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Accusé de trahir son pays, Yanis Varoufakis répond. Et c’est cinglant !

Accusé de trahir son pays, Yanis Varoufakis répond. Et c’est cinglant ! | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Accusé de trahir son pays,

Yanis Varoufakis répond.

Et c’est cinglant !

 

Accusations de trahison. Ce qui se cache derrière ces étranges allégations. Cette tentative surprenante de me faire accuser de trahison pour avoir conspiré afin de pousser la Grèce hors de l’Eurozone, est le reflet de quelque chose de bien plus vaste.

 

Elle reflète un effort acharné à délégitimer notre négociation de 5 mois (du 25 janvier au 5 juillet) avec une Troika furieuse que nous ayons eu l’audace de douter ouvertement de la sagesse et l’efficacité de son plan raté pour la Grèce.

 

Le but de mes pseudo-procureurs est de faire passer notre attitude rebelle lors des négociations pour une aberration, une erreur, ou mieux encore, selon la perspective de l’Establishment oligarchique grec favorable à la Troika, pour un crime contre l’intérêt national de la Grèce.

 

Mon crime ignoble a été, en exprimant la volonté collective de notre gouvernement, d’incarner les péchés suivants :

 

1  Me comporter devant les leaders de l’Eurogroupe comme un égal qui s’autorise à dire NON et présente des arguments de poids pour repousser le manque de logique catastrophique des énormes prêts concédés à un état insolvable soumis à une austérité contre-productive.


2  Démontrer que l’on peut être un Européiste engagé, lutter pour maintenir son pays dans l’Eurozone, et en même temps rejeter les politiques de l’Eurogroupe qui nuisent à l’Europe, déconstruisent l’Euro et piègent fondamentalement son pays par un esclavage de la dette entretenu par l’austérité.


3  Préparer des réponses à des dangers éventuels dont me menacent les collègues de premier plan de l’Eurogroupe et des officiels hauts placés de la Troika lors de discussions en tête à tête.


4  Révéler de quelle manière les gouvernements grecs précédents ont transformé des ministères aussi cruciaux que le Sécrétariat Général des Recettes Publiques et l’Office Statistique Hellénique en des ministères sous contrôle de la Troika et soumis à des pressions ayant vocation à saper le gouvernement élu.

 

Il est très clair que le gouvernement grec a le devoir de retrouver sa souveraineté nationale et démocratique sur tous les ministères, et en particulier le ministère des Finances. S’il ne le fait pas, il continuera à renoncer aux instruments d’élaboration de sa politique auxquels les électeurs attendent de le voir recourir dans le cadre de la mise en œuvre du mandat qu’ils lui ont confié.

 

Dans le cadre de mes efforts en tant que ministre, mon équipe et moi-même avons mis au point des méthodes innovantes de développement d’outils du Ministère des Finances afin de répondre efficacement à la crise des liquidités créée par la Troika tout en récupérant des pouvoirs exécutifs auparavant usurpés par la Troika avec le consentement des précédents gouvernements.

 

Au lieu d’accuser et de poursuivre ceux qui, aujourd’hui encore, agissent au sein du service public comme les larbins et lieutenants de la Troika (tout en recevant des salaires substantiels des contribuables grecs qui souffrent depuis des années), c’est moi qui suis aujourd’hui persécuté par les hommes et partis politiques condamnés par les électeurs pour avoir transformé la Grèce en protectorat, aidés et encouragés par les médias de l’oligarchie.

 

Je porte leurs accusations comme des marques d’honneur.

 

La négociation fière et honnête que le gouvernement Syriza a menée depuis le premier jour de son élection a déjà amélioré la qualité des débats publics en Europe. Le débat sur le déficit démocratique qui affecte l’Eurozone ne pourra plus être étouffé. Malheureusement, les supporters de la Troika dans notre pays semblent incapables de tolérer ce succès historique. Leurs efforts pour le criminaliser se briseront sur les mêmes hauts fonds que ceux sur lesquels s’est brisée la campagne de propagande contre le NON au référendum du 5 juillet : la grande majorité des Grecs courageux.

 

 

 

Par Yanis Varoufakis – traduction par Sylvie Tassin - le 29 juillet 2015.

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« Le ministre allemand des Finances veut que la Grèce soit exclue de l’euro…»

« Le ministre allemand des Finances veut que la Grèce soit exclue de l’euro…» | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Wolfgang Schäuble  & Yanis Varoufakis - zeit.de


 

 

« Le ministre allemand des Finances

veut que la Grèce soit exclue de l’euro… »

Par Yanis Varoufakis

 

Basée sur des mois de négociations, ma conviction est que le ministre allemand des Finances veut que la Grèce soit exclue de l’euro pour effrayer les Français et amener ces derniers à accepter son modèle d’une Eurozone disciplinée.

 

Le sommet EU de demain va sceller le sort de la Grèce dans l’Eurozone. Alors que ces lignes sont écrites, Euclid Tsakalotos, mon cher ami, camarade m’ayant succédé au poste de ministre grec des Finances se rend à la réunion de l’Eurogroupe qui va déterminer si un ultime accord entre la Grèce et nos créanciers peut être trouvé et si cet accord contient assez d’éléments concernant un allègement de la dette permettant à l’économie grecque de devenir viable dans la zone euro. Euclide a emporté avec lui un plan de restructuration de la dette, à la fois logique, modéré et bien pensé, qui est sans aucun doute dans l’intérêt de la Grèce et de ses créanciers. (Je publierai les détails de ce plan ici une fois que les choses se seront calmées).

 

Si ces modestes propositions de restructuration de la dette sont rejetées, comme en a menacé le ministre allemand des Finances, le sommet EU de dimanche devra décider entre exclure maintenant la Grèce de l’Eurozone ou la garder pour un certain temps, dans un profond état d’appauvrissement, jusqu’à ce qu’elle s’en aille. La question qui se pose est : pourquoi le ministre des finances allemand, Dr Wolfgang Schäuble, s’oppose à une restructuration de dette modérée et bénéfique aux deux parties ? L’éditorial suivant, publié récemment dans le Guardian, répond à ma question. [Je tiens à dire que le titre du Guardian n’était pas mon choix. Le mien était, comme celui au-dessus : Derrière le refus allemand d’accorder un allègement de la dette grecque]

 

 

***

 

 

Le drame des finances grecques a dominé les gros titres des médias durant 5 ans pour une raison : le refus obstiné de nos créanciers d’accepter un allègement de la dette. Pourquoi, alors que cela est un non-sens, que cela va contre l’avis du FMI et les pratiques habituelles des banquiers faisant face à des emprunteurs ruinés, refusent-ils une restructuration de la dette ? La réponse n’est pas d’origine économique, mais est profondément inscrite dans le labyrinthe politique européen.

 

En 2010, l’État grec est devenu insolvable. Deux options, toutes deux impliquant un maintien dans l’Eurozone, se présentèrent d’elles-mêmes : l’option logique, que tout bon banquier recommanderait, était de restructurer la dette et redynamiser l’économie ; et l’option néfaste était de prêter encore plus d’argent a une entité en faillite en prétendant qu’elle demeurait solvable.

 

Les officiels européens ont choisi la seconde option en plaçant le sauvetage des banques françaises et allemandes exposées à la dette grecque au-dessus de la viabilité socio-économique de la Grèce. Une restructuration de la dette aurait engendré des pertes pour les banquiers sur leurs parts de la dette grecque. Résolus à ne pas avouer aux parlements que les citoyens devraient encore renflouer les banques du fait de leurs prêts inconsidérés, les officiels européens ont présenté l’insolvabilité de l’État grec comme un manque de liquidité, et ont justifié le « sauvetage » de la Grèce comme nécessaire solidarité envers le peuple grec.

 

Pour transformer le transfert cynique de pertes privées irrécupérables sur les épaules des citoyens en un cas « d’amour vache », une politique d’austérité a été imposée à la Grèce, dont le revenu national (qui sert à payer les anciennes et nouvelles dettes) a en conséquence diminué de plus d’un quart. Il faut l’expertise mathématique d’un enfant de 8 ans pour comprendre que cette approche ne peut que mal finir.

 

Une fois que cette opération sordide fut achevée, l’Europe a automatiquement trouvé une autre raison pour refuser de discuter d’une restructuration de la dette : celle-ci affecterait maintenant directement les citoyens européens ! Et ainsi des doses d’austérité de plus en plus importantes ont été administrées tandis que la dette enflait, forçant les créanciers à accorder plus de prêts en échange de plus d’austérité.

 

Notre gouvernement a été élu sur la proposition d’en finir avec cette boucle infernale ; de demander une restructuration de la dette et d’arrêter cette austérité néfaste. Les négociations ont atteint une impasse pour une raison simple : les créanciers continuent de refuser toute restructuration de dette tout en insistant pour que notre énorme dette soit remboursée « paramétriquement » par les Grecs les plus faibles, leurs enfants et leurs petits-enfants.

 

Durant ma première semaine en tant que ministre des Finances, j’ai reçu la visite de Jeroen Dijsselbloem, président de l’Eurogroupe (les ministres des Finances de l’Eurozone), qui m’a mis face à un choix impossible : « accepte cette forme de sauvetage et oublie toute demande de restructuration de dette ou tes accords de prêt vont être annulés » (la conséquence non dite étant que les banques grecques devraient mettre la clé sous la porte).

 

S’en sont suivis cinq mois de négociations effectuées dans des conditions d’asphyxie monétaire et d’un bank-run supervisés et administrés par la BCE. La suite logique était évidente : à moins que nous capitulions, nous nous retrouverions très vite à faire face à des contrôles de capitaux, une fermeture des banques et au final un Grexit.

 

La menace d’un Grexit a provoqué quelques frayeurs ces dernières années. En 2010, il a effrayé les financiers, car leurs banques étaient remplies de dette grecque. Même en 2012, quand le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a déclaré que le coût d’un Grexit était un investissement rentable en tant que moyen de discipliner la France et d’autres États, l’idée d’un Grexit a continué à effrayer quasiment tout le monde.

 

Avant même que Syriza arrive au pouvoir en janvier dernier, et que cette élection ait confirmé notre opinion que ces « renflouements » n’avaient pas pour but de sauver la Grèce (mais plutôt de renforcer l’Europe du Nord), une vaste majorité au sein de l’Eurogroupe, sous la tutelle de Schäuble, avait adopté le Grexit soit comme leur solution préférée soit comme arme de choix contre notre gouvernement.

 

Les Grecs, à raison, ont frissonné à l’idée d’être coupés de l’union monétaire. Sortir d’une monnaie commune n’est en rien comparable à la sortie d’une parité de change fixe, comme le firent les Britanniques en 1992, quand […] la livre sterling a quitté le Système Monétaire Européen (SME). Hélas, la Grèce n’a pas de monnaie dont le taux de change avec l’euro peut être découplée. Elle a l’euro, une monnaie étrangère entièrement administrée par un créancier insensible au besoin de restructurer notre dette nationale intenable.

 

Pour sortir, nous aurions à créer une nouvelle monnaie à partir de rien. En Irak occupé, l’introduction d’une nouvelle monnaie papier a pris près d’un an, à peu près 20 Boeings 747, la mobilisation des forces armées américaines, 3 entreprises d’impression et des centaines de camions. En absence d’un tel support, un Grexit équivaudrait a annoncer une large dévaluation plus de 18 mois en avance : une recette parfaite pour liquider la Grèce et transférer les avoirs à l’étranger par tout moyen.

 

Avec [la menace d’] un Grexit amplifiant le bank-run induit par la BCE, nos tentatives pour remettre un plan de restructuration de la dette sur la table des négociations tombent dans l’oreille d’un sourd. Encore et toujours, on nous a dit que cette question serait abordée après que le programme d’austérité ait été terminé avec succès, ce qui constitue une prodigieuse farce dans la mesure ou le « ’programme »’ ne pourrait jamais réussir sans restructuration de dette.

 

Ce week-end nous amène au firmament des discussions où Euclid Tsakalotos, mon successeur, s’efforce, encore, de remettre les choses en ordre : de convaincre un Eurogroupe hostile que la restructuration de la dette est un prérequis au succès des réformes grecques et non une récompense accordée après-coup. Pourquoi cela est-il si difficile à comprendre ? J’y vois 3 raisons.

 

« L’Europe ne savait pas comment répondre à une crise financière. Celle-ci doit-elle conduire à une expulsion (Grexit) ou une fédération ? »

 

Une raison est que l’inertie institutionnelle est dure à combattre.

 

Une seconde raison est qu’une dette insoutenable donne aux créanciers un immense pouvoir sur les emprunteurs, et le pouvoir, comme nous le savons, corrompt même les meilleurs.

 

Mais c’est la 3e raison qui me semble la plus pertinente et, de fait, plus intéressante.

L’euro est un hybride entre un régime de taux de changes fixes, comme le SME des années 80, ou l’étalon or des années 30, et une monnaie étatique. Le premier compte sur la peur d’une expulsion pour garder sa cohésion, tandis que la monnaie étatique implique des mécanismes de redistribution des surplus entre États membres (par exemple, un budget fédéral, des bons du Trésor communs). Mais l’Eurozone n’est en réalité aucun de ces 2 concepts : c’est plus qu’un régime taux de changes fixes et moins qu’une monnaie étatique.

 

Et voilà bien le hic. Après la crise de 2008/9, l’Europe ne savait pas comment répondre. Devait-elle se préparer à au moins une expulsion (c’est le Grexit) pour renforcer la discipline ? Ou se diriger vers une fédéralisation ? Jusqu’à présent cela n’a été ni l’un ni l’autre, et son angoisse existentialiste augmente sans fin. Schäuble est convaincu qu’étant donné la situation, il a besoin d’un Grexit pour faire retomber la pression, d’une façon ou d’une autre. Soudainement, une dette publique grecque perpétuellement insoutenable, sans laquelle le risque d’un Grexit s’évaporerait, a trouvé une nouvelle utilité auprès de Schäuble.

