Ukraine/Donbass : contre attaque-surprise des FAN à l’ouest de Donetsk | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Ukraine/Donbass : contre attaque-surprise

des FAN à l’ouest de Donetsk

 

Contre toute attente, depuis ce matin, les forces de Nouvelle Russie ont déclenché une contre-attaque massive sur l’ouest de Donetsk, en enfonçant la ligne de front sur Marinka et Krasnogorovka, en riposte à une énième attaque de nuit, plus intense que les précédentes, des unités ukrainiennes qui étaient massées sur ce secteur. Des deux côtés, on note sur les réseaux sociaux des appels pour collecter du sang pour les blessés, ce qui confirme l’importance des pertes pour cette seule journée du 3 juin. Ce soir, la percée est confirmée et les FAN auraient progressé d’une demi-douzaine de kilomètres vers l’ouest. À Kiev, on temporise, mais on envoie des renforts d’urgence, y compris 300 GI’s de l’US Army.

 

 

Toute la nuit dernière, les forces ukrainiennes ont poursuivi leurs opérations de harcèlement des lignes républicaines et les pilonnages des quartiers résidentiels des grandes villes du Donbass. Gorlovka, Donetsk bien sûr, mais aussi Debaltsevo et Enakievo et presque toute la ligne de front de la côte de la mer d’Azov jusqu’à Dokuchaevsk ont été l’objet de tirs réguliers et d’opérations de reconnaissance offensive.

 

 

L’attaque ukrainienne sur Marinka

 

 

 

 

Mais l’essentiel de l’information de ce jour se concentre sur l’ouest de Donetsk, et tout d’abord sur les bourgs de Marinka et de Krasnogorovka. Toute la nuit dernière a été ponctuée d’accrochages et de frappes d’artillerie de part et d’autre sur le secteur le plus à l’ouest de Donetsk, notamment où était positionnée la brigade internationale. Vers 5 h, les forces ukrainiennes ont pilonné les premières lignes républicaines au moyen de mortiers de 82 Vasilek, puis avec de batteries de 122, puis des batteries Grad et même des obusiers de 152. À 7 h 30, heure locale, les FAN déploraient 15 tués depuis le premier assaut à 3 h 45. Puis, après une accalmie matinale, les combats ont recommencé, mais d’une tout autre intensité : au fur et à mesure des heures, les bruits entendus par les habitants de Donetsk devenaient de plus en plus forts et fréquents. Les forces de Kiev attaquaient en force le dispositif défensif républicain. Puis, plusieurs habitants des quartiers ouest de Donetsk aperçurent des colonnes de blindés et de camions de la milice, chargés de combattants, se dirigeant vers Marinka. À l’évidence, les réserves des FAN avaient été déployées et s’apprêtaient à être engagées dans une contre attaque. C’est alors que le commandement des FAN a engagé ses batteries Grad et tout ce qu’il y avait de disponible pour opérer un coup d’arrêt aux attaques kiéviennes. Vers le milieu de la journée, après plusieurs frappes d’artillerie des forces de Nouvelle Russie, on apprenait que la ligne de front vers Marinka venait d’être percée.

 

 

 

 

 

 

La contre-attaque républicaine

 

En tout début d’après-midi, on notait la progression des FAN sur deux axes : le premier en direction de Krasnogorovka et le second vers l’ouest de Marinka en direction de Kurakhovo. Ce sont les éléments de la 5e brigade motorisée « Oplot » qui semblaient avoir réussi une pénétration en force du dispositif kiévien, appuyés par une partie des batteries mécanisées de la « Kalmius ». En pointe de la progression, le bataillon « Sparta » d’Arseny Pavlov (« Motorola »), que l’on avait un peu oublié ces derniers temps (une partie avait été déployée au nord de Shirokino), avait atteint Krasnogorovka en fin de matinée et engageait l’ennemi dans les rues du faubourg. Même chose pour le bataillon renforcé « Somali » du lieutenant-colonel Mikhail Tolstykh dit « Givi » engagé lui aussi dans cette opération.

 

Tout un bataillon de BM-21 Grad de la 28e mécanisée ukrainienne était alors mobilisé pour tenter de freiner l’avance républicaine. Plusieurs détachements du « bataillon Kiev-1 » étaient signalés en pleine panique sur la ligne de front.

