Il y a 30 ans, les Accords monétaires du Plaza | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Accords monétaires du Plaza : cet accord porte le nom de l’hôtel de New York où il a été conclu le 22 septembre 1985. La signature se déroule entre les ministres des Finances des cinq pays capitalistes les plus industrialisés à savoir les États-Unis (James A. Baker III), le Japon (Noboru Takeshita), l’Allemagne de l’Ouest (Gerhard Stoltenberg), la France (Pierre Bérégovoy) et le Royaume-Uni (Nigel Lawson).Source :  live2times.com

 


 Il y a 30 ans, les Accords monétaires du Plaza

Par Bruno Colmant (*)

 

 

L’histoire monétaire est riche d’enseignements, rapidement oubliés. En 1971, les Américains mirent fin aux accords de Bretton Woods qui étaient fondés sur une parité fixe entre les principales devises des pays développés.

 

Cette parité était elle-même transitive, chaque monnaie étant exprimée en un référentiel aurifère. Malheureusement, un tel système suppose une « synchronicité » entre les taux de croissance des pays et surtout des balances commerciales qui tendent vers l’équilibre.

 

Or les États-Unis dégagèrent un déficit structurel lié à la guerre du Vietnam, ce qui les conduisit à imprimer plus de dollars que ce que leurs réserves d’or leur auraient autorisé. Sous des motifs spécieux, le Président Nixon abandonna, de manière unilatérale, la convertibilité du dollar en or avant de saborder l’entièreté des accords de Bretton Woods en 1976 lors des accords de la Jamaïque.


Le dollar s’effondra et atteint, à la fin des années septante, son point le plus bas. Mais, au début des années quatre-vingt, l’économie américaine rebondit, sous l’impulsion du Président Reagan.

 

Le dollar s’apprécia fortement, créant une bulle spéculative sur la monnaie américaine. Le dollar s’apprécia tellement qu’en septembre 1985, différents pays (à savoir les pays du G5, soit les États-Unis, l’Allemagne, le Japon, Le Royaume-Uni et la France) signèrent les accords du Plaza pour atténuer la force du dollar au travers d’interventions sur le marché des changes.

 

Ces accords fonctionnèrent et conduisirent à un affaiblissement structurel du dollar.

 

En 1987, lors des accords du Louvres, les pays décidèrent de mettre fin aux interventions sur le dollar qui avait retrouvé un niveau acceptable. Mais le dollar continua sa glissade, entraînant incidemment le krach de 1987 et contribuant à l’effondrement de l’économie japonaise, dont le Yen devint une devise trop forte.

 

Les accords du Plaza et du Louvre illustrèrent une complète confusion.

 

Quelle leçon en tirer ?

 

Ainsi que la décision de la Banque Nationale Suisse l’a illustré, la gestion des cours de change n’est pas uniquement un paramètre de marché, mais relève des attributs régaliens.

 

Il est donc très naïf de s’avancer à des pronostics dans ce domaine. Et que, comme pour l’euro, les accords monétaires artificiels sont… des artifices.

 

Devant la guerre des monnaies qui est engagée, il faut un accord mondial.

 

 

 

Par Bruno Colmant (*) - blogs.lecho.be – le 22 mars 2015.



(*) Bruno Colmant est membre de l’Académie Royale de Belgique, Docteur en Économie Appliquée (ULB) et Master of Science de l’Université de Purdue (États-Unis). Il enseigne la finance appliquée et l’économie à la Solvay Business School (ULB), à la Louvain School of Management (UCL), à l’ICHEC, à la Vlerick Business School et à l’Université de Luxembourg. Sa carrière est à la croisée des secteurs privés, publics et académiques.