 

Que veux-je dire par là ? Basée sur des mois de négociations, ma conviction est que le ministre allemand des Finances veut que la Grèce soit exclue de l’euro pour effrayer les Français et amener ces derniers à accepter son modèle d’une Eurozone disciplinée.

 

 

 

Par Yanis Varoufakis — publié par le blog de Yanis Varoufakis le 11/07/2015 – Traduction et source : www.les-crises.frarretsurinfo.ch – le 11 juillet 2015.

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Grèce - La presse mondiale diffuse la même erreur de raisonnement : l’austérité comme unique cause de rupture - (Yanis Varoufakis*)

Grèce - La presse mondiale diffuse la même erreur de raisonnement : l’austérité comme unique cause de rupture - (Yanis Varoufakis*) | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Grèce - La presse mondiale diffuse la même erreur de raisonnement : l’austérité comme unique cause de rupture - (Yanis Varoufakis*)

 

Une même erreur de raisonnement se propage dans les médias du monde entier à propos des négociations entre le gouvernement grec et ses créanciers. Cette erreur, que l’on trouve dans un commentaire récent de Philip Stephens du Financial Times, consiste à dire qu’« Athènes ne peut pas ou ne veut pas (ou bien ne peut ni ne veut) mettre en œuvre un programme de réforme économique. » Une fois cette erreur présentée comme fait, il est tout à fait normal que les journaux insistent sur la façon dont notre gouvernement, selon les termes de Stephens, « gaspille la confiance et la bonne volonté de ses partenaires de la zone euro. »

 

Mais la réalité des négociations est très différente. Notre gouvernement tient à mettre en œuvre un programme comprenant toutes les réformes économiques mises en avant par les think tanks économiques européens. En outre, nous sommes les seuls capables de maintenir le soutien de l’opinion publique grecque en faveur d’un programme économique solide.

 

Voici ce que cela veut dire : une agence fiscale indépendante, des excédents budgétaires primaires raisonnables pour toujours, un programme de privatisation sensé et ambitieux, combiné avec une agence de développement qui exploite les richesses nationales pour créer des flux d’investissements, une véritable réforme des retraites qui assure la durabilité à long terme du système de sécurité sociale, la libéralisation des marchés des marchandises et des services, etc.


Si donc notre gouvernement est prêt à embrasser les réformes que nos partenaires attendent, pourquoi les négociations n’ont-elles pas abouti à un accord ? Quelle est la pierre d’achoppement ?

 

Le problème est simple : les créanciers de la Grèce insistent sur une austérité encore plus forte pour cette année et au-delà : une approche qui va empêcher la reprise, bloquer la croissance, aggraver le cycle de dette-déflationniste et va finalement éroder la volonté et la capacité des Grecs à comprendre les enjeux de l’agenda de réformes dont leur pays a désespérément besoin. Notre gouvernement ne peut pas et ne veut pas accepter un remède qui depuis cinq longues années s’est révélé pire que le mal.

 

L’insistance de nos créanciers sur une plus grande austérité est subtile, mais ferme. Cela est perceptible dans leur exigence pour que la Grèce maintienne des excédents primaires non durables à haut niveau (plus de 2 % du PIB en 2016 et supérieur à 2,5 %, voire même à 3 %, pour chaque année suivante). Pour y parvenir, nous sommes censés augmenter le fardeau global de la taxe sur la valeur ajoutée sur le secteur privé, réduire les retraites déjà diminuées dans l’ensemble des secteurs et compenser les faibles recettes de la privatisation (en raison de prix dévalorisés des actifs) par des mesures fiscales de consolidation « équivalentes. »

 

Le point de vue selon lequel la Grèce n’est pas parvenue à une consolidation budgétaire suffisante est non seulement faux, mais manifestement absurde. Pourquoi la Grèce n’a pas fait aussi bien par exemple que l’Espagne, le Portugal, l’Irlande, ou Chypre au fil des ans depuis la crise financière de 2008 ? Par rapport au reste des pays de la périphérie de la zone euro, la Grèce a été soumise à au moins deux fois plus d’austérité. Ce n’est pas plus compliqué que cela.

 

Après la récente victoire électorale du Premier ministre du Royaume-Uni David Cameron, mon vieil ami Lord Norman Lamont, ancien ministre des Finances britannique, a remarqué que le rétablissement de l’économie britannique soutient la position de notre gouvernement. Il s’est rappelé qu’en 2010, la Grèce et le Royaume-Uni faisaient face à des déficits fiscaux d’une taille plus ou moins semblable (par rapport au PIB). La Grèce est revenue aux excédents primaires (qui excluent le paiement des intérêts) en 2014, tandis que le gouvernement britannique s’est consolidé beaucoup plus graduellement et doit encore revenir à l’excédent.

 

Au même moment, la Grèce a fait face à une contraction monétaire (qui est récemment devenue une asphyxie monétaire), contrairement au Royaume-Uni où la Banque d’Angleterre a soutenu le gouvernement à chaque instant. Le résultat est que la Grèce a continué à stagner, tandis que le Royaume-Uni a connu une forte croissance.

 

Les observateurs impartiaux de ces quatre mois de longues négociations entre la Grèce et ses créanciers ne peuvent éviter une conclusion simple : la principale pierre d’achoppement, le seul élément rédhibitoire, c’est l’insistance des créanciers sur encore plus d’austérité, même au détriment de l’agenda de réformes que notre gouvernement est impatient de poursuivre.

 

De toute évidence, la demande de plus d’austérité de la part de nos créanciers n’a rien à voir avec des préoccupations au sujet d’une réelle réforme ni avec la volonté de placer la Grèce sur une trajectoire budgétaire viable. Leur véritable motivation est une question qu’il vaut mieux laisser au jugement des historiens futurs. Ces derniers sauront sans aucun doute faire preuve de scepticisme quant à la couverture médiatique actuelle de ces événements.

 

 

 

Par Yanis Varoufakis* (Project Syndicate) - reseauinternational.net – le 12 juin 2015.

 

* Yánis Varoufákis est un économiste et homme politique grec. Ministre de l’Économie dans le Gouvernement Syriza.

 

Source :

http://www.elcorreo.eu.org/La-presse-mondiale-diffuse-la-meme-erreur-de-raisonnement-L-austerite-comme-unique-cause-de-rupture

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La Russie renchérit sur les enjeux économiques en Grèce

La Russie renchérit sur les enjeux économiques en Grèce | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : le Premier ministre grec et Vladimir Poutine

 

 

La Russie renchérit sur les enjeux

économiques en Grèce

  Par Phil Butler (*)


La Grèce a été invitée par la Russie à devenir le sixième membre de la nouvelle Banque de développement des BRICS (NDB). Reste à savoir comment le Premier ministre Tsipras jouera ce dernier atout.

 

Cette nouvelle est un peu obscurcie par la visite du secrétaire d’État américain John Kerry qui a rencontré Serguey Lavrov à Sotchi, en Russie.

 

Cependant, la nouvelle Banque de développement des BRICS au capital de 100 $ Mds, chargée de concurrencer les Occidentaux qui dominent l’attribution des prêts internationaux, mérite aujourd’hui un examen minutieux.

 

Lundi, le vice-ministre des Finances de la Russie Sergey Storchak a invité, par téléphone, le Premier ministre grec Alexis Tsipras à participer à cette nouvelle banque. Selon les nouvelles, via le site Internet du parti Syriza de la Grèce, le Premier ministre grec a remercié Storchak, ajoutant que la Grèce est très intéressée par l’offre. Dans ce mouvement, dont certains suggèrent qu’il a pour but de contrer la pression des US et de l’UE sur la Grèce, Athènes devient un parti de plus en plus convoité, en particulier lorsque le gazoduc Turquie-Grèce est concerné. La déclaration de Syriza dit :

 

« Le Premier ministre a remercié Storchak et a dit qu’il a été agréablement surpris par l’invitation faite à la Grèce d’être le sixième membre de la Banque de développement BRICS. Tsipras a marqué l’intérêt de la Grèce pour cette offre, et a promis de l’examiner minutieusement. Il aura l’occasion de discuter de l’invitation avec les autres dirigeants des BRICS en 2015, pendant le Forum économique international de Saint-Pétersbourg. »

 

En mars, le président russe Vladimir Poutine a ratifié la création du fonds NDB, décidée au 6e sommet des BRICS, à Fortaleza au Brésil, en juin 2014. La nouvelle banque sera en concurrence avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international là où le financement des projets d’infrastructures des BRICS et autres pays en développement sera concerné.

 

La Grèce et la Russie ont renforcé leurs liens économiques et culturels depuis que le Premier ministre Tsipras a pris ses fonctions au début de cette année. Les difficultés financières de la Grèce continuent malgré les discussions marathon de médiation entre Bruxelles, Francfort, le FMI et les autres créanciers. Tsipras essaie de débloquer une autre tranche de crédit de €7,2 milliards pour soutenir une économie grecque stagnante. Le ministre des Finances Yanis Varoufakis a averti que les finances de la Grèce sont « un problème terriblement urgent », et que le pays pourrait faire défaut le mois prochain si aucune mesure appropriée n’est prise.

 

Sur le devant de la scène, pour le gouvernement grec, il y a les offres stratégiques que Tsipras et Poutine ont façonnées en avril. Celle qui a le plus de potentiel, le projet de gazoduc Turkish Stream, promet des emplois, des revenus, et un souffle de vie nouveau pour une économie grecque en déclin qui dépend essentiellement du tourisme.

 

Selon Moscou, il y a déjà une aide disponible pour la Grèce, mais le président Poutine a déclaré que Tsipras n’a rien demandé. Moscou a proposé une aide financière directe et disponible via l’achat d’actifs de l’État grec, entre autres. Jusqu’à présent, il n’y a eu aucun mot sur ces voies de coopération réparatrice.

 

La nouvelle de l’offre de participation à la Banque d’investissement des BRICS apparaît aujourd’hui comme la meilleure pour le désendettement de la Grèce et la diminution de la tension. Il reste à voir comment Tsipras jouera cette dernière main.

 

 

 

Par Phil Butler (*) (Russia Insider) - traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone – le 13 mai 2015

  

(*) Phil Butler (né en 1955) est un journaliste, rédacteur en chef et analyste américain. Il est l’ancien rédacteur en chef de PR News, premier portail de nouvelles en relations publiques de l’Europe. Il contribue à des publications en ligne comme The Epoch Times, le Huffington Post, Japon aujourd’hui et RT, ainsi que des dizaines d’autres… (Source : russia-insider.com)

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La Grèce adopte une loi contre la pauvreté à la barbe de l’UE

La Grèce adopte une loi contre la pauvreté à la barbe de l’UE | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


La Grèce adopte une loi contre la pauvreté

à la barbe de l’UE

 

 

>>> Voir la vidéo « Les créanciers européennes

empêchent Syriza de respecter ses engagements » ici


 

Le parlement grec a approuvé un projet de loi sur « la crise humanitaire » ayant lieu dans le pays, le premier dans le cadre des mesures sociales proposées par le Premier ministre Alexis Tsipras malgré une forte opposition de la Commission européenne.

 

La proposition de loi qui prévoyait des allocations de logement et de l’aide alimentaire d’urgence pour les Grecs les plus pauvres a été adoptée avec le soutien des députes conservateurs du parti de la Nouvelle Démocratie alors que le gouvernement a repoussé les efforts de la Commission européenne visant à la faire échouer.

 

« S’ils le font pour nous effrayer, la réponse est celle-ci : nous n’avons pas peur. Le gouvernement grec est déterminé à respecter l’accord du 20 février. Nous demandons la même chose à nos partenaires. Qu’ils arrêtent leurs actions unilatérales, dans le respect de l’accord qu’ils ont signé », a déclaré au parlement le Premier ministre grec.

 

« Que peut-on dire d’autre à ceux qui ont l’audace de déclarer que s’occuper d’une crise humanitaire est une action unilatérale ? » a-t-il ajouté.

 

Le projet de loi incluait aussi un régime de paiement en 100 fois pour les contribuables afin de les aider à régler leurs dettes envers l’État, ce qui a été qualifié par la Commission de mesure « incomplète » pour résoudre les problèmes de la dette d’Athènes.

 

Declan Costello, un représentant de la Commission européenne de l’équipe technique en charge de l’observation de la Grèce, s’est prononcé contre ce projet de loi, en indiquant à Athènes que l’adoption de cette loi serait « une décision unilatérale ».

 

Dans une correspondance entre Costello et les autorités grecques, Costello affirme que le projet de loi n’est pas compatible avec l’accord de l’Eurogroupe conclu avec Athènes le 20 février, selon Paul Mason, un journaliste qui a rendu public le contenu de la lettre mardi.

 

Costello a écrit que les nouvelles lois de finances adoptées par la Grèce devaient être incluses dans un contexte général de promotion des réformes.

 

« Nous recommandons fortement d’avoir d’abord des consultations politiques appropriées, en particulier sur la cohérence des efforts de réforme. Il y a certaines questions à discuter et nous avons besoin de les examiner dans leur ensemble, de façon cohérente et complète. Agir autrement signifierait agir unilatéralement et de façon incomplète, ce qui est en contradiction avec les engagements pris avec l’Eurogroupe, comme prévu dans le communiqué du 20 février », aurait dit Costello au gouvernement grec.

 

Mais le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis a déclaré que la rencontre la plus récente avec l’Eurogroupe incluait le projet de loi. D’autres membres du gouvernement ont confirmé l’existence du texte de Costello et ont déclaré que certains points devaient être clarifiés.

 

En savoir plus : La Grèce poursuit ses négociations avec les ministres des Finances de l’UE (VIDÉO)

 

Gabriel Sakellaridis, un porte-parole du gouvernement a affirmé que la décision de la Commission européenne équivalait à un « veto » et ajoutait de la « pression » sur la Grèce dont les dettes s’élèvent à 240 milliards d’euros.

 

Le Commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Pierre Moscovici, a démenti avoir opposé un veto à ce projet de loi.

