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EN PARALLÈLE DES NÉGOCIATIONS USA-IRAN - Exclusif : Les projets secrets d’Israël et de l’Arabie saoudite

EN PARALLÈLE DES NÉGOCIATIONS USA-IRAN - Exclusif : Les projets secrets d’Israël et de l’Arabie saoudite | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


EN PARALLÈLE DES NÉGOCIATIONS

USA-IRAN

Exclusif : Les projets secrets

d’Israël et de l’Arabie saoudite

Par Thierry Meyssan (*)

 

La réponse de Tel-Aviv et de Riyad aux négociations entre les États-Unis et l’Iran se situe dans le prolongement du financement de la guerre contre Gaza en 2008 par l’Arabie saoudite : l’alliance d’un État colonial et d’une monarchie obscurantiste. Alors que le Proche-Orient s’apprête à vivre un changement pour dix ans de ses règles du jeu, Thierry Meyssan dévoile ici le contenu des négociations secrètes entre Tel-Aviv et Riyad.

 

D’aucuns, au Moyen-Orient, ont conscience que les accords secrets qui devraient être signés le 30 juin prochain — en marge de l’accord multilatéral sur le nucléaire — par Washington et Téhéran vont probablement fixer les règles du jeu pour les dix années à venir.

 

Ces accords interviennent alors que les États-Unis sont devenus le premier producteur mondial de pétrole, devant l’Arabie saoudite et la Russie. Ils n’ont donc plus besoin pour eux-mêmes du pétrole moyen-oriental et ne s’y intéressent que pour maintenir le marché mondial en dollars.

 

En outre, Washington a débuté un repositionnement de ses troupes, d’Europe occidentale et du Moyen-Orient vers l’Extrême-Orient. Ceci ne signifie pas qu’il abandonne ces régions, mais qu’il souhaite assurer autrement leur sécurité.

 

 

Israël

 

Selon nos informations, depuis 17 mois (c’est-à-dire depuis l’annonce des négociations entre Washington et Téhéran qui durent, elles, depuis 27 mois), Tel-Aviv mène des négociations secrètes avec l’Arabie saoudite. Des délégations à très haut niveau se sont rencontrées cinq fois en Inde, en Italie et en Tchéquie.

 

La coopération entre Tel-Aviv et Riyad s’inscrit dans le plan états-unien de création d’une « Force arabe commune », sous les auspices de la Ligue arabe, mais sous commandement israélien. Celle-ci est déjà effective au Yémen où des soldats israéliens pilotent des bombardiers saoudiens dans le cadre d’une Coalition arabe dont le quartier général a été installé par les Israéliens au Somaliland, un État non reconnu situé de l’autre côté du détroit de Bab el-Mandeb [1].


Cependant, Riyad n’entend pas officialiser cette coopération tant que Tel-Aviv refusera l’initiative de paix arabe, présentée à la Ligue arabe en 2002 par le prince Abdullah avant qu’il ne devienne roi [2].

Israël et l’Arabie saoudite sont tombés d’accord sur plusieurs objectifs.


— Au plan politique :

« Démocratiser » les États du Golfe, c’est-à-dire associer les peuples à la gestion de leurs pays tout en affirmant l’intangibilité de la monarchie et du mode de vie wahhabite ; Changer le système politique en Iran (et non plus faire la guerre à l’Iran) ; Créer un Kurdistan indépendant de manière à affaiblir l’Iran, la Turquie (pourtant longtemps un allié d’Israël) et l’Irak (mais pas la Syrie, qui est déjà durablement affaiblie).


— Au plan économique :

Exploiter le champ pétrolier de Rub’al-Khali et organiser une fédération entre l’Arabie saoudite, le Yémen, voire Oman et les Émirats arabes unis ; Exploiter les champs pétroliers de l’Ogaden, sous contrôle éthiopien, sécuriser le port d’Aden au Yémen, et construire un pont reliant Djibouti au Yémen.


En d’autres termes, si Tel-Aviv et Riyad font « contre mauvaise fortune bon cœur » et admettent que les deux tiers de l’Irak, la Syrie et la moitié du Liban soient contrôlés par l’Iran, ils entendent s’assurer que l’Iran renoncera à exporter sa révolution ; contrôler le reste de la région en excluant la Turquie qui a succédé à l’Arabie saoudite dans la supervision du terrorisme international et vient de perdre en Syrie.



Palestine


La reconnaissance internationale d’un État palestinien, conformément aux accords d’Oslo et à l’initiative de paix arabe, ne sera qu’une affaire de mois après la signature des accords états-uno-iraniens.


Le gouvernement palestinien d’union nationale, qui n’a jamais fonctionné, a soudainement démissionné. Il parait certain que le Fatah de Mahmoud Abbas sera largement soutenu par son peuple dès lors que l’État palestinien entrera aux Nations unies.


Le Hamas, qui incarnait depuis 2008 la Résistance, s’est soudainement discrédité en officialisant son appartenance aux Frères musulmans (alors que la confrérie a tenté plusieurs coups d’État en Arabie saoudite) et en prenant les armes contre le seul État de la région effectivement pro-Palestiniens, la République arabe syrienne. Aussi, pour se refaire une image, a-t-il décidé de se faire discret et de soutenir désormais plutôt des actions non violentes.


La reconnaissance de l’État palestinien mettra fin au droit au retour des Palestiniens chassés de leurs terres, mais leur ouvrira un nouveau statut. Les États-Unis et l’Arabie saoudite investiront massivement pour développer l’économie du nouvel État.


D’ores et déjà, plusieurs candidats se pressent pour succéder à Mahmoud Abbas (qui est âgé de 80 ans et dont le mandat a expiré en 2009). Parmi ceux-ci Mohammed Dahlan, l’ancien chef de la sécurité qui aurait organisé l’empoisonnement de Yasser Arafat et avait été contraint de quitter le pays en 2007. Après avoir travaillé pour les Émirats arabes unis, puis obtenu les nationalités monténégrine — comme l’ancien Premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra — et serbe, il est rentré en février en Palestine avec l’aide de ses anciens adversaires du Hamas. Devenu milliardaire, il achète sans compter combattants et voix. Un candidat plus sérieux pourrait être Marouane Barghouti, qui purge actuellement cinq peines de prison à perpétuité en Israël, et qui pourrait être libéré dans le cadre de l’accord de paix. C’est en effet la seule personnalité palestinienne non corrompue et ayant échappé aux tueurs du Mossad.



Arabie saoudite


Dans ce contexte, le voyage en Russie du prince Mohamad bin Salman, fils du roi Salman d’Arabie saoudite, a soulevé une vive inquiétude, une campagne de presse laissant entendre qu’il souhaitait négocier une cessation de l’aide russe à la Syrie. Il suivait d’une semaine le déplacement du directeur de l’Organisation de coopération islamique, Iyad bin Amin Madani. Il était accompagné de plusieurs ministres et d’une trentaine d’hommes d’affaires. La délégation saoudienne a participé au Forum économique de Saint-Petersbourg et le prince a été reçu par le président Vladimir Poutine.

Depuis sa création, le royaume wahhabite entretient des relations privilégiées avec les États-Unis et considère l’Union soviétique, puis la Russie, comme des adversaires. Il semble que ceci soit en train de changer.


L’importance considérable des accords économiques et de coopération, qui ont été signés, initie une politique nouvelle. L’Arabie saoudite a ainsi acheté 16 centrales nucléaires, accepté de participer au programme russe de recherche spatiale, et également négocié des accords pétroliers dont les détails sont pour le moment non publiés.


