reste à ce jour le moyen le plus direct de changer les choses et on a désormais la preuve – une preuve de plus – que ni le FN, ni l’UMP, ni le PS n’ont la volonté d’aller de l’avant et d’écouter les idées progressistes du peuple.

 

>>> Lire aussi : Les partis citoyens font une percée historique en Espagne !

 

Changeons !

Vous pouvez aussi suivre les réflexions de L’Indigné du Canapé sur Facebook et Twitter !

 

 

 

Par l’indigne-du-canape.com – le 30 mai 2015.

Source : La Tribune, Mediapart

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La raison délirante de l’Europe, un nouveau fascisme mou ?

La raison délirante de l’Europe, un nouveau fascisme mou ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


La raison délirante de l’Europe,

un nouveau fascisme mou ?

Par Laurent de Sutter (*)

 

 

Il est temps d’ouvrir les yeux : les autorités qui se trouvent à la tête de l’Europe incarnent un fascisme nouveau. Ce fascisme, ce n’est plus celui, manifeste et assumé, qui a fait du XXsiècle l’un des grands siècles de la laideur politique ; il s’agit plutôt d’un fascisme mou et retors, dissimulant ses intentions mauvaises derrière un langage qui se voudrait de raison. Mais la raison que manifestent tous ceux qui, aujourd’hui, se trouvent forcés de discuter avec le Premier ministre grec, Aléxis Tsípras, est en réalité une raison délirante. Elle l’est sur plusieurs plans.

 

— Premièrement, la raison européenne est délirante sur le plan politique : chaque nouveau geste posé par les autorités de l’Europe (ainsi, en dernier lieu, celui du directeur de la Banque centrale, Mario Draghi) affiche davantage le mépris des principes sur lesquels elle se prétend fondée par ailleurs. En proclamant que les traités européens sont soustraits à tout vote démocratique, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, ne l’avait pas caché : la démocratie, en Europe, n’est qu’un mot vide. Qu’il ait pointé une réalité juridique (il est vrai que les traités sont négociés entre États et non entre populations) n’empêchait pas moins qu’il s’agissait là d’une déclaration de renégat.

 

Non, l’Europe ne vous appartient pas, peuples d’Europe – pas plus qu’elle n’appartient aux gouvernements que vous avez élus, si ceux-ci ne marchent pas au rythme que nous souhaitons lui voir adopter. Tel était le message que Juncker souhaitait faire passer – et qui a été entendu.

 

— Deuxièmement, la raison européenne est délirante du point de vue économique : ce que les autorités européennes sont en train de réaliser, c’est tout simplement la ruine d’un continent entier. Ou, plutôt : la ruine de la population d’un continent entier – à l’heure où la richesse globale de l’Europe, en tant qu’entité économique, ne cesse de croître. Les autorités économiques européennes, en tentant de tuer dans l’œuf le programme grec, pourtant d’une impeccable rationalité économique, de Yánis Varoufákis, le disent là aussi sans ambages.

 

Ce qui les intéresse, c’est la perpétuation d’un statu quo financier permettant au capitalisme, dans son caractère le plus désincarné et le plus maniaque, de continuer à produire une richesse abstraite. Il n’est pas important que la richesse en Europe profite aux personnes ; en revanche, il est d’une importance croissante qu’elle puisse continuer à circuler – et toujours davantage. Pourtant, qu’en déséquilibrant de manière aussi radicale le système économique européen, les autorités en question risquent d’aboutir à la destruction du système capitaliste lui-même, comme ne cessent de le souligner les analystes financiers, ne leur traverse même pas l’esprit. Car, au bout du compte, il ne s’agit pas vraiment de capitalisme, ni même d’économie ; il s’agit de pouvoir, et de sa pure imposition.

 

 

— Troisièmement, la raison européenne est délirante du point de vue de la raison elle-même. Derrière les différents appels au « raisonnable », que le nouveau gouvernement grec devrait adopter, se dissimule en réalité la soumission à la folie la plus complète. Car la raison à laquelle se réfèrent les politiciens européens (par exemple, pour justifier les mesures d’austérité débiles qu’ils imposent à leur population) repose sur un ensemble d’axiomes pouvant tout aussi bien définir la folie. (…)

 

 

Pourquoi continue-t-il à faire semblant de se trouver des raisons, lorsque ces raisons n’ont plus aucun sens – ne sont que des mots vides, des slogans creux et des logiques inconsistantes ? La réponse est simple : il s’agit bien de fascisme

 

Ce délire généralisé, que manifestent les autorités européennes, doit être interrogé. Pourquoi se déploie-t-il de manière si impudique sous nos yeux ? Pourquoi continue-t-il à faire semblant de se trouver des raisons, lorsque ces raisons n’ont plus aucun sens – ne sont que des mots vides, des slogans creux et des logiques inconsistantes ?

