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France - Loi renseignement : « un mensonge d’État », dit le bâtonnier

France - Loi renseignement : « un mensonge d’État », dit le bâtonnier | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Loi renseignement : « un mensonge d’État »,

dit le bâtonnier

Par Patrice de Plunkett (*)

 

Ce qu’il faut savoir pour comprendre dans quel engrenage la classe politique pousse (par peur) la société française :

 

Déployés sans le contrôle des juges, les super-pouvoirs de surveillance de la vie privée ne viseront qu’en partie à « lutter contre le terrorisme ».

 

C’est là qu’est l’engrenage.

 

Comme aux États-Unis avec le Patriot Act de GW Bush, ces super-pouvoirs vont aussi, voire surtout, servir à museler les lanceurs d’alertes économico-financiers et à réprimer les mouvements sociaux : aussi bien Notre-Dame des Landes (ou les résistances à l’agro-industrie) que la Manif pour tous ou n’importe quoi d’autre.


Ces actions contestataires de toute sorte, il suffira de les classer comme atteintes « à la sécurité nationale » ou aux « intérêts essentiels de l’économie »... Invoquer ces « principes généraux » – comme dit M. Cazeneuve – permettra au ministère de l’Intérieur de contourner le pouvoir judiciaire.

 

Comme le dit le bâtonnier de Paris Pierre-Olivier Sur : « Ce projet de loi est un mensonge d’État. Le président de la République l’a présenté lui-même récemment à la télévision comme un texte essentiel pour lutter contre le terrorisme, alors qu’il va s’appliquer bien au-delà, à beaucoup d’autres domaines. Sous couvert de prévention des « violences collectives de nature à porter atteinte à la sécurité nationale », va-t-on remettre en question le droit de manifester ? […] Ce texte est un fourre-tout où domine l’arbitraire. »

 

Pas seulement l’arbitraire. Surtout la peur. Nos « dirigeants » craignent des troubles : ayant abdiqué depuis plus de vingt ans le politique entre les mains du financier, ils se savent désarmés devant les crises. Mais c’est tout de même à eux que le peuple demandera des comptes ; ils le savent, et ils savent qu’au-dessus d’un certain volume de colère exprimée les choses prennent des proportions. Comment se sortir de ce piège ? En multipliant les outils de contrôle préventif, qui permettront (croient-ils) d’empêcher l’expression des colères.

 

Par ailleurs, les intérêts économiques et financiers veulent pouvoir empêcher de nouveaux Snowden ; et ces intérêts savent se faire servir.

 

Enfin (et d’une façon générale), la nouvelle loi s’inscrit dans le processus de la postdémocratie, qui est la substitution de l’algorithme technique au débat politique. Explication : les fameuses « boîtes noires » qui seront installées sur le Net, et qui vont espionner toute la population, sont conçues pour produire (par algorithme) une délation permanente en fonction de paramètres électroniques, censés baliser des comportements prétendus criminels. Qui aura défini ces paramètres ? Des techniciens anonymes, programmés par les « services », ces derniers fonctionnant sous le seul contrôle de leur hiérarchie ! L’autorité publique colonisée par la vision policière de l’histoire ! Vision dont on connaît les lacunes et les erreurs de perspective...

 

Le projet de loi sera sans aucun doute voté – et par la plupart des députés de droite, au garde-à-vous dès qu’ils entendent le mot « sécurité ». Il suffit de voir M. Ciotti (Le Figaro 04/05) faire semblant de croire que cette loi ne servira qu’à l’antiterrorisme : quand il nous explique que la loi va fournir « un cadre juridique » au renseignement, on dirait le Pr Sloterdijk expliquant que le néolibéralisme « prescrit la liberté dans le cadre de la loi ».

 

Le Conseil constitutionnel peut-il valider une loi pareille ? Le bâtonnier estime que non. On va bien voir...  Si c’est oui, tout sera dit.

 

 

 

Par Patrice de Plunkett (*) - plunkett.hautetfort.com – le 4 mai 2015

 

 

(*) Patrice de Plunkett, né à Paris le 9 janvier 1947, est un journaliste et essayiste français, qui codirigea le Figaro Magazine… (Source : Wikipédia).

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France - Affaire Sid Ahmed Ghlam : Valls et Sarkozy poussent dans le même sens (et en font des tonnes) ... pour caser la « loi renseignement » !

France - Affaire Sid Ahmed Ghlam : Valls et Sarkozy poussent dans le même sens (et en font des tonnes) ... pour caser la « loi renseignement » ! | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


France - Affaire Sid Ahmed Ghlam : Valls et Sarkozy poussent dans le même sens...

pour caser la « loi renseignement » ! 

 Par Patrice de Plunkett (*)

 

Explications et interrogations :

 

Deux déclarations créent l’ambiance :

 

Manuel Valls, hier (aux paroissiens catholiques de Villejuif) : « Vouloir s’en prendre aux églises, c’est s’en prendre à un symbole de la France, c’est l’essence même de la France qu’on a voulu viser... »

Nicolas Sarkozy, hier aussi : « Face à un certain nombre d’individus prêts à tout, il faut accepter que la sécurité prime sur un certain nombre de règles. »

 

La phrase de Sarkozy, confirmée ce matin à France Info par Frédéric Péchenard*, concerne le vote de la « loi renseignement ». Il s’agit de faire taire ceux des élus UMP qui combattaient ce projet de loi instaurant une surveillance de masse, sur le modèle Bush 2001. À l’UMP, la loi était soutenue par NKM : « la guerre contre les terroristes rend légitime de déplacer un peu le curseur entre sécurité et libertés... » Mais il était combattu par Pierre Lellouche (« ce projet donne trop de pouvoirs à l’exécutif ») ou par Patrick Devedjian (« les moyens de surveillance existaient déjà, mais n’ont pas permis d’éviter les attentats »). Sarkozy veut réduire au silence Lellouche, Devedjian et autres avocats inquiets ; la surveillance de masse lui conviendrait très bien.

 

Au moment où Sarkozy pousse ses troupes à soutenir le Patriot Act de Valls, voilà Valls qui s’en vient séduire les catholiques censés être des piliers de l’UMP...  Ne serait-ce pas un peu lié, ça aussi, au problème de la « loi renseignement » ? Ce Golem inquiétait une partie de l’opinion, et les catholiques de droite se croient visés par l’Élysée et Matignon depuis les histoires de 2013 ; le Premier ministre va donc dans des paroisses pour y proférer, devant les caméras, une phrase tellement catholiques-et-Français-toujours qu’on ne l’a jamais entendue chez LMPT : les églises, a dit le Premier ministre, sont « l’essence même de la France » ! Venant de lui c’est un peu gros ; on connaît son peu d’affinités avec le catholicisme. Mais le projet de loi vaut bien une messe.

 

En allant à Villejuif, M. Valls devait penser que M. Cazeneuve avait fait le nécessaire pour traumatiser les catholiques. Or les paroissiens locaux – comme l’Église dans son ensemble – n’ont pas réagi comme M. Valls l’escomptait. Interviewés par France Info, ils ont répondu en relayant le propos du porte-parole de la conférence épiscopale, Mgr Ribadeau-Dumas : « Nous ne devons pas céder à la peur. Nous appelons tout le monde au calme. Il n’y a pas de raisons de s’alarmer de manière disproportionnée... Il serait dangereux de regarder l’autre avec méfiance ; il faut garder ce climat d’accueil et de bienveillance vis-à-vis de ceux qui entrent dans les églises... »


Les catholiques sincères n’oublient pas que les premières victimes du djihadisme en France furent, dans l’ordre : 1. des musulmans, 2. des juifs, 3. les hyperathées de Charlie Hebdo, 4. à nouveau des juifs.

 

Revenons au fond politique de l’affaire : le débat sur la « loi renseignement »... MM. Sarkozy et Valls nous affirment que l’affaire Ghlam prouve l’urgence d’une loi de surveillance de masse, qui dispensera les services de rendre des comptes aux juges. Or ce n’est pas du tout ça que prouve l’affaire Ghlam ! Le suspect était connu et repéré. La police était renseignée sur lui. Ce qui s’est passé (et que s’est-il réellement passé ?) n’est pas venu d’une insuffisance du renseignement, mais d’une insuffisance de l’action : la police aurait dû être sur le terrain, à contrôler ce que faisait M. Ghlam. Comment un suspect qui est allé en Turquie, qui ne cache pas sa volonté d’aller en Syrie, et qui fréquente des mosquées sulfureuses, peut-il stocker des armes dans sa chambre de résidence sans que la police intervienne ?

