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La Turquie part en guerre contre les pires ennemis de l'État islamique, les Kurdes

La Turquie part en guerre contre les pires ennemis de l'État islamique, les Kurdes | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Carte : adrianavilsan.blogspot.be


 

 

La Turquie part en guerre contre les pires

ennemis de l'État islamique, les Kurdes

 

Depuis 2013 un cessez le feu entre l’État turc et le PKK turc était bien respecté. Le gouvernement soutenait une autonomie culturelle turque et, en échange, le parti au pouvoir récoltait les votes kurdes. Le gouvernement AKP entretenait aussi de bonnes relations avec les Kurdes irakiens en achetant du pétrole au gouvernement régional kurde d’Irak et en soutenant le clan Barzani, celui au pouvoir dans cette région autonome d’Irak.

 

Le PKK est l’organisation militante kurde en Turquie. Son équivalent syrien porte le nom de YPG. En Iran le même groupe est dénommé PJAK et HPG en Irak. En Turquie, le HDP est la branche politique du PKK. En Syrie, le PYD est la branche politique du YPG syrien. Tous ces groupes sont des branches de la même organisation, égalitaire, séculaire, marxiste/anarchiste, luttant pour l’indépendance ou l’autonomie kurde dans la région.

 

La Turquie relance maintenant sa guerre contre le PKK kurde en Turquie, en Irak et en Syrie. La police turque a appréhendé des centaines d’activistes turcs et, cette nuit [celle du 24 au 25 juillet 2015, NdT], des dizaines d’avions de chasse turcs ont pilonné les positions du PKK en Syrie et en Irak. Cette attaque risque de provoquer une escalade et d’être longue et sanglante. Elle frappera essentiellement le sol turc. Comment en est on arrivé là ?

 

La guerre contre la Syrie et l’aide turque aux islamistes, même les plus radicaux, combattant le gouvernement syrien a changé les relations avec les Kurdes. Il est indéniable que la Turquie soutient non seulement l’Armée syrienne libre mais aussi le Front al-Nusra, affilié à al-Qaida, ainsi que le groupe État islamique. La Turquie est une zone de passage pour les candidats aux attaques suicides rejoignant ces organisations. Armes, munitions et autres marchandises de contrebande sont transportés en Syrie avec l’aide des services secrets turcs et l'État islamique exporte son pétrole par la Turquie. Ce groupe recrute aussi en Turquie et l’on suppose qu’il possède de nombreux groupes en attente à travers tout le pays.

 

Lorsque État islamique a attaqué les positions kurdes à Kobané, ville du nord de la Syrie, les États-Unis se sont rangés du coté des Kurdes. La Turquie fut contrariée et fit tout pour gêner cette aide. Les Kurdes de Kobané sont, comme les rebelles kurdes de Turquie, organisés à travers le PKK/YPG. Ils veulent une région autonome contiguë dans le nord de la Syrie reliant entre elles toutes les enclaves kurdes bordant la frontière turco-syrienne.

 

Ankara craint qu’une telle région puisse être jointe aux zones kurdes du sud-ouest de la Turquie. Cela représente une menace pour l’État turc. Or celui-ci veut utiliser la guerre contre la Syrie pour étendre ses terres et non en perdre. Idlib et Alep en Syrie, Mossoul en Irak sont des régions qu’Erdogan voudrait bien annexer.

 

Mais alors que les Kurdes de Syrie et d’Irak connaissent quelques succès dans leurs combats contre État islamique et agrandissent leur territoire, le gouvernement turc de l’AKP voit ses plans partir en lambeaux. En plus, l’AKP a perdu du terrain lors des dernières élections alors que le parti kurde, l’HDP, est, pour la première fois de son histoire, entré au parlement turc. Mais sans une large majorité parlementaire, le rêve d’Erdogan de devenir le sultan d’une grande Turquie ottomane ne peut se réaliser.

 

Pour changer cette situation, Erdogan a décidé de recommencer cette guerre contre les Kurdes sous couvert de rejoindre les États-Unis dans leur guerre contre État islamique.

 

Le 20 juillet dernier, une bombe a explosé au cours d’une réunion des jeunes socialistes kurdes à Suruc, ville turque située à la frontière syrienne. Une trentaine de personnes ont été tuées et plus d’une centaine blessées. La Turquie a immédiatement accusé État islamique de cet attentat alors que celui-ci ne l’a jamais revendiqué. Le PKK kurde a lui, par contre, immédiatement mis la faute sur le gouvernement turc en l’accusant de collusion avec État islamique. Le lendemain, le PKK a tué deux officiers de police turcs en représailles à l’attentat.

 

L’année dernière, des enregistrements secrets entre le Premier ministre turc et le chef des services secrets ont fuité. Ils planifiaient une attaque sous fausse bannière contre des cibles turques comme prétexte à une invasion de la Syrie. L’affirmation du PKK comme quoi la Turquie collabore avec État islamique pour attaquer les Kurdes en Turquie est donc assez plausible. Le prétendu échec des services de renseignements qui aurait permis cet attentat semble n’être qu’un rideau de fumée. Celui-ci fournit à la Turquie un argument de communication en prétendant combattre État islamique alors qu’en réalité elle s’attaque aux Kurdes qui combattent État Islamique.

 

Mercredi dernier, la police turque a organisé une descente sur des centaines de maisons à travers le pays. Ces arrestations de masse ont été présentées comme une action contre les combattants d’État islamique. Mais en réalité, aux côtés de quelques combattants islamiques bien connus, des centaines d’activistes kurdes et de politiciens de gauche ont été emprisonnés. Les manifestations kurdes à Istanbul et d’autres grandes villes du pays se sont accrues. Aujourd’hui la justice turque vient d’interdire les médias et agences de presse kurdes. Les médias turcs et internet sont de nouveau soumis à une censure partielle.

 

Mais pourquoi Erdogan démarrerait-il maintenant une guerre contre les Kurdes ? Quels sont ses objectifs?

Voici ce qui vient à l’esprit :

–  Empêcher l’union des cantons kurdes du nord de la Syrie perdus par État islamique après l’offensive kurde.

– Maintenir les routes d’approvisionnement pour al-Qaida, État islamique et les autres groupes anti-syriens, avec pour objectif final d’annexer le nord de la Syrie à la Turquie.

Se rallier les nationalistes avant les prochaines élections. Bannir le HDP kurde des prochaines élections dans l’objectif de redonner une nette majorité à l’AKP.

Obtenir le soutien de l’armée turque qui est un opposant politique d’Erdogan, mais voit un plus grand danger dans une possible autonomie kurde.

 

Hier, le gouvernement turc a annoncé qu’il ouvrirait la base aérienne d’Ircilin aux État-Unis pour qu’ils puissent combattre État islamique. Il a aussi proclamé que les États-Unis sont d’accord pour établir une zone d’exclusion aérienne sur la Syrie. Mais les États-Unis ont nié cet accord. Les avions militaires turcs ont lancé quelques raids contre des cibles d’État islamique dans le nord de la Syrie. Les Kurdes ont dit que les Turcs n’avaient fait que bombarder des maisons vides. Le plan annoncé officiellement semble donc différent de ce que font effectivement les Turcs sur le terrain :

 

«La Turquie et les États-Unis se sont mis d’accord sur un plan d’action militaire avec l’objectif d’éliminer les terroristes djihadistes de la frontière turco-syrienne et de la zone que les deux pays appellent la zone contrôlée par État Islamique.

Le plan mis en place par Ankara et Washington prévoit le déploiement d’unités de l’Armée syrienne libre (ASL) dans la zone, si l'État islamique en est chassé, pour à la fois empêcher le parti de l’Union démocratique syrienne d’étendre son influence vers l’Ouest et créer une zone sécurisée pour accueillir les Syriens fuyant la violence et ceux voulant retourner chez eux.»

 

La nuit dernière, l’aviation turque a lancé une attaque de grande envergure contre les Kurdes irakiens et non pas contre les positions des combattants d’État islamique. Plusieurs dizaines d’avions de chasse turcs ont attaqué les positions du PKK dans le nord irakien. Ces avions ont violé l’espace aérien syrien. C’était une attaque contre le groupe même qui, avec l’aide de la coalition internationale, a remporté le plus de victoires contre État islamique. On peut se demander si cette partie du plan s’est faite en accord avec les États-Unis.

 

Est-ce que les États-Unis collaborent avec Ankara dans sa guerre ouverte contre le PKK kurde ? Si oui, comment peuvent-ils continuer à utiliser les Kurdes comme alliés contre État islamique ?

 

La position américaine n’est pas claire :

 

«Des officiels de l’administration Obama reconnaissent que le PKK et le YPG se coordonnent dans leur combat contre État islamique mais, ajoutent-ils, les États- Unis continuent a snober officiellement le PKK tout en négociant directement avec le YPG. Les groupes n’opèrent pas sous la même structure hiérarchique et ont des objectifs différents, précisent-ils.

Il y a deux ans, le président Obama a dit à la Turquie que les États-Unis continueraient à l’aider dans sa bataille contre les terroristes du PKK. Les États- Unis continuent à partager leurs renseignements sur le PKK avec la Turquie et des militaires des deux pays collaborent au sein d’une Cellule conjointe de renseignements sise à Ankara et mise en place par l’administration de George W. Bush pour aider la Turquie à combattre le groupe.

 

Mais maintenant, « les États-Unis sont devenus la force aérienne du YPG et le YPG la force terrestre des États-Unis en Syrie » constate Henri Barkey, un ancien analyste du département d’État sur la Turquie, établi maintenant à l’université de Lehigh.»

 

J’insiste, le PKK et le YPG ne sont pas réellement des organisations distinctes. Elles sont quasiment les mêmes. Il semble donc que les États-Unis aident maintenant le gouvernement turc, qui aide l'État islamique, pour cibler les positions kurdes tout en fournissant un appui aérien aux mêmes Kurdes dans leur combat contre État islamique.


Qui, à Washington, en est venu à assumer une stratégie aussi contradictoire et quelle est le véritable objectif de celle-ci ?

 

 

 

Par moonofalabama - traduit par Wayan, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone - le 25 juillet 2015.

 

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L’apport des BRICS a été décisif pour conclure l’accord avec l’Iran

L’apport des BRICS a été décisif pour conclure l’accord avec l’Iran | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : les négociations sur le programme nucléaire de l’Iran - crédit : RT

 

 

L’apport des BRICS a été décisif pour

conclure l’accord avec l’Iran

 

Le Plan d’action conjoint (JCPA en anglais), conclu le 14 juillet à Genève entre l’Iran et le groupe P5+1, pourrait être salué comme un grand changement positif de la politique mondiale, si ce n’était le manque de transparence et de bonne volonté de la part des grandes puissances, en l’occurrence Washington et le président Obama en personne, ainsi que Londres, qui poursuivent conjointement leur politique de changement de régime au Moyen-Orient et de provocation à l’égard de la Russie et de la Chine.

 

À première vue, le JCPA est un pas important vers une solution diplomatique aux problèmes de sécurité bien épineux au niveau mondial. L’accord stipule que l’Iran bénéficiera d’un relâchement des sanctions terriblement contraignantes imposées par les Nations unies, les États-Unis et l’UE, s’il est prouvé qu’il respecte bien les termes de l’accord. Cela sera vérifié par l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA), dont le directeur général, Yukia Amano, a signé le 14 juillet une « feuille de route » avec le vice-président iranien Ali Akbar Salehi. Les inspecteurs de l’AIEA se verront accorder un accès régulier aux sites nucléaires iraniens.

 

La condition la plus importante en échange est que l’Iran devra amputer de 98 % ses stocks d’uranium enrichi, et réduire le nombre de centrifugeuses de 19 000 à 6000 pour au moins 15 ans. L’Iran renonce aussi à enrichir l’uranium à plus de 3,7 % pendant la même période et à construire des installations d’enrichissement ou de production d’eau lourde. Une seule usine d’enrichissement sera conservée, utilisant des centrifugeuses de première génération. Les autres installations seront converties pour éviter tout risque de prolifération.

 

Les négociations, qui ont traîné pendant plus de dix ans, étaient cependant fondées sur une fausse prémisse : l’idée que l’Iran travaillait à fabriquer une arme nucléaire. Même les agences de renseignement américaines ont reconnu dans leurs « rapports d’évaluation » de 2007 et de 2011 que cette affirmation ne pouvait être prouvée. L’Iran a toujours nié sa volonté de développer l’arme nucléaire et le guide spirituel suprême, l’Ayatollah Khamenei, a même publié un décret religieux, une fatwa, interdisant le développement d’armes nucléaires ou chimiques.

 

Cependant, l’Iran a toujours insisté sur son droit à développer et utiliser la technologie nucléaire, et ses négociateurs et dirigeants politiques ont annoncé à juste titre qu’ils avaient gagné cette bataille le 14 juillet. D’autre part, le président Obama a déclaré qu’il avait remporté une victoire majeure en empêchant l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire.

 

En tout état de cause, la participation des responsables russes et chinois a beaucoup contribué à la conclusion d’un accord. Désormais, si les sanctions économiques sont réellement levées, l’Iran pourra devenir une puissance économique et un marché régional majeurs. Au-delà, la stratégie de la Nouvelle route de la soie de coopération entre l’Est et l’Ouest se verra propulsée dans une toute nouvelle dimension.

 

Barack Obama, suite au succès des négociations, a remercié la Russie de Vladimir Poutine pour son rôle positif dans l’obtention d’un accord, mais n’a pas pu s’empêcher de proférer des nouvelles menaces contre l’Iran, « au cas où » le pays ne respecterait pas tous ses engagements, y compris le recours à la force militaire. Ceci montre que l’objectif d’Obama n’est pas de défendre la paix, mais simplement de redorer son image écornée de Prix Nobel de la paix.

 

Le monde n’a pas oublié qu’en dépit du fait que l’Irak de Saddam Hussein s’était entièrement plié aux inspections de l’ONU sur les armes de destruction massive, et en dépit du fait qu’il n’en possédait pas, ce que Washington et Londres savaient parfaitement, le pays a été envahi en 2003 et son président pendu par la suite, provoquant un chaos et des conflits sanglants qui se poursuivent encore aujourd’hui.

 

Le président libyen Mouammar Kadhafi avait lui aussi cédé et remis aux autorités internationales son arsenal d’armes nucléaires, sans obtenir en contrepartie d’assurance contre une invasion de l’OTAN, réalisée avec l’aide des terroristes islamistes qui l’ont exécuté en 2011, plongeant le pays dans le chaos.

 

Pendant ce temps, l’hystérie générale que ce plan a déclenchée en Israël et en Arabie saoudite n’augure rien de bon pour la région. Les deux pays ont juré de bloquer tout accord, s’engageant dans une guerre par procuration contre l’Iran et ses alliés dans l’ensemble de la région. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou n’a pas caché sa volonté d’utiliser la force militaire contre les installations nucléaires iraniennes. Mais sans le soutien des États-Unis, il ne le fera pas, et tous les experts en sécurité en Israël connaissent les conséquences catastrophiques que cela pourrait entraîner. Face aux desseins d’Israël et de l’Arabie saoudite, il est essentiel que les États-Unis et l’UE refrènent les ardeurs bellicistes de leurs deux alliés.