Pour lever toute ambiguïté sur ce rapprochement, le président Poutine a tenu à déclarer que la Russie ne modifiait en rien son soutien à la Syrie et qu’elle aiderait à toute solution politique conforme aux vœux du peuple syrien. Dans des interventions précédentes, il avait indiqué que ceci implique le maintien au pouvoir du président el-Assad jusqu’à la fin du septennat pour lequel il a été démocratiquement élu.



Les perdants de la redistribution des cartes


Tout laisse à penser qu’une fois les accords états-uno-iraniens signés [3], les perdants seront :


Le peuple palestinien qui se verra privé du droit inaliénable au retour pour lequel trois générations se sont battues ; La Turquie qui risque de payer chèrement son rêve hégémonique, son soutien aux Frères musulmans et sa défaite en Syrie [4] ;


La France qui s’est acharnée durant quatre ans pour rétablir ses intérêts coloniaux dans la région et qui se retrouve, en définitive, en simple position de fournisseur d’Israël et de l’Arabie saoudite [5].

 

 

 

PAR THIERRY MEYSSAN (*) - RÉSEAU VOLTAIRE | DAMAS (SYRIE) – LE 22 JUIN 2015

 

 

Notes :

[1] « La Force "arabe" de Défense commune », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 20 avril 2015.

[2] « L’Initiative de paix arabe présentée par le prince Abdullah bin Abdul-Aziz », Réseau Voltaire, 28 mars 2002.

[3] « Que deviendra le Proche-Orient après l’accord entre Washington et Téhéran ? », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 18 mai 2015.

[4] « Vers la fin du système Erdoğan », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 15 juin 2015.

[5] « La prévisible défaite de la France au Moyen-Orient », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 8 juin 2015.

 

 

(*) THIERRY MEYSSAN : Consultant politique, président-fondateur du Réseau Voltaire et de la conférence Axis for Peace. Dernier ouvrage en français : L’Effroyable imposture : Tome 2, Manipulations et désinformations (éd. JP Bertand, 2007). Compte Twitter officiel.

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Ingérence dans les affaires intérieures de la France

Ingérence dans les affaires intérieures de la France | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Illustration : cabinet-primaudit.com


 

Ingérence dans les affaires

intérieures de la France

 

Ils n’en peuvent plus de colère au « Time of Israël » qui répercute largement les réactions de Roger Cukierman, patron du Crif, la deuxième ambassade de Tel-Aviv à Paris. Et de dérouler les dernières déclarations de l’impétrant.

 

« L’attitude française envers Israël va à l’encontre de l’atmosphère amicale créée lors de la visite du président français François Hollande en Israël et à Ramallah » (…)

 

« Si les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et le Japon s’opposent ou s’abstiennent dans des votes hostiles à Israël, la France est la seule puissance démocratique à voter en faveur de ces résolutions. »

 

« Je regrette le zèle de votre ministère (ministère français des Affaires étrangères, NDLR) à soutenir des attitudes anti-Israël, y compris à l’UNESCO, sur des questions religieuses qui sont particulièrement sensibles », ajoute Roger Cuckierman qui note ce que le CRIF perçoit comme des « attitudes anti-israéliennes » au Conseil de sécurité où la France propose une résolution qui imposerait « une limite de temps aux négociations entre Israël et les Palestiniens ». Et le porte-parole de Tel-Aviv, Roger Cukierman de se plaindre de la réception, au mois de mars dernier, de Salah Hamouri — citoyen franco-palestinien — au ministère français des Affaires étrangères.

 

Le gouvernement israélien affiche une particularité exceptionnelle dans le monde : il dispose dans une capitale, Paris, de deux ambassades : la représentation officielle de Tel-Aviv et le Crif chargé de la propagande et de la mise en demeure de ceux qui ne s’alignent pas sur la politique de M. Netanyahu.

 

Il convient de rappeler à M. Cukierman, au Crif et à son employeur que la France est un pays souverain appliquant une directive des Nations unies interdisant l’ingérence dans le fonctionnement et les prises de position d’un pays, sauf en cas de cataclysme humanitaire. Par contre, l’attitude systématique du Crif représente un risque majeur pour les Juifs de France : ils se trouvent ainsi comme engagés globalement dans ces prises de position alors qu’ils sont très loin de les partager.

 

Une chose est l’antisémitisme, un délit, autre chose la légitime critique du gouvernement israélien. Un gouvernement raciste et extrémiste, cela se combat. C’est l’honneur de tous les Justes de ce pays.

 

 

 

Par José Fort, journaliste à l’Humanité – josefort.over-blog.com - le 4 juin 2015

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Stéphanie Latte-Abdallah : « En Israël, l’occupation a été repensée dans une optique managériale »

Stéphanie Latte-Abdallah :  « En Israël, l’occupation a été repensée dans une optique managériale » | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Stéphanie Latte-Abdallah

 

 

Stéphanie Latte-Abdallah :  « En Israël, l’occupation

a été repensée dans une optique managériale »

 

Basée à Jérusalem, Stéphanie Latte-Abdallah est historienne, politiste, chercheuse au CNRS 
(Ifpo-territoires palestiniens). Elle analyse les récentes reconfigurations du régime d’occupation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Pour elle, la multiplication par trois du nombre de colons depuis 1993 témoigne de la permanence d’un processus de colonisation qui s’inscrit au cœur des choix politiques.

 

 

— Pourquoi considérez-vous le mur de séparation, qui capte l’attention médiatique, comme un leurre masquant les reconfigurations de la logique d’occupation et de colonisation de la Palestine ?

 

Stéphanie Latte Abdallah. Ce mur est censé séparer la Cisjordanie de Jérusalem et d’Israël. En réalité, la plupart des check points situés là où passe le Mur, ne séparent pas des lieux sous juridiction israélienne de lieux sous juridiction palestinienne. Par exemple, lorsque l’on passe le check point de Qalandia, on s’imagine qu’on entre en Cisjordanie. En fait, on est toujours dans les quartiers de Kofr Aqab, de Sémiramis, qui sont des quartiers de Jérusalem. C’est d’ailleurs pour cette raison que de nombreux Palestiniens de Jérusalem ont quitté le centre pour s’installer dans ces quartiers : tout en gardant leur statut de résidents de Jérusalem, ils s’ouvrent sur Ramallah et les activités qu’elle offre.

 

Encadrée par le mur, la route 443, qui relie Jérusalem à l’aéroport et à Tel-Aviv, traverse en fait la Cisjordanie. Les Palestiniens qui veulent franchir cette route sont contraints d’emprunter des tunnels, des voies de contournement qui relient, en fait, deux espaces cisjordaniens. La plupart des check points ne sont pas « frontaliers », mais sont internes à la Cisjordanie. Il ne s’agit donc pas d’un Mur qui, certes mange 10 % de la Cisjordanie, mais serait potentiellement frontalier. Par ailleurs, plutôt que de se focaliser sur le Mur, c’est l’ensemble du dispositif de contrôle qu’il faut considérer et qui vise plutôt le morcellement de l’espace palestinien. Après l’échec des accords d’Oslo, après la répression de la seconde Intifada, les modalités de l’occupation ont en effet été repensées dans une optique « managériale », pour gérer un conflit de basse intensité, en évitant les frictions entre des populations susceptibles d’entrer en confrontation, tout en poursuivant activement la colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est.

 

Au total, 380 000 colons sont établis en Cisjordanie, où 60 % du territoire est sous juridiction israélienne (zone C), 20 % sous juridiction civile palestinienne, mais sous contrôle militaire israélien (zone B) et seulement 20 % sous pleine juridiction palestinienne (zone C).

