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La Pologne : base logistique de l’OTAN

La Pologne :  base logistique de l’OTAN | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


La Pologne :

 base logistique de l’OTAN

Par Konrad Stachnio (*)

 

Des collègues journalistes étrangers me demandent souvent pourquoi la Pologne et les Polonais sont si stupides et aident à couler l’Ukraine tout en étant l’idiot utile des États-Unis. Cette question exprime un malentendu profond sur ce qu’est l’Ukraine et sur ce que la Pologne est devenue.

 

À présent, dans le jeu géopolitique, la division entre l’Ukraine et la Pologne n’est qu’apparente. Il est plus approprié de dire que nous traitons de deux colonies des États-Unis : la colonie A – l’Ukraine et la colonie B – la Pologne. Ces deux bases américaines sont conçues pour exécuter des fonctions militaires spécifiques. La Pologne sert de terrain d’entraînement et d’entrepôt tandis que l’Ukraine est un champ de bataille réel. Le champ de bataille est soutenu par le lieu d’approvisionnement, c’est-à-dire la logistique, donc la Pologne.

 

Durant les six dernières semaines, le gouvernement supposé être polonais vient d’annoncer des formations obligatoires aussi bien aux hommes nouvellement transférés aux forces de réserve qu’aux réservistes qui n’ont pas encore été en service actif. Conformément aux règlements précédents, seuls peuvent être déclarés aptes ceux qui ont été en service actif ou qui ont accompli une période de service militaire.

 

Autrement dit, la formation militaire a été rendue obligatoire pour tous les hommes en dessous de l’âge de 50 ans. Après le 23 mars de cette année, date à laquelle le règlement du Premier ministre Ewa Kopacz est entré en vigueur, les Polonais peuvent être appelés pour le service militaire en recevant une formation à tout moment, même s’ils ne sont pas disponibles.

 

De plus, depuis six semaines le gouvernement polonais a présenté plusieurs autres lois en relation avec l’armée qui peuvent être perçues comme des préparatifs de guerre. Je veux dire, par exemple, les règlements concernant les dommages et intérêts causés par des troupes étrangères, ou le règlement sur les coûts des obsèques des soldats non professionnels.

 

Évidemment, c’est ainsi que la Pologne est censée se défendre contre les agresseurs russes, bien qu’à mon avis il serait plus raisonnable de se protéger contre ceux qui, sur YouTube, décapitent une effigie du président polonais, qui est ensuite jetée sur le seuil du consulat de ce pays.

 

Cependant, selon ce qu’un des sponsors principaux de la démocratie dans le monde – George Soros – a dit, la démocratie ukrainienne devrait être un modèle à suivre pour d’autres pays. Ce modèle fait partie du contexte plus large dans lequel la Pologne, par exemple, est devenue un pays subordonné à l’Ukraine, dans la mesure où il facilite la conduite des opérations militaires des États-Unis dans ce pays.

 

Une Pologne indépendante, avec sa propre politique étrangère, serait simplement un obstacle pour ceux qui contrôlent ce plan stratégique. La Pologne en tant que pays souverain doit se soumettre aux exigences du plan militaire mis en place par les États-Unis en Ukraine, en termes financiers, militaires, idéologiques ou sociaux.

 

 

La Pologne : base logistique pour l’Ukraine

 

Contexte financier :

 

Selon le ministre polonais Tomasz Siemoniak

Nous avons donné une aide de 4 millions d’euros à l’armée ukrainienne et nous préparons la suite. La Pologne a toujours dit que puisqu’il n’y a aucune provision d’embargos sur les armes, nous voulons faire collaborer notre industrie de défense avec l’Ukraine. Il n’y a aucun obstacle à cela.

 

 

Installations militaires :

 

Selon Stephen Mull, ambassadeur américain en Pologne

 

S’il y a une menace sur la Pologne, nous y installerons des missiles Patriot. J’en ai parlé récemment avec le Général Ben Hodges (le commandant de forces américaines en Europe) et il a assuré la préparation du déploiement de ces missiles si nécessaire. Nous dépenserons un milliard de dollars des États-Unis pour augmenter l’infrastructure militaire en Pologne. Plusieurs millions de dollars seront dépensés, par exemple pour agrandir la base de Lask.

 

L’ambassadeur a ajouté que l’expansion de bases militaires permettra d’envoyer des troupes américaines plus rapidement.

 

 

Base idéologique :

 

Selon Donald Tusk, président polonais du Conseil de l’Europe

Nous devons non seulement parler d’une seule voix, mais agir aussi de concert, car ce que nous serons demain dépend de ce que nous faisons aujourd’hui. Nous sommes aujourd’hui au meilleur moment pour une nouvelle affirmation de notre foi dans la Communauté transatlantique.

 

 

Base sociale :

 

Comme le ministre de la Défense nationale Thomas Siemioniak  l’a mentionné, quarante et un soldats ukrainiens blessés, ayant participé à l’opération antiterroriste dans le Donbass, ont été soignés dans des hôpitaux polonais. Ils ont été envoyés à Wroclaw, Cracovie et Lublin. Le coût de ces traitements est de 700 000 zlotys.

 

 

Deux colonies des États-Unis : la Pologne et l’Ukraine

 

La Pologne, comme nous l’apprend le New York Times, a été choisie comme base logistique et militaire de l’Ukraine dans son combat contre la Russie. En conséquence, elle ne peut pas avoir sa propre politique, par exemple, la neutralité. La Pologne doit être ce qui a été décidé pour elle – la base pour la guerre avec la Russie.

 

Attendons-nous donc à voir apparaître en Pologne, de façon imminente, des processus démocratiques aux normes ukrainiennes [à la sauce Maidan, NDT] qui, comme Soros le demande, devraient être pris en exemple. Les symptômes typiques de ces processus démocratiques sont : la déstabilisation, la faillite et la dépopulation du pays, que nous pouvons observer en Pologne maintenant.

 

Si la Pologne avait sa propre politique étrangère, les États-Unis perdraient leurs importants investissements militaires, sociaux et économiques. Ainsi, malgré les protestations d’une grande partie de la société polonaise, le gouvernement prétendument polonais ne se soucie pas trop de ses propres citoyens. Prenant acte de cet état de fait, il faudrait présenter la question différemment : pourquoi une colonie des États-Unis n’enverrait-elle pas de l’assistance à une autre colonie des États-Unis dans le combat contre un ennemi des États-Unis ?

 

La question ainsi posée, la protestation d’une partie de la société polonaise contre la participation polonaise au conflit en Ukraine n’a aucune importance. Les deux gouvernements, en Ukraine et en Pologne, ne représentent pas la volonté de leurs citoyens, ils suivent les instructions de leurs maîtres de l’autre côté de l’océan.

 

Voici ce à quoi on peut s’attendre en Pologne et dans d’autres pays Baltes : un processus de déstabilisation qui ira en s’approfondissant et, finalement, une guerre ouverte à laquelle la Pologne s’est déjà préparée par la série de nouvelles lois promulguées en six semaines seulement.

 

C’est une conséquence de la guerre de l’information qui a mené à une situation dans laquelle le sens des mots comme démocratie, liberté, valeurs européennes, etc., a été galvaudé par ceux qui contrôlent la narration par le biais de leurs médias industriels. Aujourd’hui, personne ne s’étonne de voir des néonazis, des racistes et des extrémistes islamiques se battre aux côtés des forces ukrainiennes, personne ne demande même pourquoi, tandis que d’autres persistent à ne pas le croire. En faisant ainsi, ils se battent pour la démocratie et les valeurs européennes, comme ISIS l’a fait par le passé, après tout. La signification avait déjà été fournie par ceux qui écrivent le scénario.

 

Le conflit entre une grande partie de la société polonaise, le gouvernement de la Pologne qui prétend être polonais et le gouvernement ukrainien augmentera. Le gouvernement polonais soutient ouvertement le régime néonazi en Ukraine. En attendant, une grande partie de la société polonaise ne veut pas mourir pour des gens qui adorent officiellement ceux qui, dans un passé pas si lointain, ont assassiné leurs familles – par exemple, les massacres de Volhynia dans lesquels des Ukrainiens ont tué environ 200 000 civils polonais d’une façon si brutale et si atroce qu’il est même difficile de l’imaginer. Les auteurs de ces massacres sont maintenant officiellement célébrés comme des héros.

 

L’écart entre le peuple et le gouvernement qui se dit polonais ne pourra que croître. Cela pourrait même conduire au renversement de ce gouvernement, ou à l’arrivée sur le devant de la scène politique d’un mouvement complètement nouveau qui changerait la politique étrangère polonaise. Les symptômes de cette évolution sont déjà visibles. L’insatisfaction des Polonais à cause de la politique étrangère du gouvernement se manifeste par la naissance de nouveaux partis politiques et la formation de mouvements sociaux massifs. Les deux demandent le renversement du gouvernement actuel à Varsovie. L’action de ce gouvernement pour pousser les Polonais à la guerre ouverte contre la Russie, ainsi qu’une situation économique qui se détériore dans la zone euro, ne peuvent que renforcer ces mouvements et partis.

 

Cette divergence entre la société polonaise et son gouvernement est le prix à payer pour l’installation de la logistique américaine. Ceci dit, comme je l’ai mentionné plus tôt, cela n’a pas d’importance pour l’instant, dans la mesure où ni le gouvernement polonais ni le gouvernement ukrainien ne représentent les intérêts nationaux de leurs pays ; ils sont seulement des pions des États-Unis dans la guerre avec la Russie, et le peuple n’a pas droit à la parole.

 

La légitimité du néonazisme et du néo-banderisme en Ukraine, et maintenant en Lettonie (il n’est pas indifférent que ce soit justement dans ces pays que se trouvent maintenant les bases militaires américaines), n’est pas accidentelle. Sans la légitimité des extrémistes qui, après tout, combattent pour la démocratie et les valeurs européennes, la guerre en Ukraine serait finie en deux jours. Sans l’argent des oligarques, la propagande, les troupes des États-Unis, sans l’assistance de la Pologne réarmant l’Ukraine, et sans l’assistance aux néonazis, tout aurait été fini en une semaine. Aucun Ukrainien normal n’irait à la guerre, ce que nous pouvons constater avec l’échec de la mobilisation générale. Si la flamme nationaliste n’était pas attisée, l’Ukraine cesserait très rapidement de brûler et pourrait revenir à la normalité. Ce scénario, cependant, ne convient pas à ceux qui apportent maintenant les processus démocratiques comme auparavant en Libye et en Syrie, etc.