« Nous soutenons pleinement l’objectif d’aider les plus vulnérables » et n’opposons pas « un quelconque veto », a annoncé Pierre Moscovici aux journalistes.

 

L’accord du 20 février entre la Grèce et l’Eurogroupe a vu un compromis être atteint entre les deux parties. La Grèce a obtenu une prolongation du programme actuel de remboursement de dette d’ici à la fin juin.

 

En savoir plus : L’Eurogroupe approuve le plan de sauvetage de la Grèce

 

Pour le moment, la sortie de la Grèce de la zone euro n’a pas été mentionnée, mais la difficulté de parvenir à un accord soulève la possibilité que des élections ailleurs en Europe dans les mois à venir peuvent provoquer les tentatives d’autres pays telles que l’Espagne de changer la direction des réformes économiques dans la zone euro.

 

Malgré l’accord du 20 février, la Grèce risque de manquer de liquidités dans quelques semaines alors que le désaccord avec ses créanciers se fait plus grand. Athènes et ses bailleurs internationaux ont commencé les négociations la semaine dernière pour s’entendre sur les détails des réformes du côté grec, mais peu de progrès ont été observés.

 

Le ministre français des Finances Michel Sapin a déclaré que les gens devaient contrôler leurs paroles et faire tout leur possible pour empêcher que la Grèce sorte de la zone euro.

 

« La France fera tout pour qu’il n’y ait pas d’accident et, ce que je crois pouvoir dire, c’est que ce que nous allons faire évitera un accident. Mais personne ne peut être catégorique de ce point de vue là et c’est pour ça qu’il faut que chacun, d’un côté comme de l’autre, maîtrise son langage », a-t-il dit aux législateurs.

 

 

Par francais.rt.com – le 19 mars 2015

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Pourquoi la Grèce évoque-t-elle un référendum ?

Pourquoi la Grèce évoque-t-elle un référendum ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : le ministre hellénique des Finances Yanis Varoufakis a agité la possibilité d’un référendum ou d’élections anticipées. (Crédits : Reuters)

 

 

Pourquoi la Grèce évoque-t-elle un référendum ?

 

Le ministre hellénique des Finances a indiqué être prêt à revenir devant les électeurs si les réformes du gouvernement ne pouvaient être lancées. La preuve que le jeu entre Athènes et les Européens reste très politique.

 

Alors que les ministres des Finances de la zone euro se retrouvent ce lundi 9 mars pour examiner les premiers détails des réformes proposées par Athènes, il semble désormais évident que l’accord arraché le 20 février dernier pour la poursuite du financement issue du mémorandum de 2012 n’était bien qu’une paix armée. Plus que jamais, le bras de fer entre la Grèce et ses « partenaires européens » semble se poursuivre.

 

 

La situation de trésorerie tendue de la Grèce

 

La raison en est simple. Cet accord n’a en réalité rien réglé. Ni à court terme ni à long terme. À court terme, d’abord, la situation de la trésorerie de l’État grec est particulièrement préoccupante. Athènes a remboursé vendredi 6 mars une première échéance du FMI de 310 millions d’euros, mais il lui reste encore 1,5 milliard d’euros à débourser d’ici à la fin du mois pour payer l’institution de Washington. La prochaine échéance est celle de vendredi 13 mars, puis viendront celles du 16 et du 20 mars. Cette facture n’est pas anecdotique : elle représente un tiers des dépenses normales mensuelles du pays. Bref, les besoins sont énormes, alors même que les revenus s’affaiblissent.

 

Or, la situation de trésorerie de la Grèce est très tendue. Les recettes ont été en janvier inférieures d’un milliard d’euros à ce qui était prévu. Ceci s’explique certes par les incertitudes politiques et liées aux négociations européennes, mais pas seulement. La conjoncture a commencé à se dégrader dès l’automne et il convient de ne pas oublier que le pays est en proie à une déflation sévère (les prix ont reculé sur un an de 2,8 % en janvier) qui pèse sur les finances publiques. De fait, il semble délicat pour Athènes de pouvoir faire face à l’ensemble de ses engagements en mars et encore moins en avril.

 

Car, rappelons-le, l’accord du 20 février ne prévoyait de verser les fonds encore disponibles du Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF) que contre la mise en place de réformes. Ce sont donc aux « institutions », Eurogroupe et FMI, d’estimer l’avancée de ces réformes et de libérer l’argent. Athènes espérait que la BCE allait autoriser le relèvement du montant des bons à court terme que l’État (T-Bills) pouvait émettre afin d’attendre la libération du financement. Les banques grecques auraient ensuite acheté ces bons grâce au maintien de leur accès à la liquidité d’urgence de la BCE (le programme ELA).

 

 

Le nœud coulant

 

Mais, accepter de relever le plafond des T-Bills eût signifié, pour les Européens, donner à la Grèce du temps. Du temps que le gouvernement d’Alexis Tsipras aurait pu mettre à profit pour lancer son programme de lutte d’urgence contre la pauvreté ou d’autres mesures phares du programme de Syriza. Tandis que, tant que le gouvernement doit courir après le moindre centime d’euros pour boucler ses fins de mois, il ne peut rien engager de sérieux pour le pays. Donner du temps à la Grèce, ce serait lui donner de la liberté. Et c’est précisément cela que les Européens cherchent à éviter.


Aussi la BCE s’est-elle empressée de refuser tout relèvement du plafond des T-Bills. Et le pouvoir reste-t-il dans les mains de l’Eurogroupe et de la BCE qui, pour libérer l’argent du FESF et de l’ELA au compte-goutte, peuvent dicter ses conditions à un gouvernement hellénique aux abois. On a vu ainsi lundi matin, Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe estimer que les propositions de réformes grecques sont « loin d’être complètes. »  C’est ce fameux « nœud coulant » dont parle Alexis Tsipras dans son interview au Spiegel.

 

 

Motivations politiques

 

Mais l’intérêt de ce nœud coulant est, en réalité, politique. Athènes ne cesse en effet de proposer des réformes et les Européens ne cessent de faire les bégueules face à ces propositions, demandant davantage ou demandant à voir. C’est qu’en réalité l’essentiel n’est pas là : il réside dans le refus de définir une nouvelle voie pour la Grèce. Depuis le 25 janvier, la politique européenne ne vise en effet qu’à discréditer l’option Syriza, pour prouver aux Européens l’inutilité de tels votes pour faire un exemple. Il s’agit de prouver par les faits qu’aucune alternative n’est possible.

 

Or, l’asphyxie par la trésorerie est une méthode sûre. D’abord, elle paralyse le gouvernement et l’empêche d’agir. Ceci sape progressivement sa popularité, puisqu’il est incapable de réaliser ses promesses, ni même de les engager et que la situation économique se dégrade. Ceci sape ensuite l’unité de la coalition en renforçant l’aile gauche de Syriza qui est évidemment légitime pour dénoncer cette paralysie et le pouvoir donné aux Européens. Enfin, en ne délivrant les fonds qu’à ses conditions, l’Eurogroupe peut espérer imposer la poursuite de « son » programme de réformes afin de pouvoir proclamer sur pièce la « conversion au bon sens » de Syriza. Bref, derrière l’apparente querelle de trésorerie se cachent de véritables buts politiques.

 

 

Clarifier le mandat de Syriza

 

On ne s’étonnera guère alors de voir la Grèce répondre par des moyens politiques. C’est le sens principal des propos de Yanis Varoufakis dimanche 8 mars dans son interview à la Corriere della Sera : si l’Europe serre trop le nœud, alors le gouvernement devra le faire trancher par un choix démocratique, référendum ou élections anticipées. Autrement dit, ce sera au peuple grec de décider s’il entérine ou non la volonté européenne de « faire comme auparavant », stratégie qui domine le jeu des pays de la zone euro depuis les élections du 25 janvier.


L’enjeu n’est donc pas, en soi, la sortie de la zone euro de la Grèce, mais bien la capacité du nouveau gouvernement grec à modifier la logique de la politique économique de la Grèce dans la zone euro face à des Européens qui refusent ce changement. D’où le correctif de Yanis Varoufakis qui a précisé que le référendum ne porterait pas sur l’euro, mais sur les réformes.

 

Reste que, au final, ceci risque bien de revenir au même. L’objet d’un tel scrutin sera de préciser le mandat de Syriza. Celui que le parti a reçu le 25 janvier est en effet ambigu : demeurer dans la zone euro tout en changeant de logique économique. À partir du moment où la zone euro indique qu’il n’est pas possible de modifier cette logique, ce mandat tombe de lui-même et il est naturel que le gouvernement grec recherche les moyens de disposer d’un nouveau mandat. Quel sera ce mandat ? Il semble évident que si la question est posée, Syriza ne pourra pas faire l’économie d’une clarification sur la question du Grexit. Dès lors que l’on ne peut appliquer un programme dans le cadre de la zone euro, le choix démocratique devra permettre de trancher entre l’obéissance et la rupture.

 

 

Jeu d’équilibriste

 

Pour les Européens, ce jeu est dangereux. Certes, ils pourraient tenter le diable et se dire que les Grecs refusant, quoi qu’il arrive, de sortir de l’euro, pourraient accepter l’obéissance et ainsi valider leur stratégie. Mais si Syriza dispose in fine d’un mandat clair sur le Grexit, sa position dans la négociation, et notamment dans celle qui finira inévitablement par s’ouvrir concernant la restructuration de la dette sera renforcée. L’accord du 20 février a montré aussi que le Grexit n’était pas une option souhaitée par les Européens et c’est pourquoi Wolfgang Schäuble, le ministre fédéral allemand des Finances, a dû adoucir un discours qui visait, jusqu’alors, au rejet de la Grèce de l’Union monétaire.

 

Comme au cours du mois de février, on risque donc d’assister à un jeu d’équilibriste entre des Européens soucieux d’imposer leur logique sans entraîner la rupture et des Grecs soucieux d’imposer leur programme en évitant la faillite. Mais ce jeu ne sera que temporaire. Avec l’approche de l’échéance du mois de juin et les remboursements de près de 10 milliards d’euros dus cet été, va se dresser un nouveau choix : celui d’une restructuration de la dette ou d’un nouveau mémorandum. C’est sans doute aussi dans cette perspective que Yanis Varoufakis a tenu à présenter l’option du référendum. Car c’est alors que se prendront les décisions les plus durables et les plus décisives.

 

 

Par Romaric Godin La Tribune – le 9 mars 2015

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Yanis Varoufakis, un brillant scientifique

Yanis Varoufakis, un brillant scientifique | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : le ministre grec des Finances est docteur en économie de l’Université d’Essex (Royaume-Uni), spécialiste en théorie de la négociation. Il a passé plusieurs mois à l’UCL en 1996.

 


Yanis Varoufakis, un brillant scientifique

 

Christian Arnsperger, chercheur FNRS à la Chaire Hoover et professeur à l’Université de Lausanne (depuis septembre 2014) est un proche de Yanis Varoufakis dont il dresse ici un portrait.

 

L’homme qui occupe depuis le 27 janvier 2015 le poste de ministre des Finances de la République grecque est aussi, accessoirement, un ami de la Chaire Hoover d’éthique économique et sociale.

 

Yanis Varoufakis, docteur en économie de l’Université d’Essex (Royaume-Uni), spécialiste en théorie de la négociation et en économie politique « hétérodoxe », a passé plusieurs mois à l’UCL en 1996.

 

À l’époque professeur à l’Université de Sydney, il avait mis à profit son séjour louvaniste pour développer des recherches sur la théorie de la solidarité en collaboration avec Christian Arnsperger, chercheur FNRS à la Chaire Hoover et, depuis septembre 2014, professeur à l’Université de Lausanne (Suisse). Les deux hommes nouèrent à cette époque une profonde amitié aussi bien intellectuelle que personnelle, qui perdure jusqu’aujourd’hui. Entre 1999 et 2006, ils publièrent conjointement plusieurs articles scientifiques sur l’analyse axiomatique de la notion de solidarité et sur la critique épistémologique de l’économie néoclassique.

 

Aux yeux de Christian Arnsperger, qui est loin d’être seul à être de cet avis, Yanis Varoufakis, bientôt âgé de 54 ans, est l’un des économistes « anti-néoclassiques » les plus brillants de sa génération. Grand connaisseur des méthodes mainstream qu’il maîtrise parfaitement et qu’il a enseignées des décennies durant en Angleterre, en Australie et à l’Université d’Athènes, il occupe depuis 2000 un poste de professeur en Grèce et y a mis sur pied l’un des diplômes de Doctorat les plus originaux d’Europe (nommé UADPhilEcon), combinant formation technique « standard » et ouverture à la critique épistémologique et politique de l’économie comme science sociale.

 

Poussé à s’expatrier, comme tant d’autres de ses compatriotes, par la crise de 2008 et les ravages des politiques d’austérité, il est depuis 2013 professeur invité à l’Université d’Austin au Texas, où il collabore avec l’économiste James Galbraith, fils du grand John Kenneth Galbraith et critique farouche d’une « austérité néolibérale » qui, sur la base d’hypothèses économiques fallacieuses, engendre la pauvreté collective au prétexte illusoire de relancer des économies exsangues.

 

Penseur profond des rouages inégalitaires du capitalisme, inspiré depuis sa prime jeunesse par les grandes figures de l’économie radicale américaine que furent Paul Baran, Paul Sweezy et Harry Magdoff, le théoricien Varoufakis est – au nom même de convictions ancrées dans un patient travail de réflexion et de critique – un scientifique engagé.

 

Impossible pour lui de dissocier l’engagement méthodologique en faveur d’une analyse « marxienne » des rapports de pouvoir au sein du capitalisme monopolistique et financier actuel, et l’engagement politique envers une Europe et un monde qui ne soient pas l’aire de jeu de logiques d’« empire ».