 

Bien que le JCPA ait été accueilli en Iran, et même en Europe et aux États-Unis, comme une grande percée – ce qu’il est effectivement, du moins potentiellement – la route vers la paix est encore longue, semée d’embûches et de nombreuses mines.

 

 

 

 

Par la Rédaction de Solidarité & Progrès – le 22 juillet 2015.

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Du caractère pseudo - « historique » de l’accord avec l’Iran

Du caractère pseudo - « historique » de l’accord avec l’Iran | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : LeFigaro.fr/Barluet, Alain - Photo de groupe, mardi à Vienne, en Autriche, des représentants des pays signataires avec l'Iran de l'accord sur son programme nucléaire. / Carlos Barria/AP - fr.news.yahoo.com


 

 

Du caractère pseudo - « historique »

de l’accord avec l’Iran

 

Il nous paraît nécessaire de faire quelques remarques et de donner des éléments caractéristiques selon nous d’appréciation de l’accord nucléaire qui vient d’être signé entre l’Iran et les pays et organisations (le P5 +1) participant à la négociation. L’appréciation générale est que cet accord est « historique », d’abord selon l’argument chronologique que les négociations ont couvert largement plus d’une décennie d’une entreprise dont on a souvent très fortement douté qu’elle puisse aboutir, et dont on a souvent dit également qu’elle constituait un faux-nez dont nombre de forces et de centres d’influence avaient intérêt à l’échec pour justifier une attaque contre l’Iran.

 

L’appréciation d’« historique » est également avancée pour ce que l’accord amènerait de bouleversement au Moyen-Orient, en donnant de facto et même officiellement à l’Iran une position de grande force et d’influence dans la région, et même une position hégémonique qui serait elle-même quasiment officialisée ; selon le parti qui avance ce constat, ce qualificatif d’« hégémonique » constitue un facteur essentiel d’apaisement et de pacification ou un facteur gravissime de domination et de contrainte.

 

Enfin, il y a le fait même d’un pays avec lequel les relations (dans le chef des USA) furent rompues en 1979 –, mais il s’agit là, selon nous, d’un argument de pure forme, presque « romantique », tant cette rupture n’a plus du tout la forme qu’elle avait au départ et s’est diluée dans un contexte extraordinaire de désordres divers.

 

Notre appréciation sur ces considérations, mais essentiellement sur le caractère « historique » de l’accord dans le sens où il serait structurant d’une façon décisive (dans le sens notamment de la seule interprétation, très significative, de la mise en place pour l’Iran d’une « position hégémonique » constituant « un facteur d’apaisement et de pacification »), est certainement celle de la réserve et du scepticisme le plus complet. Nous n’avons aucune certitude que ce jugement (le nôtre) soit le bon, notamment parce que nous ne croyons que très moyennement à la capacité de la prospective, et notamment de notre part selon nos propres conceptions, et c’est expressément avec cette réserve évidemment capitale que nous présentons cette position de notre côté.

 

Avant d’aller plus loin dans le commentaire, nous présentons deux interprétations qui sont exactement opposées d’un constat similaire que ces deux parties font du caractère « historique » de l’accord. Il s’agit d’une réaction absolument négative, venue du côté israélien, et d’une réaction absolument positive, venue du commentateur Pépé Escobar. En présentant ces deux réactions, nous justifions rapidement notre choix. En effet, il nous paraît pour l’instant inutile de nous attarder du côté des réactions iraniennes, trop partie prenante, ni des réactions du côté du bloc BAO (bloc antlantico occidental), également « trop partie prenante » et en plus infecté par une constante narrative triomphaliste (aussi triomphaliste, et pour ce cas assez proche de la réaction iranienne, qu’elle est en général, mais pas pour cette circonstance, suprémaciste par rapport au même Iran).

 

Il nous paraît même que les réactions russes sont pour l’instant marquées par l’effet du caractère dit — « historique », pour figurer dans leur intérêt habituel lorsqu’il s’agit des relations internationales ; ainsi, l’espoir émis par Lavrov qu’avec cet accord on va enfin pouvoir passer à la constitution d’une coalition anti-EI/Daesh nous semble évidemment irréaliste (ce dont il doit évidemment se douter).

 

• La première réaction est celle de DEBKAFiles. Dans ce cas, ce site dont on connaît les engagements et la ligne suivie correspondant d’une part à la communauté de sécurité israélienne, d’autre part à une influence certaine des milieux néocons US et israéliens, a l’avantage de développer un commentaire qui n’est nullement inféodé à la communication contrôlée par Netanyahou et donc marquée par tous les artifices d’une construction faussaire. DEBKAFiles défend une position ultra-dure, notamment marquée par une hostilité ouverte vis-à-vis d’Obama, mais il ne sacrifie rien à la critique vigilante et parfois féroce de la forme de la politique de Netanyahou. On cite ici l’introduction générale et la conclusion d’un texte d’analyse du 14 juillet 2015, qui expose bien ce que nous dit le titre (« Iran crowned as top regional, nuclear-threshold power. Win for Obama, fiasco for Netanyahu »).

 

« In broad lines, the final nuclear deal, reached Tuesday, July 14, between six world powers and Iran – after a decade of on-and-off negotiations and repeated hold-ups – grants Tehran sanctions relief in exchange for curbs on its nuclear program. How quickly the sanctions are lifted and the exact nature of the curbs is detailed in the final version of the nuclear accord when it is released. In the view of DEBKAfile’s analysts, the accord is a major milestone in President Barack Obama’s drive to orient US foreign policy on a rapprochement with Iran (followed by Cuba), while turning a cold shoulder to America’s two traditional Middle East allies, Israel and Saudi Arabia. It anoints Tehran as the region’s leading power standing on the threshold of a nuclear weapon. [...]


» Even if Iran does give way on inspections at Parchin and even if every last sanction is lifted by 2016, the deal pales in comparison to the turmoil in the region largely instigated byTehran and Iran's promoption on the world stage . Anyway, many of the sanctions have been quietly lifted to win Iran’s acquiescence to the talks. Iran has never interrupted its development of intercontinental ballistic missiles.

» For Obama, this is a big win, just as it is a major fiasco for Binyamin Netanyahu. The US president’s maneuvers for six years managed to hold off Israeli military action to cripple Iran’s nuclear weapons capacity. Now, after the conclusion of an international accord that leaves Iran’s nuclear program intact, the military option is a non-starter – at least for the near future. »

 

• La seconde réaction est une interview de Pépé Escobar par RT, en version française, pour une fois bénéficiant d’une excellente traduction (RT-français, le 14 juillet 2015). Bien entendu, ce choix se justifie par les compétences, les contacts, la capacité et la liberté de jugement d’Escobar sur nombre de sujets relatifs à la lutte antiSystème dans les grandes crises internationales, avec son heureux parti-pris antiSystème qu’on lui connaît (anti-US/bloc BAO, anti-Israël, favorable à la formation de facto antiSystème Russie/BRICS-OCS/Iran, etc.). Sur le ton et la forme, on observera ce point très intéressant d’un jugement extrêmement net et sérieux, qui évite le style habituel qu’Escobar affectionne, caractérisé par l’usage de formules à l’emporte-pièce, d’une ironie souvent dévastatrice, du sens de la dérision de ceux qu’il attaque, etc. Escobar formule le jugement d’un « accord historique » d’une façon presque objective, sans nécessairement mettre en cause l’une ou l’autre des parties. Cela est bien illustré par ce jugement dès l’entame de l’interview, qui résume ainsi sa pensée, où il fait du « grand vainqueur » d’abord la diplomatie elle-même, c’est-à-dire une méthode et une façon de faire de la grande politique « C’est historique, c’est vraiment remarquable. C’est un grand pas pour la diplomatie... » La dernière question sur les antimissiles rappelle un bémol essentiel de cet accord – problème potentiel bien entendu,

RT : « Que représente cet accord d’après vous ? »

 

Pepe Escobar : « C’est historique, c’est vraiment remarquable. C’est un grand pas pour la diplomatie. L’accord, comme le Premier ministre iranien Zarif l’a dit, n’est pas parfait, nous ne sommes pas au courant de sa mise en œuvre dans les détails. La partie vraiment difficile commence maintenant. D’un côté on va voir les États-Unis, l’ONU et l’UE essayer de démanteler peu à peu l’architecture des sanctions. Et de l’autre côté, l’Iran va se conformer à la réduction convenue dans le programme nucléaire. Tout cela va s’étendre jusqu’au mois décembre. Et si tout va bien, on va commencer à constater une levée légère des sanctions.

» Ainsi, les 80 millions d’Iraniens seront capables de voir des bénéfices tangibles seulement à partir du mois de janvier ou février 2016. Mais le fait qu’on a atteint cet accord ici aujourd’hui représente une grande victoire pour la diplomatie. »

 

RT : « Pour l’instant tout le monde semble vraiment optimiste, mais c’est maintenant au Congrès américain d’approuver cet accord avant qu’il prenne effet, et certains législateurs ont déclaré ne pas être satisfaits. Croyez-vous qu’Obama sera capable de vendre cet accord au Congrès ? »

 

Pepe Escobar : « L’administration Obama est convaincue d’obtenir un nombre de voix suffisant pour que l’accord ne soit pas bloqué par le Congrès, et c’est l’information qu’ils ont transmise aux négociateurs iraniens. Ils ont ainsi négocié sous l’hypothèse que le Congrès valide l’accord. Mais ils pensaient en terme de 30 jours, il ne faut pas l’oublier. Maintenant cela va faire 60 jours et évidemment nous allons observer une démonstration de force de la part d’Israël, des lobbies du golfe Persique et d’Arabie saoudite à Washington avec beaucoup d’argent, d’influence, et de pressions médiatiques sur la table. Ainsi, l’interminable file de gens va venir répéter ce que le Premier ministre israélien Netanyahou, d’une manière tout à fait pathétique, a dit aujourd’hui que cet accord « ne marche pas ».

 

« Bien sûr d’après lui, l’accord ne marche pas parce que maintenant son gouvernement israélien devra se concentrer sur ce qui est vraiment important ; sur ce qu’Israël fait aux Palestiniens. Mais maintenant, il n’y a plus de tergiversations, le dossier iranien est pratiquement fermé. C’est une victoire diplomatique. Maintenant ils doivent s’occuper de la Palestine. Il est évident que la seule échappatoire pour Netanyahou c’est de dire que cet accord ne va pas marcher. Le problème, c’est qu’il possède une puissance de feu pour, je dirais, « contrôler » de larges pans de Capitol Hill»

 

Je ne suis pas sûr que cela marche, l’administration Obama a déjà commencé il y a plusieurs semaines à vendre cet accord au Congrès, mais beaucoup de ces législateurs ne savent rien de ce qui se passe au Moyen-Orient, en Asie du Sud-Ouest ou en Iran. L’objectif d’Obama est donc de convaincre le Congrès que cet accord est une bonne affaire pour Washington, et pas seulement pour la diplomatie mondiale. »

 

RT : « Que pouvez-vous dire sur la déclaration du ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov qui s’est adressé aux journalistes en affirmant que maintenant que cet accord est réglé, cela rend non nécessaire la présence du système antimissile américain déployé en Europe. Tout le monde est au courant que ce système se trouve tout le long des frontières russes et qu’il a l’intention de protéger l’Europe contre une menace nucléaire. Croyez-vous que Washington renonce bientôt à son système en Europe orientale ?

 

Pepe Escobar : « Bien sûr que non. Il faut tout d’abord dire que ce système antimissile n’a rien à voir avec l’Iran et n’a jamais rien eu à voir avec l’Iran. Et comme le docteur Javad Zarif l’a répété à plusieurs reprises, c’est une crise inutile parce que c’était un dossier technique, scientifique qui a été politisé, essentiellement par les États-Unis. »

 

La défense antimissile concerne la Russie, toutes les personnes en lien avec la sécurité internationale savent cela. Et bien entendu, les services russes de renseignement sont au courant. Alors, maintenant, que va-t-il se passer ? Il suffit de jeter un coup d’œil sur les documents récemment publiés par le Pentagone. Quatre pays sont considérés comme une menace potentielle pour l’Occident, les forces de la Corée de Nord ne comptent pas sur ce dossier, et quant aux autres trois pays, ce sont : la Russie, la Chine et l’Iran. Ainsi, la position du Pentagone ne changera pas, quoi qui se passe à Vienne. Et ceci est réellement inquiétant. »

 

Dans le détail, on peut en effet trouver nombre de situations et de développements potentiels qui pourraient constituer autant d’arguments pour présenter une mise en cause des effets, et notamment des effets bénéfiques et des effets imposant un changement radical, mais apaisé de la situation stratégique au bénéfice de l’Iran, de cet accord effectivement considéré comme « historique ». Cela pourrait constituer une critique parcellaire de l’appréciation d’« historique » donnée à cet accord, mais nullement une critique décisive puisque l’on ne parlerait que de l’effet changeant par nature, et qui pourrait se renverser et confondre la susdite critique. D’une façon différente, nous contestons, nous, qu’il s’agisse effectivement et fondamentalement d’un accord « historique », c’est-à-dire qui change l’orientation de l’histoire pour les questions, la zone et les acteurs concernés. Dans cette logique, nous ne partageons pas l’avis qu’il s’agisse d’une « victoire de la diplomatie » du point de vue de la substance historique de la chose, même si l’évidence de l’apparence dit formellement que c’est le cas, – simplement, et nous y revenons plus bas, parce que ce qu’on nomme « diplomatie » n’existe plus.

 

Nous aurions pu avoir, nous aurions sans doute eu cet avis (un accord « historique ») il y a treize ans (premiers contacts de puissances européennes sous l’impulsion européenne en 2003, avec l’Iran, en 2003), il y a neuf ans, il y a huit ans... À partir de 2010-2011, selon nous, et dans le contexte créé par la rupture de 2008-2009 (voir notre Glossaire.dde, aussi bien le 17 novembre 2012 que le 10 décembre 2012), la situation générale a changé radicalement et le fait même de l’acte diplomatique pouvant conduire à un accord d’une dimension « historique », capable de changer une situation générale donnée dans le sens de la structuration et de l’ordre, cet acte-là a disparu (« ce qu’on nomme « diplomatie » n’existe plus »).

 

Nous ne disons certainement pas que l’accord n’aura pas des conséquences, dont certaines sans aucun doute importantes, ni même qu’il pourrait avoir des effets immédiats de structuration et d’ordre qui pourrait effectivement sembler confirmer, mais de manière trompeuse son caractère « historique » ; nous disons qu’à moyen et même à court terme malgré tout, il apparaîtra que ces conséquences sont finalement déstabilisantes, déstructurantes et s’inscrivent dans la logique de l’accentuation du désordre. (Et, bien entendu comme cela va de soi dans le contexte actuel, nombre si pas toute de ces conséquences « déstabilisantes et déstructurantes » se feront aux dépens du bloc BAO, selon une logique en cours et déjà largement illustrée. Mais l’effet général restera néanmoins, selon nous, dans l’ordre du désordre si l’on peut dire, simplement dans la dynamique capitale de ce que nous nommons l’hyperdésordre.)

