L’ARMÉE UKRAINIENNE, LA TRANSNISTRIE, LES FORCES ARMÉES DE NOVOROSSIYA, UKRAINE - Entretien de Strelkov avec « Kolokol Russie | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


L’ARMÉE UKRAINIENNE, LA TRANSNISTRIE, LES FORCES ARMÉES DE NOVOROSSIYA, UKRAINE - Entretien de Strelkov avec « Kolokol Russie »

 

 

Igor Ivanovich a présenté sa vision sur la façon de résoudre le problème de la Transnistrie, de Novorossiya et de l’Ukraine, et son attitude envers les acteurs du Kremlin et envers Poutine personnellement, ainsi que son rôle dans l’histoire de la Russie. Strelkov a également levé le rideau sur son avenir politique.

 

Kolokol Russie (KR) : Igor Ivanovich, tout d’abord, nous aimerions connaître votre position sur la Transnistrie. C’est en ce moment le sujet d’actualité le plus urgent. Est-ce possible que la Russie soit trainée dans ce conflit avec la Moldavie et l’Ukraine ? Le scénario de l’Ossétie, par exemple, est-il possible ?

 

Igor Strelkov : Je vous l’ai déjà dit : ceci est une autre étape du plan qui vise à provoquer la Russie à s’impliquer directement dans des combats militaires, mais de façon à ce que notre pays se comporte selon le scénario proposé par l’ennemi. Je ne doute pas que, tôt ou tard, l’ennemi réussira à nous entraîner dans une guerre et essayera de nous forcer à capituler sur le front de la politique étrangère. Mais que notre Président capitule – Ca je ne le crois pas. La seule question est : où pourrait avoir lieu ce conflit ? La Transnistrie est à cet effet un tremplin idéal. Pour tout dire, cette zone est entourée par des pays directement hostiles à la Russie : l’Ukraine et la Moldavie. À ce propos, le fait que ces pays soient hostiles à nous est une réussite « exceptionnelle » de notre diplomatie et de notre politique étrangère. Ces « réussites » incluent le fait que la Transnistrie, qui est absolument prorusse et où, selon diverses estimations, 150 000 à 200 000 citoyens russes résident, est dans un blocus complet.

 

Il n’y a pas de connexion terrestre avec la Transnistrie, et les deux pays frontaliers à ce dernier fragment de l’Union soviétique sont intéressés à ce qu’il n’y ait pas de troupes russes, et même à ce qu’il n’y ait pas de Transnistrie du tout. En conséquence, la Russie devra agir de façon asymétrique si elle veut protéger son allié. Nous devons soit nous impliquer dans une guerre aérienne qui est extrêmement désavantageuse, vu que l’ennemi aura l’avantage d’utiliser sa défense aérienne basée au sol, soit essayer de forcer un corridor terrestre vers la Transnistrie. Cela sera immédiatement décrié comme une agression russe contre l’Ukraine et la Moldavie indépendantes. Tout ce qui arrive en Transnistrie est la conséquence de l’indécision, et, je dirais même du sabotage par certains individus dans le gouvernement Russe qui étaient déjà impliqués dans le problème ukrainien il y’a un an. Quand un corridor terrestre aurait pu être pris par un régiment ou une brigade afin de faire ce qui a été fait en Crimée, bien que limité seulement au territoire entre Kharkov et Odessa. Mais un an plus tard, nous nous trouvons maintenant dans une impasse. L’Ukraine est certainement prête pour la guerre et va évidemment attaquer la Transnistrie. Elle a développé ses défenses aériennes et préparé ses troupes.

 

KR : Et comment cela pourrait-il être accompli par l’Ukraine dans la légalité, vu que la Transnistrie fait officiellement partie de la Moldavie ?

 

I.S: Bien sûr, ce sera fait en accord avec la Moldavie. Toujours, chaque fois que je veux comprendre les actions de l’ennemi, je me demande comment j’aurais agi moi-même. J’aurais agi de la manière suivante : d’abord quelques provocations organisées à la frontière entre l’Ukraine et la Transnistrie, puis sous ce prétexte, la Moldavie pose un ultimatum à la Russie lui demandant de retirer ses soldats de la paix.

 

KR : Et si la Russie ne retire pas ses troupes ? Qu’arrive-t-il ensuite ?

 

I.S: Un autre ultimatum : demander de l’aide militaire à la Roumanie, etc. Tout dépend de leur compréhension de jusqu’où la Russie est prête à aller. Si elles estiment que la Russie n’est pas prête à défendre la Transnistrie par une voie militaire, ils vont immédiatement la détruire.

 

KR : Et pour l’instant, ils estiment que la Russie n’est pas prête à faire cela ?

