Ukraine/Donbass : carnage à Gorlovka et de nouveaux combats dans Marinka | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Ukraine/Donbass : carnage à Gorlovka et de nouveaux combats dans Marinka

 

La Russie a été maintenue à l’écart du sommet du G7 parce qu’elle refuse de cautionner le massacre des populations russophones du Donbass par un régime criminogène imposé par la violence, le mensonge et la corruption. Un régime qui jouera bientôt ses dernières cartes, justement dans le Donbass, alors que son économie s’est écroulée, que les caisses sont vides et que le mécontentement couve dans les foyers ukrainiens et même dans les rangs de son armée. Pour l’heure, ce régime multiplie les exactions contre les populations civiles, notamment des secteurs de Donetsk et de Gorlovka, mais aussi ailleurs, dans le but de pousser Moscou à la faute, à intervenir directement militairement.

 

 

 

 

Carnage à Gorlovka

 

Les tirs d’artillerie contre Gorlovka sont désormais incessants. La grande ville du Donbass au nord de Donetsk a été pilonnée toute la journée, avec de courtes pauses. Les frappes à l’artillerie lourde touchent essentiellement le nord et l’ouest de l’agglomération. Certains tirs ont même eu lieu au moyen de munitions incendiaires. Les destructions sont importantes et il y a de très nombreux blessés et même des morts (5 tués et 24 blessés selon le dernier bilan, sans doute plus). Selon Russia Today, le pilonnage ukrainien a également tué 14 combattants républicains et en aurait blessé 86.

 

Au nord-ouest de l’agglomération, les forces de Kiev continuent d’améliorer leurs fortifications. Vers Dzerzhynsk et même vers Konstantinovka, des bunkers, des abris souterrains et des tranchées aménagées ont vu le jour ces dernières semaines.

 

 

Combats dans Marinka

 

  

 

 

Si Donetsk, la nuit dernière, fut relativement calme, comme ce matin, on notera plusieurs frappes de contre-batterie de l’artillerie républicaines qui ont dû jouer sur cette accalmie. Ce soir, les pilonnages, essentiellement dans la zone aéroportuaire, reprennent. À 21 h (heure locale), on signalait des tirs de mortiers de 120 sur l’aéroport à partir de positions ukrainiennes sur Opytnoe.

 

 

 

  

Dans la matinée, de nouveaux affrontements de moyenne intensité ont eu lieu dans et aux abords de Marinka, avec l’emploi de chars, de batteries lourdes et de mortiers. Informations venant en premier lieu de la partie ukrainienne, mais confirmées dans l’après-midi sur la page Facebook d’Igor Strelkov.

 

Vers 10 h 25, on percevait distinctement de Donetsk des explosions de plus en plus intenses au fur et à mesure que les minutes s’écoulaient.

 

Entre Marinka et Alexandrovka (juste à l’est) de sévères accrochages étaient signalés une quinzaine de minutes plus tard, puis vers 11 h 20 on signalait des frappes et des duels d’artillerie au moyen d’automoteurs de 122 (et sans doute aussi de 152). Puis, de nouveau, de violents combats étaient signalés, cette fois au centre de Marinka, alors que vers 1 h plusieurs salves de Grad avaient été aperçues sur zone. En début d’après-midi, des comptes-rendus faisaient état du contrôle par la milice du croisement de routes au centre de Marinka en direction de Krasnogorovka près des étangs.

 

Vers 14 h 35, plusieurs signalements de « colonnes de chars approchant d’Aleksandrovka et de Petrovka » étaient notés du côté ukrainien. Et les réseaux sociaux signalaient des pertes parmi la compagnie du « bataillon Kiev-1 », sans plus de précisions.

 

Hier, les éléments de la 28e brigade mécanisée avec la compagnie de ce qui reste du « bataillon Kiev-1 » de la garde nationale ont reçu des renforts de la 95e brigade aéromobile (reconstituée), menés par le commandant Vasil Yurіyovich dit « Gіlka ». Il n’en fallait pas plus pour comprendre qu’une nouvelle attaque sur l’ouest de Donetsk était en préparation ; une nouvelle provocation, surtout au moment du G7.

