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Une brèche dans la formidable muraille antirusse du Système

Une brèche dans la formidable muraille antirusse du Système | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Illustration : fr.dreamstime.com 

 

 

Une brèche dans la formidable muraille

antirusse du Système

 

La muraille antirusse établie par le système de la communication au niveau le plus officiel et pour le compte du bloc BAO (NDLGazette : bloc américaniste occidentaliste), est à la fois formidable et immensément vulnérable. Formidable, parce qu’elle s’appuie sur toute la puissance du système de la communication dans sa fonction-Système, avec l’emprisonnement de l’esprit dans l’impératif orwello-pavlovien du déterminisme-narrativiste ; immensément vulnérable parce que ce formidable édifice est constitué d’une énorme quantité de sable et bâti sur le même sable de la narrative qui, au contact d’une vérité de situation, peut brusquement se dissoudre et emporter la muraille et ses fondations dans une dissolution mortelle.

 

Dans ce contexte, le fait de pratiquer une brèche visible, publique, affirmée dans ce mur de sable constitue un acte qui pourrait être très-important, dont les conséquences peuvent effectivement entraîner l’énorme aggloméré de ce sable incontrôlable dans des conséquences vertigineuses à la manière d’un tourbillon, qui auraient le potentiel de détricoter presque instantanément certaines parties de cet édifice faussaire, type-Potemkine postmoderne, jusqu’à menacer le tout dans un grand élan de désordre...

 

Pour l’instant, l’initiative suscite d’abord quelques signes de ce qui pourrait devenir effectivement un désordre vertueux, du type de l’hyperdésordre ; la situation est caractérisée par l’impuissance totale des autorités-Système qui lancent en vain, sans d’ailleurs vraiment insister, leurs injonctions aux fauteurs de brèche, lesquels répondent par l’indifférence ou la raillerie à peine dissimulée.

 

... En d’autres termes que certains de nos lecteurs pourraient trouver plus clairs, mais qui prennent tout leur poids à la lumière de l’interprétation que nous avons donnée, les deux initiatives, d’une part d’un groupe de dix parlementaires français en visite officielle et ès-qualité en Crimée, d’autre part d’un groupe transnational formé au Parlement Européen (PE), « Pour un nouveau dialogue avec la Russie », d’effectuer un voyage officiel à Moscou en septembre-octobre, constituent les deux faces du même événement dont il est nécessaire de souligner sinon l’importance dans tous les cas l’intérêt.

 

Par ailleurs, l’évènement permet de mesurer l’importance nouvelle que pourraient affirmer les parlementaires nationaux et européens, en agissant de facto, du point de vue de la communication, comme des censeurs indirects, mais impitoyables de la politique-Système antirusse suivie par les autorités nationales et les institutions européennes. Ces initiatives sont d’autant plus fortes et pertinentes que personne, absolument personne n’est capable de donner une justification sensée et argumentée de la politique antirusse absurde suivie par l’Europe et ses États-membres ; l’évidence suffit à cet égard, dans le sens où il existe une impasse intellectuelle totale pour justifier le politiquement injustifiable, pour argumenter à propos de ce qui ne peut l’être puisque le fondement est fait de ce sable faussaire (la narrative).

 

Les positions officielles sont verrouillées sur des affirmations de principe qui ne reposent sur aucune démonstration qu’elles aient quelque correspondance que ce soit avec les principes dont elles prétendent dépendre. Elles sont entièrement élaborées sur la narrative en cours depuis novembre 2013/février 2014 dont l’évidence montre la complète distorsion, à un point où cette narrative crée un déterminisme de la pensée (« déterminisme-narrativiste ») qui, dans un mouvement de cercle vicieux, oblige à une réaffirmation constante de ces positions officielles faussaires. Cette rhétorique effectivement verrouillée a la même puissance et la même vulnérabilité que la muraille antirusse évoquée en tête de ce commentaire.

 

• On passe rapidement en revue, pour les informations de base, sur les deux initiatives auxquelles nous nous référons. La première est effectivement en train de se réaliser, puisqu’il s’agit du voyage en Crimée des dix parlementaires français. Divers textes apparaissent sur les sites officiels russes, qui font naturellement une grande publicité à ce voyage, dont celui-ci, de Sputnik.News le 24 juillet 2015 : « Nicolas Sarkozy, chef du parti Les Républicains et ex-président français, approuve complètement la visite des représentants de son parti en Crimée, rappelle le député de l’Assemblée nationale Claude Goasguen, dont les propos sont rapportés vendredi 24 juillet par le quotidien « Vzgliad ». « Bien sûr. Nicolas Sarkozy a même été très enthousiaste à ce sujet », confirme le membre des Républicains, comme pratiquement tous ceux qui font partie de la délégation française»

 

Le chef de la délégation du parlement français en Crimée, Thierry Mariani, a déclaré jeudi qu’il ne voyait aucune raison de maintenir les sanctions européennes contre la Russie. Le député a rappelé que le but de ce déplacement était de « voir de nos propres yeux » ce qui se passait en Crimée. Thierry Mariani pense que si le référendum n’avait pas eu lieu en Crimée en mars 2014, la région aurait pu connaître le même sort que le Donbass aujourd’hui. Par ailleurs, les députés français jugent inacceptable le refus de délivrer des visas Schengen aux habitants de Crimée. »