 

Plus au nord, vers 13 h 30, des frappes de BM-21 à partir de positions près d’Avdeevka ciblaient des zones situées entre Donetsk et Marinka. Même situation sur Gorlovka qui recevait plusieurs salves d’artillerie de batteries positionnées vers Dzerzhynsk pour faire diversion.

 

Plusieurs déflagrations très importantes étaient ensuite signalées vers Marinka, au niveau des dépôts de munitions ukrainiens. Une batterie d’obusiers de 122 D-30 des forces de Kiev était neutralisée dans la foulée. Vers 13 h 55, le quartier de Petrovsky se trouvait sous le feu de l’artillerie kiévienne. Sur une partie du quartier Kirov (au niveau du Sokol Textilschik, marché du textile de la région de Donetsk), touché par des obus de 152 en cours d’après-midi, on évoque désormais plus de 90 de civils blessés et au moins 6 tués, selon Aleksandr Oprischenko, médecin et directeur du service des urgences de Donetsk. En raison des pilonnages incessants, il a été décidé d’évacuer les blessés de l’hôpital n° 14 de Petrovsky, d’après le médecin-chef de l’hôpital, Igor Rutchenko.

 

La plupart des habitants des quartiers ouest de la ville se sont réfugiés dans les sous-sols. Suite aux tirs de l’artillerie ukrainienne, près de 330 mineurs se sont retrouvés prisonniers plusieurs heures dans les galeries souterraines, leur évacuation a pu tout de même se faire, tous sont maintenant sauvés.

 

Vers 14 h 45, plusieurs rapports faisaient état de pertes considérables du côté des Ukrainiens au niveau de la ligne Marinka-Krasnogorovka : environ trois douzaines de tués ! Puis, peu après 15 h, le commandement opérationnel républicain confirmait la percée sur Marinka.

 

Un autre rapport affirmait que les Ukrainiens avaient au moins 320 blessés (dont un grand nombre dans un état critique), 200 tués, les rescapés de ce carnage avaient été évacués dans un premier temps vers Kurakhovskaya, près de Kurakhovo, avant d’être déplacés pour une destination inconnue plus à l’ouest encore. Les Ukrainiens déploraient officiellement en début d’après-midi 35 combattants tués et 45 blessés, alors que les FAN en décomptaient une cinquantaine dont une quinzaine de tués. Deux camions ukrainiens complets, remplis de blessés à des degrés divers, avaient précédemment été signalés quittant précipitamment Marinka.

 

Du côté des forces de Kiev, on signalait alors l’arrivée imminente d’un bataillon d’une vingtaine de chars lourds et d’environ 1.000 combattants républicains ; puis on apprenait que le drapeau de la Nouvelle Russie flottait sur l’hôtel de ville de Marinka. Les FAN confirmaient, une heure après, l’engagement d’un bataillon de 40 chars (celui de la brigade « Oplot ») et de 1.500 combattants. Une partie de la brigade « Vostok » était placée en alerte au nord de Donetsk pour tenter de stopper une éventuelle attaque ukrainienne dans ce secteur, attaque destinée à soutenir l’effort défensif des forces de Kiev sur Marinka.

 

Selon le renseignement militaire républicain, vers l’ouest de Marinka près de Kurakhovo, une soixantaine de chars ukrainiens et un grand nombre de camions avec de l’infanterie et des munitions en quantité étaient signalés en approche dans le courant de l’après-midi.

 

 

Réactions kiéviennes

 

En fin d’après-midi, on apprenait que l’unité spéciale DSRG « Ryazan » (FAN) déplorait, suite à une embuscade sur le secteur de Marinka, 1 blessé. Et non pas l’hécatombe que certains réseaux sociaux ont évoquée.

Vers 15 h, heure locale, on apprenait que les Ukrainiens redéployaient « officiellement » leur artillerie vers l’avant. En fait, ces batteries n’avaient jamais quitté leurs positions. Des renforts kiéviens étaient attendus sur zone dans le courant de l’après-midi. Au même moment, plusieurs sources évoquaient le décollage d’avions ukrainiens sur la base de Nikolaev (Su-25M1), alors que des combats de rues se déroulaient toujours au centre-ville de Marinka en flammes.

 

Vers 18 h 30, sur Konstantinovka (nord-ouest de Gorlovka), on signalait le départ d’un convoi de 6 camions Ural remplis de munitions se dirigeant vers l’ouest de Donetsk.