 

C’est cela que le gouvernement devrait nous expliquer, au lieu de miser sur notre effroi pour nous vendre un Patriot Act. Le délire des djihadistes est effrayant (quoique les paroissiens de Villejuif disent avec flegme : « nous ne nous laisserons pas effrayer »), mais encore plus effrayant est le fait que la police de M. Cazeneuve soit incapable d’intervenir avant les attentats... sauf quand elle tombe sur le djihadiste par hasard, quand il a fait un faux pas.

 

Dernier point à propos du délire des djihadistes. Ils voient la France (et le reste de l’Europe) comme la terre d’on ne sait quels « croisés » agressant l’oumma par christianisme... alors que l’Europe est déchristianisée. Ses mobiles dans les guerres afghanes n’étaient pas chrétiens. Les mobiles de la France dans les guerres africaines non plus. Ni le type de société installé en Occident. Ce que les djihadistes appellent « chrétienté » n’a rien de chrétien, sinon des toponymes et des monuments. Si M. Ghlam et ses pareils veulent réellement attaquer des églises, et s’ils croient en les attaquant s’en prendre à l’UE, leur erreur de perspective est infinie.

 

 

 

Par Patrice de Plunkett (*) - plunkett.hautetfort.com – le 23 avril 2015

 

Note :

* directeur général de l’UMP, ex-directeur général de la Police nationale.

 

(*) Patrice de Plunkett est un journaliste et essayiste français, qui codirigea le Figaro Magazine… (Source Wikipédia)

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Obama réarme

Obama réarme | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Source photo  : lintegral.over-blog.com + E&R

 


 

Obama réarme

 

Alors que la presse atlantiste salue la nouvelle Doctrine US de sécurité nationale comme une volonté d’explorer d’abord des moyens non-militaires pour résoudre des conflits, Thierry Meyssan y a lu une profession de foi impérialiste et une déclaration de guerre au monde. Nos lecteurs pourront se reporter au document original, téléchargeable au bas de cette page, pour vérifier qui dit vrai.

 

Le président Obama vient de rendre publique sa Doctrine de sécurité nationale (National Security Strategy), un document qui explicite les ambitions de son pays et dont on attendait depuis longtemps la publication. Tout en maniant la « langue de bois », il y définit sa vision de l’impérialisme. En voici le décryptage :

 


A— Les huit entraves à la domination impériale

 

— Le premier obstacle, c’est la diminution des dépenses militaires. « La force n’est pas le premier choix des États-Unis, mais parfois leur choix nécessaire », aussi doivent-ils conserver leur écrasante supériorité en la matière [leur budget militaire est supérieur à celui de tous les autres États du monde cumulés] et doivent-ils cesser d’y faire des économies.

 

— Le second, c’est le danger interne de révolte armée. Depuis les attentats du 11 septembre, la peur du terrorisme a permis de développer la surveillance des citoyens. Ainsi, le Patriot Act a « protégé des individus vulnérables à des idéologies extrémistes susceptibles de les pousser à des attaques sur le sol » états-unien.

 

— Le troisième, c’est le terrorisme transnational que les États-Unis ont créé et qu’ils doivent sans cesse maîtriser. Afin que la lutte contre cette entrave ne soit pas détournée pour régler des comptes intérieurs, elle sera toujours accomplie dans un respect scrupuleux de la loi US [pas de la loi internationale puisque l’organisation du terrorisme est un crime international].


— Le quatrième, c’est le relèvement de la puissance russe et accessoirement les provocations de la République populaire démocratique de Corée, désignée sous le nom de Corée du Nord de manière à se souvenir que les États-Unis ne l’ont toujours pas vaincue et qu’ils peuvent toujours reprendre cette guerre.

 

— Le cinquième, c’est l’éventuelle accession de nouveaux États au statut de puissance nucléaire, ce qui leur permettrait de résister à Washington. L’opinion publique internationale pense ici à l’Iran, mais le président Obama pense en réalité à la Corée. Et peu importe qu’il n’ait jamais tenu ses promesses de dénucléarisation ni que l’OTAN serve à violer les engagements signés du Traité de non-prolifération.

 

— Le sixième, c’est l’évolution du climat qui pousse des populations à migrer et donc menace le statu quo.

 

— Le septième, c’est la remise en cause du contrôle exclusif des États-Unis sur les espaces communs.

 

D’abord, le cyberespace : les États-Unis étant à la fois propriétaires de l’Internet et disposant d’un système gigantesque d’écoutes illégales, ils ne s’attendaient pas à ce que certains utilisent ce mode de communication pour ne pas payer les redevances des brevets, droits d’auteur et autres droits des marques qui constituent aujourd’hui une rente, la première source de revenus.

 

Ensuite, l’espace : les États-Unis soutiennent le projet européen de Code de conduite sur les activités spatiales ce qui est un moyen d’échapper au projet russo-chinois de Traité d’interdiction de placement d’armes dans l’espace.

 

Enfin, l’air et la mer. Depuis la Charte de l’Atlantique, les États-Unis et le Royaume-Uni se sont autoproclamés police de l’air et des mers. Ils garantissent la libre circulation des marchandises et étendent ainsi leur thalassocratie.

 

— Le huitième, c’est le risque d’une épidémie. Depuis un an, les États-Unis ont mis en place avec une trentaine de leurs alliés le Global Health Security Agenda qui vise à détecter et contenir les épidémies aussi bien qu’à répondre au bioterrorisme.

 

 

B— Les objectifs économiques

 

En premier lieu, il s’agit de faire travailler les États-Uniens, non pas pour qu’ils puissent vivre avec un meilleur niveau de vie, mais pour qu’ils assurent la puissance économique du pays.

 

Deuxièmement, les États-Unis rencontrent un problème de sécurité énergétique non pas parce qu’ils auraient du mal à s’approvisionner — ils sont désormais excédentaires grâce au pétrole mexicain dont ils se sont discrètement emparés — mais parce que la Russie prétend suivre leur exemple en contrôlant le marché mondial du gaz.

 

Troisièmement, le leadership US en matières scientifiques et technologiques ne doit plus reposer sur l’immigration des cerveaux, qui tend à se raréfier, mais sur son propre système scolaire.

 

Quatrièmement, le nouvel ordre économique doit faire des États-Unis la première destination des investissements dans le monde. Dès lors tous leurs encouragements à développer les investissements ici ou là sont de pure forme.

 

Cinquièmement, les États-Unis doivent utiliser l’extrême pauvreté dans le monde pour imposer leurs produits.

 

 

C— L’idéologie

 

Les États-Unis sont irréprochables en matière de « Droits de l’homme ». Cette expression doit être comprise au sens anglo-saxon de protection des individus face à l’arbitraire des États, mais surtout pas au sens des Révolutionnaires français pour qui le premier « Droit de l’homme et du citoyen », ce n’est pas d’élire des dirigeants parmi les élites, c’est d’être son propre dirigeant.

 

L’Administration Obama a mit fin à la pratique de la torture et garantit les droits de ses prisonniers. Peu importe que les membres de la CIA ayant pratiqué des expériences sur des prisonniers ne soient pas poursuivis pour leurs crimes ni qu’aucune enquête n’ait été conduite sur les 80 000 personnes qui furent illégalement détenues en eaux internationales sur des bateaux de la Navy durant l’ère Bush. De même, on est prié de croire que la NSA ne collecte aucun renseignement pour réprimer des opinions politiques ni qu’elle transmette ses renseignements à l’Advocacy Center afin de favoriser les entreprises US lors des appels d’offres internationaux.

 

Les États-Unis défendent des principes universels : la liberté d’expression [sauf pour les télévisions serbes, irakiennes, libyennes et syriennes qu’ils ont détruites], la liberté de culte [mais pas la liberté de conscience] et de réunion, la capacité de choisir ses leaders de manière démocratique [sauf pour les Syriens qui ont élu Bachar el-Assad à 88 %], et le droit à une procédure et une justice équitable [mais uniquement en ce qui concerne le droit pénal chez les autres]. Ils défendent les communautés les plus vulnérables, telles les minorités ethniques et religieuses [mais ni les Yazidis ni les catholiques ou orthodoxes du Proche-Orient], les handicapés, les LGTB [uniquement parce que ça ne leur coûte rien], les personnes déplacées [sauf les Mexicains qui tentent de franchir la frontière] et les travailleurs migrants.

 

Les États-Unis soutiennent les démocraties émergentes, particulièrement après le printemps arabe. C’est pourquoi ils ont soutenu Al-Qaïda dans sa révolution contre la Jamahiriya arabe libyenne et le soutiennent encore contre la République arabe syrienne. Ils luttent également contre la corruption, sachant qu’ils n’ont rien à se reprocher puisque les membres du Congrès ne touchent pas d’argent en cachette pour modifier leurs votes, mais le déclarent sur un registre.

 

Les États-Unis continueront à subventionner des associations à l’étranger en choisissant leurs interlocuteurs de manière à pouvoir camoufler leurs coups d’État en « révolutions colorées ».

