BE - RTBF : info aux « barakis » ou au grand public ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Si « C’est vous qui le dites » cartonne sur VivaCité, c’est moins le cas de la matinale à Charleroi. D’où quelques réajustements qui font grincer les dents…

 

 

RTBF : info aux « barakis » ou au grand public ?

 

La direction de l’info de la RTBF trouve le niveau de langage des journalistes trop élevé. Certains sont inquiets pour leur mission de service public.

 

Rififi à la rédaction de VivaCité Charleroi : le chef du bureau carolo, Alain Vaessen a démissionné. Officiellement pour se réorienter à la RTBF. Il ne veut d’ailleurs faire aucun autre commentaire. 


Mais à la rédaction, son départ crée le malaise. Parce qu’il est consécutif à une réunion avec les cadres de l’info de Reyers venus signifier en gros aux journalistes carolos que les mauvaises audiences de leur radio étaient dues, notamment, au niveau de langage trop élevé qu’ils utilisaient.

 

 

« Si on doit parler aux barakis… »

 

« Jean-Pierre Jacqmin, le chef de l’info nous a expliqué que nous, journalistes, étions trop pointus pour notre public. Il nous a textuellement dit « si on doit parler aux barakis, on parlera aux barakis » », expliquent des journalistes. Des propos nuancés par Dominique d’Olne, chef de l’info radio (lire ci-dessous).

 

« On nous demande en clair d’abaisser le niveau pour des questions d’audience. Franchement, nous sommes tous attachés au service public. Et notre mission, c’est de tirer les gens vers le haut, pas vers le bas. On a un rôle d’éducation permanente… »

 

Et ce rôle, selon les journalistes, on leur demande de le mettre un peu de côté.

 

« On est tous d’accord que nous devons parler à tout le monde, reconnaissent les journalistes ertébéens. Il faut pouvoir simplifier son langage pour permettre aux auditeurs de comprendre des choses compliquées. Mais vulgariser et simplifier ne signifie pas aller au ras des pâquerettes. Nous craignons que, bientôt, on ne puisse même plus aborder certains sujets parce qu’ils sont trop ardus.

 

Imaginez qu’on nous a expliqué, par exemple, qu’on ne pouvait pas utiliser le terme « relaxé » dans le cadre judiciaire parce que nos auditeurs risquaient de comprendre que la Justice avait donné un moment de détente au prévenu ! »

 

Et certains journalistes d’ajouter : « Il faut surtout pouvoir parler de tout. Dans les semaines qui viennent, on verra si l’intention de la RTBF est d’aller vers une chaîne où il faut faire du tellement simple qu’on n’a même plus rien à expliquer. Si tel est le cas, ce n’est tout bonnement pas digne d’un service public. »

 

Autant dire que le conflit à la rédaction de VivaCité Charleroi va au-delà du simple problème interne. Il sera sans doute à l’avenir le symbole d’une question latente à la RTBF et que de plus en plus d’observateurs se posent : notre radio-télé publique est-elle en train de sacrifier son rôle pour courir après l’audience ?

 

 

Par Marc UYTTERHAEGHE et Martial DUMONT - lavenir.net – le 8 avril 2015