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En Ukraine, les militaires américains apprennent eux aussi à « combattre contre les forces russes »

En Ukraine, les militaires américains apprennent eux aussi à « combattre contre les forces russes » | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : les soldats américains de la 173e brigade aéroportée - Source : Reuters

 

En Ukraine, les militaires américains

apprennent eux aussi à « combattre

contre les forces russes »

 

Les instructeurs américains qui entraînent actuellement les forces armées ukrainiennes ont reconnu que cet entraînement était mutuel, soulignant qu’ils apprenaient eux aussi les techniques de combat des soldats russes.

 

« Cette formation est une formation conjointe », a expliqué au Wall Street Journal le chef de l’état-major de l’armée américaine, le général Ray Odierno, en visite sur la base d’exercices militaires près du Lvov, dans l’ouest de l’Ukraine. Il a avoué que l’armée ukrainienne donnait elle aussi des leçons importantes aux forces américaines même si ces dernières sont venues en Ukraine pour optimiser l’entraînement des soldats ukrainiens.

 

Le général a déclaré aux soldats de la 173e brigade aéroportée américaine, présents sur la base, qu’il était important d’apprendre « comment combattent les Russes et les miliciens », rapporte encore le Wall Street Journal.

 

Les instructeurs américains ont également expliqué que la Garde nationale ukrainienne disposait d’une bonne expérience dans les combats intenses menés contre des troupes bien armées, comme ceux qui impliquent un « feu intense d’artillerie par les forces russes ». Ce type de combat est en revanche quasi-inconnu des militaires américains.

 

« Nous n’avons pas fait face à quelque chose de pareil depuis longtemps », a justifié le général Odierno.

 

Alors que les militaires américains affirment que les forces de Kiev ont combattu les troupes russes dans les régions de Donetsk et de Lougansk, l’administration du président russe et le ministère russe de la Défense ont souligné fermement et à plusieurs reprises que Moscou n’avait jamais envoyé ses troupes dans l’est de l’Ukraine.

 

Cependant, Kiev et l’OTAN continuent d’accuser le Kremlin de soutenir militairement les milices populaires dans le Donbass, sans pour autant fournir de preuves substantielles d’une telle éventualité.

 

Les manœuvres conjointes des forces militaires ukrainiennes et américaines ont été décidées par le président ukrainien Petro Porochenko et le vice-président américain Joe Biden au début du printemps. La formation dispensée par les parachutistes américains de la 173e brigade aéroportée, entamée le 17 avril, doit durer 24 semaines et permettre à près de 900 militaires de plusieurs unités de la Garde nationale ukrainienne d’optimiser leurs connaissances du combat.

 

 

 

Par francais.rt.com – le 10 juillet 2015.

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Ukraine/Donbass : l’enfer «proeuropéen» se déchaîne de nouveau

Ukraine/Donbass : l’enfer «proeuropéen» se déchaîne de nouveau | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Ukraine/Donbass : l’enfer « proeuropéen »

se déchaîne de nouveau

 

L’agglomération de Donetsk a été secouée par 249 explosions en 9 heures, selon les estimations de l’OSCE ce matin. En dehors de Donetsk, il y a une morgue comprenant une vingtaine de cercueils empilés, et un camion fermé servant d’entrepôt mortuaire. C’est de nouveau l’enfer « proeuropéen » qui se déchaîne sur les habitants du Donbass, alors qu’on apprend que 25 % des résidents de Kiev n’ont plus l’électricité, faute de pouvoir payer les factures…

 

Les attaques ces dernières 24 heures contre les zones situées près de Telmanovo, entre le sud-est de Donetsk et le nord-est de Mariupol, ont pu être réalisées par l’artillerie ukrainienne grâce, en partie, aux renseignements collectés par des membres de la mission de l’OSCE, quelques jours avant lors de leurs inspections et qui ont signalé les emplacements des forces républicaines au commandement ukrainien.

 

Rien d’étonnant en somme quand on se souvient que l’OSCE avait fait le même coup en 1998-1999 au Kosovo contre les forces serbes, ce qui avait permis à l’Alliance atlantique de préparer ses bombardements.

 

Vers 14 h 15 (heure locale) aujourd’hui, plusieurs témoins disent avoir aperçu des hélicoptères de combat qui décollaient d’un aérodrome près d’Odessa et prenaient la direction de la région de Donetsk. À Kherson, d’autres témoins disent avoir vu dans le ciel, volant assez bas, des avions militaires d’attaque au sol, probablement des SU-25M1, allant en direction du Donbass, eux aussi. Porochenko, le potentat de Kiev, a affirmé qu’il fera « tout » pour reprendre la main sur les régions séparatistes du Donbass. En tout cas, son armée est en pleine préparation pour une offensive d’envergure.

 

 

Situation incertaine à Marinka

 

 

Vidéos 1 & 2 : la situation hier dans Marinka vue par la télé kiévienne : les commentaires n’ont aucun intérêt, seules les images comptent. À l’évidence, les forces de Kiev sont dans la partie la plus à l’ouest du bourg.

 

Vidéo 1

 

Vidéo 2

 

 

« Si le rapport de forces est en faveur de Kiev, les forces républicaines ont en revanche l’avantage du terrain et de la motivation. Le front craque comme un bras de fer dont on ne sait pour le moment de quel côté il va pencher… », notait Erwan Castel (qui est sur place) le 1er juin en évoquant la situation sur Marinka dont la ligne de front était tenue par deux bataillons de la Garde républicaine de Donetsk.

 

Hier, sous couvert de pilonnages massifs de Donetsk et de sa banlieue, les forces ukrainiennes ont réussi à déplacer de Novoselovka vers Marinka et Krasnogorovka au total deux compagnies mécanisées renforcées de chars lourds avec environ 300 fantassins, plus des éléments des forces spéciales de Kirovograd. Toutefois, les forces armées de la RPD ont stoppé net les forces pro-Kiev et maintiennent le contrôle de la majeure partie au nord du gros bourg. Les combats se sont calmés sur cette zone, mais la situation reste tendue. Les FAN ont réalisé des gains substantiels sur le terrain, mais rien n’est encore terminé.

 

Dans le bourg de Marinka, l’avance républicaine avant-hier, après un certain succès initial, fut entravée en raison de l’activité de l’artillerie lourde de Kiev. Les FAN tiennent ce soir la zone de l’hôpital et le nord du bourg, alors que le centre-ville est toujours disputé. L’opération de mercredi semble avoir coûté aux FAN une cinquantaine de tués et près de 160 blessés, selon le président de la République populaire de Donetsk, Aleksandr Zakharchenko, et plus de 400 combattants auraient été éliminés du côté ukrainien, avec plus d’un millier de blessés. Une soixantaine de véhicules auraient été détruits. Lors d’une conférence de presse à Donetsk, aujourd’hui, un prisonnier de la 28e brigade a estimé le nombre de pertes ukrainiennes à 200 tués. Des chiffres à prendre avec prudence.

 

Mais le but de cette contre-attaque, dès le départ, n’était pas de percer en profondeur dans le dispositif ukrainien, mais d’enrayer une attaque massive lancée sur l’ouest de Donetsk dans la nuit du 2 au 3 juin à partir de Marinka et de Krasnogorovka par les éléments de la 28e brigade mécanisée et du « bataillon Kiev-1 ». D’ailleurs l’engagement de seulement 1.500 combattants et d’un bataillon de 40 chars de la brigade « Oplot » côté républicain ne permettaient pas d’exploiter une éventuelle percée.

 

Les FAN en ont profité pour « nettoyer » Marinka, éliminer les positions d’artillerie les plus proches de leurs lignes de départ, quelques postes de commandement, et mettre la main sur une partie de la logistique ukrainienne sur ce secteur (vivres, munitions, carburant…). Il s’agissait donc plus d’un raid de riposte qu’autre chose.

 

D’autant qu’au sud, vers Volnovakha, la situation devient de plus en plus inquiétante.

 

Le bilan de cette opération sur Marinka est très positif, finalement, pour les FAN. Les DRG ont collecté une foule de renseignements, certaines unités de pointe ayant même atteint Georgivka, voire au-delà (Kurakhovo) sur la N15, avant de rebrousser chemin, une fois le « travail » accompli. Le dispositif ukrainien a été fortement ébranlé, plusieurs batteries d’artillerie et leur logistique ont pu être neutralisées, les capacités de réaction des forces de Kiev ont été ainsi testées et s’avèrent être toujours assez médiocres.

 

 

Assaut ukrainien entre Donetsk et Mariupol

 

Si, toute la journée d’hier, l’artillerie ukrainienne s’est déchaînée sur les positions républicaines sur l’ensemble du pourtour du front du Donbass, durant cette journée du 5 juin, elle s’est concentrée notamment sur les positions de première ligne et même contre les 2e et 3e échelons des FAN situées entre le sud-est de Donetsk et le nord-est de Mariupol. L’artillerie lourde kiévienne a durement frappé une partie de la nuit les forces républicaines et les agglomérations à l’aveugle, notamment vers Starobeshevo et Telmanovo.

 

Vers 22 h puis vers 23 h 10, heure de Paris, c’est le bourg de Razdolnoe, à 15 km au nord de Telmanovo et au sud de Starobeshevo, qui a subi les premières frappes de Grad et d’Uragan positionnés vers Starognatovka.

 

Ces frappes ont fait de nombreuses victimes et des dégâts considérables. Plusieurs explosions ont eu lieu près du terrain de jeu pour enfants. Un jeune garçon a reçu des éclats en pleine poitrine, une vieille dame a été blessée dans sa cuisine, au 4e étage d’un immeuble, elle a survécu miraculeusement, une petite fille de 4 ans a été tuée…

 

Les FAN ont immédiatement réagi en frappant avec leurs batteries Grad des positions ukrainiennes près de Volnovakha.

 

 

 

 

À l’évidence, les forces de Kiev auraient pour objectif de capturer Dokuchaevsk, puis d’avancer sur Starobeschevo et de progresser jusqu’aux faubourgs sud de Donetsk. Hier soir, quelque 40 blindés ukrainiens étaient signalés à l’ouest de Starobeshevo en positon d’attente. En milieu de matinée, on craignait une possible attaque ukrainienne vers Belokamenka (à 20 km au nord – ouest de Telmanovo). Vers 20 h (heure locale), le secteur était toujours sous le feu des obusiers de 122 mm D-30 ukrainiens. Et dans le même secteur, Belokamenka Selo et Grigorovka (plus au sud) recevaient une heure plus tard des frappes concentrées de mortiers de 120.