 

L’avion de la délégation française a atterri jeudi à l’aéroport de Simferopol. Thierry Mariani a noté que les députés avaient subi des pressions en raison de ce voyage en Crimée, mais que cela ne représentait « pas un grave problème ». La délégation comprend 10 députés et sénateurs français qui rencontreront les représentants des autorités locales, les habitants et les touristes sur la côte. Huit d’entre eux font partie des Républicains (anciennement UMP), et sont accompagnés par un représentant du centre et de la gauche. Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a réagi de manière hostile à cette visite en Crimée et préconisé aux députés de s’abstenir de se rendre dans la péninsule. »

 

Pour ce qui est de l’initiative venue du PE, on se trouve devant une extension intéressante du mouvement « officiel » de contestation de la position officielle du bloc BAO/section Europe. Dans ce cas, le cadre du PE a son intérêt, dans la mesure où il favorise la perception d’une parcellisation dans le sens du désordre des comportements de ce qui est au départ une stricte représentation-Système des diverses politiques en cours. Le PE est, de loin, l’institution la plus intéressante dans son évolution potentielle, pour refléter et exprimer le désordre grandissant qui touche les élites-Système et les directions politiques par rapport à une situation européenne en déliquescence accélérée.

 

L’initiative exposée ici va évidemment dans le sens de l’accentuation de ce désordre, même si les Russes l’utilisent à l’avantage de leur politique, en espérant (vainement, à notre sens) qu’elle participera à une remise en ordre de la politique européenne à leur égard.

 

Voici quelques indictions sur l’initiative (de Sputnik.News du 23 juillet 2015 : « Un groupe de travail « Pour un nouveau dialogue avec la Russie » au sein du Parlement européen se rendra en Russie en septembre-octobre, selon la dirigeante du groupe Nadine Morano. Une demande officielle d’organiser la visite de la délégation a été envoyée à la Douma d’État par l’intermédiaire de l’ambassadeur de la Fédération de Russie à Paris, Alexandre Orlov, selon le journal du groupe médiatique russe RBC. D’après Mme Morano, ni l’ambassade de France en Russie, ni le parlement russe n’ont pour le moment répondu à cette demande. Le groupe de travail plurinational « Pour un nouveau dialogue avec la Russie » a été créé au sein du Parlement européen fin juin. Il compte des députés français ainsi que des députés italiens comme par exemple Elisabetta Gardini qui représente le parti de Silvio Berlusconi « Forza Italia », sans oublier des représentants du Royaume-Uni, de l’Allemagne et du Portugal»

 

Bien entendu, pour apprécier ces divers évènements selon leur aspect le plus intéressant, il faut faire abstraction de tous les éventuels calculs intérieurs [de politique intérieure] des personnalités en cause, quels que soient les jugements [bons ou mauvais] qu’on porte sur elles, des appartenances partisanes, etc. Par exemple, ces initiatives doivent être appréciées à une lumière différente [selon des références différentes] d’initiatives qui viendraient des seuls rassemblements eurosceptiques qui ont dans leur position courante une composante antiSystème constante.

 

Il s’agit de considérer ces initiatives comme venant du cœur des organisations politiques du Système, et observer qu’elles portent une tendance très nette qu’on peut alors identifier comme antiSystème, – et c’est bien en cela qu’elles sont porteuses de désordre, – désordre vertueux puisqu’antiSystème, cela va de soi. En les rassemblant comme nous le faisons, on peut avancer l’hypothèse de « la brèche », c’est-à-dire qu’il pourrait s’agir non pas d’un [de deux] événement [s] isolé [s], mais d’un événement qui aurait la capacité de produire une dynamique suscitant d’autres évènements de cette sorte et inaugurant un flux déstabilisateur faisant apparaître la fragilité du sable dont est composée la formidable muraille antirusse.

 

Tout cela étant considéré du point de vue du Système, il n’en est pas moins intéressant – cette fois en tenant compte des personnalités impliquées, – d’observer que ce sont des parlementaires français qui sont à la pointe de ces évènements. C’est d’une certaine façon un paradoxe, puisque l’on sait que, dans la Vème République, la représentation parlementaire, qu’elle soit nationale ou européenne, joue un rôle réduit au seul législatif, et encore d’une manière passive, pour laisser toute sa liberté à l’exécutif, particulièrement sur les questions dépendant du domaine régalien ou équivalent. Mais l’on sait bien à quoi est réduite la Vème République dans le chef de son exécutif, avec un président de la trempe de notre président-poire : une complète inversion, presque stupéfiante à force d’affirmation négative d’elle-même. On peut alors établir un rapport entre ce fait de la dégénérescence catastrophique de l’exécutif, et le rôle soudain très-activiste de milieux parlementaires français, en complète rupture avec la tradition de la Vème République.