 

Selon Yevgeniy Deydey, commandant de « Kiev-1 », les FAN auraient tenté de pénétrer vers le centre-ville avec 6 chars lourds et 4 BTR. Un compte-rendu peu convainquant et très lacunaire, au regard du déploiement d’artillerie de part et d’autre et de l’intensité des combats constatée sur place. En milieu d’après-midi, des médias pro-Kiev signalaient des routes détruites près de Marinka et le blocage de l’entrée ouest du bourg.

 

Une accalmie dans les combats était confirmée vers 14 h 20 (15 mn avant le signalement de la colonne de chars de la milice par la partie kiévienne…), alors que des vols de drones étaient signalés sur zone.

 

Il semblerait que la milice ait réussi à prendre pied au cœur du bourg. Selon certains rapports, les troupes ukrainiennes auraient perdu plusieurs dizaines de combattants. Maintenant, la ligne de front se situerait en plein centre-ville.

 

 

 


 

La tension ne faiblit pas, sur l’ensemble de la ligne de front allant du sud de Donetsk jusqu’à la mer d’Azov, mais rien de notable n’est à signaler depuis 24 heures voir plus. Si les forces de Kiev ont intensifié leurs pilonnages d’artillerie, cela n’empêche pas les troupes républicaines de riposter et même de réaliser quelques opérations très localisées. Dernièrement, une section ukrainienne de la 72e brigade a été mise en déroute à l’ouest de Bela Kamenka dans le secteur de Telmanovo.

 

 

Vers l’effondrement ?

 

Kiev et les Américains ont tout intérêt à préparer le terrain pour le sommet de l’Union européenne et à présenter la Russie comme un agresseur. La situation très préoccupante en ce moment dans le Donbass va en ce sens : en reprenant les frappes d’artillerie, massivement et à l’aveuglette, le commandement kiévien obéît à une logique politique, dictée par l’Administration Obama et par les plus russophobes des gouvernements de pays membres de l’Union européenne.

 

À écouter la propagande de la junte, une reconquête imminente se préparerait dans le Donbass. Dans les faits, on peut tout de même s’interroger, puisque tout porte à croire que nous sommes bien plus en présence d’une tentative de provoquer la Russie et de saboter les négociations en cours, tout en donnant aux agresseurs occidentaux une raison d’obtenir une extension des sanctions.

 

Car si les forces ukrainiennes attaquent massivement, à n’en pas douter elles vont prendre un risque énorme, tant stratégiquement que tactiquement. L’armée kiévienne survivra-t-elle à une quatrième défaite après Ilovaïsk à l’été 2014, l’aéroport de Donetsk, en janvier 2015 et Debaltsevo en mars ?

 

D’autant que le temps est compté, puisque l’économie ukrainienne s’est quasiment effondrée et se trouve pratiquement en état de défaut. Natalya Jaresko, la diplomate américaine à passeport ukrainien qui fait office de ministre des Finances, a dernièrement reconnu que l’État n’avait pas les ressources financières nécessaires pour faire face à l’indexation des salaires et des pensions. Dans le même temps, le ministère de la Défense et celui des Affaires intérieures pompent avidement 80 % du budget pour leurs très nombreux contrats (achats d’armements, financement de la logistique de guerre, « conseillers »…) et leurs multiples mobilisations.

 

De facto, le lancement d’une offensive à grande échelle apparaît désormais pour le régime la seule et dernière option qui reste pour dissimuler l’effondrement total, non seulement de la politique ukrainienne US, mais aussi de l’ensemble du projet d’Ukraine « proeuropéenne ». Une nouvelle défaite militaire serait donc moins humiliante qu’un écroulement total de cet édifice mal ficelé qu’est le régime de Kiev issu du coup d’État du Maïdan.

 

 

 

Par Jacques Frère NationsPresse.info – le 8 juin 2015.