 

Enfin, les États-Unis s’attacheront à prévenir des massacres de masse [mais pas à ne pas en pratiquer eux-mêmes comme celui des 160 000 Libyens qu’ils avaient reçu mandat de protéger et qu’ils bombardèrent]. Pour ce faire, ils soutiendront la Cour pénale internationale [à la condition qu’elle ne poursuive pas de fonctionnaires US].

 

 

D— Le Nouvel ordre régional

 

— Extrême-Orient : Bien que la Chine soit en compétition avec les États-Unis, ils éviteront la confrontation et « chercheront à développer une relation constructive » avec Pékin. Néanmoins, comme on n’est jamais assez prudent, ils poursuivront le déplacement de leurs troupes vers l’Extrême-Orient et se préparent dès à présent à la Guerre mondiale.

 

— Europe : Les États-Unis continueront à s’appuyer sur l’Union européenne qu’ils ont imposée aux Européens, leur principal client. Ils ne manqueront pas d’utiliser l’UE, leur « partenaire indispensable », contre la Russie.

 

— Proche-Orient : Les États-Unis garantissent la survie de la colonie juive de Palestine. Pour ce faire, ils continueront à la doter d’une très importante avance technologique militaire. Surtout, ils poursuivront la construction d’une alliance militaire entre Israël, la Jordanie et les pays du Golfe conduits par l’Arabie saoudite, ce qui enterrera définitivement le mythe du conflit israélo-arabe.

 

— Afrique : Les États-Unis subventionneront de « Jeunes leaders » qu’ils aideront à être démocratiquement élus.

 

— Amérique latine : Les États-Unis lutteront pour la démocratie au Venezuela et à Cuba, qui persistent à leur résister.

 

 

E— Conclusion

 

Concluant son exposé, le président Obama souligne que ce programme ne pourra être accompli qu’en restaurant la coopération entre Républicains et Démocrates, ce qui est une manière de rappeler son projet d’augmentation des dépenses militaires.

 

Pour être comprise, la nouvelle Doctrine de sécurité nationale doit être replacée dans son contexte. En 2010, le président Obama avait abandonné la théorie de la « guerre préventive », c’est-à-dire le droit du plus fort de tuer qui bon lui semble. Cette fois-ci, il abandonne le projet de « remodelage du Moyen-Orient élargi ». Compte tenu des principes énoncés plus haut, on peut en conclure que les États-Unis vont repousser Daesh vers la Russie, qu’ils ne reconnaîtront finalement pas l’indépendance du Kurdistan irakien, et qu’ils confieront la sécurité d’Israël à la Jordanie et à l’Arabie saoudite et non pas à la Russie comme envisagé en 2012.

 

La Doctrine Obama restera dans l’Histoire comme le constat d’un échec et l’annonce d’une catastrophe : Washington abandonne son projet de réorganisation militaire et se lance à nouveau dans le développement de ses armées.

 

Au cours des 70 dernières années, le budget militaire du pays a toujours été en augmentation, sauf en 1991-95 lorsqu’ils pensaient conquérir le monde par la seule voie économique, et en 2013-14 lorsqu’ils prirent conscience de leur désorganisation. En effet, depuis plusieurs années, plus ils mettent d’argent dans leurs armées, moins celles-ci fonctionnent. Cependant personne n’a réussi à réformer le système ni Donald Rumsfeld ni Chuck Hagel. Par conséquent, il faudra toujours nourrir plus le Moloch, à la fois d’un point de vue budgétaire et en lui offrant des guerres à livrer.

 

 

>>> Voir le rapport en question ici :

National Security Strategy, USA 2015 (original en anglais)

 

 

 

Par E & R - voltairenet.org – le 9 février 2015


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Au lieu d’un Patriot Act, l’Europe veut un équilibre entre « droit et sécurité »

Au lieu d’un Patriot Act, l’Europe veut un équilibre entre « droit et sécurité » | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


 

 Au lieu d’un Patriot Act, l’Europe veut

un équilibre entre « droit et sécurité »

 

Bernard Cazeneuve n’a désormais plus que 6 jours pour dévoiler son plan de sécurité Internet au Premier ministre. Avant même qu’il ne rende sa copie, Viviane Reding, commissaire européenne chargée de la société de l’information et des médias, lui lance un message.

 

Sur Public Sénat, la commissaire européenne le met en garde avant qu’il ne s’engage sur des voies hasardeuses. « Il faut combattre les terroristes et les criminels sans enlever les libertés et les droits des citoyens lambda ».

 

Pour cela, Viviane Reding pense qu’un Patriot Act n’est pas une voie pour l’Europe. « On veut faire les choses à l’européenne » en cherchant « un équilibre entre les droits et la sécurité ». Et cela ne se décide pas « uniquement au plan national ».

 

 

« Ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain »

 

Il faut, selon elle, non pas une nouvelle agence de surveillance, mais des réseaux très forts entre les états de l’Union. « Tous les outils existent. Nous avons Europol et le fichier Schengen. Tout ça doit être renforcé pour être mieux utilisé. Mais, il n’y a pas besoin d’une nouvelle instance. »

 

Bernard Cazeneuve écoutera-t-il ces conseils ? Pour le moment, le ministre garde un silence absolu sur ses projets. Il a seulement dévoilé mercredi 15 janvier qu’il allait « prochainement » se rendre aux États-Unis. Il veut « rencontrer ses homologues et rencontrer aussi ces grands opérateurs d’Internet, afin de les sensibiliser » à la surveillance antiterroriste. Ne le sont-ils pas déjà ?

 

 

Par Pascal Samama bfmbusiness.bfmtv.com – le 16 janvier 2015

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Patriot Act à la française : non

Patriot Act à la française : non | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : à Paris, le ministre de l’Intérieur Bernard Caseneuve avec l’Attorney General Eric Holder. Crédit : Zumawire

 

Pourquoi il faut dire non à un

Patriot Act à la française

 

De multiples voix s’élèvent pour demander un renforcement des mesures législatives antiterroristes. À droite, la députée UMP Valérie Pécresse rêve d’un Patriot Act à la française et son collègue Eric Ciotti réclame des centres de rétention fermés pour les terroristes.

 

Rappelons que c’est le Patriot Act qui a engendré, au final, la création du camp de Guantánamo, dans une zone appartenant à Cuba, donc hors de la sphère du droit américain permettant toutes les dérives. « Récemment, un repenti expliquait que c’est justement en étant emprisonné à Guantanamo qu’il a pu rencontrer le gratin du djihad mondial incarcéré par les États-Unis », écrit Lionel Venturini dans l’Humanité. En France, c’est en prison que Chérif Kouachi a pu nouer des liens avec Coulibaly et Djamel Beghal, une figure formée dans le Londonistan.

 

En 2004, Solidarité & Progrès avait pris soin de mettre en garde contre la transcription du Patriot Act dans le droit français (Lois Perben II) et européen.

 

Aujourd’hui, dans un entretien publié par l’Humanité, la présidente du Syndicat de la magistrature a bien raison d’alerter l’opinion publique contre une telle réaction.

 

 

Durcir encore la législation serait tomber dans le piège des terroristes.

 

Entretien réalisé par Laurent Mouloud

Lundi, 12 janvier 2015

Déchéance de nationalité, surveillance accrue d’Internet… L’enquête sur les attentats a à peine débuté que les appels plus ou moins directs à durcir la législation pénale se succèdent. Hier, les ministres de l’Intérieur de onze pays européens, ainsi que le ministre américain de la Justice, Eric Holder, ont d’ores et déjà convenu, lors d’une réunion à Paris, de renforcer la lutte contre le terrorisme. Des annonces à chaud qui inquiètent Françoise Martres, la présidente du Syndicat de la magistrature.

 

 

Que vous inspirent ces voix qui s’élèvent pour demander un durcissement de la législation en matière terroriste ?

 

Françoise Martres : Lancer de telles exigences alors que l’émotion est encore prégnante est évidemment dangereux, mais malheureusement très banal. L’histoire nous montre que, à chaque fois qu’il y a eu un drame de cette nature, un durcissement de la législation antiterroriste est intervenu ensuite, comme si c’était l’unique réponse. Or, cette tentation de restreindre sans cesse les libertés publiques au profit d’un renforcement illusoire de notre protection est exactement le piège dans lequel veulent nous faire tomber ceux qui sèment la terreur.

 


Notre droit pénal est-il, tout de même, suffisamment armé pour faire face à la menace terroriste ?