 

L’idéologie néonazie et banderiste est nécessaire pour pouvoir continuer la guerre et doit donc être légitimée, bien qu’à long terme ce soit inutile et nuisible pour les États-Unis. La Pologne, dans ce contexte, doit rester une base pour la réalisation des processus démocratiques par les États-Unis en Ukraine, comme au Moyen-Orient. Que la Russie soit une menace en Pologne ou non est totalement secondaire. La Pologne représente les intérêts des États-Unis et si nous considérons un autre pays que la Russie, où les États-Unis ont des intérêts, la Pologne – comme cela a été le cas de l’Afghanistan – enverrait ses troupes sans aucun problème.

 

 

La Pologne va à la guerre

 

En Pologne, nous voyons se former, comme en Ukraine, la même peste des bataillons de volontaires en Ukraine. Par exemple l’unité paramilitaire de la Garde nationale de Szczecin.

 

« Notre initiative sociale est l’expression de notre intérêt pour notre pays. Une situation internationale préoccupante, y compris l’intervention armée actuellement en cours par des troupes russes sur le territoire de l’Ukraine et la menace du fondamentalisme islamique, nous contraignent à protéger le destin de nos personnes aimées et de notre pays », expliquent les fondateurs de la Garde nationale.

 

La propagande de guerre est très bien mise en œuvre en Pologne après l’avoir été en Ukraine. Constatant le nombre des troupes américaines envoyées aux pays Baltes ainsi que l’appel de Porochenko à rouvrir le conflit, la seule chose qui manque est un détonateur approprié.

 

Konrad Rekas, analyste au Centre européen d’analyse géopolitique, expose très bien cette question :

 

« Vous pouvez imaginer que nous devrons gérer une provocation. Par exemple, des criminels inconnus, agissants comme au Maïdan, ou l’avion malais, l’explosion d’un engin près d’une base de l’OTAN, avec des soldats tués, des citoyens américains, britanniques ou polonais, et cela donnera aux faucons de guerre une excuse pour engager une intervention militaire totale, l’entrée de troupes en Ukraine, etc. ».

 

Cette version des événements est confirmée aussi par Joaquin Flores, un analyste du Centre pour des études syncrétiques.

 

« Nous voyons clairement que les États-Unis mettent tout en œuvre pour casser l’accord de Minsk sur la trêve en Ukraine. Les envois d’armes ont un double but. D’abord profiter aux industries d’armement américaines, ensuite encourager la peur des dirigeants lettons et lituaniens face à un risque qui n’existe pas. Ils créent de faux rapports de renseignements qui indiquent l’augmentation imminente d’actions militaires russes totalement fictives. »

 

Quel sera le détonateur ? Cela pourrait être n’importe quoi. Peut-être, comme dans le cas du World Trade Center, ou récemment dans la preuve des passeports russes présentée par un Porochenko pathétique, ils trouveront les passeports de terroristes qui ont voulu faire sauter une base de l’OTAN. Comme nous le savons, n’importe quel terroriste porte un passeport russe pour le laisser à l’endroit où il commet un acte de terreur. Ce que sera le prétexte ne compte pas tant que ceux qui inventent la preuve contrôlent en même temps la narration médiatique.

 

Konrad Rekas continue :

 

Ce sont les mêmes qui, à côté du complexe militaro-industriel, sont plus intéressés par le conflit ouvert. Pourquoi ? Jacek Rostowski, ancien ministre des Finances de Pologne, a simplement déclaré :

 

« Cette guerre, la guerre grandeur nature, permettra de masquer et d’une certaine façon de protéger les milieux financiers des effets de l’écroulement de l’économie occidentale basée sur le dollar, qui est si vulnérable à la spéculation. »

 

Même l’approche raisonnable d’un Kissinger par rapport à la Russie, ou le changement d’attitude de l’Allemagne envers les psychopathes de Washington qui poussent l’Europe à la guerre, ne change rien.

 

Laissez-moi vous rappeler qu’en Allemagne même, des troupes américaines sont dispersées dans des douzaines de bases différentes, sans compter les entrepôts de matériel, d’armes et de vivres qui ont été constitués en prévision de la guerre ; l’Allemagne a sur son territoire 48 100 soldats américains. Les bases américaines en Allemagne sont les suivantes :

 

Ansbach, Babenhausen, Bamberg, Baumholder, Mal Aibling, Mal Kissingen, Mal Nauheim, Buedingen Darmstadt, Dexheim, Garmisch, Gelnhausen, Giebelstadt, Giessen, Grafenwoehr, Hanau, Heidelberg, Hohennfels, Illesheim, Kelley Baraques, Kitzingen, Mannheim, McCully Barraks, Neubrucke, Panzer Kaserne, Baraques de Patch, Ramstein, Schweinfurt, Vilseck, Vogelweh, Wiesbaden.

 

Le fait que les Polonais soient informés par le New York Times qu’ils se préparent pour la guerre est pour moi quelque chose de paradoxalement positif. L’avis vient finalement du lieu où réside vraiment le gouvernement polonais.

 

L’insatisfaction croissante des populations concernant les actions entreprises par le gouvernement polonais pour mener la Pologne à la guerre peut-elle finalement provoquer le renversement de ce gouvernement ?  C’est tout à fait possible. En Pologne, de plus en plus de mouvements politiques évoquent ce scénario. Ils ne veulent tout simplement pas répéter le succès démocratique de l’Ukraine.

 

À partir des déclarations du responsable de l’opération, le Dr Zbigniew Brzezinski, on peut comprendre que les États-Unis pousseront d’autres pays baltes à répéter le succès politique et économique de la Pologne. Le sponsor de ce succès politique et économique, George Soros, dit que l’Ukraine devrait être un modèle à suivre pour d’autres pays. Arrivé à ce point, il ne me reste qu’à faire preuve de compassion envers les pays Baltes.

 

 

 

Par Konrad Stachnio (*) (NEO) - traduit par Jefke, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone – le 31 mars 2015

 

(*) Konrad Stachnio est un journaliste indépendant basé en Pologne, il a hébergé un certain nombre de programmes radio et TV pour l’édition polonaise de Prison Planet, exclusivement pour le magazine en ligne New Eastern Outlook.

 

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Plus de 3 000 soldats US dans les pays baltes

Plus de 3 000 soldats US dans les pays baltes | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Carte : recent US military events Europa

 

 

Plus de 3 000 soldats US dans les pays baltes

 

Les États-Unis montrent de plus en plus leur présence et pouvoir militaire dans les pays baltes juste devant la frontière avec la Russie. Plus de 3 000 soldats US sont en train d’effectuer des manœuvres dans les pays baltes. Plus de 750 véhicules de guerre ont déjà été débarqués par bateau dans les pays baltes. C’est dans le cadre de l’opération « Operation Atlantic Resolve » que les troupes de l’OTAN sont en train de faire les manœuvres qui doivent durer 90 jours.

 

Des fous.

 

Obama est un fou qui porte le prix Nobel de la paix. Les jeunes hommes lettons sont en train de se préparer à la guerre. Ce petit pays tout joli avec ces forêts laisse les gros chars US rouler et tirer pour de vrai pour tester leur précision de tirs. Des chars Abrams M1A2 s’entraînent sur l’air de tirs de Ādazi en Lettonie. Déjà en octobre 2014 l’ambassadeur US, Jeffrey Levine, souhaitait la bienvenue aux soldats US en Estonie.

 

De nouveau la tenue Yankee est, là, présente comme dans les films de guerre. Des troupes US aéroportées avec des UH-60 Blackhawk montrent aux soldats lettons comment tuer. Quand ont pense que la Lettonie préside le Conseil de l’Europe pour 6 mois. Nous comprenons que la paix ne peut pas arriver de cette Union européenne. Les États-Unis veulent la guerre.

 

 

 

Par Olivier Renault (journaliste) - Novorossia Vision – le 10 mars 2015

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Ukraine : où en est-on ? (Partie 2/2)

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Source de la carte : liberation.fr


 

Ukraine : où en est-on ? (Partie 2/2)

 Par Bernard Frederick,

Journaliste, ancien correspondant de « l’Humanité » à Moscou

 

 

Le prix de la guerre des sanctions

 

Avant le coup d’État de février 2014, le vote de la Crimée en faveur de son rattachement à la Fédération de Russie (16 mars 2014), et les sanctions occidentales qui s’ensuivirent, la Russie était la deuxième importatrice des produits agricoles européens. En 2013, les exportations de l’UE vers la Russie représentaient 11,8 milliards d’euros, 10 % de toutes les ventes de produits agricoles des vingt-huit. La réponse russe aux sanctions occidentales a justement, principalement frappé le secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire. Les secteurs qui ont subi le plus d’impact de la réponse russe aux sanctions de l’Union européenne ont été les produits laitiers, viande, fruits et légumes, explique Jacques Sapir qui cite l‘économiste Mielgo Domínguez Jésus lequel estime que « l’élargissement des sanctions européennes montre que Bruxelles agit contre ses propres intérêts et qu’elle est soumise à la politique de Washington » [9]. Parmi les pays les plus touchés : l’Allemagne, la Pologne, la Lituanie, la France…

 

Cela ne fait rien, l’Union européenne persiste. Sans craindre le ridicule : elle vient de rajouter plusieurs noms sur sa « liste noire » des personnes, russes ou ukrainiennes, persona non grata sur son territoire, parmi elles, Yosip Kobzon, un chanteur juif russe très connu qui est allé se produire à Donetsk. Sa ville natale !

 

D’aucuns ne se cachent plus du but recherché avec les sanctions. Mme Galina Ackerman est, dixit Wikipédia, « une écrivaine, historienne, journaliste et traductrice franco-russe, spécialiste du monde russe et ex-soviétique ». Elle est surtout une spécialiste de l’intox et la voix de son maître américain. Interrogée le 20 février sur France Info, elle a naïvement lâché le morceau : il faut poursuivre et amplifier les sanctions a-t-elle dit en substance et surtout fournir à l’Ukraine de quoi tuer plus de « militaires russes » pour provoquer un mécontentement tel en Russie que Vladimir Poutine n’y résistera pas. Est-ce là l’expression d’« une écrivaine, historienne, journaliste et traductrice franco-russe » ou celle d’une va-t-en-guerre en civile ?

 

Mais pour une fois Lady Ackerman dit vrai. Tel est bien l’objectif de Washington. Il y a cependant loin de la coupe aux lèvres comme on dit. La popularité de Vladimir Poutine n’a jamais été aussi élevée : plus de 80 % de soutien dans l’opinion. Les manifestations contre le président russe qui défrayaient la chronique il y a encore deux ans ne sont plus qu’un (mauvais) souvenir. Mikhaîl Gorbatchev l’approuve et, face à l’Occident, le président du Parti communiste de la Fédération de Russie, Guennadi Ziouganov le soutient en partie. Il fallait bien mal connaître le peuple russe pour penser qu’en attaquant sa patrie, il se soumettrait et accepterait le retour de ceux qui, sous Boris Eltsine, avaient dépecé le pays, l’avait humilié et le poussait même à sa fin [10].