 

La réponse est simple : il s’agit bien de fascisme. Il s’agit de se donner une couverture idéologique de pure convention, un discours auquel on fait semblant d’adhérer, pour, en vérité, réaliser une autre opération. Comme je l’ai suggéré plus haut, cette autre opération est une opération d’ordre : il s’agit de s’assurer de la domestication toujours plus dure des populations européennes – de ce qu’elles ne réagiront pas aux mesures de plus en plus violentes prises à leur encontre. Des gouvernements qui se prétendent démocratiques ont été élus par les différentes populations européennes – mais ce sont des gouvernements dont le programme caché est tout le contraire : ce sont des gouvernements qui souhaitent la fin de la démocratie, car la démocratie ne les arrange pas.

 

Tout le reste n’est que prétexte. Or, ce que le nouveau gouvernement grec tente de réaliser, c’est réintroduire un peu de réalisme au milieu de l’invraisemblable délire politique, économique et rationnel dans lequel baigne l’Europe – donc un peu de démocratie. Mais, ce faisant, il rend apparent l’ampleur de la crapulerie régnant dans les autres pays du continent – et, cela, on ne le lui pardonnera pas.

 

 

 

Par Laurent de SUTTER (*)lesmoutonsenrages.fr – le 6 mai 2015

 

(*) Laurent de SUTTER Professeur de théorie du droit, à la Vrije Universiteit de Bruxelles et directeur de la collection « Perspectives critiques » aux Presses universitaires de France

Source : Libération

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18 avril : Forte mobilisation mondiale contre le TAFTA (TTIP)

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18 avril : Forte mobilisation mondiale

contre le TAFTA (TTIP)

  

Alors que le 9e cycle de négociation du traité transatlantique s’ouvre aujourd’hui à New York, la mobilisation « Stop TAFTA » a franchi une nouvelle étape ce samedi 18 avril, à travers plus de 600 initiatives en Europe et en Amérique du Nord.

 


Succès de la journée mondiale contre les traités des multinationales

 

La journée internationale d’action a agrégé des centaines d’initiatives partout en Europe pour exprimer l’opposition grandissante  au projet de libéralisation du commerce et l’investissement entre l’UE et les États-Unis, ainsi qu’à tous les accords similaires conclus ou négociés par l’UE sur tous les continents – notamment le CETA (accord UE-Canada). Débats publics, actions de sensibilisation, manifestations, signatures de pétition... les citoyens se sont mobilisés se sont déroulés dans plus de 750 villes de 46 pays. À la veille d’un nouveau cycle de négociation du TAFTA entre Europe et États-Unis, les populations de part et d’autre de l’Atlantique ont clairement fait entendre leur détermination à défendre leurs droits, à protéger l’environnement et à remettre les multinationales à leur place.

 

Aux États-Unis, les mobilisations ont porté sur la Trade Promotion Authority (souvent appelée « Fast Track »), trois jours après l’introduction de cette proposition de loi visant à donner les pleins pouvoirs au Président Obama pour négocier les accords transatlantique (TAFTA) et transpacifique (TPP). Dans tout le pays, des actions ont eu lieu pour appeler les élus du Congrès à défendre leur pouvoir législatif.

 

En France, sous le slogan « Tafta : tout ce dont nous ne voulons pas », le collectif Stop TAFTA a dénoncé les conséquences néfastes qu’aurait cet accord sur l’agriculture, l’emploi et les conditions de travail, la santé, le climat et la démocratie. À Paris, la marche « Stop TAFTA et CETA ! Non aux traités des multinationales » a réuni 3 000 personnes. Avec plus de 90 initiatives organisées dans l’Hexagone, la mobilisation s’intensifie.

 

À ce jour, l’initiative citoyenne européenne contre le TAFTA et le CETA dépasse les 1 700 000 signatures, tandis que le nombre de collectivités locales adoptant des résolutions « Hors TAFTA » ou « en vigilance » s’accroît chaque semaine.

 

Partout des citoyen-nes portent le débat et interpellent leurs élus. Le gouvernement français et son secrétaire d’État Matthias Fekl font pourtant la sourde oreille, et entretiennent l’ambigüité sur le mécanisme d’arbitrage investisseur État (ISDS), qui fait l’objet de nombreuses critiques depuis le début des négociations. Et les efforts de communication de la commissaire européenne au commerce C. Malmström n’apportent aucune réponse aux inquiétudes exprimées, ni lors de son audition mercredi dernier par des parlementaires français ni dans le texte qu’elle a signé sur le site de la Direction Générale du Commerce, à la veille de cette journée internationale d’action, et où elle demande notamment aux gouvernements de défendre plus activement ce projet d’accord transatlantique.