 

Françoise Martres : Au niveau du droit, on a toutes les armes pour agir. Les dispositifs d’exception relevant de la lutte antiterroriste – écoutes facilitées, garde à vue prolongée… – n’ont cessé de s’étendre ces dernières années. Et il en est de même des possibilités de surveillance administrative. Dans cette affaire, nous ne sommes pas face à un problème de vide législatif, mais, semble-t-il, de gestion et de moyens policiers. Si l’on prend pour exact ce qui est publié dans la presse, ces personnes étaient repérées comme terroristes potentiels, déjà poursuivies par le passé dans une affaire de cette nature et fichées par les États-Unis. Les services de police ont juste fait le choix, pour des raisons sûrement liées à des contraintes de moyens humains, de réduire cette surveillance à un moment donné. J’ai beaucoup entendu dire, ces derniers jours, que, pour suivre quelqu’un étroitement, il fallait plus d’une vingtaine de fonctionnaires… Mais quoi qu’il en soit, ce ne sont pas les moyens juridiques qui ont péché dans cette affaire. Et un durcissement législatif, quel qu’il soit, n’y aurait rien changé.

 

 

De multiples lois antiterroristes ont été votées ces dernières années. Est-on à même d’en mesurer l’impact ?

 

Françoise Martres : Depuis dix-huit mois, on a déjà eu deux lois. La première fin 2012 après l’affaire Mohammed Merah et celle qui a été votée en novembre dernier. Pour quelle efficacité ?? En revanche, à chaque fois, ces textes étendent les dispositifs dérogatoires propres à la lutte antiterroriste, et restreignent les pouvoirs du juge judiciaire, garant des libertés individuelles, au profit du pouvoir des services de police. L’impact de ces lois a surtout été d’éroder les libertés au nom de la lutte antiterroriste et de contaminer le droit pénal classique.

 

D’année en année, l’exception de certaines mesures est devenue permanente. Par exemple, le contrôle des déplacements de l’ensemble des citoyens, le recours à la biométrie ou encore le contrôle d’Internet introduits dans notre droit à la suite des attentats du 11 septembre 2001 ne l’ont jamais quittée.

 

Ces durcissements législatifs ont tous pour but de surveiller de plus en plus de gens et d’élargir les moyens d’investigation pour aboutir à détecter le plus tôt possible des gens qui seraient susceptibles de commettre des actes terroristes. Seulement voilà ? : Dans le cas d’aujourd’hui, cela n’aurait rien changé ?! Les terroristes étaient déjà connus et ne s’apprêtaient pas à partir en Syrie ou en Irak…

 

Sur le fond, il nous semble aussi qu’à multiplier les surveillances, on éparpille les moyens. L’efficacité de suivre des milliers de gens par le Net, par les écoutes, les filatures ou encore le croisement de fichiers doit être interrogée. Qu’est-ce que cela nous amène ? Mohammed Merah était aussi quelqu’un de surveillé… Restreindre ainsi nos libertés individuelles ne réduira jamais le risque à zéro. En revanche, cela fait clairement le jeu du terrorisme qui ne cherche qu’à déstabiliser les démocraties.

 

 

Redoutez-vous l’élaboration d’un Patriot Act à la française ?

 

Françoise Martres : Je ne dis pas ça. Mais je redoute que, dans les semaines qui viennent, nos politiques rivalisent de mots forts pour justifier un durcissement de la législation. Les mots employés ces derniers jours m’ont frappée. On parle de « guerre », les policiers sont des « héros »… On est déjà dans le hors-norme, comme un prélude à de nouvelles mesures d’exception.

 

Or, pour lutter contre le terrorisme, il faut, certes, chercher à prévenir, mais aussi ne pas céder à la panique et à la terreur. La terreur amène la haine. Et je crois que l’on est aujourd’hui dans une situation suffisamment grave au niveau du vivre ensemble pour ne pas emprunter ce chemin-là. Un jour, regardera-t-on en coin notre voisin en se disant : « Est-ce que celui-là, je dois en avoir peur ? » Dans des moments comme aujourd’hui, on doit au contraire prendre du recul et le temps de la réflexion.

 

 

Par la Rédaction de Solidarité & Progrès – le 12 janvier 2015

Koter Info's insight:


Avis aux politiciens !


C'est la liberté que les gens défendaient et non sa restriction, ne l'oubliez pas,  même si vous souhaiteriez le contraire !  -  Duc


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Paul Craig Roberts : révélations sur les dissimulations dans l’enquête sur l’anthrax (Amerithrax)

Paul Craig Roberts : révélations sur les dissimulations dans l’enquête sur l’anthrax (Amerithrax) | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Paul Craig Roberts : révélations sur les dissimulations dans l’enquête sur l’anthrax (Amerithrax)

 

Les révélations du livre de Graeme MacQueen paru en 2014 « The 2001 Anthrax Deception: The Case for a Domestic Conspiracy » viennent d’être confirmées par le chef de l’équipe du FBI en charge de l’enquête.

 

Voilà 4 mois et ½, je publiais une revue du livre de Graeme MacQueen.

 

Les chiens de garde payés par le gouvernement, les grands médias corrompus, et les indécrottables patriotes avaient qualifié ce livre de « théorie du complot ». En réalité, le livre de MacQueen n’est rien d’autre qu’une étude minutieuse établissant effectivement l’existence d’une conspiration, mais une conspiration à l’intérieur du gouvernement.

 

Les conclusions de MacQueen viennent d’être corroborées par Richard Lambert, l’agent en charge de l’enquête sur l’anthrax, qui s’est ainsi rangé dans le camp des « whistleblowers » (lanceurs d’alerte).

 

Il était devenu évident à toute personne familière des techniques utilisées par le gouvernement pour empiéter sur les libertés en détruisant peu à peu les lois protégeant les citoyens que le but de ces lettres à l’anthrax, en particulier celles adressées aux sénateurs Patrick Leahy et Tom Daschle, était d’augmenter le niveau de peur et de s’assurer du vote rapide de la loi tyrannique du PATRIOT ACT.

 

Le PATRIOT ACT fut un coup décisif porté contre les libertés aux USA. Cette loi a permis d’ignorer la constitution en ce début de XXI siècle et d’octroyer des pouvoirs despotiques au gouvernement fédéral tout en lui évitant d’avoir à rendre des comptes.

 

Lors d’une déclaration faite devant un tribunal, Richard Lambert a expliqué qu’en tant qu’agent chargé de l’enquête, il avait été bloqué et empêché de la mener à bien pendant quatre ans par le bureau du FBI à Washington, par l’apathie et les erreurs du laboratoire du FBI, par des décisions de justice faussées, et par une interdiction de communiquer motivée par des objectifs politiques de la part du QG du FBI.

 

Lambert a fait cette déclaration devant une cour de justice américaine, il sera par conséquent extrêmement difficile pour Washington de le faire assassiner. Cependant Washington peut toujours utiliser les médias grands publics contre lui.

 

Lambert a expliqué que les éléments de preuves qui disculpaient Bruce Ivins étaient bien moins nombreux que celles qui l’accusaient. Ivins a servi à Washington de bouc émissaire après que l’accusation montée de toute pièce contre Steven Hatfill eût échoué et que Washington eut payé à Hatfill 4,6 millions de dollars pour diffamation. Lambert a déclaré que les preuves contre Ivins n’auraient pas été suffisantes devant un tribunal, et que le décès – ou le meurtre – d’Ivins avait permis de le faire accuser sans preuve.

 

Les scientifiques ont, depuis, apporté la preuve que les lettres à l’anthrax contenaient une technologie d’arme de guerre biologique à laquelle Ivins n’avait pas accès.

 

Les accusations de Lambert émises devant ce tribunal pourraient bien mettre à jour l’ensemble de la supercherie du 11-Septembre. Il sera intéressant de voir si Washington peut encore une fois passer par dessus la Loi et si le peuple américain restera une nouvelle fois apathique et satisfait de poursuivre son existence dans la « Matrice ».

 

 

 

Par Paul Craig Roberts (*) (sur son Blog) - traduction : Christophe pour ilFattoQuotidiano.fr – le 21 avril 2015

 

 

Mise à jour : Les sénateurs Leahy et Daschle étaient en position de bloquer le vote des lois néonazies PATRIOT ACT. Chacun d’eux avait négocié avec l’administration Bush certaines modifications de la loi pour la rendre moins tyrannique. Mais ces modifications n’avaient finalement pas été intégrées dans le texte envoyé au Congrès. Aussi, Leahy et Daschle s’étaient opposés à un vote rapide. Je me suis souvent demandé si Leahy et Daschle avaient interprété les lettres à l’anthrax comme un avertissement venu de Washington : « Ôtez-vous de notre chemin, ou nous vous tuerons. »

 

(*) Paul Craig Roberts, économiste et journaliste paléoconservateur américain a été sous-secrétaire au Trésor dans l’administration Reagan (1981-1982), et est un des pères fondateurs des Reaganomics. Il a également été rédacteur en chef adjoint au Wall Street Journal… (Source Wikipédia)

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France - L’État contre la République

France - L’État contre la République | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : le 27 janvier 2015, le président François Hollande rendait les « complotistes » d’aujourd’hui responsables des crimes commis hier par les nazis contre les juifs d’Europe. Il appelait à leur interdiction d’expression.

