Et la CIA créa le label Théoriciens du complot… (Partie 2/2) | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

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Et la CIA créa le label Théoriciens du complot…

(Partie 2/2)

 

 — Suite de la partie 1 —

 

  

Mais nos dirigeants ne feraient pas ça

 

Alors que les gens admettent facilement que des dirigeants d’entreprise et des responsables gouvernementaux de bas niveau sont susceptibles de comploter, ils peuvent s’opposer fermement à l’idée que les plus riches ou les plus puissants puissent éventuellement comploter aussi.

 

Mais les initiés puissants ont longtemps admis leur participation à des conspirations. Par exemple, l’administrateur d’Obama de l’Office de l’information et des affaires réglementaires, Cass Sunstein, a écrit: 

Bien sûr, certaines théories de la conspiration, selon notre définition, sont avérées. La chambre d’hôtel du Watergate utilisée par le Comité national démocrate était, en fait, mise sur écoute par les fonctionnaires républicains, opérant à la demande de la Maison-Blanche. Dans les années 1950, la Central intelligence agency a administré des médicaments de LSD dans le cadre du Projet MKULTRA, dans un effort pour étudier la possibilité de contrôle des cerveaux. L’opération Northwoods, une rumeur concernant un plan du ministère de la Défense pour simuler des actes de terrorisme et pour en accuser Cuba, a vraiment été proposée par des fonctionnaires de haut niveau…

 

 

Mais quelqu’un aurait craché le morceau

 

Une défense commune des personnes qui tentent de dévier les enquêtes de complots potentiels est de dire que quelqu’un aurait vendu la mèche s’il y avait vraiment une conspiration.

 

Mais le célèbre lanceur d’alerte Daniel Ellsberg explique :

 

C’est un lieu commun que vous ne pouvez pas garder de secrets à Washington ou dans une démocratie, qu’importe le secret sensible, vous êtes susceptible de le découvrir le lendemain dans le New York Times. Ces truismes sont carrément faux. Ce sont en fait des histoires pour couvrir les méthodes destinées à flatter et tromper les journalistes et leurs lecteurs, mais aussi un volet du processus de maintien du secret. Bien sûr, de nombreux secrets vont finalement sortir, ce qui n’aurait pas pu être le cas dans une société pleinement totalitaire. Mais le fait est que l’écrasante majorité des secrets ne fuit pas pour le public américain. C’est vrai même lorsque l’information retenue est bien connue d’un ennemi et quand elle est clairement indispensable au rôle du Congrès de décider l’entrée en guerre ou à tout contrôle démocratique de la politique étrangère.

 

La réalité inconnue du public et de la plupart des membres du Congrès et de la presse est que les secrets qui seraient de la plus grande importance pour beaucoup d’entre eux peuvent être conservés de manière fiable pendant des décennies par le pouvoir exécutif, même s’ils sont connus par des milliers d’initiés.

 

L’histoire prouve qu’Ellsberg à raison. Par exemple :

Cent trente mille personnes aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Canada ont travaillé sur le projet Manhattan. Mais il a été gardé secret pendant des années.

 

Un documentaire de la BBC montre que :

 

Il y avait « un coup d’État prévu aux États-Unis en 1933 par un groupe d’hommes d’affaires de la droite américaine… Le coup d’État visait à renverser le président Franklin D. Roosevelt à l’aide d’un demi-million de vétérans de guerre. Les conspirateurs soupçonnés impliqueraient certaines des plus célèbres familles en Amérique (les propriétaires de Heinz, Birds Eye, GoodTea, Maxwell Hse et le grand-père de George Bush, Prescott), qui croyaient que leur pays devrait adopter les politiques d’Hitler et de Mussolini pour combattre la grande dépression. »

 

En outre, « ces tycoons dirent au général Butler que les Américains accepteraient le nouveau gouvernement parce qu’ils contrôlent tous les journaux ». Avez-vous déjà entendu parler de ce complot avant ? C’en était certainement un très grand. Et si les conspirateurs contrôlaient déjà les journaux, alors la situation doit être bien pire aujourd’hui avec la consolidation des médias ?

 

 

En outre, les fonctionnaires et les initiés gouvernementaux de haut niveau ont admis des complots spectaculaires après les faits, y compris :

 

Ces aveux n’apparaissent que de nombreuses décennies après les événements.

 

Ces exemples montrent qu’il est possible de garder des conspirations secrètes pendant une longue période, sans que personne ne trahisse.

 

En outre, pour toute personne qui sait comment les opérations militaires secrètes fonctionnent, il est évident que la segmentation sur la base du ne savoir que ce qui est nécessaire, avec une soumission à la hiérarchie, signifie que quelques initiés peuvent lancer l’affaire et la plupart des gens impliqués ne comprendront même pas le tableau général en temps réel.

 

En outre, pour ceux qui pensent que les co-conspirateurs iront se vanter de leurs actes, c’est oublier que les gens dans l’armée ou dans les services secrets, ou qui ont d’énormes sommes d’argent en jeu, peuvent être très disciplinés. Ils ne sont pas susceptibles d’aller à la barre pour vendre la mèche, comme un bas de plafond ou un voleur alcoolique de bas étage pourrait le faire.

 

Enfin, les personnes qui effectuent des opérations secrètes peuvent le faire pour des raisons idéologiques – croire que la fin justifie les moyens. Ne jamais sous-estimer la conviction d’un idéologue.

 

 

Conclusion

 

L’idée générale est que certaines conspirations dénoncées sont des affabulations, mais que certaines sont vraies. Chacune doit être jugée sur ses propres faits.

 

Les humains ont tendance à essayer d’expliquer des événements aléatoires à travers des modèles connus… C’est ainsi que nos cerveaux sont câblés. Par conséquent, nous devons soumettre nos théories de causes à effets à la froideur implacable des faits.

 

D’autre part, le vieux dicton de Lord Acton est vrai :

Le pouvoir tend à corrompre, et le pouvoir absolu tend à corrompre absolument.

 

Ceux qui exploitent sans freins – et sans la lumière désinfectante du soleil du contrôle public et du devoir de rendre des comptes – ont tendance à agir dans leur propre intérêt… et le vulgum pecus s’y brûlera les ailes.

 

Les premiers Grecs le savaient, tout comme ceux qui ont contraint le roi à signer la Magna Carta, les Pères fondateurs et le père de l’économie moderne. Nous devrions nous rappeler cette importante tradition de la civilisation occidentale.

 

Post-scriptum :

 

Ridiculiser toutes les théories du complot n’est en fait qu’une tentative de faire taire les critiques du pouvoir.

 

Les riches ne sont pas pires que les autres… mais ils ne sont pas nécessairement meilleurs non plus. Les puissants dirigeants peuvent ne pas être de mauvaises personnes… mais ils peuvent être des sociopathes.

 

Nous devons juger les puissants individuellement chacun par ses actions, et non par des stéréotypes préconçus qu’ils seraient tous des saints qui agissent dans notre intérêt, ou tous des criminels intrigants.

 

 

 

Par George Washington (zerohedge.com) - traduit par Hervé, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone - Le 23 février 2015