 

 

Au lancement du 9e cycle, un accord qui reste inacceptable

 

Si, comme à son habitude, la DG Commerce n’a divulgué aucune information sur les objectifs et les contenus des pourparlers prévus cette semaine à New York, des fuites récentes font craindre le pire.


La dernière version fuitée du chapitre « Coopération règlementaire » tel que l’Union européenne le souhaite, bouleversera littéralement les conditions de régulation et d’élaboration des lois dans l’UE comme dans ses États membres.

 

En outre, dans une note du gouvernement allemand à ses ambassades, fuitée en fin de semaine dernière, on apprend que la DG Commerce, à l’instigation de ses États membres dont la France, est prête à brader son agriculture contre l’accès de ses grandes entreprises aux marchés publics américains. Un tel renoncement précipiterait l’intensification brutale de la pression sur les prix agricoles, une fuite en avant accélérée vers l’industrialisation de la production, la disparition de très nombreuses fermes et la dégradation générale de notre alimentation : en d’autres termes, une évolution de nos agricultures vers l’exact opposé de nos préférences collectives et des objectifs climatiques affichés par la COP21.

 

Autant de nouvelles raisons pour nos organisations de poursuivre leur campagne contre le projet d’accord transatlantique. Le collectif Stop TAFTA renforcera donc ses initiatives dans les semaines et les mois à venir pour que les accords transatlantiques TAFTA et CETA voulus par la Commission européenne, sa Direction Générale du commerce et les gouvernements des États membres, ne voient pas le jour.

 

Pour en savoir plus :

 

Site international de la journée d’action

 

 

 

Par le collectifstoptafta.org – le 20 avril 2015.

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Les think tanks : bras armé de la politique étrangère américaine, le cas de l’Hudson Institute

Les think tanks : bras armé de la politique étrangère américaine, le cas de l’Hudson Institute | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Alex Wong /Getty Images

 

 

Les think tanks : bras armé de la politique

étrangère américaine, le cas de l’Hudson Institute

par Alexandre Moustafa (*)

 

Les think tanks sont devenus omniprésents aujourd’hui sur les deux rives de l’Atlantique. Ils produisent des notes, des recherches sur différents sujets et cherchent à influencer au maximum, un gouvernement ou un parti. Ces « laboratoires d’idées » se veulent des lieux d’expertises au-dessus des partis. 

 


Les Think tanks et les USA

 

On comptait environ douze think tanks en 1970, contre plus de 1 500 aujourd’hui, cela montre bien l’intérêt qu’ils suscitent dans la société américaine, aussi bien auprès des médias que des hommes politiques. Pour résumer brièvement leur histoire, on compte trois phases de développement des think tanks : d’abord après la Première Guerre mondiale, où quelques organismes apolitiques sont apparus. D’autre part, après la Seconde Guerre mondiale, dans un contexte de dissuasion nucléaire et de lutte contre la menace communiste. Enfin, la dernière, à partir des années 1980, entre la fin de la guerre froide et mutation du monde contemporain. 

 

Un des plus connus est notamment la Rand Corporation qui avait pour objectif de développer les capacités militaires des États-Unis dans un contexte de guerre froide et de lutte contre la menace communiste.

 

En 1984, un représentant de l’Heritage Foundation déclara « il y a quatre ans, nous avons lancé une mode ». La concurrence accrue entre les think tanks entraina également une collaboration intellectuelle entre eux. Ces think tanks ont permis l’apparition d’« experts », c’est-à-dire un intellectuel hybride, pouvant venir du monde professionnel, comme du monde universitaire. Ces think tanks, au-delà de l’influence en fonction des affinités politiques, peuvent servir d’abris fiscal pour de nombreuses sociétés commerciales. Les milieux néoconservateurs ont bien entendu investi ce créneau, sur des sujets aussi bien économique, que géopolitique, afin de préserver la suprématie américaine dans le monde et de maintenir l’unipolarité. Avant de parler d’un exemple typique de think tank, revenons aux origines des néoconservateurs, qui ont eu une influence décisive en ce début de XXIe siècle. 

 

 

Le mouvement néoconservateur

 

Ce mouvement de néoconservateur trouve ses origines au sein de la gauche, notamment au sein de militants trotskistes des années 1930, 1 940. Après la seconde Guerre mondiale, ils deviennent démocrates afin de défendre l’idéal démocratique, à cela s’ajoute la lutte anticommuniste. Ils se situaient à l’origine à la droite du Parti démocrate, et ils glissèrent progressivement vers les républicains pour montrer leurs désaccords vis-à-vis de l’influence de la New Left Democracy.