 

 

France - L’État contre la République

Par Thierry Meyssan (*) -

 

À la demande du président François Hollande, le Parti socialiste français vient de publier une Note sur le mouvement international « conspirationniste ». Son but : préparer une nouvelle législation lui interdisant de s’exprimer.

 

Aux États-Unis, le coup d’État du 11 septembre 2001 a permis d’établir un « état d’urgence permanent » (Patriot Act) et de lancer une série de guerres impériales. Progressivement, les élites européennes se sont alignées sur leurs homologues d’outre-Atlantique. Partout, les citoyens s’inquiètent d’être abandonnés par leurs États et remettent en question leurs institutions. Cherchant à se maintenir au pouvoir, les élites sont désormais prêtes à utiliser la force pour bâillonner leurs oppositions.

 

Le président de la République française, François Hollande, a assimilé ce qu’il nomme les « théories du complot » au nazisme, puis a appelé à empêcher leur diffusion sur internet et les réseaux sociaux.

 

Ainsi a-t-il déclaré le 27 janvier 2015 au Mémorial de la Shoah :

« [L’antisémitisme] entretient les théories du complot qui se diffusent sans limites. Théories du complot qui ont, dans le passé, conduit déjà au pire » (…) « [La] réponse, c’est de prendre conscience que les thèses complotistes prennent leur diffusion par Internet et les réseaux sociaux. Or, nous devons nous souvenir que c’est d’abord par le verbe que s’est préparée l’extermination. Nous devons agir au niveau européen, et même international, pour qu’un cadre juridique puisse être défini, et que les plateformes Internet qui gèrent les réseaux sociaux soient mises devant leurs responsabilités, et que des sanctions soient prononcées en cas de manquement » [1].

 

Plusieurs ministres ont également conspué ce qu’ils appellent les théories du complot comme autant de « ferments de haine et de désintégration de la société ».

 

Sachant que le président Hollande appelle « théorie du complot » l’idée que les États, quels que soient leurs régimes – y compris les démocraties –, ont une propension spontanée à agir dans leur intérêt et non pas dans celui de leurs administrés, on peut en conclure qu’il s’est livré à cet amalgame pour justifier d’une éventuelle censure de ses opposants.

 

Cette interprétation est confirmée par la publication par la Fondation Jean-Jaurès, think tank du Parti socialiste dont M. Hollande était le Premier secrétaire, d’une note intitulée « Conspirationnisme : un état des lieux » [2].

 

Laissons de côté les relations politiques de François Hollande, du Parti socialiste, de la Fondation Jean-Jaurès, de son Observatoire des radicalités politiques et de l’auteur de la note et concentrons-nous sur son message et son contenu idéologique.

 

 

Définition des « théories du complot »

 

Les expressions « théories du complot » et « conspirationnisme » se sont développées en France à la suite de la publication de mon livre sur l’impérialisme états-unien post — 11-Septembre, L’Effroyable imposture [3]. À l’époque, nous avions du mal à comprendre ce qu’elles signifiaient, car elles renvoyaient à l’histoire politique américaine. Aux États-Unis, on appelait couramment « conspirationnistes » ceux pour qui le président Kennedy n’avait pas été assassiné par un seul homme, mais par plusieurs, formant une conspiration (au sens judiciaire). Avec le temps, ces expressions sont entrées dans la langue française et se sont superposées avec des souvenirs des années 30 et de la Seconde Guerre mondiale, ceux de la dénonciation du « complot juif ». Ces expressions sont donc aujourd’hui polysémiques, évoquant parfois la loi du silence états-unienne et, à d’autres moments, l’antisémitisme européen.

 

Dans sa note, la Fondation Jean-Jaurès donne sa propre définition du « conspirationnisme ».

 

C’est « un récit « alternatif » qui prétend bouleverser de manière significative la connaissance que nous avons d’un événement et donc concurrencer la « version » qui en est communément acceptée, stigmatisée comme « officielle » » (p. 2).

 

Observons que cette définition ne s’applique pas qu’aux délires de malades mentaux. Ainsi, Platon affirmait avec le mythe de la caverne remettre en cause les certitudes de son temps ; Galilée avec sa thèse héliocentrique défiait la lecture que son époque faisait de La Bible ; etc.

 

Pour ma part et puisque l’on voit en moi le « pape du conspirationnisme » ou plutôt l’« hérésiarque », selon le mot du philosophe italien Roberto Quaglia, je réaffirme mon engagement politique radical, au sens du radicalisme républicain français, de Léon Bourgeois [4], de Georges Clemenceau [5], d’Alain [6] et de Jean Moulin [7]. Pour moi, comme pour eux, l’État est un Léviathan qui par nature abuse de ceux qu’il gouverne.

 

Comme républicain radical, je suis conscient que l’État est l’ennemi de l’intérêt général, de la Res Publica ; raison pour laquelle je souhaite non pas l’abroger, mais le dompter. L’idéal républicain est compatible avec divers régimes politiques — y compris avec la monarchie, comme l’ont acté les auteurs de la Déclaration de 1789.

Cette opposition, que le Parti socialiste actuel conteste, a tellement marqué notre histoire qu’en 1940 Philippe Pétain abrogea la République pour proclamer l’« État français ». Dès sa prise de fonction présidentielle, j’ai dénoncé le pétainisme de François Hollande [8]. Aujourd’hui, M. Hollande se réclame de la République pour mieux la combattre et son inversion des valeurs plonge le pays dans la confusion.

 

 

Qui sont les « conspirationnistes » ?

 

Les « conspirationnistes » sont donc des citoyens qui s’opposent à la toute-puissance de l’État et qui souhaitent le placer sous surveillance.

 

La Fondation Jean-Jaurès les décrit en ces termes :

« [C’est une] mouvance hétéroclite, fortement intriquée avec la mouvance négationniste, et où se côtoient admirateurs d’Hugo Chávez et inconditionnels de Vladimir Poutine. Un milieu interlope que composent anciens militants de gauche ou d’extrême gauche, ex — « Indignés », souverainistes, nationaux-révolutionnaires, ultranationalistes, nostalgiques du IIIe Reich, militants anti-vaccination, partisans du tirage au sort, révisionnistes du 11 — Septembre, antisionistes, afrocentristes, survivalistes, adeptes des « médecines alternatives », agents d’influence du régime iranien, bacharistes, intégristes catholiques ou islamistes » (p. 8).

 

On notera les amalgames et les injures de cette description visant à discréditer les personnes qu’elle désigne.

 

 

Les mythes des « conspirationnistes »

 

La Fondation Jean-Jaurès poursuit son dénigrement en accusant les « conspirationnistes » d’ignorer les réalités du monde et de croire naïvement en des mythes éculés. Ainsi, nous croirions au « complot sioniste mondial », au « complot illuminati » et au « mythe Rothschild » (p. 4). Et pour créditer ces trois affirmations, elle ne cite qu’un exemple relatif au seul « mythe Rothschild » : le blogueur Étienne Chouard — dont le travail ne porte pas simplement sur la République, mais va bien au-delà pour traiter de la Démocratie [9] — affirme que la loi Pompidou-Rothschild de 1973 est à l’origine de la dette de la France. Et la Fondation de réfuter cette affirmation en citant une tribune publiée par Libération.

 

On notera ici que l’exemple d’Étienne Chouard nous laisse sur notre faim à propos des deux autres mythes cités. Surtout, la Fondation s’adresse à des ignorants qui n’ont pas lu la réponse de M. Chouard à la tribune de Libération [10], ni la contribution du « conspirationniste » Michel Rocard [11]. En effet, de ce débat, il ressort bien que la loi de 1973 a permis l’explosion de la dette française au profit de banques privées, ce qui aurait été impossible auparavant.

 

 

La « complosphère »

 

Pour la Fondation Jean-Jaurès, les intellectuels conspirationnistes seraient « essentiellement Nord-Américains. Citons en particulier Webster Tarpley et William Engdhal (tous deux anciens membres de l’organisation politico-sectaire américaine dirigée par Lyndon LaRouche), Wayne Madsen (WayneMadsenReport.com), Kevin Barrett (VeteransToday.com) ou encore Michel Chossudovsky (Mondialisation.ca). Avec leurs homologues européens, ces derniers forment une sorte d’Internationale à laquelle Thierry Meyssan, le président du Réseau Voltaire, a tenté de donner une forme concrète en novembre 2005, en réunissant à Bruxelles une « conférence anti-impérialiste » – « Axis for Peace » – dont la liste des participants se lit comme un who’s who des auteurs conspirationnistes les plus en vue de l’époque » (p. 8).

