Ukraine/Donbass : l’attente d’une offensive de printemps | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it



Ukraine/Donbass : l’attente d’une

offensive de printemps

 

Les forces de Nouvelle Russie poursuivent leur unification et l’homogénéisation de leurs structures, en profitant de l’accalmie très relative qui règne sur le front du Donbass. Du côté de Kiev, on continue de recevoir les premiers lots de matériels lourds US et de nouveaux « instructeurs » occidentaux (principalement américains) sont annoncés pour courant avril. En ce début de printemps dans le Donbass, le calme aléatoire qui règne préfigure sans doute un déchainement de fer et de feu d’ici peu. Chacun semble s’y préparer.

 

Les grandes manœuvres de l’OTAN ne se déroulent pas seulement sur terre, mais aussi sur mer. Le destroyer lance-missiles américain USS Jason Dunham (DDG-109) de la classe Arleigh Burke entrera dans les prochains jours en mer Noire. Le 13 mars, ce destroyer était encore dans le port monténégrin de Bar sur la mer Adriatique, ce pays des Balkans ayant un gouvernement des plus serviles envers Washington. Le destroyer américain doit relever la frégate française La Fayette (F710), qui a quitté le port d’Odessa le 30 mars.

 

 

Entrainement et matos US pour une armée de bras cassés

 

Une nouvelle livraison de Humvees blindés vient d’arriver en Ukraine (sur les 230 promis) et la trentaine déjà livrée il y a une semaine. Les États-Unis ont déjà fourni à ce jour pour 120 millions de dollars d’assistance au régime putschiste, et doivent encore fournir pour 75 millions de dollars d’équipement divers, y compris des drones, les radars de contre-batterie, des dispositifs de vision nocturne, et de l’assistance médicale.

 

Il est aussi vraisemblable que des postes antichars guidés de type Javelin soient livrés d’ici peu. Ces HMMWV devront prochainement être retirés des effectifs des forces US, selon une décision prise en 2012. En effet, le Pentagone a annoncé une modernisation massive de ses véhicules légers de type Hummer, dont les performances en Afghanistan comme en Irak furent des plus décevantes, l’engin ayant dû subir moult modifications et autres revalorisations depuis 2002 afin d’être opérationnel sur le terrain.

 

Selon Arsen Avakov, le ministre des Affaires intérieures de l’Ukraine, 290 paras américains de la 173e brigade aéroportée (173rd Airborne Brigade Combat Team « Sky Soldiers ») vont débuter un cycle de formation dans la région de Lviv, au camp de Yavoriv, à partir du 20 avril : il s’agit de former certaines des unités les plus extrémistes du régime de Kiev, y compris des néonazis. Selon Avakov, les Américains auraient l’intention de mettre à disposition de la garde nationale de l’équipement dernier cri question communication et détection nocturne ou pas mauvais temps.

 

Quelque 900 paramilitaires sont concernés par cet entraînement. Il s’agirait d’éléments des unités « Azov », « Jaguar », « Omega » et des unités des régions de Kiev, de Kharkov, de Zaporozhye, d’Odessa, de Lviv, d’Ivano-Frankivsk et de Vinnitsa.

 

Une formation sans doute bien utile (mais dont l’efficacité restera à démontrer) puisqu’on apprend que plus de la moitié des effectifs de la 4e mobilisation en Ukraine ne seraient pas aptes pour le service en raison de troubles mentaux ou nerveux (dépressions nerveuses, troubles du comportement…), selon le service de presse du « Bloc Porochenko ». Au final, s’il y a des troupes étrangères sur le sol ukrainien, c’est bien du côté de Kiev qu’elles se trouvent.

 

 

Sur la ligne de front : rien de nouveau

 

La nuit dernière, à Donetsk, a été relativement calme, mais parsemée d’accrochages sporadiques et de tirs d’artillerie. Il semblerait qu’une unité subversive kiévienne infiltrée dans l’agglomération ait été pourchassée et détruite. Sur la zone de Peski et sur celle d’Avdeevka, les forces de Kiev continuent de harceler les positions républicaines au moyen de mortiers de 82 et de 120 mm. Sur l’ouest du village de Peski, ce sont une ou deux compagnies mécanisées d’un bataillon de la 93e brigade qui tiennent les positions, accompagnées du « bataillon OUN » (120 paramilitaires néobandéristes, pas même l’effectif d’une compagnie !). La situation dans la région reste tendue.

