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Venezuela, les « guarimbas » et le silence européen

Venezuela, les « guarimbas » et  le silence européen | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Venezuela, les « guarimbas » et

 le silence européen

Par Alex Anfruns

 

Début 2014, le programme des opposants de droite appelé « La Salida » (la sortie) échoua au Venezuela. Était-ce juste un programme d’alternance politique ? Pas du tout. Certains parmi ces politiciens avaient déjà participé au coup d’État contre Chavez 2002, et ils décidèrent de récidiver. Par la promotion de la violence et le chaos dans le pays, cette « opposition » renonça définitivement à la voie démocratique. Cela mena à l’arrestation de Leopoldo Lopez et Antonio Ledesma et à une enquête de responsabilité sur un total de 43 morts, 486 blessés et 3 500 arrestations au cours des « guarimbas » (barricades de rue). Cependant, les médias européens persistent à les dépeindre comme des victimes et des prisonniers politiques, reléguant toute responsabilité quant à ces événements au gouvernement vénézuélien qui, lui, est décrit comme une « dictature effroyable ». C’est l’application d’une règle connue de la propagande de guerre : inverser le rôle des victimes et des bourreaux.

 

 

Le deux poids, deux mesures des médias sur les guarimbas

 

Récemment, le Comité des victimes de guarimbas, formé par les familles des victimes, a fait une tournée européenne de conférences de presse pour témoigner des véritables causes de cette violence. Leur effort a été en vain. Malgré la cohue de médias qui, début de 2014, accompagna le phénomène de la violence dans les rues de Caracas, la visite de cette délégation n’a pas suscité l’intérêt des politiciens et des médias européens, qui ne semblent pas intéressés par l’identité des victimes, ni d’établir la véritable responsabilité de ces événements.

 

Comme par hasard. Alors que les véritables victimes sont rendues invisibles, les détenus accusés d’avoir planifié cette violence politique reçoivent un large soutien international. Au lieu de promouvoir la vérité et la justice, ceux qui manifestent ce soutien en réalité prennent la défense de l’impunité envers les responsables de la violence des guarimbas. Selon le porte-parole du Réseau Alternatif de défense des droits humains, Cristobal Cornieles, le phénomène de guarimbas est un cas de figure où se donnent rendez-vous plusieurs manipulations des médias. La première était de présenter les autorités gouvernementales et publiques comme les seuls responsables des 43 décès. « Cette image a été bien reçue en Europe. Cependant, parmi les 43 morts, la responsabilité directe de fonctionnaires civils et militaires n’est avérée que pour cinq d’entre eux ; et en outre, ils ont été arrêtés et jugés pour cela. Les 38 décès restants, soit le 90 % du total, furent la responsabilité directe des participants dans les actions violentes des guarimbas ». (1)

 

Comme l’indique Cristobal Cornieles : « on a favorisé l’idée que les manifestations eurent lieu à des fins de revendication sociale, qu’il y avait des étudiants qui décidèrent de protester spontanément. Cependant, les actions de violence firent partie d’un programme politique clairement défini, appelé « La sortie », qui visait à remplacer le président, ce qui fut annoncé en décembre 2013 dans un restaurant à Miami ».

 

Le 31 octobre 2013, aux États-Unis, le leader de la formation de droite Voluntad Popular Leopoldo Lopez utilisait une métaphore très explicite qui en dit long sur le radicalisme et l’agressivité de son approche politique : « Jusqu’à ce que nous n’ayons clairement défini quelle est la maladie à traiter, quel est le diagnostic de ce que l’on est en train de vivre au Venezuela, nous ne saurons pas clairement quelle est la médecine que nous devons appliquer pour guérir la maladie. Car ce n’est pas la même chose un rhume, que l’on peut guérir avec une aspirine, ou un cancer qu’il faut guérir avec de la chimiothérapie ou la radiothérapie. Ce n’est pas la même chose » (2). Ainsi, la relation entre l’apparition des manifestations qui ont dégénéré rapidement dans la violence généralisée et l’annonce du programme de l’opposition putschiste, appelé « la sortie », dans laquelle ces manifestations étaient encadrées, fut soigneusement cachée par le discours uniformisant des médias.

 

À Miami, l’annonce de « La sortie » n’était pas seulement une indication révélatrice sur qui étaient les partisans les plus fidèles de la droite vénézuélienne, mais surtout l’aveu explicite de son abandon de l’option démocratique : « Je veux vous annoncer que je suis absolument convaincu, et je ne suis pas le seul, mais des millions de Vénézuéliens le sont avec moi, nous sommes absolument convaincus que Nicolas Maduro doit quitter plus tôt que plus tard le gouvernement du Venezuela. » Voilà comment Leopoldo Lopez a souligné sa décision de retomber dans des méthodes illégales.

 

Cristobal Cornieles note également que « les actes de violence les plus forts survinrent dans les municipalités gouvernées par Leopoldo Lopez, et avec l’approbation de la police municipale, qui protégeait ceux qui menaient les actes de violence. Il y eut même le cas d’un maire — Cobayos — qui fut identifié en train de participer à des actes de violence. Pour sa participation, il est actuellement en détention et est en train d’être l’objet d’investigations judiciaires avec Leopoldo Lopez ». En ce qui concerne les méthodes employées, il semble évident que la violence ne gênait pas tellement dans les secteurs gouvernés par la droite vénézuélienne, mais qu’au contraire, elle s’accommodait de façon opportune avec ses objectifs politiques...

 

« La violence était sans merci contre les motocyclistes. Historiquement, la droite a associé les motards avec les partisans de Chavez. La méthode utilisée était l’installation, sous les instructions d’un général de l’armée à la retraite, des pièges ou « Guayas », situés à un mètre et vingt centimètres de hauteur, dans le but de provoquer la mort de motocyclistes. Une autre méthode employée consistait à ouvrir les égouts et déverser de l’huile autour. De telles méthodes constituent un acte de violence politique planifiée et non le résultat d’actions de violence isolées ou spontanées dans le cadre de manifestations pacifiques ».

 

Enfin, Cornieles souligne le caractère inhabituel du discours dominant des médias sur le phénomène des guarimbas : « Tout au long de l’histoire du XXe siècle en Amérique latine, il n’y a jamais eu des précédents de manifestations qui se terminent avec des morts de policiers. Une telle violence envers des agents de police n’a jamais été enregistrée, ce qui donne une idée de l’ampleur de la violence planifiée qui eut lieu pendant les guarimbas. Ces fonctionnaires ne furent même pas tués lors d’affrontements avec les manifestants : leur mort eut lieu pendant qu’ils retiraient des débris et des matériaux utilisés pour bloquer les routes. Ces policiers ont été la cible de tirs depuis des endroits élevés, ce qui est une indication claire de la préméditation dans l’assassinat. Pourtant, les responsables de ces meurtres contre des fonctionnaires se trouvent toujours en liberté, tandis que les agents de l’État impliqués dans des cas de violence font l’objet d’une enquête en cours. Malgré tout, la communauté internationale garde la matrice d’opinion selon laquelle la police était la responsable de la violence qui entraîna les morts ».

 

La première phase du plan de déstabilisation consistait à présenter une infime partie des étudiants vénézuéliens – surtout les étudiants de droite — comme faisant partie d’un mouvement social légitime face aux médias internationaux, afin d’endommager l’image publique du gouvernement vénézuélien. L’objectif était de préparer le terrain pour ensuite légitimer un coup d’État militaire par un groupe d’officiers. Or, comme l’a souligné l’écrivain Luis Britto Garcia, « les activistes usant de violence sont présentés par les médias comme de jeunes étudiants. Cependant des adultes cagoulés, notamment paramilitaires et mercenaires étrangers, se feront passer pour eux. (…) plus de neuf millions et demi de Vénézuéliens sont à l’heure actuelle étudiants. C’est-à-dire à peu près un sur trois. Ce qui signifie que si cette population étudiante était hostile à la Révolution bolivarienne (...) elle n’aurait pas pu résister à cette flambée de violence. » (3)

 

Le plan comprenait également un bombardement aérien sur le siège de la chaîne Telesur. Comme le rappelait très justement Nicolas Maduro, la révélation du plan d’attaque sur Telesur est une indication forte sur l’identité réelle des acteurs derrière la tentative de putsch déjouée du 12 février 2015 : « un Vénézuélien qui nous hait beaucoup aurait ciblé le palais présidentiel comme l’objectif principal de ce plan. Mais celui qui planifie à l’extérieur, son premier objectif c’est que l’on ne sache rien dans le monde. Détruire Telesur (était) la première cible. Les bâtiments de Telesur, situés dans le nord de Caracas ». (4) Les médias comme cible militaire prioritaire nous rappellent le mode opératoire de l’interventionnisme américain, avec le bombardement de la télévision serbe en 1999, qui entraîna 10 morts et 20 disparus, et celui de l’Hôtel Palestine et des installations d’Al-Jazira à Bagdad en 2003, au cours desquels furent tués les journalistes Jose Couso, Taras Protsyuk et Tareq Ayyoub, alors que plusieurs autres journalistes furent aussi blessés.

 

 

L’ingérence des États-Unis et ses liens avec la droite vénézuélienne

 

Déjà en 1829, Simón Bolívar faisait la prédiction suivante : « Les États-Unis semblent destinés par la providence à répandre des misères dans notre Amérique au nom de la liberté. ». (5) Si l’intuition principale était là, ce qui manquait seulement à déterminer était l’identité des alliés historiques qui allaient jouer ce rôle « providentiel », afin de permettre aux États-Unis de détruire les processus progressistes en Amérique Latine, tel un fléau en période de récoltes.

 

L’actuelle implication des États-Unis dans le plan de soutien à une insurrection au Venezuela ne devrait surprendre personne. Pour preuve, ses nombreuses interventions militaires au cours du XXe siècle, mais aussi les plus récentes, comme le soutien d’Obama au putschiste Roberto Micheletti puis à son successeur Porfirio Lobo à Honduras, suite au putsch qui provoqua le renversement du président légitime Manuel Zelaya. En effet, pour les États-Unis, la défense de la souveraineté, le renforcement d’une dynamique d’intégration régionale, l’anti-impérialisme affiché des gouvernements bolivien, équatorien et vénézuélien, sont autant de « menaces inhabituelles » à ses projets de domination hégémonique.

 

Le 23 juin 2015, en vue des élections législatives annoncées pour le 6 décembre de cette année, une délégation de sept dirigeants du parti de droite Primero Justicia, avec Henrique Capriles à sa tête, est allée à New York pour une rencontre avec le conseiller politique Juan Jose Rendon. Le président de l’Assemblée nationale, Diosdado Cabello a dénoncé le soutien que la droite vénézuélienne cherche systématiquement à l’étranger : « Ils sont allés à New York pour discuter des problèmes du Venezuela, même si nous savons qu’il n’y avait pas que cela, ils y sont allés pour recevoir des instructions de ce secteur de l’impérialisme qui ne veut pas la paix au Venezuela. Ils y sont allés également pour recevoir de l’argent (...) Est-ce une opposition responsable au Venezuela ? Non, elle ne l’est pas ». (6)

 

Le Venezuela paie donc les frais de ses ressources stratégiques et de sa situation géographique entre la Colombie et les États-Unis, deux pays jouissant de relations privilégiées en matière de coopération militaire. Leur ingérence se reflète à plusieurs niveaux. D’abord, dans le financement que la National Endowment Democracy (NED) et l’USAID ont octroyé aux organisations de l’opposition vénézuélienne de façon ininterrompue depuis 2001 (pour l’année 2013 seulement, ce financement s’élevait à 7,6 millions de dollars). Ensuite, dans le rôle joué par les paramilitaires colombiens dans les récentes tentatives visant à déstabiliser le pays (7), ainsi que dans l’assassinat du jeune député Robert Serra. (8)

 

En fait, « la Sortie », ce plan qui visait à renverser un gouvernement légitime, dont le point culminant eut lieu dans les premiers mois de 2014, reste une menace latente. Il s’inscrit dans la continuité d’une série d’attaques et sanctions, tous pointant l’intérêt de la Maison-Blanche sur le « changement de régime » (9) dans un pays stratégique pour ses ressources. C’est ainsi que, le 11 décembre dernier, Obama décida de signer des sanctions contre les fonctionnaires et diplomates de haut rang vénézuéliens, visant à empêcher leur accès au visa et à bloquer leurs comptes. En janvier de cette année, une campagne médiatique internationale ciblait le Président de l’Assemblée nationale Diosdado Cabello l’accusant de corruption et de liens présumés avec le narcotrafic.

 

En consonance avec ces actions, le 12 mars, le Parlement Européen adopta une résolution qui « condamne la persécution politique au Venezuela (...) et appelle à la libération des personnes emprisonnées arbitrairement ». (10) Cette résolution vise à présenter les responsables de l’opération « La Sortie » comme des prisonniers politiques qui seraient empêchés de s’exprimer. Or, on l’a vu, ces acteurs ont en réalité mené une campagne de déstabilisation au moyen d’un putsch, une démarche antidémocratique par essence. Il est à noter que le Parlement européen met en œuvre une instrumentalisation politique de la question des droits de l’homme, et son discours est très différent selon que les victimes et les pays sont des alliés ou pas. En effet, les membres du Parlement Européen ont fait la sourde oreille à la délégation vénézuélienne composée de Jose Morales, l’adjoint de l’Assemblée nationale du Venezuela, et des représentants du Comité des victimes de Guarimba. Yendry Velázquez, le porte-parole du Comité, a dénoncé que « parmi les 751 députés européens, seulement moins de 50 d’entre eux étaient présents (...) Je n’attends pas beaucoup d’eux, car cela a dû être planifié à l’avance. » (11)

 

Enfin, le 9 mars, on a vu l’infâme décret d’Obama désignant le Venezuela comme une « menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité nationale » des États-Unis. Cette dernière intrigue a eu un effet inattendu, suscitant la sympathie de millions de personnes dans le monde, qui ont exprimé leur soutien à la Révolution bolivarienne, et ont exigé l’abrogation du décret. Mais ce décret est une sorte d’épée de Damoclès. Le jeune vice-président du Venezuela, Jorge Arreaza, prévient : « Les États-Unis utilisent ce décret exécutif tel un « interrupteur que vous pouvez activer ou désactiver comme bon vous semble ». (12)

 

 

Le peuple du Venezuela veut la paix et la justice

 

Le premier acte de justice est que la vérité soit connue. Cela nécessite de rendre visibles les victimes et les auteurs. La plupart des médias, l’Union européenne et les États-Unis se sont engagés à l’unisson dans la demande de la libération de Leopoldo Lopez et des autres responsables de la violence déchaînée lors des guarimbas.

 

Depuis les seize dernières années, la Révolution bolivarienne promeut l’unité de l’Amérique latine et le changement de paradigme avec le socialisme du XXIe siècle. Bien que l’impérialisme américain cherche à répéter les vieux schémas de domination coloniale, les peuples de Notre Amérique réaffirment leur unité dans la diversité, donnent l’exemple et insufflent de l’espoir aux peuples du monde, avec des gouvernements qui pour la première fois incluent dans l’ordre du jour l’amélioration des conditions de vie des couches sociales majoritaires. L’histoire montre que le colonialisme et les empires ont un début et une fin. Les gouvernements des États-Unis et de l’Union européenne devraient donc se rendre à l’évidence et abandonner leur soutien aux putschistes, mercenaires et criminels de toutes sortes.

 

 

Par Alex Anfruns – Le Journal de Notre Amérique n° 5, Investig’Action – le 9 juillet 2015

 

Notes :

1 Conférence de presse du Comité de victimas guarimbas, à Bruxelles, le 7 mars 2015.

2 Voir vidéo annonce de « La Sortie » : http://www.ultimasnoticias.com.ve/n...

3https://venezuelainfos.wordpress.co...

4 Discours de Nicolas Maduro lors de la clôture de la Rencontre des Intellectuels en Défense de l’Humanité, à Caracas, le 13 décembre 2014.

5 Lettre au Coronel Patricio Campbell, Anglais Chargé des Affaires à Guayaquil.

6 Diosdado Cabello, « Con el mazo dando », 24 juin 2015, Venezolana de Television. Voir vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=MnB...

7http://notas.org.ar/2015/04/02/veni...

8 Voir : http://www.telesurtv.net/news/La-hi...

9 L’expression « régime change » fait référence au renversement de gouvernements étrangers par Washington, sans avoir recours aux interventions militaires directes. Les opérations couvertes conçues par la CIA consistent à promouvoir la déstabilisation des pays à travers des coups d’État, financer et entraîner des groupes hostiles au gouvernement, mener des campagnes de guerre psychologique dans les médias, etc. L’expression est utilisé dans l’ouvrage « Overthrow : America’s Century of Regime Change from Hawaii to Iraq" (2006) du journaliste états-unien Stephen Kinzer.

10 European Parliament resolution of 12 March 2015 on the situation in Venezuela (2015/2582(RSP))

11 http://www.vtv.gob.ve/articulos/201...