 

Observons d’abord que la Fondation Jean-Jaurès ne doit lire que le français et l’anglais, et n’avoir que survolé la liste des participants d’Axis for Peace, pour croire que le phénomène qu’elle décrit ne concerne que la France, le Canada et les États-Unis, alors qu’il comprend une très importante littérature en allemand, en arabe, en espagnol, en italien, en persan, en polonais, en portugais et en russe ; langues qui sont d’ailleurs majoritaires à Axis for Peace.

 

Notons aussi le caractère malveillant de l’allusion à « l’organisation politico-sectaire américaine dirigée par Lyndon LaRouche ». En effet, Webster Tarpley et William Engdhal ont quitté cette organisation, il y a plus de 20 ans. Et à l’époque où ils en étaient membres, ce parti était représenté en France aux congrès d’une formation d’extrême gauche.

 

Un peu plus loin, la Fondation Jean-Jaurès ne manque pas de citer l’humoriste Dieudonné M’Bala M’Bala, dont l’État tente d’interdire les spectacles, le sociologue Alain Soral, dont le site internet (EgaliteEtReconciliation.fr) obtient des records d’audience en France, et Alain Benajam (facebook.com/alain.benajam), président du Réseau Voltaire France et représentant du gouvernement Novorossien du Donbass.


En 1989, l’ancien chef du Renseignement états-unien en Europe, Irwing Brown, révélait aux journalistes Roger Faligot et Rémi Kauffer avoir recruté Jean-Christophe Cambadélis lorsqu’il militait chez les trotskistes lambertistes. 25 ans plus tard, M. Cambadélis est devenu Premier secrétaire du Parti socialiste français.

 

 

Les idées politiques des « conspirationnistes »

 

Après ces apéritifs, la Fondation Jean-Jaurès en vient au cœur du débat, celui des idées politiques. Il définit ainsi celles des « conspirationnistes » :

 

 « l’effacement de toute distinction de nature entre régimes autoritaires et démocraties libérales (réputées plus « totalitaires » que les pires des totalitarismes) » ;

 « [l’opposition à] toute législation antiraciste sous prétexte de défense de la « liberté d’expression » » ;

 « [le rejet de] la pertinence du clivage droite-gauche, le véritable clivage étant celui qui sépare « le Système » (ou « l’Empire », ou « l’Oligarchie ») de ceux qui lui résistent » ; (p. 8)

 « l’idée que le sionisme est un « projet de domination » du monde » (p. 9).

La Fondation Jean-Jaurès cible précisément les sujets de conflit, mais grossit le trait pour discréditer ses opposants. Par exemple, personne ne s’est opposé à la législation antiraciste, mais uniquement et exclusivement à la disposition de la loi Fabius-Gayssot qui punit de prison le débat sur l’extermination des juifs d’Europe [12]

 

 

Qu’est-ce que le sionisme ?

 

La Fondation se livre alors à une très longue analyse de mes travaux sur le sionisme. Elle les défigure puis les commente :

 

« L’antisionisme revendiqué ici par Thierry Meyssan n’a pas de rapport avec la critique d’une politique conjoncturelle, celle des gouvernements qui ont pu se succéder à la tête de l’État d’Israël. Il ne relève pas d’un anticolonialisme que satisferait le retrait d’Israël des territoires occupés à l’issue de la guerre des Six Jours et la création d’un État palestinien. Il ne procède pas non plus d’un internationalisme qui tiendrait en suspicion, par principe, tout mouvement national d’où qu’il vienne puisque, précisément, il ne tient pas le sionisme pour un mouvement national. Cet antisionisme de facture paranoïaque ne prétend pas combattre le sionisme envisagé dans la diversité de ses expressions historiques, mais une hydre fantasmatique qui serait à la source du malheur du monde » (p. 9).

 

En voulant conclure sur ce débat et en lui donnant une place considérable dans son analyse, la Fondation Jean-Jaurès en souligne l’importance. Je défends en effet une position jusqu’ici absente du débat politique occidental [13] :


 Le premier chef d’État ayant affirmé son intention de rassembler les juifs du monde entier dans un État qui serait le leur fut Lord Cromwell au XVIIe siècle. Son projet, clairement explicité, consistait à utiliser la diaspora juive pour étendre l’hégémonie anglaise. Ce projet a été défendu par tous les gouvernements britanniques successifs et inscrit par Benjamin Disraeli à l’ordre du jour de la Conférence de Berlin.


Theodor Herzl lui-même était un disciple de Cecil Rhodes, le théoricien de l’Empire britannique. Herzl avait proposé au départ de créer Israël en Ouganda ou en Argentine, pas du tout en Palestine. Lorsqu’il est parvenu à faire adhérer des militants juifs au projet britannique, il a acheté des terres en Palestine en créant l’Agence juive dont les statuts sont la copie intégrale de la société de Rhodes en Afrique australe.


 En 1916-17, le Royaume-Uni et les États-Unis se sont réconciliés en s’engageant ensemble à créer l’État d’Israël, c’est la Déclaration Balfour pour Londres et les 14 points de Wilson pour Washington.

Il est donc parfaitement absurde de prétendre que Herzl a inventé le sionisme, de dissocier le projet sioniste du colonialisme britannique, et de nier que l’État d’Israël est un outil du projet impérial commun de Londres et de Washington.

 

La position du Parti socialiste sur ce sujet n’est pas innocente. En 1936, il proposait avec Léon Blum de transférer les juifs allemands au sud du Liban de manière à ce que ce territoire soit annexé par Israël lorsque celui-ci serait créé [14]. Cependant le projet fut rapidement écarté par le haut-commissaire français à Beyrouth, le comte Damien de Martel de Janville, parce qu’il violait à l’évidence le mandat de la Société des Nations. Aujourd’hui le lobby israélien, créé en 2003 au sein du Parti socialiste, alors que François Hollande était Premier secrétaire, s’appelle donc naturellement Cercle Léon-Blum.

 

 

Remarques conclusives

 

En 2008, le professeur Cass Sunstein, conseiller du président Barack Obama et époux de l’ambassadrice US aux Nations unies, avait rédigé une note similaire [15].

 

Il écrivait :

 

« Nous pouvons facilement imaginer une série de réponses possibles.

 1. Le gouvernement peut interdire les théories de la conspiration.

 2. Le gouvernement pourrait imposer une sorte de taxe, financière ou autre, sur ceux qui diffusent de telles théories.

 3. Le gouvernement pourrait s’engager dans un contre discours pour discréditer les théories du complot.

 4. Le gouvernement pourrait engager des parties privées crédibles à s’engager dans un contre-discours.

 5. Le gouvernement pourrait s’engager dans la communication informelle avec les parties tierces et les encourager ».

 

En définitive, le gouvernement des États-Unis avait décidé de financer des individus, à la fois chez lui et à l’étranger, pour perturber les forums des sites internet « conspirationnistes » et pour créer des groupes leur apportant la contradiction.

 

Ceci n’ayant pas suffi, la France est appelée à prendre des mesures autoritaires. Comme par le passé, les élites françaises, dont le Parti socialiste forme l’aile prétendument de gauche, se sont placées aux ordres de la principale puissance militaire de l’époque, en l’occurrence les États-Unis.

 

Pour la mise en œuvre de ce projet, il reste à définir quelle instance, nécessairement administrative, sera chargée de la censure et quels en seront les critères. Ne soyons pas naïfs, nous nous approchons d’une inévitable épreuve de force.

 

 

 

PAR THIERRY MEYSSAN (*) — RÉSEAU VOLTAIRE INTERNATIONAL | DAMAS (SYRIE) — LE 9 MARS 2015

 

 

(*) Thierry Meyssan : consultant politique, président fondateur du Réseau Voltaire et de la conférence Axis for Peace. Dernier ouvrage en français : L’Effroyable imposture : Tome 2, Manipulations et désinformations (éd. JP Bertand, 2007). Compte Twitter officiel.

 

 

Document joint :

 

Conspirationnisme : un état des lieux », par Rudy Reichstadt, Fondation Jean-Jaurès, Parti socialiste, 24 février 2015.

(PDF - 159.3 ko)

 

 

Notes :

[1] « Discours de François Hollande au Mémorial de la Shoah », par François Hollande, Réseau Voltaire, 27 janvier 2015.

[2] « Conspirationnisme : un état des lieux », par Rudy Reichstadt, Observatoire des radicalités politiques, Fondation Jean-Jaurès, Parti socialiste, 24 février 2015.

[3] L’Effroyable Imposture suivi de Le Pentagate, par Thierry Meyssan, Nouvelle réédition, entièrement réactualisée et annotée, éditions Demi-Lune.