 

Les observateurs de l’OSCE semblent totalement incapables de faire appliquer aux forces de Kiev les obligations incombant aux accords de Minsk, notamment en ce qui concerne le retrait de leur artillerie lourde. Dernièrement, vers Volnovakha, entre Donetsk et Mariupol, plusieurs unités d’artillerie des forces armées de l’Ukraine ont été repérées par l’OSCE, qui s’est contentée de faire un rapportSelon le document, cinq automoteurs de 152 mm MSTA-S ont été ainsi découverts dans des positions retranchées, en violation totale des accords signés à Minsk.

 

Plus au sud, sur le secteur de Mariupol, ce sont plusieurs dizaines de batteries d’obusier et de lance-roquettes multiples que Kiev a maintenu sur place. Il en est de même sur l’ensemble du pourtour du front du Donbass.

 

 

L’appel du jihad néonazi… au nom du fric !

 

D’aucuns semblent être quelque peu dubitatifs quant à la présence d’islamistes avérés au sein des « bataillons » idéologiques présents dans la garde nationale. L’histoire de Zaky Mallah aurait de quoi faire réfléchir. Cet islamiste qui vivait en Australie, après s’être engagé dans les rangs jihadistes en Syrie, puis avoir été emprisonné pour terrorisme en Australie, a déclaré vouloir rejoindre le « bataillon Azov », suite à une campagne de recrutement de l’unité néonazie liée à l’Assemblée nationale sociale – Patriotes ukrainiens et, par là même, à Svoboda. Notre jihadiste de 30 ans, originaire de Sydney, a été repéré dans ses démarches, il y a quelques mois par le Daily Mail, un journal britannique apparemment plus au fait des aller et venues d’islamistes américanocompatibles que les propres services de sécurité des pays de l’Alliance atlantique et de l’Australie.

 

Mais alors, pourquoi choisir « Azov » et pas une autre formation comme « Aydar » ou « Donbass » ?

 

C’est le « Führer » des Patriotes ukrainiens et chefaillon du « régiment » (sic), Andriy Biletsky, qui l’a expliqué il y a peu : ses troupes de « volontaires » sont « officiellement » payées 6.000 hryvnia (316 $) par mois, mais en fait leur solde avoisinerait les 10.000 hryvnia (ce qui est considérable en Ukraine, le salaire moyen étant de 218 hryvnia, soit moins de 43 dollars, en février 2015, pour plus de 320 euros à la veille du putsch - source ). Et beaucoup plus pour les « volontaires » étrangers, surtout s’ils possèdent une solide expérience du terrain comme Zaky Mallah. Ces fonds proviendraient en partie du ministère des Affaires intérieures, mais surtout de la galaxie oligarchique de Kolomoïsky.

 

Mais ce n’est pas pour des raisons financières que le « bataillon Donbass » (ou ce qu’il en reste) vient d’être retiré de la zone des combats. Selon son commandant par intérim, Anatoly Vinogrodsky, les résidus de cette unité (une compagnie tout au plus qui se trouvait sur Shirokino) n’ont pas été jugés suffisamment fiables en l’état pour être maintenus en première ligne. « Donbass » faisait partie de la douzaine d’unités répressives et politiquement très orientées formées et financées par Ihor Kolomoïsky, juste avant son éviction du siège de gouverneur de l’oblast de Dniepropetrovsk.

 

Sur Shirokino, justement, pour couper court aux inepties du camp kiévien concernant la ligne de contact dans ce secteur, la mission de l’OSCE vient de préciser que le village était bel et bien sous le contrôle des forces de Nouvelle Russie et que la ligne de front passait par l’ouest immédiat de la petite agglomération côtière. C’est à cet endroit que, le 29 mars, un projectile antichar tiré à partir des positions kiéviennes a totalement détruit un véhicule civil Tavria, blessant grièvement ses deux occupants (L’un d’eux est mort depuis, le second est aux urgences). L’OSCE enquête, ce qui lui donnera l’occasion de rédiger un nouveau rapport, puis de le classer.

