Peut-on détecter les couleurs de la vie sur d’autres planètes ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Crédits photos : La vie a des couleurs que l’on pourrait détecter de très loin (NASA). Huit des 137 échantillons de micro-organismes utilisés pour mesurer les biosignatures. Pour chacun d’entre eux, l’image du haut est une photo normale de l’échantillon, et celle du dessous une image agrandie 400 fois. (NASA)

 

 

Peut-on détecter les couleurs de la vie

sur d’autres planètes ?

 

La vie a-t-elle des couleurs ? Des couleurs spécifiques, que l’on pourrait détecter à distance, sur d’autres planètes, à des dizaines, voire des centaines d’années-lumière ? C’est le postulat de départ d’une étude qui vient d’être menée par une équipe internationale, qui a décidé d’établir un véritable catalogue des couleurs de la vie à l’usage des astrophysiciens, et qui publie ses résultats dans le journal PNAS.

 

Détecter la présence d’eau, de certains gaz, déterminer si une exoplanète est ou non en « zone habitable » ne nous fournira en effet pas de réponse précise sur la présence réelle de vie à sa surface. Il ne s’agira que de potentiel, qui ne sera peut-être jamais réalisé. En revanche, si l’on arrive à déterminer des signatures spécifiques de la vie en examinant le spectre lumineux émis par l’une de ces terres lointaines, on aura alors davantage qu’un simple potentiel : on atteindra alors le niveau des probabilités, plus ou moins fortes, et peut-être même de quasi-certitudes.

 

Une planète reflète en effet la lumière de son soleil, mais le spectre lumineux qu’elle retransmet contient nombre d’informations sur sa composition. Chaque élément présent va émettre une certaine signature lumineuse, qui permet d’en détecter la présence. C’est le cas par exemple pour l’oxygène dans une atmosphère, pour l’eau à la surface... et donc pour les éventuelles formes de vie qui pourraient s’y trouver.


C’est dans l’optique de fournir aux astronomes des outils précieux que l’équipe menée par Siddharth Hegde, de l’Institut Max Planck d’Astronomie (Allemagne), composée d’astrophysiciens et de biologistes, a établi son catalogue, recensant les signatures (vues de l’espace) émises par 137 formes de vie que l’on trouve à la surface de la Terre... y compris dans des lieux inhospitaliers.

 

« Cette base de données nous donne un premier aperçu de ce à quoi la diversité des mondes lointains pourrait ressembler », explique Lisa Kaltenegger, professeur d’astronomie à l’université Cornell (USA) et co-auteur de l’article. « Nous avons observé une vaste palette de formes de vie, y compris quelques-unes provenant des plus extrêmes régions de la Terre ». Des extrémophiles, organismes qui vivent dans des conditions extrêmes, sont inclus dans cette base, ce qui présente un intérêt certain puisqu’ils auraient davantage de chances de se développer dans des lieux où la vie serait difficile.


En l’état actuel de nos moyens, une telle détection sera cependant encore difficile, même avec nos meilleurs télescopes. On ne peut en effet pas encore mesurer directement la lumière émise par une exoplanète de type terrestre, car elle est noyée dans la lumière beaucoup plus intense de son étoile. Mais on peut espérer qu’à l’avenir nous aurons la possibilité de le faire.

 

Cette « première base de données pour une palette diversifiée de vie » est disponible en ligne sur le site de l’université Cornell. Les chercheurs comptent bien l’agrandir, de manière à ce que ce catalogue devienne une référence.

 

 

Par JP Fritz - espace-temps.blogs.nouvelobs.com – le 17 mars 2015