12 Discours de Jorge Arreaza prononcé lors de la clôture du Sommet des Peuples le 11 juin 2015 à Bruxelles.

 

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Billet d’humeur politique à propos de ce qui se passe en Europe

Billet d’humeur politique  à propos de ce qui se passe en Europe | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Illustration : motione.over-blog.com

 

  

Billet d’humeur politique :

à propos de ce qui se passe en Europe

 

J’ai déjà mis en ligne un court billet relatif au projet de gazoduc entre la Russie, premier producteur de gaz du monde, et l’Europe via la Turquie et la Grèce, la Macédoine et enfin les autres pays qui ont émergé à la suite du démantèlement de la Yougoslavie.

 

Pour payer ses dettes la Grèce n’a plus le choix, vendre le Parthénon au plus offrant, le port du Pirée (c’est déjà en grande partie le cas) et quelques dizaines d’îles à de richissimes sexagénaires quelle que soit leur nationalité. Mais pour les débouchés du gaz naturel russe vers l’Europe ça pose problème, non pas aux pays concernés par le tracé du tuyau en question, mais à Washington ! Inutile de revenir sur le fait que Coca-Cola Co possède des milliers d’hectares de vignobles en Macédoine et qu’il ne s’est strictement jamais rien passé durant les évènements relatifs au démantèlement de l’ex-Yougoslavie pour cette raison comme il ne s’est rien passé non plus en Albanie, pays stratégiquement important aux yeux de Washington pour sa richesse en chrome.

 

Bref, cette entrée en matière était destinée à situer les enjeux stratégiques de Washington afin de priver la Russie de débouchés vers le sud de l’Europe de son gaz naturel. On ne peut qu’être admiratif sur la constance des visées hégémoniques des USA sur l’Europe et aucun leader d’aucun pays d’Europe ne semble s’inquiéter de cette situation.

 

Si les intérêts des USA – les vignobles de Coca-Cola ne sont devenus qu’un épiphénomène dans la stratégie actuelle des néoconservateurs américains – sont de barrer les débouchés vers l’Europe du gazoduc que la Russie projette très sérieusement de construire, alors on comprend aisément que les USA avec leurs ONGs et filiales de la CIA omniprésentes en Europe en profitent pour fomenter, un peu comme à Hong-Kong (mais ça n’a pas fonctionné au grand dam de Washington) ou sur la place Maiden à Kiev (ça a vraiment bien fonctionné), des mouvements « populaires » opposés à ce projet.

 

À tel point que les USA préparent en ce moment même une partition pure et simple de la Macédoine entre la Bulgarie, acquise à l’hégémonie de Washington et l’Albanie qui n’a rien d’autre à faire que de la fermer, les Américains sont très bien installés au Kosovo. Les limiers de la CIA reposent leurs agissements souterrains sur le fait, qui peut être mis facilement en doute d’ailleurs, que l’ouest du pays, je parle de la Macédoine, est peuplé d’une forte minorité « albanaise », c’est-à-dire musulmane, et que la partie orientale est majoritairement chrétienne orthodoxe.

 

Dans l’opinion des politiciens qui gravitent autour de la Maison-Blanche être chrétien orthodoxe est équivalent à faire aveu d’allégeance à Moscou, au Pope de l’Église orthodoxe et à Poutine, comme c’est le cas en Serbie ou dans l’est de l’Ukraine. Sauf que si certains pays ont été déjà bien pris en main par la CIA comme la Roumanie ou la Bulgarie le simple business d’un transit de gaz russe vers l’Europe pourrait remettre en question les visées de Washington.

 

Il n’empêche que l’on ne peut pas exclure « un événement fortuit » pouvant déclencher des troubles locaux tels que cette partition puisse être l’occasion pour la Bulgarie, maintenant pieds et poings liés à Washington et à l’OTAN, de provoquer un conflit régional, un autre – pas si loin de l’Ukraine – qui affaiblirait encore plus le pouvoir de Moscou. La situation est telle aujourd’hui que la Bulgarie attend que l’Albanie fasse le premier geste agressif et ça ne saurait tarder, les ONGs américaines financées par la CIA et le Département d’État sont sur le qui-vive ! Le Kosovo est virtuellement occupé par les Américains, on oublie de le mentionner, car ce n’est pas politiquement correct.

 

Mais pour la Maison-Blanche ce mini-État revêtait une importance stratégique indéniable (qui justifiait les massacres organisés par les Américains lors de ladite « guerre du Kosovo », mais ça ne figurera jamais dans les livres d’histoire) dans la mesure où la présence américaine permettait (et permet toujours) de contrôler l’état des lieux dans la région.

 

Le changement politique récent en Grèce, un gouvernement communiste – il ne faut masquer la réalité – qui n’a pas d’autre choix que de se vendre à la Chine et à la Russie pour honorer ses dettes auprès du FMI ou de l’Allemagne, vassale notoire depuis la fin de la seconde guerre mondiale des USA (jamais l’armée américaine n’a quitté le sol allemand comme au Japon d’ailleurs) et principal pays concerné par la dette grecque, ce changement est une source de préoccupations indescriptibles pour le Département d’État américain. Car en effet Tsipras n’a plus vraiment d’autre choix que de brader ce qui reste encore à négocier au plus offrant et le droit de passage d’un gazoduc en Grèce serait une gigantesque source pérenne de revenus.

 

Les USA, non contents d’avoir semé un foutoir invraisemblable en Ukraine, pays où les retraités, les anciens combattants (dans l’armée soviétique), les sinistrés de Tchernobyl et les invalides civils ne touchent plus aucun subside de l’État depuis plus de trois mois, car le pays n’a plus une tune en poche, ont décidé maintenant de s’attaquer à la Grèce en créant un nouveau front anti-russe, cette fois en Macédoine. Encore une fois, et il est opportun de le rappeler, les USA, vis-à-vis des médias occidentaux, n’agissent jamais directement, mais par Nations interposées afin de se dédouaner de leurs ignominies.

 

Et pendant ce temps-là, en France, on pense déjà aux vacances après un mois de mai harassant, mises à part une petite chute de la bourse qui ne saurait que s’aggraver – tout de même près de 8 % en une semaine – et une petite canicule certainement provoquée par le changement climatique, tout roule, mais est-ce que les citoyens lambda ont conscience qu’ils vont devoir chacun payer 600 euros, tous âges confondus, pour apurer la dette grecque que détient la France ? Bien sûr que non ! Ce sont les Américains qui en ont décidé ainsi et si ça ne suffit pas, eh bien il y aura une nouvelle guerre pour le plus grand bien de l’industrie de l’armement américain avec peut-être plein d’ogives nucléaires comme pour commémorer les deux bombes lâchées sur deux paisibles villes japonaises les 6 et 9 août 1945.

 

Voilà très schématiquement où en sont les Européens, marionnettes lascives et totalement putifiées par Washington, mais ils vont sentir très bientôt le vent de la misère, 70 ans après la fin de la Deuxième Guerre mondiale il en faut une autre, et il est déjà trop tard pour se ressaisir, les bruits de bottes se font de plus en plus pressants et sur deux fronts différents, aux portes de l’Europe et dans bien d’autres endroits de la planète. Affligeant…

 

 

 

Par jacqueshenry - jacqueshenry.wordpress.com – le 10 juin 2015

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Avec la guerre des drones d'Obama l’assassinat est devenu routine

Avec la guerre des drones d'Obama l’assassinat est devenu routine | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Légende et source photo : theguardian.com - Pakistani ribesmen from Waziristan protest against US drone attacks, outside parliament in Islamabad. Photograph: T Mughal/EPA


 

 

Avec la guerre des drones d'Obama

l’assassinat est devenu routine

Par Patrick Martin

 

L’aspect le plus extraordinaire peut-être de l’annonce du président Obama jeudi dernier que deux otages d’Al-Qaïda, un Américain et un Italien, avaient été tués au Pakistan dans une frappe de missile à partir d’un drone américain est l’absence de toute réaction significative des milieux politiques officiels ou des médias.

 

Il y a bien eu une certaine désapprobation polie dans la presse tout comme des expressions de sympathie pour la famille du Dr Warren Weinstein, travailleur humanitaire de longue date au Pakistan, enlevé par Al-Qaïda en 2011 et tué par le gouvernement américain en janvier 2015.

 

Mais personne n’a remis en question la prémisse de base du programme de missiles lancés par des drones, qui est que la CIA et le Pentagone ont le droit de tuer n’importe qui, n’importe où, sur un simple mot prononcé par le président. Les assassinats par drone aux mains du gouvernement américain sont devenu la routine et sont acceptés comme normaux et légitimes par ceux qui font l’opinion publique officielle.

 

La prise de parole d’Obama, jeudi, faisait froid dans le dos. Il a exprimé les regrets de mise, mais seulement parce que ces récentes victimes de drones américains comprenaient deux otages, l’un américain et l’autre Italien. Ce fut visiblement une mauvaise prestation, qui n’a convaincu personne sinon les rédacteurs du New York Times, qui ont loué « la franchise et la contrition » d’Obama.

 

Après avoir blâmé, pour la mort de Weinstein et Giovanni Lo Porto, les « erreurs » dues au « brouillard de la guerre », Obama a déclaré, « Mais l’une des choses qui définit l’Amérique à l’opposé de nombreux autres pays, l’une des choses qui nous rend exceptionnels, c’est notre volonté de regarder en face nos imperfections et d’apprendre de nos erreurs. » Il avait décidé d’admettre la responsabilité de ces morts parce que « les États-Unis sont une démocratie, commis à la transparence, dans les bons comme dans les mauvais moments. »

 

Quelle farce ! Loin d’admettre des « erreurs, » Obama, l’homme de paille politique de l’appareil militaire et du renseignement, disait clairement que le programme d’assassinat de drone se poursuivrait et que personne ne serait tenu responsable de cette dernière atrocité.

 

L’Amérique d’aujourd’hui n’est « exceptionnelle » que dans la mesure où l’ensemble de l’élite dirigeante y a adopté une politique irresponsable d’une violence exercée dans le monde entier, qui comprend l’assassinat, la torture et la guerre d’agression. Les États-Unis sont gérés par des criminels.

 

Un test majeur à passer pour tout président américain est de savoir s’il est prêt à approuver les crimes d’État en sa capacité de représentant politique, non pas du peuple américain, mais d’une cabale de généraux et d’assassins de la CIA. Combien de temps encore jusqu’à ce que ces actions ne soient plus menées seulement dans les régions reculées d’Afghanistan ou au Yémen, mais dans les grands centres urbains des grands pays, y compris à la fin aux États-Unis mêmes ?

 

La frappe de drone qui a tué Weinstein et Lo Porto dans la vallée pakistanaise de Shawal fait partie d’une campagne permanente de mort et de destruction. Obama n’a même pas eu à approuver personnellement cette frappe-là, car il a donné de façon générale à la CIA l’autorité de mener de telles opérations dans les zones tribales sous administration fédérale du Pakistan, peuplées en majorité de Pachtounes.

 

L’affirmation que les attaques de drones ciblent les personnes désignées comme « terroristes » par l’appareil militaire et du renseignement américain ne constitue guère une restriction, compte tenu de l’application sans discernement de ce terme à toute personne offrant une résistance significative à la politique étrangère américaine, et de la pratique cynique qui consiste à coller à titre posthume l’étiquette de « combattant ennemi » à n’importe quel individu mâle en âge de porter les armes tué par un missile tiré depuis un drone.

 

En outre, comme le démontrent les événements de Syrie et de Libye, les « terroristes » anti-américains d’hier peuvent devenir « les rebelles » ou encore les « combattants de la liberté » d’aujourd’hui et bénéficier des armes, de la formation militaire et de l’argent américains. De même, les « combattants de la liberté » ou alliés d’aujourd’hui peuvent-ils devenir demain, dans la « guerre contre le terrorisme, » la cible d’un renversement ou d’un assassinat.

 

La CIA a recruté des sympathisants d’Al-Qaida pour renverser le régime libyen et assassiner Mouammar Kadhafi, un allié d’autrefois, et pour l’opération de changement de régime en cours contre le président Bachar al-Assad en Syrie. Cette dernière campagne a conduit à la montée de l’État islamique en Irak et en Syrie dont les terroristes tournés « rebelles » ont de nouveau reçu l’étiquette terroriste, conformément aux tours et détours de la politique étrangère américaine.

 

Des responsables de l’administration Obama ont confirmé que l’attaque de drone qui a tué Weinstein et Lo Porto était une « frappe signature, » pour laquelle les objectifs ne sont pas nommément identifiés, mais sélectionnés sur la base d’un schéma de comportement prétendument conforme à celui d’un groupe terroriste. La CIA a procédé à l’attaque de drone qui a tué six personnes dont Weinstein et Lo Porto sur la base d’une observation aérienne des allées et venues dans le bâtiment ciblé, sans savoir quels gens s’y trouvait ou quels liens ils avaient avec Al Qaida et les talibans.

 

De telles attaques constituent une violation flagrante du droit international. Les États-Unis bafouent la souveraineté du Pakistan, du Yémen, de la Somalie et d’autres pays où elle effectue de telles attaques.

 

Les meurtres par missile de drone sont des crimes de guerre en vertu des Conventions de Genève, qui interdisent les attaques délibérées contre des civils ou les opérations militaires qui mettent délibérément en danger des civils. Selon une étude réalisée par le groupe de défense des droits humains Reprieve, les frappes de missiles de drones américains ayant pour cible 41 terroristes présumés, ont tué un total de 1.147 personnes dont beaucoup de femmes et d’enfants.

 

Pas une seule voix influente de l’establishment politique ou médiatique américain ne s’est élevée contre le fait qu’on a fait de l’assassinat un élément majeur de la politique étrangère américaine. Dans les années 1970, lorsque le Commission Church du Sénat américain avait tenu des audiences sur des complots de la CIA visant à assassiner un certain nombre de dirigeants étrangers, ses révélations avaient la capacité de choquer. Il y a eu une réaction, même au plus haut niveau de l’establishment politique, et la Maison-Blanche a été contrainte de promulguer un décret exécutif désavouant l’assassinat comme outil de la politique gouvernementale.

 

Aujourd’hui une telle réaction n’existe pas. Au contraire, plus tôt ce mois, le Times a révélé que les dirigeants du Congrès avaient fait pression sur la Maison-Blanche et la CIA pour multiplier les assassinats par drone. Décrivant les discussions quant à savoir s’il fallait tuer ou capturer un islamiste né au Texas qui avait rejoint Al-Qaïda au Pakistan, Mohanad Al Mahmoud Farekh, le Times écrivait : « Au cours d'une audience à huis clos du House Intelligence Committee en juillet 2013, les législateurs n'ont cessé d'interroger les responsables militaires et du renseignement pour savoir pourquoi M. Farekh n'avait pas été tué.» (Voir : Le gouvernement américain a ciblé un deuxième citoyen américain à assassiner)

 

Les médias américains sont bien conscients du bilan des morts par missiles de drone, mais ils le dissimulent. Un article paru vendredi dernier dans le Times notait que la Maison-Blanche refusait toute discussion sur les victimes civiles des attaques de drones quand elles sont pakistanaises ou yéménites. « Quand des Américains ont été tués, cependant, l'administration Obama a jugé nécessaire de rompre avec sa pratique habituelle et de finalement reconnaître les décès, au moins dans les discussions privées avec les journalistes, » a écrit ce journal.

 

L’absence de toute protestation significative contre les dernières révélations de crimes de guerre des États-Unis est un avertissement à la classe ouvrière, tant aux États-Unis qu’au plan international. Comme le World Socialist Web Site en a averti de façon constante, la poussée de l’impérialisme vers la guerre est liée inséparablement à une attaque frontale des droits démocratiques et sociaux.

 

La lutte contre la guerre et pour la défense des droits démocratiques nécessite un tournant vers la classe ouvrière, la seule force sociale capable de désarmer l’élite dirigeante. C’est le but du Rassemblement international en ligne pour le 1er mai auquel appelle, pour le dimanche 3 mai, le Comité international de la Quatrième Internationale. Nous exhortons tous les lecteurs et sympathisants du World Socialist Web Site de s’inscrire pour ce rassemblement dès aujourd’hui.

 

 

 

Par Patrick Martin - wsws.org – le 27 avril 2015.


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Le tout-Paris tweete "good luck" à Hillary Clinton

Le tout-Paris tweete "good luck" à Hillary Clinton | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Le tout-Paris tweete "good luck" à Hillary Clinton

 Par Patrice de Plunkett (*)

 

La sujétion française s'affiche une fois de plus :

 

 « I'm running for president. Everyday Americans need a champion, and I want to be that champion... » Archétype de la classe dominante, Hillary Clinton – qui vit dans un verdoyant palais new-yorkais [1] et dont la fortune dépasse 25 millions de dollars – tweete qu'elle veut être la candidate de l'Américain moyen, ce qui montre un fier culot de sa part : la presse US annonce que le trésor de guerre de la campagne Clinton, alimenté par les grands intérêts financiers, va se monter à 2,5 millions de dollars.

 

Mais voilà : comme si Hillary était élue d'avance (« Queen Hillary the Inevitable », ironisent les sites contestataires américains), les dirigeants de la classe politique française lui tweetent des félicitations. Et ils le font tous en anglais, car leur allégeance ne va pas à un parti : elle va à l'Amérique en soi.