[4] Léon Bourgeois, sculpteur français (1851-1925). Théoricien du « solidarisme » (que les socialistes actuels confondent avec la Fraternité). Il fut président du Parti radical, président du Conseil des ministres, premier président de la Société des Nations et lauréat du prix Nobel de la paix en 1920. Avec l’aide du Tsar Nicolas II, il posa le principe des arbitrages entre États, dont la Cour internationale de Justice des Nations unies est l’aboutissement actuel.

[5] Georges Clemenceau (1841-1929). Il défendit les Communards face à la droite et combattit la gauche socialiste de Jules Ferry aussi bien contre son projet de colonisation que contre sa vision de la laïcité. Alors que, durant la Grande Guerre, le pays semblait vaincu, il devint président du Conseil et le conduisit jusqu’à la victoire.

[6] Alain, philosophe français (1868-1951), co-fondateur du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes (CVIA). Il milita pour une république protectrice de la liberté, strictement contrôlée par le peuple.

[7] Jean Moulin, haut fonctionnaire (1899-1943). Il prit le parti des Républicains espagnols et organisa illégalement, malgré le gouvernement socialiste neutre, un trafic d’armes pour résister aux Franquistes. Durant l’Occupation de la France, il dirigea le Conseil national de la Résistance, y incluant toutes les sensibilités politiques à l’exception de celle qui s’était battue aux côtés des Franquistes. Arrêté par les nazis, il mourut sous la torture.

[8] « La France selon François Hollande », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 30 juillet 2012.

[9] La République veille à ce que le Pouvoir serve l’Intérêt général. La Démocratie exige que le Pouvoir soit exercé par tous les citoyens.

[10] « Analyse des réflexions de Monsieur Beitone sur la prétendue rumeur d’extrême droite à propos de la loi de 1973 », par Étienne Chouard, 30 décembre 2011.

[11] Émission Mediapolis sur la radio Europe 1, le 22 décembre 2012, l’ancien Premier ministre socialiste Michel Rocard était l’invité de Michel Field et d’Olivier Duhamel.

[12] De nombreux responsables politiques se sont vainement opposés à cette loi, dont l’ancien président Jacques Chirac, et les anciens Premiers ministres Dominique de Villepin et François Fillon.

[13] « Qui est l’ennemi ? », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 4 août 2014.

[14] My Enemy’s Enemy : Lebanon in the Early Zionist Imagination, 1900-1948, par Laura Zittrain Eisenberg, Wayne State University Press (1994). Thèse de doctorat vérifiée par Itamar Rabinovitch côté israélien et Kamal Salibi côté libanais.

[15] « Conspiracy Theories », Cass R. Sunstein & Adrian Vermeule, Harvard Law School, January 15, 2008.

Koter Info's insight:



Pour approfondir le sujet "conspirationnisme", je vous invite à lire :


- Le « conspirationnisme » La grande tarte à la crème

 

- Et la CIA créa le label Théoriciens du complot… (Partie 1/2)

 

- Et la CIA créa le label Théoriciens du complot… (Partie 2/2)


- Dix « théories du complot » qui se sont avérées être exactes


- Les conspirationnistes sont sains.


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Tous Américains, tous Charlie, tous en guerre !

Tous Américains, tous Charlie, tous en guerre ! | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Source image : formerplushaut.com


 

Tous Américains, tous Charlie, tous en guerre !

 

Deux semaines après le massacre de Paris et le déclenchement de l’immense opération de brainwashing « JeSuisCharlie », la poussière des émotions retombe enfin et on commence à mesurer l’étendue des dégâts.


L’instrumentalisation jusqu’à la nausée de l’affaire a fonctionné à merveille. Le cadavre politique Flanby et sa cour ont ressuscité dans les sondages et, surtout, la mobilisation complète de la machinerie politico-merdiatique hexagonale a provoqué une sorte de « reset » permettant l’incorporation instantanée de la France dans le grand délire islamophobe du choc des civilisations US.


Au plan intérieur, la tentation totalitaire est bien réelle avec une classe dirigeante qui a d’ores et déjà réduit la liberté d’expression à l’expression de ses seules opinions.

 

 

Islamophobie et paranoïa


 

Le bilan est désastreux. Au moment même où tous les Charlies de l’Hexagone prétendaient manifester pour la liberté d’expression : des dizaines de personnes ont été arrêtées pour « apologie de terrorisme » (dont une jeune fille de 14 ans) parfois pour de simples commentaires ironiques (1) ou même un dessin ; Dieudonné a été placé en garde à vue pour un tweet ; des dizaines d’attaques islamophobes ont été perpétrées à travers la France (2).

Sous couvert de réflexe républicain, chacun y est allé de son islamophobie en exigeant des musulmans qu’ils condamnent le massacre.


Comme si cette tuerie avait un quelconque rapport avec l’Islam en tant que religion.


A-t-on exigé des Juifs de France qu’ils condamnent le massacre de plus de 2.000 Palestiniens, dont 500 enfants par les Israéliens en mars 2014 ?

 

Rupert Murdoch, possesseur du plus grand groupe de presse du monde, aura parfaitement résumé la puanteur de l’esprit du moment dans un seul tweet : « Peut-être que la plupart des musulmans sont pacifiques, mais jusqu’à ce qu’ils reconnaissent et détruisent leur cancer djihadiste croissant, ils doivent être tenus pour responsables. » (3).

 

 

Tentation totalitaire


 

Autre sujet d’inquiétude : la tentation totalitaire qui s’est manifestée au plus haut niveau.

 

Le concept de « totalitarisme » vient, rappelons-le, du fait qu’il ne s’agit pas seulement de contrôler l’activité des personnes, comme le ferait une dictature classique, mais de s’immiscer jusque dans la sphère intime de la pensée, en imposant à tous les citoyens l’adhésion à une idéologie obligatoire, hors de laquelle ils sont considérés comme ennemis de la communauté.

 

Et là, sans s’arrêter à l’appel de la députée UMP des Yvelines Valérie Pécresse pour un « Patriot Act à la française », la palme de la dérive totalitaire revient à Nathalie Saint-Cricq, journaliste de France2, responsable du service politique de la chaîne depuis juin 2012 : « C’est justement ceux qui ne sont pas « Charlie » qu’il faut repérer, ceux qui, dans certains établissements scolaires ont refusé la minute de silence, ceux qui « balancent » sur les réseaux sociaux et ceux qui ne voient pas en quoi ce combat est le leur. Eh bien, ce sont eux que nous devons repérer, traiter, intégrer ou réintégrer dans la communauté nationale. »
No comment.

 

 


L’école mobilisée pour former des Charlies ?


 

Les déclarations de la ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem sont également stupéfiantes : « Même là où il n’y a pas eu d’incidents, il y a eu de trop nombreux questionnements de la part des élèves. Et nous avons tous entendu les « Oui je soutiens Charlie, mais… », les « deux poids, deux mesures », les « pourquoi défendre la liberté d’expression ici et pas là ? » Ces questions nous sont insupportables, surtout lorsqu’on les entend à l’école, qui est chargée de transmettre des valeurs. »
 Mais alors de quelles valeurs s’agit-il exactement ?

 

La ministre Belkacem en a dessiné les contours après l’annonce du Président-Poire Flanby d’un « acte II » de la refondation de l’école (4).

Les mesures proposées sont notamment :

 

« Un nouvel enseignement moral et civique »
 [s’agit-il d’inculquer aux enfants les valeurs du Système en leur imposant de renoncer à leur libre arbitre ?] ;

 

« Un renforcement de l’éducation aux médias et à l’information »
[s’agit-il d’apprendre aux enfants à aimer la propagande officielle et ses canaux, et à renoncer à la tentation de l’information dissidente sur internet ?]

 

« une Journée de la laïcité célébrée chaque 9 décembre »
 [S’agit-il de promouvoir une laïcité respectueuse des religions, ou cette laïcité nihiliste à la CharlieHebdo qui impose à chacun (enfin presque) d’accepter que sa religion soit injuriée sans broncher, bref, s’agit-il de former des Charlies ?]

 

Lorsqu’une ministre de l’éducation estime que les questions des élèves sont insupportables, l’inquiétude est en effet plus que légitime.

 

Reste qu’aujourd’hui, au lendemain de ce qui se prétendait être un grand rassemblement républicain, la France n’a jamais été aussi divisée entre prédateurs et travailleurs, classe politico-merdiatique et peuple, bobos des villes et kaïras des cités, Juifs, laïcs, musulmans et, désormais, entre Charlie et pas Charlie.

 

 

La loi mobilisée pour une purge idéologique d’internet ?

 

À cette crispation idéologique viennent évidemment s’ajouter les tentations liberticides de l’appareil sécuritaire.