 

Il y a une sorte de phénomène de compensation, qui nous fait réaliser la puissance potentielle que conserve cette Constitution qui est construite selon une logique principielle, autour du fait régalien. Cette observation n’implique pas pour l’instant, dans tous les cas dans le cadre de ce commentaire, qu’on doive tirer des conclusions sur l’évolution de la situation politique française ; elle implique le constat que la dimension régalienne et l’activité opérationnelle qu’elle inspire disposent d’une réelle résilience à l’intérieur du Système, malgré les pressions du Système. Cela n’est pas une surprise après tout, puisque cette dimension a la force structurelle du principe, mais il n’est nullement désagréable d’en avoir une confirmation dans le seul cours de l’évolution politique assez courante, avec ses écarts et ses accidents, mais aussi et soudain, avec ses possibilités de production de nouvelles dynamiques avec une dimension antiSystème.

 

 

 

Par Philippe Grasset - dedefensa.org – le 24 juillet 2015.

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FIFA : un « coup d’État » est un fusil à un coup

FIFA : un « coup d’État » est un fusil à un coup | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it



FIFA : un « coup d’État » est un fusil à un coup

Par Philippe Grasset

 

 


 

Dire qu’un « coup d’État » est « un fusil à un coup » signifie qu’il faut qu’il réussisse quasi simultanément, « en un coup », deux opérations : abattre la cible visée (un président, un dictateur, un général putschiste, un président de la FIFA... une marionnette/un corrompu contre vos intérêts) ; remplacer aussitôt cette cible par un nouveau pouvoir que vous avez préparé (un président, un dictateur, un général putschiste, un président de la FIFA... une marionnette/un corrompu en faveur de vos intérêts). Si l’on suit cette règle de l’art selon l’analyse que l’attaque contre le président Sepp Blatter était une attaque du Système/des USA pour prendre le contrôle de la FIFA et la retourner contre la Russie, – schéma à peu près acceptable selon nombre de signes et qui, seul, justifie notre intérêt pour cette affaire (voir le 29 mai 2015), – la réaction immédiate du site qui s’oppose à la guerre de communication contre la Russie Russia Insider le 2 juin 2015 est incomplète.

 

Cette réaction se résume à deux phrases entre lesquelles on trouve une citation d’un article décrivant la démission-surprise du Suisse Sepp Blatter, quatre jours après sa réélection. On a encore à l’esprit, bien entendu, combien cette réélection s’est faite dans des conditions houleuses d’une tension extrême, et accompagnée de promesses à peine feutrées que l’attaque contre Blatter ne s’interromprait certainement pas avec cette réélection, mais au contraire s’intensifierait ; et cela, toujours bien entendu, avec l’hypothèse fortement acceptable que l’attaque contre Blatter serait aussi et surtout une attaque déstabilisante contre la Russie, organisatrice de la Coupe du Monde en 2018...


« Il semble finalement que le « coup d’État » mené par les USA ait réussi après tout... [...] Normalement, nous devrions moins nous intéresser [à cette affaire.] Mais tout cela constitue une entreprise géopolitique majeure dont la cible est la Russie. »

 

Ce rebondissement du scandale de la FIFA/« coup d’État » US contre la FIFA, son président, la Russie, etc., est résumé sous forme de questions-réponses d’une façon acceptable par BFMTV, à partir des constats de son excellent service sport (le 2 juin 2015).


Le titre « FIFA : et maintenant ? » nous indique qu’il s’agit d’un « état des lieux », tandis que l’on peut être assuré que l’orientation du constat général tient compte d’aspects politiques généraux, mais très peu du cadre général d’un affrontement de communication entre le Système et la Russie. (En excusant l’empressement à faire d’un « prince jordanien » un « monarque du Golfe persique », – vieux réflexe gaulois des admirateurs du Paris Saint-Germain...)

 

« Si Sepp Blatter a annoncé démissionner de son poste de président de la FIFA, il ne quittera pas pour autant la fédération internationale. D’ici à la tenue des prochaines élections, le Suisse s’efforcera de laisser une ultime trace dans l’histoire de l’institution tandis que les candidats à sa succession devraient se bousculer au portillon. »

 

 

Blatter quitte-t-il ses fonctions sur-le-champ ?

 

Non. Jusqu’à la tenue du congrès extraordinaire de la FIFA qui permettra aux 209 membres d’élire un nouveau président (entre décembre 2015 et mars 2016), Sepp Blatter conservera toutes ses compétences. Pas d’intérim, donc, mais un maintien en l’état comme le permet l’article 24 des statuts de la FIFA. Toutefois, la procédure électorale sera supervisée par Domenico Scala, président de la commission d’audit de la FIFA. »

 

 

Que fera Blatter durant ce laps de temps ?

 

Le Suisse ne se contentera pas d’accompagner la procédure électorale. Orgueilleux jusqu’à l’ongle, on peut compter sur Blatter pour quitter le navire par la grande porte. Et laisser une ultime empreinte dans l’institution. « Je vais me concentrer pour engager des réformes ambitieuses », a-t-il d’ores et déjà annoncé, lors de l’annonce inattendue de sa démission. À moins que la justice ne le rattrape et ne l’empêche d’exercer ses fonctions jusqu’au bout… »

 


Quels candidats à la présidence ?