 

Des systèmes de circulation différenciés ont été créés pour que les colons, dispersés sur le territoire, croisent le moins possible les Palestiniens. Dans le même esprit, un système d’ouverture et de fermeture potentielle d’enclaves s’est mis en place pour fermer les villages et les villes palestiniennes en cas de conflit. Le réseau autoroutier obéit parfaitement à cette logique. Au-delà du noyau de colons installés en Cisjordanie pour des raisons idéologiques, les colons de classe moyenne, établis dans les colonies, car elles offrent des logements moins chers, ferment les yeux sur le tracé de la ligne verte (la ligne d’Armistice de 1967 séparant selon le droit international Israël de l’espace palestinien). Ils ont à leur disposition des routes récemment construites ou rénovées qui les emmènent directement à leur travail, à l’aéroport ou à la plage à Tel-Aviv. Ils ne circulent qu’entre espaces israéliens. Pour eux, la ligne verte est gommée et l’autre, le Palestinien est devenu quasi invisible.

 

Les experts militaires ont eux-mêmes utilisé le terme d’occupation invisible au moment du déploiement de cette nouvelle politique gestionnaire de l’occupation.  Dans le même mouvement, l’occupation a été adaptée au contexte néolibéral, les check-points dits « frontaliers » ont été ou sont en phase de privatisation, leur gestion a été confiée à des sociétés qui adoptent le langage du service à des passagers, avec des formes de politesse et de civilité visant à faire oublier la violence du contrôle. Leur architecture emprunte également à des formes urbaines globalisées et ainsi banalisées : les plus importants ressemblent désormais à des terminaux d’aéroport ou à des péages autoroutiers.

 

 

— Les colons se déplacent dans un espace fluide, mais a contrario, les territoires palestiniens sont morcelés, de plus en plus isolés les uns des autres…

 

Stéphanie Latte Abdallah. La disjonction dans les modes de circulation et de perception du territoire est totale. Pour les Israéliens, l’espace est fluide. Un anthropologue a utilisé l’image d’un archipel israélien dont les îles sont parfaitement connectées. Pour les Palestiniens, l’espace est fragmenté. Après la seconde Intifada, les villes et les villages palestiniens étaient vraiment enclos. Les traces de ces clôtures potentiellement réactivables demeurent, avec des barrières prêtes à s’abaisser. La volonté de contrôle est bien là, jusque dans certains quartiers de Jérusalem Est comme Essawiya. Les Palestiniens circulent en Cisjordanie, mais avec difficulté, l’impossibilité de passer par Jérusalem allongeant considérablement les distances.

 

 

— Comment les aspects sacral, historique et politique s’imbriquent-ils dans la confrontation autour du statut de Jérusalem ?

 

Stéphanie Latte Abdallah. Jérusalem n’est pas le seul territoire concerné. Les confrontations sont récurrentes en Cisjordanie, elles ont récemment gagné les villes arabes en Israël. À Jérusalem, une ligne de tension se prolonge en effet depuis le mois de juin 2014, avec des émeutes régulières, qui ont été d’une ampleur nouvelle après le rapt et l’assassinat du jeune Mohamed Abu Khdeir, cet adolescent palestinien du quartier de Shuafat brûlé vif par des extrémistes israéliens, puis au moment de la guerre de Gaza durant l’été 2014. 

 

À ces émeutes se sont ajoutées les violences récurrentes d’extrémistes et de colons israéliens en Cisjordanie et à Jérusalem (celles du groupe « Le prix à payer » notamment) et la série d’attaque à la voiture-bélier (un modus operandi également employé par les colons en Cisjordanie depuis quelque temps déjà) et d’agressions au couteau perpétrées par des Palestiniens. Si l’attention s’est beaucoup portée récemment sur les heurts autour de l’Esplanade des mosquées, dont la portée religieuse et symbolique a un fort écho dans le monde musulman, mais il faut les comprendre dans un continuum de la confrontation plutôt que comme des événements spécifiques qui pousseraient à comprendre la situation à travers un prisme religieux tel qu’on a pu le lire ou l’entendre.

 

Toutefois, Jérusalem-Est présente, à bien des égards, des spécificités par rapport à la Cisjordanie. L’occupation s’y déploie sans le moindre garde fou. Il n’y a pas, ici, d’Autorité palestinienne, toute présence politique palestinienne ayant été définitivement interdite après la fermeture de la Maison de l’Orient en 2001. C’est une zone grise, avec déficit de représentation politique, d’institutions publiques et d’encadrement, un manque cruel de lieux (culturels, de divertissements, d’espaces verts... etc.), d’espaces et de services publics puisque la municipalité ne remplit pas son rôle de la même manière à l’est qu’à l’ouest tout en ne permettant pas aux Palestiniens de le faire un resserrement des possibilités d’expression. De nombreuses associations ont été fermées, petit à petit. Côté Est, la ville est livrée à elle-même, à ses habitants comme seuls résistants potentiels aux phénomènes d’occupation et de colonisation.

 

Certains Palestiniens de Cisjordanie peuvent percevoir les Jérusalémites comme des « privilégiés » disposant d’une marge de mobilité sur tout le territoire, des deux côtés. Pourtant Jérusalem-Est souffre d’un véritable abandon. Les Palestiniens, qui en ont été chassés politiquement, boycottent la participation politique à l’échelle municipale. De nombreux habitants de Jérusalem-Est y conservent leur maison, leurs attaches, mais vont vivre momentanément ailleurs, souvent à Ramallah, où ils ont accès à des services, à une vie sociale et culturelle.

 

C’est une ville de la confrontation perpétuelle, où les uns sont toujours et partout face aux autres. Le chemin qui relie le quartier ultra-orthodoxe de Meha Shéarim à la Porte de Damas dessert l’Esplanade des mosquées et le Mur des Lamentations. C’est une ligne droite, une ligne de confrontation entre des gens qui perçoivent différemment la ville et leur ancrage dans la ville.

 

L’accélération de la colonisation, encouragée par Benyamin Netanyahou, a attisé ces tensions. L’an dernier, la majorité des constructions de logements annoncées dans les colonies concernaient Jérusalem. L’annexion de Jérusalem par Israël depuis 1967, et la politique de colonisation qui enclot la ville en reliant des blocs de colonies entre elles tout en investissant sans cesse l’intérieur même des quartiers palestiniens (à Cheikh Jarrah, à Silwan par exemple) entend acter l’absorption de la ville. Ce qui se heurte frontalement à la revendication, reconnue par la communauté internationale, d’une Jérusalem séparée en deux, et capitale de l’État palestinien dans sa partie Est, sur les lignes de 1967. Cette terrible contradiction et ce déni du droit international se vivent dans les faits et s’expriment en permanence.

 

 

— Les Palestiniens sont-ils aussi poussés hors de la ville par des motifs économiques ? La fracture coloniale est-elle aussi une fracture sociale ?