 

Avant de devenir ministre des Finances, il fut un temps conseiller économique du parti socialiste grec (PASOK), dont il s’éloigna par suite de désaccords sur la posture du gouvernement Papandreou concernant les mesures d’austérité imposées par la « Troïka », pour rejoindre (comme Euclides Tsakalotos et Costas Lapavitsas, deux autres éminents économistes grecs de la même génération) la formation de gauche radicale SYRIZA.

 

Auteur en 2011 d’un ouvrage remarqué et remarquable, The Global Minotaur (qui explique la Grande Récession de 2008 comme l’aboutissement de longues décennies de « financiarisation » du capitalisme à la faveur d’une économie américaine surdimensionnée), Yanis Varoufakis a également, dès 2009, fait circuler avec son collègue Stuart Holland une « proposition modeste » (qui en est aujourd’hui à sa version 4.0) pour la réforme des institutions et du mode de fonctionnement de la zone europroposition scientifiquement fondée qu’il tente actuellement de mettre en pratique politiquement dans les négociations sur le rééchelonnement de la dette de son pays.

 

 

 

Pour aller plus loin

 

 

Par l’Université catholique de Louvain – février 2015

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Grèce - Yanis Varoufakis : « Nous ne sommes même pas tombés d’accord sur le fait de ne pas être d’accord »

Grèce - Yanis Varoufakis : « Nous ne sommes même pas tombés d’accord sur le fait de ne pas être d’accord » | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Grèce - Yanis Varoufakis :

« Nous ne sommes même pas tombés d’accord

sur le fait de ne pas être d’accord »

 

Les ministres grec et allemand des Finances Yanis Varoufakis et Wolfgang Schäuble se sont exprimés devant la presse jeudi après leur rencontre à Berlin. La question de la dette grecque et de son remboursement, selon Varoufakis, n’a pas été abordée : les pourparlers auraient concerné l’avenir de l’UE en général.

 


  

Par RT France – le 6 février 2015


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LES TERMES DE LA CAPITULATION GRECQUE PAR YANIS VAROUFAKIS

LES TERMES DE LA CAPITULATION GRECQUE PAR YANIS VAROUFAKIS | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


LES TERMES DE LA CAPITULATION GRECQUE

PAR YANIS VAROUFAKIS

 

Yanis Varoufakis a posté sur son blog des remarques critiques sur la Déclaration du Sommet Européen du 12 juillet 2015. Pour lui, cette Déclaration devrait entrer dans l’histoire sous l’appellation « Les Termes de la Capitulation Grecque ».

 

Dans le texte qui suit, les remarques de Yanis Varoufakis sont mises en italiques gras et entre crochets. Dans son court texte d’introduction, Y.V. nous invite à « lire » et à « pleurer ».

Ce texte souligne s’il en était besoin la gravité tragique de la Capitulation grecque, entérinée mercredi soir par le vote du Parlement Grec.

 


DÉCLARATION DU SOMMET EUROPÉEN, 12 JUILLET 2015

 

Le Sommet Européen souligne le besoin crucial de rétablir la confiance avec les Autorités Grecques  [le gouvernement grec doit instaurer une nouvelle austérité encore plus drastique frappant les Grecs les plus vulnérables, qui ont déjà énormément  souffert], condition préalable à un éventuel futur accord sur un nouveau programme du MES [pour le prolongement d’un prêt non viable]. À cet égard, il est essentiel que la maîtrise du processus revienne aux autorités grecques [le gouvernement Syriza doit reconnaître dans une déclaration qu’il a enfreint la « logique » de la troïka], et que les engagements politiques pris dans ce contexte soient suivis d’une mise en œuvre effective.

 

On attend d’un membre de la zone euro demandant l’assistance financière du MES qu’il adresse, dans la mesure du possible, une requête similaire au FMI. Il s’agit d’une condition préalable pour que l’Eurogroupe accepte un nouveau programme du MES. La Grèce devra donc demander au  FMI la poursuite de son soutien (contrôle et financement) à partir de mars 2016 [Berlin continue à croire que la Commission n’est pas digne de confiance pour « faire la police » de ses propres programmes de « sauvetage »].

 

Vu la nécessité de rétablir la confiance avec la Grèce, le Sommet de la zone euro se félicite que les autorités grecques aient pris l’engagement de légiférer sans délai sur un premier ensemble de mesures [la Grèce doit se soumettre elle-même à une « torture par l’eau » (waterboarding) fiscale, avant même toute proposition de financement]. Ces mesures, prises en accord total et préalable avec les institutions, porteront sur :

 

Pour le 15 juillet,

  • la rationalisation du régime de la TVA [la rendant plus régressive par l’augmentation des taux de TVA qui vont encourager la multiplication des fraudes] et l’élargissement de l’assiette fiscale pour augmenter les recettes [qui va asséner un coup majeur à la seule industrie grecque en croissance - le tourisme].
  • des mesures immédiates pour améliorer la viabilité à long terme  du système des retraites dans le cadre d’un programme global de réforme des retraites [c’est-à-dire réduire les plus petites des petites retraites, en prétendant ignorer que  la déplétion du capital des fonds de pension est due au PSI forgé par la troïka en 2012, et aux effets délétères du chômage et du  travail payé non déclaré].
  • la garantie de la pleine indépendance juridique de ELSTAT [la troïka exige le contrôle total de la façon dont l’équilibre du budget de la Grèce est calculé, dans l’idée de contrôler pleinement la magnitude de l’austérité qu’elle impose au gouvernement].
  • la pleine mise en œuvre des dispositions pertinentes du Traité sur la Stabilité,  la Coordination et la Gouvernance au sein de l’Union Economique et Monétaire, en particulier en rendant le Conseil budgétaire opérationnel avant la finalisation du protocole d’accord et en introduisant  des coupures de dépenses quasi automatiques en cas de dérapages par rapport à des objectifs ambitieux d’excédents primaires,  après avoir sollicité l’avis du Conseil budgétaire et sous réserve de l’accord préalable des Institutions [le Gouvernement Grec, qui sait que les objectifs fiscaux imposés ne seront jamais atteints sous le régime d’austérité imposé, doit automatiquement augmenter l’austérité qui est en fait dû aux plus récents échecs de la troïka].

 

Pour le 22 juillet

 

  • L’adoption du Code de Procédure Civile, qui est une révision majeure des procédures et modalités propres au système de justice civile et peut significativement accélérer le procédures judiciaires et réduire les coûts dans ce domaine [en clair, des saisies, des expulsions et la liquidation de milliers de maisons et de lieux d’activités dont les propriétaires ne sont pas en mesure de rembourser les emprunts et hypothèques].
  • La transposition de la directive relative au redressement des banques et à la résolution de leurs défaillances, avec le soutien de la Commission Européenne.

 

Ce n’est qu’après - et immédiatement après - que les quatre premières mesures susmentionnées auront fait l’objet d’une mise en œuvre au plan juridique et que le Parlement grec aura approuvé tous les engagements figurant dans le présent document, avec vérification par les institutions et l’Eurogroupe, qu’une décision pourra être prise donnant mandat aux institutions de négocier un protocole d’accord [le gouvernement Syriza doit être  de plus en plus humilié au point qu’il est obligé, avant de demander un nouveau prêt de sauvetage toxique, d’imposer une austérité drastique,  alors qu’on sait dans le monde entier que  Syriza y  est opposé]. Cette décision devrait être prise après l’achèvement des procédures nationales et si les conditions préalables de l’Article 13 du Traité ESM ont été respectées sur la base de l’évaluation mentionnée dans l’Article 13.1.

 

Afin de pouvoir servir de base à la conclusion positive du protocole d’accord, les mesures de réforme proposées par la Grèce doivent être sérieusement renforcées compte tenu de la dégradation économique et budgétaire du pays au cours de l’année précédente [le gouvernement Syriza doit accepter de mentir en disant que c’est lui,  et non la tactique d’asphyxie des créanciers, qui a causé la détérioration économique aiguë des six derniers mois - on demande à la victime d’endosser la faute du bandit]. Le gouvernement grec doit formellement s’engager à renforcer ses propositions [en fait, les rendre plus régressives et plus inhumaines] dans un certain nombre de domaines identifiés par les Institutions, en les accompagnant d’un calendrier suffisamment précis pour ce qui concerne la législation et la mise en œuvre, y compris des critères de référence structurels, des échéances  et des critères de référence quantitatifs, montrant clairement l’orientation des politiques à moyen terme.  

Le gouvernement doit notamment, en accord avec les Institutions :

  •  Réaliser une réforme ambitieuse des retraites [en fait, des coupes] et engager des mesures pour compenser l’impact fiscal de la Décision de la Cour Constitutionnelle relative à la réforme des retraites 2012 [annuler la décision de la Cour en faveur des retraités] et mettre en œuvre la clause de déficit zéro [réduire de 85 % les retraites complémentaires que le gouvernement Syriza s’est battu bec et ongles pour préserver pendant les cinq derniers mois] ou prendre des mesures alternatives mutuelles acceptables  [trouver des victimes « équivalentes »] d’ici octobre 2015 ;
  • Adopter des réformes plus ambitieuses du marché des produits assorties d’un calendrier clair pour la mise en œuvre des recommandations  de l’OCDE I pour l’évaluation de la concurrence [les recommandations auxquelles l’OCDE a maintenant renoncé après avoir reconçu ces réformes en collaboration avec le gouvernement Syriza], y compris pour l’ouverture des magasins le dimanche, les périodes des soldes, la propriété des pharmacies, des laiteries et des boulangeries, à l’exception des produits pharmaceutiques en vente libre, qui seront mis en œuvre dans une prochaine étape, ainsi que l’ouverture de professions fermées essentielles au niveau macro-économique (par exemple les transports par ferry). Selon les recommandations de l’OCDE II, l’industrie manufacturière doit être incluse dans les actions préalables.
  • Sur les marchés de l’énergie, continuer la privatisation de l’opérateur du réseau de distribution d’électricité (ADMIE), à moins que l’on puisse trouver des mesures de remplacement  permettant la mise en concurrence, comme convenu par les Institutions [l’ADMIE sera liquidé sur l’ordre des Institutions au profit d’intérêts étrangers spécifiques].
  • Sur le marché du travail, examiner rigoureusement et moderniser les conventions collectives du travail [s’assurer que l’on ne permet aucune négociation collective], l’action syndicale [l’interdire] et, conformément à la directive appropriée et aux bonnes pratiques de l’Union européenne, des procédures de licenciement collectif [laissées au gré des employeurs], en suivant le calendrier et l’approche convenus avec les Institutions [la Troïka décide]. Sur la base de ces réexamens, la politique du marché du travail devrait être alignée sur les meilleures pratiques internationales et européennes, sans retour aux politiques  antérieures qui sont incompatibles avec des objectifs de croissance durable et inclusive [il ne devrait y avoir aucun mécanisme qui permette aux salariés de demander aux  employeurs de meilleures conditions de travail].
  • Adopter les mesures nécessaires pour renforcer le secteur financier, y compris des mesures radicales concernant les prêts non performants [un tsunami de saisies est en vue] et des mesures pour renforcer la gouvernance du Fonds Hellénique de stabilité financière (HFSF) et des banques [les personnes grecques qui gèrent le HFSF et les banques auront précisément un contrôle zéro sur le HFSF et les banques], en particulier en éliminant toute possibilité d’interférence politique dans processus de nomination [sauf l’interférence politique de la Troïka].

 

Par ailleurs,  les autorités grecques prendront les mesures suivantes :

  •  Élaborer un programme de privatisation nettement plus  étoffé avec une meilleure gouvernance ; des actifs grecs de valeur seront transférés dans un fonds indépendant qui monétisera les actifs par des privatisations et d’autres moyens [un Treuhand, semblable à celui de l’Allemagne de l’Est, est prévu pour liquider toute la propriété publique grecque, mais sans que soient envisagés les grands investissements que l’Allemagne de l’Ouest a faits en Allemagne de l’Est pour compenser le désastre Treuhand].  La monétisation des actifs constituera  une source de remboursement du  nouveau prêt de MES et produira sur la durée un total fixé à 50 milliards de €,  dont  25 milliards seront utilisés pour le remboursement de recapitalisation de banques et d’autres actifs, et 50 % de chaque euro restant (c’est-à-dire 50 % des 25 milliards de €) seront utilisés pour diminuer le ratio d’endettement, et les 50 % restants seront utilisés pour des investissements [la propriété publique sera liquidée et des sommes pitoyables iront vers l’entretien d’une dette insoutenable - il ne restera plus rien pour des investissements publics ou privés]. Ce fonds serait établi en Grèce et géré par les autorités grecques sous la surveillance des Institutions européennes concernées [il sera nominalement en Grèce, mais en fait, comme le HFSF ou la Banque de Grèce, il sera contrôlé entièrement par les créanciers]. En accord avec les  Institutions et sur la base des  bonnes pratiques internationales, un cadre législatif devrait être adopté pour garantir des procédures transparentes et une valorisation adéquate des ventes d’actifs, conformément aux principes et normes de l’OCDE sur la gestion des Entreprises publiques [la Troïka fera ce qu’elle veut].
  • Conformément aux ambitions gouvernementales grecques, moderniser et renforcer l’administration publique grecque,  et mettre en place,  sous les auspices de la Commission européenne, un programme pour renforcer et dépolitiser les capacités de l’administration grecque [transformer la Grèce en une zone de non-démocratie modelée sur Bruxelles, une forme de gouvernement censément technocratique, politiquement toxique et macro-économiquement inepte]. Une  première proposition devrait être présentée d’ici le 20 juillet après des discussions avec les Institutions. Le gouvernement grec s’engage à réduire encore plus les coûts de l’administration publique  [réduire les plus bas salaires et augmenter un peu les salaires de certains des apparatchiks favorables à la Troïka] conformément à un calendrier établi convenu avec les Institutions.
  • Normaliser entièrement les méthodes de travail avec les Institutions, y compris pour le travail devant être fait à Athènes, afin d’améliorer la mise en œuvre et le suivi du programme [la Troïka rend les coups et exige que le gouvernement grec l’invite à venir à Athènes en Conquérant - la Paix carthaginoise dans toute sa splendeur]. Le gouvernement doit consulter les Institutions et obtenir leur accord sur tout  projet de loi dans les domaines concernés, avant de les soumettre à la consultation publique ou au Parlement [le Parlement grec doit, de nouveau, après cinq mois de brève indépendance, devenir une annexe de la Troïka -  faisant mécaniquement passer des lois traduites]. Le Sommet de la zone euro souligne de nouveau que la mise en œuvre est l’élément-clé et que dans ce contexte il se félicite que les autorités grecques aient l’intention pour le 20 juillet  de demander le soutien des Institutions et des États membres en vue d’une assistance technique, et demande à la Commission européenne de coordonner cette assistance de l’Europe.
  • À l’exception de la loi concernant la  crise humanitaire, le gouvernement grec réexaminera en vue de les  modifier les législations qu’il avait adoptées et qui sont contraires à l’accord du 20 février, puisqu’elles constituent un retour en arrière par rapport aux engagements pris au titre du programme précédent, ou bien il définira des mesures compensatoires clairement équivalentes  pour les droits acquis qui ont été ainsi créés [en plus de promettre qu’il n’aura plus d’autonomie législative, le gouvernement grec annulera rétroactivement tous les projets de loi qu’il a passés pendant les cinq derniers mois].

