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Démocratie occidentale ?

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Photo : Nelson Mandela - © RODGER BOSCH / AFP


 

Démocratie occidentale ?

Par Jean-Paul Jouary (*)

 

 

Dire que les pauvres tiennent plus au pain qu’à la liberté politique est un argument de riche... Ignorer que la démocratie, prise en ce sens global, n’est un luxe pour personne, mais un levier universel d’émancipation humaine, c’est faire un cadeau inespéré à ceux qui confondent démocratie et monarchie élective...

 

À force d’entendre les monarques occidentaux donner des leçons de démocratie à tous les autres peuples du monde, on en viendrait à oublier l’essentiel de l’histoire humaine. La conception du passé est falsifiée par tant de caricatures du présent, qu’on en finirait par croire que nous vivons en démocratie au sens propre, et que « les autres » n’y sont jamais parvenus. Il faudrait les y aider, hier par la colonisation, aujourd’hui à coups de bombes.

 

L’ennui, c’est qu’en réaction à ces discours, dans bien des pays qui en sont privés, certains en viennent à refuser la démocratie en tant que modèle strictement occidental, perçu comme inséparable du passé colonialiste de nos pays et de ce qui le prolonge à notre époque dans la politique et l’économie mondiales. On réalise difficilement à quel point le monde souffre de ce double tour de passe-passe, y compris parmi les intellectuels qui, au nom de références révolutionnaires caricaturées, théorisent l’idée que la démocratie n’est qu’une mystification de type capitaliste. Un ami ivoirien d’origine indienne m’a convaincu de lire un petit livre qui balaie radicalement ces quelques propositions : La démocratie des autres, du Nobel indien Amartya Sen (1).

 

La « démocratie » ne serait-elle sur le fond qu’un rideau de fumée visant à masquer et permettre la pérennisation des dominations socio-économiques ? L’histoire humaine a déjà répondu à cette hypothèse : l’espérance de vie s’accroît avec l’extension du libre débat public, comme l’illustre de façon nette la comparaison de l’Inde et de la Chine et même, à l’intérieur de l’Inde, la comparaison du Kérala avec les autres parties du pays.

 

De même il n’y eut au XXe siècle aucune famine là où régnait cette culture démocratique de la discussion publique sans contrainte et sans domination étrangère. L’illustrent les contre-exemples de la Chine du « grand bond », de l’Indonésie, de la Thaïlande, de la Corée du Nord ou de l’Inde colonisée, et de dizaines d’autres.

 

 Dire que les pauvres tiennent plus au pain qu’à la liberté politique est un argument de riche. En réalité, le monde est porteur d’une contradiction qui brouille la perception et parfois occulte la valeur universelle des principes essentiels de la démocratie : l’aggravation des conditions de vie, le sentiment d’insécurité en tous domaines, les menaces de crise et de guerre conduisent à aiguiser des antagonismes parmi les pires victimes, lesquelles sont conduites à développer des haines qui les divisent, et à rechercher des « chefs » qui flattent leur soi-disant « identité » en promettant un pouvoir autoritaire et expéditif.

 

La démocratie juridique liée aux inégalités violentes tend à détruire la crédibilité de la démocratie elle-même. Le passé et le présent l’attestent. Mais en même temps, les peuples privés de libertés aspirent sans cesse davantage à les conquérir, et ceux qui les perdent déploient invariablement des efforts héroïques pour les conserver. Kant et Hegel n’ont pas rêvé : malgré les régressions et obstacles que l’histoire exhibe, l’idée de démocratie manifeste une tendance globale à l’extension.

 

Et si les puissances dominantes réinventent sans cesse mille et une manières d’en dévoyer le cours, c’est bien parce que l’immense majorité des exploités qu’ils dominent a un intérêt absolu à ce que la démocratie s’approfondisse. En confondant la démocratie avec ses formes dévoyées, on fait toujours le jeu des puissances dominantes.

 

Autre contre-sens : la démocratie serait une invention occidentale rayonnant peu à peu sur les autres peuples, retardataires. Certes, l’Athènes antique a inventé une forme politique extraordinairement novatrice et prometteuse, malgré son exclusion de la majorité de femmes, esclaves et métèques. Il est clair que si les pays occidentaux incluaient dans leur fonctionnement institutionnel toutes les exigences de la démocratie athénienne, les peuples concernés pourrait s’émanciper de l’essentiel des aliénations et dominations dont ils souffrent aujourd’hui. Mais croire que la démocratie naît à Athènes c’est se tromper lourdement, encore une fois, sur l’histoire humaine. Comme j’ai eu l’occasion d’y insister en d’autres occasions (2), l’extraordinaire créativité institutionnelle de Mandela s’est enracinée dans les traditions anciennes de son peuple et de son clan, dont il n’a cessé de rappeler le caractère démocratique et social.