 

Même sur le plan économique, les sanctions occidentales, si elles pénalisent sévèrement le pays, n’ont pas les effets catastrophiques qu’on veut voir en Occident. Ainsi Jacques Sapir peut il noter : « Bien des observateurs annonçaient des résultats « apocalyptiques » des sanctions prises tant par l’Union européenne que par les États-Unis contre la Russie. La réalité apparaît comme nettement différente et sensiblement plus contrastée. On a constaté ces derniers mois des évolutions importantes, qui sont dans une certaine mesure le produit du nouveau régime de relations internationales. L’impact des sanctions a semblé très faible jusqu’en avril 2014, mais aujourd’hui on peut faire les constatations suivantes :

 

(a) Il y a une reprise de l’activité industrielle en Russie (+2,5 % sur le premier semestre) qui est nette.

(b) L’activité du secteur agricole et agroalimentaire semble s’accélérer sur les mois de juin et de juillet, soit avant l’entrée en vigueur des mesures russes de rétorsion. _

(c) ces effets positifs semblent directement liés à la dépréciation d’environ 10 % du Rouble, depuis le mois de mars, qui non seulement améliorent la compétitivité des producteurs en Russie amis qui tendent à faire baisser les coûts (exprimés en roubles) pour les grands exportateurs.

(d) Les sanctions prises en septembre 2014 semblent avoir provoqué un gel provisoire des grands projets d’investissement, lié à la nécessité pour les grandes entreprises de changer leurs modes de financement et de trouver de nouveaux partenaires » [11].

 

Mais la politique occidentale des sanctions ne se paye pas seulement cash, elle va coûter très cher à moyen et long terme tant à Washington qu’à Londres, Berlin ou Paris. Elle pousse la Russie à s’engager dans deux directions parallèles : sur le plan intérieur à favoriser une refonte complète de son industrie ; sur le plan extérieur, à favoriser des coopérations structurelles avec les pays des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud).

 

 

Un autre monde est possible

 

Le plus extraordinaire avec les Américains, c’est qu’ils croient qu’ils sont supérieurs à tout le monde. Ce serait un super client collectif pour un psychanalyste comme Freud. Puissant en titre et impuissant dans les faits. En 1944 les États-Unis ont débarqué en Normandie quand il fut avéré que l’Armée rouge allait gagner la guerre. Elle l’a gagnée. Ils lâchèrent leur bombe atomique sur Hiroshima quand ils craignirent que leur victoire sur le Japon puisse dépendre de l’entrée en guerre de l’URSS contre l’empire du Levant, comme il avait été prévu par les Accords de Crimée (février 1945).

 

Depuis cette hyperpuissance, comme elle se considère elle-même, a perdu toutes les guerres qu’elle a menées : la Corée, le Vietnam, l’Irak, pour ne citer que les plus importantes. Elle quitte l’Afghanistan piteusement. Elle n’a plus le contrôle de l’Amérique latine. Si ce n’était la Pologne et les Pays baltes, elle serait réduite en Europe à la portion congrue d’une puissance subalterne.

 

Ainsi, quand l’Amérique veut enrayer son déclin elle le précipite. Elle n’est déjà plus la première puissance industrielle. La Chine la dépasse. Elle n’a plus comme drapeau que son dollar. Il est en lambeaux ; bientôt il sera plus qu’une relique.

 

Les sanctions, les humiliations — comme l’élargissement de l’OTAN en Europe centrale — ont poussé la Russie à accélérer et à amplifier l’orientation qui était la sienne depuis l’arrivée de Vladimir Poutine au pouvoir : la construction d’alliances multiformes à l’Est au Sud et encore bien au-delà, dans l’ancien jardin privé de la Maison-Blanche :‎ l’Amérique latine. En Iran, en Turquie, en Égypte aussi où Moscou vient de signer son grand retour.

 

Or tous ses accords sont marqués d’un leitmotiv : les échanges, aujourd’hui réglés en dollars le seront à l’avenir en monnaies nationales. C’est plus qu’une gifle pour les États-Unis, c’est le commencement de la fin d’une domination mondiale ; la fin des accords de Bretton Woods de 1944. La création d’une banque de développement des BRICS va dans ce sens. La Russie et la Chine sont désormais étroitement associées à un pôle économique et financier qui conteste la domination occidentale sur les marchés financiers et la contourne.

 

Si le dollar s’en trouve menacé, il en va de même pour l’Euro qui n’est déjà pas dans une forme éclatante. Bref, la politique de sanctions occidentale contre la Russie se retourne fatidiquement contre ses inspirateurs et acteurs. Autant que la défaite militaire des troupes de Kiev, cette situation pousse Paris et Berlin a prendre, semble-t-il, quelques distances avec Washington et à essayer de conjurer la catastrophe qui menace l’Europe.

 

C’est le sens de l’engagement de François Hollande et d’Angela Merkel dans le processus qui a conduit à l’Accord de Minsk du 12 février.

 

 

L’Accord de Minsk

 

Le cessez-le-feu conclu à Minsk devait prendre effet le 15 février à minuit. Cependant, les milices de Donetsk et Lougansk venaient d’encercler plusieurs milliers de militaires ukrainiens et de mercenaires fascistes à Debaltsevo, un nœud ferroviaire essentiel à la continuité territoriale entre les deux régions insurgées. On proposait à Porochenko d’évacuer pacifiquement cette poche. Il refusa et nia même un quelconque encerclement de ses troupes. Dans ces conditions, les milices républicaines ont resserré leur tenaille et obligé les forces kiéviennes à abandonner leurs positions.

 

Un autre risque pèse à court terme sur le cessez-le-feu : il est probable que Donetsk cherche à récupérer l’important port de Marioupol sur la mer d’Azov, conquis le 13 juin, par les blindés des forces gouvernementales, les bataillons « Azov », « Ukraine » et « Donbass », groupes de mercenaires ukrainiens et étrangers – dont plusieurs Français — formés par des néonazis comme Oleg Liachko [12] et financés par le milliardaire Igor Kolomoïsky. Globalement, le cessez-le-feu est cependant respecté et l’évacuation des armes lourdes a commencé au moins du côté des insurgés. Un accord est intervenu le dimanche 22 février pour l’évacuation des armes lourdes, comme prévu à Minsk et le même jour un premier échange de prisonniers a été effectué.

 

On lira en annexe le texte complet de l’accord. Il est précédé d’un protocole, signé par les chefs d’État et de gouvernement, Hollande, Merkel, Poutine et Porochenko.

 

Il stipule ceci qui est d’une extrême importance : « Ils [les personnalités citées NDLR] soutiennent les discussions trilatérales entre l’UE, l’Ukraine et la Russie afin de trouver des solutions pratiques aux préoccupations soulevées par la Russie concernant la mise en œuvre de l’Accord de Libre Échange Complet et Approfondi entre l’Ukraine et l’UE ». C’est ce que revendiquait Moscou il y a déjà un an !

 

Au terme de cet Accord, l’Ukraine ne devrait ni entrer dans l’OTAN ni dans l’Union européenne.

 

Il est évident que sont nombreux ceux qui veulent torpiller le processus engagé à Minsk. En Ukraine où les fascistes ont déjà déclaré qu’ils ne se sentaient pas concernés et où le Premier ministre, Arseni Iatseniouk, en homme lige des Américains fera tout pour empêcher une solution politique ; à Washington où la guerre contre la Russie (par personne interposée, c’est ça le courage !) est un objectif fondamental de la défense de ses intérêts, on l’a vu.

Mais en Europe aussi, il faut compter avec le « parti atlantiste » et son influence dans les médias.

 

Les chances de la paix résident dans notre capacité à contrevenir le courant russophobe qui s’est propagé en Europe et particulièrement en France.

 

 

Le texte de l’Accord de Minsk [13]

 

Cessez-le-feu immédiat et universel dans les zones actuellement contrôlées par les régions de Donetsk et de Lougansk et le respect strict de ce cessez-le-feu à compter du 15 février 2015 à minuit (heure ukrainienne).

 

Retrait de tous les armements lourds par les deux côtés, à des distances égales, afin de créer des zones de sécurité : d’une largeur de 50 km minimum d’écartement pour les systèmes d’artillerie d’un calibre de 100 mm et plus, d’une largeur de 70 km pour les lance-roquettes multiples, et d’une largeur de 140 km pour les lance-roquettes Tornado-S, Ouragan, Smertch et les systèmes de missiles tactiques Totchka (Totchka U) :

 

– pour les troupes armées ukrainiennes : depuis la ligne de démarcation de fait ;

 

– pour les formations armées des zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk : depuis la ligne de démarcation établie par le mémorandum de Minsk du 19 septembre 2014. Le retrait des armements lourds énumérés plus haut ne doit pas commencer plus tard que le lendemain du cessez-le-feu, et être achevé dans une période de 14 jours.

 

Ce processus sera assisté par l’OSCE avec le soutien du Groupe de contact tripartite.

 

L’OSCE assurera une surveillance et un contrôle efficace du régime de cessez-le-feu et du retrait des armements lourds dès le premier jour du retrait, en y employant toutes les ressources techniques nécessaires, notamment des satellites, des drones, des systèmes de radiolocalisation, etc.

 

Le lendemain du retrait, entamer le dialogue sur les modalités de conduite d’élections locales, conformément à la législation ukrainienne et à la loi ukrainienne « Sur le régime temporaire d’autogestion locale dans des zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk », et également sur le régime futur de ces régions, sur la base de la loi ukrainienne.

 

Sans tarder, pas plus tard que 30 jours à compter de la date de signature de ce document, adopter un décret de la Rada suprême d’Ukraine mentionnant le territoire sur lequel s’étend le régime particulier, conformément à la loi ukrainienne « Sur le régime temporaire d’autogestion locale dans des zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk », sur la base de la ligne fixée dans le mémorandum de Minsk du 19 septembre 2014.

 

Garantir la grâce et l’amnistie, par le biais de l’adoption et de la mise en vigueur d’une loi interdisant la poursuite et la condamnation des personnes en lien avec les événements ayant eu lieu dans les régions ukrainiennes actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk. Garantir la libération et l’échange de tous les otages et personnes illégalement détenues sur la base du principe « tous contre tous ». Ce processus devra être achevé au plus tard cinq jours après le retrait. Garantir l’accès sécurisé, la fourniture, la conservation et la distribution d’aide humanitaire aux nécessiteux sur la base d’un mécanisme international.