 

Lorsque Ronald Reagan détruit l’« empire du mal » que représente l’URSS, ils y voient un « messianisme démocratique ».

 

Le professeur Stephen Walt, politologue à Harvard, précise sur ses néoconservateurs que, « leur inébranlable foi dans l’unilatéralisme de notre politique étrangère, leur défiance absolue envers le monde musulman leur confiance sans réserve dans tout ce que fait Israël, n’ont fait de bien ni à notre pays, ni à l’état du monde. Pourtant, non seulement les candidats républicains ne les considèrent pas comme toxiques, mais on voit même une nouvelle génération de néocons rejoindre les anciens ».

Leur cheval de bataille est la politique étrangère des États-Unis d’Amérique, afin de maintenir coûte que coûte ce monde unipolaire.

 

 

La fondation de l’Hudson Institute

 

L’Hudson Institute n’est pas le premier think tank américain, il reste toutefois un groupe de premier ordre, très actif sur les questions de géopolitiques. L’Hudson Institute est fondé par Herman Kahn, qui fut employé de la Rand Corporation, le principal think tank américain, qui fut très actif durant la guerre froide notamment. Il s’imposa d’abord comme géostratège et théoricien des systèmes.

 

En 1961, Kahn, Max Singer et Oscar Ruebhausen fondent un laboratoire d’idées politiques, l’Hudson Institute. De 1966 à 1968, au plus fort de la guerre du Viêt Nam, Kahn servit comme consultant du Département de Défense et s’opposa aux partisans d’une négociation directe avec le Nord Vietnam.

 

Il aurait un budget annuel de 7 millions de dollars, notamment grâce aux contributions privées ; l’institut est par ailleurs présent dans les grandes villes américaines.

 

L’Hudson Institute a reçu environ 25 millions de dollars entre 1987 et 2003 de subventions gouvernementales et dons d’autres fondations. Les fondations donnant notamment de l’argent sont la Scaife Foundation, la Shelby Cullom Davis Foundation, the Lynde and Harry Bradley Foundation.

 

Selon son rapport de 2012, 56 % de ses revenues viennent de fondations, 10 % de dons d’individus, 12 % d’entreprises, 8 % de subventions gouvernementales.

 

Il se déclare comme une organisation de recherche publique non partisane dédiée à l’innovation, ainsi que des analyses qui promeuvent la sécurité mondiale, la prospérité et la liberté. Les droits de l’homme sont notamment mis en avant pour en faire une diplomatie « occidentaliste » vis-à-vis des « dictatures » d’autres continents.

 

 

La Diplomatie des droits de l’homme

 

Pour Kenneth Weinstein, président de l’Hudson Institute, la valeur de liberté est érigée au sommet de la diplomatie américaine, or lorsque l’on connaît la réalité de la politique étrangère américaine et certaines de leurs amitiés, cela peut prêter à sourire. Il a ainsi pu affirmer dans différentes interviews ou prise de parole qu’« aujourd’hui, c’est ensemble que les puissances de la liberté doivent défendre les hommes et les femmes qui se battent pour faire reculer la tyrannie », car « nous défendons les droits de l’homme, partout où ils sont mis en péril ».

 

Le corpus idéologique des néoconservateurs a toujours reposé sur un élément fondateur « l’engagement pour les droits de l’homme. Dans les pays arabes, cet engagement pour les droits de l’homme a pris le sens spécifique d’une lutte contre les tyrannies – celle de Saddam Hussein, l’occupation syrienne du Liban, l’oppression des chiites en Arabie Saoudite ou la corruption et les violations des droits de l’homme par Arafat. Une lutte qui, soi dit en passant, ne s’inscrit pas dans une optique de « civilisations ».

 

On peut remarquer que droits de l’homme et Moyen-Orient sont mêlés dans les discours, afin de justifier les différentes interventions qui ont pu avoir lieu dans le passé. La défense de ces droits de l’homme ne suffit pourtant pas pour remettre en cause l’alliance des USA avec le Qatar et l’Arabie Saoudite, cette dernière monarchie a pourtant une législation proche de l’État Islamique.

 

Concernant la guerre de 2003 en Irak, ce même Monsieur Weinstein parle d’une « guerre pour la liberté » où, « notre vision morale des relations internationales s’est retrouvée assez isolée au sein des démocraties occidentales ». La France, l’Allemagne ou encore « l’ennemi russe » seraient dénoués de toute morale (la morale dans la Realpolitik…) car ils n’ont pas suivi les États-Unis dans leur guerre, malgré le véto du conseil de sécurité de l’ONU.