 

— Manuel Valls (sobre) : « Good luck @HillaryClinton !»

 

— Nicolas Sarkozy (redevenant Sarko-l'Américain) : « Good luck @HillaryClinton ! I know how strong your passion is for the United States. - NS. »

 

— Marisol Touraine (polarisée) : « Go Hillary ».

 

— Christiane Taubira (faisant des phrases à sa manière, et copiant-collant quatre mots d'un poète américain) : « @HillaryClinton running, good news ! Could fair winds strengthen your sails and give you wings [2]. 'Hold fast to dreams' Langston Hughes - ChT »

 

Les humoristes prétendront que ces enthousiasmes parisiens viennent d'une lecture littérale du premier communiqué de presse de John Podesta, chef de la campagne Clinton, texte qui semblait dire – en raison d'une faute de frappe – que la candidate avait «combattu les enfants et la famille durant toute sa carrière » : « Hillary has fought children and family all his career »... Manquait évidemment le mot « for ».

 

 

Les analystes préféreront disséquer la réaction du tout-Paris.

 

Sur qui se porte son enthousiasme ?

 

Sur une femme politique d'une remarquable brutalité, résolue à tout pour enrayer le déclin de l'empire américain. La vision planétaire hillaryenne est-elle si différente de celle des néoconservateurs, qui ont mis à feu et à sang le Proche-Orient (et veulent en faire autant avec le monde slave) ?

 

En 2013, Mme Clinton avait voté pour l'invasion de l'Irak, cause de toutes les catastrophes ultérieures.


En 2014, parlant en tant qu'ex-chef de la diplomatie américaine, elle assimilait Vladimir Poutine à Hitler : ce qui impliquait en pointillé une entrée en guerre des Etats-Unis. Depuis six mois elle fait savoir qu'elle désapprouve les raisonnables velléités d'Obama en direction de Téhéran...

 

Sur le plan économique, Mme Clinton se pose en incarnation de l'âge d'or que fut, aux yeux de Wall Street, la présidence de son mari.

 

Souvenons-nous de Bill Clinton abolissant le Glass-Steagall Act de 1933 (qui séparait banque de dépôt et banque d'investissement) : d'où, entre autres, la naissance de Citigroup qui allait coûter 300 milliards au gouvernement américain en novembre 2008 !

 

L'abolition du Glass-Steagall Act avait été obtenue par les principaux banquiers US, réunis à la Maison-Blanche le 13 mai 1996  en compagnie du secrétaire du Trésor : le clintonien Robert Rubin, ex-patron de Goldman-Sachs... Ce qui suivit cette réunion allait « coûter quelques milliers de milliards de dollars à l'économie mondiale, favoriser l'envol de la dette des États, et provoquer la perte de dizaines de millions d'emplois ». [3]

 

C'est dans ce contexte qu'il faut comprendre la jubilation courtisane de nos hommes et femmes politiques (ainsi que des neuf dixièmes de la presse française), à l'idée de voir la Maison-Blanche redevenir le siège des Clinton.

 

Mais les américanolâtres français ont deux caractéristiques : ils parlent mal anglais et ils ne comprennent rien aux Américains. Fin mars, le Washington Post faisait remarquer que l'indice d'opinions en faveur de Mme Clinton était inférieur à 50 %, et que son classement en tête des précandidats démocrates tenait moins à ses talents qu'à la pagaille chez les républicains.

 

Quant à Downtrend.com, en guerre contre « l'oligarchie corrompue qui contrôle le perchoir », il compare carrément les allégations de Mme Clinton (au sujet de ses courriels illégaux) à celles de... Richard Nixon au sujet du Watergate.

 

Mais n'allez pas expliquer tout ça chez Nicolas Sarkozy ou chez nos ministres : on rirait beaucoup de vous.

 

 

Par Patrice de Plunkett (*) - plunkett.hautetfort.com – le 13 avril 2015

(*) Patrice de Plunkett est un journaliste et essayiste français, qui codirigea le Figaro Magazine… (Source Wikipédia)

Notes :

[1] Alors qu'elle et Bill emménageaient dans cette résidence fastueuse, Mme Clinton déclarait : « nous sommes dead broke (complètement fauchés). »

[2] « Que des vents favorables donnent force à vos voiles et vous donnent des ailes », lui écrit-elle... Taubira, c'est le maire de Champignac. (Comme disait le vieux pastiche :  « la vie est un tissu de coups de poignards qu'il faut savoir boire goutte à goutte »).

[3] Le Monde diplomatique, juin 2010.


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La CIA dépassée par le soutien de civils à Daesh

La CIA dépassée par le soutien de civils à Daesh | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : John Brennan, directeur de la CIA, ne comprend pas pourquoi des civils soutiennent ses mercenaires de l’État islamique, malgré leurs crimes.

 


La CIA dépassée par le soutien de civils à Daesh

Par Thierry Meyssan (*)

 

Dépassée par le développement foudroyant de l’Émirat islamique qu’elle a elle-même créée, l’Agence centrale de Renseignement (CIA) sera profondément réorganisée. Mais le problème qu’elle rencontre est sans précédent : une rhétorique qu’elle avait imaginée pour signer des communiqués de revendication d’actes terroristes sous faux drapeaux s’est transformée en une puissante idéologie au contact d’une population dont elle ignorait jusqu’à l’existence. Pour Thierry Meyssan, la réforme de la CIA sera inefficace : elle ne lui permettra pas de gérer le cataclysme qu’elle a provoqué au Levant.

 

 

La CIA est apparue, en novembre dernier, dans l’incapacité d’évaluer la situation en Syrie. Perdue dans ses mensonges, l’Agence ne parvenait plus à identifier les motivations de ses « révolutionnaires ». Pire, elle était incapable de dénombrer les soutiens à la « rébellion » et ceux à la République. Cet échec n’a fait qu’empirer comme l’a montré, fin février 2015, l’effondrement du Mouvement de la Fermeté (Harakat Hazm), l’armée officielle de l’Agence en Syrie [1]. Bien sûr, la vie continue et la CIA a déjà regroupé ses forces au sein d’une nouvelle formation, le Front du Levant (Shamiyat Front).

 

En créant al-Qaïda, puis Daesh, la CIA pensait engager des mercenaires pour réaliser des missions ponctuelles qu’elle ne pouvait pas revendiquer. Elle n’avait jamais envisagé que des civils puissent prendre au sérieux la phraséologie à quatre sous qu’elle avait imaginée pour rédiger des communiqués de revendication. De fait, personne n’a accordé d’importance au charabia d’Oussama Ben Laden selon qui la présence de militaires non-musulmans de l’OTAN, lors de « Tempête du désert », sur le territoire saoudien était un sacrilège qui exigeait réparation. Nulle part on ne trouvera dans le Coran de justification de cette malédiction. Les mercenaires d’al-Qaïda n’ont donc eu aucune difficulté à se battre aux côtés de l’OTAN en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo. Il ne semblait pas y avoir de raison de croire qu’il en serait autrement aujourd’hui.

 

Pourtant, lors de la guerre contre la Jamahiriya arabe libyenne, j’avais observé que certains mercenaires d’al-Qaïda semblaient vouloir réellement revenir au mode de vie du VIIe siècle, le « temps du Prophète ». C’était au moins vrai dans l’obscur Émirat islamique gouverné par Abdelkarim Al-Hasadi à Dernaa. Or, il ne s’agissait pas pour eux du VIIe siècle levantin, alors chrétien et ne parlant pas l’arabe, ou même du VIIe siècle français du bon roi Dagobert, mais du VIIe siècle de la péninsule arabique, une société hors du temps, composée selon le Coran de bédouins fourbes et cruels que le Prophète tenta de convertir et d’apaiser.

 

Par la suite, durant la guerre contre la République arabe syrienne, j’observais que les Syriens qui soutenaient al-Qaïda (et aujourd’hui Daesh), sans mobiles financiers, étaient tous membres de familles très nombreuses dont les femmes n’étaient pas autorisées à contrôler leur fécondité. Le clivage qui s’opérait dans le pays n’avait rien de politique au sens moderne du terme. Désormais, l’idéologie des civils qui soutiennent les jihadistes se résume à ce retour à des origines mythiques, celle des gardiens de chameaux d’Arabie du Moyen-âge. Et la CIA qui l’a provoquée, n’en a pas compris la force et n’en a pas suivi l’expansion.

 

Il ne s’agit pas ici de « retour de bâton » — Daesh ne s’est pas retourné contre la CIA. Mais de la transformation d’un groupuscule terroriste en un État et du triomphe d’une rhétorique ridicule parmi certaines populations.

 

La CIA se trouve face au problème de toutes les administrations. Son mode d’organisation, qui lui permit de nombreuses victoires par le passé dans diverses régions du monde, ne fonctionne plus parce qu’elle n’a pas su s’adapter. Organiser un coup d’État et manipuler des masses pour qu’elles soutiennent une organisation terroriste sont deux choses bien différentes.

 

C’est pourquoi le directeur John Brennan a annoncé une refonte complète de la structure de l’Agence, à l’issue de 4 mois de consultations internes.

 

Jusqu’ici, il y avait :

 

• La Direction du Renseignement, chargée d’analyser les données recueillies ;

• La Direction des Opérations, renommée Service clandestin, chargée de l’espionnage humain ;

• La Direction des Sciences et de la technologie, spécialisée dans le traitement des informations scientifiques et techniques

• La Direction du Soutien, chargée de la gestion du personnel, de la fourniture des matériels et du financement.

 

Le personnel était réparti selon ses compétences : les intellectuels au Renseignement, les baroudeurs aux Opérations, les matheux aux Sciences et les organisateurs au Soutien. Bien sûr, chaque direction s’était aussi adjointe des collaborateurs avec d’autres profils pour pouvoir faire son travail, mais schématiquement chaque direction correspondait à un profil humain particulier.

 

Les documents révélés par Edward Snowden nous ont appris que la CIA est la plus importante agence de Renseignement au monde avec un budget de 14,7 milliards de dollars en 2013 (soit le double du budget total de la République arabe syrienne). Mais elle n’est pourtant qu’une agence de renseignement parmi les 16 que comptent les États-Unis.

 

Bref, avec tout cet argent et ces compétences, la CIA était prête à vaincre l’URSS qui s’est effondrée sur elle-même sans son aide il y a plus de 25 ans.

 

Pour faire progresser l’Agence, John O. Brennan a décidé de généraliser le modèle du Centre contre-terroriste, créé en 1986 au sein de la Direction des Opérations ; un modèle ultra-sophistiqué mis en scène dans la série télévisée 24 heures. Cette unité pluridisciplinaire a fait merveille pour répondre presque instantanément aux questions qu’on lui posait. Elle est capable d’identifier un individu, de le localiser et de l’éliminer en un rien de temps pour la plus grande joie de la Maison-Blanche. Et l’on sait que le président Obama se rend chaque jour dans son bunker sous-terrain pour déterminer les cibles de ses drones et faire assassiner qui il veut, quand il veut et où il veut.

 

Selon M. Brennan, il s’agit ni plus ni moins que de faire entrer le Renseignement dans l’ère des nouvelles technologies, des ordinateurs et des satellites. L’Agence devrait donc être rapidement restructurée autour de 16 Centres chargés de chaque région du monde et de divers objectifs généraux.

 

Mais en quoi le modèle du Centre contre-terroriste aurait-il pu comprendre la transformation d’une phraséologie enfantine en une puissante idéologie ?

 

Le succès de l’Émirat islamique provient d’abord de ses soutiens étatiques, de son armement et de son argent. Mais le soutien dont il bénéficie chez quelques Syriens et certains Irakiens n’a rien à voir ni avec le Coran ni avec la lutte des classes. C’est la révolte d’un mode de vie en train de disparaître, d’une société violente dominée par les hommes, contre un mode de vie respectueux des femmes et contrôlant les naissances. Cette transformation s’est faite en Europe avec l’exode rural et les deux Guerres mondiales, sans provoquer de guerres supplémentaires. Elle a été accomplie au début des années 80 par l’Iran de l’imam Khomeiny avec un succès éclatant et s’est progressivement étendue au monde arabe jusqu’à se fracasser sur Daesh ; un conflit qui n’a rien à voir avec la distinction théologique entre chiites et sunnites.

 

La suite des événements est, elle, prévisible. Comme toujours, les États-Uniens pensent que leur problème sera résolu grâce au progrès technique. C’est avec une débauche d’informatique qu’ils vont tenter de comprendre la situation au « Proche-Orient ».

 

Mais comment les États-Unis, fondés il y a deux siècles, pourraient-ils comprendre le cataclysme qu’ils ont provoqué dans la plus ancienne civilisation du monde ? Comment les États-Uniens — des Barbares friqués — et des Bédouins du Golfe pourraient-ils organiser des peuples civilisés depuis six millénaires ?

 

Car c’est le secret du Levant : quantité de peuples différents, ayant leur propre histoire, leur propre langue et leur propre religion, y parlent une même langue vernaculaire et y collaborent ensemble [2]. Les nassériens et les baasistes ont tenté de transformer cette mosaïque en une unique force politique. Ils ont cherché à composer une « Nation arabe » avec des peuples majoritairement non arabes. Un rêve dont il ne reste aujourd’hui que la « République arabe syrienne ». C’est ce projet politique qui était attaqué par Daesh et cette civilisation qui est aujourd’hui menacée par les civils qui le soutiennent.

 

Tandis que les États mono-ethniques sont faciles à conquérir, ils ont appris avec le temps que leur diversité et leur entremêlement les rendent invincibles. C’est d’ailleurs pour cela qu’ils ont protégé les survivants d’un Ancien Monde ; des survivants qui aujourd’hui se révoltent contre eux et les rongent de l’intérieur.

 

Comment la CIA pouvait-elle anticiper que de jeunes Européens, eux aussi nostalgiques de ces temps anciens, se joindraient par dizaines de milliers à Daesh pour s’opposer à la marche du temps et détruire des œuvres d’art millénaires ?

 

La défaite israélienne au Liban, en 2006, a montré que quelques citoyens déterminés étaient capables de faire échouer l’armée la plus sophistiquée au monde. L’homme a déjà triomphé des machines. C’est une erreur de croire que le progrès technique est un critère de civilisation, que des ordinateurs permettront de comprendre qui que ce soit, ni même de le dominer. Tout au plus peuvent-ils collecter de grandes quantités d’information, les trier et les synthétiser. La réorganisation de l’Agence va lui permettre de répondre à toutes les questions du jour, mais à aucune sur ce qui se passera demain.

 

Les États-Uniens et les Européens sont incapables d’admettre que des peuples qu’ils ont colonisés ont rattrapé leur retard technique alors qu’eux-mêmes n’ont pas rattrapé leur retard en civilisation. Ils se trouvent confrontés à leurs limites et ne peuvent plus influer sur le cataclysme qu’ils ont involontairement suscité.

 

 

Par Thierry Meyssan (*) - RÉSEAU VOLTAIRE INTERNATIONAL | DAMAS (SYRIE) – LE 16 MARS 2015

 

Notes :

[1] « Dissolution de l’armée de la CIA en Syrie », Réseau Voltaire International, 3 mars 2015

[2] L’arabe est la langue commune au Levant, mais on y parle aussi les différentes langues kurdes, l’arménien, le turc, l’araméen, le syriaque, l’hébreu, etc. Presque aucun de ses habitants n’est ethniquement arabe.


(*) Thierry Meyssan : consultant politique, président-fondateur du Réseau Voltaire et de la conférence Axis for Peace. Dernier ouvrage en français : L’Effroyable imposture : Tome 2, Manipulations et désinformations (éd. JP Bertand, 2007). Compte Twitter officiel.



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Ouest contre Est : la marche à la guerre ?

Ouest contre Est : la marche à la guerre ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it



Ouest contre Est :

la marche à la guerre ?

Par Patrice de Plunkett (*)

 

 

Mardi au Sénat, les propos sidérants du général Martin Dempsey (chef d’état-major du Pentagone) faisaient penser à ceux de Burt Lancaster putschiste dans Seven Days in May :  

 

Barack Obama a reçu deux gifles. L’une du Congrès, qui a acclamé un chef de gouvernement étranger venu vitupérer la politique étrangère de la Maison-Blanche. L’autre du Pentagone, qui parle désormais comme si la Maison-Blanche n’existait plus. Devant la commission des forces armées du Sénat, le général Martin Dempsey, chef d’état-major interarmées au Pentagone, a déclaré mot pour mot : « Je pense que nous devrions absolument envisager de fournir [des armes à l’Ukraine], et cela devrait être fait dans le cadre de l’OTAN, l’objectif ultime de Poutine étant de fracturer l’OTAN. »

 

Cette idée violerait la légalité internationale que « l’Occident » (dont le général Dempsey est en principe l’outil) ne cesse pourtant d’invoquer.

 

En effet :

1. pays en état de semi-guerre, l’Ukraine ne fait pas partie de l’OTAN, et n’en fera pas partie tant que plusieurs membres de l’OTAN (France, Allemagne) s’y opposeront.