 

En Afrique, en Asie, aux Proche et Moyen-Orient, des millénaires de pratiques d’essence démocratique sont susceptibles d’enraciner et libérer d’extraordinaires potentialités politiques et sociales, loin des modèles et des contre-modèles occidentaux à l’intérieur desquels on y a la fâcheuse tendance à s’enfermer. Décisions collectivement élaborées, tolérance, écoute des autres, pluralisme en tous domaines, ouverture d’esprit, idéal du débat public... De Cordoue à la Mongolie, de l’Indonésie à l’Égypte, de Bagdad et Téhéran à l’Inde, ces pratiques ont préparé, entouré et assimilé celles que les Athéniens ont institutionnalisées.

 

Encore faut-il s’entendre sur ce que l’on appelle « démocratie » : si l’on entend par là le seul usage du vote, alors bien sûr il est une façon d’en faire un mode mystificateur très efficace de domination sociale et de confiscation de la souveraineté populaire. Mais on oublie trop souvent que le vote ne trouve sa valeur que dans la traduction d’une volonté construite au sein d’un débat public libre, contradictoire et informé. C’est là une condition essentielle de la valeur des votes, comme résultat d’une autotransformation des citoyens par le débat et la réflexion collective. C’est même ce qui inquiète les forces dominantes dans l’idée de votations d’initiative citoyenne : le référendum français sur le Traité de Lisbonne a prouvé la fâcheuse tendance du peuple à créer de la pensée et de la pratique lorsqu’il sait qu’il devra trancher lui-même.

 

Si Nicolas Sarkozy a eu des propos insultants sur les traditions africaines et les institutions suisses, c’est sans doute en raison de la nécessité, pour le capitalisme libéral dominant, de falsifier le sens profond de ce que peuvent signifier les mots « démocratie » et « république ». Ignorer que la démocratie, prise en ce sens global, n’est un luxe pour personne, mais un levier universel d’émancipation humaine, c’est faire un cadeau inespéré à ceux qui confondent démocratie et monarchie élective, mais aussi à ceux qui confondent la lutte contre les puissances financières avec les régressions idéologiques et éthiques les plus médiévales. Si la démocratie n’est guère le privilège des puissances occidentales, celles-ci peuvent revendiquer le privilège de ses dévoiements les plus désastreux.

 

 

 

Par Jean-Paul Jouary (*) - humanite.fr/blogs – le 20 mai 2015

 

Notes :

(1) Editions Rivages Poche, 2015.

(2) Notamment dans mon livre Mandela, une philosophie en actes, Livre de Poche, 2014.

.

(*) Jean-Paul Jouary est un philosophe et essayiste français. Professeur de chaire supérieure, agrégé et docteur en philosophie, il a publié de nombreux livres et articles de philosophie des sciences, de philosophie politique et sur l’histoire et l’enseignement de la philosophie… (Source : Wikipédia)

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Porochenko : criminel dans le Donbass, criminel en Côte d’Ivoire

Porochenko : criminel dans le Donbass, criminel en Côte d’Ivoire | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : © AP Photo/ Rebecca Blackwell

 

 

Porochenko : criminel dans le Donbass,

criminel en Côte d’Ivoire

 

Quand on parle de la guerre civile qui a eu lieu en Côte d’Ivoire, on pense généralement à toutes les magouilles françaises de Chirac à Sarkozy, et des intérêts des grands groupes français, mentionnant à peine l’autre grand fléau ivoirien dû à sa qualité de premier producteur de cacao. Et pour le cacao, ce n’est pas en France qu’il faut chercher.

 

De ce point de vue, la situation en Cote d’Ivoire concernait beaucoup de monde, à commencer par certains de nos voisins, et tous les ténors de ce secteur, comme Porochenko. La France y a joué un rôle de mercenaire, le même qu’en Libye, pour placer un homme choisi par les puissances financières internationales, alors que ses intérêts n’étaient pas vraiment menacés (les grands groupes français étaient toujours aussi solidement implantés dans le pays, malgré la guerre), et Laurent Gbagbo était très ouvert à toutes les négociations avec la France, avec, il est vrai, la carte chinoise qui lui donnait des atouts supplémentaires.

 

 

***

 

 

Le président ukrainien Piotr Porochenko est un criminel. Cela est bien connu. Le génocide engagé contre la population du Donbass a montré clairement son visage, ainsi que celui de ses maîtres étasuniens.

 

Mais il y a une face cachée de ce sinistre personnage que beaucoup ne connaissent pas. Le « roi du chocolat » est également responsable de génocide contre la population de Côte d’Ivoire.

 

Certains ignorent encore d’où vient la richesse du président actuel de l’Ukraine. Cet oligarque pro-occidental a fait sa fortune grâce au chocolat. Sa marque Roshen est de loin le plus gros producteur ukrainien de confiserie et fait partie du TOP 15 mondial (http://fr.wikipedia.org/wiki/Roshen).