 

De plus, il voit même aux tragiques attentats du 11 septembre 2011, une issue positive, en ce que Ben Laden « a rallié la gauche américaine à la coalition patriotique et déclenché un sursaut chez l’élite « libérale », désormais portée à adopter des thèses sécuritaires et à défendre une option interventionniste qu’elle combattait jusqu’ici ». Cette vision des droits de l’homme doit être portée par toute l’« Europe occidentaliste » afin d’affaiblir l’ennemi de toujours, la Russie.

 

 

L’Europe, partenaire du bloc occidentaliste

pour encercler la Russie.

 

Sans surprise, Kenneth Weinstein se présente comme un ardent partisan de l’unification européenne, « aux États-Unis, la perspective de l’unification européenne n’a cessé d’être soutenue et encouragée », confirmant l’importance de l’Europe pour l’Amérique depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, car, « tout au long de la guerre froide, Washington s’est efforcé d’accélérer l’avènement d’une Europe politique puissance et unie, solidement alliée aux États-Unis dans l’intention faire pièce à l’empire soviétique ».

 

Monsieur Weinstein semble connaître les intérêts du vieux continent mieux que les Européens, affirmant que nous partagerions des valeurs communes, un requis suffisant pour nouer des liens en relations internationales ; car « l’unité du monde occidental doit en effet demeurer notre souci partagé. Des droits de l’homme à la démocratie en passant par le sécularisme ou l’économie de marche, nous partageons des valeurs communes ».

 

Il montre par ailleurs très bien que la destinée de l’Europe est d’être arrimée au dos des États-Unis et à son service, étant donné que pour ce Think tank comme pour l’élite américaine, tout doit être fait pour éviter l’émergence d’un monde multipolaire ; « la constitution d’une puissance européenne ne saurait se résumer à accepter l’émergence d’un monde multipolaire, cette chimère géopolitique… qui reviendrait à donner carte blanche à des puissances non démocratiques comme la Chine et la Russie dans leurs zones d’influence ».

 

 A cette politique « occidentaliste » défendant les valeurs de libertés, s’ajoute une volonté de reconstruction du Moyen-Orient en détruisant les régimes laïques.

 

 

Une politique de chaos au Moyen-Orient

 

Comme la diplomatie américaine, l’Hudson Institute fait de la question du Moyen-Orient, une question centrale. L’institut prône une politique va-t-en-guerre dans cette région notamment vis-à-vis de la Syrie et de l’Iran.

 

Depuis le 11 septembre 2001, pour Laurent Murawiec (décédé depuis), il faut « modifier la carte du Proche-Orient. D’abord en créant une République fédérale d’Irak, sans monopolisation par un clan, une tribu, une secte ou un État fort centralisé ayant la mainmise sur le pouvoir et le pétrole ». Il affirme également que les « liens entre les États-Unis et l’Arabie Saoudite s’appuient sur cinquante ans d’amitiés, d’argent, de pétrole, de compromissions ».

 

Rien ne semble pouvoir rompre l’idyllique amitié entre l’Arabie Saoudite et les États-Unis, même pas les chrétiens d’Orient, amusant pour un pays, où le président prête serment sur la Bible…

 

On peut voir que les États-Unis n’hésitent pas à faire des parallèles douteux entre l’ancien Président irakien et le régime nazi, « Saddam Hussein est laïc pour les mêmes raisons qu’Hitler, autrefois, abhorrait les prêtres, les pasteurs et le pape… n’oublions pas qu’à l’extérieur de ses frontières, le régime irakien soigne ses passerelles et ses connexions avec le fascisme vert ».

 

Cette reconstruction du Moyen-Orient trouve ses marques dans les plus hautes sphères américaines, « le projet est né, depuis quelques années, dans les élites dirigeantes américaines. Il consiste à changer la règle du jeu au Moyen-Orient ». Pour ces néoconservateurs, « aussi longtemps qu’un pays arabe est soumis à un régime dictatorial, alimente, directement ou indirectement, le terrorisme, et propage l’instabilité dans la région ». De la bouche de ces mêmes néconservateurs, on peut donc voir que toute la politique américaine est programmée, depuis 2003, à savoir détruire tous les régimes nationalistes arabes pour laisser s’installer le chaos et des régimes islamistes.

 

En 2006, le rapport Baker-Hamilton prévoit le retrait progressif des troupes de combats en Irak ; ce retrait est « absurde. Point final » pour le même Kenneth Weinstein. Cette même année, dans une tribune dans le Figaro, il affirme que la Syrie aurait une « stratégie impérialiste sur le Liban », et que cette dernière « aurait un rôle néfaste dans la guerre contre le terrorisme et le processus de paix », cela explique surement la volonté de vouloir renverser le Raïs syrien depuis 2011, malheureusement pour eux, en vain. Par ailleurs, Obama serait même responsable du désordre irakien, car il aurait choisi de « laisser toutes les cartes » à Nouri Al-Maliki, ancien Premier ministre d’Irak.

