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Guantanamo est trop connu, il faut trouver mieux ! (partie 2/2)

Guantanamo est trop connu, il faut trouver mieux ! (partie 2/2) | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Guantanamo est trop connu,

il faut trouver mieux !

(partie 2/2)

 

Les États-Unis n’en finissent pas d’espionner, de torturer, et parfois en association avec le Royaume-Uni. Si on ajoute les Émirats Arabes Unis, c’est presque à croire que tous les pays qui se revendiquent « unis » sont les pires oppresseurs...
 Barak Obama avait annoncé qu’il fermerait Guantanamo. Récemment, un rapport sur la torture accablait les USA, qui gesticulaient pour essayer de surnager, en affirmant mensonges contre mensonges. 
Les faits sont pourtant là : Guantanamo n’a pas été fermée, même si certains « privilégiés » ont désormais droit à un procès ; Abou Graïb a été lâché par les Américains par obligation (avaient-ils désormais d’autres choix ?).
 En Afghanistan, la prison de Bagram a vécu le même destin que la précédemment citée (et pour les mêmes raisons). 
Alors : repenti ?
 Que nenni ! Déplacement des sites « hors législation » vers des pays non en guerre et hors de tout soupçon (Temara au Maroc) ou sur des îles hyperisolées (Ascencion et Guam, connues des initiés, et surtout Diego Garcia, base ultra-secrète). 
Et comme la perversion n’est jamais à court d’idées, ils ont trouvé encore mieux, comme vous pourrez le découvrir plus bas...

 


— suite de la partie 1 —


Châtrer l’île


Les 44 kilomètres de « Diego García » sentent l’absence. Sous son ciel, le grand absent est le caractère sacré de l’existence humaine. L’île est un territoire britannique d’outre-mer, situé dans l’archipel de Chagos, dans l’océan Indien. En 1966 un mariage parfait s’est produit entre les barbares. Le lieu — si beau qu’il semble un sourire de la nature — a été offert par l’Angleterre à l’Amérique du Nord, qui le voulait pour installer cette base militaire. C’était un échange ignominieux : la location pour cinquante ans de terres anglaises, en échange de quatorze millions de dollars et de missiles du sous-marin nucléaire « Polaris ». Musique, Maestro !


Mais — certes, il y avait une condition à respecter — à ce moment-là, plus tôt que tard, il fallait empêcher les « problèmes de population ». Il fallait désinfecter l’archipel, des êtres humains. 
Châtrer l’île. Lui couper les racines, clôturer la vie. À l’œuvre immédiatement, le Royaume-Uni a bloqué toute entrée d’aliments. Cette vieille et maléfique sorcière — la faim —, a fait sonner un concert d’estomacs vides, en même temps que les habitants commençaient à partir... ou à être éjectés. La destinée de ces exilés a été, et se trouve, dans les bidonvilles de l’ile Maurice.


Là, à plus de 200 kilomètres de la terre qui les a vus naître, les exilés rêvent autant de manger que de retourner à leur patrie dépatriée. Sauvagement, les 2.000 habitants nés dans l’île, ont été expulsés.


Un cas, qui résume beaucoup d’autres similaires, est celui de Marie Aimee, née et élevée à Diego García. En 1969 elle a emmené ses enfants à Port-Louis (Maurice), pour un traitement médical. Le gouvernement britannique ne lui a jamais permis de remonter sur le bateau pour rentrer et jamais plus elle n’a pu y retourner. Son mari est resté deux ans dans l’île puis il est arrivé à la rejoindre, avec seulement un sac et dans un état lamentable. Il avait été expulsé de sa terre.


Les histoires des autres milliers d’insulaires abandonnés sont terrifiantes ; exilés et humiliés, il sont été rassemblés dans des taudis, où ils vivaient dans des boîtes ou des huttes de fer - blanc. On s’était débarrassé d’eux avec des promesses mensongères de vacances gratuites dans des lieux de rêve. Il fallait les balayer de l’île : la stériliser de la présence de ses habitants.


La majorité des Chagossiens ont été arrêtés, expulsés de leurs foyers, littéralement « emballés » et déposés au fond d’embarcations, au milieu des cris et des pleurs ; avant, ils avaient vu exterminer leurs animaux domestiques et leur bétail. Ainsi, ils pouvaient bombarder plus facilement le Vietnam, le Laos et le Cambodge ; menacer la Chine lors de la Révolution culturelle, puis continuer avec le golfe Persique, l’Afghanistan, l’Irak, et... y a beaucoup plus. Ces barbares n’ont pas de cœur.