 

 

 

 

Tortures, violences et nettoyage ethnique

 

Autres faits qui feront sans doute aussi l’objet d’une enquête minutieuse de la part de l’OSCE, de rapports circonstanciés et de classements tout aussi minutieux : ce mois-ci, la Fondation pour l’étude de la démocratie a publié un nouveau compte-rendu sur les crimes de guerre des forces armées et de sécurité de l’Ukraine contre les civils du Donbass et les prisonniers. Il est basé sur des témoignages collectés d’août 2014 à janvier 2015 auprès de plus de 200 résidents des régions de Donetsk et de Lugansk qui ont été détenus par les forces ukrainiennes, puis rendues aux autorités de Donetsk et de Lugansk selon les dispositions du protocole de Minsk de septembre 2014.

 

L’ampleur de l’usage de la torture par les forces armées, la garde nationale et d’autres unités du ministère des Affaires intérieures, ainsi que par la police politique (SBU), et le fait que cette pratique soit systématique, démontrent une intention criminogène sans appel, de la part du régime mis en place suite au putsch du Maïdan, avec la bénédiction de ses soutiens à l’étranger (USA, Union européenne – source).

 

Une intension psychopathologique que l’on retrouve dans les propos tenus par Dmytro Yarosh, « Führer » de Praviy Sektor qui viendrait d’accepter l’invitation du potentat de Kiev de venir travailler au sein ministère de la Défense, à un poste important.

 

Dans une interview pour le journal ukrainien Obozrevatel publiée dimanche 29 janvier, Yarosh déclare sans ambages vouloir pratiquer une politique de nettoyage ethnique sur l’ensemble du territoire du Donbass, et même au-delà. Il affirme que les résidents de l’est de l’Ukraine qui seront jugés « indisciplinés » devront être expulsés et privés de leurs droits. Yarosh affirme qu’une grande partie du Donbass serait peuplée par des « Sovoks », un terme d’argot dérivé du mot « soviétique » et désignant les russophones. Pour ce fanatique stipendié avec l’argent des Occidentaux et de Kolomoïsky, les événements de Konstantinovka, où toute une population a violemment protesté suite à la mort d’une petite fille de 8 ans écrasée par un blindé piloté par des soldats ukrainiens ivres, sont un exemple de la nécessité d’éradiquer cette « indiscipline « au sein d’une population civile condamnée à l’éradication physique.

 

Devant un tel discours de cinglé, on comprend que, partout dans le Donbass et même bien au-delà, des combattants courageux se lèvent pour affronter un régime qui a fait de l’innommable son quotidien.

 

 

L’incurie kiévienne face aux partisans de Kharkov

 

La guerre des partisans sur les arrières du front de l’Est est en plein essor. Dans la nuit du 29 au 30 mars, à Kharkov, une ou plusieurs explosions (selon les sources) ont endommagé une partie du réseau ferré et un convoi de carburant destiné aux forces répressives dans le Donbass. Une autre explosion s’est produite la nuit dernière, toujours dans l’agglomération de Kharkov sur la zone ferroviaire, vers 3 h (heure locale), ce qui aurait endommagé plusieurs mètres du réseau ferré.


Les forces de Kiev chargées de la sécurité dans la région de Kharkov, auraient dû commencer à construire des points de contrôle fortifiés non seulement sur la capitale régionale, mais aussi, et surtout à la frontière avec la zone du Donbass. Or, le gouverneur de la région de Kharkov, Igor Raynin, a déclaré hier que les entreprises chargées d’édifier ces fortifications avaient dû débuter leurs travaux en retard faute de moyens financiers débloqués à et effet. Les premiers travaux semblent déjà sortir de terre, mais nul ne peut dire s’ils pourront être achevés dans ces conditions.

 

 

Par Jacques FrèreNationspresse.info – le 31 mars 2015