 

Nous appuyons notre réflexion sur un ensemble de concepts que nous avons déterminés, non pas selon une doctrine, mais selon les manifestations des vérités de situation, et cet ensemble induit une sorte de « corps de doctrine », certes soumis constamment à des raffinements, mais qui jusqu’ici a toujours nourri nos analyses dans le sens de l’enrichissement. Il n’y a aucune raison pour que nous ne nous y appuyions pas à nouveau pour notre réflexion sur l’accord nucléaire. À partir de cette structure de réflexion, nous avançons donc que cet accord va sans aucun doute changer la situation dans la région, mais dans le sens de changer les sens divers impulsés par les désordres en cours, et toujours vers des désordres supplémentaires.

 

Le fait même de la dynamique de désordre qui a été suscitée par la surpuissance de la politique-Système se poursuivra plus que jamais parce que sa surpuissance et sa dynamique sont les facteurs constants dominants de la situation générale. Les effets, eux, seront spécifiques, éventuellement nouveaux, mais ils iront dans le même sens surpuissance-autodestruction du Système que nous rappelons constamment. Il ne fait aucun doute que, dans la situation régionale, l’Iran y occupera une place plus forte et plus grande qu’il n’a aujourd’hui, quoique sa position soit déjà extrêmement affirmée ; que la Russie y aura plus d’influence ; que les pays du bloc BAO continueront à s’enliser dans leurs entreprises subversives et aux effets de complète inversion pour eux, avec les USA suivant une politique encore plus chaotique marquée de la même tendance, depuis quatre ans, au désengagement.

 

La situation à Washington est effectivement un point d’interrogation, car les difficultés pour Obama d’obtenir le soutien du Congrès, tout en persistant, trouveront un mouvement anti-accord (néocon, lobby pro-israélien) diminué par la puissance de communication de promotion de l’accord comme « historique » (dans ce cas, l’effet existe, mais si le fait est complètement contestable) ; tandis qu’Obama, lui, jouera nécessairement avec alacrité ce qui lui semble le plus précieux aujourd’hui, le legs, ou plutôt la bonne réputation pseudo-historique de sa présidence qui, pour être établie à bon niveau, à besoin de cet ornement d’un pseudo-accord « historique ».

 

De même, nous doutons que l’Iran, qui va se tourner vers sa candidature à l’OCS, devienne un fleuron de la « communauté internationale » type-BAO ; plus que jamais, ce pays cherchera à affirmer son indépendance et son poids international et ne peut le faire qu’en choisissant des liens avec les groupes type BRICS/OCS.

 

La question des antimissiles sera effectivement un énorme point de déstabilisation, encore plus qu’elle ne fut, parce que les USA n’entendent absolument pas démanteler le système, d’autant moins qu’il trône à la fois au cœur de la crise ukrainienne et au cœur de la crise des relations avec la Russie. Mais tout cela n’est pas de la prévision, c’est de la catégorie des effets automatiques continuant des tendances déjà existantes, et dont aucune n’a la moindre capacité structurante profonde, et dont aucun n’est capable de modifier le désordre des courants qui charrient le désordre, ni, encore moins, l’activité du « tourbillon crisique » caractérisant notre situation générale.

 

... De fait, si l’accord sur le nucléaire est « historique », c’est parce que, considéré comme il l’est, c’est peut-être, à cause de la longueur pour arriver à son terme, la dernière relique d’un passé désormais enfui. Commencé lorsque la diplomatie existait encore bien qu’elle fût agonisante, il a été bouclé après un harassant périple, peut-être d’ailleurs parce que tout le monde était épuisé par le désordre qui secoue le monde comme on l’a signalé. C’est donc le dernier signe/clin d’œil, adressé avec nostalgie au passé, alors que l’affrontement entre Système et antiSystème, dans la tempête du désordre, règle la chorégraphie générale.

 

 

 

Par Philippe Grassetdedefensa.org – le 15 juillet 2015.

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Résistance à l’empire : les véritables raisons derrière les mensonges de Washington sur le programme nucléaire iranien

Résistance à l’empire : les véritables raisons derrière les mensonges de Washington sur le programme nucléaire iranien | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : au dernier jour théorique des pourparlers pour trouver un accord, les pays du groupe 5 + 1 et l’Iran n’ont toujours pas réussi à s’accorder sur les questions difficiles. JOE KLAMAR /AFP - lemonde.fr

 


Résistance à l’empire : les véritables raisons derrière les mensonges de Washington sur le programme nucléaire iranien


Par Paul Craig Roberts (*)

 


L’accord nucléaire avec l’Iran

 

Le problème de Washington avec l’Iran n’a jamais été le programme d’énergie nucléaire iranien. La notion, poussée par les néoconservateurs, que l’Iran n’avait un programme nucléaire énergétique (à 5 % d’enrichissement de l’uranium) que pour cacher un programme nucléaire militaire (à 95 % d’enrichissement de l’uranium), a toujours été une couverture pour Washington afin de masquer son véritable agenda et son opposition à l’Iran.

 

Du point de vue de la doctrine hégémonique américaine, le problème de l’Iran est son indépendance. Comme l’Irak, la Syrie, la Libye, le Vénézuéla, l’Équateur, la Bolivie, le Brésil, l’Argentine, Cuba, la Corée du Nord, la Russie et la Chine, l’Iran n’est pas un vassal de Washington.

 

Washington est simplement incapable d’admettre la vérité et de dire que l’Iran est sur sa liste de pays ciblés, parce que l’Iran n’a pas voulu se plier à sa volonté. Ainsi, Washington a décidé de créer une peur, une diabolisation de l’Iran chez les Américains et les Européens. Pour ce faire, l’Iran fut accusé de développer des armes nucléaires que l’Iran donnerait ensuite aux terroristes pour utilisation contre Israël, l’Europe et les États-Unis. Quand Washington a positionné des missiles antibalistiques à la frontière avec la Russie, il lui a menti et disant que le but était l’interception des missiles intercontinentaux nucléaires iraniens (non-existants).

 

La propagande de Washington au sujet de la menace des armes nucléaires iraniennes est maintenant vieille de plusieurs années, et ce, malgré un rapport du renseignement national publié conjointement par les 16 agences de renseignement des États-Unis, disant que l’Iran avait abandonné son intérêt pour l’armement nucléaire il y a plus de dix ans. La propagande washingtonienne a aussi été aidée par les médias occidentaux, et ce malgré le fait que les inspecteurs de terrain de l’AIEA aient régulièrement rapporté qu’il n’y avait aucune preuve d’une quelconque déviation du programme nucléaire civil iranien vers le militaire. En d’autres termes, les inspecteurs de l’AIEA peuvent savoir et comptabiliser tout l’uranium enrichi dans ce programme nucléaire énergétique parfaitement légal.

 

Mais quoi qu’il en soit, Washington affirme que l’Iran fabrique ou est sur le point de pouvoir fabriquer des armes nucléaires.

 

La fabrication d’armes nucléaires a toujours été un prétexte de couverture des intentions réelles de Washington, qui est en fait de parvenir à un changement de régime à Téhéran, que ce soit de l’extérieur ou de l’intérieur, afin de faire retourner l’Iran à son statut précédent de vassal des nations occidentales. Les impérialistes occidentaux n’oublient jamais ceux qui s’échappent du système ou ceux qui jettent leurs béquilles de tutelle.

 

Washington a orchestré la « menace nucléaire » iranienne afin de préparer les opinions publiques américaines et européennes à une attaque militaire sur l’Iran.

 

En masquant ses vraies intentions dans des problèmes fabriqués de toutes pièces, Washington a ouvert la porte à la Russie pour qu’elle résolve la crise par moyen diplomatique. Coincé dans sa propre fabrication, Washington est confronté à la Russie résolvant l’affaire au moyen d’accords qui pourront être mis en application et qui garantissent aucun enrichissement d’uranium dans la catégorie d’armement nucléaire.

 

Frustrés, les néoconservateurs enragés agissant par des politiciens de bas étage de Washington ont essayé de bloquer l’accord. Le parti républicain, maintenant totalement contrôlé par Israël, a même demandé au chef dément d’Israël de s’adresser au congrès des États-Unis afin de bloquer l’accord d’Obama sur le nucléaire iranien.

 

Bloquer l’accord à ce stade est un aveu évident que l’affaire du nucléaire iranien n’était rien d’autre qu’une couverture à l’objection de Washington sur l’indépendance iranienne.

 

Qu’Obama soit sincère, coincé par la diplomatie russe, ou se reposant sur un attentat/évènement sous faux drapeau pour discréditer l’Iran et ainsi souffler l’accord, je n’en sais rien. Israël bien sûr, veut que Washington enlève tous les obstacles à son expansion impérialiste au Moyen-Orient. Ayant volé la Palestine, Israël veut le Sud-Liban comme prochaine annexion/acquisition (NdT: Sud-Liban qu’ils occupaient en partie avant de s’être fait virer par le Hezbollah en 2000)

 

Ce que je sais est que l’accord sur le nucléaire iranien n’est en rien le fond de l’affaire, que cela soit couronné de succès ou échoue n’aura aucun impact, parce que l’objection de Washington à l’Iran est son indépendance vis-à-vis de l’empire. L’Iran est un obstacle pour Washington. La fumisterie de la menace nucléaire que Washington a créée de toute pièce ne fut qu’un moyen de propagande pour amener les peuples américains et européens insouciants à accepter une attaque sur l’Iran.

 

L’Iran demeure en grand danger que l’accord sur son nucléaire soit un succès ou un échec.

 

Je suis toujours stupéfait de constater que les gouvernements qui sont directement menacés par Washington échouent toujours de voir la véritable affaire qui se cache derrière le rideau et acceptent toujours la définition ou l’énoncé du problème fait par Washington. L’affaire inventée du nucléaire iranien ne sert qu’à masquer l’intention de Washington de renverser l’indépendance de l’Iran ; et pourtant le gouvernement iranien et les médias suivent Washington et sa pressetituée en acceptant la fabrication comme étant le véritable problème.

 

Si l’Iran survit, ce sera un véritable miracle.

 

 

 

Par Paul Craig Roberts (*) - paulcraigroberts.org - traduit de l’anglais par Résistance 71 – le 7 juillet 2015

 

(*) Le Dr Roberts fut Secrétaire Adjoint au Trésor US de la politique économique dans l’administration Reagan. Il a été rédacteur en chef adjoint et éditorialiste du Wall Street Journal, chroniqueur pour Business Week et du Scripps Howard News Service. Il a occupé de nombreux postes universitaires… (voir Wikipédia pour plus de détails)

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EN PARALLÈLE DES NÉGOCIATIONS USA-IRAN - Exclusif : Les projets secrets d’Israël et de l’Arabie saoudite

EN PARALLÈLE DES NÉGOCIATIONS USA-IRAN - Exclusif : Les projets secrets d’Israël et de l’Arabie saoudite | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


EN PARALLÈLE DES NÉGOCIATIONS

USA-IRAN

Exclusif : Les projets secrets

d’Israël et de l’Arabie saoudite

Par Thierry Meyssan (*)

 

La réponse de Tel-Aviv et de Riyad aux négociations entre les États-Unis et l’Iran se situe dans le prolongement du financement de la guerre contre Gaza en 2008 par l’Arabie saoudite : l’alliance d’un État colonial et d’une monarchie obscurantiste. Alors que le Proche-Orient s’apprête à vivre un changement pour dix ans de ses règles du jeu, Thierry Meyssan dévoile ici le contenu des négociations secrètes entre Tel-Aviv et Riyad.

 

D’aucuns, au Moyen-Orient, ont conscience que les accords secrets qui devraient être signés le 30 juin prochain — en marge de l’accord multilatéral sur le nucléaire — par Washington et Téhéran vont probablement fixer les règles du jeu pour les dix années à venir.

 

Ces accords interviennent alors que les États-Unis sont devenus le premier producteur mondial de pétrole, devant l’Arabie saoudite et la Russie. Ils n’ont donc plus besoin pour eux-mêmes du pétrole moyen-oriental et ne s’y intéressent que pour maintenir le marché mondial en dollars.

 

En outre, Washington a débuté un repositionnement de ses troupes, d’Europe occidentale et du Moyen-Orient vers l’Extrême-Orient. Ceci ne signifie pas qu’il abandonne ces régions, mais qu’il souhaite assurer autrement leur sécurité.

 

 

Israël

 

Selon nos informations, depuis 17 mois (c’est-à-dire depuis l’annonce des négociations entre Washington et Téhéran qui durent, elles, depuis 27 mois), Tel-Aviv mène des négociations secrètes avec l’Arabie saoudite. Des délégations à très haut niveau se sont rencontrées cinq fois en Inde, en Italie et en Tchéquie.

 

La coopération entre Tel-Aviv et Riyad s’inscrit dans le plan états-unien de création d’une « Force arabe commune », sous les auspices de la Ligue arabe, mais sous commandement israélien. Celle-ci est déjà effective au Yémen où des soldats israéliens pilotent des bombardiers saoudiens dans le cadre d’une Coalition arabe dont le quartier général a été installé par les Israéliens au Somaliland, un État non reconnu situé de l’autre côté du détroit de Bab el-Mandeb [1].


Cependant, Riyad n’entend pas officialiser cette coopération tant que Tel-Aviv refusera l’initiative de paix arabe, présentée à la Ligue arabe en 2002 par le prince Abdullah avant qu’il ne devienne roi [2].

Israël et l’Arabie saoudite sont tombés d’accord sur plusieurs objectifs.


— Au plan politique :

« Démocratiser » les États du Golfe, c’est-à-dire associer les peuples à la gestion de leurs pays tout en affirmant l’intangibilité de la monarchie et du mode de vie wahhabite ; Changer le système politique en Iran (et non plus faire la guerre à l’Iran) ; Créer un Kurdistan indépendant de manière à affaiblir l’Iran, la Turquie (pourtant longtemps un allié d’Israël) et l’Irak (mais pas la Syrie, qui est déjà durablement affaiblie).


— Au plan économique :

Exploiter le champ pétrolier de Rub’al-Khali et organiser une fédération entre l’Arabie saoudite, le Yémen, voire Oman et les Émirats arabes unis ; Exploiter les champs pétroliers de l’Ogaden, sous contrôle éthiopien, sécuriser le port d’Aden au Yémen, et construire un pont reliant Djibouti au Yémen.


En d’autres termes, si Tel-Aviv et Riyad font « contre mauvaise fortune bon cœur » et admettent que les deux tiers de l’Irak, la Syrie et la moitié du Liban soient contrôlés par l’Iran, ils entendent s’assurer que l’Iran renoncera à exporter sa révolution ; contrôler le reste de la région en excluant la Turquie qui a succédé à l’Arabie saoudite dans la supervision du terrorisme international et vient de perdre en Syrie.



Palestine


La reconnaissance internationale d’un État palestinien, conformément aux accords d’Oslo et à l’initiative de paix arabe, ne sera qu’une affaire de mois après la signature des accords états-uno-iraniens.


Le gouvernement palestinien d’union nationale, qui n’a jamais fonctionné, a soudainement démissionné. Il parait certain que le Fatah de Mahmoud Abbas sera largement soutenu par son peuple dès lors que l’État palestinien entrera aux Nations unies.


Le Hamas, qui incarnait depuis 2008 la Résistance, s’est soudainement discrédité en officialisant son appartenance aux Frères musulmans (alors que la confrérie a tenté plusieurs coups d’État en Arabie saoudite) et en prenant les armes contre le seul État de la région effectivement pro-Palestiniens, la République arabe syrienne. Aussi, pour se refaire une image, a-t-il décidé de se faire discret et de soutenir désormais plutôt des actions non violentes.


