Belgique : si on sifflait la fin des débats accessoires ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : tresor.economie.gouv.fr


 


Belgique : si on sifflait la fin des débats accessoires ?

 Par Bruno Colmant (*)



Nous vivons des temps économiques inédits.

 

Nous pénétrons dans une tendance déflationniste, inconnue depuis les années trente du siècle précédent, qui est aggravée par une croissance insuffisante.

 

La gravité de la situation est telle que la BCE a dû se résoudre à injecter 1.100 milliards d’euros dans un système financier visqueux.


Les taux d’intérêt sont négatifs et au plus bas depuis plusieurs siècles.

 

La monnaie unique révèle tous ses vices cachés, à commencer par l’incapacité d’avoir assis sa formulation sur l’absence de gouvernance correcte et une quelconque mutualisation des dettes et des fiscalités européennes.

 

Les dettes publiques atteignent une année de PIB, sans compter la dette cachée, c’est-à-dire celle des pensions et des soins de santé qui ne pourra être financée que par un prélèvement sur une croissance future… inexistante.

 

Le coût des pensions alourdit l’endettement public au point de mettre potentiellement l’État en faillite.

 

Mais de quoi s’occupe-t-on dans les négociations étatiques ?

 

D’un saut d’index alors que l’inflation est négative et de la remise à l’emploi des prépensionnés alors que les bouleversements technologiques sont d’une envergure que nul humain n’aurait pu anticiper !

 

De quoi devrait-on débattre ?

 

Pas d’un tax shift, mais d’une réforme fiscale profonde.

 

D’une fiscalité de croissance et de combat.


De partage du temps de travail.

 

D’une réforme des pensions.

 

D’une réforme de l’enseignement pour savoir quelles sont les filières de croissance.

 

De la pénétration de la Belgique dans une économie digitale.

 

Nous devrions débattre d’une vision, d’un plan, d’une ambition.

 

Il arrivera un moment où le tourbillon médiatique ne pourra plus camoufler la gravité de la situation et la nécessité d’une sage réflexion.

 

 

 

Par Bruno Colmant (*) - blogs.lecho.be – le 10 mars 2015

 

(*) Bruno Colmant est membre de l’Académie Royale de Belgique, Docteur en Économie Appliquée (ULB) et Master of Science de l’Université de Purdue (États-Unis). Il enseigne la finance appliquée et l’économie à la Solvay Business School (ULB), à la Louvain School of Management (UCL), à l’ICHEC, à la Vlerick Business School et à l’Université de Luxembourg. Sa carrière est à la croisée des secteurs privés, publics et académiques.