 

Les candidats à la présidence de la FIFA devront officiellement se déclarer dans les quatre mois qui précédent l’élection. Mais dans les minutes qui ont suivi l’annonce de la démission de Blatter, deux hommes n’ont pas tardé à se manifester. Et à faire officiellement acte de candidature. À savoir le prince jordanien Ali bin Al Hussein, qui a poussé vendredi dernier le président sortant au 2e tour, avant de se désister. Et David Ginola, qui remet ça après avoir fait rire tout son monde lors de sa candidature initiale, finalement avortée. De toute évidence, c’est le monarque du Golfe persique qui est à cette heure le candidat le plus crédible.


Mais d’autres ne devraient pas tarder à se manifester comme Michael van Praag (président de la Fédération néerlandaise), Luis Figo, Wolfgang Niersbach (président de la fédé allemande), Sunil Gulati (président de la fédé américaine) et bien d’autres encore. Comme Michel Platini, par exemple ? »

 

• Dernier élément factuel (?) : la démission de Blatter a été aussitôt accompagnée d’indications de « sources » proches de l’affaire (proches du FBI) selon lesquelles une enquête avait été/était/allait être ouverte contre Blatter pour corruption... C’est la nouvelle la moins surprenante de cet aspect de l’affaire, connaissant les méthodes US dans cette sorte de circonstances, quand ce sont les USA qui mènent le coup d’État et quand le résultat de ce coup d’État n’est pas complètement satisfaisant, – tant s’en faut... Sputnik.News reprend l’annonce faite par ABC.News (le 3 juin 2015

 

« Following his sudden resignation as President of FIFA Tuesday, Sepp Blatter finds himself the subject of investigation by US prosecutors and the Federal Bureau of Investigation. His decision to quit came just days after he was re-elected for a fifth term to the post he has held since 1998. The week prior to stepping down, the FBI arrested seven FIFA officials as part of an investigation into fraud and corruption in soccer’s governing body. The news of the possible investigation comes from ABC news citing sources familiar with the case... »


L’élément opérationnel fondamental de cette « opération » dont nous jugeons qu’elle est loin, très loin d’être une réussite US, et qui pourrait se retourner contre les USA, c’est le facteur chronologique avec ses conséquences : un délai de quatre mois pour le dépôt des candidatures, un nouveau congrès extraordinaire, déjà deux candidatures et certainement beaucoup d’autres, avec les yeux rivés sur Platini, actuel président de l’UEFA [fédération européenne de football]. C’est là qu’on voit que le « coup d’État » est très loin d’être réussi ; il eût été réussi si Blatter avait été éliminé directement [démission immédiate, retrait de sa candidature à la réélection, etc.], impliquant l’élection automatique du prince jordanien Ali bin Al Hussein, l’« homme de Washington » parfaitement plié.

 

Mais même avec la réélection de Blatter, comme nous l’avons noté plus haut, rien n’était assuré en ce sens que les attaquants restaient idéalement placés pour poursuivre leur attaque  [essentiellement/exclusivement contre la Russie et sa Coupe du Monde 2018].

 

Nous notions ainsi dans le texte déjà référencé du 29 mai 2015, en acceptant l’hypothèse qui s’est aisément vérifiée de la réélection de Blatter :


« En ce qui concerne la perspective évidente des prochaines années, on peut être sûr que la campagne pour le boycott, ou pour le contre-boycott dans le deuxième cas très hypothétique, va démarrer à très grande vitesse. Cela concernera Moscou-2018 bien entendu, avec un zeste du Qatar-2022, qui trouverait peut-être le sel supplémentaire d’y faire participer, disons en démonstration, l’équipe nationale de l’État Islamique. La Crise générale aura donc, un moyen de plus de s’exprimer. Le football est entré dans une phase intense d’antagonisme politique, en plein cœur de la guerre totale. »

 

La dernière phrase est plus que jamais d’actualité, mais désormais dans un sens complètement différent, où les apparents vainqueurs du « coup d’État » à deux coups sont en bien plus mauvaise posture, justement parce qu’un coup d’État est un fusil à un coup, qui doit être réussi en un coup. Plusieurs éléments permettent de substantiver cette analyse que nous proposons.

 

• Désormais, et pour ce qui nous préoccupe nous, le destin de Bretter devient secondaire. Est-il ou non un corrompu, comme nombre d’officiels de la FIFA ? [Car, bien entend, le fait de la corruption de la FIFA est évident, – au même titre que les banques anglo-saxonnes, les parlementaires du Congrès US, les dirigeants de l’Ukraine-Kiev, nombre de néocons, et ainsi de suite, liste sans fin si l’on dépend du Système et si l’on travaille à l’intérieur du Système.