 

Les engagements listés ci-dessus correspondent au minimum exigé pour commencer les négociations avec les autorités grecques. Cependant, le Sommet de la zone euro a précisé que le fait de commencer des négociations n’exclut pas la possibilité d’un accord final sur un nouveau programme de MES, qui devra être fondé sur une décision concernant l’ensemble du paquet (incluant les besoins de financement, le caractère soutenable de la dette et un financement relai éventuel) [autoflagellez-vous, imposez une nouvelle austérité à une économie écrasée par l’austérité et ensuite nous verrons si l’Eurogroupe vous accordera de nouveaux prêts toxiques insoutenables].

 

Le Sommet Euro prend acte de ce que les besoins de financement  du programme pourraient se situer entre 82 milliards et 86 milliards de €, selon l’estimation des Institutions [l’Eurogroupe a fait état d’une somme énorme, bien supérieure à celle qui est nécessaire, pour signifier que  la restructuration de la dette est hors sujet et que le jeu s’appelle  la servitude de la dette à l’infini]. Il invite les Institutions à explorer des possibilités de réduire l’enveloppe de financement, par une voie budgétaire alternative ou des privatisations accrues [eh oui, peut-être que les porcs voleront].

 

Rétablir l’accès au marché, qui est un objectif de tout programme d’aide financière, diminue la nécessité de puiser dans l’enveloppe totale de financement  [c’est quelque chose que les créanciers éviteront au maximum, par exemple en s’assurant que la Grèce entrera seulement dans le programme de facilitation quantitative de la BCE en 2018, une fois que la facilitation quantitative sera ...close). Le Sommet de la zone euro prend note des besoins de financement urgents de la Grèce, qui rendent d’autant plus nécessaire de progresser rapidement pour décider d’un nouveau protocole d’accord : d’après les estimations, ces besoins s’élèveraient à 7 milliards € d’ici le 20 juillet et à 5 milliards supplémentaires  d’ici la mi-août [une fois de plus on en rajoute et on fait semblant de croire que ça peut marcher].

 

Le Sommet de la zone euro est conscient qu’il importe de veiller à ce que l’État grec souverain puisse régler ses arriérés vis-à-vis du FMI et de la Banque de Grèce et honorer ses titres de créances dans les semaines qui viennent afin de créer les conditions permettant une proche conclusion des négociations. Le risque de ne pas pouvoir conclure rapidement  les négociations demeure entier pour la  Grèce [Encore une fois, on exige que la victime endosse la responsabilité qui incombe au bandit). Le Sommet de la zone euro invite l’Eurogroupe à discuter de ces questions en urgence.

 

Étant donné l’acuité des problèmes rencontrés par le secteur financier grec, l’enveloppe totale d’un nouveau programme éventuel du MES devrait inclure la dotation de 10 à 25 milliards d’Euros pour que le secteur bancaire puisse  faire face aux éventuels besoins de recapitalisations des banques et aux éventuels coûts de résolution, dont  10 milliards seraient rendus immédiatement  disponibles dans un compte séparé au MES [la Troïka admet que la recapitalisation 2013-2014 des banques, qui aurait nécessité  tout au plus 10 milliards, était insuffisante - mais, bien sûr, elle impute l’erreur… au gouvernement Syriza].

 

Le Sommet Euro est conscient qu’une décision doit être prise rapidement sur un nouveau programme pour que les banques puissent rouvrir,  ce qui permettrait d’éviter une augmentation de l’enveloppe de financement totale [la Troïka a fermé  les banques grecques pour forcer le gouvernement Syriza à capituler et elle maintenant elle pleurniche pour leur réouverture]. La BCE/le MSU procèdera à une évaluation exhaustive après l’été. La réserve globale permettra de combler les éventuelles insuffisances de fonds propres suivant l’évaluation complète, après que le cadre juridique aura été appliqué.

 

De sérieux doutes planent quand au caractère soutenable de la dette grecque  [Vraiment ? Ça alors !] Ceci est dû au relâchement des politiques conduites pendant les douze derniers mois, qui ont entraîné la détérioration récente de l’environnement macro-économique et financier) [ce ne sont pas les prêts « de sauvetage » de 2010 et 2012, en synergie avec l’austérité asséchant le PIB, qui ont propulsé la dette à des hauteurs immenses et qui l’ont rendue insoutenable - meuh non, ce sont la perspective future puis la réalité d’un gouvernement qui s’est permis de critiquer le caractère insoutenable des prêts  « de sauvetage »]. Le Sommet de la zone euro  rappelle que les États membres de la zone euro ont, tout au long de ces  dernières années, adopté, pour soutenir la viabilité de la dette grecque, un ensemble remarquable de mesures, qui ont allégé le service de la dette grecque et en ont réduit significativement les coûts [les premier et deuxième programmes « de sauvetage »  ont échoué, la dette montant en flèche comme il se devait  puisque le but réel  des programmes « de sauvetage » était de transférer le poids des pertes bancaires sur les contribuables de l’Europe].

 

En conséquence,  dans le cadre d’un éventuel futur programme MES, et conformément à l’esprit de la déclaration de l’Eurogroupe de novembre 2012 [une promesse de restructuration de la dette faite au gouvernement grec précédent n’a jamais été tenue par les créanciers], l’Eurogroupe se tient prêt à considérer, si nécessaire, la possibilité de mesures supplémentaires (l’allongement des périodes de grâce et des délais de remboursement) avec l’objectif que les besoins bruts de financement restent à un niveau soutenable. Ces mesures seront subordonnées à la mise en œuvre complète des mesures à convenir dans un nouveau programme éventuel et seront envisagées  après le premier examen qui aura abouti à un résultat concluant. [Encore une fois, la Troïka laissera le gouvernement grec ployer sous le poids de la dette insoutenable,  entraînant l’échec du   programme, l’augmentation de la pauvreté et l’effondrement des revenus, alors nous pourrons avoir une petite coupe de la dette, comme la Troïka le fit en 2012].

 

Le Sommet de la zone euro souligne que l’on ne peut pas opérer de décote nominale sur la dette [Le gouvernement Syriza a suggéré, depuis janvier, une restructuration modérée de la dette, sans coupes, maximisant la valeur présente nette attendue des remboursements de la Grèce aux créanciers - proposition qui a été rejetée par la Troïka dont le  but était en fait d’humilier Syriza]. Les autorités grecques réaffirment leur engagement clair  à honorer pleinement et dans le temps imparti leurs obligations financières envers tous leurs créanciers  [Ce qui ne peut se produire sans une restructuration substantielle de la dette].

 

Pour autant que toutes les conditions nécessaires figurant dans le présent document soient remplies, l’Eurogroupe et le Conseil des gouverneurs du MES peuvent, conformément à l’Article 13.2 du Traité instituant le MES, mandater les Institutions pour négocier un nouveau programme du MES si les conditions préalables énoncées de l’Article 13 du traité instituant le MES sont réunies sur la base de l’évaluation visée à l’Article 13.1.

 

Pour soutenir la croissance et la création d’emplois  en Grèce (dans les 3 à 5 prochaines années) [ayant déjà détruit croissance et emplois lors des cinq dernières années…] la Commission travaillera étroitement avec les autorités grecques pour mobiliser jusqu’à 35 milliards d’Euros  (dans le cadre de divers programmes européens) pour financer les activités d’investissement et l’activité économique, y compris au niveau  des PME [elle utilisera le  même volume de fonds structurels, plus de l’argent imaginaire, tout aussi disponible qu’en 2010-2014].

 

À titre de mesure exceptionnelle et vu la situation exceptionnelle de la Grèce, la Commission proposera d’augmenter le niveau de préfinancement d’un milliard d’euros  pour donner une impulsion  immédiate aux investissements, dont se chargeront les colégislateurs de l’Union européenne [Sur les 35 milliards, considérez que ce milliard sera le seul pour de vrai]. Le Plan D’investissement pour l’Europe fournira aussi des possibilités de financement pour la Grèce [le même plan dont la plupart des ministres des Finances de la zone euro parlent comme  d’un programme fantôme].

 

 

 

PAR YANIS VAROUFAKIS (yanisvaroufakis.eu) - okeanews.fr – le 17 juillet 2015

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Pourquoi Valve avait recruté Yanis Varoufakis pour Steam

Pourquoi Valve avait recruté Yanis Varoufakis pour Steam | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Pourquoi Valve avait recruté

Yanis Varoufakis pour Steam

 

 

Personnage central et iconoclaste du gouvernement Tsipras, Yanis Varoufakis a présenté lundi matin sa démission-surprise, après la victoire du « non » au référendum organisé en Grèce. Détesté par l’Eurogroupe qu’il accuse de « terrorisme », il se met en retrait de la scène publique pour faciliter la reprise des négociations. Mais avant de devenir un ministre des finances redouté, Varoufakis avait été recruté par Valve, séduit par la pensée et la rigueur de cet adversaire de l’austérité.

 

« Varoufakis, la seule revue [de sciences économiques] dans laquelle il ait publié, c’est Paris Match, non ? ». La question entendue à la rédaction de BFM Business en dit long sur le mépris irrationnel qui peut sévir à l’égard du désormais ex-ministre des Finances grec Yanis Varoufakis, alors que l’homme de 54 ans, titulaire d’un doctorat de l’Université d’Essex, ancien professeur d’économie à Athènes, Austin, Cambridge, Sydney ou Glasgow, affiche un curriculum vitae bien mieux rempli en la matière que le ministre des Finances de la France, Michel Sapin, qui fit des études d’histoire-géographie avant de rejoindre l’ENA et de faire carrière politique dans l’administration et au PS.

 

Il est toutefois une entreprise, et non des moindres, qui a pris Yanis Varoufakis très au sérieux : Valve. L’entreprise fondée par Gabe Newell a recruté l’économiste fin 2011 pour devenir son « économiste maison », alors que celui-ci ne connaissait strictement rien aux jeux vidéo. « La dernière fois que j’avais joué à un jeu sur ordinateur, c’était Space Invaders à l’Université, en 1981 ou quelque chose comme ça », raconte-t-il. Mais c’est justement ses positions tranchées, mais argumentées sur l’euro, sur la crise de la dette publique et sur le plan d’austérité imposé aux Grecs qui a séduit Gabe Newell et l’éditeur de Steam, la plus grande plateforme mondiale de jeux vidéo dématérialisés au monde.

 

En octobre 2011, Newell a envoyé un simple e-mail à Varoufakis, qui publiait régulièrement ses analyses critiques sur son blog, au sujet de la situation grecque qu’il estimait aggravée par l’austérité imposée par ses créanciers. Valve a vu un parallèle entre la crise de l’euro, due notamment au fait de partager une monnaie commune entre des économies très différentes, et ses propres difficultés à gérer une seule plateforme mondiale pour tous les pays et toutes les économies du monde. 

 

« Nous rencontrons tout un tas de problèmes à mesure que nous faisons croître nos économies virtuelles, et que nous lions nos économies entre elles. Seriez-vous intéressé pour nous conseiller ? », demandait très directement le fondateur de Valve, qui a gagné la curiosité de l’économiste.

 

Un an auparavant Valve avait créé son Porte-monnaie Steam, et semblait hésiter à créer une monnaie virtuelle unique qui permettrait aux joueurs de se parler dans une même « devise » en « points Steam » (ou autres) lors de l’achat ou de la revente d’objets virtuels. 

 

« Je vous suis depuis un moment sur votre blog... Nous discutions ici dans ma société du problème de lier des économies dans deux environnements virtuels (en créant une monnaie partagée), et nous sommes aux prises avec certains des problèmes les plus épineux en matière de balance de monnaie. C’est là que ça m’a sauté aux yeux : « c’est l’Allemagne et la Grèce », une pensée que je n’aurais pas eue si je n’avais pas lu votre blog. Plutôt que de continuer à vous émuler dans ma tête, j’ai pensé qu’il faudrait voir si on ne pourrait pas intéresser le vrai vous à ce que nous faisons ».

 

 

VALVE, UNE ENTREPRISE « SOCIALISTE » ?

 

Quelques jours plus tard, Varoufakis faisait un détour vers Seattle au bout d’un parcours programmé aux États-Unis pour promouvoir un livre sur la crise économique mondiale, et se voyait offrir un job à plein temps. « Un rêve d’économiste qui devient vrai », se réjouit-il en comprenant qu’avec Valve, il devient possible non seulement d’émettre des théories économiques, mais de les vérifier de façon expérimentale en manipulant les données en temps réel des ventes sur Steam et sur différents jeux vidéo de Valve (notamment les échanges d’objets virtuels dans Team Fortess 2), pour voir quels mécaniques fonctionnaient le mieux.