 

I.S : Ils essaient d’avancer à petits pas. Comment ont-ils agi à Slavyansk ? Tout d’abord, ils ont tiré une salve d’armes. La Russie a gardé le silence ? Aha ! Utilisons donc plus de mortier ! Encore une fois, la Russie ne dit rien. Essayons l’artillerie. Encore une fois, la Russie est silencieuse. Essayons d’utiliser des armes chimiques. Et lançons du phosphore blanc ! Et puis, n’hésitons à bombarder la ville en utilisant de l’artillerie lourde. Ils ont compris que Moscou n’est pas prêt à réagir, alors allons de l’avant.

 

En Transnistrie, la même approche est suivie. J’ai déjà donné l’exemple de la grenouille qui est cuite lentement à feu doux. EIle ne réalise qu’on est en train de la cuire jusqu’à la fin, s’adapte à chaque phase, jusqu’à ce que finalement elle est cuite ! Le travail de créer ces provocations est maintenant mené par Mr Saakachvili – un homme qui crache sur l’Ukraine, sur Odessa, et sur la Russie.

 

KR : Pensez-vous que sa nomination était juste en relation au « projet Transnistrie » ?

 

I.S : Je pense que cela n’est pas un hasard ! Pour une raison ou une autre, il a n’a pas été nommé à Dniepropetrovsk, mais à Odessa. Comme on le sait, la région d’Odessa est à la frontière avec la Transnistrie.

 

KR : Quel est le but de ces actions ? Le but de retirer la Transnistrie à la Russie ? C’est pour se venger ?

 

I.S : Oui, ils n’ont aucune raison de prendre la Transnistrie ! C’est seulement un élément minime dans une grande situation géopolitique. Le but principal est de forcer Poutine à capituler. De lui faire perdre complètement sa crédibilité et son autorité. Ils l’ont amené, comme dans le vieux conte de fées, à une croisée de chemin : une route mène à la guerre ; l’autre route mène à la capitulation. Et la route de la capitulation mène également à une croisée de chemin – à nouveau vers la guerre et vers la capitulation. C’est tout le système ! Si la Russie s’était lancée dans un conflit direct avec l’Ukraine il y a un an, le pays et le Président lui-même auraient reçu un grand nombre de points négatifs dans l’économie et la politique, mais il y aurait eu un énorme plus, de Kharkov à Odessa ! La Russie aurait pu réintégrer des millions de citoyens russes ainsi que des territoires avec d’énormes ressources économiques… Et maintenant, plus d’un an plus tard, ces avantages sont déjà inexistants.

 

Maintenant, le nombre de points négatifs a dépassé les aspects positifs. Et plus nous essayons de négocier avec ceux qui sont par principe contre l’entente, et plus notre champ de manœuvre sera restreint avec le temps qui passe.

 

L’ennemi se renforce constamment, il voit notre indécision. Dans le monde capitaliste – le monde de ces prédateurs – c’est simple : si vous ne réagissez pas, tout agira contre vous – des ours polaires aux derniers cafards – chacun va essayer de prendre une part du gâteau.

 

Déjà la Moldavie réalise que la Russie n’est pas un réel « ours menaçant » et elle tente d’en prendre une bouchée.

 

Ensuite, l’insolence polonaise et l’impudence des États baltes ne peuvent qu’augmenter – au point que nous ne pourrons que reculer et essayer de négocier.

 

Maintenant, même si nous essayons d’assurer l’intégrité de la Transnistrie par la voie diplomatique, par exemple en disant que nous allons nous battre à cet effet, nous allons encore une fois tomber dans un piège. Vous rappelez-vous du « merveilleux » « plan Kozak » ; quand nous avons reconnu l’intégrité territoriale de la Moldavie ? De même, nous reconnaissons maintenant l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans le Donbass. Magnifique ! À présent, nous n’avons pas de base juridique pour y intervenir, sauf en conformité avec l’ancien accord avec la Moldavie. Et si demain le Parlement moldave décide de dénoncer cet accord, alors nous ne serons couverts d’aucune façon. Légalement, nous devrons retirer les troupes.

 

KR : Mais la Transnistrie se considère comme une république indépendante

 

I.S : Elle se considère ainsi, mais personne ne l’a reconnue. La Transnistrie est une république indépendante depuis longtemps (depuis 1992) et, contrairement à la RPD et à la RPL, il n’y avait jamais eu de négociations avec Chisinau sur la façon de continuer de faire partie de la Moldavie en échange contre l’obtention de « droits spéciaux ». Toutefois, la Russie a continué de considérer la Transnistrie comme appartenant à la Moldavie.