 

Ailleurs, et notamment sur le secteur de Donetsk, la pression ukrainienne n’a pas faibli. Depuis hier, sur Spartak et sur la périphérie ouest de Donetsk, les accrochages et les duels d’artillerie n’ont pratiquement pas cessé. Vers 14 h 15 (heure locale), on signalait des combats à proximité du centre commercial Métro qui jouxte l’aéroport de Donetsk, et plusieurs drones sont été aperçus au-dessus de la grande agglomération, aussitôt pris pour cibles par les bitubes antiaériens ZU-23/2 des FAN.

 

 

Alerte en Transnistrie

 

Alors que la République de Transnistrie, ou Pridnestrovié, vient de mobiliser quelque 50.000 réservistes, les forces de Kiev massent des troupes à sa frontière. Le phénomène n’est pas nouveau, mais prend de l’ampleur depuis quelques semaines et, surtout, depuis la nomination de Mikhail Saakachvili, l’ex-dictateur géorgien, à la tête de la région d’Odessa.

 

En cas de crise majeure, Tiraspol peut aligner cinq divisions d’infanterie. Ses réserves disposent de suffisamment d’armes et de matériel militaire afin de repousser une attaque, à la fois du côté de l’Ukraine et de la Moldavie. Car cette bande de terre entre la Roumanie et l’Ukraine est stratégique pour Moscou qui dispose encore d’importants dépôts de munitions (20.000 tonnes !) et de matériels divers.

 

D’autant que la situation peut évoluer dans le cas où la Roumanie, membre de l’OTAN, décidait d’intervenir, suite à des provocations planifiées à la fois par le Département d’État américain (et ses relais locaux) et le SBU, la police politique kiévienne véritable antichambre de la CIA depuis février 2014. Des provocations qui peuvent intervenir près de la frontière avec l’Ukraine, dans la ville de Kotovsk. D’aucuns croient savoir que des opérations de services spéciaux occidentaux et ukrainiens ouvriraient la voie à un scénario militaire destiné à forcer le Kremlin à intervenir militairement d’une manière ou d’une autre et, de facto, entraineraient une guerre régionale, voire plus.

 

Le SBU et certaines ONG occidentales pilotées par le Département d’État semblent avoir commencé à recruter parmi de jeunes marginaux stipendiés, dans le but de fomenter des troubles, au prétexte de provocations contre, par exemple, la nomination de Mikhaïl Saakachvili. L’important dans cette opération serait de maintenir, avec des relais médiatiques occidentaux, un principe « de droit » quant à la préservation de la souveraineté de l’Ukraine contre des « terroristes pro-russes », afin de justifier aux yeux de l’opinion occidentale la nécessité d’une intervention en Transnistrie. Déjà, à partir de Melitopol et de Nikolaev, des troupes ont déjà été transférées à l’ouest de la région d’Odessa.

 

Cette intervention permettrait de placer la Moldavie sous la coupe atlantiste, alors que son opinion publique semble, ces derniers temps, secouée par des revendications autonomistes croissantes, suite aux actions de Washington et de Bruxelles en Ukraine depuis plus d’un an.

 

Il y a donc risque de voir toute une population se tourner à nouveau vers Moscou. « Ainsi conserverait-elle une forme d’unité », commente Yves Bataille, géopolitologue français installé à Belgrade en Serbie et qui suit de près les événements.

 

Et de poursuivre : « Dans la région, les deux nationalismes manipulés aujourd’hui par Washington, l’ukrainien et le moldave ou grand roumain, ne peuvent agir en synergie contre l’ennemi commun russe qu’un court instant. Cette manip ne peut que péter dans les doigts de Washington, car les deux nationalismes en question sont antagonistes et donc se neutraliseront mutuellement s’ils sont activés contre le Pridnestrovié ».

 

Les sondages menés récemment en Moldavie démontrent que 32 % de la population soutient toujours l’idée d’adhésion à l’UE, contre 78 % en 2007. La moitié des sondés se prononcent pour l’adhésion à l’Union eurasiatique…

 

 

 

Par Jacques Frère NationsPresse.info – le 5 juin 2015.

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Escalade : les États-Unis envoient un bataillon de parachutistes en Ukraine

Escalade : les États-Unis envoient un bataillon de parachutistes en Ukraine | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Escalade : les États-Unis envoient

un bataillon de parachutistes en Ukraine

 

Il faut croire que ça va sérieusement mal, dans le Donbass, pour les troupes du président Porochenko. Après la Grande-Bretagne, les États-Unis viennent donc de décider officiellement l’envoi de quelque 600 parachutistes appartenant à la 173e brigade aéroportée.

 

L’annonce en a été faite lundi par le colonel Michael Foster, commandant de la brigade en question, et confirmée par Ben Hodges, haut commandant des forces américaines en Europe.

 

L’arrivée des premiers éléments de ce bataillon formé au combat est prévu d’ici le 8 mars. Leur mission ? Non, non, pas combattre, bien sûr ! Mais former ce qui reste des troupes de Kiev aux maniements des armes américaines en voie d’expédition.

 

En attendant, pour meubler le silence assourdissant des bruits de bottes, le Premier ministre italien, Matteo Renzi, se rend à Kiev et à Moscou « pour évoquer le règlement de la crise ukrainienne » (4 et 5 mars). La chancelière allemande, Angela Merkel, invite les principaux protagonistes à un pince-fesses berlinois « format Normandie » pour papoter des avancées du cessez-le-feu. Et pour ne pas être en reste, François Hollande déclare dans un communiqué que malgré des « progrès » dans la résolution du conflit, la situation doit encore être « améliorée ».

 

Nul doute que les 600 paras de la 173e brigade US et leurs collègues britanniques vont s’y employer avec zèle sur le terrain. D’ailleurs, sur le sujet, le colonel Michael L. Foster fait dans la fine nuance (vidéo) : « Si la Russie envahit l’Ukraine, qu’est-ce qui nous dit qu’ils n’envahiront pas les États-Unis après ? »

 

 

 

 

Par le Yéti - politis.fr – le 3 mars 2015

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Kiev, un an après

Kiev, un an après | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Source carte : tv5monde.com


 

 

Kiev, un an après

Par Rafael Poch (*)

 

 

Aujourd’hui, triste date anniversaire du massacre de Kiev, qui a fait des dizaines de victimes tant du côté des manifestants que des policiers. Personne n’a tenté d’analyser cet évènement essentiel au troc d’un gouvernement ukrainien, rétif à l’idée d’une soumission pleine et entière vis-à-vis de l’OTAN et de l’Union européenne, contre un régime malléable. À cet égard, la nouvelle administration de Kiev s’est fait juge et partie d’une mascarade sans nom. Et les puissances occidentales instigatrices du mouvement n’ont, elles, pas souhaité ouvrir d’enquête indépendante.

 

 

La Centurie céleste

 

Ces morts, élevés au rang de « centurie céleste », ont en fait été victimes d’une récupération éhontée à la gloire du nouveau régime, comme fruit d’une épopée populaire. Un an après, la chaîne Arte propose un reportage en images qui témoigne de la violence du mouvement.

 

Le documentaire s’achève sur des plans de manifestants morts, sans montrer aucune image des policiers ayant eux aussi succombé. Voici les noms de quelques-uns d’entre eux, plus exactement onze, dont j’ai moi-même dressé la liste au cours d’une commémoration à Odessa : Sergei Spichak, Vasili Bulitko, Andrei Fedyukin, Sergei Tsengun, Dmitri Vlasenko, Vladimir Evtushok, Vitali Goncharov, Aleksei Ivanienko, Maksim Tretiak, Piotr Savitski, Iván Tepliuk. Tous tués par balle. La liste n’est pas exhaustive. Les médias ukrainiens ne les ont jamais mentionnés, pas plus que d’autres policiers et adversaires de la Révolution de Maïdan, tombés au cours de ces journées, dont le nombre avoisinerait la vingtaine, sur les 98 victimes officielles.

 

Empêtré dans une guerre civile en mal de mythologie patriotique, le nouveau régime a fondé l’« Ordre de la Centurie Céleste », véritable apologie du « courage civique et du patriotisme ». Certaines rues ont ainsi été rebaptisées et le nouveau président, également septième fortune ukrainienne, Petro Poroshenko, a déclaré le 20 février « Journée des cent héros célestes » en souvenir de la « Révolution de la Dignité ».

 

Comme je l’ai souligné en novembre dernier dans « l’Ukraine : le conflit provoqué par l’Occident » l’unique étude universitaire de ce massacre, réalisée par le professeur Ivan Katchanovski, de la School of Political Studies (École d’Études politiques) de l’Université d’Ottawa conclut :

 

« Les preuves indiquent qu’une coalition d’éléments de l’opposition et de l’extrême droite a participé au massacre de manifestants et de policiers, mais l’implication des unités spéciales des forces de l’ordre, dans la mort de certains manifestants, n’est pas à exclure. Le nouveau gouvernement, arrivé au pouvoir en grande partie grâce à ce massacre, a maquillé les résultats de l’enquête, et les médias ukrainiens ont contribué à déformer la réalité des faits. Les preuves nous disent que l’extrême droite a joué un rôle prépondérant dans le violent renversement du gouvernement ukrainien ».

 

Un an plus tard, la BBC, l’une des chaînes phare en matière de propagande des guerres ou changements de régime fomentés par les puissances occidentales, considère qu’au moins certains des tireurs appartenaient aux forces antigouvernementales : trop peu et trop tard pour exiger une décence informative minimale. (The untold story of the Maidan massacre par Gabriel Gatehouse. BBC News, 12 Février 2015.)