 

Stéphanie Latte Abdallah. Oui, on pourrait parler de fracture sociale. Les services publics israéliens fonctionnent de façon inégalitaire, avec un abandon de la partie Est, où la moindre activité politique, sociale, culturelle, est jugée suspecte, donc toujours susceptible d’être interrompue. Mais les Jérusalémites ont aussi accès à d’autres formes de ressources, ils ne sont pas forcément les plus mal lotis. La vie est beaucoup plus chère qu’en Cisjordanie, les taxes, notamment d’habitation, sont lourdes. Si maintenir une vie à Jérusalem est très coûteux, c’est aussi la possibilité d’accéder à des revenus, à des études dans les deux systèmes. Polyglottes, détenteurs d’atouts, les Palestiniens de Jérusalem jouent souvent le rôle d’interface. Ceci dit, le coût de la vie devenant prohibitif, beaucoup d’entre eux ne vivent plus vraiment à Jérusalem. Ce qui pose problème, puisque quitter Jérusalem pour une période supérieure à sept ans (ou bien acquérir un statut de résident permanent ailleurs) entraîne la perte du statut de résident « permanent » de Jérusalem (selon la loi sur l’immigration qui le définit). Ce statut est donc révocable les autorités israéliennes conduisant des enquêtes sociales visant à vérifier où se trouve le « centre de vie » des personnes. Les Palestiniens sont poussés en dehors de la ville par leur statut juridique précaire, par l’espace restreint, la cherté de la vie par la colonisation et l’atomisation des lieux et des activités palestiniennes dans la ville.

 

 

— Pourquoi le tramway est-il régulièrement pris pour cible ?

 

Stéphanie Latte. La confrontation se cristallise toujours sur des lignes de tension et sur des symboles des lignes de désaccord majeur. Dès sa construction, dès sa mise en service, le tramway a été perçu, du côté palestinien, comme un moyen de conforter l’annexion totale de la ville. Il lie l’extrême ouest de la ville aux colonies, puisqu’il va jusqu’à Pisgat Ze'ev, une colonie de l’est. Ce tramway marque trois arrêts dans les quartiers palestiniens, avant de bifurquer vers les colonies. Présenté comme un lien entre les deux parties de la ville, il permet surtout des trajets fluides entre espaces israéliens. Dès sa genèse, le projet a suscité des condamnations. Les entreprises françaises (Véolia et Alstom) impliquées n’ont pas été épargnées par les critiques et ont perdu des contrats à la suite de leur investissement dans ce projet. Le tramway reste aujourd’hui un point de crispation. Ce qui n’empêche pas les habitants de Bei Hanina et de Shuafat, de se l’approprier pour se rendre notamment à la porte de Damas, ou à l’ouest, rue de Jaffa, ou sur leurs lieux de travail. La cartographie des services publics et des transports en commun en dit long sur la logique d’occupation. Certains « outpost », ces colonies dites « illégales », sont desservies par des bus rejoignant des colonies qui seraient, elles, « légales ». Mais ils desservent aussi ces outposts, ce qui leur confère, de fait, une légitimité.

 

 

— Le profil sociologique des colons a-t-il évolué ?

 

Stéphanie Latte Abdallah. On a tendance à percevoir les colons comme des « extrémistes » à la marge de l’État. C’est vrai, il y a des extrémistes, on l’a vu au moment du désengagement de Gaza en 2005, qui a donné lieu à la mise en scène d’un État prêt à faire la paix confronté à des colons intransigeants. On distingue ainsi les colonies dites idéologiques de colonies « économiques ». Depuis 1993, la multiplication par trois du nombre de colons présents en Cisjordanie et à Jérusalem, témoigne de la permanence du processus de colonisation, même en plein processus d’Oslo. On dénombre entre 520 et 550 000 colons sur une population d’environ 8 millions d’Israéliens.

 

La plupart des familles israéliennes ont donc le plus probablement au moins un colon parmi leurs membres. Il n’est plus donc plus question de marge, mais plutôt d’un phénomène central. Les colons sont au cœur des choix politiques, des politiques publiques, ils reçoivent des aides, bénéficient des cadeaux fiscaux liés aux zones franches qui leur ont permis de développer des zones industrielles et des exploitations agricoles et, tout récemment, vinicoles, de grande ampleur et fort rentables en Cisjordanie.

 

La colonisation ne se résume pas aux « jeunes des collines » installant leur mobile home dans les postes avancés, dans l’attente que l’État israélien avalise leur présence. Il y a aussi tous ces blocs de colonies qui correspondent en fait, aux yeux de leurs habitants, à des villes nouvelles, parfaitement desservies par les transports, dotées de services publics, habitées par des Israéliens qu’attirent les loyers modérés et les subventions, et qui pour la plupart d’entre eux ne se perçoivent pas comme des colons. Ceux-là, majoritaires, appartiennent à cette classe moyenne fer de lance d’une colonisation de peuplement massive, appuyée par l’Etat, encadrée par des politiques publiques. La colonisation ne se résume pas à une frange extrémiste qui aurait pris en otage un État soucieux de faire la paix. Cette vision est fausse.

 

 

— Vous avez travaillé sur les modalités de répression et d’incarcération des Palestiniens. Quelle population vise cette politique répressive, à Jérusalem ?

 

Stéphanie Latte Abdallah. Entre juin et décembre 2014, Jérusalem a été le théâtre d’environ 1500 arrestations. Depuis 2005 et plus encore tout récemment, les jeunes lanceurs de pierres, souvent des mineurs, sont particulièrement visés, avec des interpellations, mais aussi la volonté d’appliquer des peines de plus en plus lourdes. Depuis l’année dernière, est régulièrement brandie la menace d’appliquer des dispositions juridiques permettant des emprisonnements allant jusqu’à 10 ans de réclusion. À Jérusalem, rien n’est toléré. La répression y est plus sévère, les peines plus lourdes, comme pour les Palestiniens vivant en Israël (Palestiniens dits de 48), considérés comme de potentiels ennemis de l’intérieur.

 

La réinsertion, pour eux, est plus difficile, avec l’inscription sur des formes de listes noires leur interdisant l’accès à de nombreux emplois en Israël.  Si l’incarcération est partout un phénomène massif depuis l’occupation de 1967 quand elle a touché environ 40 % des hommes (en cumulant les différentes générations) les politiques répressives, à Jérusalem, impliquent en plus l’arrestation à domicile, l’éloignement de la ville et l’usage du bracelet électronique.

 

Pour le seul quartier de Silwan  300 à 400 mineurs sont passés par la prison en 2012. Après un premier passage par la prison, la plupart de ces jeunes y retournent. Ces incarcérations à répétition s’inscrivent dans les biographies de ces jeteurs de pierres, de pétards ou de feux d’artifice. À Silwan, parmi ces 400 mineurs, une étude a montré que 40 % ont interrompu leurs études. Les incarcérations massives ont aussi un coût financier très lourd pour les familles et la société palestinienne. Des prévenus sortent sous caution, mais surtout les amendes font maintenant partie intégrante des peines, et leur montant a augmenté. Pour jet de pierres, aux mois de prison s’ajoute le plus souvent une amende de l’ordre de 6000 shekels (environ 1400 euros). Une économie et un marchandage judiciaire et carcéraux se sont mis en place et font pression sur les familles. Si les mineurs en détention ne sont pas proportionnellement plus nombreux que précédemment, ils sont plus souvent arrêtés. Ils ont été les plus visibles et les plus actifs dans les manifestations du printemps, de l’été et de l’automne 2014 que l’on pourrait qualifier d’Intifada qui n’a pas dit son nom. Une intifada silencieuse, mais aussi anarchique, sans réel encadrement ou leaders, une Intifada livrée à elle-même.