 

Détermination des modalités du rétablissement total des liens socio-économiques, notamment les versements sociaux, comme le paiement des retraites et les autres versements (encaissements et recettes, paiement en temps voulu de toutes les factures communales, rétablissement de l’imposition dans le cadre du champ juridique de l’Ukraine).

 

À cette fin, l’Ukraine rétablira la gestion en segment de son système bancaire dans les régions touchées par le conflit, et il sera peut-être créé un mécanisme international pour faciliter ces versements. Rétablissement d’un contrôle total du gouvernement ukrainien sur la frontière étatique dans toute la zone de conflit, qui doit commencer le lendemain des élections locales et s’achever après la fin du règlement politique universel (élections locales dans des zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk sur la base de la loi ukrainienne et réforme constitutionnelle) d’ici la fin de l’année 2015, sous condition de l’exécution du point 11 – par des consultations et en accord avec les représentants des régions particulières de et de Lougansk dans le cadre du Groupe de contact tripartite.

 

Évacuation depuis le territoire de l’Ukraine de toutes les formations armées et de la technique militaire étrangère, ainsi que des mercenaires, sous la surveillance de l’OSCE. Désarmement de tous les groupes illégaux. Conduite d’une réforme constitutionnelle en Ukraine, avec entrée en vigueur d’ici fin 2015 de la nouvelle constitution, qui servira d’élément clé de la décentralisation (avec prise en compte des particularités des zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk, acceptée par les représentants de ces régions), et également adoption d’une législation permanente sur le statut spécial des régions particulières de Donetsk et de Lougansk, avant la fin de l’année 2015.

 

Sur la base de la loi ukrainienne « Sur le régime temporaire d’autogestion locale dans les zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk », les questions concernant les élections locales seront débattues avec les représentants des régions particulières de Donetsk et de Lougansk dans le cadre du Groupe de contact tripartite. Les élections seront conduites dans le respect des standards de l’OSCE correspondants et sous la surveillance du BIDDH de l’OSCE.

 

Intensifier l’activité de Groupe de contact tripartite, notamment par le biais de la création de groupes de travail pour l’exécution des aspects correspondants des accords de Minsk. Ces groupes reflèteront la composition du Groupe de contact tripartite.

 

Ces mesures, conformément à la loi « Sur le régime temporaire d’autogestion locale dans les zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk », incluent ceci :

 

– Les personnes liées aux événements ayant eu lieu dans les régions de Donetsk et de Lougansk ne seront ni condamnées, ni poursuivies, ni discriminées ;

– droit à l’autodétermination linguistique ;

– participation des organes d’autogestion locale à la désignation des responsables des organes du Parquet et des juges dans les zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk ;

– possibilité pour les organes centraux du pouvoir exécutif de conclure avec les organes d’autogestion locale correspondants des accords relatifs au développement économique, social et culturel des zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk ;

– l’État assurera le soutien du développement socio-économique les zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk ;

– contribution des organes centraux du pouvoir à la collaboration transfrontalière des zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk avec les régions de la Fédération de Russie ;

– création de détachements de milice populaire selon les décisions des conseils locaux, dans le but de maintenir l’ordre public dans les zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk ;

– les mandats des députés des conseils locaux et des responsables élus lors des élections anticipées fixées par la Rada suprême d’Ukraine par cette loi ne peuvent être suspendus avant terme.

 

Ce document a été signé par les membres du Groupe de contact tripartite :

L’ambassadeur Heidi Tagliavini

Le deuxième président d’Ukraine L.D. Koutchma

L’ambassadeur de Fédération de Russie en Ukraine M. I. Zoubarov

A.V. Zakhartchenko (République de Donetsk)

I.V. Plotnitskiï (République de Lougansk)

 

 

 

Par Bernard Frederick (journaliste, ancien correspondant de « l’Humanité » à Moscou) - josefort.over-blog.com - le 23 février 2015

 

 

Notes :

 [9] Article cité.

[10] Une étude de The Lancet, une revue scientifique médicale britannique, estime que l’augmentation de plus de 18 % de la mortalité en Russie après d’implosion de l’URSS était attribuable aux privatisations massives, au chômage et à un accès difficile aux soins à l’époque de la « thérapie de choc » pratiquée par Boris Eltsine sur injonction des Occidentaux. L’espérance de vie des hommes à la naissance est passée de 63 ans en 1990 à 58 ans en 2000 pour remonter à 62 ans en 2009. Pour les femmes, elle est passée de 74 ans en 1990 à 72 ans en 2000 pour remonter à 74 ans en 2009. « Notre mission consiste à porter l’espérance de vie à 74 ans d’ici 2018 et à 75,7 ans d’ici 2020 », indiquait V. Poutine lors d’une réunion du bureau du Conseil d’État de Russie consacrée au développement du système de protection sociale des personnes du troisième âge.

[11] Jacques Sapir, 18 octobre 2014.

[12] Le 6 août 2014, Amnesty International a publié un rapport dénonçant le fait qu’Oleg Liachko filme et diffuse sur son site internet des vidéos dans lesquelles on le voit, accompagné de groupes paramilitaires, pénétrer dans des lieux publics ou privés pour y enlever des personnes, les humilier et les contraindre par la force à exécuter ses ordres.

[13] Source : kremlin.ru, traduction : http://www.lecourrierderussie.com

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La guerre, la guerre, la guerre !!!

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La guerre, la guerre, la guerre !!!

 

En un discours de quelques secondes, François Hollande a répété ce mot on ne sait combien de fois. C’est voulu. Il veut nous sensibiliser à cette notion. Le mot n’est déjà plus tabou depuis un certain temps. Car, quoi qu’il arrive, M. Hollande a décidé qu’aucune guerre ne doit avoir lieu sans la France. Que ce soit en Syrie, en Afrique, en Afghanistan ou ailleurs, la France, depuis Sarkozy, s’est toujours retrouvée en première ligne, comme en Indochine ou à Suez.

 

Pendant que les Anglo-saxons poussent derrière, qu’Israël organise, mais fait profil bas dans l’action, que les autres partenaires rasent les murs, la France fait la bravache, n’étant suivie que par les écervelés de Pologne (encore une fois) et des petits bouts de terre des états baltes.

 

Les Français d’aujourd’hui savent-ils vraiment ce que c’est qu’une guerre, celle qui se passe hors des écrans de télé et des salles de cinéma ? Ils sont aujourd’hui comme les Syriens d’Alep en 2010, chantant et dansant, se mariant, faisant leurs études, voyageant d’un endroit à l’autre du pays, rencontrant proches et amis, vivant pleinement leur vie. Ils sont comme les Ukrainiens avant Maïdan, vivant dans un pays, certes en difficultés, mais heureux. Les Syriens et les Ukrainiens, se doutaient-ils que, du jour au lendemain, tout ce bonheur allait s’évanouir d’un coup, remplacé par le chaos ?

 

En cas de guerre avec la Russie, ce que les Européens n’excluent plus, la Syrie et l’Ukraine seront comme des paradis par rapport à ce que sera la France. Il ne faudra avoir aucun doute que cette fois les Russes ne s’arrêteront pas à Berlin. Il est tout aussi certain que l’Europe sera submergée en quelques jours. La petite armée française n’y suffira pas pour défendre le territoire. Combien de veuves et d’orphelins faudra-t-il compter pour se dire enfin « si nous avions su » ? Quand personne n’osera plus sortir de peur de recevoir un missile, quand il n’y aura plus d’électricité parce que les centrales seront HS, quand les trains seront à l’arrêt ou seront rares, quand les hôpitaux seront débordés, et quand enfin nous aurons sous les yeux ce que nous voyions à la télé concernant les enfants de Gaza ou du Donbass, peut-être dirons-nous : assez !, mais ce sera trop tard.

 

Hollande récite sa leçon en criant « la guerre, la guerre, la guerre… ». Avec Merkel, ils ont joué à Daladier et Chamberlain. On a vu ce que ça a donné il y a plus de 75 ans parce que la guerre était voulue, de la même manière qu’elle est voulue aujourd’hui. La France, comme naguère, est toujours le dindon de la farce. Ses grands amis indéfectibles anglo-saxons ont toujours misé gagnant sur la naïveté, voire la stupidité de ses chefs, et ça a toujours marché. Le gouvernement actuel ne donne pas de signes que cela changera ; ce sera même pire. Les dirigeants du pays ont défilé le 11 janvier en versant des larmes de crocodile pour 17 morts (que sont devenus les blessés ?), mais seraient prêts à verser le sang de dizaines, voire de centaines, de milliers de Français (au nom de quoi, déjà ?).

 

Comment peut-on comprendre cela ? En 1939, la France a déclaré la guerre à l’Allemagne pour sauver la Pologne dont elle se souciait comme d’une guigne. Aujourd’hui, elle pourrait vouloir renouveler cet exploit pour sauver l’Ukraine dont elle se soucie encore moins que de la Pologne. C’est simplement fascinant.

 

 

 

  

Par AvicRéseau International – le 9 février 2015

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Moral de l’Europe au plus balte

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Source de la carte : amicale.afp.perso.neuf.fr


 

2015 : le moral de l’Europe au plus balte…

Par Éric Verhaeghe (*)

 

Dans la déconfiture ambiante, deux nouvelles sont passées inaperçues en Europe : un État balte est entré dans la zone euro, un autre a pris la présidence de l’Union. Les anciennes terres prussiennes dominent le continent pour six mois critiques.

 


La Lituanie dans la zone euro

 

Alors que la zone euro détient tous les records mondiaux de sous-performance économique, il se trouve encore des gens pour vouloir y entrer. Bon, s’agissant de la Lituanie (3 millions d’habitants…), on ne sait comment on doit le prendre. Moscovici en a d’ailleurs dit grand bien, ce qui ne manque pas d’inquiéter les gens raisonnables :

La Lituanie jouit d’un « bilan solide des politiques budgétaires saines et des réformes structurelles qui ont débouché sur un des taux de croissance les plus élevés en Europe, conjugué avec une baisse constante du chômage », a souligné dans un communiqué le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici.


Il suffit de s’intéresser d’un peu près à ce pays pour savoir que sa population est en baisse constante depuis 1990 (une diminution du nombre d’habitants de 20 % en 25 ans…), la dette publique y a presque triplé depuis 2008, et le PIB n’y a toujours pas retrouvé son niveau de 2009. Le taux de chômage y est de 11,5 %. « Un bilan solide », comme dit Moscovici.

 

 

La Lettonie prend la présidence de l’Union

 

Autre plaisir du début d’année : la Lettonie prend la présidence de l’Union à la place de l’Italie. Là encore, cette ancienne possession prussienne a tout pour plaire. Comme la Lituanie, la Lettonie vit une véritable hécatombe depuis vingt ans, et la crise de 2008 y a pris un cataclysme économique.