 

2. Donc : le fait d’armer un belligérant non membre de l’OTAN – et de faire cela explicitement « dans le cadre de l’OTAN » – serait un acte d’intervention agressive.

 

3. Cet acte contredirait la charte de l’OTAN, qui est par nature un pacte défensif.

 

4. Pour tourner cet obstacle, le général Dempsey invente un prétexte : la situation présente serait l’effet, de la part de Poutine, d’une stratégie a priori qui viserait à « fracturer l’OTAN ».

Fiction ! Regardons les faits réels :


a) c’est Washington qui a pris l’initiative des hostilités contre la Russie à la fin des années 1990, en étendant l’OTAN contrairement à la promesse faite à Gorbatchev, et en programmant la ceinture soi-disant « antimissile » ;


b) le putsch de Kiev en 2014 fait partie* de ces hostilités américaines, qui se veulent un étau à resserrer autour de la Russie ;


c) la guerre larvée en Ukraine est une conséquence de ce putsch et de ce qui s’en est suivi ;


d) Eltsine lui-même avait prévenu que toute avancée de l’OTAN vers la frontière russe entraînerait une riposte de Moscou, quel que soit le gouvernement alors en place ;


e) présenter la réplique politico-militaire de Poutine comme une menace préméditée contre « l’OTAN » en général est une pure rhétorique. Mais c’est une rhétorique périlleuse.

 

5. Présenter comme un provocateur celui qu’on a provoqué, puis l’attaquer en disant qu’on se défend contre lui : c’est le mécanisme des guerres.

 

6. Rappelez-vous ! Golfe du Tonkin, 2 août 1964. Deux destroyers américains (USS Maddox et USS Turner Joy) font intrusion dans les eaux territoriales du Nord-Vietnam. C’est une provocation délibérée. Les batteries nord-vietnamiennes ouvrent le feu. Le 4 août, le Congrès vote un texte qui était prêt depuis six mois : intitulé Resolution to promote the maintenance of international peace and security in southeast Asia, ce texte autorise ensuite le président des USA à déclarer la guerre sans vote du Congrès... On connaît le résultat : vingt ans d’un carnage sans issue qui tuera 1 800 000 Vietnamiens et 58 000 Américains. Incroyable tuerie pour rien, fruit de l’aveuglement politique de Washington – et de la pression du complexe militaro-industriel étatsunien !

 

 

Que se passerait-il si le Pentagone imposait sa volonté au faible et verbeux président Obama ?

Voici le scénario :

 

► quoique la charte de l’OTAN soit ainsi violée et (de facto) suspendue, les États de l’UE n’oseraient opposer leur veto et seraient forcés de suivre Washington ;


► le Pentagone déploierait en Ukraine des systèmes d’armes qui seraient (inévitablement) servis sur le terrain par l’armée américaine, sachant la carence de l’armée ukrainienne ;


► tout serait donc en place pour un conflit direct entre l’armée américaine et l’armée russe ;


étant dans les bagages de l’armée américaine, les États européens seraient impliqués dans le conflit.

 

Voilà où nous mènent les « Seven days in March » du général Dempsey.

 

 

 

Par Patrice de Plunkett (*) - plunkett.hautetfort.com – le jeudi 4 mars 2015

 

_______________

* Ça se passe désormais à ciel ouvert : l’actuel gouvernement de Kiev comporte plusieurs ministres non ukrainiens, formés à Washington et/ou citoyen(s) américains.

 

 

 

(*) Patrice de Plunkett est un journaliste et essayiste français, qui codirigea le Figaro Magazine.

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Et la CIA créa le label Théoriciens du complot… (Partie 2/2)

Et la CIA créa le label Théoriciens du complot… (Partie 2/2) | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Source image : ordo-ab-chao.fr

 

Et la CIA créa le label Théoriciens du complot…

(Partie 2/2)

 

 — Suite de la partie 1 —

 

  

Mais nos dirigeants ne feraient pas ça

 

Alors que les gens admettent facilement que des dirigeants d’entreprise et des responsables gouvernementaux de bas niveau sont susceptibles de comploter, ils peuvent s’opposer fermement à l’idée que les plus riches ou les plus puissants puissent éventuellement comploter aussi.

 

Mais les initiés puissants ont longtemps admis leur participation à des conspirations. Par exemple, l’administrateur d’Obama de l’Office de l’information et des affaires réglementaires, Cass Sunstein, a écrit: 

Bien sûr, certaines théories de la conspiration, selon notre définition, sont avérées. La chambre d’hôtel du Watergate utilisée par le Comité national démocrate était, en fait, mise sur écoute par les fonctionnaires républicains, opérant à la demande de la Maison-Blanche. Dans les années 1950, la Central intelligence agency a administré des médicaments de LSD dans le cadre du Projet MKULTRA, dans un effort pour étudier la possibilité de contrôle des cerveaux. L’opération Northwoods, une rumeur concernant un plan du ministère de la Défense pour simuler des actes de terrorisme et pour en accuser Cuba, a vraiment été proposée par des fonctionnaires de haut niveau…

 

 

Mais quelqu’un aurait craché le morceau

 

Une défense commune des personnes qui tentent de dévier les enquêtes de complots potentiels est de dire que quelqu’un aurait vendu la mèche s’il y avait vraiment une conspiration.

 

Mais le célèbre lanceur d’alerte Daniel Ellsberg explique :

 

C’est un lieu commun que vous ne pouvez pas garder de secrets à Washington ou dans une démocratie, qu’importe le secret sensible, vous êtes susceptible de le découvrir le lendemain dans le New York Times. Ces truismes sont carrément faux. Ce sont en fait des histoires pour couvrir les méthodes destinées à flatter et tromper les journalistes et leurs lecteurs, mais aussi un volet du processus de maintien du secret. Bien sûr, de nombreux secrets vont finalement sortir, ce qui n’aurait pas pu être le cas dans une société pleinement totalitaire. Mais le fait est que l’écrasante majorité des secrets ne fuit pas pour le public américain. C’est vrai même lorsque l’information retenue est bien connue d’un ennemi et quand elle est clairement indispensable au rôle du Congrès de décider l’entrée en guerre ou à tout contrôle démocratique de la politique étrangère.

 

La réalité inconnue du public et de la plupart des membres du Congrès et de la presse est que les secrets qui seraient de la plus grande importance pour beaucoup d’entre eux peuvent être conservés de manière fiable pendant des décennies par le pouvoir exécutif, même s’ils sont connus par des milliers d’initiés.

 

L’histoire prouve qu’Ellsberg à raison. Par exemple :

Cent trente mille personnes aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Canada ont travaillé sur le projet Manhattan. Mais il a été gardé secret pendant des années.

 

Un documentaire de la BBC montre que :

 

Il y avait « un coup d’État prévu aux États-Unis en 1933 par un groupe d’hommes d’affaires de la droite américaine… Le coup d’État visait à renverser le président Franklin D. Roosevelt à l’aide d’un demi-million de vétérans de guerre. Les conspirateurs soupçonnés impliqueraient certaines des plus célèbres familles en Amérique (les propriétaires de Heinz, Birds Eye, GoodTea, Maxwell Hse et le grand-père de George Bush, Prescott), qui croyaient que leur pays devrait adopter les politiques d’Hitler et de Mussolini pour combattre la grande dépression. »

 

En outre, « ces tycoons dirent au général Butler que les Américains accepteraient le nouveau gouvernement parce qu’ils contrôlent tous les journaux ». Avez-vous déjà entendu parler de ce complot avant ? C’en était certainement un très grand. Et si les conspirateurs contrôlaient déjà les journaux, alors la situation doit être bien pire aujourd’hui avec la consolidation des médias ?

 

 

En outre, les fonctionnaires et les initiés gouvernementaux de haut niveau ont admis des complots spectaculaires après les faits, y compris :

 

Ces aveux n’apparaissent que de nombreuses décennies après les événements.

 

Ces exemples montrent qu’il est possible de garder des conspirations secrètes pendant une longue période, sans que personne ne trahisse.

 

En outre, pour toute personne qui sait comment les opérations militaires secrètes fonctionnent, il est évident que la segmentation sur la base du ne savoir que ce qui est nécessaire, avec une soumission à la hiérarchie, signifie que quelques initiés peuvent lancer l’affaire et la plupart des gens impliqués ne comprendront même pas le tableau général en temps réel.

 

En outre, pour ceux qui pensent que les co-conspirateurs iront se vanter de leurs actes, c’est oublier que les gens dans l’armée ou dans les services secrets, ou qui ont d’énormes sommes d’argent en jeu, peuvent être très disciplinés. Ils ne sont pas susceptibles d’aller à la barre pour vendre la mèche, comme un bas de plafond ou un voleur alcoolique de bas étage pourrait le faire.

 

Enfin, les personnes qui effectuent des opérations secrètes peuvent le faire pour des raisons idéologiques – croire que la fin justifie les moyens. Ne jamais sous-estimer la conviction d’un idéologue.

 

 

Conclusion

 

L’idée générale est que certaines conspirations dénoncées sont des affabulations, mais que certaines sont vraies. Chacune doit être jugée sur ses propres faits.

 

Les humains ont tendance à essayer d’expliquer des événements aléatoires à travers des modèles connus… C’est ainsi que nos cerveaux sont câblés. Par conséquent, nous devons soumettre nos théories de causes à effets à la froideur implacable des faits.

 

D’autre part, le vieux dicton de Lord Acton est vrai :

Le pouvoir tend à corrompre, et le pouvoir absolu tend à corrompre absolument.

 

Ceux qui exploitent sans freins – et sans la lumière désinfectante du soleil du contrôle public et du devoir de rendre des comptes – ont tendance à agir dans leur propre intérêt… et le vulgum pecus s’y brûlera les ailes.

 

Les premiers Grecs le savaient, tout comme ceux qui ont contraint le roi à signer la Magna Carta, les Pères fondateurs et le père de l’économie moderne. Nous devrions nous rappeler cette importante tradition de la civilisation occidentale.

 

Post-scriptum :

 

Ridiculiser toutes les théories du complot n’est en fait qu’une tentative de faire taire les critiques du pouvoir.

 

Les riches ne sont pas pires que les autres… mais ils ne sont pas nécessairement meilleurs non plus. Les puissants dirigeants peuvent ne pas être de mauvaises personnes… mais ils peuvent être des sociopathes.

 

Nous devons juger les puissants individuellement chacun par ses actions, et non par des stéréotypes préconçus qu’ils seraient tous des saints qui agissent dans notre intérêt, ou tous des criminels intrigants.

 

 

 

Par George Washington (zerohedge.com) - traduit par Hervé, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone - Le 23 février 2015

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OGM - Monsanto, Maison-Blanche

OGM - Monsanto, Maison-Blanche | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

 

Les OGM interdits à la cafétéria de

Monsanto et de la Maison-Blanche

 

Monsanto, le plus grand promoteur des aliments génétiquement modifiés, a été pris à son propre jeu quand il a été révélé qu’il a une cantine où les produits OGM sont interdits.

 

L’entreprise gérant la cantine de l’usine pharmaceutique de Monsanto à High Wycombe, Buckinghamshire, ne sert que des repas sans OGM, a dit Friends of the Earth (les amis de la Terre). Dans un avis à la cantine, l’entreprise de restauration Sutcliffe Catering, détenue par Granada Group, a déclaré qu’il avait été pris comme décision « de supprimer, autant que possible, le soja et le maïs OGM de tous les produits alimentaires servis dans notre restaurant. Nous avons pris les mesures ci-dessus pour vous assurer que vous, le client, pouvez avoir confiance dans la nourriture que nous servons ».

 

Monsanto a confirmé la position. « Oui, c’est le cas, et c’est parce que nous croyons dans le choix », a déclaré le porte-parole de l’entreprise, Tony Coombes. Mais les employés de l’usine agroalimentaire de Monsanto à Cambridge étaient heureux de manger des produits OGM », a-t-il dit. « L’avis dans le restaurant dit que certains produits peuvent contenir des OGM parce que notre personnel est heureux de manger des aliments pulvérisés avec moins de produits chimiques. »

 

Monsanto indique que les cultures conçues pour être tolérantes à ses propres herbicides ont besoin de moins de pesticides, mais les critiques disent que si le dosage peut être plus faible, l’impact sur l’environnement de ces pesticides est beaucoup plus grand. Adrian Bebb, de Friends of the Earth, a déclaré : « Les préoccupations du public au sujet des ingrédients génétiquement modifiés sont très claires – maintenant il semble que même la propre entreprise de restauration de Monsanto n’a pas confiance dans cette nouvelle technologie. »



Le double jeu de la Maison-Blanche

 

Alors que la Première Dame Michelle Obama déterre la pelouse de la Maison-Blanche pour planter un jardin biologique, son mari fait la promotion des OGM au sein de son administration. « Vous savez, dans ma maison, l’année dernière nous sommes passés à l’agriculture biologique, » a-t-elle dit dans une interview du New Yorker en 2008 lors de la campagne présidentielle de Barack Obama.

 

Les produits bio du jardin nourrissent la famille Obama ainsi que les dignitaires en visite. Cela semble bien jusqu’ici. Mais alors jetez un œil à liste des postes nommés par Obama ayant des liens avec la biotechnologie : à la tête du département de l’agriculture américain (USDA) Roger Beachy, un ancien directeur de Monsanto, à la sécurité alimentaire Michael Taylor, vice-président pendant un temps de la politique publique chez Monsanto, le commissaire de l’USDA, Tom Vilsack, qui a créé le partenariat de biotechnologie des gouverneurs.

 

Sous le président Obama, 10 nouvelles cultures génétiquement modifiées ont été agréées pour la « consommation sans danger ».

 

 

 

Par sante-nutrition.org – le 4 décembre 2014

 

Sources : Independent.co.uk - NaturalNews.com

Koter Info's insight:


C'est la meilleure, mais aussi "la" preuve !


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Pourquoi l’Occident devient de plus en plus agressif en Afrique ?

Pourquoi l’Occident devient de plus en plus agressif en Afrique ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Carte : source : Tom Dispatch

 

Pourquoi l’Occident devient

de plus en plus agressif en Afrique ?

Par Olivier A. Ndenkop

 

Le Soudan, la Côte-d’Ivoire, la Libye, la RCA, le Mali sont les nouveaux laboratoires de l’agressivité d’un capitalisme occidental en crise structurelle depuis 2008. Pourquoi l’Occident qui ne s’est jamais comporté en enfant de chœur devient-il encore plus agressif en Afrique ? C’est parce que ce continent, qui était considéré depuis le 19e siècle comme une réserve de matières premières à la disposition exclusive du capitalisme européen et nord-américain, a décidé de s’émanciper en s’ouvrant à d’autres partenaires, notamment la Chine et les autres pays émergents. Un véritable crime de lèse colonisateur !

 

 

La crise de 2008, une crise du système capitaliste

 

Fin 2008 début 2009, l’économie états-unienne entre dans une profonde crise causée par les prêts immobiliers à risque. Les bénéficiaires de ces prêts n’ayant pas pu respecter les échéances, le système financier s’est bloqué. Les banques, les sociétés immobilières, les industries… tombaient progressivement en faillite et la crise des subprimes est devenue la crise tout court. Les fleurons de la puissance états-unienne comme American International Group, Ford, General Motors, Chrysler n’ont pu être sauvés que par l’argent du contribuable mobilisé pour aider les capitalistes spéculateurs victimes de leur boulimie du profit.

 

Le coût/coup social de ce krach est énorme : montée vertigineuse du chômage, réduction des revenus, augmentation du taux de suicide… Comme une trainée de poudre, la crise traverse les États-Unis d’Amérique et atteint l’Europe. Si aux USA ce sont les entreprises qui sont tombées en faillite, en Europe ce sont les États qui sombrent dans cette situation infamante. Le Portugal et la Grèce sont officiellement déclarés en récession. Pour la première fois dans l’histoire, plus vieux colonisateur européen (le Portugal) est allé demander de l’aide à l’une de ses anciennes colonies : l’Angola. Mais le cercle des États occidentaux en difficulté va bien au-delà des deux cités. En témoignent l’évocation et la mise en place de cures d’« austérité » dans des pays comme la France, l’Angleterre, etc. De fait, les grandes puissances occidentales n’ont plus les moyens de maintenir le niveau de vie de leurs citoyens. Ils n’ont plus les moyens de faire fonctionner de manière optimale les institutions étatiques. Pis, les coupes opérées sur les secteurs sociaux (éducation, santé, sécurité sociale, retraite) — toujours les premières victimes de la récession — ne sont ni suffisantes ni efficaces à long terme puisqu’elles rendent les régimes impopulaires.

 

 

Une crise aux conséquences désastreuses

 

La première conséquence de cette crise est qu’elle a détruit le mythe de l’inébranlabilité du système capitaliste que l’État-Unien d’origine japonaise Francis Fukuyama avait tôt fait de présenter comme « la fin de l’histoire », enthousiasmé qu’il était par la chute de l’Union des Républiques socialistes et soviétiques (URSS). Avec la crise de 2008, qui n’était pas une simple crise due à une mauvaise gestion du capital par les hommes, mais une crise du système capitaliste dans lequel l’absence de règles est érigée en règle, l’humanité a compris que l’histoire du capitalisme ne faisait que commencer. Deuxième conséquence qui découle d’ailleurs de la première : les BRICS (pays émergents conduits par la Chine) ont profité de la faillite de l’Occident pour conquérir des parts de marché au point de constituer un véritable contrepoids à l’hégémonie des puissances occidentales.