 

En tant qu’économiste en chef chez Valve, Varoufakis s’est aussi fortement intéressé à la structure managériale très particulière de la société, qui ne connaît aucune hiérarchie et fonctionne presque de façon anarchique, avec des résultats pourtant impressionnants malgré les quelque 400 salariés qui se répartissent sur les tâches sur une base de volontariat, et s’autoévaluent entre pairs pour répartir les bonus de rémunération. Gabe Newell a donné à son organisation un fonctionnement atypique, que Varoufakis a lui-même qualifié de « socialiste », et qui semble fonctionner parfaitement. Il était donc naturel qu’il fasse appel à un économiste qui ne cache pas ses vues « marxistes », et naturel que celui-ci accepte l’offre d’emploi, jusqu’à ce que le devoir le rappelle en Grèce.

 

Jusqu’à sa démission de ce lundi matin.

 

 

Par Guillaume Champeau - numerama.com – le 6 juillet 2015.

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Alexis Tsipras signe l’échec du « nœud coulant » européen

Alexis Tsipras signe l’échec du « nœud coulant » européen | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Alexis Tsipras lance un défi aux créanciers de la Grèce qui, pendant quatre mois, ont joué la montre en espérant que, devant les difficultés financières, le nouveau pouvoir grec cèderait à leurs injonctions. (Crédits : FRANÇOIS LENOIR)

 

 

Alexis Tsipras signe l’échec du

« nœud coulant » européen

 

Dans une tribune publiée dans Le Monde, le Premier ministre grec montre sa détermination et place les créanciers face à leurs responsabilités.

 

Depuis son élection à la tête du pays, voici plus de quatre mois, Alexis Tsipras s’était montré discret dans les médias. Il laissait plus volontiers parler ses ministres, en particulier son ministre des Finances, Yanis Varoufakis, qu’il était toujours possible, ensuite, de démentir. Cette fois, dans une tribune publiée sur le site Internet du Monde, le Premier ministre hellénique s’engage directement. Et il ne le fait pas au hasard.

 

 

Dénouement imminent

 

La partie d’échecs qui s’est engagée avec les élections du 25 janvier arrive en effet avec ce mois de juin à son terme. Non seulement le prolongement du programme de soutien à la Grèce décidé le 20 février s’achève le 30 juin, mais il semble désormais certain que l’État grec ne pourra pas honorer les quatre échéances de remboursement au FMI pour un total de 1,6 milliard d’euros. Si le défaut n’intervient pas le 5 juin, il aura lieu le 12...

 

Pendant quatre mois, les créanciers de la Grèce ont joué la montre en espérant que, devant les difficultés financières, le nouveau pouvoir grec cèderait à leurs injonctions. Aussi ont-ils refusé tout compromis, rejetant les unes après les autres les « listes de réformes » présentées par Athènes et maintenant leurs exigences intactes. Cette stratégie a été résumée par Alexis Tsipras en mars dans une de ses rares interviews au Spiegel : « le nœud coulant. » À mesure que le nœud se resserre et que l’asphyxie financière augmente, la résistance grecque va se réduire.

 

 

La mise à jour de la stratégie européenne

 

C’est précisément l’inverse qui s’est produit. Dans sa tribune, Alexis Tsipras se montre déterminé. Il entame son texte par une nouvelle dénonciation de l’impasse des politiques mises en place par les précédents gouvernements et imposées par la troïka, poursuit en rappelant les concessions acceptées par le gouvernement grec et termine en rappelant clairement qu’il maintient ses « lignes rouges » : il n’y aura pas de coupes dans les retraites et il y aura bien rétablissement des conventions collectives. Et de justifier sa position : pourquoi la Grèce ne devrait-elle pas être soumise aux règles européennes en matière du droit du travail ? Comment pourrait-elle accepter de réduire encore des pensions déjà diminuées de 20 à 48 % durant les années d’austérité et qui sont nécessaires au maintien général du niveau de vie dans le pays ?

 

Alexis Tsipras met à jour toute l’absurdité des demandes des créanciers et toute la violence de leur stratégie du « nœud coulant. » Dès lors, il renvoie ces derniers à leurs responsabilités : « Il faut donc dire les choses comme elles sont : si nous ne sommes pas encore arrivés à un accord avec nos partenaires, ce n’est pas à cause de notre intransigeance ou de positions incompréhensibles. Cela serait plutôt à cause de l’obsession de certains représentants institutionnels qui insistent sur des solutions déraisonnables en se montrant indifférents à l’égard du résultat démocratique des récentes élections législatives en Grèce ainsi qu’à l’égard des positions d’institutions européennes et internationales qui se disent prêtes à faire preuve de flexibilité pour respecter le verdict des urnes. »

 

 

Qui doit « revenir sur terre » ?

 

La situation est alors entièrement inversée. Ce n’est plus la Grèce qui doit venir mendier un accord, ce n’est plus le gouvernement grec qui doit « revenir sur terre », pour reprendre la formule méprisante à la mode en février et en mars dans la presse européenne, mais bien les créanciers. Ce sont désormais à eux de prendre conscience de la « réalité » des concessions grecques et de la « réalité » d’une économie grecque saignée par leur blocage. Ce sont à eux désormais que revient de prendre leur part de concession nécessaire à tout compromis en acceptant les « lignes rouges » du gouvernement grec. Alexis Tsipras ne cache pas, en effet, sa détermination.

 

 

Le refus de la zone euro « à deux classes »

 

Sans jamais évoquer ni le Grexit, ni le défaut (c’est sa position depuis le début et ce serait suicidaire dans le contexte économique et financier actuel), le Premier ministre hellénique met au défi les partisans de la « ligne dure » d’aller jusqu’au bout. Il le fait en se plaçant non pas au niveau économique, mais au niveau politique. Pour lui, faire céder la Grèce reviendrait à créer une zone euro à deux vitesses, avec un « cœur » qui dicterait sa loi : « les règles dures d’austérité et d’ajustement » et un « super ministre des Finances » qui imposerait ces « règles », au mépris même des choix des peuples concernés. Or, Alexis Tsipras ne cache pas que cette option est pour lui « le début de la fin » de la zone euro. Autrement dit, la Grèce ne semble pas disposée à jouer dans cette partie. Comprenez à demi-mot : à rester dans une telle zone euro.

 

Et Alexis Tsipras de poursuivre que cette stratégie menée par les créanciers « comporte des grands risques et ceux qui la soutiennent ne semblent pas en tenir compte », notamment l’inauguration d’un « processus d’incertitude économique et politique qui pourrait aussi transformer de fond en comble les équilibres dans l’ensemble du monde occidental. » Très clairement, le Premier ministre grec fait ici référence au Grexit et à ses conséquences. Il fait écho aux nombreuses inquiétudes de plusieurs économistes et des dirigeants étatsuniens. La conclusion de la tribune où Alexis Tsipras fait référence à l’ouvrage de Hemingway « Pour qui sonne le glas » est sans équivoque : prendre le risque de pousser la Grèce hors de la zone euro, ce serait, pour les Européens, creuser aussi le tombeau de la zone euro. Ce serait prendre un risque considérable.

 

 Le Premier ministre grec présente donc un choix politique : construire une zone euro solidaire ou une zone euro qui exclut. Ce choix, à la lecture de la tribune d’Alexis Tsipras, la Grèce semble l’avoir déjà fait. C’est donc maintenant aux dirigeants européens de le faire. Et donc d’évaluer les risques. « La décision repose, non plus entre les mains des institutions qui, à l’exception de la Commission européenne, ne sont pas élues et qui ne rendent pas des comptes aux peuples, mais entre les mains des leaders de l’Europe. »

 

 

Le défi lancé par Athènes

 

Ce mouvement tactique d’Alexis Tsipras est particulièrement habile. Désormais, c’est lui qui fixe les règles du jeu. Il semble déterminé, quoi qu’il en coûte, à camper sur ses positions. Le temps joue à présent contre les créanciers qui doivent faire un choix où ils seront perdants à tous les coups : céder à Athènes sera une défaite politique, malgré les concessions grecques, mais pousser la Grèce au Grexit sera un désastre. Le « nœud coulant », par la capacité étonnante de résistance d’Alexis Tsipras s’est donc retourné contre ses adversaires. Si la Grèce saute dans l’inconnu, elle emporte avec elle la zone euro, prétend le Premier ministre. Certains estiment que ce ne sera pas le cas. Mais les dirigeants européens sont-ils prêts à tenter l’expérience ? Sont-ils prêts à prendre le risque de « tester » les fameux « pare-feu » qui n’ont jamais été testés ? Sont-ils prêts à créer un précédent et à mettre fin à l’irréversibilité de l’euro ? Alexis Tsipras se place dans la position du Comte D’Anteroches à Fontenoy et proclame : « messieurs les créanciers, tirez les premiers ! »

 

 

Appel à Angela Merkel

 

Cette tribune s’adresse aussi directement à Angela Merkel. La critique de l’intransigeance et des buts des créanciers est en réalité une critique de son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble qui n’a jamais caché sa préférence pour le Grexit. Alexis Tsipras envoie donc ce message à Berlin : Wolfgang Schäuble peut « gagner », il peut parvenir à ses fins s’il n’est pas stoppé par la chancelière, car la Grèce ne cèdera pas au chantage. Il ne peut donc plus être utilisé comme simple « menace » destinée à effrayer. D’où cette demande d’Alexis Tsipras de régler le problème grec au niveau des chefs de gouvernement. Si Angela Merkel ne prend pas la situation en main, si elle laisse Wolfgang Schäuble décider, alors elle mettra en péril le projet européen. Or, le Premier ministre grec sait bien qu’elle ne le veut pas. Décidément, Alexis Tsipras vient de donner une belle leçon de stratégie à tous les gouvernements européens : il est possible de résister à Angela Merkel. Pour certains, comme François Hollande, la leçon est sans doute cruelle...

 

 

 

Par Romaric Godin - latribune.fr – le 1er juin 2015.


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Grèce : pourquoi le blocage semble indépassable

Grèce : pourquoi le blocage semble indépassable | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Alexis Tsipras a déposé une nouvelle liste de réformes à Bruxelles. (Crédits : reuters.com)

 

 

Grèce : pourquoi le blocage semble indépassable

 

La troisième liste de réformes du gouvernement grec ne semble pas convenir aux Européens. La question de la nature des réformes et l’enjeu politique rendent un accord improbable.

 

Encore une fois, la Grèce a présenté ce week-end une liste de réformes au « groupe de Bruxelles » (nouveau nom trouvé à la troïka qui regroupe les représentants du FMI, de la Commission européenne et Banque Européenne). Et encore une fois, la situation semble bloquée. Le jeu du chat et de la souris continue, pendant que la situation de l’économie grecque se détériore à vue d’œil.

 

 

La troisième liste de réformes grecques

 

Le vendredi 27 mars, Athènes a donc envoyé à Bruxelles une nouvelle — la troisième — liste de réformes. D’après ce qu’on en sait, les autorités grecques prévoient de dégager avec ces réformes 3 milliards d’euros et un excédent primaire de 1,5 % du PIB en 2015 — cet objectif a toujours été celui visé par Syriza. Le tout avec une croissance estimée à 1,4 % qui semble optimiste, mais rappelons que le 20 février, l’Eurogroupe avait promis de définir l’objectif d’excédent primaire « en relation avec les circonstances économiques. »

 

Que prévoit exactement cette « liste de réformes » qu’Alexis Tsipras avait promise à ses partenaires européens à l’issue du mini-sommet du 19 mars ? Il s’agirait d’abord largement d’améliorer les rentrées fiscales du pays, notamment par une modernisation de la collecte d’impôts, et sur le combat contre l’évasion fiscale. Le gouvernement grec entend aussi vendre des licences de jeux en ligne et de radiodiffusion (les licences de télévision n’ont jamais été officiellement attribuées) et prend en considération certaines privatisations. Un relèvement progressif de 42 % à 45 % du taux supérieur d’imposition sur le revenu (un des plus aisés à collecter, car prélevés à la source) est également au menu.

 

Globalement, cette liste ressemble aux deux précédentes envoyés les 23 février et 6 mars. Athènes serait cependant prête à relever certains taux de TVA sur les produits de luxe et sur les boissons alcoolisées pour satisfaire ses partenaires européens, mais on est loin du programme qui avait « fuité » dans la presse allemande lundi 23 mars et qui prévoyait un relèvement de la TVA sur les séjours dans les îles égéennes et un relèvement de l’âge légal de départ à la retraite. Cette « fuite » apparaît désormais plus comme un message envoyé aux autorités grecques que comme une « information » issue de ces dernières.

 

 

Blocage entre Bruxelles et Athènes

 

Au regard de ce programme, il semble évident qu’Alexis Tsipras n’a pas cédé aux vœux des Européens. Il a repris et développé ses « réformes » précédentes. Déjà, ce lundi 30 mars, les informations qui transpiraient dans le Wall Street Journal laissaient entendre que le « groupe de Bruxelles » n’était guère satisfait de cette liste qui était jugée « incomplète et trop imprécise. » Du reste, il semble improbable qu’un accord soit trouvé cette semaine, notamment après l’Eurogroupe téléphonique prévue ce mercredi. On n’a donc en réalité guère avancé.

 

Pourquoi ? Là encore, les informations parues dans la presse financière anglo-saxonne ne laissent aucun doute. Le refus de cette liste de réformes repose sur l’absence de deux réformes : celle des retraites et celle du marché du travail. Il semble désormais évident que le « groupe de Bruxelles » ne donnera son feu vert au financement grec que si et seulement si le gouvernement d’Athènes accepte de mettre en place ces deux réformes. On conçoit donc dans ces conditions la réalité de l’initiative théoriquement laissée au gouvernement grec pour réaliser sa liste de réformes.