Et ce n’est pas tout ! Beaucoup sont morts de tristesse, se sont suicidés, ou sont devenus alcooliques, rêvant de la terre promise. Mais personne n’a abandonné l’idée de revenir à son île de coraux et de palmiers ; à l’île qui — tant qu’ils y ont vécu — n’était pas contaminée par les armes et la méchanceté. Dans le Times de Londres du 9 novembre 2007, l’une des Îloises a résumé : « C’était le paradis, nous étions comme des oiseaux libres, et maintenant nous sommes comme en prison ».


La Haute Cour britannique d’abord, puis la Cour d’appel, ont condamné l’expulsion comme étant illégale et ont donné à la population le droit de rentrer ; mais aucun gouvernement n’a voulu accomplir ces sentences. Et le Bureau des affaires Internes et Internationales du Royaume-Uni a dit en revanche qu’il n’y aurait pas de population indigène. Le droit à une citoyenneté était accordé uniquement aux mouettes.


Aujourd’hui, des 2 000 expulsés à l’origine, moins de 700 sont encore en vie. Les barbares jouent-ils à l’extinction finale ? 
Les USA ont loué l’île jusqu’en 2016. Et jusque-là, et après : quoi ? Dracula, Frankenstein et les euphémismes.


Et que dire de la prison de Diego García ? Diego García est le plus grand centre de tortures — appelées par euphémisme « interrogatoires » — pour les prisonniers considérés comme les plus « importants » par l’Empire. C’est là que le prisonnier Ibn Al-Sheikh Al-Libi a dû mentir, puisqu’il ne résistait pas au supplice auquel il était soumis. Il a dit, pour éviter qu’ils continuent de le lacérer, que Saddam Hussein était allié d’Al-Qaïda, et qu’il avait les fameuses armes de destruction massive dont on a tant parlé.


Certes, il a été démontré que ces armes n’existaient pas. Mais c’était les arguments dont George W. avait besoin, pour la guerre du pétrole : celle qu’il a lancée, affamée de dollars, avec l’excuse du « terrorisme » ; comme s’il avait été le sauveur du monde, alors qu’il l’anéantissait et c’est pourquoi, aujourd’hui on essaye de le juger. De par toute la planète, de plus en plus de voix se lèvent pour demander, précisément, qu’il soit présenté à la justice pour crimes contre l’humanité. 
La geôle de Diego García est connue sous le nom de « Camp Justice ». Encore un euphémisme. Et les six mille bases militaires mondiales des USA sont mentionnées comme « des traces » dans le jargon militaire américain. Parmi elles, Diego García a un nom qui ressemble à ne blague : « Trace de la liberté ». Les mots ont perdu leur sens. Entretemps, les transferts de prisonniers drogués, encagoulés et durement torturés, de là à Guantanamo, ont été courants. Des personnes captives transférées d’une horreur, à l’autre. De Diego García à Guantánamo. De Dracula, comme on l’a dit, à Frankenstein. Les 2.000 soldats yankees stationnés en permanence dans ce lieu sont la population centrale de Diego García. La torture a besoin d’une surveillance, voyons ! Par une ironie de la vie, les bannis étaient aussi 2000 : les armes remplacent la vie.


Les barbares nient tout, mais les preuves existent. Par exemple, celles d’ex-prisonniers qui, par un miracle, ont obtenu la liberté, et racontent comment ils ont été transférés à Guantanamo, ainsi que la frayeur des tortures, impossibles même à imaginer pour tout esprit humain. Par exemple, le témoignage fondé de l’historien britannique Andy Worthington, l’auteur de « The le Guantanamo files : the stories of the 774 detainees in America’s illegal prison » (« Les archives de Guantanamo : les histoires des 774 détenus dans la prison illégale de l’Amérique »).


Worthington raconte qu’« une personne honnête ayant accès à une information privilégiée », Barry McCaffrey, général américain en retraite et professeur prestigieux d’études de sécurité internationale, a reconnu à deux occasions qu’à Diego García des personnes accusées de terrorisme sont retenues ; de la même manière, il a reconnu que la même chose arrive à Bagram, Guantanamo, bien sûr, et en Irak. Pour sa part, Clive Stafford Smith, directeur de Reprieve, dont personne ne met le sérieux en doute, a assuré à The Guardian qu’il était catégorique : la présence de prisonniers dans l’île est certaine.