 

Très vite, une guerre d’un genre particulier a donc été ouverte avec, comme belligérants, les pays occidentaux d’une part et les puissantes émergentes d’autre part. Pour l’Occident, cette guerre pour la (re) conquête de l’hégémonie mondiale a trois objectifs. Elle doit permettre de mettre la main sur les matières premières afin de relancer la machine capitaliste grippée. Ensuite, empêcher aux pays émergents de prendre le contrôle de ces ressources pour accélérer leur industrialisation. Enfin, l’Occident fait la guerre pour fragiliser l’Afrique afin d’y empêcher tout véritable développement endogène. Il n’échappe à personne que les chefs d’Etat qui s’engagent à développer leur pays sont : assassiné (Kadhafi), renversé (Gbagbo) ou diabolisés (Bouteflika, Mugabe, Obiang Nguema, Kabila, Dos Santos).

 

 

Afrique, premier théâtre de guerre de l’Occident

 

La thèse selon laquelle « tout ce qui arrive à l’Afrique (guerres, pillage, corruption) n’est que le résultat des turpitudes des Africain(es). L’étranger n’y est pour rien » ne manque pas de défenseurs. Mais cette « théorie de l’ultra-naïveté (1) », fille de la propagande de guerre n’enlève rien au fait que les guerres en Côte-d’Ivoire, en Libye, au Mali, en RCA étaient avant tout des guerres de l’Occident impérial pour relancer son économie en crise profonde.

 

En Côte-d’Ivoire, premier pays producteur de cacao au monde, première économie d’Afrique de l’Ouest, la France, ancienne puissance coloniale, a tenté depuis 2002 de renverser le régime du président démocratiquement élu Laurent Gbagbo. Le malheur de l’ancien opposant devenu chef d’État est d’avoir voulu faire passer le développement de son pays et le bien-être des Ivoiriens avant les intérêts des multinationales occidentales qui régnaient en maîtres incontestés dans le pays. Soit dit en passant, c’est Félix Houphouët-Boigny, premier président ivoirien qui a inventé le terme Françafrique pour désigner le cadre des relations privilégiées qu’il souhaitait entre la France et l’Afrique. Pour ne pas perdre « sa » Côte-d’Ivoire, Nicolas Sarkozy a déployé les troupes et l’artillerie française pour pilonner le palais présidentiel ivoirien et en extraire le chef de l’État et l’envoyer à la Cour pénale internationale où il est incarcéré jusqu’aujourd’hui. En lieu et place, Alassane Ouattara, ami personnel de Sarkozy est installé. Depuis lors, les entreprises occidentales sont remontées en selle. Et guise de récompense, Ouattara dont l’épouse est française bénéficie de la plus grande attention des dirigeants et des médias occidentaux.

 

En Libye, l’un des rares pays au monde où l’argent du pétrole était investi dans le développement du pays, Mouammar Kadhafi a commis l’« erreur » de mobiliser des fonds pour lancer le premier satellite africain, créer la Banque centrale africaine (BCA), le Fonds monétaire africain (FMA), la Banque africaine d’investissements (BAI)… Tous ces projets étant lancés, l’Occident se voyait perdre une part importante des ressources nécessaires à sa survie. Avec le satellite africain, l’Occident perdait 500 milliards de FCFA (1 milliard de dollars), montant que les sociétés de téléphonie et les chaînes de télévision africaines payent chaque année pour être hébergées par les satellites occidentaux. Avec l’entrée en fonctionnement du FMA, de la BCA et du FAI, l’Occident, qui tire d’énormes profits du service de la dette devenu le fonds de commerce des institutions de Bretton Woods perdait de faramineuses sommes d’argent. Pour avoir voulu priver l’empire de cette rente, Kadhafi était devenu un ennemi à abattre. Et il a été abattu avec la bénédiction de l’Organisation des Nations Unies.


Pendant les bombardements de l’OTAN, l’Occident prétendait vouloir instaurer la démocratie en Libye. Aujourd’hui, le pays est devenu le quartier général du djihad dans la bande sahélo-sahélienne. Mais aucune goutte de pétrole ne rate sa destination ! L’expédition a donc été un succès pour les impérialistes qui profitent du chaos pour avoir le pétrole libyen à des prix plus abordables qu’à l’ère Kadhafi.


Au Mali, début 2014, une horde de djihadistes (certains avaient été utilisés par l’Occident pour déstabiliser la Libye et assassiner Kadhafi) s’est jointe aux irrédentistes locaux pour lancer une large offensive sécessionniste dans le nord du pays. Dans une interview publiée en mars dernier dans le Journal de l’Afrique N° 9, http://www.michelcollon.info/La-Fra... Hama Ag Mahmoud, affirmait sans ambages que la France avait activement contribué à la partition du Mali en soutenant le Mouvement intégriste MNLA contre le pouvoir de Bamako. Voulant diviser le Mali pour mieux le piller, « La France nous avait donné son feu vert pour créer l’État de l’Azawad », a révélé Hama Ag Mahmoud, ancien responsable des Affaires extérieures dans le Conseil Transitoire de l’État de l’Azawad. Il faut dire que la stratégie n’est pas nouvelle. Pour piller les ressources du Soudan, les Occidentaux qui n’ont pas réussi à renverser le régime d’Omar El Béchir ont décidé de partitionner le pays en deux. La partie sud est devenue en 2011 la République du Soudan du Sud. Aussitôt créé, le 54e État africain a sombré dans une guerre pour le pillage des ressources. Depuis juillet 2013, deux frères ennemis Riek Machar et Salvakiir s’y battent pour le contrôle de la présidence. Les morts et les déplacés se comptent en millions. Mais le pétrole et le caoutchouc produits dans le pays prennent la destination de l’Occident. Sans surprise pour qui connait leur mode de fonctionnement, les grands médias présentent soigneusement la guerre au Soudan du Sud comme « un conflit tribal opposant les tribus Neur et les Dinka ».


En République centrafricaine, François Bozizé a été renversé par une coalition de rebelles soutenue par la France à travers son relais sous régional : le président tchadien Idriss Déby. La principale « faute » de Bozizé était d’avoir ouvert son pays à la Chine au point de céder la réserve pétrolière de Boromata à l’Empire du Milieu, malgré les nombreuses mises en garde de Paris http://www.michelcollon.info/Centra....

 

Comme dans la fable « Le loup et l’agneau » de Jean De La Fontaine, Bozizé sera puni pour sa témérité et remplacé par un chef rebelle appelé Michel Djotodia. Le président déchu aura appris à ses dépens que « la raison du plus fort est toujours la meilleure » !

 

 

France-USA : le nouveau couple anthropophage

 

Dans le but de faire main basse sur les ressources africaines, d’empêcher les concurrents asiatiques d’en profiter et d’endiguer tout véritable développement endogène, l’Occident quadrille progressivement le continent. Deux pays sont en tête de ce nouveau déploiement : la France et les USA qui constituent le nouveau couple anthropophage de fait.

 

Votre téléviseur ne vous en a rien dit. Vos quotidiens et magazines préférés non plus. Et pourtant, en 2013 les USA, à travers le Commandement militaire pour l’Afrique (AFRICOM), ont mené… 546 interventions sur le sol africain. Soit précisément « 55 opérations, 10 exercices et 481 activités de coopération dans le domaine sécuritaire (2) », détaillait le général Rodriguez, commandant d’AFRICOM au Congrès étasunien en mars 2014. À la décharge de nos grands médias, précisons que la nouvelle stratégie militaire US mise en application sous Obama (3) a été conçue pour permettre au pays d’intervenir en restant en retrait (leading from behind » et sans laisser de traces « light footprint ».

 

Sous la direction de Maya Kandel, l’Institut de Recherche Stratégique de l’École militaire [IRSEM] a publié en décembre 2014 une étude de 104 pages sur « La stratégie américaine en Afrique ». Le light footprint y est apparait comme « l’usage des drones, des forces spéciales et autres modalités discrètes d’intervention, l’importance de la surveillance, enfin l’appui sur les partenariats [4] ». La carte ci-dessus donne de plus amples informations sur la présence militaire US en Afrique.

 

En 2008, la France s’est dotée d’une nouvelle bible de guerre appelée Livre blanc de la Défense. Ce document présente l’Afrique, notamment sa partie sahélienne, comme une zone de crise [il faut préciser qu’en 2008 il n’y a pas encore les printemps arabes en Tunisie, en Égypte et en Libye, ni l’avancée des djihadistes au Mali]. En novembre 2009, un contingent de l’armée tricolore a été envoyé en Mauritanie pour officiellement former les militaires contre le terrorisme. C’est l’opération Sabre. En janvier 2010, Paris a envoyé d’autres troupes spéciales à Mopti pour officiellement former l’armée malienne contre le même ennemi jusqu’alors invisible. Suite à la prise d’otages sur le site du géant nucléaire français Areva, un important dispositif français est déployé au Burkina Faso. On le voit, la France positionne progressivement ses troupes dans la région. Subitement, en janvier 2013, le Mali sombre dans la guerre. La France prend la tête de l’intervention étrangère et lance l’opération Serval. En 2014, le président Hollande déclare la fin de l’opération Serval. Sans attendre le retour des soldats français, il annonce l’opération Barkhane. Celle-ci va plus loin que la précédente. Elle couvre cinq pays : Mali, Mauritanie, Burkina Faso, Niger et Tchad. Mais la présence militaire hexagonale s’étend à d’autres régions du continent, notamment l’Afrique centrale et de l’ouest.

 

 

Le couple francoétasunien en action

 

En Libye, les USA ont très vite intégré l’« opération Harmattan » lancée par la France et la Grande-Bretagne contre Kadhafi. Mais c’est au Mali que l’idylle franco-états-unienne prend toute sa forme. L’appui de l’allié US « a été décisif en termes de renseignement et d’observation comme de ravitaillement en vol », se réjouissent les rédacteurs du Rapport d’information N° 1288 déposé le 18 juillet 2013 à l’Assemblée Nationale française par la commission de la Défense Nationale et des forces armées, en conclusion des travaux d’une mission d’information sur l’opération Serval au Mali. Le même satisfecit au Sénat où le Rapport d’information N° 513, fait au nom de la Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées par le groupe de travail Sahel et déposé le 16 avril 2013, s’extasie en ces termes : « Les États-Unis sont aujourd’hui le principal partenaire des Français en termes financiers et un maillon important en termes opérationnels [au Mali]. Les États-Unis ont apporté immédiatement leur appui politique à l’opération française ». Concrètement, l’aide des USA a été multiforme : drones et avions de reconnaissance, transport aérien stratégique à travers trois C-17, ravitaillement en vol avec trois KC 135. La Maison-Blanche a mobilisé une enveloppe budgétaire spéciale [presidential drawdown] de 50 millions de dollars pour soutenir l’action de Paris au Mali.

 

La France a acquis les drones Reapers et, à Niamey, la base des drones français jouxte celle des drones états-uniens. Lors d’une visite aux USA en février 2014, François Hollande et Barack Obama ont assumé leur nouvelle alliance impérialiste en ces termes : « plus qu’ailleurs c’est peut-être en Afrique que notre nouveau partenariat trouve son expression la plus visible [6] ». Tout est dit.

 

 

Le retour de l’impérialisme allemand

 

Avant la crise de 2008, l’économie africaine ne faisait pas partie des priorités de Berlin. Le continent était perçu outre-Rhin comme une vaste aire de misère qu’il fallait aider pour libérer sa conscience ! Cela est d’autant plus vrai que c’est le ministère de la Coopération Economique et du Développement [Bundesministerium für wirtschaftliche Zusammenarbeit und Entwicklung, BMZ] qui s’occupait de près de l’Afrique, suivi par le ministère des Affaires étrangères. En juin 2000, le BMZ a publié un document de travail intitulé « Points forts de la coopération au développement ». 14 pays africains y sont désignés comme des « États prioritaires » et neuf autres comme des « États partenaires ». Mais la nature de ce partenariat est bien précisée : « coopération au développement ». L’accent est mis sur le respect des droits de l’homme, la démocratie et l’État de droit. En 2001, le ministère des Affaires étrangères publie à son tour un document avec pour titre : une « stratégie pour l’Afrique ». Il se rapproche du premier par les thèmes abordés : droits de l’homme, démocratie, état de droit.

 

Avec la crise, l’Allemagne change sa vision de l’Afrique. Comme le confirme Tobias Koepf, auteur de L’Allemagne à la recherche d’une stratégie de politique africaine, « à compter de 2008, un discours relativement nouveau vint se juxtaposer au discours sécuritaire [en Allemagne] : l’Afrique n’y était plus présentée comme le continent de la pauvreté, mais plutôt comme le continent des opportunités [7] ». À quoi était dû ce changement de perspective ? Tobias Koepf répond : « au boom économique enregistré dans certains pays africains […]. L’économie allemande étant par tradition fortement tournée vers l’exportation, les milieux économiques allemands, qui avaient jusque-là prêté peu d’attention à l’Afrique subsaharienne commencèrent à s’y intéresser de plus près. Le gouvernement fédéral leur emboîta le pas, surtout après l’entrée en fonction du gouvernement de coalition CDU-FDP en 2009 [8] ». Sur le terrain, les ministres Guido Westerwelle des Affaires étrangères et Dirk Niebel du Développement intensifient les visites en Afrique, notamment au Ghana, au Mozambique, au Nigéria, en Tanzanie et en Afrique du Sud.

 

Suivant une gradation ascendante, l’Allemagne avance chaque jour dans la conquête de l’Afrique. En 2014, Berlin a adopté les « orientations de la politique africaine du gouvernement ». La deuxième partie de ce document programmatique s’intitule : « Notre engagement en Afrique ».

 

On peut y lire : « Les marchés africains sont dynamiques et, au-delà des industries extractives, de plus en plus intéressants pour les entreprises allemandes ». Outre la conquête des parts de marché, l’Allemagne s’illustre par un activisme militaire croissant en Afrique. En 2011, le gouvernement allemand s’était officiellement déclaré contre le bombardement par l’OTAN de la Libye. Mais, réalisant que les pays qui ont bombardé ce pays en ont tiré un important bénéfice en termes de contrats passés avec les nouvelles autorités, Berlin a ajusté ses positions. Début 2013, le parlement allemand a fait volte-face pour soutenir l’« intervention militaire française au Mali en envoyant des soldats dans ce pays.

 

Depuis, on a déployé des contingents plus forts au Sénégal, en Afrique centrale, dans la Corne de l’Afrique, au Sahara occidental, au Soudan, au Sud-Soudan et en Somalie [9] ». C’est à Berlin que l’Afrique avait été partagée comme un gâteau par les impérialistes en 1885. Mais le pays d’Otto Von Bismarck va perdre toutes ses colonies après sa défaite dans la Première Guerre mondiale [1914-1918]. Un siècle après, l’impérialisme allemand revient en force. Les Allemands ne sont pas seuls à renfiler leur manteau colonial. Plusieurs pays évoqués plus haut sont à leurs côtés. Mais la liste est beaucoup plus longue. Les Africains doivent donc être très vigilants pour éviter cette recolonisation. Les fils et filles du continent ont une chance aujourd’hui : la multipolarisation du monde. L’Occident ne peut plus se comporter comme à l’époque où il contrôlait le monde. Il est challengé par les BRICS. Ces derniers ne peuvent pas non plus reproduire les méthodes de l’Occident, au moins pour deux raisons : 1 — Ils ne contrôlent pas encore l’économie mondiale. 2— En utilisant les mêmes méthodes, les BRICS vont éroder le capital sympathique dont ils jouissent en Afrique. Et après La haine de l’Occident, Jean Ziegler aura de la matière pour écrire La haine des BRICS.

 

 

Par Le Journal de l’Afrique n° 11, Investig’Action, juin 2015.

Lien pour lire le Journal en entier : http://michelcollon.info/Le-Journal...

 

Notes :

 

(1) L’expression est de Michel Collon dans la préface du livre d’Eva Golinger, Code Chavez. CIA contre Venezuela, Oser dire, P.31

 

[2] Audition du général Rodriguez : « Statement of Gal David Rodriguez, Commander, US AFRICA COMMAND before the Senate Armed Service Committee Posture Hearing », 4 mars 2014.

 

(3) Lire le document stratégique du Pentagone de janvier 2012.

 

(4) Maya KANDEL [dir.], La stratégie américaine en Afrique, Étude de l’IRSEM n° 36, décembre 2014.

 

(5) Maya Kandel, La stratégie américaine en Afrique, P.22

 

(6) Tribune commune publiée par Obama et Hollande sous le titre : « Une alliance transformée », Le Monde, 11 février 2014.

 

(7) Tobias Koepf, L’Allemagne à la recherche d’une stratégie de politique africaine, janvier 2015, P.12

 

(8) Ibid.