 

 

Un risque connu

 

Il est évident que si tout ceci s’était produit dans des circonstances et lieux inversés — un gouvernement favorable aux intérêts occidentaux, au Mexique ou au Canada, renversé sous l’égide de la Chine ou de la Russie, avec des hommes politiques de premier plan, russes, chinois et vénézueliens descendus dans la rue pour exprimer leur soutien à la foule des manifestants et leur distribuer des friandises — nul n’aurait qualifié l’évènement d’avancée démocratique, mais bel et bien de scandaleux et sanglant coup d’État, d’intolérable ingérence étrangère, de terrorisme, et j’en passe… La guerre, point d’orgue de vingt ans de politique extérieure et de sécurité européenne sans et contre la Russie, résulte d’un « expansionnisme russe ».

 

La fragilité de l’Ukraine était une évidence pour tout observateur, et ce, depuis longtemps. Un article publié dans ce journal le 22 décembre 1991 faisait état des onze millions de Russes composant la nouvelle Ukraine, et disait en substance : « cette réalité démographique existe et se concentre majoritairement au sud-est de l’Ukraine, comme une grande Slavonie larvée. Et ce ne sont ni la prévisible aggravation de la crise économique, ni les malentendus d’ordre militaire ou commerciaux ou encore la pauvreté de culture démocratique chez les dirigeants des deux États, qui vont diminuer les risques ». Qui aurait pu dire alors que le péril majeur découlerait de l’expansionnisme politico-militaire de l’Euroatlantide dans la région, avec une OTAN, non seulement bien présente, mais disposant d’encore plus d’infrastructures matérielles et humaines en Roumanie, Bulgarie, Turquie, Pays Baltes et Pologne, comme de relations militaires et de bases dans la majorité des républiques anciennement soviétiques ; pour ne citer que le bouclier d’acier entourant la Russie.

 

 

La fragilité de Minsk

 

La conséquence directe des succès militaires des forces prorusses a donné naissance au second accord de Minsk entériné ce mois-ci. Mais il comporte un problème de taille, car il exclut de nombreuses factions hostiles à tout dialogue réaliste. Les États-Unis n’y figurent pas. Ils craignent que la France et l’Allemagne ne parviennent à trouver un modus vivendi avec la Russie, et donc de voir leur mainmise sur la politique extérieure et la sécurité européenne partir en fumée. Mieux vaut la guerre. Donner à l’Europe son propre Afghanistan est préférable à une quelconque perte de contrôle. Tel est le plan de l’Empire du chaos, le même que celui qui a mis le Moyen-Orient à feu et à sang. Sur ce point, il faut se préparer au pire.

 

Au sein de l’espace européen, la Pologne, l’Estonie, la Lituanie et la Lettonie, se montrent clairement opposées à cet accord qu’ils tiennent pour une concession. Donald Tusk, le président polonais germanophile du Conseil de l’Europe, exprime ouvertement son scepticisme. Le gouvernement de Kiev est lui-même divisé : les groupes armés d’extrême droite ont affirmé leur hostilité vis-à-vis de l’accord, tandis que le Premier ministre Yatseniuk s’aligne totalement sur les positions de Washington et que le Président Poroshenko surfe sur toutes les options avec des visées spéciales sur l’Allemagne.

 

Face à une question aussi délicate, l’ambiguïté du seul espoir possible, à savoir le bon sens de l’Allemagne et de la France, est encore plus inquiétante. Que peut-on encore espérer de personnages tels que Merkel et Hollande, qui ont révélé leur valeur dans la catastrophique gestion de la crise européenne ? À Munich, Merkel s’est expliquée sur la raison d’être de l’accord de Minsk et sa répugnance à armer l’Ukraine : « on ne peut pas battre militairement la Russie ». « Telle est l’amère réalité », a-t-elle répondu à un sénateur US. Lorsque la question a été posée à sa falote ministre de la Défense, Ursula von der Layen, à savoir pourquoi les Kurdes bénéficient-ils d’un soutien militaire dans leur lutte contre l’État Islamique, alors qu’on le refuse aux Ukrainiens, celle-ci a répondu sur le même mode : les kurdes, au contraire des Ukrainiens, ont les capacités nécessaires pour vaincre militairement leurs adversaires.

 

 

Retour en 1983

 

Le climat de la conférence fut plus belliqueux et agressif que jamais. La Russie en fut l’unique sujet avec, au centre des débats, l’Ukraine : pour ou contre l’armement. Sans même un semblant d’estimation des responsabilités. Dans la salle de réunion de l’hôtel de luxe où se déroule chaque année la conférence, l’intervention de l’autrefois respecté ministre des Affaires Étrangères russe, Sergei Lavrov, s’est vue ponctuée de rires et questions d’une agressivité sans précédent. Dans une démonstration époustouflante de revirement, le discours de Merkel a exprimé la gratitude du peuple allemand au « courage des peuples d’Europe Centrale et Orientale » dans leur lutte anticommuniste. Nous lui devons, a-t-elle déclaré, la réunification de l’Allemagne. « Jusqu’à présent, l’usage voulait que l’on cite la contribution des dirigeants de la nouvelle URSS à ce sujet, mais les temps changent », déclare, avec philosophie, un expert russe qui assistait au cirque de Munich. Il faut remonter jusqu’à l’automne 1983, en pleine ère Andropov, après la destruction d’un Boeing sud-coréen par les Soviétiques, pour se heurter à autant d’hostilité envers Moscou que celle qui prédomine aujourd’hui en Europe, ajoute Andrei Kortunov, politologue occidentaliste russe reconnu.

 

« Avant les experts savaient faire la différence entre propagande et analyse, aujourd’hui, on assiste à un mélange de genres inquiétant », dit également cet observateur pour qui le problème le plus important vient de « la difficulté qu’ont les États-Unis d’Amérique à reconnaître les limites de leurs propres possibilités ». À une époque d’émergence de nouveaux pôles de pouvoir mondiaux, « Washington continue d’entretenir l’état d’esprit du : nous pouvons tout faire », dit-il.

 

 

Le remède grec appliqué à l’Ukraine

 

La situation économique de l’Ukraine est catastrophique. L’activité de « Yuzhmash », la grande industrie de Dnipropetrovsk est paralysée. Depuis huit mois les ouvriers ne perçoivent aucun salaire et dix mille d’entre eux ont été invités à aller voir ailleurs. L’industrie automobile est au point mort : en janvier, 352 unités ont été produites. Sous la pression du Fonds Monétaire International, à qui l’exemple de la Grèce n’a pas suffi et qui applique donc la même politique à l’Ukraine, le prix du gaz va être multiplié par cinq au premier trimestre 2015, de même que les dépenses courantes telles que l’eau, l’électricité, etc. Des millions d’Ukrainiens au seuil de la pauvreté vont en subir les conséquences. Ce qui ne manquera pas de gangrener le climat social et d’aggraver les conditions de violence, désordre et guerre civile dans un pays saturé de bataillons et de milices mécontentes où la population se dérobe en masse au recrutement militaire.

 

 

Reculer serait se discréditer

 

Le problème de fond c’est que personne ne peut se permettre de revenir en arrière sous peine de s’exposer à de graves déboires. Si les États-Unis cèdent et permettent aux Européens divisés de parvenir à un modus vivendi avec Moscou, en suspens depuis la fin de la guerre froide, leur influence en Europe diminuera considérablement. Que faire, alors, de l’OTAN, organisation en charge de la déstabilisation continentale dont le but est précisément de préserver ladite influence en militarisant la politique extérieure ? Qu’adviendrait-il du principe d’autorité (« L’Euroatlantide et le principe d’autorité ». Rafael Poch, 5 février 2015), si les puissances émergentes se mettaient à suivre le mauvais exemple du défi russe proclamant haut et fort qu’il est possible de contenir militairement l’intrusion impérialiste occidentale ? Sur ce plan-là, un retour en arrière est presque inconcevable. Quant à Moscou, reculer reviendrait à reproduire le schéma de 1905 : le discrédit national absolu serait jeté sur le régime de Poutine et ouvrirait une porte à des scénarii chaotiques de nationalisme russe décuplé et de grande agitation sociale. Si l’Occident en fait une affaire d’image, de prestige de la discipline impérialiste, il s’agit d’une question de vie ou de mort pour Moscou.

 

Un an après le grotesque cortège de ministres européens assurant de leur solidarité et distribuant des friandises sur la place de Kiev, nous nous trouvons face à une guerre dont personne n’entrevoit l’issue. C’est maintenant à l’Allemagne qui nous a conduit au désastre de l’euro de nous sortir de ce bourbier. Que le ciel nous vienne en aide !

 

 

 

Par Rafael Poch (*) pour La Vanguardia, El Diario de París.(20 février 2015) La Vanguardia - traduit de l’espagnol pour El Correo par : Florence Olier-Robine – le 25 février 2015

 

 

(*) Rafael Poch-de-Feliu a étudié l’histoire contemporaine à Barcelone et l’histoire de la Russie à Berlin-Ouest. Il a été correspondant de « Die Tageszeitung » en Espagne, rédacteur en chef de l’agence DPA à Hambourg et correspondant itinérant en Europe de l’est de 1983 à 1987.

De 1988 à 2002, il a été correspondant de « La Vanguardia » à Moscou.

Correspondant de « La Vanguardia » en Chine d’août 2002 à novembre 2008. Il est actuellement le correspondant de « La Vanguardia » à Berlin. (Source : grijalvo.com)

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LA RTBF, UN MÉDIA ASSERVI À LA PROPAGANDE DE GUERRE

LA RTBF, UN MÉDIA ASSERVI À LA PROPAGANDE DE GUERRE | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Source dessin : Gilles Laurent Gattine-Cattala


 

 LA RTBF, UN MÉDIA ASSERVI

À LA PROPAGANDE DE GUERRE


 



Cécile et moi avons croisé une équipe de la RTBF menée par la carriériste Aurélie Didier, très attachée à satisfaire les canons de la politique éditoriale de son média servile.

 

Nous nous sommes prêtés au jeu de ces reporters belges, espérant peut-être qu’ils soient une exception émergeant du troupeau des esclaves médiatiques. Peine perdue : Aurélie Didier ne révèle finalement dans sa production finale qu’une allégeance à une propagande de guerre pratiquant un étiquetage réducteur et simpliste de ceux qui s’opposent à la dictature de la pensée unique et russophobe.

 

Voilà encore une journaliste qui aurait dû se contenter de présenter la météo, à condition de limiter les commentaires à chaud ou froid et de faire venir le mauvais temps... de l’Est bien sûr !