 

KR : Mais, si l’accord est abandonné par le Parlement moldave, alors la Russie pourrait en réponse reconnaître la Transnistrie, comme nous avions reconnu l’Ossétie du Sud. Est-ce possible ? Et comment cela affecterait la situation ?

 

I.S : Une reconnaissance est possible. Toutefois, si l’accord est rompu et que nous reconnaissons la Transnistrie comme un État indépendant, alors nous devrons nous battre !

 

KR : Oui, comme en Ossétie du Sud…

 

I.S : La seule différence est qu’en Transnistrie, nous n’avons rien de similaire au tunnel de Roksky pour relier la Russie avec le territoire. Nous avons seulement des couloirs aériens qu’on nous ne laissera pas utiliser. Par conséquent, comme je l’ai dit, il y a deux solutions pour la Russie : soit se battre soit se rendre.

 

KR : Et dans ce cas, un ordre peut être donné à l’Armée de Novorossiya d’attaquer ?

 

I.S : L’Armée de Novorossiya est trois fois plus petite que son adversaire. Pensez-vous que l’attaque a une chance de succès ?

 

KR : Il y a des rapports selon lesquels deux corps prêts au combat ont déjà été formés.

 

I.S : Si je prends un papier et écris dessus de former deux unités prêtes au combat, cela ne fera pas apparaitre deux unités prêtes au combat. Oui, l’armée de Novorossiya était plus prête au combat que le SBU durant l’automne passé, mais ce n’est plus le cas. Ils ont attendu, ont créé « Minsk-1 puis « Minsk-2 … L’Ukraine elle n’a pas perdu de temps. En outre, les ressources et les effectifs de l’Ukraine dépassent de loin les ressources du DonbassC’est juste que l’ennemi a beaucoup de gens stupides. Même si tous les résidents de Donetsk et de Lougansk avaient un char d’assaut, la population ne sera pas pour autant transformée en un corps de chars. Pour les militaires, cela est absolument évident.

 

KR : Y’aura-t-il un « Minsk-3″ sur la Transnistrie après les provocations dans cette région ? Afin de faire cuire la grenouille à feu doux et hypnotiser la Russie de plus belle ?

 

I.S : L’Ukraine est obsédée par la guerre. Comme un toxicomane qui est accro aux drogues dures, l’Ukraine ne peut pas ne pas se battre. C’est un cercle éternel : Elle se prépare au combat, provoque la Russie, est rebutée, se prépare à nouveau et provoque à nouveau. L’Ukraine ne peut pas exister en paix parce que toutes ses ressources sont destinées à la guerre. La victoire dans cette guerre est une chance minime que l’Ukraine a de survivre.

 

Ils ne peuvent pas geler la situation. Ils sont condamnés à se battre, car un gel conduit automatiquement à la suppression de la Junte de Kiev. Pour une raison simple : dès qu’il n’y a pas de dopage externe – sous la forme de l’ennemi extérieur Russe - des questions embarrassantes vont immédiatement commencer : pourquoi tout va si mal après la « révolution de la dignité » ? Seule une victoire totale peut assurer la survie de l’Ukraine comme un État, ou plutôt comme un pseudo-état. Alors, ils vont se battre, qu’importe combien de « Minsk » sont conclus avec eux.


Et je me demande aussi : Vladislav Sourkov (l’adjoint du président pour la CEI, – KR), est-il complètement stupide ? Probablement pas ! C’est quelqu’un d’intelligent et de talentueux. Alors, qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que c’est un rat ! Cela veut dire qu’il a formé la politique du pays d’une manière qui ne l’a jamais conduit au succès ! Il l’a développée puis l’a à plusieurs reprises relancée : « Minsk-1 a échoué, il lance « Minsk-2, le deuxième Minsk ne mène à rien ? Il va lancer un troisième ! Entre temps, les circonstances extérieures pour la Russie se détériorent avec chaque relance. Et je suis à cent pour cent sûr qu’il est bien conscient que tout cela est voué à l’échec. Mais ça lui est avantageux. À lui personnellement ou à son patron. Et qui est son patron ?

 

KR : ???

 

I.S : Comment est-il parvenu à l’administration présidentielle ? Rappelons-le, c’est à partir d’Alfa Group. Qui dirige Alfa Group ? Friedman, avec l’aide de qui les capitaux étrangers sont venus en Russie pendant la période des privatisations.

 

Maintenant, Sourkov et Friedman sont en excellents termes. La question se pose d’elle-même : pour qui travaillez-vous, Vladislav Yuryevich ? Pour le Président, ou peut-être pour quelqu’un d’autre ? La réponse, je pense, est évidente. Et ce n’est pas pour le Président.

 

 

 

PAR NAHIASANZO (Novoros News) - traduit et édité par Linda Kadd - slavyangrad.fr – le 7 juillet 2015.