 

 

Les deux raisons de la position des créanciers

 

Pourquoi les créanciers insistent-ils sur ces deux réformes ? Pour deux raisons. La première est financière. Les dirigeants européens et leurs administrations sont persuadés que ces « réformes structurelles » sont des leviers de croissance potentielle qui, en favorisant la compétitivité coût du pays, lui permettront de mieux rembourser ses dettes. Mais au-delà de cette position, il existe évidemment aussi une raison politique (car rappelons que c’est là le seul véritable objectif de ce groupe de créanciers). Mais il serait naïf de ne pas non plus y voir un but politique : en faisant accepter ces mesures par un gouvernement « de la gauche radicale », on fait évidemment perdre toute radicalité à ladite gauche, on fait plier Syriza et on le ramène dans la logique économique qui est celle de la zone euro : seules les « réformes » qui visent à réduire le coût du travail sont d’authentiques réformes. La victoire que visent les créanciers est aussi idéologique. Il s’agit de détruire toute alternative.

 

On voit donc mal les Européens céder sur ces principes. Du reste, leur attitude prouve qu’ils n’y sont pas prêts. Depuis le 20 février, ils rejettent systématiquement les propositions de réformes venant d’Athènes afin d’imposer — sous la pression d’une situation financière et bancaire de plus en plus tendue — « leurs » réformes. Alexis Tsipras peut-il alors céder ? En réalité, le contenu de cette troisième liste montre aussi que le gouvernement grec est arrivé au bout de ses concessions. Contrairement à ce qu’on pouvait attendre la semaine passée, il n’y a pas eu de reddition de l’exécutif hellénique. Il y a eu quelques concessions supplémentaires, par exemple, sur des mesures ciblées de TVA et sur les privatisations, mais l’essentiel, le rejet de la logique austéritaire est conservé.

 

 

La réhabilitation de la parole politique en Grèce

 

Surtout, là aussi, il semble peu probable qu’Athènes cède sur les deux « réformes » exigées par les Européens. D’abord, parce qu’elles seraient en contradiction totale avec les engagements de Syriza et ses alliés. Certes, les promesses, peut-on dire, sont faites pour être oubliées. Sauf que Syriza a déjà oublié plusieurs de ses promesses : le gouvernement a ainsi convenu qu’il fallait relever progressivement le salaire minimum. On peut imaginer qu’il puisse renoncer à la réévaluation des retraites. Mais ce que demandent les Européens est différent : c’est un oubli total des engagements par l’adoption d’une politique opposée à celle visée par Syriza. Or, les Européens oublient ce que peut valoir le respect de la parole politique dans un pays où elle a tant été dévaluée. La popularité d’Alexis Tsipras tient à ce respect de ses engagements et c’est une popularité qui dépasse les seuls rangs de Syriza. Quiconque s’est rendu en Grèce pendant la campagne électorale a pu mesurer les attentes de ce point de vue. Trahir cette attente serait mettre en danger rien moins que la démocratie hellénique. Alexis Tsipras n’est pas prêt à prendre ce risque.

 

 

Le refus de la logique économique des créanciers

 

Mais ce refus se base aussi sur une logique économique qui dénote un fossé immense sur la vision économique. Pour le gouvernement grec, ces réformes désirées par les Européens sont des mesures austéritaires. Elles ne permettront pas le redressement du pays. Du reste, n’oublions pas que le gouvernement précédent, pourtant « pro-européen », n’en voulait pas. Du point de vue grec, en effet, ces réformes représentent un « toujours plus » difficilement acceptable dans un pays qui a perdu plus de 24 % de son PIB et pour une population qui a vu son patrimoine fondre d’un tiers. Sur le marché du travail, ce que veulent les Européens, c’est réduire encore la capacité de négociations collectives salariales des syndicats (on notera que l’on est, ici, assez loin de la fameuse « économie sociale de marché » présentée souvent pourtant comme un modèle pour l’Europe). Or, cette capacité a déjà été largement amputée depuis 2010 et les salaires ont beaucoup baissé en Grèce, sans que pour autant, ni la croissance ni les exportations n’en profitent réellement.

 

Quant au système des retraites, demander de nouvelles coupes ou un allongement du report du départ à la retraite, c’est refuser de voir l’envers de la médaille, notamment le développement de la pauvreté dans le pays et l’importance qu’ont ces retraites pour soutenir le niveau de vie des plus jeunes. C’est aussi refuser de reconnaître que dans un pays où le taux de chômage est de 26 %, il n’y a pas de sens à reporter l’âge légal de départ à la retraite à 67 ans (date totémique qui fait référence à la réforme allemande de 2007 qui prévoit, rappelons-le, l’application de cette réforme en... 2030 et qui a déjà été écornée par le gouvernement d’Angela Merkel qui a permis des départs à 63 ans).

 

 

Sacrifier le « court terme », encore une fois ?

 

Chacun sait que le problème du budget grec, c’est d’abord l’efficacité de la récolte des impôts — le gouvernement grec veut précisément s’y attaquer — et l’absence de vraie croissance dans le pays. Athènes demande que l’on enlève l’épée de Damoclès de ces « réformes » négatives pour l’emploi et la consommation au-dessus du pays afin, précisément, de favoriser la croissance. Face à lui, les Européens reprennent leur vieille chanson des « sacrifices d’aujourd’hui pour le bonheur futur. » Dans un pays dévasté depuis 5 ans par la crise et l’austérité, cette chanson n’est plus à la mode. Non seulement le « court terme » s’est mué en « long terme », mais il semble désormais vain de croire encore que la confiance des investisseurs renaîtra par ce type de « réformes. » Ce qu’il faut à la Grèce, c’est un soutien à sa demande intérieur et un plan de reconstruction industrielle. En théorie, l’intérêt des créanciers serait de participer à cette tâche. Mais la dimension politique de l’affaire leur ôte apparemment le sens de leurs intérêts.

 

 

La rupture inévitable ?

 

Bref, le blocage est total. Alexis Tsipras, par cette troisième liste de réformes a confirmé qu’il ne veut pas des deux « réformes » des retraites et du marché du travail que les Européens placent comme conditions absolues à leur soutien à la Grèce. Comme les créanciers ont tout intérêt à jouer la montre pour que le « nœud coulant » financier se resserre, un compromis est peu probable. La perspective d’une rupture semble désormais de plus en plus proche et il semble que chacun s’y prépare. Lors du défilé de la fête nationale du 25 mars, une femme a lancé un message d’encouragement à Yanis Varoufakis, le ministre hellénique des Finances. Ce dernier a répondu : « il faudra nous soutenir aussi après la rupture. » Faut-il y voir la preuve que cette rupture est acquise ? L’accord avec les créanciers semble en tout cas désormais très difficile.

 

 

 

Par Romaric Godin - latribune.fr – le 30 mars 2015

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EXCLUSIF. Yanis Varoufakis : « Nous ne voulons plus du régime colonial incarné par la troïka »

EXCLUSIF. Yanis Varoufakis : « Nous ne voulons plus du régime colonial incarné par la troïka » | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

PHOTO : LOUISA GOULIAMAK/AFP

 

 

EXCLUSIF. Yanis Varoufakis : « Nous ne voulons plus

du régime colonial incarné par la troïka »

  

Entretien exclusif avec le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis. Extrait.

 

— Pouvez-vous nous expliquer la différence entre la troïka et ce que vous appelez désormais le « Groupe de Bruxelles », qui inclut, outre les représentants de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne (BCE) et du Fonds monétaire international (FMI), ceux du Fonds européen de stabilité financière (FESF) ? La Grèce ne sera-t-elle pas soumise aux mêmes formes de contrôle politique ?

 

Yanis Varoufakis : la principale différence, c’est que durant les cinq dernières années, les gouvernements successifs, en Grèce, étaient complètement dépendants de la volonté des créanciers. Ils ont capitulé face à la logique des créanciers, face à l’Union européenne. Cette dernière a fonctionné comme un despote très dur, qui a imposé à une nation en faillite des prêts dont le but était simple : permettre à l’Europe officielle de prétendre que la Grèce était sauvée tout en restant dans le déni des failles architecturales de la zone euro.

 

La troïka était un groupement de technocrates envoyés en Grèce par nos créanciers pour appliquer un programme inapplicable, un programme qui devait aggraver la crise. Pourquoi ont-ils fait cela ? D’abord parce que, dans la première phase de la crise, après 2010, il y a eu une tentative cynique de transférer les pertes des banques françaises et allemandes vers les contribuables. Ils ont réussi cette opération, tout en prétendant que la crise grecque était réglée. Le coût, et c’est en cela que la troïka est synonyme en Grèce de régime colonial, fut une crise humanitaire massive. Voilà à quoi a servi la troïka.

 

Nous avons été élus parce que le peuple grec a décidé de porter au pouvoir un parti condamnant ce processus. Le traitement administré à la Grèce a échoué. Nous avons été élus pour contester la philosophie et la logique politique du programme d’austérité. Bien sûr, nous appartenons à la zone euro. Nous n’avons pas notre propre banque centrale. Notre point de vue, comme gouvernement de gauche, est qu’il ne faut pas sortir de la zone euro. Nous n’aurions pas dû y entrer. Mais en sortir, dans les circonstances actuelles, causerait une perte massive de revenus et plongerait encore des millions de personnes dans la pauvreté. Sortir de la zone euro n’apporterait au peuple grec aucun progrès. Lorsque vous appartenez à une union, vous devez la réparer, pas la démanteler. Ce qui implique une négociation. À la différence de la troïka, le Groupe de Bruxelles est le fruit de l’accord que nous avons arraché dans la douleur le 20 janvier à l’Eurogroupe.


Nous avons ouvert un nouveau processus. Mesurons le chemin parcouru : au lendemain des élections, les instances européennes nous intimaient l’ordre d’accepter leurs conditions, sous peine de couper les vivres aux banques grecques. Nous avons réussi à convenir d’un règlement créant une situation hybride. Nous mettrons en œuvre notre programme de réformes, nous serons jugés sur cette base. L’ambiguïté persiste, puisque nos interlocuteurs entendent aussi nous juger sur une partie du précédent programme. Le Groupe de Bruxelles témoigne de notre volonté de poser le problème au cœur de l’Europe. Pas dans un avant-poste colonial. Ce n’est pas le régime colonial qui envoie ses technocrates, ses fonctionnaires à la périphérie. Nous sommes désormais dans un processus européen. C’est notre tentative pour regagner la démocratie. Pas seulement pour la Grèce, mais pour toute l’Europe.

 

  

Lire la suite : ici

 

 

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR ROSA MOUSSAOUI ET GAËL DE SANTIS - humanite.fr – le 16 mars 2015

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Grèce : les jeux ne sont pas faits

Grèce : les jeux ne sont pas faits | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : causeur.fr


 

 Grèce : les jeux ne sont pas faits

Par Benito Perez

 

Capitulation ou victoire d’étape ? Depuis la signature vendredi d’un accord entre la Grèce et ses créanciers, des analyses contradictoires se font jour. Une majorité, qui met pour une fois la droite et une part de l’extrême gauche d’accord, estime qu’Athènes a été mis au pas par Berlin. Les libéraux y voient renforcée leur certitude qu’aucune politique alternative n’est possible. Les autres, y compris au sein du parti au pouvoir en Grèce, la confirmation que les dirigeants de Syriza sont bien trop conciliants pour changer le cours de l’histoire européenne.

 

Dans le détail, le constat est plus complexe. Certes, les positions maximalistes des premières semaines ont fait long feu. Le document de réformes rendu hier par Athènes et accepté par les pays de la zone euro l’atteste plus encore que le compromis sur la prolongation du « plan d’aide » qui, déjà, renvoyait la renégociation de la dette aux calendes grecques. Parmi les autres reculs spectaculaires, on note l’abandon des renationalisations et l’obligation de soumettre à l’Eurogroupe toute décision pouvant impacter les comptes publics grecs. Le retour à la souveraineté s’éloigne.

 

Reste que parler de capitulation est très excessif. Pour s’en convaincre, il suffit de rappeler ce que la Troïka voulait imposer au précédent gouvernement grec : hausse de la TVA, licenciements massifs dans les services publics, nouvelles coupes sociales et dans les retraites. Un projet qu’aujourd’hui plus personne n’évoque.

 

Mieux : dans tous les domaines, les Grecs ont fait bouger les lignes en leur faveur, obtenant une marge de manœuvre inédite depuis l’éclatement de la crise. Parfois au prix d’un « flou créatif », selon les mots du ministre des Finances, Yanis Varoufakis, comme pour la hausse du salaire minimum, la révision « équilibrée » de la grille de l’État ou du niveau d’excédent budgétaire, tous laissés indéterminés.

 

La latitude du gouvernement sera limitée, mais réelle. Les mesures fiscales et anticorruption, de même que les hausses salariales, notamment par le retour des conventions collectives, devant rapporter de quoi financer les politiques sociales (alimentation, logement, électricité, endettement). On évoque le chiffre de 7 milliards d’euros, soit l’équivalent du prêt suspendu par les créanciers. Et si l’ex-Troïka, rebaptisée les « institutions », n’est pas hors-jeu, ce ne sont plus ses fonctionnaires qui élaborent les lois, l’initiative revient dans les mains des élus.

 

Parviendront-ils à faire fructifier ces quatre mois de répit ou ont-ils mis le doigt dans un engrenage infernal ? Pour la plupart des gouvernements européens, un succès de Syriza constituerait un désaveu des plans d’austérité qu’ils ont eux-mêmes imposé à leurs peuples et un encouragement clair à leurs opposants. Aucun cadeau n’est à attendre.

 

Autre enseignement : comme naguère les Chypriotes et les Irlandais, les Grecs ont vu leur capacité de résister au diktat néolibéral amoindrie par leur incapacité à contrôler leur système financier. À la merci de la BCE comme des spéculateurs, les banques privées font office de cheval de Troie face à toute tentative de souveraineté populaire. Si elle veut changer la donne, la gauche devra réfléchir sérieusement à une alternative. Et pas seulement comme épouvantail à agiter : la crédibilité des menaces de Syriza de « renverser la table » néolibérale sort très amoindrie de cette première joute.