 

Pour info, voici la première salve que je lui ai adressée par courriel aujourd’hui : 

 

***


Aurélie Didier,

 

Je viens de voir l’article et le journal sur le site de la RTBF et sans en être surpris (votre média a déjà été épinglé en flagrant de média mensonge), mais je tiens ici à relever certains de vos commentaires, très orientés et déformant la réalité et surtout de caractère diffamatoire... ceci afin que vous compreniez mon jugement.

 

Quelques exemples seulement, car je n’ai pas de temps à perdre avec des laquais serves tels que vous, qui confondent l’information journalistique avec la communication propagandiste.

 

« Les intéressés tiennent un discours anti-immigration, antiaméricain et conservateur »

 

Primo, je n’ai jamais abordé le sujet de l’immigration avec vous, ceci est hors sujet et si vous avez retenu cet extrait de phrase de Cécile sur plus de 4 heures de conversation réalisée, c’est parce que cela confortait un préjugé personnel.

 

Secundo, être contre la politique impérialiste menée par les USA est une chose, être antiaméricain est une autre chose, le peuple américain n’est pas responsable de la politique menée par ses gouvernements successifs et donc n’est pas l’objet de notre réaction. Contraire au peuple russe qui subit des sanctions occidentales lorsque la politique de son gouvernement s’oppose à l’expansion de l’OTAN.

 

Tertio, vous me dites « réactionnaire » quand je vous ai dit justement être « conservateur » sémantiquement c’est une inversion métapolitique (pour info, Svoboda et prayvi Sector eux sont des réactionnaires qui veulent restaurer une idéologie passée. Kirchner, Junker, Poutine, Douguine, Chavez, etc. ou plus près de vous Steuckers sont des conservateurs qui projettent des valeurs dans une idéologie évolutive qui s’adapte au présent et imagine l’avenir) notre engagement est apolitique et donc ne peut — être réactionnaire !

 

Mais je comprends pourquoi ce choix de « réactionnaire » de votre part, ce n’est pas une erreur sémantique, mais un choix judicieux pour la charge émotionnelle négative qu’il transporte dans l’esprit du téléspectateur...

 

« Leur engagement surprenant montre toute la séduction que peut exercer Vladimir Poutine, même chez certains Européens »

 

Quand vous ai-je dit que nous venions défendre Poutine ?

 

Nous sommes venus pour participer à la défense du Donbass contre l’agression de Kiev et la position du Président Poutine même si nous l’approuvons n’influence aucunement notre engagement.

 

Votre conclusion simpliste est ici une extrapolation d’une réponse donnée à une question posée sur le personnage.

 

Dommage que vous n’avez pas parlé pâtisserie, on serait ainsi venu dans le Donbass pour défendre la tarte aux poires chocolatées, cela aurait au moins fait rire le téléspectateur.

 

Là encore votre insertion « surprenante » relève plus d’une russophobie mal contrôlée que d’une saillie pertinente, car si vous prenez 5 min pour regarder une carte du monde et un livre d’Histoire et vous conviendrez que ce qui est « surprenant » c’est notre allégeance aux USA ! Moscou est plus proche de Paris que Washington !

 

Quant à votre choix suivant du mot « séduction », c’est tout simplement pitoyable et relève d’une caricature grotesque du président Poutine. Qui est venu séduire les Ukrainiens sur le Maïdan avec des flagorneries libérales, des contrats FMI et des gâteaux : BHL, Mac Cain, Ashton, Lagarde etc...

 

La Russie, au contraire, s’est montrée intransigeante sur ses valeurs et tolérante sur le choix des peuples, quand l’Union européenne se montrait intolérante sur le processus démocratique et transigente sur les alliances servant ses intérêts économiques, mais je doute au degré d’hypnose servile dans laquelle vous êtes que vous ne saisissiez la différence.

 

Personnellement, je considère que vous nous avez trompés gravement, et avez réalisé une manipulation mentale de vos téléspectateurs, conforme à une politique éditoriale servant la propagande de guerre menée par les USA et leurs laquais de l’Union Européenne, et bien sûr l’interview à la gare routière bombardée qui mêlait le sujet à l’actualité (priorité pour un journaliste digne de ce nom) ne pouvait être insérée... politiquement inacceptable, sauf bien sûr si l’obus avait été tiré par les pro-russes...

 

Bref, votre reportage est une déformation de la vérité où le montage n’a pour objectif que de servir une conclusion déjà définie par vos patrons. Je vais toutefois demander à votre Direction (sans trop d’illusion) un droit de réponse, car vos insinuations sont des allégations mensongères qui ne servent qu’une propagande de guerre et déshonorent votre profession...

 

Recevez chère Aurélie l’expression des sentiments que votre comportement fourbe m’inspire, mais rassurez-vous, car vous êtes désormais admise dans la grande famille des « journaleux » du Nouvel Ordre Mondial...

 

Erwan Castel 


***

 

Par Erwan Castel — Via Stéphane S. Stéphane – le 15 février 2015

Koter Info's insight:


La trop grande famille des « journaleux »

du Nouvel Ordre Mondial...

ou un reportage fait par une connasse.


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Kiev viole les accords de Minsk, Washington approuve

Kiev viole les accords de Minsk, Washington approuve | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Kiev viole les accords de Minsk,

Washington approuve

 

6.06.15 — Les Forces armées ukrainiennes ont déplacé dans l’aire de Kramatorsk, au nord de Donetsk (depuis l’été 2014 contrôlée par les troupes de Kiev) trois batteries de missiles « Tocka-U ».  Contropiano.org 

 

C’est le vice-ministre de la Défense de la République Populaire de Donetsk, Édouard Bassourine qui l’a rendu public. Basourine, pendant qu’il soulignait que Kramatorsk se trouve à 70 km de la ligne de démarcation entre les forces gouvernementales et celles des milices populaires, il a dit aussi que celui-ci n’est pas le seul cas de délocalisation d’armes lourdes dans le Donbass de la part de Kiev et ceci arrive sur le fond des déclarations du président Porochenko selon lequel il entend conduire des négociations seulement avec un « Donbass ukrainien ».

 

Des affirmations qui ne semblent pas vraiment en ligne avec les accords de Minsk de février dernier (d’ailleurs, dans les derniers jours Kiev a informé officiellement ses propres « partenaires européens » du rapprochement de l’artillerie lourde de la ligne de démarcation, en violation de ces accords) sur le statut spécial à attribuer au Donbass.

 

Des affirmations qu’il semble aussi difficile de ne pas lier à la nouvelle d’aujourd’hui sur la démission de la charge par la représentante spéciale OSCE pour l’Ukraine, la suisse Heide Tagliavini : plusieurs observateurs associent la décision de Mme Tagliavini justement à la violation ouverte, de la part de Kiev, le 3 juin dernier, des accords de Minsk et la nouvelle exacerbation du conflit dans le Donbass qui en est la conséquence. En rapport à la décision de Mme Tagliavini, le représentant de la République Populaire de Lugansk à ce qu’on a appelé le « Groupe de contact » (le groupe de travail pour la mise en exécution des accords de Minsk qui réunit des représentants de Kiev, Moscou, Républiques Populaires et OSCE), Vladislav Dejnego, a exprimé le souhait que cela n’influence pas cependant, les colloques de Minsk et a exclu que la démission, à son avis, puisse être motivée par les résultats insuffisants obtenus au cours de la dernière tournée de colloques, le 2 juin dernier.

 

D’autres observateurs pointent de l’index précisément la rencontre de mardi dernier, pendant laquelle les parties n’avaient pas trouvé d’accord ni sur l’ultérieur échange de prisonniers, ni sur l’amnistie des miliciens, ni sur les modifications à apporter à la Constitution ukrainienne (concernant le statut du Donbass : autonomie, « décentralisation » : dans tous les cas, assurance de droits certains par rapport au pouvoir central), ni sur la promotion d’élections locales dans le Donbass. Une source proche du Groupe de contact a déclaré à Interfax que Tagliavini, après avoir renvoyé la prochaine rencontre au 16 juin, en raison de la position d’ultimatum exhibée par les représentants de Kiev le 2 juin, aurait pris la décision de la démission.

 

Et c’est ainsi que le faucon Premier ministre Arseni Iatseniouk, en couple avec le ministre des Finances, l’Ukraino-Américaine Natalie Jaresko décide de voler aux USA à la recherche d’ultérieurs soutiens financiers à la politique agressive de Kiev dans le Donbass.

 

En plus des représentants du Congrès, le duo a en programme des rencontres avec les représentants du FMI, avec la communauté ukrainienne, tout en intervenant ensuite au forum du Comité judéoaméricain. Il sera intéressant de voir si la communauté hébraïque américaine accueillera favorablement un Premier ministre qui se maintient au gouvernement grâce aux bataillons néonazis, qui érige au rang de fêtes nationales les dates de naissance soit du collabo Ostap Bandera, soit de son armée philonazie, qui collabora avec les SS à l’extermination de centaines de milliers de soldats soviétiques, de citoyens ukrainiens, hébreux et polonais, ou si au contraire les intérêts actuels des lobbies financiers et industriels en soutien à la politique de Kiev finiront par prévaloir.

 

Dans tous les cas, à Moscou on regarde avec préoccupation la diminution et l’affaiblissement des opportunités de réaliser les accords de Minsk, suite à l’exacerbation de la situation dans le Donbass et à l’ouverte violation du cessez-le-feu, enregistrées cette semaine. C’est ce qu’a déclaré le porte-voix présidentiel Dmitri Peskov, en répondant de cette façon à la question qui lui a été posée par quelques médias, si étaient encore actuelles les paroles prononcées il y a quelques jours par Vladimir Poutine au cours d’une interview au Corriere della Sera (parue aujourd’hui sur le quotidien milanais), selon lequel avec la réalisation des accords de Minsk on avait pu interrompre les actions de guerre les plus actives dans le sud-est de l’Ukraine et on avait pu éloigner l’artillerie lourde.

