Les frères John Foster et Allen Dulles  un siècle de guerre froide | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

 

Les frères John Foster et Allen Dulles -

un siècle de guerre froide

Par Karel Vereycken

 

Quiconque se demande pourquoi les États-Unis ont fini par être autant détestés dans le monde devrait lire ce livre.

 

Écrit par Stephen Kinzer, un ancien correspondant du New York Times, ce livre vient à point nommé. Pourquoi ? Parce qu’il expose comment des individus ont sciemment mis en place dès les années 1950 la mécanique de guerre froide, qui fait à nouveau vaciller le monde au bord du chaos.

 

La nouvelle génération de journalistes aux commandes aujourd’hui, sans doute trop occupée pour étudier l’Histoire, nous offre chaque jour des répliques caricaturales de rhétorique anti-russe, n’hésitant pas à présenter Vladimir Poutine comme le « fantôme de Staline », ce dictateur ayant fait des millions de victimes. Nos médias (Libération, Canal+, etc.) regorgent de rapports de basse police, présentés comme des enquêtes sérieuses, sur les « réseaux de Poutine » qui infiltrent notre pays pour le soumettre à sa tyrannie.

 


La guerre froide, hier et aujourd’hui

 

À l’origine, si le sénateur américain Joseph McCarthy [1] occupait le devant de la scène avec ses discours anticommunistes enflammés, ce sont bien John Foster Dulles (1888-1959) et son frère Allen Dulles (1893-1969) qui menaient la danse.

 

Le président Harry Truman (1884-1972) avait ouvert le bal, mais c’est lorsque le président Dwight David Eisenhower (1890-1969) et son vice-président Richard Nixon (1913-1994) (tous deux républicains) prennent leurs fonctions, en 1953, que John Foster Dulles devient secrétaire d’État et Allen Dulles dirigeant de la CIA. John Foster Dulles restera à ce poste jusqu’à sa mort en 1959, Allen Dulles jusqu’en 1961. Tous deux étaient des avocats d’affaires du fameux cabinet Sullivan & Cromwell, le bras armé des intérêts coloniaux et cupides qui occupent la City et Wall Street. [2]

 

Grâce à ce gros plan sur le pire de ce qui a été fait au nom de l’Amérique, l’auteur permet au monde d’identifier ce qui nous conduit aujourd’hui à l’abîme. Car avec l’intervention en Libye, la guerre en Syrie et le coup de force occidental en Ukraine, où l’OTAN et l’UE se félicitent d’avoir installé au pouvoir des néonazis pour faire reculer la « menace russe », on vient de remonter dans le temps. Obama, lors de son discours à l’Assemblée générale de l’ONU le 24 septembre, n’a-t-il pas déclaré que la Russie était l’une des trois menaces pesant sur le monde, avec l’État islamique et Ebola ?

 

Si la Russie et la Chine sont les premières cibles, c’est l’ensemble des pays des BRICS et leurs alliés qui sont aujourd’hui dans le collimateur (voir p. 4). Contester le FMI et la Banque mondiale, vouloir échanger du gaz et du pétrole en d’autres devises que le dollar, comme le souhaitait Jean-Christophe de Margerie, et faire de la Russie et de la Chine des partenaires est devenu désormais un péché mortel aux yeux de Washington et de Londres, dont les banques vacillent.

 

Si ce n’est pas la guerre froide, « ça y ressemble quand même beaucoup », estime Jean-Sylvestre Mongrenier, chercheur à l’Institut français de géopolitique : « On retrouve les mêmes protagonistes, le même axe est-ouest. » Et surtout, « on est clairement dans une situation hybride entre paix et guerre », la définition même d’une « guerre froide ».

 

 

Biberonné à l’impérialisme

 

Les frères Dulles sont nés du mariage du révérend presbytérien Allen Macy Dulles et d’Edith Foster. Dès leur petite enfance, ils sont initiés aux secrets de la politique mondiale par leur grand-père John Watson Dulles (1836-1917), le secrétaire d’État américain du Président Harrison, le premier à participer au renversement d’un gouvernement étranger, celui d’Hawaï. Il créa l’embryon d’un service de renseignement militaire.

 

L’autre grande référence pour les deux adolescents fut leur « oncle », Robert Lansing (1864-1928), le beau-fils de John Watson Dulles. Lansing fut lui aussi secrétaire d’État, mais pour le président démocrate Woodrow Wilson, un autre interventionniste. Lansing, qui prit les deux frères sous sa protection, créa un petit service de renseignement, le Bureau of Secret Intelligence, ancêtre de l’actuelle Diplomatic Security Service.

 

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intéressant article de fond  ici

 

 

Par Karel Vereycken - agora-erasmus.be - le 10 mars 2015