 

 

Entretien réalisé par 
Rosa MOUSSAOUI - humanite.fr – le 27 mars 2015

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Comment Washington, Tel-Aviv et Riya travaillent à la création d’un État Islamique docilisé

Comment Washington, Tel-Aviv et Riya travaillent à la création d’un État Islamique docilisé | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Source photo : le360.ma/fr


 

 

Comment Washington, Tel-Aviv et Riyad

travaillent à la création d’un État Islamique docilisé

 

Le fameux croissant chiite qui va de Téhéran au Sud-Liban, en passant par Bagdad et Damas, reste plus que jamais la bête noire des États-Unis, d’Israël et des pays du Golfe. Aujourd’hui, ce triumvirat et leurs laquais travaillent d’arrache-pied à la création de facto de cet État islamique qu’ils prétendent combattre. En réalité, la campagne de bombardements en cours ne sert qu’à en fixer les futures limites géographiques. Ensuite, la zone ainsi créée sera « docilisée » par un océan de pétrodollars et l’extermination des récalcitrants. But final de l’opération : créer un ventre mou régional sunnite qui permette enfin de casser physiquement ce diable d’axe chiite et affaiblir ainsi à la fois l’Iran, le Hezbollah et par ricochet le Hamas palestinien.


 

Le triumvirat des peuples élus autoproclamés…

 

Avant d’entrer dans le vif du sujet, un petit détour par notre fameux triumvirat, histoire de présenter les acteurs du dernier jeu de massacre géopolitique en cours. 
On connaît par cœur l’alliance indéfectible qui unit les États-Unis à son 51e État israélien, et qui permet à l’entité sioniste d’accumuler en Palestine et au Liban les pires boucheries et crimes de guerre depuis 60 ans sans aucun souci du lendemain.


On connaît aussi la révérence humide (1) de Washington et des pays du Bloc atlantiste pour la monarchie saoudienne, même si cette dernière est l’une des plus brutales théocraties du monde arabo-musulman ; même si son wahhabisme rétrograde est la matrice idéologique des terroristes d’al-Qaïda, Daech, al-Nosra et Cie.



On connait moins en revanche l’axe Riyad-Tel-Aviv puisque, instinctivement, on aurait plutôt tendance à classer la Grande Mosquée saoudienne dans le rang des ennemis « naturels » d’Israël. Sauf que, comme on dit, les ennemis de mes ennemis sont mes amis. Or dans sa course effrénée pour conserver le leadership du monde musulman, Riyad n’a qu’un seul véritable ennemi : l’Iran chiite et ses alliés (2). Et il se trouve que pour des raisons sécuritaires cette fois, c’est exactement le cas pour Tel-Aviv qui craint par-dessus tout l’Iran et l’arsenal du Hezbollah.



Avec l’axe Washington-Tel-Aviv-Riyad, qui regroupe l’« exceptionnalisme » américain (3), l’État juif militarisé et la Mecque du salafisme : c’est un peu le triumvirat des peuples élus autoproclamés réunis dans la plus improbable et effrayante des coalitions.



 

 

Alimenter, mais circonscrire l’incendie

 

Au plan opérationnel, l’idée est donc simple et complexe à la fois. Simple, car il s’agit d’un côté d’alimenter l’incendie (argent, armes, combattants) des djihadistes de Daech, al-Nosra et consorts, mais aussi, de l’autre, de circonscrire ses contours pour qu’il ne ravage que la zone voulue (>>voir la carte). 
Au nord, pas question ainsi de s’approcher de la zone kurde et d’Erbil, chasse gardée à la fois des Américains et des Israéliens pour lesquels le clan Barzani roule à tombeau ouvert si l’on ose dire. 
Pas question non plus d’exercer une trop forte pression sur la frontière Turque, pays membre de l’OTAN par où nombre de djihadistes étrangers passent (4). Les frappes US se concentrent d’ailleurs majoritairement sur ces deux zones pour fixer de facto la limite nord de l’EI en Syrie, et sa limite Est en Irak.
 En Irak toujours, la limite Sud de l’EI se dessinera naturellement en venant buter contre la partie chiite du pays où il n’a aucune chance de s’implanter.
 Pour la limite ouest-irakienne, elle devra nécessairement être fixée assez loin des frontières du grand allié des États-Unis qu’est la Jordanie, où nombre de mercenaires font escale en ce moment pour y être formés par des instructeurs américains avant de partir semer la terreur en Syrie (5). 


 

 

Hezbollah armé : le binôme gagnant

 

Enfin, reste le problème de la frontière Ouest de l’État islamique en Syrie, frontière qui longe les zones particulièrement sensibles que sont le Liban et Israël.
 S’agissant du Liban, il est évident que c’est grâce à l’engagement du Hezbollah, puis de celui de l’armée libanaise, que le Pays du Cèdre a pu éviter d’être aspiré dans la spirale de la guerre. Notons aussi à ce stade que c’est l’entente entre le Courant Patriotique Libre du général chrétien Michel Aoun et le Hezbollah qui a permet actuellement la stabilité du pays dans son versant politique. Mais la pression reste très forte et des attaques sanglantes occasionnent de nombreuses pertes dans l’anti-Liban par exemple (6).À l’heure où nous écrivons ces lignes, plusieurs milliers de terroristes de EI et al-Nosra sont coincés dans un chaudron dans le Jurd, entre le Liban et la Syrie, pris sous les feux croisés de l’armée loyaliste de Bachar el-Assad, de l’armée libanaise et des forces du Hezbollah.
 Inutile de dire que l’hiver aidant, l’espérance de survie des djihadistes pris dans la nasse fond comme neige au soleil…


 

 

Quand Israël parie sur al-Nosra

 

Plus au sud, Israël a engagé une partie particulièrement perverse en soutenant clairement les bouchers d’al-Nosra. « Nous savons qu’Israël accueille des blessés d’al-Nosra dans ses hôpitaux pour les renvoyer ensuite au combat », nous confiait hier une source libanaise très bien informée. 
Pour l’État hébreu, l’objectif est en effet de tisser des liens étroits avec le groupe salafiste dont il entend se servir ensuite comme d’une force supplétive pour tenir une zone tampon qui courrait le long du Golan. Un peu comme il l’avait fait en son temps avec l’Armée du Liban Sud (ALS).
 « Lorsque vous avez aidé des combattants, précise notre source, négocié avec ses chefs et fait en sorte qu’ils vous doivent finalement beaucoup de leur succès et de leur survie, il est facile ensuite de traiter l’après-guerre avec eux en bonne intelligence. »

 

Ainsi, pour Israël, une chute de Bachar el-Assad – qui ferait voler en éclat le croissant chiite et casserait les lignes d’approvisionnement en armes du Hezbollah et du Hamas – représente ainsi un bénéfice bien supérieur au risque encouru par la présence de djihadistes aisément manipulables.
 Et puis, souvenons-nous que l’éclatement de l’Irak et de la Syrie figure au programme de l’État-major israélien depuis les années » 80 (7).


 

 

Iran et Russie en embuscade

 

En résumé, l’État islamique ainsi créé avec les garde-fous adéquats – dont pourquoi pas des Casques bleus pour faire tampon – pourrait même devenir à terme un partenaire officieux tout à fait convenable pour le Bloc atlantiste et Israël, une fois la poussière de la bataille retombée ; les tribus sunnites achetées et les cadres djihadistes récalcitrants exterminés lors d’une opération de nettoyage inspirée de celles conduites au Vietnam (Phoenix) ou en Amérique latine (Condor). 
Reste qu’évidemment tout cela est très joli sur le papier, mais l’affaire est loin d’être pliée.
 Car hormis le risque de perte de contrôle de l’incendie par le Bloc atlantiste, l’Iran, la Russie, la Syrie légaliste et la résistance libanaise sont également à la manœuvre et sont loin, très loin, d’avoir dit leur dernier mot.