Alexis Tsipras et les Grecs ont désormais quatre mois pour se poser la question : que sont-ils prêts à risquer pour briser le carcan « austéritaire » qui continue d’enserrer leur pays ?

 

 

 

Par Benito Perez (journaliste) - lecourrier.ch (Genève) – le 26 février 2015

 

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Grèce - « Ce n’est pas l’heure pour les jeux en Europe »

Grèce - « Ce n’est pas l’heure pour les jeux en Europe » | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : lesoir.be 

 

 

« Ce n’est pas l’heure pour les jeux en Europe »

Par Yanis Varoufakis

 

ATHÈNES — J’écris cet article en marge d’une négociation cruciale avec les créanciers de mon pays – une négociation dont le résultat pourrait marquer toute une génération, et même s’avérer être le tournant décisif de l’expérience européenne d’une union monétaire. Les théoriciens des jeux analysent les négociations comme si elles étaient des jeux où des joueurs purement motivés par leur intérêt personnel se partagent un gâteau. Parce que j’ai passé de nombreuses années durant ma précédente vie en tant que chercheur universitaire à étudier la théorie des jeux, certains journalistes ont présumé hâtivement que, en tant que nouveau ministre des Finances de la Grèce, j’élaborais activement des bluffs, des stratagèmes et des options de sortie, m’efforçant au mieux d’améliorer une mauvaise main.

 

Rien ne pourrait être plus loin de la vérité.

 

Mon expérience en matière de théorie des jeux m’a plutôt convaincu de la pure folie que ce serait d’imaginer que les délibérations actuelles entre la Grèce et nos partenaires sont un jeu de marchandage qui peut être gagné ou perdu au moyen de bluffs et de subterfuges tactiques.

 

Le problème avec la théorie des jeux, comme je le répète à mes étudiants, est qu’elle présume que les motivations des joueurs vont de soi. Au poker ou au black-jack cette supposition ne pose aucun problème. Mais dans les délibérations actuelles entre nos partenaires européens et le nouveau gouvernement de la Grèce, ce dont il s’agit est de changer les motivations des uns et des autres.

 

De faire naître un nouvel état d’esprit qui soit capable de transcender les divisions nationales, d’abattre la distinction entre créancier et débiteur au profit d’une vision paneuropéenne, de placer le bien commun européen au-dessus des considérations dogmatiques de la politique politicienne, toxiques si on ne leur tient pas la bride, et de rompre avec la vision manichéenne de la politique européenne.

 

La grande différence entre ce gouvernement et les gouvernements grecs précédents est double : nous sommes déterminés à entrer en conflit avec les puissants intérêts particuliers afin de permettre à la Grèce de redémarrer et de gagner la confiance de nos partenaires. Nous sommes également déterminés à ne pas nous laisser traiter comme une colonie fiscale à laquelle certains peuvent imposer comme bon leur semble toutes les souffrances qu’ils jugent nécessaires. Le principe qui demande l’imposition de l’austérité la plus sévère à l’économie la plus déprimée serait ridicule s’il n’était la cause d’autant de souffrance inutile.

 

On me demande souvent : et si la seule façon d’obtenir un financement est de franchir vos lignes jaunes et d’accepter des mesures que vous considérez comme faisant partie du problème, plutôt que partie de la solution ? Fidèle au principe selon lequel je n’ai pas le droit de bluffer, ma réponse est la suivante : les lignes que nous avons présentées comme étant jaunes ne seront pas franchies. Autrement, elles ne seraient pas vraiment des lignes jaunes, mais seulement du bluff.

 

Mais si cela devait amener encore plus de souffrance à votre peuple ? Me demande-t-on. Vous devez certainement bluffer.

 

Le problème avec cet argument est qu’il présuppose, comme le fait la théorie des jeux, que nous vivons dans un monde où l’on est entravé par la peur des conséquences. Dans un monde où il n’existe aucune circonstance où nous devons faire ce qui est juste, non pas en tant que stratégie, mais simplement parce que c’est… juste.

 

Contre un tel cynisme, le nouveau gouvernement grec innovera. Nous mettrons un terme, quelles qu’en soient les conséquences, aux accords qui sont mauvais pour la Grèce et pour l’Europe. Le jeu « étendre et prétendre » [étendre les dettes et prétendre que tout va bien – NDT] qui a commencé après que la dette de la Grèce est devenue telle, en 2010, que notre pays ne pouvait plus l’honorer, s’arrêtera.

 

Plus de prêts – pas tant que nous n’aurons pas un plan crédible pour faire repartir l’économie afin de rembourser ces prêts, aider la classe moyenne à se relever et régler cette effroyable crise humanitaire. Finis les programmes de « réformes » qui visent les retraités pauvres et les pharmacies familiales tout en laissant intacte la corruption à grande échelle.

 

Notre gouvernement ne demande pas à nos partenaires un procédé pour ne pas rembourser nos dettes. Nous demandons quelques mois de stabilité financière qui nous permettront de nous atteler aux réformes que la population grecque dans son ensemble peut faire siennes et soutenir, afin de faire revenir la croissance et mettre fin à notre incapacité de payer ce que l’on doit.

 

On pourrait penser que ce recul par rapport à la théorie des jeux est motivé par quelque radical programme gauchiste. Ce n’est pas le cas. La principale influence est Emmanuel Kant, le philosophe allemand qui nous a enseigné que les hommes rationnels et libres échappent à l’emprise de l’opportunisme en faisant ce qui est juste.

 

Comment savons-nous que notre modeste programme politique, qui constitue notre ligne jaune, est juste selon la formulation de Kant ? Nous le savons en regardant dans les yeux les gens affamés dans les rues de nos villes ou en contemplant notre classe moyenne à bout de souffle, ou en prenant en compte les intérêts de tous les hommes et femmes qui travaillent dur dans toutes les villes et tous les villages de notre union monétaire européenne.

 

Après tout, l’Europe ne retrouvera son âme que lorsqu’elle regagnera la confiance de son peuple en plaçant les intérêts de celui-ci avant toute autre considération.

 

 

Par Yanis Varoufakis. Article paru dans le New YorkTimes, le 17 février 2015 : No Time for Games in Europe [traduction: JFG/OG-QuestionsCritiques] - JEAN-FRANÇOIS GOULON - blogs.mediapart.fr – le 17 février 2015

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Tsipras-Thésée, la Grèce et l’Europe : y aura-t-il mise à mort du Minotaur€ €uropéen et sortie du Labyrinth€ de l’€uro ?

Tsipras-Thésée, la Grèce et l’Europe : y aura-t-il mise à mort du Minotaur€ €uropéen et sortie du Labyrinth€ de l’€uro ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Tsipras-Thésée, la Grèce et l’Europe :

y aura-t-il mise à mort du Minotaur€ €uropéen

et sortie du Labyrinth€ de l’€uro ?

 


Et la Crète, fumant du sang du Minotaure

Racine, Phèdre, I, 1

 

Comme l’écrit F. Lordon dans un papier très intéressant publié le 19 janvier dernier en donnant une excellente analyse économique que l’on n’enseignera jamais dans les facultés ni ailleurs, l’alternative qui s’ouvre à Syriza au lendemain de sa victoire est des plus simples : passer sous la table ou la renverser.

 

http://blog.mondediplo.net/2015-01-19-L-alternative-de-Syriza-passer-sous-la-table-ou#forum

 


I- Un simple constat : la zone euro est techniquement morte

 

Nul ne peut vraiment prévoir ce que seront les prochains jours qui suivront la nomination d’un nouveau gouvernement issu des élections législatives grecques qui viennent de porter Alexis Tsipras et son parti de la gauche radicale Syriza au pouvoir.

 

Il n’y a peut-être que J-L. Mélenchon en France pour se réjouir par procuration d’une victoire qui n’est pas la sienne en appelant au Grand Soir. Chacun ses mythes, après tout.

 

Une chose est cependant certaine : avec de nouveaux dirigeants tels que MM. Renzi et B. Grillo en Italie, A. Tsipras en Grèce et peut-être P. Iglesias avec Podemos en Espagne, une génération nouvelle est en train de reléguer au magasin des accessoires toutes les formations politiques conservatrices telles le Pasok et Nouvelle démocratie, éreintées par ces décennies de clientélisme, de compromission et d’incapacité qui ont miné la Grèce.

 

Mais en est-on bien sûr ? Que d’autres partis politiques européens puissent se féliciter de cet événement politique pour entrevoir un appel d’air ou le début d’un sursaut antilibéral me semble relever pour autant d’un futur incertain dans la mesure où, en jeune homme bien élevé, le nouveau dirigeant grec est parfaitement conscient du fait qu’il dispose d’avantages économiques non négligeables qui font qu’il ne remettra peut-être pas l’essentiel en cause...

 

cf. l’intéressante analyse de J. M. Daniel :

 

http://www.causeur.fr/syriza-tsipras-grece-31229.html

 

Mais sait-on jamais ? « La Troïka, c’est du passé ! », a ainsi déclaré M. Tsipras, tout en ajoutant qu’il faut « trouver une nouvelle solution viable qui bénéficie à tous » et que « la Grèce apportera ses propres propositions et un plan de réformes, sans déficit supplémentaire. » 

 

Nul doute que ses propos auront été attentivement suivis par les 19 ministres des Finances de l’Eurogroupe réunis ce jour à Bruxelles pour discuter :

— de la prolongation du deuxième plan d’aide internationale octroyé à la Grèce en 2012 à hauteur de 130 Mds € et dont le versement de la dernière tranche de 3,6 Mds € demeure conditionné par la poursuite de réformes exigées par ladite Troïka.

 

— de la mise en place d’un éventuel troisième plan d’aide à hauteur de 10 Mds €, histoire de protéger les banques grecques, mais surtout de verrouiller en échange un nouveau ripolinage des mesures d’austérité imposées à un pays qui reste débiteur d’une dette évaluée à 320 Mds € (soit 170 % du PIB), et dont chacun sait ou se refuse à admettre qu’elle ne sera jamais remboursée.

 

En réalité chacun a désormais parfaitement compris que la zone euro est techniquement morte et que la BCE est destinée à devenir très prochainement une « bad bank », une structure de défaisance dont l’objet sera de gérer cette épave financière que représente la dette de la Grèce dont l’importance la rend irrécouvrable et qui ne sera jamais payée.

 

 

II-Des mesures immédiates


Mais plutôt que de trahir son électorat en illustrant la chronique d’une normalisation annoncée, si M. Tsipras voulait malgré tout saisir ce moment exceptionnel et bref qui n’appartient qu’à lui au lendemain de la victoire de son parti et vraiment marquer sa rupture avec l’indignité et le cortège de souffrances imposés à son pays par cette trinité impie que constitue la « Troïka » (F.M.I., Commission européenne et B.C.E.), peut-être devrait-il alors immédiatement mettre à mort ce Minotaure qui continue d’errer dans le Labyrinthe européen ?

 

Peut-être devrait-il tuer cet ogre financier et économique européen qui n’aura de cesse de réclamer des victimes tant qu’il continuera d’être le complice actif de l’ogre américain dont les agissements sont parfaitement décrits par l’économiste (et peut-être prochainement en charge des affaires économiques de la Grèce) Yanis Varoufakis, dans son ouvrage intitulé Le Minotaure planétaire — L’ogre américain, la désunion européenne et le chaos mondial (2014) ?

 

Comment M. Tsipras, nouveau Thésée, devrait-il ou pourrait-il agir sinon en désignant et en faisant juger immédiatement par la Grèce qui aurait retrouvé sa véritable souveraineté à la face de l’Europe et du monde entier les véritables responsables de sa descente aux Enfers ?

 

Peut-être a-t-il déjà commencé à agir en s’alliant avec le parti des « Grecs Indépendants », parti souverainiste de droite qui n’a pas peur de se frotter aux représentants des institutions européennes et qui lui donne désormais la majorité ?

 

Il y aurait bien entendu à juger et condamner les responsables politiques grecs, allemands, français, tous ces « créanciers » d’un pays dont ils ont aggravé le malheur en profitant de son incurie, mais aussi et surtout les véritables responsables que sont toutes ces mauvaises fées d’un ordre ordo-libéral mortifère et nécrophage qui se sont penchées sur la Grèce et l’ont introduite dans l’Euro tout en sachant qu’elle n’en avait pas la capacité.

 

Comme l’écrit avec justesse un commentateur sous l’article de F. Lordon précité :


« Déclarer un moratoire sur la dette grecque. Non pas déclarer faillite, mais lancer un audit interne : il parait que la Grèce a triché pour entrer dans l’€uro, avec l’aide de la banque Goldman-Sachs ? Eh bien, ce serait le moment de le savoir. Le gouvernement allemand sera trop content de ne pas avoir à se désavouer ni de ne pas apparaître comme antidémocratique, et laissera faire.

 

J’aimerais bien voir, dit-il (je cite) la gueule des responsables Européens quand l’ex-taulier de la zone €uro (Jean-Claude Junckers) sera convoqué par la justice grecque. Pareil pour l’ex-directeur de Goldman-Sachs Europe (Mario Draghi). Et la banque centrale grecque peut imprimer les billets, elle en a le droit et la possibilité. Pas des €uros électroniques, ça elle ne peut pas le faire, mais des billets. Tsipras a encore plein de cartes à jouer. »

 

Un peu de courage pour tuer le Minotaure, M. Tsipras !

Que la Grèce, par la volonté farouche du nouvel Héros Hellène qu’elle s’est choisi, commence déjà par lancer un mandat d’arrêt international à l’encontre de ceux qui l’ont sciemment ruinée et volée. Interpol sert à cela.

 

À dire « Ὄχι » (« Non ! ») à l’inacceptable.

 

Et nul doute que l’on se mettra à discuter de manière très constructive, non seulement de l’avenir de la Grèce, mais de celui de l’Euro et de l’Europe tout entière.  

 

 

Par Renaud Bouchard - agoravox.fr - le 26 janvier 2015


Renaud Bouchard : juriste, géopoliticien et économiste français (Doctorant CEMI-EHESS) 

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