La reconnaissance de l’État palestinien mettra fin au droit au retour des Palestiniens chassés de leurs terres, mais leur ouvrira un nouveau statut. Les États-Unis et l’Arabie saoudite investiront massivement pour développer l’économie du nouvel État.


D’ores et déjà, plusieurs candidats se pressent pour succéder à Mahmoud Abbas (qui est âgé de 80 ans et dont le mandat a expiré en 2009). Parmi ceux-ci Mohammed Dahlan, l’ancien chef de la sécurité qui aurait organisé l’empoisonnement de Yasser Arafat et avait été contraint de quitter le pays en 2007. Après avoir travaillé pour les Émirats arabes unis, puis obtenu les nationalités monténégrine — comme l’ancien Premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra — et serbe, il est rentré en février en Palestine avec l’aide de ses anciens adversaires du Hamas. Devenu milliardaire, il achète sans compter combattants et voix. Un candidat plus sérieux pourrait être Marouane Barghouti, qui purge actuellement cinq peines de prison à perpétuité en Israël, et qui pourrait être libéré dans le cadre de l’accord de paix. C’est en effet la seule personnalité palestinienne non corrompue et ayant échappé aux tueurs du Mossad.



Arabie saoudite


Dans ce contexte, le voyage en Russie du prince Mohamad bin Salman, fils du roi Salman d’Arabie saoudite, a soulevé une vive inquiétude, une campagne de presse laissant entendre qu’il souhaitait négocier une cessation de l’aide russe à la Syrie. Il suivait d’une semaine le déplacement du directeur de l’Organisation de coopération islamique, Iyad bin Amin Madani. Il était accompagné de plusieurs ministres et d’une trentaine d’hommes d’affaires. La délégation saoudienne a participé au Forum économique de Saint-Petersbourg et le prince a été reçu par le président Vladimir Poutine.

Depuis sa création, le royaume wahhabite entretient des relations privilégiées avec les États-Unis et considère l’Union soviétique, puis la Russie, comme des adversaires. Il semble que ceci soit en train de changer.


L’importance considérable des accords économiques et de coopération, qui ont été signés, initie une politique nouvelle. L’Arabie saoudite a ainsi acheté 16 centrales nucléaires, accepté de participer au programme russe de recherche spatiale, et également négocié des accords pétroliers dont les détails sont pour le moment non publiés.


Pour lever toute ambiguïté sur ce rapprochement, le président Poutine a tenu à déclarer que la Russie ne modifiait en rien son soutien à la Syrie et qu’elle aiderait à toute solution politique conforme aux vœux du peuple syrien. Dans des interventions précédentes, il avait indiqué que ceci implique le maintien au pouvoir du président el-Assad jusqu’à la fin du septennat pour lequel il a été démocratiquement élu.



Les perdants de la redistribution des cartes


Tout laisse à penser qu’une fois les accords états-uno-iraniens signés [3], les perdants seront :


Le peuple palestinien qui se verra privé du droit inaliénable au retour pour lequel trois générations se sont battues ; La Turquie qui risque de payer chèrement son rêve hégémonique, son soutien aux Frères musulmans et sa défaite en Syrie [4] ;


La France qui s’est acharnée durant quatre ans pour rétablir ses intérêts coloniaux dans la région et qui se retrouve, en définitive, en simple position de fournisseur d’Israël et de l’Arabie saoudite [5].

 

 

 

PAR THIERRY MEYSSAN (*) - RÉSEAU VOLTAIRE | DAMAS (SYRIE) – LE 22 JUIN 2015

 

 

Notes :

[1] « La Force "arabe" de Défense commune », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 20 avril 2015.

[2] « L’Initiative de paix arabe présentée par le prince Abdullah bin Abdul-Aziz », Réseau Voltaire, 28 mars 2002.

[3] « Que deviendra le Proche-Orient après l’accord entre Washington et Téhéran ? », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 18 mai 2015.

[4] « Vers la fin du système Erdoğan », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 15 juin 2015.

[5] « La prévisible défaite de la France au Moyen-Orient », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 8 juin 2015.

 

 

(*) THIERRY MEYSSAN : Consultant politique, président-fondateur du Réseau Voltaire et de la conférence Axis for Peace. Dernier ouvrage en français : L’Effroyable imposture : Tome 2, Manipulations et désinformations (éd. JP Bertand, 2007). Compte Twitter officiel.

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De la Chine à Assad, l’aventure c’est l’aventure (Partie 1/2)

De la Chine à Assad, l’aventure c’est l’aventure (Partie 1/2) | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Christina Lin

 

 

De la Chine à

Assad, l’aventure c’est l’aventure

Par Philippe Grasset

 

(Partie 1/2)

 


Un bloc militaire eurasien va-t-il prendre forme pour combattre l’Armée de la Conquête lancée contre la Syrie ?

 

Pour une fois, attardons-nous à une prospective assez audacieuse, qui se formule avec le titre « Un bloc militaire eurasien va-t-il prendre forme pour combattre L’Armée de la Conquête lancée contre la Syrie ? ». L’auteur(e) est une dame, Christina Lin, qui n’est ni une amatrice ni une rêveuse impénitente. Elle est chercheuse à l’université SAIS-John Hopkins, au Centre des relations transatlantiques, après avoir été directrice de la politique chinoise au département de la Défense (Pentagone). Elle a publié un livre qui témoigne de son expertise chinoise qui lui est évidemment naturelle puisqu’elle est d’origine taïwanaise, La nouvelle Route de la soie : la stratégie de la Chine dans le grand Moyen-Orient.

 

Sa spécialisation à cet égard porte sur l’évolution stratégique de la Chine, non pas dans le cadre asiatique/pacifique, mais à l’inverse, dans le cadre eurasien et par rapport au monde moyen-oriental ; donc l’évolution de l’Eurasie qui nous concerne directement, puisque la Russie y est partie prenante avec la question tchétchène – la Russie qui est l’objet d’une crise fondamentale avec le bloc BAO (NDLGazette : bloc BAO = bloc américaniste-occidentaliste) à propos de l’Ukraine.

 

Sur son blog de Times of Israel et à la date du 13 juin 2015, Lin publie un article intitulé « Assiste-t-on à l’émergence d’un bloc militaire eurasien pour combattre l’Armée de la Conquête » en Syrie ? ». Ce texte précise de façon dramatique l’intérêt que Lin, en tant que spécialiste des affaires chinoise et eurasienne en connexion avec le Moyen-Orient, porte à la situation spécifique des rapports de la Chine avec la crise syrienne, et cela dans un contexte que nous qualifierions par exemple d’« eurasien-élargi » ; c’est-à-dire, un contexte marqué par la proximité nouvelle de la Chine avec la Russie, des relations de l’Eurasie avec l’Iran qui est sur le point de changer de statut avec la fin possible des sanctions, tout cela impliquant les divers pays rassemblés pêle-mêle dans diverses organisations, essentiellement les organisations telles que la SCO (Organisation de Coopération de Shanghai, ou OCS en français), la CSTO (l’Organisation du Traité de Sécurité Collective) rassemblant au départ les anciennes républiques de l’URSS, voire les BRICS. Tout cela est écrit dans la perspective désormais très proche des réunions de la SCO et des BRICS, en juillet en Russie.

 

L’idée centrale de Lin porte sur l’intérêt inquiet de la Chine pour la situation syrienne, en cas de chute d’Assad, – avec la crainte qu’une chute d’Assad conduisant à une prise du pouvoir par des djihadistes et une certaine « stabilisation » de la crise syrienne « libèrent » des combattants de cette nébuleuse pour des expéditions vers l’Eurasie et notamment vers la province chinoise musulmane du Xinjiang. (La même logique, aussi bien d’inquiétude et de tension concerne la Russie vis-à-vis de la Tchétchénie, voire l’Inde vis-à-vis du Cachemire, – nous sommes bien dans le contexte de l’Eurasie.)

 

Dans un article précédent, le 12 mai 2015, Lin avait développé le point particulier de l’intérêt de la Chine pour la crise syrienne, et la tendance de cette puissance à défendre Assad contre ses ennemis djihadistes. À ce propos, Lin impliquait la Turquie, principale instigatrice avec l’Arabie Saoudite de l’assaut djihadiste contre Assad, constatant ainsi un « antagonisme objectif » entre les Chinois et les Turcs. Cet antagonisme a des racines plus profondes, qui concernent la population des Ouïghours, musulmane sunnite et turcophone, habitant le Xinjiang et ayant des revendications à cet égard, au travers de l’organisation TIP (Turkistan Islamic Party), avec des perspectives qui emplissent de terreur le pouvoir central chinois. Il y a donc un vieux contentieux entre Erdogan lui-même et les Chinois, concernant d’une part les ambitions nécessairement mégalomanes du premier et les inquiétudes évidemment obsessionnelles des seconds, tout cela par rapport au Xinjiang et aux Ouïghours…

 

« En 1995, quand M. Erdogan était maire d’Istanboul, il a donné à une partie du parc Sultan Ahmet (Mosquée Bleue) le nom d’Isa Yusuf Alptekin, le leader du mouvement d’indépendance du Turkestan oriental et l’ennemi juré de la Chine des années 1990. Après la mort d’Alptekin, Erdogan a érigé un monument commémoratif dans le parc en souvenir des Sehitlerinin (ou martyrs) du Turkestan oriental, qui avaient perdu la vie dans la « lutte pour l’indépendance. » En 2009, les relations bilatérales sont tombées au plus bas lorsque [Erdogan] a qualifié la répression chinoise au Xinjiang de « génocide » et que, en 2014, le porte-parole de l’AKP, le Daily Sabah, s’est mis à servir une rhétorique anti-chinoise du même acabit. »

 

« De plus, un article de juillet 2014 a contesté la légitimité des revendications de la Chine sur le Xinjiang et a fait dire au vice-président du Congrès mondial ouïghour : La question du Turkestan oriental est sous la responsabilité de la Turquie. Ankara a, en outre, contesté l’autorité de Pékin sur les Ouïghours chinois, en accueillant, en novembre, les réfugiés clandestins ouïghours capturés en Thaïlande, ce qui a provoqué la réaction indignée de la Chine qui a immédiatement demandé à la Turquie de cesser d’interférer dans les affaires intérieures de la Chine et de soutenir l’immigration clandestine… [qui] nuit à la sécurité des pays et des régions concernées. »

 

Dans ce texte, Lin appréciait la Turquie comme étant, aux yeux des Chinois « le Pakistan d’un Afghanistan que serait la Syrie », organisant un flux constant de nouveaux combattants djihadistes avec la fourniture de toute la logistique nécessaire et la profusion de faux passeports turcs, certains de ces combattants venus du Xinjiang en tant que fidèles Ouïghours, pour alimenter l’« Armée de la Conquête » anti-Assad dont les Turcs sont, avec les Saoudiens, les principaux pourvoyeurs et qui rassemble un patchwork de diverses organisations djihadistes. Lin signale, dans un autre article, du 1er juin 2015, que cette « Armée de la Conquête », qui est l’objet d’une grande hostilité de la part de Daesh/ISIS parce qu’elle est formée d’entités nationales qui s’affirment comme telles, contre l’organisation islamiste fondamentale qui caractérise Daesh, a le potentiel de devenir elle-même un autre « État Islamique ». Parmi ces références « nationales », on trouve le TIP des Ouïghours du Xinjiang.

 

« Le 25 avril 2015, une coalition de forces rebelles menée par l’affilié d’al-Qaïda, Jabhat al-Nusra (JN), le Parti du Turkistan islamique dirigé par les Ouïghours chinois (PTI), le groupe ouzbek Imam Bukhari Jamaat (IBJ), et le groupe Katibat Tawhid wal Jihad, a écrasé l’armée syrienne à Jisr al-Shughur au nord-ouest du gouvernorat syrien d’Idlib. Selon un article récent du Terrorism Monitor, du fait que la coalition rebelle soutenue par la Turquie, le Qatar et l’Arabie saoudite bénéficie d’une ligne d’alimentation directe qui va de la province turque de Hatay jusqu’à Idlib, pourrait permettre aux « rebelles d’avoir assez de ressources pour établir un État de facto au nord-ouest de la Syrie qui serait dirigé par Jabhat al-Nusra et soutenu par plusieurs milices d’Asie centrale ». Ceci corrobore les conclusions du rapport de 2012 de la DIA, publié récemment, selon lesquelles les États arabes du Golfe et la Turquie voulaient créer un mini-État salafiste en Syrie pour faire pression sur le régime d’Assad. »

 

« L’état de facto, qu’ISIS condamne parce qu’il autorise la présence de symboles jahliyya (préislamiques) aux côtés de symboles islamiques – comme le drapeau nationaliste bleu du « Turkestan oriental » et le drapeau de l’Armée syrienne libre – poserait désormais une menace à la sécurité de la Chine et des pays d’Asie centrale qui craignent de servir de base arrière aux groupes militants pour lancer des attaques sur leurs fronts. De fait, les groupes rebelles chinois ETIM et PTI ont autrefois utilisé l’AfPak (l’Afghanistan/Pakistan)* comme rampe de lancement pour des attaques terroristes contre la Chine, et maintenant la Syrie/Turquie est considérée par Pékin comme leur nouveau AfPak. »

 

Depuis 2012, les Chinois sont intervenus à plusieurs reprises auprès des Turcs et d’Erdogan directement pour faire cesser ces pratiques qui établissent un lien fâcheux (pour les Chinois) entre le conflit syrien et les grandes régions d’Eurasie, mais tout cela sans beaucoup de succès. Il est difficile de faire changer d’avis Erdogan, car il se charge lui-même de cette besogne, et dans tous les sens.

 

L’on est évidemment conduit à penser qu’il ne ferait guère de doute que cette situation sera un des grands sujets d’entretien des réunions de juillet en Russie, où l’Inde et le Pakistan, et sans doute l’Iran, devraient être admis comme nouveaux membres de la SCO. Lin ne recule plus désormais devant l’image de la SCO se constituant en « OTAN de l’Est », concept jusqu’alors écarté en général, et surtout, et avec la plus grande vigueur, par les Chinois…

 

Mais la situation évolue très vite et la SCO devient un formidable rassemblement de producteurs d’énergie, une structure naturelle pour soutenir le grandiose projet de « Nouvelle Route de la Soie » de la Chine et, surtout, un instrument militaire promis à une coopération, sinon une intégration militaire (du point de vue technique) grandissante si les perspectives d’affrontement dues à l’immense désordre moyen-oriental menacent de déborder ce cadre.

 

La nouvelle ontologie belliciste instaurée par ISIS/Daesh passant du terrorisme à la constitution en État islamique, imitée éventuellement par le projet concurrent de Daesh des autres organisations djihadistes de l’« Armée de la Conquête », transforme à mesure les ripostes militaires. La SCO, qui prévoit une collaboration active dans la lutte contre le terrorisme, devrait voir cette collaboration antiterroriste envisager une évolution vers une collaboration militaire du type OTAN, à mesure de l’affirmation de la transformation des terrorismes en structures à prétention étatique…

Lin poursuit dans cette voie : « Avec les nouveaux dirigeants nationalistes que sont Poutine, Xi et Modi à la barre, Moscou, Pékin et Delhi mettent de côté leurs rivalités stratégiques en Eurasie. Et, en mai, ils ont annoncé qu’ils mèneraient leur premier exercice antiterroriste conjoint plus tard dans l’année – unis par la menace commune de déstabilisation de leur patrie par ISIS et l’islam radical.