 

En ce sens, même le président du Parlement de la DNR, Andreï Pourguine a dit que la réactivation du conflit est le résultat du manque de volonté, de la part de Kiev, de conduire un dialogue politique concret avec les Républiques populaires de Donetsk et de Lugansk ; « En l’absence d’un processus politique » a dit Purghin, « on a naturellement une péjoration de la situation militaire. Si le cessez-le-feu n’est pas soutenu par un dialogue politique, si les temps de ce dialogue ne sont pas satisfaisants, si les politiques se taisent, alors, tôt ou tard, ce sont les canons qui vont parler. »

 

Mais, comme désormais depuis quelques jours, soit depuis les premiers bombardements ukrainiens sur Marïnka et Krasnogorovka, vont en répétant plusieurs observateurs, le plan de ceux qui ont rallumé les mèches ne prévoit pas de dialogue politique. Ou, du moins, il le prévoit en une tout autre direction.

 

C’est ainsi que dans la fin de la soirée de vendredi, selon ce qui a été rapporté par Interfax, Porochenko s’est entretenu au téléphone soit avec Barack Obama soit avec Angela Merkel, pour « coordonner » les positions à assumer concernant les sanctions anti-russes à la veille du G7 de dimanche et lundi en Bavière, en vue aussi probablement d’une direction de marche non univoque entre Washington et quelques capitales européennes. En particulier, Mme Merkel a parlé ces jours-ci de l’intention allemande de discuter, au sommet du G7, de la coopération avec la Russie, exclue du « G8 » pour sa réaction au putsch philo-occidental et à l’agression armée ukrainienne contre le Donbass, mais qui peut toujours être utile lorsque les choses tournent au vinaigre pour Kiev, ou bien quand sur le tapis il y a les questions moyen-orientales ou libyennes, comme l’a admis le ministre des Affaires étrangères allemand Frank-Walter Steinmeier.

 

Et encore en vue du sommet G7, selon des sources d’information états-uniennes, rapportées par Ria-Novosti, le chef du Pentagone, Ashton Carter, aurait conduit le 5 juin une réunion secrète à Stuttgart, avec la participation de diplomates et de militaires américains en Europe, consacrée spécifiquement au thème « Russie », à sa « contention », aux sanctions contre Moscou, à l’ultérieure aide militaire par certains pays européens, au financement de « sphères non traditionnelles », comme celle de la cybersécurité. Selon Carter, les sanctions ne sont pas au fond si efficaces « pour contraindre Poutine à changer son cours » et les USA devront recourir « à d’autres ressources », tout en reconnaissant l’« agressivité » de Moscou.

 

Pendant que le président Porochenko, dans la conférence de presse d’aujourd’hui au terme des colloques avec le Premier ministre canadien Stephen Harper, a déclaré, l’air de rien, qu’en ce moment Kiev ne poursuit pas le déplacement de systèmes de missiles occidentaux en Ukraine et, par ailleurs, les instructeurs canadiens arriveront dans peu de temps dans le pays pour l’entraînement des militaires ukrainiens, nous verrons dans les prochains jours si le « jeu de rôles » entre les deux rives de l’Atlantique, qui est en train de se poursuivre aussi au G7, mènera à une ultérieure dégradation de la situation dans le sud-est de l’Ukraine ou bien au retour à la discussion politique. 

 

 

 

Par Fabrizio Poggi (contropiano.org) — PAR SEGESTA3756http://blogs.mediapart.fr — le 8 juin 2015.

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Steinmeier et Schmidt somment les États-Unis de cesser d’aggraver la guerre en Ukraine

Steinmeier et Schmidt somment les États-Unis de cesser d’aggraver la guerre en Ukraine | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : l’ancien chancelier Helmut Schmidt (à gauche) et le ministre allemand des Affaires étrangères Franck-Walter Steinmaier ont fait savoir à quel point ils s’inquiètent du bellicisme de Washington.

Crédit : AP

 

 

Steinmeier et Schmidt somment les États-Unis de cesser d’aggraver la guerre en Ukraine

 

 

Deux personnalités allemandes de renom, de même qu’un éventuel candidat démocrate à la présidence des États-Unis, ont fait un pas en avant pour combler le vide politique dans la région transatlantique, et créer les conditions d’un changement brutal de politique afin d’échapper à une guerre mondiale et à une catastrophe économique de grande ampleur.

 

Le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a d’abord prononcé un discours puissant contre l’escalade militaire, lors d’une conférence au Center for Strategic and International Studies (CSIS) de Washington.

 

Sa dénonciation, en des termes diplomatiques, mais sans équivoque, des plans du gouvernement d’Obama de faire parvenir des armes létales au régime de Kiev est sans précédent. Aucun ministre allemand des Affaires étrangères n’avait osé, dans la période récente, critiquer aussi ouvertement la politique étrangère et de sécurité des États-Unis, en particulier dans une enceinte aussi notable que le siège social du CSIS.

 

Steinmeier avait rencontré la journée précédente son homologue John Kerry, ainsi que la conseillère d’Obama à la sécurité nationale Susan Rice, et il ne fait aucun doute qu’il a été encore plus explicite dans ces discussions privées.

 

Steinmeier a débuté son discours en résumant la gravité de la situation stratégique actuelle, en faisant remarquer que nous sommes confrontés à une multitude de crises dont la densité et la violence semblent être sans précédent pour une personne de sa génération.

Sur la situation ukrainienne, il a déclaré :

 

« Nous devons porter notre regard au-delà de ce conflit et penser à notre future relation avec Moscou. Ceci signifie que nous ne devons pas cesser nos contacts avec la Russie, et utiliser les derniers canaux de communication pour prévoir une sortie de crise et, pour l’avenir, préparer la voie pour une relation de coopération améliorée. »

 

Le ministre a rejeté de manière explicite l’envoi d’armes à l’Ukraine, prévenant que ceci conduirait à une escalade de la crise, échappant à tout contrôle :

 

« Je comprends que beaucoup d’entre vous, beaucoup d’experts, appellent à une solution plus rapide, et par conséquent fondée sur l’action militaire. (…) Mais connaissant la genèse et la structure du conflit, il est évident selon moi que les alternatives à notre approche qui sont discutées peuvent faire accroître le nombre de victimes, étendre la zone de conflit et conduire le conflit vers une nouvelle phase plus tendue. Peut-être jusqu’à un point de non-retour. Il n’y aucune garantie pour que notre approche, l’approche de Normandie, nous conduise au succès. Mais je suis sûr qu’il n’y aucune garantie de succès pour les autres approches qui sont discutées. J’ai bien peur que ce soit même le contraire qui se produise. (…)


Pour nous en Europe, a-t-il ajouté, la Russie restera toujours notre plus grand voisin. (…) Personne n’ignore que la confiance vis-à-vis de la Russie est à son point le plus bas. Il faut toutefois trouver une nouvelle base pour rétablir le contact, même si cela doit prendre des années ou des décennies. »

 

Cette intervention de Steinmeier contre l’envoi d’armes en Ukraine a été renforcée par celle de l’ancien Chancelier Helmut Schmidt, qui a déclaré lors d’un entretien dans le quotidien Bild-Zeitung du 12 mars que toute escalade du conflit en Ukraine pourrait même conduire à une véritable guerre « chaude ». Schmidt a également dénoncé l’élargissement de l’OTAN et de l’UE vers l’est, un processus qui remonte selon lui au Traité de Maastricht du début des années 1990. « Nous ne sommes pas obligés d’aimer la politique de Poutine, a-t-il fait remarquer, mais il faut la comprendre dans son contexte historique et la prendre au sérieux. »

 

L’homme politique américain Lyndon LaRouche a souligné l’importance de ces prises de position de la part de deux hauts responsables allemands, car « elles peuvent changer le cours de l’histoire à un moment où la question qui se trouve sur la table est celle de la guerre ou de la paix, du chaos ou de la prospérité ».

 

Ajoutons à cela le fait que l’ancien gouverneur du Maryland, Martin O’Malley, un candidat pressenti pour la prochaine campagne présidentielle américaine a réussi à faire du rétablissement de Glass-Steagall un sujet de campagne reconnu par les médias.

 

 

 

Par la Rédaction de Solidarité & Progrès – le 17 mars 2015.

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Ukraine/Donbass : Washington prépare sa revanche

Ukraine/Donbass : Washington prépare sa revanche | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : quelle belle prise de vue : le corps de la victime sous les lampadaires avec le Kremlin juste derrière. Une superbe mise en scène à la Tom Clancy… La campagne de désinformation occidentale pour accuser Vladimir Poutine et déstabiliser la Russie ne fait que commencer.

 

 

Ukraine/Donbass : Washington prépare sa revanche

 

Les efforts de la banque centrale du pays ne font aucun effet sur le cours de la hryvnia, victime de l’accumulation des facteurs négatifs dans l’économie nationale depuis l’année dernière. L’économie ukrainienne file directement vers la banqueroute (voir l’analyse ici). Dans ce contexte, on comprend mieux pourquoi un des principaux opposants à Vladimir Poutine vient d’être assassiné, juste sous les fenêtres du Kremlin, une mise en scène hollywoodienne qui désigne de facto les véritables commanditaires de ce crime provocateur. L’Ukraine « proeuropéenne » semble bien incapable de vaincre militairement l’insurrection dans le Donbass, aussi ses maîtres occidentaux intensifient la pression contre son soutien russe sur les fronts politiques, économiques et diplomatiques. Washington a vécu comme un affront la débâcle de Debaltsevo. Les Américains préparent déjà leur revanche.

 

Des représentants d’une société militaire privée de l’Oklahoma, Green Group, se sont récemment rendus à Kiev avec une délégation de l’armée américaine, afin de préparer le terrain pour la livraison d’armements modernes aux forces ukrainiennes et aux paramilitaires. Les États-Unis maintiennent leur idée de fournir des moyens offensifs à Kiev, mais souhaitent obtenir l’appui des leurs alliés européens. Washington entend bien confier à des sociétés militaires privées occidentales des contrats liés directement à la lutte armée contre les indépendantistes du Donbass.

 

Pour ce que nous en savons, ce type de contrat existe déjà en Ukraine, mais ces démarches démontrent qu’ils pourraient se développer de manière exponentielle dans les mois à venir. Si l’Ukraine est aujourd’hui le nouveau terrain de jeu de l’US Army et de ses « contractors », il se pourrait bien que demain ce pays soit le principal théâtre opérationnel du Pentagone en matière de moyens engagés. Nous sommes tout à fait dans une configuration d’engagement de type Vietnam, juste avant la désignation à la Maison-Blanche de Lyndon Johnson qui avait franchi un point de non-retour dans l’engagement US. Mais avant cela, il avait fallu éliminer Kennedy… Les Américains ont finalement perdu la guerre du Vietnam.

