Mais non, Monsieur Draghi : cela ne marche pas… | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Mario Draghi - telegraph.co.uk


 

Mais non, Monsieur Draghi : cela ne marche pas…

Par Bruno Colmant (*)

 


Mario Draghi vient de l’annoncer : « ça marche ! ».

 


Mais qu’est-ce qui marche ?

 

Il s’agit de l’immense assouplissement quantitatif qui, après trois jours de mise en œuvre, semble déjà porter ses fruits.


Cet assouplissement quantitatif conduit la BCE à acquérir des obligations (essentiellement) d’État afin d’injecter des liquidités dans le système bancaire et d’espérer ressusciter une inflation salutaire qui extraie la zone euro de la déflation.

Mais… si cela marche, pourquoi ne pas l’avoir fait plus tôt ?

 


Et puis, qui croire ?

 

Le Mario Draghi qui dit, après trois jours que tout marche pour combattre la déflation, ou celui-là même qui disait, en février 2014, qu’il n’y avait pas de déflation en zone euro ?


Ou son prédécesseur, Jean-Claude Trichet, qui errait dans des visions ectoplasmiques d’inflation, en 2011, qui le conduisirent à augmenter les taux d’intérêt en pleine crise grecque (cela ne s’invente pas).

 

Car où sommes-nous ?

 

Dans un monde où les affirmations de Mario Draghi se vérifient ou dans un monde où la parole crée une réalité éphémère ?

Ce qu’il me semble, c’est que les autorités monétaires ont perdu le sens du réel.

 

Je l’écris paisiblement :

 

quand les taux d’intérêt à court terme deviennent négatifs, que les taux à long terme sont au plus bas depuis plusieurs siècles, que les dettes publiques atteignent des sommets inconnus dans l’histoire économique, que l’inflation est négative et que la croissance est introuvable : cela ne marche pas.

 

 

 

Par Bruno Colmant (*) - blogs.lecho.be – le 11 mars 2015.

 

 

(*) Bruno Colmant est membre de l’Académie Royale de Belgique, Docteur en Économie Appliquée (ULB) et Master of Science de l’Université de Purdue (États-Unis). Il enseigne la finance appliquée et l’économie à la Solvay Business School (ULB), à la Louvain School of Management (UCL), à l’ICHEC, à la Vlerick Business School et à l’Université de Luxembourg. Sa carrière est à la croisée des secteurs privés, publics et académiques.