 

Durant le même mois, la Chine et la Russie ont également conduit, au large de la côte syrienne, l’exercice naval « Mer commune 2015 », immédiatement suivi en juin par « Pont de l’Amitié 2015 », un autre exercice naval de l’Égypte et de la Russie, près du port égyptien d’Alexandrie où la Russie souhaiterait établir une nouvelle base navale. »

 

L’Égypte et la Syrie viennent également d’exprimer leur volonté d’adhérer à l’OCS pour lutter avec les autres États membres contre les islamistes politiques et les salafistes djihadistes de Frères musulmans, des affiliés d’al-Qaïda, d’ISIS, d’ETIM et de PTI qui menacent de déstabiliser leurs pays.

 

En janvier, on avait discuté de la question d’accepter la Syrie au sein de l’OCS pour contrer l’OTAN et le plan occidental de remplacer Assad par les salafistes, et pour empêcher l’avènement d’un Damas islamiste qui exporterait l’extrémisme et radicaliserait ces états d’Eurasie qui ont une importante population musulmane sunnite. »

 

Dans un sommet de juillet 2014 à Tachkent, l’OCS dirigée par la Chine a également examiné la possibilité de fusionner avec l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), l’alliance militaire dirigée par la Russie, puisque la plupart de leurs membres respectifs appartiennent aux deux organisations. De 2012 à 2015, l’Iran, l’Égypte et l’Inde ont eu des entretiens avec l’OTSC sur le statut d’observateur et une éventuelle adhésion ; l’Iran a déjà actuellement le statut de candidat. ISIS, avec son expansion rapide et sa volonté de conquérir le territoire de l’OCS, et les djihadistes salafistes d’al-Qaïda soutenus par la Turquie, membre de l’OTAN, et les pays arabes du Golfe, pourraient, tel un hameçon fiché dans la mâchoire des pouvoirs eurasiens, les entraîner sur la ligne de front de la bataille contre l’Islam radical en Syrie et en Irak. »

 

L’OCS mène déjà des exercices militaires conjoints similaires à ceux de l’OTAN, sous le nom de Mission de paix. En août dernier, les membres de l’OCS ont conduit un exercice de contre-terrorisme à grande échelle visant à repousser des séparatistes soutenus par l’étranger, en Mongolie intérieure, impliquant 7 000 soldats, dont la presse occidentale a très peu parlé.

 

L’OCS était jusqu’à présent un bloc interne de sécurité collective et non une alliance de défense collective contre des menaces externes, mais étant donné le danger croissant de terrorisme, d’extrémisme et de séparatisme en provenance de l’extérieur de son territoire, l’OCS s’intéresse désormais à l’extérieur. »

 

Si l’OCS et l’OTSC fusionnaient pour former une alliance militaire eurasienne de lutte contre le terrorisme, pourraient-elles éventuellement mettre des bottes sur le terrain en Syrie et en Irak ? En 2012, le bruit a couru que la Chine, la Russie, l’Iran et la Syrie envisageaient de conduire un immense exercice militaire impliquant 90 000 soldats. Si l’Iran et la Syrie rejoignaient tous deux l’OCS, cet exercice pourrait avoir lieu et s’appeler la nouvelle Mission de paix 2016 de l’OCS. »

 

La Chine s’est battue contre la Turquie dans la guerre de Corée de 1950 à 1953, quand la ligne rouge de Pékin a été franchie. On peut se demander si la Turquie, en utilisant la Syrie pour recruter les Ouïghours et stimuler le séparatisme Xinjiang, ne cherche pas à provoquer à nouveau le dragon chinois. En outre, si l’Iran se joint à une alliance militaire collective, cela aurait aussi sans doute pour effet d’exclure une éventuelle opération militaire des États-Unis et d’Israël contre son programme nucléaire illicite.

 

« Les États-Unis et l’OTAN feraient peut-être bien de conseiller à leurs alliés arabes du Golfe et de Turquie de se retirer de cette armée djihadiste de conquête et de se concentrer sur la lutte contre ISIS, plutôt que de saboter la coalition anti-ISIS sous commandement étasunien et d’inciter, par leurs provocations, des États nucléaires eurasiatiques à passer d’une opération de contre-terrorisme à une grande guerre entre superpuissances. »

 

 

 

Par Philippe Grasset (Dedefensa) - lesakerfrancophone.net - traduction des parties en anglais : Dominique Muselet – le 17 juin 2015

 

Note

* Af-Pak est le nouvel acronyme inventé par le gouvernement américain pour désigner l’Afghanistan/Pakistan

Koter Info's insight:


Voir la suite de l’article intitulé :

« De la Chine à Assad, l’aventure

c’est l’aventure »

(Partie 2/2) ici

 

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Le rêve américain : du G1 + supplétifs, à Bilderberg

Le rêve américain : du G1 + supplétifs, à Bilderberg | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Le rêve américain : du G1 + supplétifs,

à Bilderberg

 

«...WikiLeaks a publié, au moment opportun, l’annexe sur les soins de santé de la version provisoire et secrète du chapitre du PTP portant sur la Transparence, de pair avec la position de négociation de chaque pays. Pas étonnant que la version préliminaire soit secrète. Et l’accord n’a rien de transparent ; il s’agit carrément d’un braquage flagrant des autorités sanitaires nationales par les grandes sociétés pharmaceutiques.

 

Pour résumer, ces trois mégas accords (PTP, TTIP et ACS) représentent le modèle absolu de ce qu’on pourrait poliment décrire comme une gouvernance d’entreprise mondiale, qui fait saliver Bilderberg. Les perdants : les États-nations et le concept même de démocratie occidentale. Les gagnants : les mégamultinationales... »

 

 

 

Quel est le lien entre le sommet du G7 en Allemagne, la visite du président Poutine en Italie, la réunion du groupe Bilderberg en Autriche et les négociations en cours à Washington à propos de l’accord de libre-échange TTIP [Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement] USA-UE ?

 

 

Commençons par le sommet du G7 dans les Alpes bavaroises (qui est davantage un G1 avec ses supplétifs), au cours duquel le président des USA, Barack Obama, s’est vanté de ses exploits inspirés par les néocons tout en sommant l’UE d’étendre bientôt ses sanctions contre la Russie, même si elles font plus mal à l’UE ravagée par l’austérité qu’à la Russie.

Sans surprise, la chancelière allemande Merkel et le président français François Hollande se sont dégonflés, même après que la realpolitik les eut contraints à parler à la Russie et à conclure avec elle l’accord Minsk-2.

 

Le compteur de l’hypocrisie avait déjà explosé avec fracas dans les Alpes bavaroises lorsque Donald Tusk, président du Conseil européen, ancien premier ministre de Pologne et belliciste russophobe notoire a annoncé, dans son allocution prédînatoire : « Nous aurions tous préféré voir la Russie à la table du forum. Mais notre groupe fait plus que partager des intérêts politiques ou économiques. C’est d’abord et avant tout une communauté de valeurs, ce qui explique pourquoi la Russie n’est pas parmi nous. »

 

C’est donc de cela qu’il s’agit, des valeurs du monde civilisé par opposition à l’agression russe.

 

Le G1 et ses partenaires mineurs du monde civilisé ne peuvent donc débattre du risque qu’ils courent collectivement de déclencher une guerre nucléaire sur le sol européen à propos d’un Banderastan installé à Kiev, pardon, de l’agression russe.

 

Dans les coulisses, toutefois, les choses étaient plus croustillantes. Les factions pro-Washington ont imputé à l’Allemagne le rejet de l’Occident par la Russie au profit de la Chine, tandis que loin des Alpes bavaroises, les adultes au sein de l’UE en rejetaient le blâme sur Washington.

 

Ce qui est plus croustillant encore, c’est l’opinion à contre-courant de celle du milieu politique qui se dégage parmi les puissants Maîtres de l’Univers du monde des affaires aux USA. C’est qu’ils craignent que dans les deux ou trois prochaines années, la France aille s’allier de nouveau avec la Russie (les précédents historiques ne manquent pas). Ils pointent aussi du doigt l’Allemagne comme étant le problème principal (encore !), de peur que Berlin ne force Washington à s’engager dans une Mitteleuropa prussienne que les USA ont tout fait pour empêcher en participant à deux guerres mondiales.

 

Du côté des Russes, du président Poutine et du ministre des Affaires étrangères Lavrov jusqu’au bas de la hiérarchie, un consensus se dégage, à savoir qu’il ne sert à rien de discuter de quoi que ce soit de substantiel devant l’inaptitude intellectuelle pathétique (sinon la stupidité néoconservatrice) démontrée par les décideurs et les conseillers de l’administration-évitons-les conneries Obama. Quant à ses partenaires vassalisés (des laquais de l’UE pour la plupart), ces simples supplétifs de Washington n’ont pas la moindre importance.

 

Il serait illusoire de croire que les défenseurs des valeurs du monde civilisé vont proposer autre chose que des Mac Jobs à la très vaste majorité des citoyens des pays du G7, qui survivent à peine comme otages du turbo capitalisme des drogués de la finance qui ne profite qu’au un pour cent. C’est beaucoup plus facile de pointer du doigt le proverbial bouc émissaire russe et d’y aller à fond dans la rhétorique de la peur et de la guerre distillée par l’OTAN.

 

La dame de fer Merkel a également trouvé le temps de pontifier à propos du changement climatique, en invitant tout le monde à investir dans une économie mondiale sobre en carbone. Rares sont ceux qui ont remarqué que la date butoir de la décarbonisation complète a été fixée à la fin du XXIe siècle, lorsque la planète sera en très, très mauvaise posture.

 

 


Achtung ! Bilderberg !

 

La novlangue d’Obama à saveur néoconservatrice continue de statuer que la Russie rêve de reconstituer l’empire soviétique. Comparons cela à ce que le président Poutine dit à l’Europe.

 

La semaine dernière, Poutine a trouvé le temps d’accorder une entrevue au Corriere della Sera de Milan à 2 heures du matin. L’entrevue a été publiée pendant que le spectacle se poursuivait dans les Alpes bavaroises et avant la visite de Poutine en Italie le 10 juin. Les intérêts géopolitiques de la Russie et les relations entre les USA et la Russie y sont présentés avec force détails.

 

Ainsi Poutine était persona non grata au sommet du G1 + supplétifs ? Qu’à cela ne tienne ! En Italie, il a visité l’Expo de Milan et a rencontré le Premier ministre Renzi et le pape François. Il n’a pas manqué de rappeler les liens économiques et politiques privilégiés entre l’Italie et la Russie, la présence de 400 sociétés italiennes en Russie et le million de touristes russes qui se rendent en Italie chaque année.

 

Fait décisif, il a abordé la question du consensus, en disant que la Russie représentait un autre point de vue comme membre du G8, mais que maintenant, les autres puissances ne jugent plus bon d’en tenir compte. Bref, il est impossible d’avoir une discussion entre adultes avec Obama et ses amis.

 

Puis, au moment crucial, directement de Berlin où il faisait valoir ses qualités exceptionnelles en matière de politique étrangère, Jeb Bush, le frère du destructeur de l’Irak Debeliou Bush, d’une manière parfaitement réglée par ses conseillers néocons, a déclaré que Poutine est une brute et a incité l’Europe à lutter contre (devinez quoi ?) l’agression russe.

 

La brume de rhétorique couvrant ce dont il a été véritablement question dans les Alpes bavaroises a commencé à se dissiper dès qu’on a entendu le chœur du Bilderberg, les véritables maîtres de la musique, se mettre au diapason en vue de sa réunion de jeudi [11 juin, NDT] à l’Interalpen-Hotel Tyrol en Autriche, soit trois jours à peine après le sommet du G1 + supplétifs.

 

Si l’on fait abstraction des conspirations possibles, on pourrait définir Bilderberg comme un groupe ultra secret de l’élite des lobbyistes comprenant des politiciens, des patrons du monde des affaires étasunien, des représentants de l’UE, des capitaines d’industrie, des chefs de services secrets et des têtes couronnées européennes, qui forme annuellement une sorte de groupe de réflexion et élabore des politiques visant à promouvoir la mondialisation et toutes les questions cruciales liées à l’atlantisme en général. Appelons cela le festival de la parole oraculaire des Maîtres atlantistes qui comptent dans l’Univers.

 

Pour clarifier les choses (il faut dire que ce groupe n’est pas très porté sur la transparence), vous trouverez la liste des membres du comité directeur ici et ce qui sera discuté en Autriche ici.

 

La question de l’agression russe est naturellement abordée (on n’a que faire de l’Ukraine en déliquescence, l’important, c’est d’empêcher la Russie de commercer avec l’Europe).

 

La question de la Syrie est naturellement abordée (la partition du pays en fait, car le califat est déjà une réalité en cette ère post Sykes-Picot).

 

La question de l’Iran est naturellement abordée (faisons des affaires avec eux, en achetant leurs ressources énergétiques et en les soudoyant pour qu’ils rejoignent notre club).

 

Mais la question cruciale demeure le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP), ce prétendu libre-échange entre les USA et l’UE. Ce n’est pas pour rien que pratiquement tous les principaux lobbyistes du monde des affaires et de la finance, favorables au TTIP se retrouvent sous le même toit autrichien.

 

Ce n’est pas un hasard non plus que Bilderberg démarre une journée avant que le Congrès des USA ne débatte du pouvoir présidentiel de négociation accélérée en matière de commerce [fast-track en anglais, NDT].

 

 

WikiLeaks et une tonne de BRICS

 

C’est ici qu’entre en scène WikiLeaks qui, dans un monde plus juste, serait un sérieux empêcheur de tourner en rond.

 

Le pouvoir de négociation accélérée incombant au président des USA se prolongerait pour une période de six ans, rien de moins. Le prochain locataire de la Maison-Blanche en serait donc investi aussi, qui pourrait aussi bien être la Terminatrice Hillary Hillarator que Jeb-Poutine est une brute-Bush.

 

Ce pouvoir présidentiel de négocier des accords douteux concerne non seulement le TTIP, mais aussi le Partenariat transpacifique (PTP) et l’Accord sur le commerce des services (ACS).

 

WikiLeaks a publié, au moment opportun, l’annexe sur les soins de santé de la version provisoire et secrète du chapitre du PTP portant sur la Transparence, de pair avec la position de négociation de chaque pays. Pas étonnant que la version préliminaire soit secrète. Et l’accord n’a rien de transparent ; il s’agit carrément d’un braquage flagrant des autorités sanitaires nationales par les grandes sociétés pharmaceutiques.

 

Pour résumer, ces trois mégas accords (PTP, TTIP et ACS) représentent le modèle absolu de ce qu’on pourrait poliment décrire comme une gouvernance d’entreprise mondiale, qui fait saliver Bilderberg. Les perdants : les États-nations et le concept même de démocratie occidentale. Les gagnants : les mégamultinationales.