 

 

Sur le front, rien de nouveau…

 

Les résidents de Debaltsevo et d’Uglegorsk sont très nombreux à rejoindre l’armée de Nouvelle Russie : jusqu’à présent plus 600 personnes se sont présentées aux centres de recrutement. Le fait d’avoir été sous le joug kiévien pendant des mois est le meilleur argumentaire que l’ont puisse trouver pour enrôler des volontaires chez les FAN.

 

 

 

 

 

 

 

Il n’y a toujours pas de cessez-le-feu à Donetsk : au cours de la nuit, les forces de Kiev ont effectué un pilonnage massif avec leurs batteries Grad contre la zone de l’aéroport. Autour de 1 h 40 (heure locale), les FAN ont riposté contre des positions d’artillerie ukrainiennes à l’ouest de Donetsk.

 

En milieu de nuit, dans Mariupol, les paramilitaires et les services et les forces spéciales du SBU, encadrés par des « contractors » occidentaux, ont mené une opération de ratissage de certains quartiers de l’agglomération portuaire, à la recherche de « séparatistes ».

 

Une opération liée à l’arrivée, hier, du « bataillon Poltava » placé opérationnellement sous la responsabilité d’« Azov ». Plusieurs zones résidentielles et sites industriels ont été ainsi fouillés, les civils extraits de leurs logements, perquisitionnés, parfois même brutalisés. Cette recherche de « saboteurs russes » et de « sympathisants de Moscou » s’agrège à la paranoïa ambiante qui règne dans la ville depuis des mois du côté des forces d’occupation kiéviennes.

 

Plusieurs dizaines de civils ont été embarqués, ils seront dirigés vers des « camps de filtration », pour y être interrogés, retenus comme otages puis échangés ultérieurement contre des prisonniers de guerre détenus en Nouvelle Russie. L’objectif est aussi d’accentuer la pression par la terreur sur une population qui n’a jamais été majoritairement du côté de Kiev.

 

 

Les chiens de garde du capital

 

La guerre des oligarques continue : les paramilitaires du « bataillon Dnepr » ont fait irruption dans une usine de tracteur de Rovno, dans l’ouest de l’Ukraine, pour « protéger les intérêts de certaines sociétés autrichiennes », qui revendiquent des parts dans l’entreprise (source).

 

L’utilisation d’unités spéciales de police, dépendantes du Ministère des Affaires intérieures d’Avakov, à des fins crapuleuses ou pour briser des grèves et faire pression sur des ouvriers est devenu courant dans l’Ukraine « proeuropéenne ». Avant son élimination physique, le fameux activiste néonazi Sashko Biliy s’adonnait à ce genre de pratique, mais pour son propre compte.

 

Dans le même ordre d’idée, il y a un peu moins d’un an, des paramilitaires néonazis de ce qui allait devenir le « bataillon Aydar » avaient fait irruption dans plusieurs entreprises du pays, armés et menaçants, afin d’en prendre le contrôle et de faire signer sous la contrainte des documents aux dirigeants afin qu’ils lèguent leurs biens au groupe de Kolomoïsky.

 

Les paramilitaires d’« Azov » ont fait de même, ils ont même été utilisés comme briseurs de grève. Les néonazis qui jouent les « jaunes ». Voilà qui nous ramène aux années 50 à 80 quand, à l’Ouest, des groupuscules d’extrême droite se faisaient les serviles supplétifs de l’OTAN et des intérêts américains.

 

 

 

Par Jacques FrèreNationsPresse.info – le 28 février 2015

 

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Ukraine : où en est-on ? (Partie 2/2)

Ukraine : où en est-on ? (Partie 2/2) | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Source de la carte : liberation.fr


 

Ukraine : où en est-on ? (Partie 2/2)

 Par Bernard Frederick,

Journaliste, ancien correspondant de « l’Humanité » à Moscou

 

 

Le prix de la guerre des sanctions

 

Avant le coup d’État de février 2014, le vote de la Crimée en faveur de son rattachement à la Fédération de Russie (16 mars 2014), et les sanctions occidentales qui s’ensuivirent, la Russie était la deuxième importatrice des produits agricoles européens. En 2013, les exportations de l’UE vers la Russie représentaient 11,8 milliards d’euros, 10 % de toutes les ventes de produits agricoles des vingt-huit. La réponse russe aux sanctions occidentales a justement, principalement frappé le secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire. Les secteurs qui ont subi le plus d’impact de la réponse russe aux sanctions de l’Union européenne ont été les produits laitiers, viande, fruits et légumes, explique Jacques Sapir qui cite l‘économiste Mielgo Domínguez Jésus lequel estime que « l’élargissement des sanctions européennes montre que Bruxelles agit contre ses propres intérêts et qu’elle est soumise à la politique de Washington » [9]. Parmi les pays les plus touchés : l’Allemagne, la Pologne, la Lituanie, la France…

 

Cela ne fait rien, l’Union européenne persiste. Sans craindre le ridicule : elle vient de rajouter plusieurs noms sur sa « liste noire » des personnes, russes ou ukrainiennes, persona non grata sur son territoire, parmi elles, Yosip Kobzon, un chanteur juif russe très connu qui est allé se produire à Donetsk. Sa ville natale !

 

D’aucuns ne se cachent plus du but recherché avec les sanctions. Mme Galina Ackerman est, dixit Wikipédia, « une écrivaine, historienne, journaliste et traductrice franco-russe, spécialiste du monde russe et ex-soviétique ». Elle est surtout une spécialiste de l’intox et la voix de son maître américain. Interrogée le 20 février sur France Info, elle a naïvement lâché le morceau : il faut poursuivre et amplifier les sanctions a-t-elle dit en substance et surtout fournir à l’Ukraine de quoi tuer plus de « militaires russes » pour provoquer un mécontentement tel en Russie que Vladimir Poutine n’y résistera pas. Est-ce là l’expression d’« une écrivaine, historienne, journaliste et traductrice franco-russe » ou celle d’une va-t-en-guerre en civile ?

 

Mais pour une fois Lady Ackerman dit vrai. Tel est bien l’objectif de Washington. Il y a cependant loin de la coupe aux lèvres comme on dit. La popularité de Vladimir Poutine n’a jamais été aussi élevée : plus de 80 % de soutien dans l’opinion. Les manifestations contre le président russe qui défrayaient la chronique il y a encore deux ans ne sont plus qu’un (mauvais) souvenir. Mikhaîl Gorbatchev l’approuve et, face à l’Occident, le président du Parti communiste de la Fédération de Russie, Guennadi Ziouganov le soutient en partie. Il fallait bien mal connaître le peuple russe pour penser qu’en attaquant sa patrie, il se soumettrait et accepterait le retour de ceux qui, sous Boris Eltsine, avaient dépecé le pays, l’avait humilié et le poussait même à sa fin [10].

 

Même sur le plan économique, les sanctions occidentales, si elles pénalisent sévèrement le pays, n’ont pas les effets catastrophiques qu’on veut voir en Occident. Ainsi Jacques Sapir peut il noter : « Bien des observateurs annonçaient des résultats « apocalyptiques » des sanctions prises tant par l’Union européenne que par les États-Unis contre la Russie. La réalité apparaît comme nettement différente et sensiblement plus contrastée. On a constaté ces derniers mois des évolutions importantes, qui sont dans une certaine mesure le produit du nouveau régime de relations internationales. L’impact des sanctions a semblé très faible jusqu’en avril 2014, mais aujourd’hui on peut faire les constatations suivantes :

 

(a) Il y a une reprise de l’activité industrielle en Russie (+2,5 % sur le premier semestre) qui est nette.

(b) L’activité du secteur agricole et agroalimentaire semble s’accélérer sur les mois de juin et de juillet, soit avant l’entrée en vigueur des mesures russes de rétorsion. _

(c) ces effets positifs semblent directement liés à la dépréciation d’environ 10 % du Rouble, depuis le mois de mars, qui non seulement améliorent la compétitivité des producteurs en Russie amis qui tendent à faire baisser les coûts (exprimés en roubles) pour les grands exportateurs.

(d) Les sanctions prises en septembre 2014 semblent avoir provoqué un gel provisoire des grands projets d’investissement, lié à la nécessité pour les grandes entreprises de changer leurs modes de financement et de trouver de nouveaux partenaires » [11].

 

Mais la politique occidentale des sanctions ne se paye pas seulement cash, elle va coûter très cher à moyen et long terme tant à Washington qu’à Londres, Berlin ou Paris. Elle pousse la Russie à s’engager dans deux directions parallèles : sur le plan intérieur à favoriser une refonte complète de son industrie ; sur le plan extérieur, à favoriser des coopérations structurelles avec les pays des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud).

 

 

Un autre monde est possible

 

Le plus extraordinaire avec les Américains, c’est qu’ils croient qu’ils sont supérieurs à tout le monde. Ce serait un super client collectif pour un psychanalyste comme Freud. Puissant en titre et impuissant dans les faits. En 1944 les États-Unis ont débarqué en Normandie quand il fut avéré que l’Armée rouge allait gagner la guerre. Elle l’a gagnée. Ils lâchèrent leur bombe atomique sur Hiroshima quand ils craignirent que leur victoire sur le Japon puisse dépendre de l’entrée en guerre de l’URSS contre l’empire du Levant, comme il avait été prévu par les Accords de Crimée (février 1945).

 

Depuis cette hyperpuissance, comme elle se considère elle-même, a perdu toutes les guerres qu’elle a menées : la Corée, le Vietnam, l’Irak, pour ne citer que les plus importantes. Elle quitte l’Afghanistan piteusement. Elle n’a plus le contrôle de l’Amérique latine. Si ce n’était la Pologne et les Pays baltes, elle serait réduite en Europe à la portion congrue d’une puissance subalterne.

 

Ainsi, quand l’Amérique veut enrayer son déclin elle le précipite. Elle n’est déjà plus la première puissance industrielle. La Chine la dépasse. Elle n’a plus comme drapeau que son dollar. Il est en lambeaux ; bientôt il sera plus qu’une relique.

