Fabius, Merkel, la Crimée et les 2 millions de blacklistés | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Fabius, Merkel, la Crimée et

les 2 millions de blacklistés

 

Madame Merkel, dans un article publié par le G7, utilise à nouveau le mot « annexion » au sujet de la Crimée. Elle récite la leçon du professeur Obama en désignant les trois principaux dangers mondiaux : la fièvre Ebola, le califat islamique et la Crimée.

 

Agacé, le porte-parole du Kremlin fit, en réponse, la déclaration suivante : « La menace à l’ordre du monde et de l’ordre en Europe n’a pas été créée par la Crimée, mais quand l’Europe démocratique et éclairée a béni le changement de régime par la force dans l’un des États européens, à savoir l’Ukraine. »

 

Si ma mémoire est bonne, Mme Merkel a fait une erreur de terminologie dans sa déclaration en utilisant le mot « annexion » au lieu de « se joindre ».

 

La réunification de la Crimée avec la Russie a été volontaire et dans le cadre de la loi. La décision a été prise par référendum et par l’autorité législative légitime de Crimée, qui avait été mise en place légitimement et qui opérait légitimement, y compris dans le cadre de la législation ukrainienne de l’époque. Voilà pourquoi le terme « annexion » ne peut en aucun cas être utilisé ici, de notre point de vue.


Par son refus d’entériner le retour de la Crimée à la Russie, les nations occidentales créent le délit d’outrage aux USA. L’électeur de Crimée est sanctionné, car il a manifesté son attachement à la Russie.


La France sanctionne une collectivité, car elle a mal voté du point de vue américain.

 

Aujourd’hui, un habitant de Crimée se verra refuser un visa par l’ambassade de France à Moscou, car il réside en Crimée, et elle lui conseillera avec cynisme d’aller demander son visa à Kiev. Là, il ne pourra l’obtenir, car il est détenteur d’un passeport russe.

La France a donc mis sur liste noire plus de 2 millions de personnes. Alors, les cris d’orfraie pour les 4 pelés et 3 tondus listés par la Russie semblent bien dérisoires, ou plutôt indécents.

 

Alors que j’étais résident ukrainien en Crimée, j’ai été surpris de voir déboucher les bouteilles de champagne au son des feux d’artifice à 23 heures le 31 décembre. Réponse me fut donnée, elle était fort simple : il était minuit à Moscou ! Les Criméens avaient les pieds à Simferopol et le cœur à Moscou.

 

L’URSS n’a pas entravé la réunification de l’Allemagne, comprenant enfin le mouvement de cœur d’une population, son désir de se retrouver ensemble. Trente ans après, la Fédération de Russie espérait a minima la même compréhension de la part de madame Merkel, qui avait connu cette espérance, cet élan fraternel et enfin cette joie des retrouvailles.

 

Visiblement, l’ambition d’une carrière internationale, voire onusienne, lui a définitivement séché le cœur.

 

Avec un pied en Europe et l’autre aux États-Unis, la politique étrangère de Merkel et de Fabius se résume au grand écart permanent.

 

La Russie sait reconnaître le talent des danseurs. Même si Fabius et Merkel devaient persister dans les figures imposées par Obama, elle est prête à les accueillir à bras ouverts.

 

Mais seulement au théâtre du Bolchoï.

 

 

Par Ronald Zonca - bvoltaire.fr – le 6 juin 2015.