 

(9) Johannes Stern, https://www.wsws.org/fr/articles/20..., 

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États-Unis. La révolte des étudiants endettés

États-Unis. La révolte des étudiants endettés | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : UCLA - Getty Images/Imeh Akpanudosen

 

États-Unis. La révolte des étudiants endettés

 

La dette étudiante atteint 1 300 Mds$. Une bombe à retardement qui menace toute l’économie américaine. Beaucoup ne peuvent plus rembourser.

 

Lorsqu’elle pense à l’avenir, Joanie Evans a la gorge qui se noue. Dans un mois, lorsqu’elle sortira de l’université de Californie, elle n’aura pas le loisir de fêter ses diplômes. « Je dois trouver du travail ! » Issue d’un milieu très modeste, cette jeune femme de 24 ans a dû contracter un prêt de 170 000 $ (155 000 €) pour financer ses études de gestion et de sciences politiques. À partir de septembre, elle devra rembourser… 1 500 $ par mois ! « Je peux prétendre à un emploi payé 50 000 $ par an. Ce n’est pas beaucoup, vu le prix de mes études ! » Au stress de devoir trouver un travail s’ajoute la déprime ressentie face à un avenir grisâtre. « Je sais que pendant dix ans, je vais vivre chez ma grand-mère. Je n’achèterai pas de maison, je n’aurai pas d’enfant… »

 

Joanie fait partie de cette génération

sacrifiée sur l’autel du profit.

 

Comme elle, 41 millions d’Américains ont souscrit un prêt pour payer leurs études, de 33 000 $ en moyenne. Mais, alors que les salaires ont stagné depuis trente ans, les frais de scolarité, eux, ont explosé : + 1120 % depuis 1978. « Le gouvernement fédéral garantit les prêts des étudiants, et ils sont accordés selon le coût des études. Les universités ne sont donc pas encouragées à économiser. Même les écoles publiques font exploser leurs coûts », explique Judah Bellin, spécialiste de l’éducation au Manhattan Institute. « Les présidents se paient des salaires mirobolants, ils ont construit des campus luxueux, alors que les subventions de l’État ont fondu dans le même temps. »

 

Forcés d’embarquer dans ce train délirant, un tiers des emprunteurs est en retard de paiement. Et la colère monte. « Les jeunes refusent de sacrifier leur vie », s’emporte Ann Larson, l’une des responsables du récent mouvement Strike Debt (Grève de la dette, en français), lancé par des anciens d’Occupy Wall Street. Avec leur appui, plusieurs dizaines d’étudiants dont l’université a brutalement fermé au milieu de leurs études refusent de rembourser leurs prêts. Reçus mercredi à la Maison-Blanche, ils ont encore réclamé l’annulation de leur dette. « Si nous y arrivons, cela créera un précédent. Nous sommes à l’aube d’un mouvement… »

 

Conscient de l’urgence du problème, Barack Obama multiplie les mesures pour alléger le fardeau des anciens étudiants, comme le programme Pay as you earn, qui permet de limiter les remboursements à 10 % des revenus. « De la poudre aux yeux ! s’agace Judah Bellin. On prend l’argent sur les impôts, et cela ne règle en rien le problème de fond, qui est celui de l’explosion des coûts. Mais personne n’ose s’y attaquer. Les lobbys des universités sont puissants. » Et de nombreux diplômés chômeurs ou sous-employés restent au bord de la route. « La vérité, c’est qu’on fait des profits sur le dos des plus pauvres. Chaque année, les intérêts de la dette rapportent 43 Mds$ à l’État ! » s’emporte Josh Hoxie, directeur de l’Institut pour les études politiques de Boston.

 

Refuser de payer, est-ce la solution ? « Ça risque d’être pire pour beaucoup », redoute Judah Bellin. Une vingtaine d’États retirent leur licence de travail à ceux (infirmières, agents immobiliers…) qui ne remboursent pas, et le Montana, l’Iowa, le Tennessee leur confisquent carrément leur permis de conduire, achevant de les jeter au fond du trou. De nombreux économistes redoutent une crise économique à terme. Car une génération endettée, c’est une génération… qui ne consomme plus.

 


« Évitez Harvard, devenez plombier »

Michael Bloomberg, ex-maire de New York

 

« Évitez Harvard, devenez plombier ». Ce conseil du milliardaire et ex-maire de New York Michael Bloomberg à la jeunesse américaine en a fait réfléchir plus d’un. En effet, les coûts de scolarité se sont littéralement envolés, pas seulement dans les prestigieux établissements privés. Si des études à Princeton ou Harvard coûtent 50 000 à 70 000 $ par an (soit 44 000 à 62 000 €), sans compter les frais de nourriture et de logement, les universités publiques réclament au minimum 9 000 $ annuels (8 000 €), même les moins bien classées.

 

Bloomberg a fait ses calculs : un plombier, aux États-Unis, est nettement mieux loti qu’un bibliothécaire : à salaire égal (49 000 $ par an, soit 44 000 €), l’un sera rémunéré pendant son apprentissage, quand l’autre devra payer au minimum 34 000 $ (30 000 €) sa formation, sans même la garantie de trouver un emploi.

 

 

 

Par Géraldine Woessner, New York (États-Unis) - etudiant.aujourdhui.fr – le 26 mai 2015.

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Washington nous enterrera-t-il tous ?

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Dessin : pssectionframeries.be


 

 

Washington nous enterrera-t-il tous ?

Par Paul Craig Roberts (*)

 

Savez-vous que Washington maintient 450 missiles nucléaires balistiques intercontinentaux (ICBMs) en « état d’alerte permanente » ?

 

Washington pense que cela nous permet d’être « en sûreté ». Le raisonnement, si l’on peut parler ici de raison, est que personne n’essaiera d’attaquer les États-Unis avec des armes nucléaires si les USA peuvent en tirer en quelques minutes. Les missiles US peuvent être en chemin avant même que les missiles ennemis puissent atteindre les États-Unis pour détruire les nôtres.

 

Si cela vous fait sentir en sûreté, vous devez alors lire le livre d’Eric Schlosser, Command and Control (ndlr : sous-titré Les armes nucléaires, l’accident de Damas et l’illusion de la sûreté).

 

Les états d’alerte permanents posent problème, car ils sont à même de se déclencher de façon trompeuse, accidentelle et non autorisée.

 

Schlosser énonce l’histoire des tirs potentiels qui auraient pu amener le chaos sur la planète.

 

Dans Catalyst, une publication de l’Union des Scientifiques Préoccupés (Union of Concerned Scientists), Elliott Negin raconte l’histoire du lieutenant colonel soviétique Stanislav Petrov. Peu après minuit en 1983, le système satellite de détection de l’Union Soviétique donne l’alarme : 5 missiles balistiques intercontinentaux se dirigent vers l’Union Soviétique.

 

Le colonel Petrov aurait alors dû informer le dirigeant soviétique, qui aurait eu 8 à 10 minutes pour décider de répondre ou non à cette attaque. Qui sait ce qu’il aurait alors décidé ? Au lieu de cela, le colonel Petrov fit montre de son discernement. Il n’y avait alors aucune raison pour que les USA attaquent l’URSS. De plus, Petrov s’est dit avec raison qu’une attaque américaine impliquerait des centaines de missiles, peut-être même des milliers. Il vérifia alors si les radars soviétiques au sol avaient détecté des missiles, ce qui n’était pas le cas. Petrov décida que c’était une fausse alerte, et s’en tînt là.

 

Il apparut finalement que le système de détection préventive de l’URSS avait pris la lumière réfléchie d’un rayon de soleil sur les nuages pour des missiles.

 

Negin rappelle qu’« une puce d’ordinateur défaillante, un circuit mal installé sur une carte sont des causes » potentielles qui pourraient initier une guerre nucléaire. En d’autres mots, les sources de fausses alertes sont nombreuses.

 

Revenons-en à aujourd’hui. Imaginez un officier américain supervisant le système américain de détection nucléaire. Cette officier a subi 15 ans de propagande de guerre accompagnée par des invasions américaines et le bombardement de 8 pays. Les mises en garde envers les terroristes et les états d’alerte abondent, comme les appels de politiciens américains et israéliens à bombarder l’Iran.

 

Les médias l’ont convaincu que la Russie a envahi l’Ukraine et qu’elle est proche d’envahir les pays baltes et la Pologne. Les troupes américaines et les tanks se sont approchés de la frontière russe. Certains parlent d’armer l’Ukraine. Poutine est dangereux et agite la menace d’une guerre nucléaire, manœuvre ses bombardiers stratégiques près de nos frontières et fait des tests nucléaires.

 

L’officier américain vient d’entendre un général US appeler une fois de plus à « tuer les Russes ». Les Républicains l’ont convaincu qu’Obama se couche devant l’Iran, le sénateur Tom Cotton insistant de ce fait sur une guerre nucléaire qui viendrait en conséquence. Nous allons tous être tués, car il y a un musulman à la Maison-Blanche.

 

Pourquoi personne ne se lève pour l’Amérique ? se demande l’officier américain patriote, alors que l’alarme le prévient que les missiles arrivent. Sont-ils russes ou iraniens ? Israël aurait donc raison après tout ? L’Iran aurait développé un programme caché d’armement nucléaire ? Ou Poutine aurait-il décidé que les USA l’empêchent de mener à bien sa reconstruction de l’Empire soviétique, dont les médias américains affirment que c’est l’objectif ?

 

Il n’y a pas la place pour un jugement raisonné dans l’esprit de l’officier américain, qui est en état d’alerte permanente suite à la propagande incessante qu’en Amérique on nomme « news ». Il transmet l’alerte. Le conseiller à la sécurité nationale d’Obama, un néoconservateur russophobe lui crie « Vous ne pouvez pas laisser Poutine s’en tirer ainsi ! ». « Mais c’est peut-être une fausse alerte » lui rétorque le président nerveux et agité. « Petit toutou libéral ! Vous ne savez pas que Poutine est dangereux !? Pressez le bouton ! » Ainsi va le monde.

 

Considérons l’extrême russophobie diffusée au sein de l’Amérique par le ministère de la propagande, la diabolisation de Vladimir Poutine – le « nouveau Hitler », Vlad l’empaleur –, la création propagandiste de la « menace russe », le désir néoconservateur fou d’une hégémonie américaine sur le monde, la haine de la Russie et de la Chine comme des rivaux émergents capables d’exercer un pouvoir indépendant, la perte des statuts du pouvoir américain unipolaire et de l’action unilatérale sans contraintes. Emplis de ces émotions et bercés non par des faits, mais par de la propagande, de l’arrogance et de l’idéologie, il y a une grande chance que la réponse de Washington à une fausse alerte détruirait toute vie sur Terre.

 

Quelle confiance avez-vous en Washington ? Combien de fois Washington – et spécialement les néoconservateurs en furie – ont eu tort ? Rappelez-vous les 3 semaines de cakewalk (ndlr: Le cake-walk ou cake walk est une danse populaire née parmi les Noirs de Virginie, pour imiter avec ironie l’attitude de leurs maîtres se rendant aux bals) de la guerre en Irak, qui coûtèrent 70 milliards de dollars et furent payés grâce aux revenus irakiens du pétrole spolié ?

 

Aujourd’hui son coût est de 3 000 milliards et grimpe encore, et après 12 années de guerre, le radical État Islamique contrôle la moitié du pays. Pour payer les guerres, les Républicains souhaitent « privatiser », ce qui signifie supprimer la sécurité sociale et Medicare.

 

Rappelez-vous de la « Mission accomplie » en Afghanistan ? Douze ans plus tard, les talibans contrôlent à nouveau le pays et Washington, après avoir tué des femmes, des enfants, des doyens de village, durant des enterrements, des mariages, des matchs de foot entre enfants, a été poussé dehors par quelques milliers de talibans légèrement armés.

 

Les frustrations liées à ces défaites sont montées à la tête de Washington et des militaires. Ainsi le mythe dit que nous aurions perdu parce que nous n’aurions pas mobilisé toutes nos forces. Nous aurions été intimidés par l’opinion mondiale ou par ces satanés protestataires étudiants, ou empêchés de gagner par un certain président sans cran, un toutou libéral qui ne saurait utiliser toute notre puissance. Pour la droite, la rage est un art de vivre.

 

Les néoconservateurs croient fermement que l’Histoire a choisi l’Amérique pour régner sur le monde, et voilà que nous sommes défaits par des guérillas vietnamiennes, des tribus afghanes, des fondamentalistes islamistes, et Poutine enverrait finalement ses missiles pour finir le travail.

 

Quel que soit le fou de la Maison-Blanche, il pressera le bouton. La situation ne s’améliore pas, elle se détériore. Les Russes, espérant quelque signe d’intelligence en Europe, contredisent les mensonges anti-russes de Washington. Washington déclare que la contradiction véridique de sa propre propagande est une propagande russe.

 

Washington a ordonné au Bureau de diffusion des gouverneurs, une agence gouvernementale US, dirigée par Andrew Lack, un ancien président de NBC news, de contrecarrer une supposée, mais inexistante, « Armée Troll du Kremlin » qui surpasse les prostitués de l’Occident et « développe un dialogue prorusse » sur le NET.

 

 Au cas où vous ne vous en rappelleriez plus, Lack est l’idiot qui a déclaré que la chaîne Russia Today (RT) est une « organisation terroriste ». En d’autres mots, d’après l’opinion de Lack, celui qui révèle la vérité est un terroriste.

 

Lack illustre bien le traitement par Washington du reportage honnête : s’il ne sert pas la propagande de Washington, il ne peut être véridique. C’est du terrorisme.

 

Lack espère contrôler RT par intimidation : en effet, il a dit à RT de se taire et de dire ce qu’il souhaite ou alors que la chaîne serait fermée et considérée comme organisation terroriste. Les employés américains de la chaîne pourraient même être arrêtés comme contributeurs au terrorisme.

 

Pour neutraliser une Russie revancharde et son armée de trolls du NET, le régime Obama a débloqué une somme de 15 400 000 dollars pour le dingue Lack afin qu’il l’utilise pour discréditer toute vérité qui émergerait des versions anglaises de médias russes. Ce montant augmentera bien sûr dramatiquement. Bientôt ce seront des milliards de dollars qui y seront alloués, tandis que des Américains seront évincés de leurs maisons et envoyés en prison pour leurs dettes.

 

Dans sa requête budgétaire, Lack, qui semble dénué de toute forme d’humanité, fait appel à l’intelligence, à l’intégrité, à la morale, pour la justifier. La justification pour les Américains gagnant difficilement leur vie, pour ceux dont le niveau de vie s’effondre, est l’affirmation que la Russie « menace ses voisins et, par extension, les États-Unis et ses alliés occidentaux ».

 

Lack a même promis de faire mieux : « Les médias internationaux US sont fin prêts pour réfuter la propagande russe et influencer les esprits des Russes et russophones dans l’ancienne URSS, en Europe, et partout dans le monde ». Lack va mener une propagande contre la Russie en Russie même. Bien sûr, les organisations de la CIA – le Fonds National pour la démocratie (National Endowment for Democracy) et Radio Europe Libre/Radio Liberté (Radio Free Europe/Radio Liberty) – seront enrichis par cette campagne de propagande anti-russe et la supporteront de tout cœur.

 

C’est pourquoi l’appel de l’Union des Scientifiques Préoccupés à la coopération avec la Russie afin de lever l’état d’alerte permanente des missiles balistiques a fort peu de chance d’être entendu.

 

Comment des tensions nucléaires peuvent être réduites alors même que Washington entretient des tensions autant que possible ? Le ministère de la propagande de Washington a façonné une image de Poutine en Oussama Ben Laden, en Saddam Hussein, en figure démoniaque, en bouc émissaire qui sème la peur au sein du troupeau américain endoctriné. La Russie est transformée en un Al Qaïda qui souhaiterait mener une nouvelle attaque contre le World Trade Center et entraîner son Armée Rouge (beaucoup d’Américains croient que la Russie est toujours communiste) à travers l’Europe.

 

Gorbachev était un leurre. Il a dupé le vieil acteur de film. Les Américains trompés sont comme des canards assis, et voici qu’arrivent les missiles. Les vues folles des politiciens, militaires, et de certains Américains les rendent inaptes à comprendre la vérité ou à reconnaître la réalité.

 

Les « médias » propagandistes américains et les néoconservateurs en furie entraînent l’humanité sur le chemin de sa destruction.

 

L’Union des Scientifiques Préoccupés, dont je suis un membre, se doit de leur faire retrouver leurs sens. Il est impossible de travailler à une réduction de la menace nucléaire si un camp diabolise l’autre. La diabolisation de la Russie et de son dirigeant par le New York Times, le Washington Post, CNN, Fox News et le reste du ministère américain de la propagande, par la quasi-totalité du Parlement et du Sénat et par la Maison-Blanche, rend impossible la réduction de la menace nucléaire.

 

Le peuple américain et le monde entier doivent comprendre que la menace contre la vie humaine réside à Washington et que tant que Washington n’aura pas changé fondamentalement et totalement, cette menace restera la pire menace contre la vie sur terre. Le réchauffement climatique pourrait disparaître instantanément dans un hiver nucléaire.