 

Pour sa première présidence, la Lettonie devra traiter quelques sujets locaux. En lien avec Donald Tusk, le Polonais qui préside le Conseil Européen depuis cette année, le gouvernement letton devra traiter la question de la crise ukrainienne. Voilà qui tombe à point nommé ! Lettons et Polonais se sont en effet empressés de rejoindre l’OTAN il y a dix ans pour échapper à l’ogre russe. Ils semblent tout indiquer pour défendre une stratégie raisonnable et équilibrée face à la Russie.

 

On se donne rendez-vous fin juin pour tirer le bilan de cette excellente opération…

 

 

La Grèce s’enfonce dans l’hystérie

 

Ces petits changements mineurs interviennent au moment où la Grèce met à nouveau le continent à côté du vide sidéral que les technocrates ont creusé. Au troisième tour de l’élection présidentielle au Parlement grec, le candidat officiel, Stavros Dimas, n’a pu être élu. Il n’est pas parvenu à dépasser les 168 voix du deuxième tour. Il lui en fallait, rappelons-le, 12 de plus pour être élu.


Du coup, le Premier ministre a annoncé que, dans la foulée de la dissolution de la Vouli, des élections législatives auraient lieu le 25 janvier, dans un climat de tension. La bourse d’Athènes a perdu jusqu’à 11 % dans la journée. Alexis Tsipras, donné gagnant, enflamme l’opinion par des discours nationalistes fiévreux dont on trouvera quelques traductions françaises, dont celle-ci :

 

Nous n’avons qu’un seul engagement : il sera mis définitivement fin à l’humiliation nationale et à la crise humanitaire. Nous pouvons reprendre les clés de notre pays et mettre en œuvre un plan de reconstruction de l’économie et de la société. En plaçant l’humain d’abord. En ayant comme premier soin l’accès à la santé et à l’éducation. En plaçant l’environnement d’abord et un barrage aux grands intérêts lucratifs dont l’intention est de le spolier. En protégeant le patrimoine public et privé. Le labeur, le toit, les dépôts des citoyens grecs. En défendant l’histoire et la culture de notre patrie.

 

 

Les financiers retiennent leur souffle

 

Ces discours à la Démosthène ne suscitent guère un enthousiasme délirant dans la sphère financière qui se penche sur le malade grec depuis 2009. Le Fonds Monétaire International a d’emblée annoncé qu’il attendait désormais les élections pour décider de la marche à suivre. Cette décision sans surprise (puisque Tsipras a déclaré qu’il ne voulait plus d’intervention du FMI) a nourri l’idée d’une pression de la finance sur les élections.

 

La BCE a de son côté déclaré qu’elle attendait l’avis des autorités grecques sur son plan d’aide avant de passer à l’action.

 

« C’est maintenant à l’électorat grec de décider de la composition future du parlement et du gouvernement. Nous n’interférerons pas dans ce processus démocratique ni ne le commenterons », a affirmé la BCE, dans une courte déclaration écrite. « Nous allons attendre les avis et les suggestions des autorités grecques sur la meilleure manière de procéder au passage en revue (du plan d’aide) et nous en discuterons avec la Commission européenne et le FMI », a ajouté l’institution monétaire de Francfort (ouest), insistant sur « les progrès impressionnants » faits par la Grèce ces dernières années pour stabiliser ses finances et réformer son économie.

 

Des progrès impressionnants… qui ne justifiaient toutefois pas que la BCE desserre son étau sur le pays, jusqu’à le précipiter dans l’abîme.

 

 

Maman Merkel prête au Grexit

 

Après avoir laissé le subtil Schäuble, son ministre des Finances, déclarer que, quelle que soit l’issue de l’élection, la Grèce devrait payer, maman Angela a compris qu’elle devait entrer dans la danse. Elle a définitivement sifflé la fin de la récréation en expliquant que la Grèce devrait sortir de l’euro si Tsipras arrivait au pouvoir et appliquait son programme (ce qui, on en convient, constitue deux données incertaines à ce stade).

 

La chancelière allemande Angela Merkel est prête à laisser la Grèce sortir de la zone euro, au cas où la Gauche radicale remettrait en cause la politique de rigueur budgétaire dans ce pays, affirme samedi l’édition en ligne du magazine Spiegel.

 

« Le gouvernement allemand juge quasiment inévitable une sortie (de la Grèce) de la zone euro, si le chef de l’opposition Alexis Tsipras (Gauche radicale Syriza) dirige le gouvernement après les élections (législatives), abandonne la ligne de rigueur budgétaire et ne rembourse plus les dettes du pays », affirme le site web de l’hebdomadaire, en s’appuyant sur « des sources proches du gouvernement allemand ».

 

Angela Merkel et son ministre des Finances Wolfgang Schäuble ont changé d’avis et désormais ils « jugent supportable une sortie du pays de la monnaie unique en raison des progrès accomplis par la zone euro depuis le sommet de la crise en 2012, assure le Spiegel Online, toujours sur la base de ces sources.

 

« Le risque de contagion pour d’autres pays est limité, car le Portugal et l’Irlande sont considérés comme assainis. Par ailleurs, le MES (mécanisme européen de stabilité) fournit un mécanisme de sauvetage puissant et l’Union bancaire assure la sécurité des instituts de crédit », auraient encore confié ces sources. Plutôt clair, non ?

 

 

Et pendant ce temps, l’économie européenne s’effondre

 

Tous ces petits événements ne pouvaient pas mieux tomber, puisque des statistiques officielles ont apporté un éclairage encore plus cru sur la brillante passe que l’Europe traverse : le crédit au secteur privé dans la zone euro a encore baissé de 0,9 % en novembre, après une baisse de 1,1 % en octobre.

 

Ce chiffre est évidemment effrayant, puisqu’il rappelle que la reprise n’est vraiment pas pour demain et que, plus que jamais, les banquiers parient sur un ralentissement de l’activité.

 

Les prêts aux entreprises ont chuté de 11,4 % en Irlande, de 8,5 % en Espagne, de 6,5 % au Portugal et de 3,2 % en Grèce.

 

Décidément, l’atmosphère est de plus en plus pestilentielle dans la zone euro.

 

 

La BCE titube toujours sur la voie de la décision

 

Ces très mauvais chiffres agitent un nouveau chiffon rouge face à la prétendue reprise européenne qui devrait arriver naturellement. Les voix des colombes roucoulent donc à la BCE pour expliquer que le moment vient de racheter des dettes souveraines pour sauver l’Europe du pire.

 

Cette fois, c’est le chef économiste de la BCE, le Belge Pierre Praet, qui s’est exprimé dans la presse pour dire :

 

« Si mon analyse est qu’il y a besoin d’un nouveau soutien monétaire, et si je suis disposé à réduire les taux, mais que cela n’est plus possible, alors je ne dois pas être paralysé à l’idée que la seule option qui reste est l’achat d’obligations souveraines », a expliqué Peter Praet, avant d’ajouter que « les emprunts d’État sont les seuls actifs bénéficiant d’un volume de marché significatif »

Au passage, le même chef économiste a eu cette étonnante sortie qui vise autant la Grèce que la France :

 

« Les partis populistes dans certains pays promettent des solutions rapides, mais ils n’offrent que des recettes désastreuses », en rappelant que « tous les pays ont eu leur raison pour entrer dans la zone euro : le vieux système de dévaluation permanente ne fonctionnait pas. Ce qui est désormais requis, c’est de mener les ajustements structurels nécessaires. Une politique de dévaluation ne résout aucun problème structurel ».

 

 

Les faucons de la BCE n’ont pas dit leur dernier mot

 

Malgré ces déclarations qui se revendiquent de la logique, les faucons de la BCE sont loin d’avoir épuisé leurs arguments.

 

Le Néerlandais Klaas Knot, membre du conseil des gouverneurs, a pris une position assez logique, consistant à dire qu’une intervention de la BCE qui ne serait pas relayée par une politique budgétaire adaptée serait inutile (position que l’on est bien obligé de partager) :

« Aussi longtemps que l’Europe n’affiche pas la volonté politique de mieux partager les risques au sein de la Zone euro, il n’est pas de notre ressort de prendre de telles décisions nous-mêmes par une porte dérobée ».

 

Mais la palme de l’aveuglement est encore une fois cette semaine attribuée au gouverneur de la Bundesbank, Jens Weidmann, qui considère que la baisse du prix du pétrole suffira à relancer l’activité dans la zone euro :

 

« Nous venons de recevoir un instrument de stimulation gratuit, pourquoi y ajouter avec la politique monétaire ? », a-t-il déclaré.

« Cela m’énerve d’entendre tout le monde débattre d’une seule chose : quand allez-vous finalement procéder au rachat ? », a-t-il expliqué, ajoutant que la BCE ne devait pas céder aux pressions des marchés financiers. « Ces rachats vont se traduire par des dettes qui seront celles des banques centrales de la zone euro, et donc au final des contribuables ».

 

On prend les paris : le Quantitative Easing n’est pas pour demain.

Bref, il y a le feu à la maison, et les pompiers se demandent toujours s’ils doivent intervenir.

 

Comme nous sommes en période de vœu, on limitera le pessimisme à ces simples constats, et on évitera de dire à haute voix qu’il est déjà trop tard.

 

 

 

Par eric-verhaeghe.fr - le 4 janvier 2015

(*) Éric Verhaeghe est un écrivain français né en 1968 à Liège (Belgique). Pour plus de détails, voir ici.

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Maintenant Porochenko tente de calmer Washington !

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Photo : char américain en manœuvre

 


Maintenant Porochenko tente de calmer Washington !

Par Patrice de Plunkett (*)

 

Kiev reconnaît que les rebelles retirent leurs armes lourdes, mais Washington parle désormais un langage de guerre :

 

► Washington débarque des blindés et des troupes en Lettonie, vers la frontière russe ! Ce fait se double d’une fièvre de langage des officiels américains : affirmant que la Russie envahit l’Ukraine et menace les pays baltes, leurs informations « sorties de nulle part » (selon le ministre russe Lavrov) sont un discours de casus belli. Londres surenchérit, jouant comme d’habitude le rôle de provocateur* : « Poutine sape les règles de la paix en Europe », clame le ministre conservateur Hammond. Et d’enchaîner sur « Munich 1938 », comme si Moscou avait l’intention d’attaquer l’Ouest... Sans oublier le rôle du Polonais Tusk, homme de Washington à la tête de l’UE.

 

► La manœuvre américaine assujettit les Européens politiquement, au moment où le TTIP va les assujettir économiquement. Elle ne vise sans doute pas – souhaitons-le ! – à déclencher une guerre ouverte avec la Russie. Mais elle peut la déclencher, puisqu’elle consiste à la frôler et qu’elle en prend délibérément le risque.