Aussi le conseiller des États (sénateur) suisse Dick Marty a confirmé en 2006 les « transferts extraordinaires » de détenus, de là vers Guantanamo. Dans un rapport remis au Conseil de l’Europe, il a certifié que, sous la responsabilité légale internationale du Royaume-Uni, les USA ont utilisé cet atoll de l’océan Indien comme prison secrète pour « des détenus de haute valeur ». Le rapporteur spécial sur la Torture des Nations Unies, Manfred Novak, l’a confirmé. Guantánamo semble être une priorité dans l’agenda de Barack Obama. Et Diego García ? Il est vrai que le président flambant neuf de la Maison-Blanche a trop de défis, de casse-têtes et de crises à résoudre, ainsi qu’une opposition conservatrice qui ne lui rend pas la tâche de gouverner facile. Mais a-t-il la volonté politique d’en finir avec cette abjection ? Pourra-t-il — et surtout voudra-t-il — aller contre les semailles de mort des barbares ?


Ils ont même trouvé mieux !
 Nous venons de parler des prisons américaines sur sol étranger. Déjà, ça, ça me tue qu’on l’accepte : vous imaginez, demain Vladimir Poutine qui viendrait ouvrir un centre de torturologie en Seine-et-Marne, pour ne pas être inquiété par la loi russe, et à peine inquiété par le droit international !
 Nous venons aussi de parler de bases secrètes, sur des îles, loin de tout et tout le monde : tranquille, quoi ! Qui va pouvoir le voir ? Un nageur hors pair ? Pas sûr que même excellent nageur, il ne se fasse pas flinguer par les systèmes de surveillance qui ne doivent pas manquer sur les plages.
 Eh oui, vous venez de deviner où est le meilleur endroit désormais, pour incarcérer illégalement, torturer jusqu’au suicide ou le faux aveu, obtenir ce que l’on veut, sous couvert de paranoïa, de complexe de dominance exacerbée, de vérité choisie, de pensée unique...

 



Les instituts de torturologie en mer
.


L’administration Obama a commencé en 2011 à interroger des terroristes importants à bord de navires de guerre de la United States Navy, cette détention en mer peut durer quelques mois avant qu’ils ne soient livrés à la justice. Ils sont interrogés par le High-Value Detainee Interrogation Group créé en 2009 et composé de membres des services de renseignement, des forces armées et du Département de la Justice.
 Et comme le dénonçait déjà en 2008, Fausto Della Porta, suite à un rapport de Reprieve :
« 17 Guantanamo flottantes »
. Pas une, mais 17 Guantanamo. Avec des prisonniers enfermés non pas sur une île, mais sur 17 navires de guerre. La dénonciation provient de l’ONG « Reprieve », d’après laquelle des navires de guerre étasuniens seraient utilisés comme prisons pour détenir, interroger — avec des méthodes proches de la torture — et déplacer de par le monde une partie des prisonniers capturés pendant la « guerre à la terreur ». Washington a immédiatement démenti le rapport.


Il avait déjà été question dans ces dernières semaines de la possibilité que les USA exploitassent des navires de guerre en déplacement pour cacher des détenus illégaux. Selon les éléments recueillis par l’ONG, au moins 200 cas de rendition — transferts illégaux dans des prisons secrètes délocalisées dans des pays où il est possible de pratiquer la torture – auraient été vérifiés depuis 2006. Et pourtant, il y a deux ans, le président Georges Bush avait assuré que de telles pratiques étaient finies.


Clive Stafford Smith, le responsable juridique de Reprieve, a déclaré au Guardian que les États-Unis « ont choisi les bateaux afin de garder leurs méfaits loin des yeux des médias et des avocats des associations humanitaires ; mais à la fin nous arriverons à réunir tous ces détenus fantômes et à faire valoir leurs droits ». « Les États-Unis – poursuit Smith — détiennent en ce moment, de leur propre aveu, 26.000 personnes dans leurs prisons secrètes, mais nos estimations sont qu’au moins 80.000, à partir de 2001, sont passées dans l’engrenage du système. Il est temps que l’administration US montre un engagement concret à respecter les droits humains ». Parmi les nombreux témoignages recueillis dans les documents de l’ONG britannique on peut lire celui d’un prisonnier de Guantanamo (où environ 300 musulmans restent prisonniers en régime de détention administrative, sans accusation formelle à leur charge) qui rapporte l’expérience d’un de ses voisins de cage : « Il me raconta qu’ils étaient une cinquantaine sur ce navire, enfermés au fond de la cale, et qu’ils étaient plus tabassés qu’à Guantanamo ».

