Seuls le bon sens et la franchise peuvent normaliser les relations avec la Russie | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it



Seuls le bon sens et la franchise peuvent

normaliser les relations avec la Russie

 

Durant l’été 2014, l’influent sénateur américain républicain John McCain a soutenu que les autorités américaines devraient renoncer aux moteurs russes pour leurs fusées, parce que les États-Unis ne se développaient pas suffisamment vite à cause du facteur inhibiteur qui découlait de la dépendance des moteurs russes.

 

Les membres de la Chambre des Représentants et du Sénat des États-Unis se sont donc mis d’accord sur un projet de loi censé réglementer l’acquisition d’équipements militaires en 2015. Dans ce document, on stipulait l’interdiction d’acheter des moteurs de fusées russes par la compagnie United Launch Alliance (ULA).

 

À cause de la diminution drastique du budget alloué à la NASA et au Pentagone, une grande partie des spécialistes des sections subordonnées aux départements spéciaux de Lockheed Martin et de Boeing se sont associés en 2006 sous le nom de « United Launch Alliance » (ULA). Cette compagnie achète des moteurs de fusées, assemble des composantes des fusées tout en créant de nouveaux véhicules spatiaux qu’elle lance ensuite pour l’usage du Pentagone et de la NASA. ULA assemble également la plus puissante fusée américaine (Atlas V) en service, capable de lancer sur orbite des objets ayant une masse de 9–29 tonnes, et aussi la seule capable de placer dans l’espace la navette spatiale militaire automatique X-37B et des satellites militaires sur des orbites géostationnaires. Atlas V utilise au lancement 2 boosters avec des moteurs russes RD-180, le premier étage de la fusée disposant, lui aussi, d’un moteur russe RD-180. Le moteur RD-180 provient du premier étage des fusées russes de la famille Zénith, produites par NPO Energomash.

 

À cause de l’interdiction imposée par la loi du Congrès et du Sénat des États-Unis d’acheter des moteurs de fusées NK-33 d’origine russe, la compagnie Aerojet, en collaboration avec le bureau d’étude de Youzhnoye à Dnipropetrovsk-Ukraine (qui était connu sous le nom de OKB-586 pendant l’ère soviétique) a commencé à produire des moteurs copiés sur le NK-33, sous le nom de AJ-26-58/62. Le 27 Octobre 2014, la fusée Antares, qui transportait le cargo américain Cygnus portant des provisions pour la Station Spatiale Internationale (SSI), a explosé 6 secondes après le lancement à la suite d’un défaut de conception du moteur AJ-26.

 

Le Pentagone a trouvé des moteurs pour la fabrication de fusées pour 90 % de ses missions et a analysé le rapport de la lieutenante-générale Ellen Pawlikowski, commandant de l’U.S. Air Force Space and Missile Systems Center (SMC). Pawlikowski spécifiait que pour les 5-7 prochaines années, les moteurs russes allaient être indispensables et que seuls les moteurs P 238 (qui constituent le premier étage de la fusée française Ariane 5), pourraient éventuellement être une solution alternative aux moteurs russes RD-180. Ainsi, en décembre 2014, la Maison-Blanche aurait adressé une demande en ce sens au président français.

 

Il arrive que, pour satisfaire la demande de placement des satellites de l’Union Européenne qui ne peut être assurée par les 6 lancements annuels de la fusée Ariane 5 ECA, la France fasse appel à la Russie, qui a construit au Centre Spatial de Kourou de la Guyane, une nouvelle rampe de lancement et des hangars pour l’assemblage des fusées russes Vega et Soyouz.

 

Par la suite, une semaine avant l’attentat de la rédaction du « Charlie Hebdo », des sources françaises affirment que le président français François Hollande avait opposé son refus à la demande de la Maison-Blanche.

 

Après avoir poussé l’UE, le Japon, l’Australie et le Canada à adopter des sanctions économiques contre la Russie, le 16 janvier 2015, les États-Unis ont annoncé, tout à fait sereins, avoir annulé l’interdiction de l’acquisition des moteurs de fusées russes, et, dans la foulée, ont proposé à la Russie un contrat pour la livraison de 30 moteurs de fusées RD-180, au nom du fournisseur de lanceurs spatiaux américains – ULA. Une autre demande a été que les deux premiers moteurs soient nécessairement livrés au mois de juin 2015. Le lendemain, les États-Unis ont relevé à un milliard de dollars la valeur de la transaction, ce qui signifie une demande de livraison de 60 moteurs RD-180, dont 24 d’ici 2018. La firme russe Energomash a assuré que, techniquement parlant, elle peut honorer ce contrat, mais a ajouté que celui-ci doit être approuvé par le facteur politique, en la personne de Dmitri Rogozine, le vice-premier responsable du complexe militaire industriel.

 

Juste au moment où il avait décidé de faire signer le contrat, Dmitri Rogozine a assisté stupéfait à la déclaration de la Maison-Blanche du président Barack Obama, faite durant la rencontre officielle avec le premier ministre du Royaume Uni, David Cameron, déclaration dans laquelle les deux ont fait une plaidoirie pour le « maintien de puissantes sanctions contre la Russie jusqu’à ce qu’elle cesse l’agression contre l’Ukraine ».

 

Par conséquent, s’il existe à l’avenir quelque livraison de moteurs RD-180 aux États-Unis, celle-ci sera accompagnée d’une série de conditions de la part de Moscou. Par exemple, la livraison immédiate des porte-hélicoptères Mistral, stoppée par les Français sur l’ordre de Washington.

 

 

Par Valentin Vasilescu (*) — Traduction Alexandru Mîţă — Réseau International – le 20 janvier 2015

 

Cet article a été initialement publié en Roumain à :

http://acs-rss.ro/index.php/arhiva-glasul/item/146-numai-bunul-simt-si-corectitudinea-pot-normaliza-relatiile-cu-rusia

 

(*)Valentin Vasilescu : pilote d’aviation, ancien commandant adjoint des forces militaires à l’Aéroport Otopeni, diplômé en sciences militaires à l’Académie des études militaires à Bucarest 1992.