 

Ainsi Washington plongerait l’Europe dans une guerre pour les seuls intérêts américains : la guerre que l’on avait réussi à éviter en 1950-1960 (quand l’URSS était une menace globale) éclaterait en 2015, quand la Russie cherche simplement à ne pas se laisser encercler par l’OTAN ! Encerclement que les États-Unis construisent ouvertement depuis 1993, après avoir promis en 1991 de ne pas le faire.

 

► Il faut écouter la propagande de guerre émise par la voix grinçante de Victoria Nuland, sous-ministre de M. Obama aux affaires européennes : la manipulatrice du putsch de Maïdan en 2014, celle qui disait à son ambassadeur à Kiev : « fuck EU ! ». Or Mme Nuland est la femme du plus dangereux des bellicistes néoconservatives : Robert Kagan, concepteur dès 1998 de l’invasion de l’Irak**, installé aujourd’hui à Bruxelles... Depuis quelques jours, elle parle un langage encore plus violent que le général Dempsey. Affirmant – sans aucune photo satellite – que « des milliers de soldats russes » sont déployés dans le Donbass, elle suggère qu’une invasion si massive appelle une contre-invasion américaine. C’est avec ce genre de bidonnages que l’on déchaîne les cataclysmes.

 

► Le plus extraordinaire, c’est que le président de Kiev, Petro Porochenko, tente de calmer les Américains ! « Nous constatons que les rebelles soutenus par la Russie ont retiré une partie considérable de leurs armes lourdes », soulignait-il à la télévision ukrainienne le 9 mars, parlant « d’avancées majeures dans l’application des accords de Minsk 2 ». M. Porochenko sait que l’Ukraine est au bord de l’effondrement économique...

 

► C’est le moment que Washington choisit pour franchir une ligne rouge dans l’escalade verbale, et déployer une force d’intervention blindée à proximité de la frontière russe. L’opération s’intitule Atlantic Resolve : tout un programme. Son premier résultat est de démanteler le système de concertation militaire est-ouest : se considérant comme provoqué par Atlantic Resolve, le Kremlin annonce qu’à compter d’aujourd’hui 11 mars, il se retire provisoirement du traité sur les forces conventionnelles en Europe (FCE).

 

Counterpunch, le mensuel US d’Alexander Cockburn, lance l’alerte : http://www.counterpunch.org/. Selon ce magazine anti-establishment, Washington estime que le monde ne devrait pas contenir une chose comme la Russie, mais seulement les États-Unis, « État hégémonique comptant plus de mille bases militaires à travers la planète, onze groupes navals et un budget militaire dépassant celui des autres grands pays ».

 

Pourquoi Washington veut-il la peau de l’État russe ? Parce que le président russe « a osé faire face à l’empire américain, ses doubles standards et son mépris des autres pays, cultures et valeurs ». Poutine est inacceptable aux yeux de Washington, en ce sens qu’il fait exister – par les moyens de la vieille realpolitik – une logique autre que celle de l’empire américain, alors que cet empire se croyait devenu depuis 1991 l’horizon indépassable de la planète.

 

D’où l’offensive anti-russe de Washington, amorcée dès 1993, mais réellement déployée depuis la première élection de Poutine (2000)... Selon Counterpunch, « les efforts conjugués de l’OTAN et d’une UE encore plus belliqueuse, afin de s’élargir jusqu’aux frontières russes, n’ont rien à voir avec la démocratie : ils constituent la propagation du pouvoir impérial sous couvert de démocratie. »

 

« Washington préparait depuis 1994 la venue de forces pro-américaines au pouvoir en Ukraine », expliquait l’ex-agent de la CIA Scott Rickard en mars 2014. Le magazine de gauche américain n’hésite pas à dire que Washington (coiffant Bruxelles) a parrainé le putsch de Maïdan en février 2014, et que la réaction géopolitique de Moscou était inéluctable. Il souligne que Mme Nuland était à Kiev peu avant le putsch. Ajoutons qu’elle ne se cachait pas de téléguider le très extrémiste futur Premier ministre Iatseniouk (qu’elle appelle affectueusement « Iat » »), épaulé par des troupes de nostalgiques de 1941... Les enregistrements téléphoniques ont été divulgués et jamais démentis.

 

Commentaire de Counterpunch : « Imaginez ce qui arriverait si des hommes politiques russes allaient au Mexique appeler un mouvement antiaméricain à renverser le gouvernement élu et à le remplacer par des dirigeants prorusses. Et si ce mouvement était en outre animé par des nazis, imaginez quelle serait la réaction des États-Unis ! »

 

 Dans une interview à CNN, le 2 janvier 2015, Obama a commis un lapsus révélateur en disant que les USA avaient pu « faire transférer » le pouvoir ukrainien en des mains alliées, un an plus tôt.

 

► Le résultat est le chaos. C’était peut-être le but recherché. Comme au Proche-Orient... Souvenons-nous que ce chaos (au travers duquel enfoncer les lignes d’acier du pouvoir impérial) est prôné par la stratégie de la déstabilisation permanente, théorie des néoconservateurs*** qui reviennent autour d’Obama après avoir tiré les fils de GW Bush.

 

 

 

Par Patrice de Plunkett (*) - plunkett.hautetfort.com – le 11 mars 2015

 

 

Notes :

* cf. les mensonges de Tony Blair en 2003 sur Saddam Hussein.

** M. Kagan avait écrit au président Clinton dès le 26 janvier 1998, pour lui expliquer que l’invasion de l’Irak était nécessaire aux intérêts américains. S’en sont suivis 2003 et le le chaos actuel. L’épouse de M. Kagan veut faire la même chose en Russie.

*** ici le mot « conservateurs » est un mensonge radical : les néocons ne veulent rien conserver, mais tout déstabiliser, condition du maintien du pouvoir mondial des USA dans les conditions du XXIe siècle. (Menteurs aussi, quoique différemment, les « libéraux conservateurs » français : ils sont à la fois partisans du système économique et opposés en paroles à certains de ses effets sociétaux).

 

  

(*) Patrice de Plunkett, né à Paris le 9 janvier 1947, est un journaliste et essayiste français, qui codirigea le Figaro Magazine… (Source : Wikipédia

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Ukraine/Donbass : Kiev rechigne à retirer ses armements lourds

Ukraine/Donbass : Kiev rechigne à retirer ses armements lourds | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Ukraine/Donbass : Kiev rechigne à retirer

ses armements lourds

 

L’US National Intelligence vient de déclarer que les combats en Ukraine se poursuivront pendant toute l’année 2015, ce qui montre clairement que les États-Unis et leurs alliés cherchent un affrontement direct avec la Russie au risque de faire basculer le monde dans un conflit généralisé. Le commandement ukrainien n’a toujours pas reçu l’ordre de retirer ses armements lourds de la ligne de front, conformément aux accords de Minsk, alors que les FAN viennent de l’achever en fin de journée. Ce soir, il paraitrait que l’ordre a enfin été donné… À voir !

 

La communauté du renseignement aux États-Unis estime que les livraisons d’armes à l’Ukraine ont la capacité de provoquer une réaction négative de la Russie et d’accélérer la livraison de plus d’armes modernes aux séparatistes [les livraisons d’armes russes aux FAN sont actuellement une vue de l’esprit, NDLR], selon James Clapper, le directeur du Renseignement national à Washington. Toutefois, cela ne signifie pas, a-t-il ajouté que le renseignement américain s’oppose à fournir une aide militaire létale à l’Ukraine. Le directeur de l’Intelligence Département du Pentagone, le général américain Vincent Stewart, considère pour sa part que les livraisons d’armes ne donneront pas un avantage significatif à Kiev pour affronter les milices. Voilà qui a le mérite d’être clair : on livrera les armes, mais cela ne servira à rien, sinon à faire durer le conflit, voire à le faire déraper vers une guerre régionale, voire mondiale. 

 

Les responsables du commandement militaire ukrainien affirmaient ce matin qu’ils n’avaient pas reçu l’ordre de retirer l’artillerie lourde de la ligne de contact, conformément aux accords de cessez-le-feu signés à Minsk. « Nous allons tenir nos positions, nous attendons une décision sur le retrait des armes lourdes », a déclaré Anatoliy Stelmakh lors d’une conférence de presse.


De leur côté, les représentants de l’Union européenne, des États-Unis et les représentants ukrainiens de l’OSCE préfèrent fermer les yeux sur le non-retrait des armements lourds dans Donbass de la part des forces de Kiev. Mais ces dernières ne se sont pas seulement contentées de maintenir leurs armements lourds, elles continuent de se renforcer et de concentrer leurs forces sur des points précis comme Volnovakha, Mariupol, Avdeevka, Artemovsk et Dzerzhynsk. De même, les batteries de l’artillerie ukrainienne maintiennent la pression sur les FAN en les harcelant continuellement sur la ligne de front, et notamment au nord-ouest de Lugansk, au nord et au nord-ouest de Gorlovka, sur Donetsk et sur l’est de Mariupol.

 

Les forces de la République populaire de Lugansk ont, quant à elles, retiré près de 80 % de leurs armements lourds, alors que celles dépendantes de la République populaire de Donetsk sont à 90 % du retrait.

 

 

 

 

 

 

Les forces de Kiev, refusant d’appliquer le cessez-le-feu, maintiennent une pression importante sur le nord-ouest de Lugansk. Les positions 29 et 31 tenues par la milice connaissent toujours des affrontements d’intensité variable, alors que la ligne de contact est constamment soumise aux frappes de l’artillerie kiévienne. Une attaque d’infanterie appuyée par des blindés ukrainiens a été repoussée dans la journée du 25 février par les forces de Nouvelle Russie. Les troupes de Kiev profitent du retrait des batteries d’artillerie républicaines pour tenter de reprendre l’avantage au sud de la Seversky Donets.

 

 

Déblaiement macabre sous les tirs

 

Un groupe de trois saboteurs à la solde de Kiev a été neutralisé dans la journée sur l’agglomération de Donetsk. La chasse à d’autres petits groupes similaires se poursuit.

 

Sur l’aéroport de Donetsk, les équipes de déblaiement continuent de récupérer les corps des soldats ukrainiens tombés il y a plusieurs semaines. La tâche est particulièrement difficile en raison de l’état des bâtiments. De plus, les batteries kiéviennes continuent de frapper de manière régulière la zone, ce qui oblige les équipes à porter casque et gilets pare-balles en permanence. Ce 26 février, on a encore trouvé les restes d’au moins 30 soldats et paramilitaires ukrainiens. (voir la vidéo ici). 