 

 

 

Par Paul Craig Roberts (*)

Traduction d’Enrique Malebranche
pour l’Agence Info libre 

le 17 avril 2015

 

(*) Dr Paul Craig Roberts a été assistant au Secrétariat du Trésor des États-Unis, chargé de la politique économique sous le gouvernement de Ronald Reagan ; et éditeur associé du Wall Street Journal. Il a été journaliste pour Business Week, Scripps Howard News Service, et Creators Syndicate. Il a enseigné dans de nombreuses universités. Ses articles sur Internet sont largement suivis et reçoivent un accueil mondial. Ses derniers livres sont : The Failure of Laissez Faire Capitalism and Economic Dissolution of the West and How America Was Lost. (Voir aussi : Wikipédia)

Koter Info's insight:


Si vous n'aviez pas pensé que la connerie pouvait vous tuer, alors lisez cet article et vous aurez une vision effrayante à propos de votre futur "éventuel" !


Si vous avez un petit peu de réactivité, alors il faut interpeller vos politiciens locaux pour les secouer dans le bon sens afin qu'ils agissent "enfin" et, surtout, avant les prochaines élections.

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Les États-Unis subissent une nouvelle défaite économique au Pacifique

Les États-Unis subissent une nouvelle défaite économique au Pacifique | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Carte : agenceinfolibre.fr


 

Les États-Unis subissent une nouvelle défaite

économique au Pacifique

Par Mike Head

 

Ayant subi une défaite décisive dans sa tentative d’empêcher d’autres pays de rejoindre la Banque asiatique d’investissements pour les infrastructures (AIIB) proposée par Pékin, Washington a essuyé un nouveau revers dans son projet pour dominer l’économie de l’Asie de l’Est, l’Accord de Partenariat Transpacifique (APT).

 

À Hawaii le mois dernier, après cinq ans de négociations, les pourparlers sur l’APT entre les 12 gouvernements concernés ont été rompus. Pour la troisième année de suite, la date limite fixée par la Maison-Blanche passera sans accord international sur l’APT.

 

La principale pierre d’achoppement cette fois n’était pas les différences de longue date entre les États-Unis et le Japon sur l’automobile et l’agriculture, mais des doutes sur la capacité du président Barack Obama d’obtenir le soutien du Congrès américain pour l’APT.

 

Faussement présenté comme un accord de « libre-échange, » l’APT créerait en fait un vaste bloc dominé par l’Amérique. En contrepartie de l’accès privilégié accordé au marché américain, toujours le plus grand au monde, l’APT oblige ses membres à abolir tout obstacle juridique ou réglementaire à l’investissement américain et aux actions des sociétés américaines.

 

L’APT est une composante essentielle du « pivot vers l’Asie » par lequel Washington veut asseoir son hégémonie sur la région, y compris sur la Chine, qui jusqu’à présent est exclue du traité. Le « partenariat » vise à restructurer tous les aspects de la vie économique et sociale dans la région Asie-Pacifique dans l’intérêt de Wall Street et des grandes sociétés américaines, notamment les conglomérats de l’informatique, de la pharmacie et des médias.

 

Une offensive similaire est en cours pour intégrer l’Union européenne dans le Transatlantic Trade and Investment Partnership (Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement, PTCI). Comme l’APT, le traité européen est discuté sous le sceau du secret. Des centaines de grandes sociétés du monde y participent, derrière le dos de la classe ouvrière internationale.

 

Obama déploie un discours antichinois flagrant pour tenter de vaincre l’opposition à l’APT parmi les démocrates et républicains au Congrès. Dans un entretien, il a déclaré : « Si nous n’écrivons pas les règles là-bas, la Chine les écrira, et les implications géopolitiques d’une telle situation signifient presque inévitablement que nous serions soit évincés, soit profondément défavorisés. Nos entreprises seraient désavantagées, nos travailleurs seraient désavantagés. »

 

Washington craint que d’autres puissances impérialistes, comme l’Allemagne, la Grande-Bretagne ou le Japon, ne renforcent leurs positions en Chine au détriment des États-Unis, si l’Amérique n’écrit pas « les règles » du commerce mondial au 21e siècle.

 

Sous le titre « Le deuxième tour dans la bataille de l’Amérique pour l’influence en Asie », David Pilling écrit dans le Financial Times de Londres : « la tentative de Washington d’organiser un boycott de la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures mené par la Chine s’est transformée en farce, après que la Grande-Bretagne a rompu les rangs et que d’autres nations, de l’Allemagne à la Corée du Sud, se sont mises en quatre pour rejoindre la banque. Si la première tour a été une défaite pour l’Amérique, le deuxième est dans la balance. »

 

Pilling critique l’exclusion de la Chine par l’APT au motif que son économie était centralisée et planifiée. « Dans un exemple étrange de contorsion diplomatique, » écrit-il, « le Vietnam — un pays dont l’économie est planifiée de façon centralisée et truquée comme tout — est par contre considéré, lui, comme apte à l’entrée. »

 

Il ajoute que l’APT était « tout aussi susceptible d’irriter les alliés régionaux de l’Amérique que de les rassurer, » en raison de ses exigences intrusives, notamment le démantèlement des entreprises publiques, des restrictions sur les appels d’offres, de la règlementation financière, et des règles sur la protection des données.

 

La poussée agressive de Washington pour établir les blocs APT et PTCI marque un renversement de son rôle après la Deuxième Guerre mondiale, lorsque l’ascendant de l’industrie américaine lui permettait de championner la reconstruction de ses rivaux japonais et européens, dont il profitait pour développer des marchés pour ses exportations.

 

Aujourd’hui, alors que l’industrie américaine poursuit son déclin, son élite dirigeante dépend de plus en plus des activités parasitaires de Wall Street, de l’exploitation des brevets de la Silicon Valley, de Hollywood et des compagnies pharmaceutiques et des contrats militaires. Ces intérêts rapaces bénéficieront le plus directement de l’APT.

 

De nombreux détails restent secrets, mais les groupes de pression qui soutiennent l’APT concentrent leurs efforts sur les mannes attendues. Mireya Solis du groupe de réflexion « Brookings Institution » a souligné certains avantages, tels que « l’internationalisation des services financiers, la protection de la propriété intellectuelle et de la gouvernance de l’économie de l’Internet. »

 

Grâce à l’accord, les groupes technologiques américains pourraient se libérer de leurs obligations de stocker les données dans un pays donné. « Si nous allons servir un client en Malaisie, disons, depuis un centre de données à Singapour, les données doivent être en mesure d’aller et venir entre ces deux pays, » Brad Smith, l’avocat général de Microsoft, a déclaré au Wall Street Journal.

 

Les provisions « Investor-State Dispute Settlements » (RDIE — Règlement des différends entre investisseurs et États) sont au centre de l’APT. Elles permettent aux multinationales de poursuivre les États pour des pertes qui auraient été causées par des décisions officielles. WikiLeaks a publié un chapitre du traité APT pour démontrer que les entreprises pourraient contourner les tribunaux afin d’obtenir des dommages liés à « la règlementation de l’environnement, de la santé ou d’autres sujets. »

 

Outre les États-Unis et le Japon — qui sont de loin les deux plus grands partenaires — les autres participants à l’APT sont l’Australie, Brunei, le Canada, le Chili, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, le Singapour et le Vietnam.

 

Beaucoup de ces pays pourraient refuser de faire les concessions nécessaires aux États-Unis, car Obama n’a pas pu obtenir le soutien du Congrès pour une proposition de loi du « Trade Promotion Authority » (l’Autorité de Promouvoir le Commerce – APC), afin qu’il puisse signer l’APT puis le faire ratifier par le Congrès avec un vote sur un simple « oui » ou « non ». Sans l’APC, le Congrès pourrait imposer des amendements au pacte négocié, le rendant effectivement nul et non avenu.

 

Selon le Japan Times, « Plusieurs partenaires, tels le Canada et le Japon, ont déclaré qu’ils ne dévoileraient leurs positions de négociation que lorsque le Congrès accorderait l’APC à l’administration Obama. Avec une élection présidentielle imminente aux États-Unis, un retardement supplémentaire crée un risque réel que l’APT soit retardé jusqu’en 2017. »

 

Une grande partie de la résistance du Congrès américain provient des lobbies protectionnistes, basés sur les industries nationales et sur leurs syndicats. L’administration Obama développe donc une campagne pour souligner les avantages escomptés pour les entreprises américaines.

 

Le 30 mars, la Maison-Blanche a publié des lettres d’anciens dirigeants économiques, y compris dix anciens Secrétaires du commerce, démocrates et républicains, exhortant les dirigeants du Congrès à donner l’APC à l’administration Obama.

 

Les secrétaires du commerce ont déclaré : « Une fois terminés, l’Accord de Partenariat Transpacifique (APT) et le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (PTCI) donneront aux États-Unis des accords de libre-échange avec 65 pour cent du PIB mondial, donnant à nos entreprises un accès préférentiel à une grande base de nouveaux clients potentiels. »

 

Cette demande pour « l’accès préférentiel » menace de faire éclater l’économie mondiale en blocs rivaux, comme avant les première et deuxième guerres mondiales.

 

 

Par Mike Head - wsws.org - le 6 avril 2015

(Article original publié le 4 avril 2015)

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Eric Zuesse : Obama doit rendre son Prix Nobel

Eric Zuesse : Obama doit rendre son Prix Nobel | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Obama - © AP. Evan Vucci

 

 

Eric Zuesse : Obama doit rendre son Prix Nobel

 

La politique agressive des États-Unis remet en cause la justesse de l’attribution du Prix Nobel de la Paix 2009 à Barack Obama, estime l’historien Eric Zuesse qui invite le locataire de la Maison-Blanche à rendre cette récompense prestigieuse.

 

L’historien rappelle à cette occasion que le président du comité Nobel de la Paix, Thorbjørn Jagland, n’a pas été reconduit dans ses fonctions.


« Rien dans l’histoire du Prix Nobel de la Paix n’a compromis à tel point ce comité que l’attribution prématurée de cette récompense à un homme qui est de plus en plus considéré dans le monde comme un deuxième George W. Bush » affirme Eric Zuesse dans les pages du magazine Global Research

 

À titre d’exemple il cite les bombardements de la Libye qui « ont plongé ce pays dans l’anarchie et l’ont transformé en un État déliquescent en proie à des guerres tribales et religieuses rampantes ». Les États-Unis ont en outre contribué au coup d’État en Ukraine et à la mise en place d’un régime qui détruit aujourd’hui les régions est du pays. 

 

L’expert rappelle enfin que le président Obama a reçu le Prix Nobel de la Paix le 9 octobre 2009. On se demande cependant s’il n’était pas impliqué dans le coup d’État de juin 2009 au Honduras. « L’année suivante, ce pays est arrivé en tête de liste des États ayant le taux d’assassinats le plus élevé du monde », constate l’analyste.

 

 

Par fr.sputniknews.com – le 5 mars 2015

 

Autre source : http://www.washingtonsblog.com/2015/03/nobel-peace-prize-chief-quits-asks-obama-return-peace-prize.html

 

 

Eric Zuesse est un anthropologue culturel, théoricien des systèmes généraux, économiste et journaliste d’investigation. Il a publié des articles dans de nombreux périodiques…

(cf. http://infidels.org/kiosk/author/eric-zuesse-474.html

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Renforcement du pouvoir citoyen et des droits sociaux, sanctions envers les États-Unis : le Venezuela répond à la tentative de coup d’État

Renforcement du pouvoir citoyen et des droits sociaux, sanctions envers les États-Unis : le Venezuela répond à la tentative de coup d’État | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Renforcement du pouvoir citoyen et des droits sociaux,

sanctions envers les États-Unis :

le Venezuela répond à la tentative de coup d’État

Par Thierry Deronne (*)

 

 

Alors qu’en 1973 il restait des médias occidentaux pour s’émouvoir du coup d’État perpétré au Chili, ceux d’aujourd’hui scandent à l’unisson : « Président du Venezuela, laisse-toi te renverser ! C’est pour ton bien ! Renonce à défendre le choix des électeurs ! Renonce à la loi, à la Constitution. Si tu arrêtes un putschiste, nous dénoncerons la répression au Venezuela !». Le bulldozer des news, déjà bien rodé pour créer le personnage Chavez, a été réactivé pour fabriquer le tyran Maduro qui agite au loin un poing brutal pour mieux écraser des foules fanatisées alors que la voix feutrée de l’opposition de droite ou du porte-parole de la Maison-Blanche, de face, en plan proche, s’étonne de tant de violence.

 

Même lors du coup d’État manqué contre Chavez en 2002, jamais on n’avait observé une telle intensité dans le bombardement médiatique pour nous faire accepter la nécessité d’une intervention extérieure, ou d’un coup d’État, sans attendre les élections.

 

C’est sans doute l’erreur historique, et suicidaire, de la gauche européenne : ne pas avoir démocratisé la propriété des médias, avoir laissé le service public mimétiser « l’information » des grands groupes privés (1). Qu’arriverait-il au journaliste d’un grand média qui parlerait des 40.000 conseils communaux et de conseils du pouvoir citoyen qui apportent la matière grise de nombre de décisions gouvernementales au Venezuela ?

 


Et le Maduro réel ?

Celui que n’isolent pas les téléobjectifs de l’AFP et de Reuters ?

 

Le jeudi 26 février, lors de la création du nouveau Conseil des personnes handicapées et des personnes âgées (2), il a approuvé les crédits pour octroyer 300 mille pensions de plus, ce qui élève les bénéficiaires de ce droit à trois millions de citoyen (ne) s. Il a confirmé l’octroi de 10.000 allocations de santé pour mieux protéger les personnes âgées. Il a félicité les employés de la nouvelle mission sociale « Foyers de la patrie » qui a visité en une fin de semaine 200 communautés populaires, soit 25 mille familles : « Cette méthodologie nous permet d’arriver directement jusqu’aux familles en évitant les mafias des intermédiaires ».

 

Avant d’entamer à travers le territoire un nouveau cycle de « gouvernement de rue » (3) Maduro a rappelé l’idée centrale de sa politique : malgré la guerre économique (4) et la chute des prix du pétrole, pas d’austérité, mais l’approfondissement d’un État social et participatif. « Comme le dit le maire Rodriguez, on nous agresse parce que nous sommes un gouvernement des pauvres. Il n’y a que dans le socialisme que les ressources sont administrées en fonction de celui ou celle qui en a besoin ».

 

Pendant cette assemblée un gros dossier arrive aux mains de Maduro. Anibal, affecté d’une incapacité de l’ouïe, un des porte-paroles du nouveau conseil national, prend la parole en langage de signes : « Nous sommes 120 porte-paroles venus des 24 états du pays, nous avons travaillé ensemble sur ces propositions ». « C’est pour cela que j’ai créé les conseils de gouvernement populaire, pour que le peuple prenne le pouvoir, pour qu’il assume le pouvoir politique, pour qu’il se convertisse en peuple président » lui répond Maduro. (5)

 

Le samedi 28 février lors d’une mobilisation populaire contre l’ingérence des États-Unis, le président a poursuivi : « The Wall Street Journal a écrit récemment que l’heure est venue de m’appeler tyran, je réponds : je serais un tyran parce que je ne me laisse pas renverser ? Et si je me laisse renverser, je serais un démocrate ? Le peuple devrait permettre que s’installe un « gouvernement de transition », éliminant la Constitution ? Je ne le permettrai pas et s’il le fallait je me battrai dans la rue avec notre peuple et nos forces armées. Nous voulons construire la paix, la stabilité la coexistence, la vie en commun. Que ferait le président Obama si un coup d’État était organisé contre son gouvernement ? Celui qui persiste dans ses activités terroristes, putschistes, celui qui agit hors de la Constitution, sera arrêté pour être jugé même si The Wall Street Journal ou le New York Times m’appellent le tyran, ce n‘est pas la tyrannie, non, c’est tout simplement la loi. »

 

Durant cette marche qui a parcouru les rues de Caracas, Maduro a signé un décret indemnisant 74 familles de victimes du « Caracazo » (6) : en 1989, après deux jours d’émeutes populaires qui suivirent l’application des mesures néo-libérales exigées par le FMI, le président social-démocrate Carlos Andrés Pérez avait suspendu les garanties constitutionnelles et avait envoyé l’armée « rétablir l’ordre ». En 72 heures, 2000 à 3 000 personnes furent assassinées. Maduro a rappelé que cette même austérité de choc fait partie du programme que la droite vénézuélienne avait prévu d’appliquer en cas de succès du coup d’État le 12 février 2015 (7).

 

Jusqu’à l’élection de Hugo Chavez, aucun gouvernement n’avait accepté de reconnaître les fosses communes, les disparitions, et les tortures. Les 74 indemnisations décrétées par Maduro s’ajoutent aux 596 accordées à d’autres familles par le gouvernement bolivarien.

 

Par ailleurs, le président a annoncé quatre mesures en réponse aux sanctions imposées par les États-Unis en violation du Droit international et dénoncées par l’ensemble des pays latino-américains (8), ainsi qu’aux 168 déclarations officielles émises par l’administration Obama contre le gouvernement bolivarien de 2014 à 2015 :

 

1 — L’entrée du territoire vénézuélien est interdite aux fonctionnaires étasuniens complices d’actes terroristes, de violations de droits de l’homme, de crimes de guerre.