 

À l’arrière, les forces gouvernementales ukrainiennes ordonnaient le blocage de toutes les routes donnant dans le Donbass. Sur Artemovsk, au 2e échelon sur le front nord, on signalait une activité intense des forces de Kiev, à la limite de la panique, d’autant que les affrontements étaient eux aussi en intensification constante une grande partie de la journée sur le sud de la Seversky Donets, au nord-ouest de Lugansk, et surtout vers Svetlodarsk, au nord de l’ancienne poche de Debaltsevo. À 16 h 50, Debaltsevo et Uglegorsk se trouvaient sous le feu des batteries kiéviennes situées près de Svetlodarsk.

 

En fin d’après-midi, des rapports non confirmés faisaient état de la destruction par l’artillerie lourde républicaine d’une colonne blindée ukrainienne en progression vers Marinka, avec une vingtaine de véhicules détruits.

 

Des combats de grande intensité étaient alors signalés sur Georgievka et Maksimilianovka, à 2 et 6 km à l’ouest de Marinka : les FAN poursuivaient leur progression. Une partie de « Sparta » aurait atteint Georgievka vers 15 h et se portait en fin de journée sur Kurakhovo, 6 km plus à l’ouest.

 

À 19 h, heure locale, Boris Rozhina (Colonel Cassad) notait que « l’ennemi bat en retraite ».

 

Mais d’autres sources évoquent près de 2.000 combattants ukrainiens à l’ouest de Marinka et quelque 60 véhicules blindés.

Il est à craindre, pour les forces ukrainiennes retranchées dans Peski, vers Karlovka et même sur Avdeevka de se retrouver encerclées suite à un contournement des FAN en cas de prise de contrôle du secteur de Marinka.

 

En milieu d’après-midi, le commandant adjoint du Corps des volontaires ukrainiens (DUK, affilié à Praviy Sektor), Valentin Manko, évoquait avec angoisse cette éventualité… Du côté du commandement de Kiev, on est dans le déni de réalité le plus total, comme à l’été dernier : après avoir affirmé en début d’après-midi que « tous les terroristes ont été éliminés », voilà que les porte-paroles de la junte affirment ce soir que « Marinka n’a pas de valeur stratégique »…

 

Ce soir, d’aucuns craignent du côté républicain que la situation sur Marinka et Krasnogorovka rappelle celle dans Avdeevka et Peski l’hiver dernier. Les forces républicaines se heurteraient à une défense échelonnée, relativement bien préparée. On apprend ce soir que 300 instructeurs militaires américains (173rd Airborne Brig. Team), jusqu’alors cantonnés près de Lviv en Galicie, se dirigeraient en ce moment vers le Donbass. Et le navire-espion français, le « Dupuy-de-Lôme », vient d’entrer en mer Noire, alors qu’il aurait mieux à faire concernant la situation alarmante en Syrie où les jihadistes de Washington, du Qatar et de Ryad (Etat islamique) sèment la terreur et le chaos.

 

 

Le paradis de BHL

 

Les Ukrainiens fuient en masse l’Ukraine « proeuropeéenne » : le Bureau européen d’appui en matière d’asile (EASO) a signalé une hausse du nombre de demandeurs d’asile ukrainiens. Ce phénomène a débuté en mars 2014, juste après le coup d’État antidémocratique du Maïdan. Au début, les demandeurs étaient essentiellement des personnes fuyant les zones de conflit, Donetsk et Lugansk, quand le régime de Kiev a commencé à réprimer ceux qui refusaient le totalitarisme imposé suite aux événements du Maïdan. « Ensuite, Kiev a réintroduit a conscription. Tous les Ukrainiens étaient donc susceptibles d’être appelés au front, et l’âge limite n’a cessé d’augmenter. De plus en plus d’Ukrainiens ont donc fait des demandes d’asile pour échapper à la conscription, explique Timothy Cooper, de l’EASO. À l’heure actuelle, les Ukrainiens peuvent être appelés jusqu’à l’âge de 50 ans, selon les informations disponibles. » Timothy Cooper souligne aussi que plus d’un million de personnes ont été déplacées au sein du pays. Selon les estimations du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés, il y aurait 1,3 million de déplacés internes en Ukraine. « Certains demandeurs justifient leur demande par le fait qu’ils sont déplacés internes et que l’État ukrainien n’est pas en mesure de répondre à leurs besoins fondamentaux et de les protéger de persécutions », indique-t-il. C’est beau, c’est grand, c’est généreux, l’Ukraine béhachélisée !

 

 

Par Jacques FrèreNationsPresse.info – le 3 juin 2015