 

Le rapport suspecte en outre que certains prisonniers fantômes aient transité par des structures de la base militaire de « Diego Garcia », dans l’océan Indien. Ce qui coïnciderait avec la reconnaissance partielle du ministre des Affaires Étrangères de Londres, David Miliband, qui avait dit en février dernier que deux avions étasuniens en mission de type « rendition » avaient fait escale dans cette base. « Pas à pas – a commenté Andrew Tyrie, président de la Commission parlementaire sur les missions torture –, la vérité sur les « renditions » voit le jour : ce n’est qu’une question de temps. Le gouvernement ferait mieux d’éclaircir ça immédiatement ».



Un porte-parole de la marine militaire étasunienne a cependant démenti les conclusions de Reprieve. « Il n’y a pas de prisons américaines » a dit le commandant Jeffrey Gordon au Guardian.


Mais c’est désormais un fait établi que les missions-torture étasuniennes aient été consolidées et soient de pratique commune : des bases secrètes de la CIA – dit le Guardian — opéraient en Roumanie, Pologne, Thaïlande et Afghanistan. « Toutes ces bases secrètes font partie d’un réseau global dans lequel les gens sont détenus indéfiniment, sans que des chefs d’accusation soient formalisés, et sont soumis à la torture – en violation totale de la Convention de Genève et de la Charte des droits de l’homme de l’ONU », avait dit Ben Griffin, ex-membre des forces spéciales britanniques. Griffin fut ensuite réduit au silence par le ministre de la Défense qui obtint, à ses dépens, une mise en demeure du Tribunal.

 

 

 

Par Chien Guevara - les7duquebec.com - le 18 juin 2015

 

 

Sources :

▪   http://fr.wikipedia.org/wiki

▪ http://www.liberation.fr/monde/2009/06/25/la-prison-de-bagram-un-guantanamo-afghan_566739

▪   http://www.slateafrique.com/1661/temara-bagne-torture-mohammed-vi

▪   http://ledefinitionmax.com/lettre-l/ile-de-lascension.php

▪   http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=7195&lg=fr

http://www.legrandsoir.info/17-Guantanamo-flottantes.html

Koter Info's insight:


Pour lire la partie 1 de cet article, 

veuillez cliquer ci-dessous.

 

>>> Guantanamo est trop connu,

il faut trouver mieux !

(partie 1/2)

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Intrusion des US en Thaïlande - Retour de flamme

Intrusion des US en Thaïlande - Retour de flamme | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Daniel Russel

 

Intrusion des US en Thaïlande

Retour de flamme


Par Tony Cartalucci (*)

 

Les observations faites dans le sillage de la chute du régime fantoche soutenu par les USA en Thaïlande discréditent encore davantage la superpuissance en déclin.


D’abord à Hong Kong, maintenant en Thaïlande, le projet américain ininterrompu d’installer des régimes fantoches, afin d’étendre son hégémonie à travers l’Asie-Pacifique, a encore échoué.

 

La dernière tentative vient après que le secrétaire d’État adjoint américain pour l’Asie de l'Est et le Pacifique Daniel Russel a fait des commentaires condamnant le récent coup d’État qui a déposé, puis mis en accusation l’ex-Premier ministre thaïlandais Yingluck Shinawatra pour corruption aggravée et abus de pouvoir.


Russel a été cité par une note officielle du Département d’État des États-Unis à propos du discours qu’il a prononcé en Thaïlande, disant :

… Un processus étroit et restreint porte le risque de laisser à de nombreux citoyens thaïlandais le sentiment qu’ils ont été exclus du processus politique.


C’est la raison pour laquelle nous continuons à plaider pour un processus politique plus large et plus inclusif qui permette à tous les secteurs de la société de se sentir représentés, de sentir que leurs voix sont entendues. J’ajouterais que la notion d’équité est aussi extrêmement importante et, bien que ce que je dis soit plutôt abrupt, quand un dirigeant élu est démis de ses fonctions, est déposé, puis mis en accusation par les autorités – les mêmes autorités qui ont mené le coup d’État –, puis quand un leader politique est ciblé avec des accusations criminelles à un moment où les processus et les institutions démocratiques de base dans le pays sont interrompus, la communauté internationale va se retrouver avec l’impression que ces mesures pourraient en effet être politiquement motivées.