 

Parmi ceux-ci l’ex-président George W. Bush, l’ex-vice-président Dick Cheney ; l’ex-directeur de la CIA George Tenet, notamment liés au massacre de centaines de milliers d’Irakiens sur la base du mensonge des « armes de destruction massive » et à la création de centres de torture – prisons secrètes en Europe, Abu Ghraib, Guantanamo, etc. « Interdit aussi d’accorder des visas aux citoyens américains qui ont violé les droits humains et ont bombardé des populations civiles ».

 

La décision concerne aussi les congressistes d’extrême droite Bob Menendez, Marco Rubio, Ileana Ross-Lehtinen et Mario Diaz-Balart, proches du réseau terroriste du Cubain Posada Carriles qui vit actuellement aux USA sous la protection des autorités.

 

2 —  Adéquation du nombre de fonctionnaires de l’Ambassade des États-Unis à Caracas. Le gouvernement étasunien y maintient plus de 100 employés alors que seulement 17 fonctionnaires vénézuéliens sont autorisés à travailler à l’ambassade vénézuélienne à Washington. La chancelière Delcy Rodriguez a rappelé que cette faculté de demander l’équilibre du nombre échoit à tout gouvernement en vertu de la Convention de Vienne.

 

3 — Réciprocité en matière de visas. « Les citoyens vénézuéliens qui voyagent aux États-Unis doivent payer pour obtenir un visa. À présent, pour rétablir l’égalité de traitement, les Étasuniens qui nous visitent devront obtenir un visa et payer ce que paye un Vénézuélien qui voyage aux États-Unis ».

 

4 — « Finies, les réunions des fonctionnaires étasuniens pour conspirer sur notre territoire ». Les responsables de l’ambassade étasunienne à Caracas ont été informés que dorénavant « toute réunion réalisée par eux au Venezuela devra être notifiée et approuvée par le gouvernement du Venezuela », conformément aux articles 41 et 41.2 de la Convention de Vienne.

 

Maduro a révélé : « nous avons détecté et capturé certains Étasuniens engagés dans des activités secrètes, notamment d’espionnage, essayant de recruter des gens dans les villages frontaliers avec la Colombie et sous influence paramilitaire. Dans l’État du Táchira, nous avons capturé un pilote d’avion étasunien d’origine latino-américaine, avec toute sorte de documents. Il est en train de faire des révélations ».

 

En concluant son discours, Maduro a réaffirmé son respect pour le peuple étasunien ainsi que pour la communauté afro-américaine, hispanique et caraïbe souvent victimes des violations de droits de l’homme de la part de leur propre gouvernement, rappelant que ces mesures ne sont pas prises contre eux, mais contre l’élite qui persiste à s’ériger en policier mondial et à refuser de respecter le principe de souveraineté.

 

 

Par Thierry Deronne (*) - mondialisation.ca - le 1er mars 2015

 

Notes :

(1) Cas récent d’une émission d’ARTE : http://vivavenezuela.over-blog.com/2015/02/le-venezuela-cartes-sur-table-l-humanite.html. En Europe le gouvernement Tsipras montre la voie en rouvrant la télévision publique fermée sur injonction de Bruxelles et en réembauchant tous ses salariés pour que la population jouisse d’un « service public démocratique et pluriel ». Toute révolution citoyenne devrait s’accompagner de la création d’un vaste réseau de médias populaires pour que les citoyens disposent réellement d’informations alternatives.

(2) Sur la nature de ces nouvelles instances de pouvoir citoyen, lire « Démocratisation de l’État, hausse des budgets sociaux : Nicolas Maduro met les bouchées doubles »,

https://venezuelainfos.wordpress.com/2014/12/31/democratisation-de-letat-hausse-des-budgets-sociaux-nicolas-maduro-met-les-bouchees-doubles/

(3) Sur le gouvernement de rue, lire « Nous t’écoutons Claudia »,

https://venezuelainfos.wordpress.com/2013/05/06/nous-tecoutons-claudia/

(4) « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les files d’attente au Venezuela sans jamais oser le demander »,

https://venezuelainfos.wordpress.com/2015/02/07/tout-ce-que-vous-avez-toujours-voulu-savoir-sur-les-files-dattente-au-venezuela-sans-jamais-oser-le-demander/

(5) Voir le point (2) sur la démocratisation de l’État.

(6) « Comment la plupart des journalistes occidentaux ont cessé d’appuyer la démocratie en Amérique Latine »,

https://venezuelainfos.wordpress.com/2014/03/16/comment-la-plupart-des-journalistes-occidentaux-ont-cesse-dappuyer-la-democratie-en-amerique-latine/

(7) Lire « L’« accord de transition » Machado-Ledezma-Lopez : ce que révèle et ce qu’occulte le programme de la droite vénézuélienne en cas de succès d’un coup d’État »,

https://venezuelainfos.wordpress.com/2015/02/22/laccord-de-transition-machado-ledezma-lopez-ce-que-revele-et-ce-quocculte-le-programme-de-la-droite-venezuelienne-en-cas-de-succes-dun-coup-detat/

(8) Lire « L’Amérique Latine serre les rangs autour du Vénézuéla : les États-Unis isolés (avec déclaration intégrale du sommet de la CELAC) »,

https://venezuelainfos.wordpress.com/2015/02/05/lamerique-latine-serre-les-rangs-autour-du-venezuela-les-etats-unis-isoles-avec-declaration-integrale-du-sommet-de-la-celac/

 

 

(*) Thierry Deronne est licencié en Communications Sociales (IHECS, Bruxelles). Après un passage (1986-1988) par l’éducation populaire du Nicaragua révolutionnaire, il s’établit au Venezuela ou il vit et travaille depuis de nombreuses années. Fondateur de l’École populaire et Latinoaméricaine de Cinéma (1995), cofondateur des télévisions associatives Teletambores et Camunare Rojo Tv, ex-vice-président de la télévision publique Vive TV (www.vive.gob.ve) où il a créé notamment le programme « cours de cinéma ». Réalisateur de documentaires sur l’Amérique Latine (Le passage des Andes [2005] sur les racines bolivariennes du Venezuela ou Carlos, l’aube n’est plus une tentation consacrée à la vie du fondateur du Front Sandiniste Carlos Fonseca Amador... [Source : alterinfos.org].


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L’OTAN est déjà en guerre en Ukraine… mais elle est en train de perdre

L’OTAN est déjà en guerre en Ukraine… mais elle est en train de perdre | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


L’OTAN est déjà en guerre en Ukraine…

mais elle est en train de perdre

Par Finian Cunningham (*)

 

Cette semaine, les médias occidentaux nous ont gratifiés d’un nouveau tour de passe-passe, évoquant l’idée que les USA et l’OTAN seraient indécis sur le fait d’envoyer ou pas « une assistance sous forme d’armes létales » au régime de Kiev pour le défendre contre l’« agression russe ».

 

C’est vraiment pathétique. La vraie explication est que l’OTAN est en train de perdre sa guerre en Ukraine et qu’elle est obligée d’envoyer davantage d’aide militaire pour stopper ses pertes grandissantes…

 

Tout d’abord, les médias occidentaux admettent sournoisement que l’OTAN emmenée par les USA a jusqu’ici fourni « uniquement des équipements militaires non létaux » (pas d’armement – NDT). Cette astuce de rhétorique est utilisée pour faire croire que les équipements non létaux n’appartiennent pas vraiment au domaine militaire. Mais qu’il soit létal ou pas, un équipement militaire reste un équipement militaire. Cessons donc de jouer sur les mots. Les USA et son alter ego en charge des relations publiques, l’OTAN, sont déjà profondément engagés militairement en Ukraine, pour soutenir le régime de Kiev dont les 10 mois d’offensive dans l’Est du pays se sont soldés jusqu’ici par 5 300 morts.

 

Deuxièmement, l’idée que Washington serait en train de réfléchir à la possibilité d’envoyer des armes létales, comme le rapportait ce lundi le New York Times, est elle aussi parfaitement risible. Les USA et ses alliés de l’OTAN envoient d’ores et déjà des armes létales en Ukraine. Le président Obama a déclaré cette semaine qu’« injecter davantage d’armements en Ukraine » ne résoudrait pas le conflit. Tandis que la chancelière allemande Angela Merkel jurait dans le même temps que l’Allemagne n’enverrait aucune arme au régime de Kiev, ajoutant que le conflit ne pourrait pas être résolu par des moyens militaires. Obama et Merkel mentent aussi effrontément l’un que l’autre, ou alors ils vivent chez Alice au pays des merveilles. Peut-être les deux.


Arrêtons de couper les cheveux en quatre. L’OTAN est en guerre en Ukraine, depuis au moins un an, si ce n’est, de façon plus cachée, depuis deux décennies.

 

Wayne Madsen, dans son article paru sur SCF cette semaine, fournit des preuves détaillées qu’un énorme avion militaire, un Antonov ukrainien de type AN124, a été vu en train de transporter des armes depuis les USA et plusieurs pays de l’OTAN vers Kiev, et ce, durant au moins ces quatre derniers mois. L’avion-cargo – le plus grand au monde – a été repéré en train d’effectuer des missions de transport depuis les USA, la Norvège, l’Italie, et la Roumanie, lors de missions secrètes, pour alimenter le régime de Kiev en armes lourdes.

 

Avant cela, le gouvernement russe avait affirmé que des mercenaires US, appartenant sans doute à la société de sécurité Blackwater/Academi en contrat avec le Pentagone, avait été filmés en train d’opérer sur le territoire de l’Ukraine au sein des unités militaires de Kiev, qui incluent également la Garde nationale nazie de type SS.

 

Cette semaine, un haut représentant de la République populaire autodéclarée de Lugansk, Alexei Karyakin, a annoncé que des munitions de l’OTAN avaient été trouvées sur plusieurs champs de bataille. « Certains fragments de munitions récupérés portent la marque de l’OTAN… maintenant l’OTAN tue nos concitoyens, » a affirmé Karyakin.

 

Il y a quelques jours, lorsque les milices d’autodéfense ont reconquis l’aéroport international de Donetsk qui était jusque-là détenu par les forces de Kiev – lesquelles utilisaient depuis plusieurs mois cette position pour aller bombarder la ville de Donetsk —, des manuels de l’OTAN en plusieurs langues et d’autres équipements caractéristiques de l’OTAN ont été retrouvés sur place.

 

À la fin de l’année dernière, le Congrès US a voté le « Ukraine Freedom Support Act » (loi de soutien à la liberté de l’Ukraine »), qui autorise une aide de 350 millions de dollars en équipements létaux ou non létaux au régime de Kiev. L’administration Obama entretient l’illusion qu’elle n’aurait pas encore décidé pour les équipements « létaux », mais elle n’est tout simplement pas crédible.


L’idée que Washington et ses alliés de l’OTAN, dont la Grande-Bretagne, les Pays baltes et la Pologne, aient commencé seulement maintenant à envisager la possibilité de fournir des armes létales à Kiev est tout simplement risible.

 

En effet, d’après plusieurs rapports fiables, les troupes paramilitaires néonazies de Right Sector qui ont été utilisées pour déclencher les manifestations meurtrières en novembre 2013, lesquelles ont amené au coup d’État contre le gouvernement de Yanukovich en février 2014, avaient passé plusieurs mois à s’entrainer dans des camps militaires en Pologne, apprenant les techniques de subversion et de terrorisme. La Pologne, membre de l’OTAN, et la CIA américaine sont donc pleinement à l’origine de la fourniture de ces « chiens de guerre » qui ont précipité le changement de régime et le déclenchement de la guerre civile.

 

Il est possible aussi de remonter à la révolution colorée de 2004 largement cautionnée par la CIA, voire même à 1991, lorsque l’Union soviétique s’est effondrée et que les USA ont commencé à s’infiltrer en Ukraine, investissant 5 milliards de dollars pour créer des « groupes dans la société civile ». C’est un euphémisme qui désigne simplement l’USAID et la CIA, et les couvertures de George Soros pour financer des agents déstabilisateurs. Nous avons connaissance de ces 5 milliards de dollars de fonds, par la bouche même de la sirène néoconservatrice du Département d’État américain, Victoria Nuland, qui a évoqué cette somme au moment des manifestations de la Place Maidan fin 2013. Cette semaine, un des serviteurs de Nuland au Département d’État, Jan Psakia, a de nouveau déclaré aux journalistes que les USA travaillaient depuis longtemps avec l’opposition ukrainienne pour s’assurer que le pays était « sur la voie » de la « transition ».

 

La question intéressante est le timing de cette réflexion sur l’apport d’une aide létale. Le New York Times mentionne plusieurs anciens ou actuels hauts responsables très influents qui prônent désormais l’envoi de tels équipements militaires. On trouve parmi eux le Secrétaire d’État John Kerry, le président de l’état-major interarmes, le général Martin Dempsey, le commandement de l’OTAN, le général Philipe Breedlove, et son prédécesseur l’Amiral James Stravidis. On y trouve aussi d’autres personnalités, membres du Brookings Institute et du Conseil atlantique. Ces cercles de réflexion (think tanks) recommandent à la Maison-Blanche d’envoyer une aide militaire à hauteur de 3 milliards de dollars au régime de Kiev dans les prochains trois ans – soit 10 fois la somme votée par le Congrès US contrôlé par les Républicains.

 

La radio d’actualité, paravent de la CIA, « Radio Free Europe » explique que le débat sur l’augmentation de l’aide militaire au régime de Kiev s’est intensifié parce que « le gouvernement ukrainien [le régime de Kiev] avait subi d’importants revers militaires ces dernières semaines, et qu’il devenait toujours plus évident que le cessez-le-feu n’avait pas fonctionné. »

 

Autrement dit, la junte soutenue par l’Occident est en train de perdre la guerre – bien qu’elle soit déjà soutenue militairement par l’OTAN, et malgré le pseudo cessez-le-feu utilisé pour rassembler ses forces.

 

Le New York Times a également ajouté un autre argument selon lequel Washington passait à une étape ultérieure dans son agenda militaire, puisqu’en l’occurrence, les sanctions économiques des USA et de l’Union européenne imposées à la Russie « n’ont pas dissuadé » le gouvernement de Vladimir Poutine. Ou bien, comme le dirait le porte-parole du Département d’État US Jan Psaky, la Russie « n’a pas modifié son attitude », c’est-à-dire qu’elle n’a pas satisfait les demandes occidentales d’adopter une position plus servile et d’accepter les ambitions hégémoniques globales de Washington.

 

Washington et ses vassaux européens sont donc en train de réaliser que leur abominable complot pour déclencher un changement de régime en Ukraine risque de filer droit dans le mur. Washington essaie donc de sauver ce qui peut l’être de sa désastreuse manœuvre pour contrôler l’Ukraine, et par extension la Russie, en augmentant son implication militaire.

 

Mais la Maison-Blanche ne peut pas ouvertement augmenter son engagement militaire pour d’évidentes raisons politiques, à la fois internes et au niveau international. Washington doit rester prudent et éviter de faire savoir qu’elle est déjà impliquée militairement en Ukraine, tout comme d’autres membres du gang de l’OTAN.


Par conséquent, Washington essaie de dépeindre une situation où elle défend le gouvernement de Kiev désireux de se rapprocher de l’Union européenne et amoureux de la démocratie, contre de surpuissants insurgés soutenus par la Russie. Cela permet aux responsables américains et aux médias occidentaux qui leur font office de porte-parole d’insister sur leur indécision feinte quant à la fourniture d’une « aide militaire létale ».

 

Les circonvolutions de langage et de raisonnement reflètent les mensonges systématiques employés par Washington et l’OTAN ces derniers mois dans le conflit ukrainien.

 

La vérité est que l’OTAN, sous la direction des USA, est mouillée jusqu’au cou dans le conflit en Ukraine qu’elle a elle-même déclenché, et qu’elle est en train de le perdre.

 

C’est la raison pour laquelle Washington, en désespoir de cause, emploie toutes sortes d’artifices rhétoriques pour tromper les peuples occidentaux et les amener à accepter une escalade militaire majeure dans cette guerre, au prétexte de fournir des « armes létales défensives. »

 

 

 

Par Finian Cunningham (Strategic-Culture)- traduction : Christophe pour ilFattoQuotidiano.fr 

  

(*) Finian Cunningham : originaire de Belfast, en Irlande, Finian Cunningham (né en 1963) est un expert de premier plan dans les affaires internationales. L’auteur et commentateur des médias a été expulsé de Bahreïn en juin 2011 pour son journalisme critique dans lequel il a souligné les violations des droits de l’homme par le régime soutenu par l’Occident. Il est diplômé d’une maîtrise en chimie agricole et a travaillé comme rédacteur scientifique de la Royal Society of Chemistry, Cambridge, en Angleterre, avant de poursuivre une carrière dans le journalisme. Il est également un musicien et compositeur. Pendant de nombreuses années, il a travaillé comme un éditeur et écrivain dans les médias traditionnels de nouvelles, y compris The Mirror, Irish Times et Independent…

(Source : http://nsnbc.me/author/finiancunningham/)

 

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