 

Il ne regrette pas l’invasion américaine en Irak, mais la « manière dont Obama a mis fin à la présence américaine en Irak. En 2009, ce pays était en bien meilleur état qu’aujourd’hui. Nous récoltons aujourd’hui les résultats de ce retrait anticipé ». L’Institut semble surement oublier que l’Irak était en bien meilleur état encore avant 2003 et que plus de 1 million de chrétiens vivaient en Irak avant que le « Pays des droits de l’homme » ait installé la démocratie dans ce pays.

 

Lorsque l’on n’est pas d’accord avec les États-Unis, la politique étrangère du pays est dénuée de sens comme l’explique Laurent Murawiec, sur « la prétendue politique arabe de la France (qui) est une mascarade ».

 

L’Hudson Institute, think tank parmi tant d’autres, est un exemple atypique des liens entre la société civile néoconservatrice et le gouvernement américain.  Au cas où, le gouvernement américain oublierait ses fondamentaux — à savoir, la « diplomatie des droits de l’homme », maintenir sous dominium l’Europe, afin d’encercler la Russie, ou encore la destruction du Moyen-Orient —, des think-tanks, comme l’Hudson Institute sont là pour le lui rappeler.

 

François Hollande serait ainsi, apprécié par ces va-t-en-guerre américains, notamment car sa fermeté sur « les dossiers syrien et iranien lui a fait gagner un nouveau crédit auprès des faucons de Wahsington et de la communauté juive » selon Kenneth Weinstein.

 

Ainsi, la nouvelle politique étrangère de la France a au moins le mérite de plaire au supérieur américain, dans la mesure où la France est devenue plus néoconservatrice sur la scène internationale que les Anglais. La France semble avoir oublié qu’elle avait des intérêts propres à défendre, et que ces derniers n’étaient pas américains.

 

 

Par Alexandre Moustafa (*) - stratpol.com – le 10 mars 2015

 

 

(*) Alexandre Moustafa est diplômé d’un master 1 en science politique à la Sorbonne. Il est actuellement en Master 2 en Intelligence Économique et rédige un mémoire sur le « Renouveau de l’Influence Russe dans les Balkans, une influence énergétique ». Il est passionné de géopolitique, particulièrement de l’Europe Centrale et de l’Est, ainsi que du Moyen-Orient.

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25 vérités de Robert Kennedy Jr. sur Cuba et les États-Unis

25 vérités de Robert Kennedy Jr. sur Cuba et les États-Unis | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Robert F Kennedy Jr

 

 

25 vérités de Robert Kennedy Jr.

sur Cuba et les États-Unis

Par Salim Lamrani (*)

 

 

— 1. Le Président Obama a décidé de rétablir les relations diplomatiques avec Cuba « après plus de cinq décennies d’une politique erronée dont mon oncle John F. Kennedy et mon père Robert F. Kennedy sont responsables et qu’ils ont renforcée après l’établissement d’un embargo américain par l’administration Eisenhower en 1960 ».

 

— 2. Le prétexte de la démocratie et des droits de l’homme pour justifier l’hostilité vis-à-vis de Cuba n’est pas crédible. En effet, « il y a de véritables tyrans dans le monde et de nombreux pays avec une situation des droits de l’homme pire que Cuba […] où la torture, les disparitions forcées, l’intolérance religieuse, la suppression de la liberté d’expression et d’assemblée, l’oppression médiévale des femmes, les élections frauduleuses et les exécutions extrajudiciaires sont des pratiques gouvernementales, et qui sont pourtant alliés des États-Unis ».

 

— 3. « Alors que nous accusons Cuba d’incarcérer et de maltraiter des prisonniers politiques, nous avons soumis à la torture des prisonniers – dont beaucoup d’entre eux étaient innocents selon les propres aveux du Pentagone –, y compris les simulations de noyade, les détentions illégales et l’emprisonnement sans procès dans les cellules de Guantanamo ».

 

— 4. « Il est très ironique de voir que les responsables politiques qui prétendent que l’on doit punir Castro pour violations des droits de l’homme et mauvais traitements dans les prisons cubaines affirment par ailleurs que les États-Unis ont raison de maltraiter nos propres prisonniers dans les prisons cubaines », à Guantanamo.