 

 

Dans la journée, une fois encore, l’aéroport a été attaqué : une cinquantaine de fantassins ukrainiens ont tenté de s’avancer vers les lignes républicaines à l’ouest du site, couverts par une batterie de 122 mm D-30 tirant à partir d’Avdeevka et de BMP d’accompagnement. L’attaque a eu lieu juste après le départ des observateurs de l’OSCE. Ils ont été rapidement repoussés. (Voir la vidéo ici)

 

Le très gros point noir du cessez-le-feu non respecté se situe à l’est de Mariupol. Hier, plusieurs accrochages impliquant des chars ont eu lieu sur Shirokino. Les forces de Kiev ont tenté une reconnaissance offensive qui a échoué.

 

Les paramilitaires néonazis du « bataillon Azov » sont toujours retranchés sur les hauteurs à l’ouest du village, le long de la route qui mène à Mariupol et tirent sur l’agglomération avec des mortiers de 120, positionnés quelques kilomètres plus à l’ouest. De plus, il semblerait que plusieurs snipers opèrent sur zone. L’unité dispose de l’appui de blindés de l’armée ukrainienne et de batteries lourdes situées sur Mariupol.

 

« Azov » recrute : l’unité a perdu beaucoup de monde ces derniers temps. Il faut donc compléter les effectifs. Sur les réseaux sociaux, l’unité néonazie précise que la « priorité est donnée aux candidats ayant une formation médicale », sans cacher qu’il s’agit aussi de mettre en place une section d’évacuation sanitaire au sein du bataillon renforcé. Et un groupe de fossoyeurs professionnels, ils y ont pensé… ? Ils devraient, cela leur sera très utile.

 

 

Prises de guerre

 

On peut faire une première estimation globale des prises de guerre réalisées par les forces de Nouvelle Russie dans le chaudron de Debaltsevo. Il ne s’agit que d’une évaluation, puisque certains matériels, une fois réparés et remis en état de combattre, seront opérationnels d’ici quelques semaines ou quelques mois. Ces chiffres ne tiennent pas compte des armements détruits (source. Ici nous avons quelques éléments qui aident à l’identification des types d’armements et de matériels) :


187 chars, T-64BV, T-64 BM Bulat pour l’essentiel

124 blindés d’infanterie et blindés légers BRDM-2, BRDM 9P148 (avec missiles antichar Fagot), BMP 1 et 2, BRM-1K, BMP-KSh, BMD, BTR 70 et 80, MT-LB ;

68 automoteurs d’artillerie (2S19 MSTA-S, 2S1, 2S3…) ;

52 tracteurs et transporteurs mécanisés MT-LB, dépanneuses de chars et autres

24 lance-roquettes multiples Grad (peut-être aussi des Uragan et des Smerch, mais nous n’en n’avons pas eu confirmation) ;

278 mortiers de différents calibres (82, 120…) ;

139 camions Zil, KrAZ, Ural, Kamaz… ;

43 véhicules divers (essentiellement des UAZ, des SUV, des camionnettes civiles, des pick-up et même des Hummers américains) ;

46 systèmes de détection radar et de communication, dont un radar américain de contre-batterie.


Pas de précisions pour le moment concernant les postes de missiles antichar, les canons sans recul SPG-9, les ZU-23/2 tractés ou sur camions, l’artillerie tractée (122 D-30, 152 D-20, 152 MSTA-B, 100 mm T/MT-12 Rapira…), les matériels spécifiques comme les engins du génie (IMR, KrAZ 225B pelleteuse…) et les dépanneuses, les PC tactiques blindés (MT-LBu 1V14, P-149 BMR Kushetka-B K1Sh1 [PC tactique sur châssis de BTR-70], BTR-60 Р-145 VМ…).

 


Pays baltes : la menace atlantiste se précise

 

Depuis novembre dernier, des éléments de la 1ère Division de cavalerie US, basé à Fort Hood au Texas, est déployée à Adazi, non loin de la capitale lettone Riga. Elle est la composante d’une avant-garde qui comprend aussi des chars lourds M1A2 Abrams, ainsi que des véhicules de combat Bradley M2 et M3, de même que des Stryker’s Squadrons. Une Task Force a été mise en place en coordination avec un détachement mécanisé de l’armée hollandaise, des unités britanniques et les forces armées estoniennes. Un état-major de force interarmes a aussi été prévu afin de coordonner l’ensemble des troupes présentes et celles qui pourraient s’adjoindre à cette Task Force. L’OTAN prévoit la mise en place d’autres groupements tactiques similaires en Lettonie et en Lituanie.

 

 

 


Dans la vidéo ci-dessus, outre une section d’infanterie mécanisée hollandaise sur CV90, on aperçoit des Strykers du 2nd Cav. Regt. (Iron Troop du Captain James Gibbs, du 3rd Squadron), et des éléments estoniens (source).

 

 

 

 

 

Par Jacques Frère NationsPresse.info – le 26 février 2015

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Ex-Premier ministre italien : Washington veut la guerre en Europe

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Ex-Premier ministre italien :

Washington veut la guerre en Europe

 

Selon l’ex-Premier ministre italien Mario Monti, les États-Unis manipulent l’OTAN et certains pays de l’Europe de l’Est. 

 

L’ancien premier ministre italien Mario Monti a accusé lundi les États-Unis et des pays européens d’inciter à la guerre en Europe, lors d’une émission diffusée par la chaîne de télévision italienne La7.

 

Selon M.Monti, les États-Unis manipulent les pays européens et instrumentalisent l’OTAN en vue de « défendre leurs intérêts internationaux ».

 

M.Monti estime que la phrase lancée par Victoria Nuland, sous-secrétaire d’État américaine pour l’Europe et l’Asie, lors d’un entretien avec l’ambassadeur des États-Unis en Ukraine Geoffrey Pyatt (« que l’UE aille se faire foutre ») montre bien l’attitude du gouvernement américain à l’égard de l’Europe.

 

Les deux autres invités de l’émission, le directeur de l’édition italienne Limes, Lucio Caracciolo, et le général Fabio Mini, ancien commandant en chef des forces armées de l’OTAN au Kosovo, ont soutenu la position de M.Monti.

 

Le général Mini a notamment noté que les États-Unis incitaient à la guerre entre la « vieille Europe » et « une nouvelle Europe » formée par les pays baltes et la Pologne.

 

Les trois experts ont qualifié de mauvaise idée les livraisons d’armes en Ukraine qui ne contribuent pas au règlement du conflit dans le sud-est du pays.

 

 

Par fr.sputniknews.com – le 9 février 2015

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La bien triste Europe de monsieur Leparmentier

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Photo : la Grèce est-elle coupable de ses propres maux ? (Crédits : reuters.com)

 

 

La bien triste Europe de monsieur Leparmentier

 

L’éditorialiste du Monde rejette sur les Grecs la faute de leurs maux. Et refuse tout nouveau soutien au nom du choix du peuple hellénique. Réponse au nouveau mishellénisme français.

 

Il fut un temps béni où les grands écrivains français faisaient de leur philhellénisme une vertu et un courage. Il fut un temps où Chateaubriand pouvait s’enorgueillir de placer dans ses Mémoires d’outre-tombe cette réaction des Grecs à sa sortie du Ministère : « Leurs espérances les plus fondées étant dans la générosité de la France, ils se demandent avec inquiétude ce que présage l’éloignement d’un homme dont le caractère leur promettait un appui. » Les temps ont bien changé et, désormais, l’heure est davantage au mishellénisme d’un Pierre Loti qui n’avait à la fin de sa vie pas de mots assez durs pour la « Grécaille. »

 

Aussi la grande presse ne se lasse-t-elle pas de nous décrire les Grecs comme seuls responsables de leurs malheurs actuels. Et pire, comme travestissant à dessein cette vérité éclatante pour faire payer aux autres leur propre gabegie. Tel serait donc le « masque de la tragédie grecque. » Et c’est sous ce titre que l’éditorialiste du Monde, Arnaud Leparmentier, a mené une charge contre cette « victimisation » des Grecs qui, en réalité, sont les vrais coupables de la crise.

 

 

Le conte de fées balte

 

Cette comédie en forme de tragédie décrite sous la plume de cet éditorialiste commence par un conte de fées, celui du modèle balte. C’est une figure incontournable du mishellénisme contemporain. Le succès de l’ajustement balte montrerait en effet avec éclat l’incroyable manque de volonté des Grecs. Comme tous les vrais contes, il se termine mal : les travailleurs et courageux Baltes doivent finir par payer pour les indolents Grecs (ce qui est faux, car la contribution au capital du MES n’est pas un prêt à la Grèce). Mais comme tous les contes, c’est aussi un travestissement de la réalité.


Car à lire Arnaud Leparmentier, on a l’impression que les Baltes ont agi, tandis que les Grecs n’ont rien fait. Or, « l’ajustement » des deux pays baltes que cite l’auteur est moins violent statistiquement que celui des Grecs. Le PIB lituanien a perdu 18 % ? Celui de la Grèce a reculé de 25 %. Les salaires lituaniens ont baissé ? Les Grecs aussi et d’un quart. Bref, les « efforts » que semble tant apprécier l’auteur ont été fournis autant sur les bords de l’Égée que sur ceux de la Baltique. Sauf évidemment à nier l’actuelle misère et la souffrance du peuple grec. Mais le défaut principal des Grecs, pour l’éditorialiste, c’est d’oser se plaindre quand les Lettons ont ajusté « toujours avec effort et discrétion. »

 

Les Baltes ont retrouvé la croissance plus rapidement que les Grecs ? Certes, mais c’est précisément la preuve que les mêmes recettes appliquées à tous ne donnent pas les mêmes résultats. Parce que les structures économiques ne sont pas les mêmes. La géographie, la capacité industrielle, la culture, l’histoire pèsent sur l’économie. La culture économique des pays baltes n’est pas celle de la Grèce, elle est davantage influencée par le traumatisme soviétique et par l’influence germanique. Les pays baltes ont commencé leur nouvelle vie en 1991 vierge de dettes, alors que dès l’indépendance en 1830, les Européens ont imposé un fardeau financier à Athènes. Autre différence : le modèle économique différent, basé sur l’exportation depuis le début pour les petits pays baltes, centré sur la consommation pour la Grèce.

 

Tout ceci suggérerait une politique plus fine, plus adaptée que celle qu’a menée la troïka. À moins de considérer l’économie comme une science exacte indépendante et de nier qu’il s’agisse d’une science sans doute trop humaine, mais néanmoins humaine. Au reste, le miracle balte n’est pas si radieux. Si la Lituanie a retrouvé en 2013 son niveau de PIB de 2007, ce n’est pas le cas de la Lettonie qui est encore 10 % en deçà. L’émigration a été massive, dans des pays à la démographie déjà déclinante. Ce « miracle balte » pourrait être un mirage, car il a gravement obéré l’avenir de ces pays.