 

 

PS : Une attaque du Hezbollah dans la zone des Fermes de Chebaa occupée par Israël a fait deux morts et des blessés dans les rangs de l’armée sioniste mercredi.

 

Il s’agissait d’une riposte attendue à l’attaque perpétrée par Israël en Syrie il y a une dizaine de jours, et qui avait provoqué la mort de six combattants du Hezbollah et d’un général iranien. Mais le Hezbollah a aussi clairement voulu dire à l’entité sioniste qu’elle n’avait pas les mains libres dans la région du Golan. Israël a riposté à son tour, tuant… un soldat espagnol de la Finul.

 

Il est peu probable qu’Israël prenne le risque de déclencher aujourd’hui une nouvelle guerre contre le Hezbollah qui lui avait déjà infligé l’humiliant revers que l’on sait en 2006, alors qu’à l’époque, la résistance libanaise disposait d’un arsenal bien moindre que celui qu’elle détient aujourd’hui (env. 100’000 roquettes).

 

 


Par entrefilets.com – le 29 janvier 2014

 

Notes :

1 Cette révérence est bien évidemment liée au ciment nauséabond du pétrole, mais pas seulement. Les USA se sont en effet toujours appuyés sur les sunnites pour conduire leur conquête du Moyen-Orient. Le sunnisme est en effet un pouvoir de marchands. Il préconise d’obéir au prince, fusse-t-il corrompu, puisque l’on ne saurait présumer du jugement final de dieu sur le bonhomme. À l’inverse, le chiisme ne fait pas de compromis avec le prince si celui-ci est perverti et préconise dès lors son renversement. Comme le souligne François Thual dans sa Géopolitique du chiisme : « Vivre dans l’attente du retour de l’Imam en luttant contre l’injustice sur cette terre est, très globalement, le programme de cette religion dans son aspect profane. » La pire des hérésies pour l’Occident qui, comme la Sunna, est un pouvoir de marchands qui veut bien traiter avec n’importe quel prince, tortionnaire, dictateur ou despote on s’en fout, pourvu qu’il ait le même dieu que lui, la Grande Calculette donc.


2 Depuis la première guerre du Golfe, jamais les pétromonarchies n’ont été plus éloignées de leurs références islamiques et leur soumission aux intérêts américains, voire israéliens, est très mal perçue par la rue arabe. Avec des positions (anti-israéliennes, anti-américaines) aux antipodes de ses voisins du Golfe, Téhéran s’affirme donc de plus en plus comme une référence religieuse plus convaincante malgré le fossé qui sépare les branches sunnites et chiites de l’Islam. Au demeurant, on constatera aussi que les pays du Golfe sont en proie à des troubles souvent liés à leurs très fortes minorités chiites, sans parler de Bahrein dont la population est à 70 % chiites. Pour les puissances du Golfe, la priorité absolue est donc à la chute de l’Iran chiite, dont la déstabilisation du régime chiite alaouite de Bachar al-Assad est un préalable.


3 Les États-Unis et le facteur religieux

4 Flux de combattants étrangers

5 Tentative de dessiner les futurs contours de Daech

6 Soldats libanais tués à la frontière

7 Stratégie pour Israël dans les années « 80


Koter Info's insight:


Et soudain, tout devient clair !


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La révolte des Israéliens noirs

La révolte des Israéliens noirs | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Illustration : dans la manifestation des Éthiopiens d’Israël contre les violences policières et la discrimination. Tel Aviv, 3 mai 2015, via i24news.tv.

 

 

La révolte des Israéliens noirs

 

On le sait, il n’est pas facile d’être Palestinien dans un « État juif ». Mais la récente révolte des juifs d’origine éthiopienne rappelle qu’il ne suffit pas d’appartenir à cette religion pour ne pas être discriminé. Et que, même juif, il vaut mieux être Blanc que Noir dans une société divisée socialement et ethniquement et où le racisme institutionnel est légitimé par les principaux ministres du nouveau gouvernement de Benyamin Nétanyahou.

 

Qui s’intéresse un tant soit peu à Israël connaît le conflit israélo-palestinien. Souvent même, il sait que la minorité palestinienne d’Israël — ceux qu’on a longtemps appelés les « Arabes israéliens » — est soumise à une discrimination structurelle. En revanche, on connaît beaucoup moins les divisions et les discriminations au sein même de la population juive israélienne.

 

Certes, Israël étant constitutionnellement un « État juif », le fait d’être juif confère un statut privilégié par rapport à tous les autres citoyens, indépendamment de la place sociale ou de l’origine ethnique. C’est écrit noir sur blanc dans un nombre limité de lois, mais c’est surtout ancré dans la pratique des institutions gouvernementales dont l’objectif prioritaire reste, près de 70 ans après la création de l’État d’Israël, de renforcer ce dernier comme « État juif et démocratique ».

 

Ceci dit, les privilèges octroyés aux juifs par l’« État juif » sont inégalement partagés : selon un récent rapport de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) 1, Israël est le deuxième pays industrialisé où le fossé entre riches et pauvres est le plus important. Elle est loin derrière nous, l’image d’Israël comme modèle d’État social — voire socialiste — et égalitaire… L’offensive néolibérale menée par Benyamin Nétanyahou dans les années 1980 a été d’une sauvagerie sans précédent parmi les nations industrialisées. Auprès de lui — à l’époque ministre des finances2 —, Margaret Thatcher fait figure de Mère Teresa.

 

Les divisions qui traversent la société juive israélienne sont à la fois sociales et ethniques, les deux étant souvent imbriquées : les plus riches sont d’origine européenne, les plus pauvres, d’« Afrique-Asie », selon le terme utilisé par le bureau central de statistiques israélien. Et tout en bas de l’échelle se trouvent les juifs originaires d’Éthiopie.

 

 

Discrimination ordinaire

 

Si au début des années 1970, Golda Meir pouvait encore dire qu’un « vrai juif » parle forcément le yiddish, la révolte des Panthères noires3 et la montée en force des juifs orientaux originaires du monde arabe et du bassin méditerranéen ont mis fin à de tels discours, même si les discriminations ont loin d’avoir disparu. Mais des juifs noirs  ?!

 

À l’époque de Golda Meir, il suffisait d’être un peu basané pour être traité avec dédain de Schwartze (Noir), alors imaginez ce que c’est que d’avoir la couleur de peau des Éthiopiens ou des Érythréens.

 

C’est d’abord être régulièrement roué de coups par les forces de police dans les quartiers sud de Tel-Aviv, en particulier par les gardes-frontières et l’unité spéciale chargée de mener la chasse aux « infiltrés ». Car comment un policier raciste peut-il faire la différence entre un citoyen éthiopien (juif) 4 et un migrant qui a fui l’Érythrée ou le Soudan du Sud  ? « Tous des nègres ! » Ce n’est donc pas un hasard si la raison première des rassemblements de protestation des Éthiopiens au cours des derniers mois a été la dénonciation des violences policières. Dans son rapport de mai 2013, le Contrôleur général de l’État, Yossef Shapira, fait le bilan des discriminations sociales :

 

— 18 % des Éthiopiens sont au chômage (le taux de chômage en Israël est de 5,6 %),

 

— 65 % des jeunes Éthiopiens vivent sous le seuil de pauvreté (51,7 % des familles),

 

— la majorité des lycéens n’obtiennent pas le baccalauréat,

 

— plus de 20 % ne vont pas au bout de leur service militaire à cause de ce que l’armée qualifie de « comportement particulièrement mauvais ».