Le fait de la corruption n’est plus aujourd’hui un indicateur de quelque intérêt que ce soit dans la seule lutte qui nous intéresse, Système versus antiSystème. C’est un outil tactique, rien d’autre. Que Bretter soit ou non corrompu n’a donc pour nous aucun intérêt du point de vue fondamental et la question est hors sujet. Du point de vue tactique, par contre, la question peut jouer : s’il n’est pas corrompu, Bretter se battra dans les mois qui lui restent, notamment contre ceux qui ont voulu le faire tomber [le FBI et le reste] ; s’il est corrompu, le seul point intéressant serait dans le fait qu’il ne se battrait pas dans le sens qu’on a vu, ce qui signifierait qu’il a reçu une promesse d’immunité contre sa neutralité – c’est ce que tout le monde conclurait, et alors les pseudo-épurateurs [le FBI et le reste] deviendraient encore plus suspects d’arrière-pensées politiques...


[D’un certain point de vue, il n’est pas interdit de penser que Blatter, sachant dès que le scandale eût éclaté qu’il ne pourrait pas gouverner, ait songé à toutes les circonstances qu’on va détailler en poussant sa réélection à son terme pour éviter l’élection du prince-marionnette, pour ensuite démissionner et laisser le champ libre à la campagne électorale.]

 

La lutte contre la corruption n’est plus, dans ces nouvelles circonstances, une arme antirusse, mais devient une arme anti- à peu près tout le monde [et par exemple précisément, une arme anti-Qatar, vu les conditions du choix de la Coupe du Monde 2022, et alors l’on entre dans les contradictions internes au Système, car le Qatar est l’ami du Système-USA, comme nombre de pays européens antirusses, dont la vertueuse France]. L’arme de la lutte contre la corruption devenant « anti-à peu près tout le monde » n’est plus très loin d’être antiSystème, puisque « tout le monde » cela forme le Système dans le monde du football ; alors, le FBI devient-il antiSystème ?


• Surtout, il y a l’affaire des candidatures, où là aussi les paramètres évoluent... Nous allons prendre le cas de Michel Platini, très puissant président de l’UEFA, très populaire et avec des réseaux et une notoriété considérable, et dont chacun sait que son ambition est la présidence de la FIFA [il a envisagé un moment de se présenter contre Blatter, il en avait parlé, d’ailleurs un peu vite et maladroitement en attaquant déjà Blatter, en marge de la Coupe du Monde du Brésil]. Nous avions été sévère en un mot vis-à-vis de Platini lors de la réélection de Blatter, parce qu’en attaquant le président de la FIFA à un jour du vote, il se plaçait automatiquement du côté du prince-Jordanie, marionnette attitrée du Système. [« C’est fait.


Le « scandale-FIFA » est parmi nous, non plus comme artefact de corruption et d’ambitions antagonistes où le Français Platini, avec sa hargne anti-Blatter, ne brille pas une intelligence extrême, – puisque complice du Système en soutenant le prince-dribbleur, prince général actionné de Washington. »] Dans ce cas, Platini, pour nous, manquait d’intelligence en faisant de sa position un atout pour le Système [inconsciemment, tout cela, car c’est ainsi que fonctionnent les acteurs de notre Grande Crise générale].


Mais si Platini devient maintenant candidat, alors notre position à son égard change de 180°, du tout au tout, parce qu’il devient l’adversaire n° 1 du prince-marionnette et lui-même antiSystème. Platini a une forte personnalité, des idées bien arrêtées, aucune animosité spéciale contre les Russes, aucun besoin des USA bien sûr, qui comptent peu dans le football. [Sa collusion de facto avec le candidat des USA n’a tenu qu’aux seules circonstances de la réélection de Blatter.]... S’il est candidat, il devient, du point de vue du Système, un nouveau Blatter, un Blatter blanchi puisque sans le handicap de la responsabilité de la corruption du système-UEFA. [D’ailleurs, lui qui était extraordinairement violent contre Blatter en cours de réélection, est devenu extrêmement laudateur, presque tendre pour le président-démissionnaire après la décision de démission du susdit, où il salue « la bonne décision » du président Blatter devenant soudainement un vieux sage aux vertus romaines.]


• Les candidats, – Platini en tête si c’est le cas et le prince-marionnette dans tous les cas avec un sacré handicap, – vont devoir maintenant se rallier tous les pays qui ont voté Blatter il y a quatre jours, notamment les Asiatiques, les Africains et les Sud-Américains, tous avec plus ou moins de hargne contre l’intervention US/FBI.


La campagne électorale pourrait devenir une course à la surenchère anti-USA, c’est-à-dire une course parfaitement antiSystème. On enterrera Blatter avec les honneurs et on devra reprendre sa politique qui était de favoriser les blocs anti-occidentaux, voire même les blocs anti-US tout en se demandant de quoi se sont donc mêlés les USA, nation mineure du point de vue du football. [Sur ces points, il y a déjà eu des accusations précises de Blatter, qui a ainsi rendu publique la question délicate de l’interférence US dans les affaires de la FIFA.] Comme les USA n’abandonnent jamais une fois qu’ils mettent leurs énormes sabots quelque part, ils devraient continuer à interférer dans les affaires de la FIFA au nom de la lutte anticorruption, et pour l’objectif à peine dissimulé d’y prendre le pouvoir dans un but antirusse, ce qui devrait encore plus exacerber la hargne des candidats dans le sens qu’on décrit.