 

Les sanctions, les humiliations — comme l’élargissement de l’OTAN en Europe centrale — ont poussé la Russie à accélérer et à amplifier l’orientation qui était la sienne depuis l’arrivée de Vladimir Poutine au pouvoir : la construction d’alliances multiformes à l’Est au Sud et encore bien au-delà, dans l’ancien jardin privé de la Maison-Blanche :‎ l’Amérique latine. En Iran, en Turquie, en Égypte aussi où Moscou vient de signer son grand retour.

 

Or tous ses accords sont marqués d’un leitmotiv : les échanges, aujourd’hui réglés en dollars le seront à l’avenir en monnaies nationales. C’est plus qu’une gifle pour les États-Unis, c’est le commencement de la fin d’une domination mondiale ; la fin des accords de Bretton Woods de 1944. La création d’une banque de développement des BRICS va dans ce sens. La Russie et la Chine sont désormais étroitement associées à un pôle économique et financier qui conteste la domination occidentale sur les marchés financiers et la contourne.

 

Si le dollar s’en trouve menacé, il en va de même pour l’Euro qui n’est déjà pas dans une forme éclatante. Bref, la politique de sanctions occidentale contre la Russie se retourne fatidiquement contre ses inspirateurs et acteurs. Autant que la défaite militaire des troupes de Kiev, cette situation pousse Paris et Berlin a prendre, semble-t-il, quelques distances avec Washington et à essayer de conjurer la catastrophe qui menace l’Europe.

 

C’est le sens de l’engagement de François Hollande et d’Angela Merkel dans le processus qui a conduit à l’Accord de Minsk du 12 février.

 

 

L’Accord de Minsk

 

Le cessez-le-feu conclu à Minsk devait prendre effet le 15 février à minuit. Cependant, les milices de Donetsk et Lougansk venaient d’encercler plusieurs milliers de militaires ukrainiens et de mercenaires fascistes à Debaltsevo, un nœud ferroviaire essentiel à la continuité territoriale entre les deux régions insurgées. On proposait à Porochenko d’évacuer pacifiquement cette poche. Il refusa et nia même un quelconque encerclement de ses troupes. Dans ces conditions, les milices républicaines ont resserré leur tenaille et obligé les forces kiéviennes à abandonner leurs positions.

 

Un autre risque pèse à court terme sur le cessez-le-feu : il est probable que Donetsk cherche à récupérer l’important port de Marioupol sur la mer d’Azov, conquis le 13 juin, par les blindés des forces gouvernementales, les bataillons « Azov », « Ukraine » et « Donbass », groupes de mercenaires ukrainiens et étrangers – dont plusieurs Français — formés par des néonazis comme Oleg Liachko [12] et financés par le milliardaire Igor Kolomoïsky. Globalement, le cessez-le-feu est cependant respecté et l’évacuation des armes lourdes a commencé au moins du côté des insurgés. Un accord est intervenu le dimanche 22 février pour l’évacuation des armes lourdes, comme prévu à Minsk et le même jour un premier échange de prisonniers a été effectué.

 

On lira en annexe le texte complet de l’accord. Il est précédé d’un protocole, signé par les chefs d’État et de gouvernement, Hollande, Merkel, Poutine et Porochenko.

 

Il stipule ceci qui est d’une extrême importance : « Ils [les personnalités citées NDLR] soutiennent les discussions trilatérales entre l’UE, l’Ukraine et la Russie afin de trouver des solutions pratiques aux préoccupations soulevées par la Russie concernant la mise en œuvre de l’Accord de Libre Échange Complet et Approfondi entre l’Ukraine et l’UE ». C’est ce que revendiquait Moscou il y a déjà un an !

 

Au terme de cet Accord, l’Ukraine ne devrait ni entrer dans l’OTAN ni dans l’Union européenne.

 

Il est évident que sont nombreux ceux qui veulent torpiller le processus engagé à Minsk. En Ukraine où les fascistes ont déjà déclaré qu’ils ne se sentaient pas concernés et où le Premier ministre, Arseni Iatseniouk, en homme lige des Américains fera tout pour empêcher une solution politique ; à Washington où la guerre contre la Russie (par personne interposée, c’est ça le courage !) est un objectif fondamental de la défense de ses intérêts, on l’a vu.

Mais en Europe aussi, il faut compter avec le « parti atlantiste » et son influence dans les médias.

 

Les chances de la paix résident dans notre capacité à contrevenir le courant russophobe qui s’est propagé en Europe et particulièrement en France.

 

 

Le texte de l’Accord de Minsk [13]

 

Cessez-le-feu immédiat et universel dans les zones actuellement contrôlées par les régions de Donetsk et de Lougansk et le respect strict de ce cessez-le-feu à compter du 15 février 2015 à minuit (heure ukrainienne).

 

Retrait de tous les armements lourds par les deux côtés, à des distances égales, afin de créer des zones de sécurité : d’une largeur de 50 km minimum d’écartement pour les systèmes d’artillerie d’un calibre de 100 mm et plus, d’une largeur de 70 km pour les lance-roquettes multiples, et d’une largeur de 140 km pour les lance-roquettes Tornado-S, Ouragan, Smertch et les systèmes de missiles tactiques Totchka (Totchka U) :

 

– pour les troupes armées ukrainiennes : depuis la ligne de démarcation de fait ;

 

– pour les formations armées des zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk : depuis la ligne de démarcation établie par le mémorandum de Minsk du 19 septembre 2014. Le retrait des armements lourds énumérés plus haut ne doit pas commencer plus tard que le lendemain du cessez-le-feu, et être achevé dans une période de 14 jours.

 

Ce processus sera assisté par l’OSCE avec le soutien du Groupe de contact tripartite.

 

L’OSCE assurera une surveillance et un contrôle efficace du régime de cessez-le-feu et du retrait des armements lourds dès le premier jour du retrait, en y employant toutes les ressources techniques nécessaires, notamment des satellites, des drones, des systèmes de radiolocalisation, etc.

 

Le lendemain du retrait, entamer le dialogue sur les modalités de conduite d’élections locales, conformément à la législation ukrainienne et à la loi ukrainienne « Sur le régime temporaire d’autogestion locale dans des zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk », et également sur le régime futur de ces régions, sur la base de la loi ukrainienne.

 

Sans tarder, pas plus tard que 30 jours à compter de la date de signature de ce document, adopter un décret de la Rada suprême d’Ukraine mentionnant le territoire sur lequel s’étend le régime particulier, conformément à la loi ukrainienne « Sur le régime temporaire d’autogestion locale dans des zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk », sur la base de la ligne fixée dans le mémorandum de Minsk du 19 septembre 2014.

 

Garantir la grâce et l’amnistie, par le biais de l’adoption et de la mise en vigueur d’une loi interdisant la poursuite et la condamnation des personnes en lien avec les événements ayant eu lieu dans les régions ukrainiennes actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk. Garantir la libération et l’échange de tous les otages et personnes illégalement détenues sur la base du principe « tous contre tous ». Ce processus devra être achevé au plus tard cinq jours après le retrait. Garantir l’accès sécurisé, la fourniture, la conservation et la distribution d’aide humanitaire aux nécessiteux sur la base d’un mécanisme international.

 

Détermination des modalités du rétablissement total des liens socio-économiques, notamment les versements sociaux, comme le paiement des retraites et les autres versements (encaissements et recettes, paiement en temps voulu de toutes les factures communales, rétablissement de l’imposition dans le cadre du champ juridique de l’Ukraine).

 

À cette fin, l’Ukraine rétablira la gestion en segment de son système bancaire dans les régions touchées par le conflit, et il sera peut-être créé un mécanisme international pour faciliter ces versements. Rétablissement d’un contrôle total du gouvernement ukrainien sur la frontière étatique dans toute la zone de conflit, qui doit commencer le lendemain des élections locales et s’achever après la fin du règlement politique universel (élections locales dans des zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk sur la base de la loi ukrainienne et réforme constitutionnelle) d’ici la fin de l’année 2015, sous condition de l’exécution du point 11 – par des consultations et en accord avec les représentants des régions particulières de et de Lougansk dans le cadre du Groupe de contact tripartite.

 

Évacuation depuis le territoire de l’Ukraine de toutes les formations armées et de la technique militaire étrangère, ainsi que des mercenaires, sous la surveillance de l’OSCE. Désarmement de tous les groupes illégaux. Conduite d’une réforme constitutionnelle en Ukraine, avec entrée en vigueur d’ici fin 2015 de la nouvelle constitution, qui servira d’élément clé de la décentralisation (avec prise en compte des particularités des zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk, acceptée par les représentants de ces régions), et également adoption d’une législation permanente sur le statut spécial des régions particulières de Donetsk et de Lougansk, avant la fin de l’année 2015.

 

Sur la base de la loi ukrainienne « Sur le régime temporaire d’autogestion locale dans les zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk », les questions concernant les élections locales seront débattues avec les représentants des régions particulières de Donetsk et de Lougansk dans le cadre du Groupe de contact tripartite. Les élections seront conduites dans le respect des standards de l’OSCE correspondants et sous la surveillance du BIDDH de l’OSCE.

 

Intensifier l’activité de Groupe de contact tripartite, notamment par le biais de la création de groupes de travail pour l’exécution des aspects correspondants des accords de Minsk. Ces groupes reflèteront la composition du Groupe de contact tripartite.

 

Ces mesures, conformément à la loi « Sur le régime temporaire d’autogestion locale dans les zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk », incluent ceci :

 

– Les personnes liées aux événements ayant eu lieu dans les régions de Donetsk et de Lougansk ne seront ni condamnées, ni poursuivies, ni discriminées ;

– droit à l’autodétermination linguistique ;

– participation des organes d’autogestion locale à la désignation des responsables des organes du Parquet et des juges dans les zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk ;

– possibilité pour les organes centraux du pouvoir exécutif de conclure avec les organes d’autogestion locale correspondants des accords relatifs au développement économique, social et culturel des zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk ;

– l’État assurera le soutien du développement socio-économique les zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk ;

– contribution des organes centraux du pouvoir à la collaboration transfrontalière des zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk avec les régions de la Fédération de Russie ;

– création de détachements de milice populaire selon les décisions des conseils locaux, dans le but de maintenir l’ordre public dans les zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk ;

– les mandats des députés des conseils locaux et des responsables élus lors des élections anticipées fixées par la Rada suprême d’Ukraine par cette loi ne peuvent être suspendus avant terme.