 

Julian Assange, dans une déclaration, a tapé dans le mille en peu de mots : « C’est une erreur de croire que le PTP est un traité distinct. Il existe en réalité trois méga-accords conjoints, soit l’ACS, le PTP et le TTIP qui, stratégiquement, s’emboîtent pour former un grand traité unifié, qui partage le monde entre l’Occident et ce qui reste. Ce grand traité est décrit par le Pentagone comme le cœur économique du pivot vers l’Asie de l’armée des USA. Ses architectes ne visent rien de moins que se saisir du cours de l’histoire. Le grand traité prend forme dans le secret le plus absolu, parce qu’en plus de ses ambitions géostratégiques inadmissibles au débat, il verrouille en place une nouvelle forme de corporatisme transnational agressif, qui n’a pas vraiment la cote auprès du public. »

 

Voilà le véritable programme atlantiste dont les touches finales se mettent en place dans l’arc formé du G1 + supplétifs et de Bilderberg (attendez-vous à de nombreux appels décisifs entre l’Autriche et Washington ce vendredi). C’est l’OTAN version commerciale. C’est le pivot vers l’Asie en excluant la Russie et la Chine. C’est l’Occident contre le reste du monde.

 

 

 

Passons maintenant à la riposte. Pendant que le spectacle se poursuivait dans les Alpes bavaroises, le premier forum parlementaire des BRICS se déroulait à Moscou, en prévision du sommet des BRICS qui aura lieu à Oufa le mois prochain.

 

Les néocons (avec Obama en laisse) s’obstinent à croire à leur illusion que la Russie est maintenant isolée du reste du monde à la suite de l’imposition de leurs sanctions. Depuis, Moscou a signé d’importants contrats économiques et stratégiques avec au moins vingt pays. Le mois prochain, la Russie tiendra le sommet des BRICS (pays qui regroupent 45 % de la population mondiale, dont le PIB équivaut à celui de l’UE et qui dépassera bientôt celui du G7) et le sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai, au cours duquel l’Inde et le Pakistan seront acceptés comme membres à part entière.

 

Le G1 + supplétifs ? Bilderberg ? Dégagez ! C’est que vous n’êtes plus le seul divertissement en ville, dans aucune ville.

 

 

 

Par Pepe Escobar (Russia Today) – traduit par Daniel, relu par jj pour Le Saker francophone – le 11 juin 2015

 

 

Pepe Escobar est l’auteur de Globalistan : How the Globalized World is Dissolving into Liquid War (Nimble Books, 2007), Red Zone Blues: a snapshot of Baghdad during the surge (Nimble Books, 2007), Obama does Globalistan (Nimble Books, 2009) et le petit dernier, Empire of Chaos (Nimble Books).

 

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L’Iran promet une « surprise »

L’Iran promet une « surprise » | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Qassem Suleimani (à droite, avec un talkie-walkie), au cours d’une offensive contre l’État islamique à Tal Ksaiba (Province de Salahuddin). (Stringer Irak/Reuters)

 

 

L’Iran promet une « surprise »

Par Luis Lema (*)

 

Téhéran envisagerait l’envoi de dizaines de milliers d’hommes en armes. Le but : protéger le réduit alaouite face à la progression des djihadistes.

 

L’Iranien Qassem Suleimani n’est pas un plaisantin. Celui qui dirige la force Al-Qods (Jérusalem), l’unité d’élite de la Garde révolutionnaire iranienne, est sans doute, à l’heure qu’il est, l’homme le plus puissant dans le double conflit qui embrase l’Irak et la Syrie. Lorsque Suleimani promet une « surprise », comme il l’a fait cette semaine, chacun est en droit de trembler.

 

Voilà des mois maintenant que Qassem Suleimani, qui a les galons de major général, le plus haut grade de l’armée iranienne, s’affiche sans gêne en chef de guerre en Irak, face à l’organisation État islamique (Daech) et qu’il coordonne les forces iraniennes qui soutiennent le régime de Bachar el-Assad en Syrie. Ces derniers jours, pourtant, sa visite dans le nord de la Syrie devait officiellement rester « secrète », avant qu’elle ne soit détaillée par des journaux… proches du régime iranien.

 

Suleimani s’est rendu dans la région de Lattaquié, en plein cœur du « pays alaouite », la confession du président syrien, là où se trouve une partie des principaux soutiens du maître de Damas. Or, des environs de Lattaquié, on pourrait presque apercevoir la présence des rebelles syriens, distants désormais de quelques dizaines de kilomètres, après qu’ils ont multiplié les succès militaires sur le terrain.

 

La « surprise » promise par Suleimani ? Elle semble claire. D’autres composantes du pouvoir iranien, et notamment un puissant groupe appelé Ansar e-Hezbollah, prônent dans le même temps l’envoi de 50 000 hommes armés afin de contrer l’avancée des rebelles sunnites, menés par le Front Al-Nosra et solidement épaulés par l’Arabie saoudite et le Qatar.

 

L’Iran est de plus en plus ouvertement présent aux côtés de l’armée syrienne, loyale au régime de Bachar el-Assad. À tel point que, malgré des frictions, c’est en réalité Téhéran qui semble disposer en grande partie de l’avenir du régime alaouite syrien.

 

Si ces conjectures sont fondées, l’Iran s’apprêterait donc à « verrouiller » le pays alaouite et, plus important encore, à garantir la connexion entre cette côte syrienne alaouite et la capitale Damas, à présent menacée par les rebelles djihadistes. Le cauchemar de Bachar el-Assad ? L’éventuelle prise par Al-Nosra de l’aéroport de la capitale, qui reviendrait à tenir assiégée la ville.

 

Dans son combat contre la progression de la rébellion, le régime syrien peut d’ores et déjà compter sur la présence du Hezbollah chiite libanais, qui a lui aussi lancé ses troupes à l’offensive dans les montagnes du Qalamoun toutes proches du réduit alaouite. Jusqu’ici, officiellement, l’Iran assure n’avoir offert qu’un « soutien logistique » à son allié syrien.

 

Les troupes du major général Suleimani, en revanche, ne minimisent pas leur rôle en Irak, qu’ils tiennent en parallèle. Leurs effectifs, en réalité, sont bien plus nombreux dans ce pays que ceux de l’armée irakienne. Aux forces d’élite des brigades Al-Qods se mêlent des fantassins recrutés par l’Iran, dont des Afghans chiites.

 

Avant d’annoncer sa future « surprise », Qassem Suleimani s’en était pris vertement aux États-Unis, qui venaient de dénoncer le manque de combativité de l’armée irakienne. « Monsieur (Barack) Obama, quelle est la distance qui sépare Ramadi (la ville d’Irak dont s’est emparé l’Etat islamique) et la base où sont stationnés vos avions ? Comment pouvez-vous être présent dans ce pays au prétexte de défendre les Irakiens, et ne rien faire du tout ? » s’emportait l’Iranien en suggérant l’existence d’un « complot » entre les Américains et les djihadistes de Daech.

 

Pour les États-Unis et la coalition qui s’est formée derrière eux afin de combattre les djihadistes, les milices chiites dirigées par Suleimani n’ont aucune existence. Dans le communiqué final qui a conclu leur réunion, mardi à Paris, ils n’en faisaient pas mention, mais émettaient le souhait que toutes les forces présentes en Irak « répondent à la chaîne de commandement de l’armée irakienne ».

 

Un vœu pieux qui aura de la peine à se traduire sur le terrain, tandis que le sort de l’armée irakienne (comme en Syrie) semble aujourd’hui entre les mains de l’Iran.

 

Il y a quelques semaines, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU décrivait à Genève la « traînée de mort et de destruction » que représentait l’avancée de ces milices chiites sur le terrain, dans les régions sunnites. C’est à cette aune qu’il faut peut-être juger la « surprise » promise par Suleimani en Syrie.

 

 

 

Par Luis Lema (*) - letemps.ch – le 4 juin 2015.

(*) Né à Madrid, Luis Lema a dirigé les rubriques internationales du journal de Genève et du Temps, quotidien édité à Genève. Il a effectué de nombreux grands reportages, notamment en Amérique latine et au Proche-Orient. Il a été le correspondant permanent du Temps à Jérusalem de l’été 2000 à fin 2002. (source : decitre.fr)

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‪Vidéo - L'Iran répond à Fabius et aux USA, 20 mai 2015

‪Vidéo - L'Iran répond à Fabius et aux USA, 20 mai 2015 | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

 

‪L'Iran répond à Fabius et aux USA, 20 mai 2015

 

 

 

>>> Voir la vidéo intitulée « l'Iran répond à Fabius

et aux USA, 20 mai 2015 »


 

Le discours commence vers 1min 40

 

 

Vidéo ajoutée par Franco Persia sur YouTube le 21 mai 2015.


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Trop triste : un mouchoir pour l’OTAN, svp.

Trop triste : un mouchoir pour l’OTAN, svp. | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Source dessin : lucmichel.net


 

 

Trop triste : un mouchoir pour l’OTAN, svp.

 

La double attaque concertée de l’Occident – guerre sur le prix du pétrole et raid sur le rouble – visant à détruire l’économie russe et à soumettre ses ressources naturelles à une forme de vassalité a lamentablement échoué.

 

Les ressources naturelles étaient aussi la raison essentielle de réduire l’Iran à une vassalité occidentale. Cela n’a jamais rien eu à voir avec le développement d’une arme nucléaire par Téhéran, qui a été bannie successivement par le leader de la révolution islamique, l’ayatollah Khomeiny, et par le guide suprême l’ayatollah Khamenei.


Le projet du Nouveau Grand Jeu en Eurasie a toujours été le contrôle de la masse continentale eurasienne. Les revers mineurs subis par ce projet de l’élite américaine ne signifient pas que le jeu continuera à se limiter à une simple guerre d’usure. Mais bien plutôt le contraire.

 


Ce n’est qu’une question de PGS [Prompt Global Strike] ou première frappe globale.

 

En Ukraine, le Kremlin a été plus explicite, il a deux lignes rouges définitives. L’Ukraine n’adhèrera pas à l’OTAN et les Républiques populaires de Donetsk et Lugansk ne seront pas écrasées.

Nous nous rapprochons d’une échéance potentiellement explosive – lorsque les sanctions de l’UE arriveront à échéance en juillet. Une Union européenne dans la tourmente, mais toujours esclave de l’OTAN – voir le pathétique Dragoon Ride, le convoi de parades militaires, de la Baltique à la Pologne, ou Resolve Atlantique, l’exercice d’exhibition de l’OTAN – peut décider d’étendre ces sanctions, et même essayer d’exclure la Russie du réseau SWIFT.

 

Seuls les imbéciles croient que Washington va risquer des vies américaines en Ukraine ou même en Pologne. Mais essayons de voir quelques coups à l’avance. Si jamais on en arrive à l’impensable – une guerre entre l’OTAN et la Russie en Ukraine –, les cercles de défense russes sont sûrs de leur supériorité conventionnelle et nucléaire sur terre et sur mer. Et le Pentagone le sait. La Russie réduirait les forces de l’OTAN en miettes en quelques heures. Viendrait alors un choix difficile pour Washington : accepter la défaite ignominieuse ou escalader le conflit avec des armes nucléaires tactiques.

 

Le Pentagone sait que la Russie a les capacités de défense aérienne et antimissile pour contrer tout ce que les US pourraient leur balancer dans une première frappe globale (PGS). Mais simultanément, Moscou dit qu’il préférerait ne pas avoir à utiliser ses capacités.

 

Le Major général Kirill Makarov, chef adjoint de Forces de la défense aérospatiale de la Russie, a été très clair à propos de la menace de PGS. La nouvelle doctrine militaire de Moscou, définie en décembre 2014, qualifie le PGS ainsi que l’accumulation militaire actuelle de l’OTAN comme les deux principales menaces de sécurité pour la Russie.

 

Contrairement à la vantardise et à la diabolisation non-stop du Pentagone et de l’OTAN, les cercles de défense russes n’ont pas besoin de faire de la publicité sur le fait qu’ils sont maintenant en avance de deux générations sur les États-Unis dans leur armement de pointe.

 

Résultat : tandis que le Pentagone errait dans les déserts afghans et irakiens pour tenter de sortir du bourbier où il s’était aventuré, ils ont manqué complètement de voir venir le saut technologique de la Russie. La même chose vaut pour la capacité de la Chine de frapper les satellites et donc de pulvériser les systèmes américains d’orientation par satellite des missiles balistiques intercontinentaux (ICBM).

 

Le scénario privilégié actuel de la Russie est de gagner du temps jusqu’à ce qu’elle ait totalement étanchéifié son espace aérien contre les ICBM américains, les avions furtifs et les missiles de croisière – via le système S-500.

 

Cela n’a pas échappé à l’attention du Comité mixte du renseignement britannique (JIC) alors qu’il s’amusait à simuler, il y a quelque temps, que Washington pourrait lancer une première frappe contre la Russie. Selon ce Comité, Washington pourrait devenir méchant si :


a) un gouvernement extrême devait prendre le pouvoir aux États-Unis,


b) le manque de confiance des États-Unis dans certains, sinon la totalité, de ses alliés occidentaux augmentait en raison de l’évolution politique de ces pays,


c) il y avait soudain une telle avance aux États-Unis dans le domaine des armes, etc., que les volontés des va-t-en-guerre pourraient prendre le dessus.

 

Les spéculations des think-tank US, selon lesquelles les planificateurs militaires russes pourraient profiter de leur supériorité pour lancer une première frappe nucléaire contre les États-Unis sont totalement idiotes ; la doctrine russe est éminemment défensive.

 

Pourtant, cela n’exclut pas que Washington commette l’irréparable la prochaine fois que le Pentagone pensera être dans la position dans laquelle se trouve la Russie maintenant.

 

 

SWIFT change

 

L’ensemble des règles du jeu utilisées pour régner sur les mers est un don géopolitique que les États-Unis ont hérité de la Grande-Bretagne. Le contrôle des mers a fait des US l’héritier de cinq empires : Japon, Allemagne, Grande-Bretagne, France et Pays-Bas.

Tous ces porte-avions américains massifs qui patrouillent les océans afin de garantir le libre échange – comme le martèle la propagande hégémonique – pourraient se retourner contre la Chine en un éclair. C’est un mécanisme similaire à la chorégraphie soigneusement orchestrée du Deus ex machina des opérations financières faisant s’écrouler simultanément le rouble et les prix du pétrole pour amener la Russie à résipiscence.

 

Le plan directeur de Washington reste d’une simplicité trompeuse : neutraliser la Chine par le Japon, et la Russie par l’Allemagne, en soutenant ces deux piliers, l’Allemagne et le Japon. La Russie est la seule nation des BRICS bloquant, de facto, le plan directeur.

 

Ce fut le cas jusqu’à ce que Pékin lance la Nouvelle Route de la Soie, qui signifie essentiellement la coopération de toute l’Eurasie dans un processus commercial d’échange gagnant-gagnant grâce à la manne du rail à grande vitesse, et à l’éloignement du tonnage de fret des risques maritimes que représente la présence navale US.

 

Donc la diabolisation non-stop de la Russie par l’OTAN devient pittoresque. Pensez à l’OTAN se battant sans cesse contre le partenariat stratégique sino-russe en constante et complexe évolution. Et dans un avenir pas si lointain, comme je l’ai dit ici, l’Allemagne, la Russie et la Chine ont ce qu’il faut pour être les piliers essentiels d’une Eurasie entièrement intégrée.