L’énorme « coup d’État » — Système de la FIFA pourrait ainsi devenir une énorme aventure antiSystème au sein du football mondial, dans une communauté où les USA sont des acteurs mineurs. [Horreur ! D’ailleurs, la pratique assez bonne et l’amour de John Kerry pour le football, – soccer non-américain et non American Football, – est un des thèmes des critiques des néocons contre lui, comme on le voit dans Free Bacon, le 20 juin 2014 – le football-soccer étant alors considéré comme « antiaméricain » puisque les USA ne le dominent pas.]


Pour les Russes, l’intérêt de la démission de Blatter est de « dé-singulariser » leur cas. Désormais, il y a la question de la corruption de la FIFA, qui concerne tout le monde, – éventuellement la Russie ou pas, c’est selon, mais certainement pas plus la Russie que le Qatar et, si l’on remonte dans le temps, bien d’autres cas ; et il y a la question de l’hostilité antirusse qui ne relève pas du football puisqu’entièrement politique : si elle apparaît, elle sera traitée politiquement dans une enceinte que les USA sont loin de dominer, – et alors, certes, il y aura du sport !

 

 

 

Par Philippe Grasset [dedefensa.org] - comite-valmy.org - le 3 juin 2015.

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La crise grecque et le devoir d’insurrection

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Dessin : blogs.rue89.nouvelobs.com


 

La crise grecque et le devoir d’insurrection

Par Philippe Grasset

 

L’UE est-elle devenue une entité fasciste, – qu’on qualifiera de « fascisme mou » grâce aux artifices du système de la communication, à l’aide des faiseurs de narrative, à la langue de bois en général doucereuse (mais de plus en plus cassante), aux tirades démocrates dont la conviction a la substance d’un article en solde de Prisunic ?

 

« Fascisme mou », c’est le moindre qu’on puisse dire dans le chef de l’opinion que Jacques Sapir émet dans sa dernière chronique consacrée à la crise grecque, c’est-à-dire à la crise européenne, où l’entité européenne, égrégore devenue folle par ivresse de puissance (l’idéal de puissance) ne prend même plus la peine de dissimuler sa constitution et sa démarche absolument totalitaires, – ne prenant même plus cette peine, comme si son ivresse l’empêchait effectivement de se comprendre elle-même et la mettait hors de portée de toute velléité d’autocritique.

 

Avec la crise grecque, l’UE est un bateau ivre, comme on est « ivre de puissance » plutôt que par un simple avatar de navigation dû à des éléments naturels déchaînés. L’UE a construit sa crise toute seule, bien sûr dans le cadre du Système et à son incitation, mais sans facteur extérieur significatif qui l’exonérerait au moins en partie de sa responsabilité. Non, totalitaire elle est, totale est par conséquent sa responsabilité. Les apports extérieurs dans la responsabilité de la crise ne sont que les conséquences du comportement central de l’UE.

 

On trouve sur le site de Sapir, RussEurop, à la date du 15 juin 2015, une réflexion sur ce thème. Nous en donnons ici les extraits qui nous paraissent particulièrement significatifs (en supprimant les références pour ne pas alourdir notre propre texte, mais qu’on retrouve bien entendu dans le texte initial). Nous citons ce texte d’une façon substantielle, et selon un choix d’extraits qui, à notre sens, ne le dénaturent pas (on en jugera avec le texte initial), mais qui, au contraire, dégagent ce qui nous paraît de plus essentiel. Il ne s’agit de rien moins qu’un appel à une sorte de soulèvement contre une structure totalitaire, oppressive, illégitime, irresponsable et profondément déstructurante et dissolvante dans ses effets opérationnels, – c’est-à-dire diabolique dans la forme fondamentale qu’elle présente d’une entreprise dont le but ne paraît être désormais, n’est plus désormais, d’une manière fondamentale et absolument visible, qu’une agression totale contre le monde lui-même, ses aspects principiel, sa démarche de recherche d’harmonie et de justesse constitutive, de légitimité, de souveraineté bien sûr. L’UE en tant qu’entité, en tant qu’égrégore répétons le mot, est désormais une entreprise totalitaire maléfique, elle est désormais une ennemie sans retour du monde et de l’humanité. Delenda Est Cartago disait Caton l’Ancien ; la formule est d’actualité, si elle doit être adaptée aux moyens de l’époque, où en général la communication remplace le glaive, mais n’en est pas moins une marque décisive de la puissance et de l’efficacité dans la bataille.

 

« Quelle image restera-t-il de l’Union européenne à la suite de la crise grecque ? [...] L’Union européenne, sans s’en rendre compte, a assumé le rôle de la défunte Union soviétique en développant l’équivalent d’une doctrine de la « souveraineté limitée ».

« Les conditions de gestion de cette crise [grecque] ont été désastreuses, mais c’est un désastre dont la Commission européenne porte l’entière responsabilité... [...] [Le] refus de la part de la Commission d’entendre ce que lui disait le gouvernement grec a conduit à la transformation de ces négociations en ce que le ministre grec des Finances, M. Yanis Varoufakis, appelle une « guerre »... [...] [L’Union européenne] s’est révélée telle qu’elle est en elle-même : une structure d’oppression et de répression, un ensemble profondément antidémocratique. [...]»