 

Mais peu importe : si la politique appliquée sous les applaudissements des belles âmes européennes en Grèce depuis 2010 n’a pas donné les mêmes résultats que dans les pays baltes, c’est bien une raison suffisante pour en changer. Et, dès lors, le raisonnement économique de Syriza de stopper l’austérité est pleinement justifié.

 

 

Étrange Europe

 

Au final, cette course aux taux de croissance après les ajustements est un peu dérisoire. Après la pluie vient le beau temps. En détruisant un quart de la richesse du pays, en coupant les salaires à la hache, il est logique que la croissance revienne ou qu’à tout le moins le PIB se stabilise. Mais est-ce le modèle que l’Europe propose aujourd’hui à ses peuples ? Détruire de la richesse pendant quelques années pour avoir le plaisir d’afficher de beaux taux de croissance « à la balte » afin de « rattraper » les effets de cette chute ? À n’en pas douter, l’enthousiasme ne saurait manquer devant un tel projet !

 

Dans l’Europe d’Arnaud Leparmentier, tous les États sont strictement indépendants les uns des autres. Les résultats des pays sont mesurés à l’aune de la détermination des peuples à réaliser leurs « ajustements nécessaires » en silence. Il loue ainsi la « discrétion » de la Lettonie. Là encore, c’est un beau projet pour l’Europe que de mettre en permanence en concurrence des États en leur demandant d’être plus compétitifs que leurs voisins. C’est un beau projet pour l’Europe que de comparer sans cesse Baltes et Grecs, Allemands et Français, etc. Là encore, la fraternité entre les peuples ne manquera pas d’en sortir grandie.

 

 

Des Allemands innocents et dupes ?

 

Dans cette Europe, l’auteur dessine l’image d’un autre mythe, celui des Allemands « dupes » des Grecs qui n’ont pas su corriger ce qui semble, pour lui, être des tares congénitales. Braves Allemands, travailleurs, qui ont eux aussi « ajusté », qui sont solidaires (pour payer leurs propres créances, devrait-on ajouter) et, surtout, nous dit l’auteur qui ont sacrifié leur sacro-saint Mark auquel ils tenaient tant en croyant la promesse qu’il n’y aurait pas de « transferts » en Europe. Mais si cela était vrai, alors, les Allemands n’ont été dupes que d’eux-mêmes. Comment pouvaient-ils croire qu’une union monétaire pouvait tenir debout sans mécanisme de solidarité interne ? Comment ont-ils pu se convaincre qu’une zone aussi hétérogène n’aurait pas besoin d’un système de compensation pour pouvoir tenir debout ?

 

Mais là aussi, on est dans le mythe. Si les Allemands ont abandonné le Mark, c’est qu’ils y trouvaient leur intérêt. L’euro les protège des dévaluations compétitives de l’Europe et l’austérité leur assure des importations bon marché, tout en gelant les capacités d’investissement dans les autres pays qui pourraient déboucher sur des innovations venant concurrencer les exportations allemandes. L’euro dans sa configuration actuelle est une bénédiction pour l’Allemagne. Et c’est aussi pour cela que, malgré ses réticences, Angela Merkel a accepté de le sauver en 2010 puis en 2012. Du reste, on n’oubliera pas que ces Allemands sur le sort desquels s’apitoie l’éditorialiste du Monde ne sont pas tout blancs dans cette affaire.

 

Lorsque Gerhard Schröder a engagé ses réformes qui font rêver tous les éditorialistes français, il s’est appuyé sur un gel du pacte de stabilité, sur le fait que l’Allemagne alors était seule à « ajuster » et, enfin, sur des taux bas garantis alors par la BCE de Jean-Claude Trichet. Ces trois éléments ont eu des répercussions dans les pays du sud de la zone euro. Incapables de rivaliser avec une Allemagne meilleure marché, les États comme l’Espagne et la Grèce ont décidé de se concentrer sur la demande intérieure. C’était parfait : les taux bas assuraient un financement à bon compte à la dette publique grecque et à l’immobilier espagnol. Et surtout, il y avait preneur. Car les banques allemandes étaient alors très heureuses de pouvoir recycler l’immense excédent courant de leur pays dans ces circuits plutôt que dans la demande intérieure en Allemagne qui risquait de nuire à sa compétitivité externe... L’indolence grecque n’est pas la seule responsable de la crise européenne. Et si les responsabilités sont partagées, alors le coût doit l’être.

 

 

Logique restructuration

 

À ce sujet, on ne se lassera pas de répéter qu’une restructuration de la dette grecque est tout ce qu’il y a de plus logique. Les Européens ont imposé à Athènes un système de cavalerie financière pour sauver l’euro plus que la Grèce : ce système était voué à l’échec dès le premier jour, non pas en raison de l’indolence des Grecs, mais parce que les bases économiques sur lesquelles se sont fondés les calculs étaient fausses : l’austérité n’a pas rétabli la confiance et les effets multiplicateurs de cette politique étaient sous-estimés. Cette erreur, nos gouvernements, français, allemands, italiens, l’ont toute faite. Ils doivent aujourd’hui l’assumer. C’est ce qu’exige cette raison économique brandie en permanence pour justifier les souffrances des Grecs. Mais voilà, comme le notait Bossuet, « le riche à qui abonde n’est pas moins impatient dans ses pertes que le pauvre à qui tout manque »...

 

 

La gabegie hellénique

 

Venons-en à présent au cœur du propos d’Arnaud Leparmentier : l’austérité n’est pas la cause du problème grec, c’est la gabegie grecque qui continue et justifie que l’on soit ferme avec le nouveau gouvernement hellénique. Personne évidemment ne peut nier que les dysfonctionnements de l’État et de la société grecque soient à l’origine des difficultés du pays. Du reste, nul n’en est plus conscient que les Grecs eux-mêmes, car, ne l’oublions pas, ils en sont les premières victimes, bien plus que le gentil et travailleur contribuable allemand. C’est précisément pour cette raison qu’ils ont voulu changer de majorité.

 

Les deux partis, Nouvelle Démocratie et le Pasok, que l’Europe a soutenu sans vergogne et qu’Arnaud Leparmentier semble tant regretter, sont en effet les constructeurs de cet État inefficace et captateur. Et la troïka n’a pas changé la donne : les coupes se sont concentrées sur le bas de la fonction publique, sur des objectifs chiffrés, jamais sur l’efficacité. Quiconque a traversé un service d’urgence en Grèce pourra s’en convaincre aisément. Les licenciements de fonctionnaires (un tiers des effectifs tout de même, ce n’est pas mal pour des indolents) ont été décidés sur des critères bien peu transparents. Les popes et les armateurs — dont l’auteur fustige avec raison les avantages fiscaux — ont été protégés. Et ce n’est pas Antonis Samaras qui prévoyait de changer cet état de fait : il est le candidat des popes et des armateurs. Avec Alexis Tsipras, Syriza était pour les Grecs, le vrai parti de la réforme. L’auteur devrait s’en réjouir, mais il est sans doute aveuglé par l’amitié entre Antonis Samaras et ses héros, Angela Merkel et Mariano Rajoy...

 

 

L’austérité, pas coupable ?

 

Quant à l’austérité, elle a échoué sur toute la ligne en Grèce : le choc qu’elle a provoqué a aggravé les maux grecs et a empêché tout vrai redressement de l’économie. Pour dégager un excédent primaire inutile aux Grecs, on a payé le prix fort : un appauvrissement radical de la population qui se traduit dans des faits comme l’augmentation de la mortalité infantile ou la présence d’un quart de la population sous le seuil de pauvreté. Des faits que l’éditorialiste du Monde ne juge pas utile de rappeler puisque ce ne sont que des « dommages collatéraux » de la bonne politique.

 

Pour Le Monde, le service de la dette grecque étant fort faible du fait de la magnanimité européenne, la restructuration de la dette devient inutile. Rien de plus faux : la Grèce n’a pas accès aux marchés. Son problème est donc le déficit budgétaire final qui ne peut être comblé que par de nouveaux « efforts » ou par une aide extérieure supposant de nouveaux « efforts. » Son autre problème est le remboursement du capital de la dette qui ponctionne des sommes là encore insoutenables puisqu’il n’est possible, comme en France ou en Espagne, de reprendre de la dette pour le financer (en France, lorsqu’un emprunt arrive à échéance, il est remboursé par un nouvel endettement).  La Grèce est donc condamnée comme Sisyphe à toujours faire pire. Elle est donc condamnée à une croissance insuffisante et à une austérité sans fin.

 

 

Une démocratie à deux vitesses

 

Reste enfin la démocratie. Arnaud Leparmentier refuse absolument l’idée de la remise en cause démocratique de l’austérité. Il estime qu’il existe deux « légitimités » démocratiques en Europe : une en faveur de l’austérité, l’autre contre. Et pour prouver que l’Europe démocratique fonctionne, il cite la chute du gouvernement slovaque de 2011 sur la question de l’aide à la Grèce. Certes, mais la réalité, c’est que depuis 2010, la légitimité anti-austéritaire a toujours perdu. On a vu ce qu’est devenue la légitimité démocratique française en 2012. On a vu François Hollande, auréolé de sa victoire devoir courber l’échine et accepter un pacte budgétaire signé par son prédécesseur pour un plat de lentilles. On a vu un gouvernement français menacer des députés français pour les convaincre à trahir leur mandat et ratifier ce pacte budgétaire. On a vu des gouvernements en Italie et en Grèce tomber par la volonté d’Angela Merkel. On a vu les manœuvres contre le projet de référendum grec de novembre 2011 sur l’austérité. On a vu des unions nationales contraintes par l’Europe en Grèce ou en Italie. On a vu l’austérité se poursuivre en Italie malgré la défaite électorale du parti du Premier ministre choisi par l’Europe, Mario Monti, pour mener cette politique. On a vu les manœuvres pour effrayer les Grecs en juin 2012. Le 25 janvier, les Grecs ont choisi une autre voie. Si l’Europe la leur refuse, ils devront décider si leur « légitimité démocratique » est inférieure ou non à celle de l’Allemagne ou de la Slovaquie...

 

Au final, que retenir de cet éditorial ? L’image d’une Europe condamnée aux « ajustements », refusant toute solidarité interne et en même temps toute différence, montant les peuples les uns contre les autres, établissant une démocratie sur la base de critères économiques. L’Europe dont rêve Arnaud Leparmentier n’est en fait qu’un immense gâchis.

 

 

 

Par Romaric Godin latribune.fr – le 6 février 2015

http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20150206trib083bb894c/la-bien-triste-europe-de-monsieur-leparmentier.html

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