 

Tel qu’il est, le théâtre d’ombres principal se joue entre Moscou et Pékin préparant silencieusement leur propre système SWIFT, tandis que la Russie se prépare à sceller son espace aérien avec le S-500. L’Ukraine occidentale est vouée à l’échec ; laissez-la à une UE ravagée par l’austérité – qui, soit dit en passant, n’en veut pas. Et tout cela alors que l’UE tente de handicaper les États-Unis dans le commerce avec un euro qui, même truqué, ne permet toujours pas de pénétrer plus avant les marchés américains.

 

Quant à une OTAN hors-jeu, tout ce qu’elle peut faire est pleurer, toujours et encore pleurer.

 

 

 

Par Pepe Escobar (thesaker.is) - traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone - le 2 mai 2015.

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La revanche de l’Islam chiite au Yémen

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La revanche de l’Islam chiite au Yémen 

 

« Qui sème la discorde entre chiites et sunnites fait le jeu du colonialisme », affirmait l’Imam Khomeini. L’histoire passée et récente semblerait lui donner raison.

 

De nombreux analystes ont dénoncé, ces jours-ci, les intérêts économiques et géopolitiques qui se trouvent derrière l’agression saoudienne contre le Yémen, mais bien peu ont pris en compte la nature sociale de la révolte des Houthi — dont le mouvement a pour nom officiel : Ansarullah —, négligeant ainsi son aspect démocratique et anticolonialiste.

 

 

L’Iran comme nouveau Karl Marx

 

L’expression en question, « l’Iran comme nouveau Karl Marx », ne se veut pas une boutade ; elle fut prononcée rien moins que par Condoleeza Rice, et nous pouvons la lire sur le Washington Post du 23 novembre 2012. Définition emblématique que Bahar Kimyongür [militant issu d’une famille alaouite turco-syrienne] a récemment ainsi commentée : « Si l’Iran doit être comparé à Marx, comme l’affirme le faucon de l’impérialisme US, le régime des Saoud incarne, quant à lui, depuis sa création en 1744, la contre-révolution et la tyrannie d’Adolphe Thiers, le fossoyeur de la Commune de Paris. »

 

Que signifie tout cela ? La lecture n’en est pas aussi difficile qu’il semble : la République Islamique d’Iran incarne, aux yeux de nombreux musulmans, les principes et les idéaux de justice sociale constamment foulés aux pieds par les régimes monarchiques et autoritaires au service de l’Occident. Tout cela se reflète aussi en Europe, où les masses nord-africaines — pensons à des pays comme la France, l’Angleterre ou même l’Italie — tendent en partie à « migrer » du sunnisme au chiisme. Derrière ce choix, on trouve la volonté de donner une dimension politique à la foi religieuse, fondée sur des principes d’égalité et de justice sociale.

 

De 2 012 à 2 015, quelque chose a-t-il changé ? La ligne d’Israël et de son tout récemment confirmé Premier ministre est toujours la même : l’élimination du bastion chiite, c’est-à-dire l’Iran (et, naturellement, totale fermeture à toute hypothèse d’État palestinien).

 

Différente est la position d’Obama et de la coalition démocrate américaine (avec des défections internes), qui tendrait, dans cette phase, à ne pas exaspérer le conflit avec l’Iran et même à rouvrir le dialogue avec Assad. Le conflit interne aux USA entre droite républicaine (liée à la droite israélienne) et progressiste est du reste désormais palpable. Qui l’emportera ? À en juger d’après les derniers développements et en particulier l’intervention de Netanyahu au Congrès américain, saluée par une véritable ovation, il semblerait que l’étoile d’Obama soit à son déclin.

 

 

Intervention au Yémen : pour le compte de qui ?

 

La coalition « sunnite » (avec beaucoup de guillemets) qui intervient au Yémen a une claire orientation pro-occidentale. Les États-Unis sont en train de promouvoir la formation d’une sorte d’« OTAN arabe », et la discussion ne porte que sur le pays qui doit la coordonner : l’Égypte ou l’Arabie Saoudite ? Là est le dilemme pour Washington.

 

Arrêtons-nous un moment sur l’Égypte : nous avons souvent souligné, en citant des faits et des documents, à quel point al-Sissi sert les projets impérialistes états-uniens et israéliens (nous avons vu que le débouché de l’industrie guerrière israélienne est justement le marché égyptien). À ce propos, on a appris, il y a quelques heures à peine, qu’après 20 mois d’impasse, les fonds américains pour l’Égypte ont été débloqués : il s’agit d’1,3 milliard de dollars — comme le rapporte Federico Pieraccini, expert en questions militaires. Outre l’argent, seront livrés les armements promis depuis longtemps : 12 F-16, 20 missiles Harpoon, 125 équipements pour chars Abrams m1a2.

Ce n’est vraiment pas mal. Si, en 1962, le leader anticolonialiste Nasser, qui appuyait la révolution au Yémen, soutenait que « la libération de Jérusalem passe par la libération de Riyad », aujourd’hui, al-Sissi montre bien ce qu’il est, un digne gardien des intérêts non seulement de Washington et Tel-Aviv, mais aussi de la Maison Saoud. Nous estimons que tout cela n’est pas fortuit.

 

Question : Nasser 1962, al-Sissi 2015, le cycle historique du panarabisme laïc est-il vraiment terminé ? La révolte des Houthi, elle, semblerait redonner vigueur à l’Islam Politique. Le leader de la révolte Al-Houthi a accusé l’Arabie Saoudite d’être « un instrument économique sale » au service des États-Unis et d’Israël.

 

Encore plus intéressante cette autre déclaration d’Al-Houthi : « Quand les groupes armés, parmi lesquels Al-Qaida, qui représentent l’Arabie Saoudite, ont été battus par les combattants d’Ansarullah, Riyad et ses alliés ont décidé d’intervenir dans les affaires intérieures du Yémen. »

 

Une dépêche états-unienne — non publiée en italien — de 2 010 (document n° 242073 de la Secrétaire d’État de l’époque, Hillary Clinton) dit textuellement : « les donateurs de l’Arabie Saoudite constituent la source de financement la plus significative des groupes terroristes sunnites dans le monde entier... bien que l’Arabie Saoudite prenne très au sérieux la menace du terrorisme intérieur... le pays continue à être une base d’appui essentielle pour Al-Qaida, les talibans, Lashkar e Taiba et d’autres groupes terroristes, qui recueillent probablement chaque année des millions de dollars de sources saoudiennes, souvent pendant le pèlerinage et le ramadan ».

 [en espagnol dans le texte] http://hispantv.com/newsdetail/Arabia-Saudi/23088/Objetivo-inmediato-de-la-invasion-de—Al-Saud-a-Yemen-y-su-meta-final.

 

Que faut-il en déduire ?


Certainement, les USA connaissaient la présence d’Al-Qaida au Yémen (les mêmes groupes que ceux de l’attentat contre Charlie ? Coïncidence ?) et, ils savaient aussi qu’Al-Qaida était appuyé par la Maison Saoud, mais ils ne se sont pas bornés à tolérer cette organisation : ils la couvraient et la soutenaient largement aussi bien en la finançant qu’en lui fournissant des armes.

 

La question s’impose : au service de qui sont l’ISIS et Al-Qaida ? Sont-ils ou non une aubaine pour Washington et Tel-Aviv ?

 

La révolte des Houthi : une révolte populaire et anti-impérialiste.

 

La révolte des Houthi est une révolte populaire conduite par les chiites — inspirés par la pensée de l’imam Khomeini — qui a eu le soutien de larges couches de la population, et donc aussi de secteurs sunnites : il faut comprendre que l’élément unificateur est aussi le facteur socio-économique (c’est-à-dire de classe), et pas seulement le facteur religieux. Comment le régime dictatorial de Hadi – qui voulait, entre autres, diviser la région en 6 micro-États — aurait-il pu être renversé, sans un soutien populaire et social ?

 

En 2006, une très large majorité des sunnites a soutenu le Hezbollah contre l’agression israélienne ; aujourd’hui, sans l’unité arabo-musulmane, au Yémen, cette révolte n’aurait pas été possible.

 

Pour répondre à une autre question : l’Iran continue à soutenir le Hamas sunnite malgré les multiples faux-pas de la composante politique du mouvement de résistance islamique palestinien. La solidarité anticolonialiste, du reste, doit se faire par-delà les débats doctrinaux. Il serait bon que les analystes eurocentriques commencent eux aussi à le comprendre.

 

Dans ce cas aussi, la gauche islamique a répondu positivement à l’appel : le Hezbollah et le Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP) se sont rangés aux côtés du peuple yéménite de même que d’autres formations socialistes et islamiques qui ont condamné l’agression de la Maison Saoud sponsorisée par l’Occident. Encore une fois, dans tout cela, il y a une grande absente : la gauche occidentale.

 

 

 

Par Stefano Zecchinelli (linterferenza.info) - traduction : Rosa Llorens — legrandsoir.info – le 16 avril 2015.


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Obama s’engage aux côtés des Saoudien dans la guerre au Yémen

Obama s’engage aux côtés des Saoudien dans la guerre au Yémen | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Obama s’engage aux côtés des Saoudiens

dans la guerre au Yémen

 

Dans un nouvel acte d’arrogance dont il est le seul à connaître le secret, le secrétaire d’État américain John Kerry a déclaré dans un entretien sur la chaîne PBS le 9 avril que les États-Unis n’ont pas l’intention d’assister sans broncher à la prise de contrôle de l’Iran sur le Yémen.

 

Kerry a donc réussi, sans trop que l’on sache comment, à blâmer l’Iran pour la guerre au Yémen, et ce même si c’est l’ARABIE SAOUDITE qui a attaqué par des moyens militaires son faible voisin.

 

« Il y a eu, et il y a évidemment, des vols en provenance de l’Iran. Toutes les semaines, il y a des vols en provenance de l’Iran », a constaté, indigné, Kerry, sans se rendre compte qu’il y a des vols en provenance d’Iran vers les États-Unis, la France ou bien d’autres pays (celui-ci insinuait bien entendu, sans le dire explicitement, qu’il s’agit de livraisons d’armes au Yémen).

 

Kerry a prétendu que les États-Unis ne cherchent pas la confrontation avec l’Iran (ni avec aucun autre pays bien sûr), mais qu’ils n’ont pas non plus « l’intention de renoncer à leurs alliances et à leurs amitiés, et au besoin d’être solidaires avec ceux qui se sentent menacés en raison des choix que l’Iran pourrait faire ».

 

Ce raisonnement pourrait s’appliquer bien entendu à l’Arabie saoudite, en raison de son soutien aux diverses mouvances islamistes extrémistes un peu partout dans le monde, mais l’administration Obama n’a aucunement l’intention de publier les 28 pages du rapport d’enquête bicamérale du Congrès sur les attentats du 11 septembre 2001, qui contiennent les preuves de l’implication des pouvoirs saoudiens dans ces attentats qui ont tué plus de 3 000 personnes.

 

Un porte-parole du Pentagone, le colonel Steve Warren, a confirmé un soutien américain aux opérations militaires saoudiennes, fournissant le ravitaillement en vol des chasseurs saoudiens, à hauteur d’un « avion ravitailleur par jour ». Un responsable non identifié du ministère de la Défense a déclaré que le partage de renseignement avec les Saoudiens comprend dorénavant des images aériennes qui permettront à la « coalition » de mieux cibler ses attaques contre les forces anti-Hadi.

 

 

 

Par la Rédaction de Solidarité & Progrès – le 10 avril 2015.

Koter Info's insight:


Et la mauvaise foi crasse US continue !  Mais qui était dupe et croyait que les USA n'étaient pas derrière la guerre du Yémen ?


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La baisse des tensions avec l’Iran ne remet pas en cause le bouclier antimissile de l’OTAN en Europe

La baisse des tensions avec l’Iran ne remet pas en cause le bouclier antimissile de l’OTAN en Europe | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Légende et source photo : un croiseur américain classe Ticonderoga - Wikipédia

 

 

La baisse des tensions avec l’Iran ne remet pas en cause le bouclier antimissile de l’OTAN en Europe

 

Malgré les négociations avec Téhéran sur son programme nucléaire, les États-Unis continuent de déployer des systèmes de défense antimissiles en Europe pour faire face à la menace nucléaire iranienne. Pour Moscou, tout cela n’est qu’« une fable ».

 

« La menace pour les pays de l’OTAN due à la prolifération des missiles balistiques continue d’augmenter… l’accord-cadre [sur le programme nucléaire iranien] ne change pas ce fait », a confié à l’agence de presse Sputnik la porte-parole de l’Alliance, Oana Lungescu.

 

Le vice-premier ministre et ancien représentant russe auprès de l’OTAN, Dmitri Rogozine, a répondu que malgré l’accord conclu en Suisse, le bouclier antimissile controversé était maintenu en Europe parce que « ce système de défense antimissile n’a jamais concerné l’Iran ».

 

Le chef du Comité de la Douma d’État pour les affaires étrangères Alexeï Pouchkov a qualifié de « fable » la justification américaine officielle pour l’installation de ces systèmes de défense antimissiles en Europe. « L’OTAN ne renonce pas à son bouclier antimissile en Europe ? Qui l’aurait cru ! Ces fables sur une « menace » de l’Iran et de la Corée du Nord étaient pour les idiots. Mais maintenant l’OTAN ne peut plus utiliser ces fables », a twitté Alexeï Pouchkov.

 

Quelques analystes politiques sont d’accord avec le point de vue des responsables russes. « Je pense que nombreux sont ceux qui voudraient entendre [de Barack Obama] que Washington et Téhéran sont maintenant amis, que les amis ne se menacent pas, que les systèmes de défense antimissiles américains visent toujours l’Iran et la Russie. Tout cela signifie que les adversaires géopolitiques de l’Amérique restent les mêmes » a expliqué à Sputnik Reza Hojjat Shamami, un analyste politique iranien et spécialiste des affaires eurasiennes.

 

Ohran Gafarli, expert sur la sécurité eurasienne du Centre turc pour l’analyse stratégique, a pour sa part déclaré à l’agence de presse russe que si le déploiement du bouclier antimissile continuait, il deviendra clair que le plan américain initial était d’encercler la Russie. « Dans ce cas, Washington aura du mal à continuer de tromper le monde sur ses véritables intentions », a conclu Orhan Gafarli.

 

 

 

Par francais.rt.com – le 4 avril 2015.

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Vidéo - Nucléaire iranien : la République Islamique persiste et signe

Vidéo - Nucléaire iranien : la République Islamique persiste et signe | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

 

Vidéo - Nucléaire iranien :

la République Islamique persiste et signe

Par Sayed Hasan

  

Le 18 juillet 2015, dans son premier discours consécutif à l’accord sur le nucléaire iranien conclu quatre jours auparavant, Sayed Ali Khamenei, le Guide Suprême de la Révolution Islamique, a adressé un message retentissant à l’Occident, et en particulier aux États-Unis et à Israël, démentant la propagande qui transforme une victoire éclatante de l’Iran en victoire de la diplomatie occidentale. Et afin de mieux souligner la détermination de la République Islamique d’Iran et son hostilité fondamentale à l’impérialisme américain, qui restera toujours pour elle le « Grand Satan » (de même qu’Israël restera la « tumeur cancéreuse qui doit disparaître de l’existence »), Sayed Khamenei a prononcé son discours en tenant à la main rien moins qu’un fusil d’assaut : c’est là un fait exceptionnel, surtout pour une telle autorité religieuse, dans une mosquée et à l’occasion du discours commémorant la fin du mois de Ramadan et l’Aïd-al-Fitr, un jour de fête dans tout le monde musulman. 

