Dropped : la course au business à la source de l’accident ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Dropped : la course au business

à la source de l’accident ?

 

La recherche de profit à outrance serait elle à l’origine du crash de Dropped ? Il n’est pas interdit d’y penser… En tout cas, c’est ce que laisse entendre Hubert Arthaud, le frère de la navigatrice Florence Arthaud, décédée dans l’accident survenu en Argentine qui a causé la mort de dix personnes.

 

Invité la semaine dernière sur Cannes Radio, émission réalisée en association avec Nice-Matin, Hubert Arthaud a nettement pointé du doigt la société Adventure Line Productions (ALP) qui aurait « privilégié la prise d’images par rapport à la sécurité ».

 

Précisons à cet égard que l’accident survenu le 9 mars 2015 est dû à la collision en vol de deux hélicoptères sur le tournage de l’émission Dropped produite par ALP pour TF1. Dans le premier appareil se trouvaient Florence Arthaud, Camille Muffat et Alexis Vastine ; dans le second, l’équipe de tournage.

 

Pour Hubert Arthaud, les conditions de sécurité étaient loin d’être optimales sur le tournage. Il précise en effet que « pour ce genre d’émissions ou comme pour le tournage du rallye Paris-Dakar, on prend normalement des pilotes d’hélicoptère chez Héli Union, à Paris », lesquels « sont habitués à la problématique de vol en tandem et de prise d’images si particulières ». Or, la production « s’est fait prêter des hélicoptères voués au transport sanitaire par le gouvernement argentin » a-t-il déclaré, tout en précisant que ce dernier n’était pas mis en cause dans l’affaire. « Je suis furieux qu’on ait mis la vie de 10 personnes en danger pour avoir une ligne bénéficiaire en fin de bilan » a-t-il ajouté.

 

Il s’insurge également sur le fait que le copilote ait été remplacé par le cameraman. « Dans un hélicoptère, vous avez une vision à 180°. Sauf que quand vous avez un cameraman qui sort le corps pour filmer et qui ne peut pas juger la distance, car il est derrière sa caméra et qu’il vous » presse d’avancer pour pouvoir filmer. Conduisant à l’irréparable. Sur BFMTV le 20 mars, Hubert Arthaud s’interrogeait déjà sur les conditions de l’accident, en indiquant « On est dans une chasse à l’image ».

 

Certes, le PDG d’Adventure Line Productions, Franck Firmin-Guion, s’était alors défendu dans le JT de TF1 : « En aucun cas, il n’y a eu une volonté du deuxième hélicoptère de s’approcher du premier pour aller chercher des gros plans de visage », a-t-il ainsi expliqué.

 

Il n’en demeure pas moins que l’utilisation par l’émission « Dropped » d’un des deux hélicoptères impliqués dans l’accident fait polémique en Argentine… Il était en effet prévu normalement comme appareil dédié aux services de secours.

 

Ainsi, plusieurs responsables politiques ont rappelé mi-mars que l’appareil avait été acheté en 2010, par le gouvernement de la province de La Rioja en vue d’être utilisé à des fins sanitaires.

 

« L’hélicoptère, qui avait comme finalité exclusive le transport de personnes malades, a été utilisé pour d’autres fins, touristiques, de promotion ou pour une émission de télé-réalité », avait ainsi déclaré Guillermo Galvan, ancien député de la province de 2009 à 2013.

 

L’achat de l’appareil par le gouvernement local, pour 3,2 millions de dollars, avait fait l’objet d’une loi, approuvée en 2010, stipulant que l’hélicoptère devait être utilisé des opérations de sauvetage, d’évacuation de personnes et comme assistance en cas de catastrophes naturelles.

 

Mais, toutefois, la loi n’interdit pas spécifiquement d’autres usages. « Le gouvernement ne touche pas d’argent » en le prêtant, a assuré pour sa part le procureur local, Gaston Mercado Luna, ajoutant qu’il avait agi ainsi en vue « de promouvoir le tourisme ».

 

Selon le gouvernement de La Rioja, l’hélicoptère a été prêté gratuitement à l’entreprise touristique Praia Rosa, laquelle détient pour 30 ans la concession d’exploitation touristique de la Quebrada del Yeso, où avait débuté le tournage de « Dropped ».

 

Selon le site d’informations Infobae, Praia Rosa a ensuite loué l’appareil à l’équipe de production de l’émission de TF1, selon les informations fournies par le site Infobae.

 

Rappelons enfin, qu’en juillet 2014, Adventure Line Productions, société productrice de l’émission Koh-Lanta a été condamné à verser 20 000 euros à un ancien candidat, pour « travail dissimulé » et « atteintes aux libertés individuelles ».

 

Ce candidat s’était déjà vu attribuer la somme de 3 000 euros après que le conseil de prud’hommes de Boulogne-Billancourt ait requalifié sa participation à Koh-Lanta en contrat de travail. La Cour d’appel de Versailles a également tranché en faveur du candidat, lui allouant 12000 euros de dommages et intérêts pour « travail dissimulé ».

 

Adventure Line Productions avait également été condamnée à verser 3 000 euros supplémentaires pour « atteinte aux libertés individuelles ». Les juges avaient alors estimé que « l’impossibilité de quitter le site, résultant de la remise du passeport, et de l’impossibilité de communiquer avec l’extérieur constituent des atteintes graves aux libertés individuelles, qui ne peuvent être justifiées par les circonstances du tournage ».

 

À ces 15 000 euros, Adventure Line Productions devait ajouter 3 000 euros pour rupture abusive de contrat ainsi que 2 000 euros pour non-respect de la procédure de licenciement.

 

Depuis juin 2009 que les candidats des émissions de télé-réalité sont considérés comme salariés. Dans un litige concernant l’émission l’Île de la tentation, la Cour de cassation avait ainsi décidé que la participation à ce type de programmes devrait désormais faire l’objet d’un contrat de travail.

 

 

 

Par Élisabeth Studerleblogfinance.com – le 10 avril 2015.