 

Chose « incroyable », la marque du président pro-européen a renforcé de près de 10 fois ses positions sur le marché ukrainien depuis l’accès au pouvoir des putschistes à Kiev. Après tout, il faut « bien » utiliser sa position. Les crimes de la junte kiévienne contre la population civile du Donbass sont aujourd’hui connus pratiquement de tous. Les partisans néofascistes de la junte le reconnaissent sans remords. Après tout, l’objectif est clair : éliminer tous ceux qui ne se soumettent pas au diktat pro-US.

 

Mais beaucoup d’Ivoiriens et plus généralement Africains seraient plus qu’intéressés d’apprendre que l’actuel président de l’Ukraine est responsable des crimes en masse contre la population ivoirienne, et du chaos qui s’est créé en Côte d’Ivoire depuis 2002.

 

En effet, Porochenko à l’instar de ses amis occidentaux, n’a jamais caché son aversion pour Laurent Gbagbo, dont les idées et objectifs ne pouvaient aucunement arranger les intérêts oligarchiques des premiers. Le président ivoirien Laurent Gbagbo était révolutionnaire. Il le reste toujours d’ailleurs bien qu’étant emprisonné dans l’injustice totale par la Cour pénale internationale (CPI). Il voulait arracher la dignité pour son peuple, son pays et son continent. Il a dû en payer les frais de la plus dure des manières, dans la lignée des grands leaders d’Afrique : Lumumba, Sankara, Mandela, Kadhafi pour ne citer qu’eux.

 

Les idées révolutionnaires du président Gbagbo concernaient bien évidemment aussi le secteur du cacao, dont la Côte d’Ivoire est le leader absolu en termes de production : plus de 35 % de la production mondiale des fèves de cacao. Plus d’un tiers de chance que les barres de chocolat que nous achetons dans les supermarchés aient été produites grâce aux fèves de Côte d’Ivoire.

 

La volonté de Gbagbo de diversifier les relations dans ce secteur clé de l’économie ivoirienne, notamment avec la Chine, et donner ainsi la possibilité à son pays, de loin le premier producteur mondial, d’en tirer plus profit, n’était aucunement du goût des principales sociétés occidentales du secteur, ni de Roshen de Porochenko… On connait la suite : l’armée néocoloniale française a délogé par les armes le président légitime ivoirien du palais présidentiel en humiliant totalement l’indépendance et la souveraineté ivoirienne.

 

Mais derrière et bien avant l’humiliation ultime, il y avait ceux qui ont contribué à la création de la rébellion armée, et ce depuis 2002. On y retrouve les mêmes : la France (ou plutôt l’Élysée), les USA et… Piotr Porochenko, l’actuel président ukrainien qui ne pouvait lui aussi permettre que le principal producteur mondial de cacao échappe au contrôle de ses énormes intérêts financiers, d’autant plus liés directement à ce secteur.

 

Selon le média eurasien et panafricain EODE TV, qui enquête en permanence sur les réseaux occidentaux en Afrique et qui l’avait abordé depuis avril de l’année dernière, Porochenko n’hésitera donc pas à « investir » dans le massacre des Ivoiriens et dans la déstabilisation de la Côte d’Ivoire : participation au financement de la rébellion armée, guerre entre importateurs, après tout le sang des citoyens ivoiriens ne vaut rien pour les prédateurs assoiffés des énormes profits.

 

Et après cela, quelqu’un s’étonne-t-il encore du massacre massif contre la population de Novorossia, ayant refusé de se soumettre au diktat de Washington et de ses sous-traitants maïdanesques kiéviens ?

 

Le fait est que tôt ou tard, ce sinistre personnage devra bien répondre de ses crimes devant une nouvelle justice internationale (certainement pas à la CPI puisque cette organisation s’est discréditée en tant qu’organe de justice). Et lorsque cela arrivera, en plus des habitants du Donbass, les citoyens de Côte d’Ivoire auront toute la légitimité de demander réparation audit criminel pour tous les crimes, massacres et chaos créés dans leur pays. Ce temps viendra, soyez-en sûrs.

 

Et à chaque fois que vous reverrez encore son sourire hypocrite, ainsi que celui de ses « amis » de l’élite politique occidentale, repensez à toutes ces victimes ivoiriennes ayant pour seule faute le soutien à la dignité de leur nation.

 

Sputnik va obligatoirement revenir sur ce sujet, notamment à travers des témoignages et analyses d’experts. Les bourreaux doivent bien comprendre que l’impunité n’est pas éternelle.

 

 

 

Par Mikhail Gamandiy-Egorov - fr.sputniknews.com – le 30 mai 2015

  

Pour plus d’infos :

- Ukraine : Porochenko sept fois plus riche après une année au pouvoir

- Où va l’argent des oligarques ukrainiens ?

- Une radio américaine accuse Porochenko d’abus de pouvoir

 

 

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