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Ukraine/Donbass : le temps des grandes manœuvres

 

L’OTAN continue de se renforcer dans les pays frontaliers de l’Ukraine : après les États baltes, voici des blindés américains en Roumanie, à quelques kilomètres seulement de la Moldavie et de la Transnistrie. Officiellement, il ne s’agit que de simples « manœuvres ». Cela ne trompe personne : Washington positionne des troupes, au cas où… le régime de Kiev viendrait à s’effondrer en raison de la situation catastrophique du pays, dont il est le seul responsable, et des règlements de comptes internes à la junte. De Washington à Kiev, les grandes manœuvres de caniveau pour savoir qui de Kolomoïsky ou de Porochenko l’emportera, ont commencé. Sur le front du Donbass, si l’augmentation de l’intensité des accrochages laisse légitimement penser qu’une offensive se prépare, pour le moment, une mise en alerte totale des forces de Nouvelle Russie n’est pas à l’ordre du jour. Les FAN sont aussi en manœuvres, elles s’entrainent chaque jour et par tous les temps.

 

 

 

 

La mort de Roman Voznik, député de la RPD, n’est pas due à un tir d’artillerie, comme nous le supposions précédemment, mais à un attentat à l’arme à feu commis de la part d’un groupe subversif kiévien (ou occidental) infiltré dans la ville de Donetsk. Jeudi 26 mars, moins d’une semaine après la tentative d’assassinat du lieutenant-colonel « Givi », commandant du bataillon « Somali », des tueurs ont frappé à nouveau au cœur de Donetsk entre 23 h et 23 h 15… Roman Voznik était également « Gypsy », le commandant du bataillon « Mirazh » et cela fait de lui le troisième officier supérieur à être visé en quelques jours, après Mozgovoï et Givi ! Comme le souligne Erwan Castel, qui est présent sur place, « nul doute que cela fait partie d’un programme d’assassinat visant à décapiter l’appareil militaire de la Novorossiya, au moment où les soupçons d’une prochaine offensive ukrainienne sont chaque jour un peu plus confirmés. »

 

Et cela alors qu’un groupe de partisans vient de se former dans la région de Nikolaev et que la résistance armée à la dictature de Kiev se renforce presque partout en Ukraine. À Odessa, vendredi soir, une très forte déflagration a eu lieu près des locaux d’une organisation soutenant la répression dans le Donbass. Des inconnus ont fait exploser un engin explosif sans faire de victime, juste des dégâts matériels dans l’enceinte du local visé.

 

La ligne allant au nord de Pervomaïsk à Lugansk reste toujours sous tension, comme si aucun cessez-le-feu n’avait été signé à Minsk. Pourtant, aucun changement notable n’est à signaler sur la ligne de contact, mis à part la confirmation que les forces de Kiev ont bien cédé un peu de terrain vers Stanitsa Luganskaya au nord de la Seversky Donets.

 

Sur Severodonetsk, au-delà de la ligne de front sur le secteur nord, on signale l’arrivée d’éléments de la 24e brigade mécanisée, une unité qui avait été pulvérisée lors des combats d’août dernier et qui semble avoir été reconstituée, du moins partiellement.

 

La pression est maintenue sur Spartak, Gorlovka et sur la zone ouest de l’aéroport de Donetsk de la part des forces de Kiev. Afin d’éviter de trop faire repérer leurs batteries par les observateurs de l’OSCE, les forces ukrainiennes utilisent le plus souvent leurs mortiers de 82 et de 120 mm. Les accrochages sur succèdent sur ces zones, de même que les survols de drones. Hier, lors d’un accrochage sur Gorlovka, un milicien a été tué et deux autres ont été blessés.

 

Toute la journée de samedi, les forces ukrainiennes ont tiré avec les canons de 125 de leurs chars lourds et des batteries de mortiers contre les positions républicaines au nord-ouest de Gorlovka.

 

 

Reconnaissance offensive sur Shirokino

 

En fin de journée de samedi, on apprenait qu’après moult accrochages depuis quelques jours, une compagnie motorisée d’« Azov » venait à passer à l’offensive sur la zone nord-ouest de Shirokino. Les FAN ont immédiatement été placées en alerte sur ce secteur. Il semblerait que des éléments de « Dnepr » (à confirmer dans le contexte de l’enquête du SBU sur cette unité) se soient joints à la compagnie d’« Azov ». L’attaque était appuyée par des tirs de mortiers de 120 et de 82.

 

 

 

 

En soirée, après avoir tenté de sonder les défenses républicaines, les éléments d’« Azov » se sont retirés, emportant leurs blessés et leurs morts avec eux. La ligne de défense dans Shirokino a parfaitement bien tenu. Ce soir, on signale un duel d’artillerie aux mortiers de 120.

 

 

 

 

Sur Mariupol, le « mur de l’Atlantique » local version Porochenko semble avoir quelques difficultés à être réalisé en bordure de mer. Des vents forts ont occasionné des marées plus importantes que d’habitude, à tel point que des tranchées et des bunkers ont été inondés… L’inénarrable Turchinov, le secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense, n’est pas Rommel. Mais ça, on le savait déjà !