 

Si l’État a mis en place toute une série de mécanismes pour améliorer la situation, en particulier dans les lycées, ce bilan du Contrôleur est sans équivoque : ils ont tous échoué.

 

L’un des paradoxes de la société israélienne — mais c’est le cas également dans un grand nombre d’autres pays — est que l’on retrouve de nombreux Éthiopiens dans la police des frontières et dans les services pénitentiaires, métiers qui ne nécessitent aucun niveau d’éducation. Mais même avec l’uniforme censé asseoir leur autorité, ils se font souvent agresser, que ce soit aux checkpoints ou dans les prisons, d’autant que, pour la majorité d’entre eux, ils sont plutôt frêles de corps. J’ai moi-même le souvenir de ces détenus à la prison de Ma’assiyahou qui appelaient leur surveillant en ces termes : « viens ici, négro, et que ça saute ! »

 

 

L’égalité est un combat

 

Pourtant, depuis quelques années nous sommes les témoins d’un tournant : une nouvelle génération est née, elle a grandi en Israël, y a fait son service militaire et surtout acquis un sens de la revendication et de la lutte. Être traités comme moins que rien n’est plus aussi courant qu’à l’époque de leurs parents. S’ils restent fortement liés à leurs traditions, les jeunes Éthiopiens et Éthiopiennes se sentent Israéliens et veulent être perçus et traités comme tels. Ce n’est pas un hasard si l’un des slogans les plus répétés au cours de la grande manifestation de Tel-Aviv du 3 mai 2015 était : « Nous sommes des Juifs ! ». Certains n’hésitaient d’ailleurs pas à ajouter « et pas des Arabes ». Souvent, dans les débats, ces jeunes Israéliens d’origine éthiopienne — car c’est ainsi qu’ils veulent être définis — mettent en avant leur service militaire, voire leurs « faits de guerre » dans les territoires palestiniens occupés.

 

Le passage à tabac d’un soldat éthiopien en uniforme par des policiers a été l’un des éléments déclencheurs des dernières manifestations. S’ils avaient eu un minimum de connaissance d’Israël, ils auraient pu apprendre des Druzes et des Bédouins que le service militaire en Israël n’est en aucun cas la promesse d’échapper à la discrimination. L’égalité est un combat, en Israël comme ailleurs, même quand on est juif dans l’« État des juifs ».

 

 

« On nous traite comme des Arabes »

 

Les manifestations des Éthiopiens ont été réprimées par la police avec une violence rare — s’agissant évidemment de manifestations de juifs. « On nous a traités comme des Arabes », ont répété les manifestants à qui voulait les entendre. Il faut reconnaître qu’ils ne s’étaient pas comportés comme des enfants de chœur, brisant le stéréotype du « gentil » Éthiopien en n’hésitant pas à attaquer des policiers pour libérer l’un de leurs camarades.

 

Si la police a réagi en annonçant l’inculpation des manifestants arrêtés pour voies de fait et violences contre les forces de l’ordre, le gouvernement, lui, a décidé de mettre en place une commission dont le mandat est de faire des propositions pour l’amélioration des conditions de vie des Éthiopiens. Dans cette commission ont été cooptés des notables de la communauté, en particulier des qais, les rabbins éthiopiens… que le Grand Rabbinat d’Israël ne reconnaît d’ailleurs pas.

 

Il est cependant peu vraisemblable que la nouvelle génération d’Éthiopiens se reconnaisse dans ces notables, et tout laisse penser que leur révolte va se poursuivre. Extirper le racisme anti-noir de la société israélienne, et d’abord de sa police, est un combat sur le long terme qu’on ne peut séparer du combat que mènent les Palestiniens israéliens pour l’égalité. La convergence des luttes pour l’égalité est une nécessité. En Israël, elle est révolutionnaire.

 

 

 

PAR MICHEL WARSCHAWSKI - orientxxi.info – le 3 juin 2015

 

 

MICHEL WARSCHAWSKI : journaliste et militant de gauche israélien, il est cofondateur et président de l’Alternative Information Center (AIC). Dernier ouvrage paru (avec Dominique Vidal) : Un autre Israël est possible, les éditions de l’Atelier, 2012.


Notes :

1Le point sur les inégalités de revenus. Le creusement des inégalités touche plus particulièrement les jeunes et les pauvres, 2014.

2Benyamin Nétanyahou a été ministre des finances dans le gouvernement d’Ariel Sharon du 28 février 2003 au 9 août 2005.

3Le mouvement des Panthères noires israéliennes a été un mouvement de protestation contre les discriminations subies par les juifs mizrahim (orientaux). Il a été fondé en 1971 près de Jérusalem, sur le modèle du mouvement afro-américain des Black Panthers.

4Le terme falasha, qui signifie exilé ou immigré en amharique, est souvent utilisé pour désigner les Israéliens d’origine éthiopienne, mais pas par eux-mêmes qui, l’estimant péjoratif, emploient plutôt Beta Israel (la maison d’Israël). Ce dernier terme tend à être remplacé en Israël par «  juifs éthiopiens  » ou plus simplement par etiopim (Éthiopiens).


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La France doit cesser d’allumer la poudrière moyen-orientale !

La France doit cesser d’allumer la poudrière moyen-orientale ! | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : François Hollande et le roi Salman d’Arabie saoudite le 4 mai 2015 à Ryad. Crédit : Reuters


Carte : la carte qui se dessine actuellement ne ressemble-t-elle pas à celle publiée par le New York Times en 2013, avec un Alaouistan à l’ouest, un Sunnistan traversant la Syrie et l’Irak, un Kurdistan au nord du Sunnistan et un Chiistan au sud-est de l’Irak ?

 

 

La France doit cesser d’allumer

la poudrière moyen-orientale !

 

 

L’Arabie saoudite et le Qatar ont beau mettre à feu et à sang le Moyen-Orient, au nom de leurs parrains à Londres, à Washington et à Tel-Aviv, rien ne semble faire dérailler une politique française moyen-orientale qui, depuis l’élection de François Hollande, a fait de l’alliance avec les puissances sunnites les plus arriérées de la région et avec l’Israël de l’ultra-droite de Benyamin Netanyahou, le pilier de son action au Moyen-Orient.

 

La tournée de notre Président au Qatar et en Arabie saoudite, les 4 et 5 mai derniers, n’a fait que confirmer ce partenariat dans l’horreur. À Doha, M. Hollande a signé un accord pour la vente de 24 Rafale, pour 6,3 milliards de dollars.

 

En Arabie Saoudite, il a renforcé le partenariat avec ce pays, un partenariat considéré à Paris désormais, comme de « nature extrêmement politique et stratégique ». Par ailleurs, des négociations ont commencé pour des contrats pouvant atteindre plusieurs dizaines de milliards de dollars, notamment dans les domaines de l’énergie (nucléaire et solaire), des transports, de l’armement et de l’aérospatial. Paris compte en effet profiter de tous les atouts de ce pays : ses milliards de dollars en revenus pétroliers, un boom démographique en cours et une volonté de construire seize centrales nucléaires.

 

N’ayant pas eu le courage de se battre pour une vraie réforme financière permettant de relancer la croissance, Paris, dont les caisses sont vides, se croit obligé de ramper pour quelques milliards, en vendant ses armements de pointe à des pays qui sont les principaux acteurs de la poudrière moyen-orientale.

 

Mais ce qui est bien plus grave est que la France veuille sceller avec l’Arabie saoudite un partenariat non seulement économique, mais stratégique. En tant que premier dirigeant occidental jamais invité à un sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG), rassemblant les puissances pétrolières sunnites du golfe Persique, François Hollande aligne notre pays sur les desseins de ces puissances et de leurs alliés dans la région et dans le monde.