 

Verbatim

Jean-Jacques Urvoas, député PS : « Nous voulons avoir accès aux ordinateurs. »
 Christian Jacob, chef de file des députés UMP : « Si nécessaire, il faudra restreindre les libertés publiques et la liberté individuelle de quelques-uns. »
 Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur : « Dans le combat que nous menons contre le terrorisme, il devra y avoir Internet. »
 Là encore, l’inquiétude est plus que légitime, à plus forte raison lorsque l’on connaît la volonté quasi hystérique du Premier ministre Valls de purger internet selon son goût, et notamment en créant l’amalgame entre antisionisme et antisémitisme (5).

 

Valls, discours au Trocadéro, 19 mars 2014 : « Nous devons faire corps pour combattre cet antisémitisme nouveau, qui se nourrit de l’antisionisme, qui se déverse sur la toile et sur l’Internet. Il nous faut réfléchir, il nous faut travailler, il faut si c’est nécessaire, légiférer. »


 

 

« La guerre, c’est la paix »


 

À l’internationale, bien sûr, c’est la curée.

 

Comme le relève le Figaro : « Un climat d’unanimité inédit a présidé mardi (13 janvier) au vote des députés et sénateurs sur la prolongation des frappes aériennes françaises en Irak contre l’État islamique (EI), alias Daech. »

 

Certes. Qui oserait aujourd’hui critiquer cette décision ? Et peu importe encore une fois si ces djihadistes-assassins sont un pur produit de la politique étrangère conduite par le Bloc atlantiste au Moyen-Orient depuis 25 ans (6). Peu importe si les USA et la France notamment les soutiennent, les entrainent et les financent depuis 3 ans en Syrie notamment.

 

Hier « Tous Américains » ; aujourd’hui « Tous Charlie » et, bien sûr, tous en guerre contre le terrorisme donc, dans cette guerre ingagnable (7) et éternelle à laquelle il est devenu impossible d’échapper.

 

Mais c’est tout bénéfice pour le Système, dont la France politique est devenue un simple rouage.

 

Car comme le pressentait très bien George Orwell dans son roman d’anticipation, « 1984 » : « Peu importe que la guerre ne soit pas réelle, ou, si elle l’est, que la victoire ne soit pas possible. La guerre ne vise pas à la victoire. Elle vise à être continuelle. (…) La guerre est menée par l’oligarchie contre ses propres sujets, et son objet n’est pas de remporter la victoire sur l’Eurasia ou l’Estasia, mais de garder la structure même de la société intacte. »
 La guerre sans fin contre le terrorisme n’a donc d’autre but que de permettre au Système de « perdurer dans son être » ; de permettre à ses privilégiés de conserver leurs privilèges malgré les inégalités croissantes, malgré sa toxicité, malgré la censure et le contrôle, malgré tout.

 

Comme le proclament les dirigeants du régime totalitaire imaginé par Orwell : « La guerre c’est la paix. La Liberté c’est l’esclavage. L’ignorance c’est la force. »
 Dont acte.

 

Postscriptum : « La lutte était terminée. Il avait remporté la victoire sur lui-même. Il aimait Big Brother ».

Georges Orwell, « 1984 », derniers mots.

 

 

 

Par entrefilets.com - le 23 janvier 2014

 

 

Notes :

1La France commence à incarcérer des gens pour des commentaires ironiques

2 Augmentation de 110 % des actes islamophobes

3 « Paris attacks » Pas au nom de l’Islam

4 L’école mobilisée pour former des Charlies

5 Après le terrorisme, les sites antisionistes bientôt bloqués sans juge ?

6 Le Charlie’s Sytem Magic Tour

 7 Le terrorisme ne se combat pas par la guerre, par Pierre Conesa

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La tentation du Patriot Act : traque aux dissidents et suspicion généralisée

La tentation du Patriot Act : traque aux dissidents et suspicion généralisée | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


La tentation du Patriot Act : traque aux dissidents et suspicion généralisée

 

De quoi Charlie est-il le nom ? Ceux qui nous somment de nous identifier à ce personnage imaginaire se garderont bien de répondre si la question leur était posée, et pour cause. Ces trois mots qui sonnent comme un slogan publicitaire sont devenus le symbole d’une tromperie à grande échelle : le détournement d’une émotion légitime et populaire à des fins politiques et même mercantiles !

 

 Surfant sur la vague de stupeur et d’indignation collective provoquée par une agression armée contre des journalistes, le gouvernement fait feu de tout bois : appels à l’unité nationale, surveillance renforcée des citoyens et mesures liberticides et régressives. Mais cette opération de communication pourrait avoir une finalité infiniment plus coûteuse pour les populations qu’un simple resserrement des rangs : valider le choc des civilisations et de là, justifier une guerre civile et militaire contre l’Islam.

 

Et pour requérir le soutien des populations, rien de tel qu’un bon formatage des consciences à propos de la « menace islamique ». Pour cette tâche les bonnes volontés ne manquent pas : rappelons que Charlie est aussi le nom d’un journal qui s’est fait de l’ostracisation des musulmans son fonds de commerce et qui, sur cette question qui fâche, persiste et signe.

 

La belle histoire de l’union nationale face à la barbarie du terrorisme n’aura duré guère plus que le temps qu’une manifestation. Une fois chacun rentré chez soi, la politique reprend ses droits. Et celle à venir a de quoi faire frémir : tentation d’instaurer l’équivalent du Patriot Act étasunien en France, quasi-déclarations de guerre contre l’Islam, prolongation de l’intervention militaire en Irak et, en guise de hors-d’œuvre, batterie de mesures sécuritaires venant s’empiler sur une avalanche de lois antiterroristes dont la dernière en date est seulement vieille de deux mois.

 

Cette volonté à peine voilée d’instaurer la loi martiale en France a montré ce qu’il fallait définitivement penser des grandes tirades pour la liberté d’expression déclamées par les responsables politiques ou les médias mainstream – la présence dans la manifestation de dimanche de chefs d’États ou de ministres bien peu démocrates, la énième mise en examen de l’humoriste Dieudonné, cette fois pour « apologie du terrorisme » (incrimination passible de 7 ans de prison) avaient, il est vrai, déjà dissipé beaucoup d’illusions. Dans un régime totalitaire, il n’y a pas de délinquants, mais des ennemis. Et la suspicion, généralisée, prend pour cible ceux qui sont considérés comme réfractaires aux diktats du pouvoir. Le pli semble être pris si l’on en croit certains journalistes qui recommandent de réintégrer de force les récalcitrants à l’unanimité décrétée par le gouvernement et les médias.

 

L’identification à un journal ouvertement islamophobe est désormais devenue une norme à laquelle chacun doit se plier. Et sur cette question, Charlie Hebdo ne craint pas la surenchère au risque d’attiser les tensions – mais peut-être est-ce là le but recherché. Le dessin de couverture du premier numéro d’après attentat représentant le visage du prophète Mahomet dessiné en forme de pénis (tête de nœud ?) est particulièrement nauséabond. Il paraît dans un contexte d’explosion des actes islamophobes en France et en Europe et de montée en force de l’islamophobie médiatique.

 

Bernard Cazeneuve a d’ailleurs annoncé une protection renforcée des lieux de culte, mais la priorité semble être donnée à ceux de la communauté juive. Depuis l’attentat, plusieurs dizaines de musulmans ont été agressés et une manifestation contre la « menace islamique » est prévue à Paris dimanche 18 janvier à l’image de celles qui ont lieu actuellement en Allemagne sous l’égide du mouvement PEGIDA. Cette « une » particulièrement insultante ne pourra qu’encourager tous ceux qui ont fait de l’anti-Islam leur cheval de bataille.

 

L’histoire se répète toujours deux fois, la première comme tragédie, la seconde comme farce. Cette phrase que l’on attribue à Marx semble ici trouver quelques échos. Il est vrai que l’agression contre les journalistes de Charlie Hebdo n’est pas l’attentat du 11 septembre 2001, que la batterie de mesures sécuritaires de Cazeneuve n’est pas le Patriot Act étasunien et que l’omniprésent « Je suis Charlie » est plutôt léger comparé au « nous sommes tous des Américains ». Mais il ressort que l’exécutif s’est clairement engagé dans la fuite en avant du couple infernal tension/répression aussi bien à l’intérieur (conflits communautaires) qu’à l’extérieur (conflit militarisé). L’expérience montre pourtant que le choix de la guerre contre le terrorisme, en alimentant la menace même qu’elle prétend combattre, est de loin le plus coûteux pour les populations du pays agressé comme pour celles du pays agresseur.

 

 

Par Nicolas Bourgoin (*) - bourgoinblog.wordpress.com – le 14 janvier 2015

(*) Nicolas Bourgoin, né à Paris, est démographe, docteur de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales et enseignant-chercheur. Il est l’auteur de trois ouvrages : La révolution sécuritaire (1976-2012) aux Éditions Champ Social (2013), Le suicide en prison (Paris, L’Harmattan, 1994) et Les chiffres du crime. Statistiques criminelles et contrôle social (Paris, L’Harmattan, 2008).

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