Les commentaires de Russel sur les citoyens thaïlandais ayant le sentiment qu’ils ont été exclus sont l’argument que le propre front politique de Shinawatra utilise souvent pour justifier des actes de terrorisme et l’insurrection armée qui a fait des centaines de morts. C’est aussi une tactique familière utilisée pour justifier la violence fabriquée soutenue par les USA dans d’autres pays visant à un changement de régime [cf. Irak, Libye, Syrie, et plus récemment Ukraine, NDT].


Les revendications de Russel selon lesquelles les accusations criminelles contre Shinawatra ont été politiquement motivées sont destinées aux naïfs. Accuser les États-Unis de défendre un Premier ministre, servant ouvertement d’homme de paille pour un criminel [son frère, NDT] qui se cache à l’étranger, et qui a présidé un régime ayant détruit sans vergogne l’économie en assassinant littéralement ses adversaires politiques dans les rues, est une violation claire du protocole diplomatique, et inconvenant pour qualifier les buts du Département d’État des États-Unis.


En effet [selon la doxa, NDT], le Département d’État américain est là pour représenter la volonté du peuple américain à l’étranger, et non pour l’imposer aux autres.


Le gouvernement thaïlandais a rapidement condamné les commentaires, et une grande réaction du public a suivi, visant ce qui est maintenant vu comme une ingérence dans les affaires intérieures de la Thaïlande.



CE QUE LES ÉTATS-UNIS VOIENT

DANS LES SHINAWATRAS


Yingluck Shinawatra est arrivé au pouvoir en 2011, se présentant ouvertement comme un homme de paille de son frère, Thaksin Shinawatra, un criminel reconnu coupable qui a fui à l’étranger pour échapper à une peine d’emprisonnement de deux ans ainsi qu’à une myriade d’autres affaires pénales. La devise de l’élection pour Peua Thai, nom du parti politique de Thaksin Shinawatra, était littéralement « Ce que Thaksin pense, Peua Thai le fait », un aveu manifeste qu’un criminel condamné essaie encore de gouverner le pays.


Pour expliquer pourquoi les États-Unis ont violé le protocole diplomatique, et visé la souveraineté nationale de la Thaïlande en se mêlant de ses affaires intérieures, il faut noter que Thaksin Shinawatra lui-même est un ami de longue date de la dynastie politique Bush. Il était un membre du fonds de pension américain Carlyle Group, et depuis qu’il a été chassé du pouvoir lui-même dans un coup d’État militaire semblable en 2006, a été ouvertement représenté par certains des plus grands cabinets de lobbying d’entreprise sur la terre, y compris, Kenneth Adelman du cabinet Edelman PR (Freedom House, international Crisis Group, PNAC), James Baker de Baker Botts (CFR, Carlyle Group), Robert Blackwill (CFR) de Barbour Griffith & amp ; Rogers (BGR), Kobre & amp ; Kim, Bell Pottinger (et ici) et actuellement Robert Amsterdam d’Amsterdam & amp ; Partenaires (Chatham House). 



Pendant son mandat, Shinawatra a pris une position nettement proaméricaine sur les plans économique et géopolitique. Malgré les protestations de l’Armée royale thaïlandaise et du peuple thaïlandais lui-même, Shinawatra a envoyé des troupes pour aider à l’invasion et à l’occupation illégale de l’Irak. Il a également autorisé la CIA américaine à utiliser le territoire thaïlandais pour mener à bien leur programme odieux de rendition [pratique courante des US pour faire torturer des prisonniers dans d’autres pays, la torture étant interdite chez eux, NDT]. Shinawatra a également tenté d’imposer à la hussarde un accord de libre-échange assez impopulaire et illégal avec des multinationales américaines.