 

— 5. « Alors que nous accusons Cuba de ne pas permettre à ses citoyens de voyager librement aux États-Unis, nous empêchons nos propres citoyens de voyager librement à Cuba ».

 

— 6. « Il semble absurde de poursuivre une politique étrangère en répétant une stratégie qui a été un échec monumental pendant six décennies ».

 

— 7. « La définition de la folie est de répéter la même action encore et encore, et d’attendre des résultats différents. En ce sens, l’embargo est une folie ».

 

— 8. « Il est clair pour tout le monde que l’embargo […] punit injustement les Cubains ordinaires ».

 

— 9. Les sanctions contre Cuba constituent le principal obstacle « au développement économique en rendant quasiment toute marchandise et tout type d’équipement à la fois astronomiquement chers et difficiles à obtenir ».

 

— 10. Les sanctions économiques sont responsables de la situation actuelle à Cuba.

 

— 11. Les sanctions économiques « rappellent constamment au courageux peuple cubain que notre nation puissante, qui a organisé une invasion de son île, qui a comploté durant des décennies pour assassiner ses leaders, qui a saboté son industrie, continue sa campagne agressive pour ruiner son économie ».

 

— 12. La politique de sanctions, dont le but est de renverser l’ordre établi à Cuba, est un échec total. Il s’agit de « la plus longue de l’histoire et le régime de Castro est toujours au pouvoir ».

 

— 13. « L’embargo discrédite clairement la politique étrangère des États-Unis, pas seulement en Amérique latine, mais également en Europe et dans d’autres régions ».

 

— 14. La communauté internationale a unanimement condamné l’état de siège contre Cuba, tout comme la Commission interaméricaine des droits de l’homme et l’Union africaine.

 

— 15. Les sanctions contre Cuba affectent « notre prestige mondial et notre autorité morale » et font que « les États-Unis sont considérés comme des hypocrites par le reste du monde ».

 

— 16. Si le Président Kennedy n’avait pas été assassiné, il aurait mis un terme aux sanctions économiques contre Cuba.

 

— 17. « Le Président Kennedy a dit à Castro, à travers des intermédiaires, que les États-Unis mettraient un terme à l’embargo » si Cuba cessait d’exporter la révolution en Amérique latine.

 

— 18. Les Soviétiques ont quitté Cuba en 1991 « mais l’embargo américain continue toujours de frapper l’économie cubaine ».

 

— 19. « Si le but de notre politique étrangère à Cuba est de promouvoir la liberté pour ses citoyens opprimés, nous devrions nous ouvrir à eux et non pas les enfermer ».

 

— 20. Les sanctions économiques contre le peuple cubain sont condamnées à « disparaître ».

 

— 21. « Imaginez un peu qu’un président des États-Unis, comme cela a été le cas pour Castro, ait à affronter plus de 400 tentatives d’assassinat, des milliers d’actes de sabotages organisés par une puissance étrangère contre notre peuple, nos usines, nos ponts, une invasion armée soutenue par l’étranger et cinquante ans de guerre économique qui ait privé nos citoyens des nécessités les plus basiques et ait étranglé notre économie ».

 

— 22. Malgré ses ressources limitées et l’état de siège économique imposé par Washington, Cuba a obtenu « des résultats impressionnants » avec le taux d’alphabétisation le plus élevé du continent, un accès universel et gratuit à la santé et « plus de docteurs par habitant que n’importe quelle autre nation des Amériques ».

 

— 23. Les médecins cubains disposent d’un excellent niveau de formation.

 

— 24. « Contrairement aux autres îles de la Caraïbe où la pauvreté est synonyme de famine, tous les Cubains reçoivent une ration alimentaire mensuelle qui leur permet de subvenir à leurs besoins ».

 

— 25. « Nous avons tant à apprendre de Cuba ».

 

 

 

Par Salim Lamrani (*) - michelcollon.info - le 9 mars 2015

Source : Al Mayadeen

 

 

Note : 

1) Robert F. Kennedy Jr., « We Have So Much to Learn From Cuba », IPS News, 30 décembre 2014.

http://www.ipsnews.net/2014/12/opin... - (site consulté le 1er janvier 2015).

 

(*) Docteur ès Études Ibériques et Latino-américaines de l’Université Paris IV-Sorbonne, Salim Lamrani est Maître de conférences à l’Université de La Réunion, et journaliste, spécialiste des relations entre Cuba et les États-Unis. Son nouvel ouvrage s’intitule Cuba. Les médias face au défi de l’impartialité, Paris, Editions Estrella, 2013 et comporte une préface d’Eduardo Galeano.

Contact : lamranisalim@yahoo.fr ; Salim.Lamrani@univ-reunion.fr

Page Facebook : https://www.facebook.com/SalimLamra...