 

Ce document a été signé par les membres du Groupe de contact tripartite :

L’ambassadeur Heidi Tagliavini

Le deuxième président d’Ukraine L.D. Koutchma

L’ambassadeur de Fédération de Russie en Ukraine M. I. Zoubarov

A.V. Zakhartchenko (République de Donetsk)

I.V. Plotnitskiï (République de Lougansk)

 

 

 

Par Bernard Frederick (journaliste, ancien correspondant de « l’Humanité » à Moscou) - josefort.over-blog.com - le 23 février 2015

 

 

Notes :

 [9] Article cité.

[10] Une étude de The Lancet, une revue scientifique médicale britannique, estime que l’augmentation de plus de 18 % de la mortalité en Russie après d’implosion de l’URSS était attribuable aux privatisations massives, au chômage et à un accès difficile aux soins à l’époque de la « thérapie de choc » pratiquée par Boris Eltsine sur injonction des Occidentaux. L’espérance de vie des hommes à la naissance est passée de 63 ans en 1990 à 58 ans en 2000 pour remonter à 62 ans en 2009. Pour les femmes, elle est passée de 74 ans en 1990 à 72 ans en 2000 pour remonter à 74 ans en 2009. « Notre mission consiste à porter l’espérance de vie à 74 ans d’ici 2018 et à 75,7 ans d’ici 2020 », indiquait V. Poutine lors d’une réunion du bureau du Conseil d’État de Russie consacrée au développement du système de protection sociale des personnes du troisième âge.

[11] Jacques Sapir, 18 octobre 2014.

[12] Le 6 août 2014, Amnesty International a publié un rapport dénonçant le fait qu’Oleg Liachko filme et diffuse sur son site internet des vidéos dans lesquelles on le voit, accompagné de groupes paramilitaires, pénétrer dans des lieux publics ou privés pour y enlever des personnes, les humilier et les contraindre par la force à exécuter ses ordres.

[13] Source : kremlin.ru, traduction : http://www.lecourrierderussie.com

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Comprendre l’esprit russe

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Comprendre l’esprit russe

 

De récents événements comme le renversement du gouvernement de l’Ukraine, la sécession de la Crimée et sa décision de rejoindre la Fédération de Russie, la campagne militaire qui en a résulté contre les civils d’Ukraine de l’Est, les sanctions occidentales contre la Russie, et plus récemment l’attaque contre le rouble, ont provoqué une phase de transition au sein de la société russe, qui est à mon avis très peu comprise, voire tout à fait incomprise en Occident. Ce manque de compréhension induit pour l’Europe un net désavantage en ce qui concerne sa capacité à négocier efficacement pour résoudre cette crise.

 

Bien qu’avant cette crise les Russes se satisfaisaient de se considérer comme un pays européen comme les autres, ils se sont maintenant souvenus qu’ils forment une civilisation particulière, avec des racines culturelles différentes (Byzance plutôt que Rome), une civilisation qui a fait l’objet d’efforts de destruction coordonnés de la part de l’Occident une à deux fois par siècle, que ce soit de la part de la Suède, la Pologne, la France ou l’Allemagne, ou de n’importe quelle combinaison des pays cités ci-dessus. Ceci a formé dans le caractère russe un modèle d’attitudes particulières, qui est susceptible de conduire l’Europe et le reste du monde au désastre s’il n’est pas bien compris.

 

A contrario de ce que vous pourriez penser, à savoir que l’influence culturelle de Byzance sur la Russie a été assez insignifiante, celle-ci est en fait assez fondamentale. Cette influence culturelle, qui apparut à l’avènement de la chrétienté orthodoxe, d’abord en Crimée (berceau du christianisme en Russie), puis à Kiev, capitale de la Russie (la même Kiev qui est aujourd’hui la capitale de l’Ukraine), permit à la Russie de faire un bond de géant de plus ou moins mille ans dans son développement culturel. Ces influences expliquent la nature opaque et lourdement bureaucratique de la gouvernance russe, que les Occidentaux, qui adorent la transparence (même si c’est seulement pour les autres), trouvent profondément agaçante, et bien d’autres choses encore.

Les Russes aiment assez nommer Moscou la Troisième Rome — troisième après Rome et Constantinople — et ceci n’est pas vide de sens. Mais cela ne signifie pas que la civilisation russe est un produit dérivé ; certes, elle a réussi à absorber la totalité de l’héritage classique, perçu au travers d’une lunette typiquement orientale, mais son immense territoire nordique a transformé cet héritage en quelque chose de radicalement différent.

 

Ce sujet étant d’une immense complexité, je me concentrerai sur quatre facteurs que j’estime essentiels pour comprendre le changement dont nous sommes aujourd’hui témoins. 

 

1 — Gestion des offenses

2 — Comment traiter les envahisseurs

3 — Comment traiter avec les puissances étrangères

4 — Merci, nous avons les nôtres


 >>> Voir le développement de ces quatre points ici

 


Conclusions

 

Ce chapitre s’écrit presque tout seul. C’est une recette de désastre, je vais donc le rédiger comme une recette.

 

1.— Prenez une nation habituée à répondre aux offenses en vous envoyant au diable, et en refusant d’avoir le moindre rapport avec vous, plutôt que par la bagarre. Assurez-vous que les ressources naturelles de cette nation vous sont indispensables pour éclairer et chauffer votre maison, pour construire vos avions de ligne et vos avions de chasse, et pour tout un tas d’autres choses. Gardez à l’esprit qu’un quart des ampoules électriques aux États-Unis ne s’allument que grâce au combustible nucléaire russe, et aussi que la rupture d’approvisionnement du gaz russe à l’Europe serait un cataclysme de première grandeur.

 

2.— Donnez-leur le sentiment d’être envahis en installant dans un territoire qu’ils considèrent comme une partie historique de leur patrie un gouvernement qui leur soit hostile. La seule partie de l’Ukraine qui ne soit pas vraiment pas russe est la Galicie, qui s’est séparée il y a des siècles, et donc les Russes vous diront « emmène-la au diable avec toi » Si vous aimez vos néonazis, vous pouvez les garder. Et rappelez-vous aussi comment les Russes traitent les envahisseurs : ils les font geler jusqu’à extinction.

 

3.— Imposez à la Russie des sanctions financières et économiques. Découvrez avec horreur que vos exportateurs perdent de l’argent lorsqu’en rétorsion instantanée la Russie bloque vos exportations agricoles. Gardez à l’esprit que ce pays, à cause d’une longue histoire d’invasions, a l’habitude de faire financer sa défense par les États mêmes qui lui sont potentiellement hostiles. Si ça ne marche pas, il utilisera d’autres moyens pour vous persuader, comme vous faire geler à mort. Plus de gaz pour les états de l’OTAN est une devise qui parle bien. Espérez, et priez pour qu’ils ne l’adoptent pas à Moscou.

 

4.— Montez une attaque contre leur monnaie nationale, de façon à ce qu’elle perde une partie de sa valeur, en équivalence avec la baisse du prix du pétrole. Observez avec horreur que les officiels russes sont hilares parce que la baisse du rouble a fait que les revenus de l’État n’ont pas changé malgré la baisse du prix du pétrole, car cette baisse du rouble a annulé une partie du déficit budgétaire potentiel. Regardez avec horreur vos exportateurs faire faillite, car leurs produits sont devenus trop chers pour le marché russe. Gardez à l’esprit que la Russie n’a pas une dette nationale digne d’être mentionnée, a un déficit budgétaire négligeable, a beaucoup de devises étrangères en réserve et un important stock d’or. Gardez aussi à l’esprit que vos banques ont prêté des centaines de milliards aux sociétés russes (que vous venez juste d’exclure, par vos sanctions, de votre système bancaire). Espérez et priez pour que la Russie n’impose pas un moratoire au remboursement de ces dettes aux banques occidentales tant que les sanctions ne sont pas levées, car cela détruirait vos banques.

 

5.— Regardez avec horreur la Russie signer des contrats de fourniture de gaz avec tout le monde, sauf avec vous. Est-ce qu’il restera encore du gaz pour vous quand ils auront fini ? En fait, il semble que ce ne soit plus un souci pour les Russes, car vous les avez offensés, et étant les gens qu’ils sont, ils vous ont dit d’aller au diable (n’oubliez pas d’emmener la Galicie avec vous), et ils traitent maintenant avec d’autres nations plus amicales.

 

6.— Continuez à observer avec horreur la Russie qui s’emploie à rompre tous les liens commerciaux avec vous, à trouver des fournisseurs dans d’autres coins du monde, et à organiser sa production de façon à remplacer les importations.

 

Et c’est alors que vient la surprise, dont on n’a d’ailleurs pas assez parlé. La Russie vient d’offrir un marché à l’UE. Si l’UE refuse d’adhérer au Partenariat Transatlantique pour le Commerce et l’Investissement avec les États-Unis (traité qui, de plus, est économiquement néfaste pour l’Europe), elle peut alors rejoindre l’Union Douanière avec la Russie. Pourquoi vous infliger de vous geler alors qu’on pourrait geler Washington à la place ? Ceci est le dédommagement que la Russie accepterait pour le comportement hostile de l’Europe en ce qui concerne l’Ukraine et les sanctions.


De la part d’un État douanier, c’est une offre extrêmement généreuse. Elle sous-entend beaucoup de choses : la reconnaissance que l’Europe n’est pas une menace militaire pour la Russie, ni même économiquement d’ailleurs ; le fait que les États européens sont tous mignons, petits et gentils, et qu’ils fabriquent d’excellentes saucisses et du bon fromage ; la reconnaissance du fait que la mouture actuelle de politiciens est incapable et inféodée à Washington, et qu’ils ont besoin d’une grande claque pour comprendre où se situent les véritables intérêts de leurs nations. L’Europe acceptera-t-elle cette offre, ou acceptera-t-elle la Galicie comme nouveau membre, pour geler avec elle ?

 

 

Par le Club Orlov - fr.sott.net - le 13 janvier 2015

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