 

L’Union européenne se présentait comme une construction nouvelle, ni un « super-État » ni une simple association. En affirmant péremptoirement, par la bouche de M. Barroso, que l’UE est un projet « sui generis », les dirigeants européens s’exonèrent de tout contrôle démocratique et enterrent ainsi le principe de souveraineté nationale, mais sans le remplacer par un autre principe. C’est le fait du Prince dans toute sa nudité. Ceci fut réaffirmé, de manière plus brutale, par Jean-Claude Juncker, le successeur de l’ineffable Barroso à la tête de la commission européenne : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens ». Cette révélatrice déclaration date de l’élection grecque du 25 janvier 2015, qui justement vit la victoire de SYRIZA. En quelques mots, tout est dit. Le Droit Constitutionnel, autrement dit les normes par lesquels nous nous donnons des règles afin d’organiser notre vie en communauté, se concentre normalement sur la question de la Souveraineté. Or, c’est cette question que les oligarques de Bruxelles et Francfort voudraient bien faire disparaître. On a bien vu le schéma mis au point, consciemment ou inconsciemment, à Bruxelles, et que révèle tant le discours de Barroso que la déclaration de Juncker n’a pas d’autres fins que d’exclure la souveraineté et de laisser les dirigeants de l’Union européenne sans contrôle démocratique sur leurs actes.


Mais, la déclaration de Juncker va même plus loin. Elle refuse à un pays le droit de remettre en cause des décisions prises dans les traités. Nous sommes bien aujourd’hui dans le cadre d’une nouvelle « souveraineté limitée ». Ces termes reprennent le discours de l’Union soviétique par rapport aux pays de l’Est en 1968 lors de l’intervention du Pacte de Varsovie à Prague. Ils affectent de considérer les pays membres de l’Union européenne comme des colonies, ou plus précisément des « dominions », dans le cadre du Commonwealth, dont la souveraineté était soumise à celle de la métropole (la Grande-Bretagne). Sauf qu’en l’occurrence, il n’y a pas de métropole. L’Union européenne serait donc un système colonial sans métropole. Et, peut-être, n’est-il qu’un colonialisme par procuration. Derrière la figure d’une Europe soi-disant unie, mais qui est aujourd’hui divisée dans les faits par les institutions européennes, on discerne la figure des États-Unis, pays auquel Bruxelles ne cesse de céder, comme on l’a vu sur la question du traité transatlantique ou TAFTA, ou encore en ce qui concerne la crise ukrainienne. »


Cette révélation de la vraie nature de l’Union européenne conduit certains auteurs à la comparer à un « fascisme mou ». Laurent de Sutter, professeur de droit et directeur de collection aux Presses universitaires de France, donne ainsi cette explication : « Ce délire généralisé, que manifestent les autorités européennes, doit être interrogé. Pourquoi se déploie-t-il de manière si impudique sous nos yeux ? Pourquoi continue-t-il à faire semblant de se trouver des raisons, lorsque ces raisons n’ont plus aucun sens – ne sont que des mots vides, des slogans creux et des logiques inconsistantes ? La réponse est simple : il s’agit bien de fascisme. Il s’agit de se donner une couverture idéologique de pure convention, un discours auquel on fait semblant d’adhérer, pour, en vérité, réaliser une autre opération ». »

 

Il convient alors d’en tirer toutes les conséquences, même si la formule de « fascisme mou » peut choquer. Il est clair aujourd’hui que le combat visant à recouvrer la souveraineté est un préalable essentiel. On ne pourra débattre des questions importantes qu’une fois que cette souveraineté sera rétablie et l’État reconstruit. C’est en cela qu’il faut saluer la décision, même si elle apparaît bien tardive, de Jean-Pierre Chevènement de quitter le MRC (qu’il avait fondé) pour se situer dans un espace de débat transcendant les « … sensibilités historiques, car on ne sortira pas la France de l’ornière sans cela ». Il est désormais clair que les divergences ne se feront plus sur un axe « droite-gauche », du moins tant que la question de la souveraineté ne sera pas tranchée. « Il n’y a d’irrémédiable que la perte de l’État » avait dit Henri IV. Quand il fit cette déclaration devant les juges de Rouen, car un Parlement à l’époque était une assemblée de juges, il voulait faire comprendre qu’un intérêt supérieur s’imposait aux intérêts particuliers et que la poursuite par les individus de leurs buts légitimes ne devait pas se faire au détriment du but commun de la vie en société. En redonnant le sens de la Nation, il mit fin à la guerre civile. Nous en sommes là aujourd’hui. On peut le déplorer, mais il faut le constater, et en tirer les conséquences qui s’imposent... »

 