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Inauguration de la BCE : on reprend leur fête en main !

Inauguration de la BCE : on reprend leur fête en main ! | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : jeune-nation.com


 

 

Inauguration de la BCE :

on reprend leur fête en main !

 

Actions transnationales contre l’inauguration de la BCE

 

Cette intimidante architecture du pouvoir est un symbole parfait de la distance qui sépare les élites politiques et financières des populations. Le personnel et le matériel de bureau sont déjà en cours d’installation. Mais la grande cérémonie d’inauguration – en présence de plusieurs chefs d’État européens et de l’oligarchie financière – est désormais annoncée pour le mercredi 18 mars.

 

Il n’y a pourtant rien à célébrer dans l’austérité et l’appauvrissement des populations ! Des milliers de personnes en colère et de militant-es déterminé-es de toute l’Europe vont bloquer les rues autour de la BCE et interrompre cette célébration du pouvoir et du capital, en ce jour de 144e anniversaire de la Commune de Paris. Nous allons prendre la fête en main et la transformer en lieu de jonction des résistances transnationales contre les politiques de crise en Europe et leurs conséquences catastrophiques, particulièrement pour les populations d’Europe du Sud.

 

La BCE joue un rôle important dans l’infâme Troïka, responsable de coupes brutales, d’un chômage croissant et même de la désintégration du système de santé en Grèce et dans d’autres pays de l’UE. Avec la Commission Européenne et le Conseil de l’UE, la BCE a promu l’austérité, les privatisations et la précarité. Ils n’ont eu aucune hésitation à faire chanter des gouvernements élus pour imposer leurs attaques contre les droits sociaux des populations. Alors que la crise se développait, l’UE est devenue ce régime de plus en plus autoritaire où le manque de participation démocratique est criant. Les contrôles meurtriers aux frontières et la militarisation croissante de la politique étrangère aggravent ce processus. Ils ne peuvent pas — et ne veulent même plus — nous représenter. Les élites dirigeantes ne peuvent plus rien nous offrir. Mais de nouvelles forces émergent de chaque lieu de vie, c’est notre responsabilité de construire les solidarités et une vraie démocratie par la base. Ils veulent le capitalisme sans la démocratie, nous voulons la démocratie sans le capitalisme !

 

Dans le même temps, nous devons être parfaitement conscients des dangers d’un racisme croissant et de la montée de l’extrême droite, cet immonde produit dérivé de la crise capitaliste. Tandis que leur intention est de relever les barrières autour et au sein de l’Europe, notre but est exactement à l’opposé : abattre les remparts de l’Europe forteresse.

 

Certes il est vrai qu’il n’y a plus aussi fréquemment de réunions d’urgence sur le sauvetage de l’euro et la solvabilité de certains États membres, mais cela ne signifie pas pour autant que la crise est derrière nous. Pour quelques pays, la stratégie du choc est loin d’être terminée et de nouvelles mesures brutales d’austérité sont encore imposées. Dans d’autres pays, nous faisons face à une nouvelle normalité faite d’incertitude et de pauvreté. Il est de toute façon évident depuis longtemps que les politiques déployées pendant la crise n’avaient rien de temporaire, elles étaient soigneusement implantées dans les États et les institutions de l’UE. Tout cela a préparé le terrain pour une nouvelle phase, un modèle de société de la précarité et de droits sociaux très limités. Mais nous refusons de nous y faire !

 

L’Allemagne est l’une des principales forces motrices de la politique d’austérité. Dans un sens, elle est à la fois le ventre de la bête du régime de crise européen et l’œil du cyclone où règne un calme relatif. Mais les attaques contre les droits sociaux, la précarité croissante et la pauvreté sont aussi une réalité en Allemagne. Il y a de multiples raisons pour les personnes vivant en Allemagne de se mobiliser pour une vie décente, pour l’égalité des droits et pour une vraie démocratie pour toutes et tous, quels que soient leur descendance, leur genre ou leur nationalité. Les actions contre la cérémonie d’inauguration de la Banque centrale européenne nous offrent l’occasion parfaite d’envoyer un signal clair de solidarité aux côtés de tou-tes les militant-es d’autres pays.

 

Pour toutes ces raisons, nous appelons à une forte participation internationale aux actions du 18 mars à Francfort. En plus d’une action massive de désobéissance civile, il y aura tout un éventail de manifestations, de blocages et autres formes d’actions. Les journées Blockupy 2012 et 2013 n’étaient que le commencement.

 

La protestation et la résistance seront de retour à Francfort – nous serons plus nombreux et déterminés que jamais !

 

 

Par Blockupy Frankfurt - legrandsoir.info - le 3 mars 2015

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