 

 

Grandes manœuvres de caniveau à Kiev

 

C’est la débandade de la junte au sein de l’opinion publique ukrainienne, un an seulement après le coup d’État du Maïdan. D’après l’Institut international de sociologie de Kiev (source), le Front populaire du Premier ministre Arseny Yatseniuk s’est effondré dans les sondages, il n’est plus qu’à 4 % (22,14 % aux élections législatives de l’année dernière). Petro Porochenko et son bloc présidentiel est en tête avec 16 %, suivi par le maire de Lviv Andriy Sądowy (10 %), Yulia Timochenko Patrie (7 %), le Block d’opposition (6,2 %) et Oleg Lyachko et son parti radical (5 %).

 

Qu’à cela ne tienne, le régime « proeuropéen » continue sur sa lancée criminogène et mortifère : quelque 900 officiers de l’armée ukrainienne ont été formés en Pologne pour une somme évaluée à plusieurs dizaines de milliers d’euros (sans plus de précisions). Il semblerait que ce soit l’Union européenne qui a financé cela.

 

Mais l’heure est grave pour le régime antidémocratique, mis en place par la corruption, la subversion, le crime et la violence il y a un peu plus d’un an. Washington pourrait cesser de soutenir le président Petro Porochenko et commencer à miser sur l’ex-gouverneur de Dniepropetrovsk, l’oligarque israélo-chyprioto-ukrainien Ihor Kolomoïsky, estiment les Deutsche Wirtschafts Nachrichten.


Aux États-Unis, les partisans de la ligne dure envers la Russie, tels que le sénateur néocon John McCain ou encore la très néocon Victoria Nuland du Département d’État, pourraient donner leurs préférences à Kolomoïsky, du moment que ce dernier est, selon Washington, leur meilleur partenaire dans la lutte contre la Russie, écrit le journal allemand. Plusieurs jours se sont écoulés depuis le limogeage de l’oligarque Kolomoïsky par Porochenko. Jusqu’à présent, il n’est pas clair si les Américains continuent de soutenir le président en place ou bien s’ils commencent à pencher pour Kolomoïsky.

 

En attendant, du côté des « bataillons » et autres nervis d’extrême droite, on en est encore aux négociations avec la présidence. Dmytro Yarosh semble vouloir se faire désirer pour accepter le poste offert par Porochenko au ministère de la Défense. Gerachenko, le fameux « conseiller » du ministère de l’Intérieur très proche des néonazis et des néobandéristes, et Boris Filatov, le bras droit de Kolomoïsky à Dniepropetrovsk, l’assistent dans ces tractations. Il entend bien négocier cher son ralliement, s’il se rallie… Même attitude du côté de Svoboda et de l’Assemblée nationale sociale – Patriotes ukrainiens qui voient l’occasion de peser sur l’avenir de l’Ukraine assujettie à l’hyperpuissance US, en jouant la carte collaborationniste à fond.

 

 

Volkssturm « proeuropéen »

 

 


 

Dans les semaines et les mois qui viennent, on devrait croiser dans les rangs des « bataillons » répressifs d’extrême droite de plus en plus d’adolescents et de jeunes gens recrutés, plus ou moins de force, dans les lycées, les universités et les écoles de formation. La plupart des jeunes chômeurs sont déjà intégrés dans ces « bataillons », de gré ou de force. Une campagne d’enrôlement est menée par des groupes extrémistes comme Praviy Sektor, les Patriotes ukrainiens ou encore l’UNA-UNSO, en coordination avec le ministère des Affaires intérieures. Plusieurs camps près de Lviv et Kiev sont déjà en mesure d’accueillir des centaines de ces « volontaires » pour les « former », les « endurcir » et en faire des tueurs au service des intérêts mondialistes.


Il s’agit de manipuler de jeunes esprits pour en faire de la chair à canon au moment où la nouvelle conscription ne donne pas les résultats escomptés (comme les précédentes). Ils sont de moins en moins nombreux dans l’Ukraine « proeuropéenne » à vouloir mourir pour les oligarques, Bruxelles ou Washington. Il faut donc bien trouver de quoi combler les vides occasionnés par les échecs successifs dans le Donbass. Cette campagne de recrutement est un signe qui ne trompe pas et qui rappelle la création du Volkssturm par le IIIe Reich à l’été 1944, au moment de l’opération Overlord en Normandie et de Bagration (l’offensive soviétique) sur le front de l’Est, juste après l’attentat contre Hitler. On connaît la suite…

 

 

Roumanie : les Yankees arrivent !

 

Porochenko et son homologue roumain, en accord avec Washington, veulent « dégeler » le conflit en Transnistrie, comme nous l’écrivions avant-hier. Aussi, il semble cohérent que les manœuvres de l’OTAN sous l’appellation d’Atlantic Resolve, qui se déroulent en moment des pays baltes à la Roumanie en passant par la Pologne, s’approchent un peu trop de la Moldavie.

 

Le 2nd Squadron du 2nd Stryker Cavalry Rgt. participe depuis le 24 mars à l’opération Atlantic Resolve au sud de la Roumanie, à deux pas de la Transnistrie. Il est accompagné d’éléments du 173 rd (Airborne) Brigade Special Troops Battalion, la même unité qui encadre en Galicie la formation d‘une partie des paramilitaires de Kiev. Le 2/2 Cav. (Cougars) est arrivé à la base aérienne Mihail Kogalniceanu le 20 mars dernier. Le 24 mars, les Roumains ont eu la surprise de voir défiler ce Squadron monté sur Strikers du 2e régiment de cavalerie US, arrivé sur place à partir de l’aéroport à la périphérie de la ville de Constanta Galati, situé à quelques kilomètres de la Moldavie et à non loin de la région d’Odessa.

 

 

 

Par Jacques FrèreNationsPresse. info – le 29 mars 2015.