 

Or, quels sont ces desseins ? Le 4 mai, François Hollande débarquait dans une Arabie saoudite en plein bouleversement. Le 29 avril, le roi Salmane, arrivé au trône en janvier après la mort du roi Abdallah, a mené un véritable coup de palais.

 

Bousculant l’ordre de la succession par lequel le pouvoir se transmettait aux frères puis aux demi-frères du roi, Salmane a décrété que son successeur direct serait son neveu, Mohammed Ben Nayef, l’actuel ministre de l’Intérieur, et non Moqren, dernier fils vivant d’Abdelaziz, fondateur de la dynastie.

Le deuxième dans l’ordre de la succession devient son propre fils, Mohamed Ben Salmane, actuel ministre de la Défense.

 

Autre changement, et de taille : si jusqu’à présent un consensus devait régner parmi les différents clans de la famille, le coup de palais du roi Salmane s’est fait exclusivement en faveur du clan des Soudeiri, dont il fait lui-même partie et qui est connu comme le plus fanatique de tous.

 

Le prince Bandar, soupçonné d’avoir trempé dans les attentats du 11 septembre 2001 lorsqu’il était ambassadeur aux États-Unis, est un Soudeiri. C’est l’homme qui, en collaboration avec l’oligarchie anglaise et américaine, a dirigé les opérations de déstabilisation et autres coups d’État visant les ennemis de l’Arabie saoudite et de ces pouvoirs occidentaux depuis les années 1980.

 

C’est donc avec ce clan que la France pactise aujourd’hui. Sa consolidation au pouvoir s’est d’ailleurs traduite par le lancement le 26 mars d’une guerre au Yémen qui, en mettant aux prises les deux frères ennemis de l’islam, l’Arabie saoudite et l’Iran, pourrait faire exploser toute la région. Riyad accuse abusivement les Houthis, le groupe chiite qui a pris le pouvoir à Sanaa, d’avoir mené un « putsch chiite » avec l’aide de l’Iran contre l’ancien président Abedrabbo Mansour Hadi, un allié corrompu de l’Arabie saoudite, dont le mandat était arrivé à échéance en 2014.

 

Dans un contexte où certains à Washington – une fois n’est pas coutume – tentent de tempérer les ardeurs guerrières de leur allié saoudien, soucieux de l’accord qu’ils sont au bord de signer avec l’’Iran et sous forte pression de certains élus et milieux politiques convaincus que l’Arabie saoudite continue à financer le djihadisme, la France a fait au contraire le pari de renforcer son « partenariat stratégique » avec l’Arabie saoudite !

 

Outre cette affaire du Yémen, c’est le soutien de l’Arabie saoudite à la folle course meurtrière de l’État islamique pour redessiner les frontières du Proche-Orient, qui illustre le mieux l’aventurisme de la politique engagée par Paris. Sous l’influence de Bernard-Henri Lévy, Nicolas Sarkozy a provoqué l’implosion de la Libye.

 

Alain Juppé suivi par François Hollande ont ensuite entraîné la France dans une guerre de destruction de la Syrie millénaire. Aujourd’hui, ils contribuent à l’éclatement des pays issus de l’accord Sykes-Picot pour les remplacer par des États croupion, ethniquement homogènes, sous la botte des pétromonarchies.

 

La carte qui se dessine actuellement ne ressemble-t-elle pas à celle publiée par le New York Times en 2013, avec un Alaouistan à l’ouest, un Sunnistan traversant la Syrie et l’Irak, un Kurdistan au nord du Sunnistan et un Chiistan au sud-est de l’Irak ?

 

M. Hollande croit-il pouvoir éviter à la France la destruction qu’il inflige aux nations du Proche-Orient ? Il a bien vite oublié les événements des 7 et 8 janvier 2015…

 

 

 

Par Christine Bierre - solidariteetprogres.org - le 20 mai 2015.

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Le ministre des affaires étrangères israélien veut décapiter certains de ses concitoyens arabes – et nos médias n’en parlent pas !

Le ministre des affaires étrangères israélien veut décapiter certains de ses concitoyens arabes – et nos médias n’en parlent pas ! | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Le ministre des affaires étrangères israélien veut décapiter certains de ses concitoyens arabes – et nos médias n’en parlent pas !

 

La propagande hurlante, on voit ce que ça donne sur la Russie, mais il ne faut pas oublier qu’elle existe aussi en version silencieuse, consistant à passer sous silence (ou alors en 10 lignes page 18) des informations importantes.

 

Exemple : lundi, en meeting électoral dans la ville de Herzliya, au nord de Tel-Aviv, pour les proches élections législatives, le ministre des affaires étrangères israélien (d’extrême droite) Avigdor Liberman (ou Lieberman) a tranquillement déclaré que tous les Arabes israéliens qui ne sont pas fidèles à Israël devraient « être décapités à la hache ».

 

« Ceux qui sont de notre côté méritent beaucoup, mais ceux qui sont contre nous méritent de se faire décapiter à la hache », a-t-il affirmé face à son auditoire, rapporte le site d’information Newsweek. Le ministre a même estimé qu’il n’y a « aucune raison qu’Umm al-Fahm » (la troisième ville arabe du pays) « fasse partie d’Israël ». Pour lui, la communauté arabe n’a aucunement sa place sur le territoire. « J’ai tendance à vouloir faire don au chef de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas des Arabes qui brandissent le drapeau noir le jour de la nakba. Ce serait avec plaisir. »

 

Le jour de la « nakba » (désastre, en arabe) fait référence à l’exode de milliers de Palestiniens après l’indépendance d’Israël et leur retour en terres palestiniennes. L’événement est commémoré par des rassemblements à travers la Cisjordanie, la bande de Gaza, mais aussi dans certaines villes israéliennes.

 

Pour Ron Gilran, vice-président du Conseil de risque géopolitique, le Levantine Group, basé à Tel-Aviv, ces déclarations sont un moyen pour Lieberman et son parti nationaliste de droite, l’Israël Beiteinou, de récolter des voix avant les élections. « L’électeur instruit sait que c’est une tentative de gagner le soutien du peuple », explique-t-il à Newsweek.


Ce n’est pas la première fois que Lieberman fait parler de lui avec des propos discriminants. En novembre dernier, il faisait part de sa volonté d’offrir de l’argent aux citoyens arabes israéliens – qui représentent 20 % de la population israélienne – afin qu’ils acceptent de s’installer en terres palestiniennes si un État est créé. Le ministre soutient une position radicale à l’encontre de tous ceux qui trahiraient son État. Il estime même qu’une condamnation à mort est nécessaire pour tous ceux qui dénonceraient les politiques israéliennes à l’encontre des Palestiniens.

 

Les élections législatives israéliennes sont prévues le 17 mars. Le Premier ministre actuel Benyamin Nétanyahou est grandement concurrencé par le parti d’opposition, l’Union sioniste, dirigé par Isaac Herzog et Tzipi Livni.

 

Avouez que ce n’est pas rien, surtout comparé à l’hystérie russophobe. Imaginez ce que diraient nos canards/radios si le ministre russe avait déclaré ceci pour les Tchétchènes musulmans par exemple. On serait presque en guerre…

 

Mais là, magie, RIEN ! (ou presque)

L’extrait précédent est tiré d’un article de Libération, du 10 mars, qui a repris l’info d’un article de la veille du quotidien israélien Haaretz.

 

 

 

Par Olivier Berruyer - les-crises.fr – le 11 mars 2015

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