Au cours de son mandat, Shinawatra a aussi commis une série d’atrocités contre le peuple thaïlandais lui-même. Tout d’abord, en 2003, il a lancé ce qu’il a appelé une guerre contre la drogue. Près de 3 000 personnes ont été sommairement assassinées dans les rues en seulement trois mois. Il allait plus tard s’avérer que plus de la moitié des personnes tuées n’avait rien à voir avec le commerce de la drogue. Par ce seul fait, Thaksin est devenu le pire violeur des droits humains dans l’histoire thaïlandaise. L’année suivante, il a violemment réprimé des manifestations dans les provinces méridionales en difficulté de la Thaïlande, tuant quatre-vingt-cinq personnes en une seule journée. Cet événement est maintenant connu comme l’incident de Tak Bai. En plus de ces deux atrocités notoires, selon Amnesty International, dix-huit défenseurs des droits de l’homme ont été assassinés ou ont « disparu » au cours de son premier mandat. Parmi eux se trouvait le militant des droits de l’homme et avocat Somchai Neelapaijit. Il a été vu la dernière fois en 2004 au moment d’être arrêté par la police et personne ne l’a jamais revu.


Shinawatra a également mené une campagne de terreur et d’assassinats contre ses adversaires. En avril 2009, des hommes armés tiraient plus de cent projectiles contre le véhicule de l’activiste anti-Shinawatra, meneur des protestataires et magnat des médias, Sondhi Limthongkul dans une tentative d’assassinat au grand jour. Il a été blessé, mais a survécu. Le 10 avril 2010, des militants professionnels lourdement armés déployés par Thaksin Shinawatra et sa bande de Chemises rouges ont assassiné le colonel Romklao Thuwatham, qui était à l’époque commandant des opérations de contrôle de la foule près du Monument de la Démocratie à Bangkok.


Les Chemises rouges de M. Thaksin sont entrées en conflit avec l’armée pendant des semaines avant de terminer leur émeute de masse par des pillages et des incendies dans toute la ville. Et, pour finir, en août 2013, l’homme d’affaires et franc adversaire de Thaksin, Ekkayuth Anchanbutr a été enlevé et assassiné.


Pour ceux qui connaissent la vraie nature de la politique étrangère des États-Unis, épauler un dictateur brutal, mais obéissant est une réalité trop familière ; réalité qui se poursuit aujourd’hui avec le Département d’État américain. Celui-ci travaille ouvertement à saper la légitimité du gouvernement thaïlandais actuel et ses efforts pour déraciner complètement le régime de Shinawatra et ses réseaux de sédition, soutenus par les US, qui l’avaient aidé à conserver la mainmise sur les leviers du pouvoir politique thaïlandais depuis plus d’une décennie.


Que cette mainmise semble avoir été relâchée indique que la capacité de l’Amérique à interférer avec impunité a diminué.


Les commentaires de Russel n’étaient pas destinés au public thaï – qui s’est félicité dans son ensemble du coup d’État militaire destituant le régime de Shinawatra. En 2011, un maigre 35 % d’électeurs thaïlandais a voté pour le parti de Shinawatra. Selon un sondage de la Fondation Asie réalisé en 2010, seulement 7 % des 70 millions de citoyens de la Thaïlande se sont identifiés fortement au rouge, la couleur associée au parti politique de Shinawatra.


Le mythe selon lequel les militaires ont renversé un gouvernement démocratiquement élu par le peuple ne pouvait pas être plus loin de la vérité – et ce mythe a seulement prospéré grâce à l’énorme soutien que Shinawatra a reçu de ses réseaux politiques et des grands médias monopolistiques occidentaux.


En dépit de ces monopoles, les commentaires de Russel lui ont fait gagner, à lui-même et à l’ordre du jour des États-Unis en Thaïlande, une réputation désastreuse. De nombreux Thaïlandais ne voient plus la crise politique actuelle comme une simple bataille entre Thaksin Shinawatra et l’ordre politique traditionnel de la Thaïlande. Mais, au contraire, comme une bataille existentielle contre un agenda étranger qui a créé et à ce jour continue de soutenir Shinawatra et un vaste réseau visant à renverser la politique existante de la Thaïlande et sa souveraineté.

 

 

 

Par Tony Cartalucci (*) (Vineyardsakerinoceania) - traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone – le 7 février 2015

 

(*) Tony Cartalucci est un chercheur en géopolitique basé à Bangkok et écrivain, en particulier pour le magazine en ligne New Eastern Outlook.

Il soutient également the Land Destroyer Report, site qui peut être suivi sur Twitter ici et sur Facebook ici. Les commentaires, questions, corrections, et les soumissions d’article doivent être envoyés à cartalucci@gmail.com, ou via la page Contact LD.

 

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