Nos lecteurs savent parfaitement que nous avons nos instruments de travail, ce que nous appelons notre « arsenal dialectique ». Ils savent que, dans la recherche des forces qui ont conduit l’UE sur sa voie catastrophique et qui sont donc la source originelle de notre crise européenne spécifique, on trouve moins qu’on le croit, sinon comme un relais, les États-Unis d’Amérique qui connaissent des crises similaires de contestation des forces qui nous gouvernent en nous opprimant (en ce moment, précisément, « la crise des traités » montre que les USA, loin de n’être que des instigateurs, sont d’abord des victimes, qu’ils le sont aussi bien que les pays européens) ; ils savent qu’on trouve ce que nous nommons le Système, l’entité suprême, l’égrégore qui a accouché des divers égrégores-relais dont l’UE en est une parmi d’autres du même acabit (comme le système américaniste dont dépendent les USA, justement, en est une autre). Mais cette réserve n’est pour l’instant qu’une divergence de perception qui n’a pas une importance fondamentale, face à la pression qu’exercent les crises immédiates et paroxystiques.

 

La crise grecque est immédiate et paroxystique, c’est-à-dire que la crise de l’UE est immédiate et paroxystique. Il y a là une cause pressante, une exigence qui ne souffre aucun délai, d’une mobilisation générale, – version postmoderne de notre « Aux armes, citoyens », où, là encore, les « armes » seront adaptées aux affrontements de l’époque postmoderne qui sont d’abord de communication plus que de métal pur.

 

Cet état d’esprit, répétons-le pour bien fixer les dimensions de la crise, – ce que nous nommons la Grande Crise, ou crise d’effondrement du Système, et non pas la seule crise grecque qui est en fait la crise de l’UE, – est aujourd’hui partout en éclosion, en état d’urgence dans nombre de pays de ce que nous nommons le bloc BAO, parce qu’à côté des crises grecque et européenne éclatent et se propagent d’autres crises, les innombrables crises affectant tous les domaines, toutes les zones, toutes les activités humaines. Et les USA, répétons-le, ne sont pas les derniers à connaître cette sorte de remous, – car s’il existe une globalisation hors de toutes les concurrences et antagonismes prédateurs, et qui devrait réussir aujourd’hui en montrant quelque vertu, ce devrait être évidemment celle de la révolte et de l’insurrection. Un intellectuel comme Chris Hedges, ancien Prix Pulitzer et ancien journaliste à ce parangon de la presse-Système qu’est le New York Times, auteur du récent Wages of Rebellion : The Moral Imperative of Revolt, y tient un discours où, lui aussi, il exhorte chacun à remplir son « devoir d’insurrection ». (Voir InfomationClearingHouse, DVD d’une intervention du 8 juin au Town Hall de Seattle, mis en ligne le 14 juin 2015 : « Today, with the unprecedented level of global wealth inequality and the power of corporate and government elites to make decisions that negatively impact the mass of people on the planet, the imperative for revolt is greater than ever. But when will it come? What will it look like? »)

 

Face à ce déferlement, il existe également une logique, sinon du renoncement, du moins de la prétention à la lucidité fataliste et qui se pare volontiers de réalisme, qui est de dire que contre le Système (contre la direction-Système des USA, contre l’UE, etc.), il n’y a rien à faire parce qu’il y a tant de puissance contre nous. Pour la puissance c’est l’évidence puisque le Système, en permanente dynamique de surpuissance, est un Tout qui embrasse notre univers, – là aussi, globalisation achevée. (À ce degré d’universalité et de surpuissance, même la Russie, la Chine, les BRICS & Cie, en font partie d’une façon ou l’autre.) D’une part, on connaît notre logique à nous qui est d’affirmer qu’il n’y a rien à attendre de vastes plans de destruction du Système puisque le Système ne peut être détruit que par lui-même (dynamique surpuissance-autodestruction), et qu’il est en très bonne position sur la voie de son effondrement en train de se faire.

 

D’autre part, cette logique de la pseudo-lucidité fataliste, qui prétendrait donner une leçon de rationalité (du type « il est inutile de rêver ») est en soi absurde puisque suicidaire : si le Système n’était pas détruit selon cette conception, l’alternative n’est pas notre asservissement, notre soumission ou quelque autre chose de cette sorte qui impliquerait de continuer à vivre tant bien que mal, mais bien notre très rapide destruction totale, – spirituelle, psychologique, intellectuelle et enfin physique, – au sens même du « néantissement ».

 

Il n’y a strictement aucun choix : il faut accomplir son devoir d’insurrection sans s’interroger une seconde sur « nos chances » « de l’emporter » (interrogation et projet absurdes puisque le Système se charge de tout, notamment de sa propre destruction), simplement en tenant cette position par la seule force du caractère – être et se trouver dans la position de De Gaulle le 18 juin 1940 à Londres, rien de moins.

 

En attendant, ce que nous signale le texte de Sapir, avec d’autres démarches de cette sorte qui ne cessent de s’accumuler, c’est la montée du sentiment de l’insurrection contre l’UE, de plus en plus perçue pour ce qu’elle est – une imposture, une entité illégitime et effectivement fasciste, un égrégore des destructions. Le Système dans sa représentation européenne à visage découvert.

 

 

 

Par Philippe Grasset - dedefensa.org – le 16 juin 2015.

 

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