   

Bien entendu, afin de ne pas contrevenir à l’euphorie impériale qui se vante d’avoir fait plier l’Iran, les médias dominants n’y ont pas fait la moindre référence. L’Associated Press a même pu faire un compte rendu de ce discours avec une photo assez claire sans faire le moindre commentaire à ce sujet, tandis que Reuters a fait le choix de publier une photo de Sayed Khamenei datant de 2012. Pourtant, ce fait absolument unique méritait d’être mentionné selon les standards occidentaux, et aurait même pu aller dans le sens de la diabolisation du régime iranien et de ses supposées velléités agressives et expansionnistes. Mais l’heure est à l’autosatisfaction et à l’autocongratulation, et les presstituées, comme leurs maîtres, n’ont que faire de la réalité des faits ou de l’exigence de cohérence.

 

Plusieurs points de ce discours sont à retenir.

 

En premier lieu, Sayed Khamenei ne fait preuve d’aucun triomphalisme suite à cet accord. Il reste très circonspect, et rappelle que cet accord doit encore être scruté et validé par les plus hautes autorités de l’Iran – aucune référence, en revanche, à son approbation inévitable par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, instance nulle et non avenue aux yeux du Guide Suprême. Dès le lendemain de la conclusion de l’accord, Sayed Ali Khamenei avait adressé un message en ce sens au Président Hassan Rouhani, dans lequel, après avoir félicité l’équipe des négociateurs iraniens, il soulignait : 

 

« Cependant, il est nécessaire d’étudier très soigneusement le texte qui a été préparé, de sorte qu’il puisse ensuite suivre le processus légal qui a été déterminé pour qu’il soit accepté. Ensuite, en cas de ratification, il est nécessaire d’être à l’affût des éventuelles violations des accords par la partie adverse et de veiller à ce qu’ils ne soient pas bloqués. Vous savez très bien que certains des six gouvernements participants ne sont fiables en aucune façon. Je m’attends également à ce que notre cher peuple continue à préserver son unité et sa quiétude afin que nous puissions assurer les intérêts nationaux dans un environnement calme et raisonnable. » 

 

La méfiance, et même la défiance vis-à-vis des États-Unis et de leurs alliés (notamment la France, qui s’est distinguée par son hostilité à l’Iran due à sa servilité pro-Israël ; il y a fort à parier que l’Iran s’en souviendra, et que les entreprises françaises auront plus de mal à participer à la ruée vers l’or perse qui s’annonce) reste donc maximale, à juste titre. Fort de son expérience, l’Iran, loin de fonder de quelconques espoirs sur des accords conclus avec les États-Unis, ne compte – après Dieu – que sur lui-même, sur l’unité, l’éveil, la résistance et les facultés d’innovation de son propre peuple, et la sagesse de ses dirigeants. Une guerre ouverte reste un horizon possible, bien que non souhaité, et l’Iran continue à s’y préparer avec une grande confiance en ses capacités.

 

Sayed Khamenei a également tenu à réaffirmer les principes intangibles de la République Islamique et de sa politique extérieure, pour lesquels aucune compromission, aucune négociation même ne sont envisagées. Le dialogue Iran/États-Unis s’arrête à la question nucléaire et n’a pas vocation à s’étendre à d’autres questions. L’hostilité de l’Iran au gouvernement américain, considéré comme « le cœur de l’Arrogance mondiale », est inconditionnelle, de même que son hostilité à l’État d’Israël : « Mort à l’Amérique » et « Mort à Israël » resteront les slogans fondamentaux, constitutifs de l’identité même de la République Islamique et du peuple iranien – et John Kerry devrait savoir qu’il s’agit de bien plus que de simple rhétorique. Dans ce sens et de manière prévisible, Sayed Khamenei a réaffirmé le soutien indéfectible de la République Islamique aux peuples opprimés de la région, qu’il s’agisse du soutien humanitaire, diplomatique et moral pour le Bahreïn et le Yémen, ou du soutien total (économique, financier, militaire, etc.) pour les pays et mouvements de l’Axe de la Résistance – Irak, Syrie, Hezbollah, Hamas, Jihad Islamique et autres factions de la Résistance palestinienne. Du reste, Sayed Khamenei n’a pas même fait cette distinction, parlant simplement de soutien continu aux uns et aux autres.

 

Enfin, Sayed Khamenei a fait référence à la marche de l’histoire en soulignant les multiples errements et revers des États-Unis depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, appelés à se répéter. Le Guide Suprême de la Révolution Islamique, qui est également l’autorité ultime à laquelle se réfèrent des dizaines de millions de musulmans chiites du monde entier, tant en Orient qu’en Occident – dont le Hezbollah, qui le considère comme rien moins que le dirigeant de la Communauté Islamique dans son ensemble –, confirme que loin d’être un archiconservateur, comme le prétend la propagande occidentale, il reste à l’avant-garde des luttes politiques et sociétales internationales, à l’exemple d’un pays comme Cuba. Cela peut être difficile à concevoir en Occident, historiquement habitué à voir des autorités religieuses « traditionnelles », comme le pape pour l’Église catholique, avoir des positions conservatrices voire réactionnaires, sur nombre de questions de politique internationale et être attachés à maintenir l’ordre établi et à enseigner la résignation aux peuples. Pourtant, c’est bien sur l’Islam et en son nom que la République Islamique fonde sa politique, et l’Iran est voué à jouer un rôle de premier plan dans le monde de demain.

 

Les nations et forces chiites sont aujourd’hui, par leurs actions, les plus représentatives de l’opinion publique des pays musulmans et des intérêts authentiques de leurs peuples, et on peut s’attendre à ce que grâce à l’aide internationaliste de l’Iran (et non pas sous sa tutelle intéressée), leur aura grandisse au sein du monde islamique de manière inversement proportionnelle à celle de l’Arabie Saoudite, qui se révèle aux yeux de tous comme un outil Usraélien, tandis que Téhéran apparait le seul espoir de la Palestine. Par ailleurs, on voit se forger et se renforcer une alliance objective entre l’Iran et ses alliés des BRICS et de l’OCS, en particulier avec la Russie traditionnellement orthodoxe, qui est aujourd’hui le principal adversaire de l’impérialisme américain à l’échelle mondiale et le champion de la défense du droit international. On peut aujourd’hui distinguer, avec de plus en plus de clarté, un avenir ou les équilibres des puissances classiques seront rétablis, ainsi que les forces et les valeurs traditionnelles, pour le meilleur intérêt des peuples et de la paix entre les Nations.

 

 

 

 

 

Section politique du discours

Source :

http://english.khamenei.ir//index.php?option=com_content&task=view&id=2102&Itemid=4

Traduction : http://www.sayed7asan.blogspot.fr

Vidéo de Franco Persia (2e partie du discours seulement)

 

 

Par Sayed Hasan - sayed7asan.blogspot.fr - reseauinternational.net - le 26 juillet 2015

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La stratégie du Pentagone en 2015 pour diriger le monde : la guerre, la guerre et encore la guerre

La stratégie du Pentagone en 2015 pour diriger le monde : la guerre, la guerre et encore la guerre | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


La stratégie du Pentagone en 2015

pour diriger le monde :

la guerre, la guerre et encore la guerre

 

Mercredi, le Pentagone a publié sa Stratégie Militaire Nationale (SMN) pour 2015 (2015 National Military Strategy,) un plan de 24 pages pour gérer le monde au travers de la force militaire. Bien que le langage du rapport soit plus subtil et moins incendiaire que les documents similaires publiés dans le passé, la détermination de poursuivre unilatéralement les intérêts des États-Unis au moyen d’une extrême violence demeure la pierre angulaire de toute la nouvelle stratégie. Les lecteurs ne trouveront même pas l’ombre d’un remords dans ce rapport pour la vaste destruction et les centaines de milliers de vies humaines perdues dans les pays attaqués, pays qui ne posaient absolument aucune menace réelle pour la sécurité nationale des États-Unis. Au lieu de cela, le rapport démontre la résolution froide de ses auteurs et de l’élite pour continuer le carnage et les effusions de sang jusqu’à ce que tous les rivaux potentiels aient été tués ou éliminés et jusqu’à ce que Washington pense qu’il contrôle tous les leviers du pouvoir mondial et qu’il ne puisse plus être défié.

 

Comme on pouvait s’y attendre, le rapport cache ses intentions hostiles derrière le langage trompeur de la « sécurité nationale ». Les États-Unis n’agressent pas des états qui possèdent de grandes quantités de ressources naturelles. Non. Les États-Unis ne font juste « qu’adresser des défis sécuritaires » pour « protéger la patrie » et pour « faire avancer nos intérêts nationaux ». Comment quelqu’un pourrait-il trouver quelque chose à redire à cela ? Après tout, les États-Unis n’essaient-ils pas d’amener la paix et la démocratie dans ces pays (sauvages) que sont l’Afghanistan, l’Irak, la Libye et maintenant la Syrie ? (NDT en attendant l’Iran et la Russie...)

 

Dans la préface du chef d’état-major des armées, le général Martin Dempsey tente de préparer le peuple américain à une future guerre sans fin :

 

« De futurs conflits vont surgir plus rapidement, vont durer plus longtemps et vont se dérouler sur des champs de bataille bien plus techniquement difficiles... Nous devons être prêts à nous adapter rapidement à de nouvelles menaces tout en maintenant un avantage comparatif sur les plus traditionnels... l’application de l’instrument de pouvoir militaire contre des menaces d’État est très différente de l’application du pouvoir militaire contre des menaces non étatiques. Nous sommes plus enclins à devoir faire face à des campagnes prolongées qu’à des conflits qui seront résolus rapidement... ce contrôle de l’escalade devient de plus en plus difficile et bien plus important. » (Document : 2015 U.S. National Military Strategy, USNI News)

 

La guerre, la guerre et encore plus de guerres, ceci est la vision du Pentagone pour le futur. À l’inverse de la Russie ou de la Chine qui ont un plan pour une zone de libre-échange entre l’UE et l’Asie (la nouvelle route de la soie), qui améliorera partout l’emploi, améliorera les infrastructures vitales et augmentera les standards de vie de manière générale, les États-Unis, eux, ne voient que mort et destruction sur le chemin du futur. Washington n’a aucune stratégie pour le futur, aucune vision pour un monde meilleur, pour lui il n’y a que la guerre, guerre asymétrique, guerre technologique, guerre préemptive.

 

 L’entière classe politique et ses maîtres payeurs soutiennent unanimement la règle mondiale de la force des armes. Ceci est la signification inévitable de ce document, Les États-Unis ont la ferme intention de maintenir leur poigne de plus en plus faiblarde sur le pouvoir mondial en maximisant l’utilisation de leur plus grand avantage : l’armée.

 

Et qui est dans la ligne de mire de l’armée ? Analysez cet extrait d’un article paru dans la revue Defense News :

 

« La stratégie dénonce spécifiquement l’Iran, la Russie et la Corée du Nord comme des menaces agressives à la paix mondiale. Elle mentionne aussi la Chine, mais notablement commence ce paragraphe en disant qu’Obama et son gouvernement veulent « soutenir le développement de la Chine » et l’encourager à devenir un partenaire pour une plus grande sécurité mondiale, » continuant à flirter sur la ligne de la Chine l’alliée économique et la Chine concurrente régionale.

 

« Aucune de ces nations ne cherchent de conflit direct avec les États-Unis ou leurs alliés », poursuit la stratégie. « Mais néanmoins, ils posent de sérieuses préoccupations concernant la sécurité que la communauté internationale adresse collectivement par le moyen de politiques communes, de messages partagés et d’action coordonnée. »

 

(Pentagon Releases National Military Strategy, Defense News)

Avez-vous bien saisi cette dernière partie ?

 

En d’autres termes, ceci dit qu’aucun de ces pays ne veut se battre avec les États-Unis, mais les États-Unis eux, veulent se battre avec eux. Les USA sentent qu’il est justifié de lancer une guerre contre ces pays parce que, bon, soit ils contrôlent de vastes ressources, ou ont une grande capacité industrielle, occupent une zone du monde d’intérêt géopolitique pour les États-Unis, ou simplement parce qu’ils veulent maintenir leur indépendance et leur souveraineté, ce qui bien évidemment constitue un crime aux yeux de l’empire.

 

D’après Dempsey, toutes ces excuses minces comme un fil sont des justifications suffisantes pour entrer en conflit armé essentiellement parce qu’ils posent « de sérieuses préoccupations sécuritaires » pour les États-Unis, ce qui veut dire qu’ils entament le rôle de domination des USA comme seule superpuissance au monde.

 

Ce rapport de la défense voue une attention toute particulière à la Russie, l’ennemi du mois de Washington depuis un bail, qui a l’audace de défendre ses intérêts et sa sécurité après un coup d’État fomenté par le ministère des affaires étrangères US en Ukraine voisine. Pour cette insolence, Moscou doit-être puni. Ceci provient du rapport :


« Certains États néanmoins tentent de réviser les aspects clefs de l’ordre international et agissent de manière qui menace nos intérêts nationaux. Tandis que la Russie a contribué dans certains segments sélectionnés comme la lutte antidrogue et le contre-terrorisme, elle a aussi continuellement démontré qu’elle ne respecte pas la souveraineté de ses voisins et qu’elle a la volonté d’utiliser la force pour parvenir à ses objectifs. Les actions militaires de la Russie endommagent la sécurité régionale directement au travers de ses forces par procuration. Ces actions violent les multiples accords que la Russie a signés et dans lesquels elle reconnaissait vouloir agir dans les normes internationales. » (2015 NMS)

 

La Russie est le mal incarné parce que la Russie a refusé de rester coi tandis que les États-Unis renversaient le gouvernement ukrainien, installaient leurs sbires à Kiev, précipitaient le pays dans une guerre civile entre différentes factions, élevaient les néonazis dans des positions de pouvoir dans les forces de sécurité du pays, plongeaient l’économie ukrainienne dans l’insolvabilité et la ruine et ouvraient un QG pour la CIA dans la capitale afin de gérer sur place l’ensemble de la partie de flingage à gogo. Voilà pourquoi la Russie est le mal incarné et doit-être punie.

 

Ceci veut-il dire que les USA contemplent sérieusement une guerre avec la Russie ?

 

Voici un extrait du document qui va clarifier l’affaire :

 

« Cette dernière décennie, nos campagnes militaires ont essentiellement consisté en opérations contre des réseaux extrémistes violents, mais aujourd’hui et dans le futur proche, nous devons payer plus d’attention aux défis posés par les acteurs étatiques. Ils ont de plus en plus la capacité de contester la liberté régionale de mouvement et de menacer notre patrie. Ce qui est alarmant est la prolifération des missiles balistiques, des technologies de frappes de précision, des systèmes sans humains (drones), des capacités spatiales et de cyberespace et des armes de destruction massive et leurs technologies faites pour contrer les avantages militaires américains et couper l’accès aux sources communes mondiales. » (2015 NMS)

 

Il me semble clair que les gugusses de Washington ont déjà pris leur décision. La Russie est l’ennemi, donc, la Russie doit-être vaincue. Comment autrement pourrait-on « contrer un État révisionniste » qui « menace notre patrie » ?

 

Avec des bombes faucheuses de marguerites bien sûr. Comme tous les autres.

 

Le rapport du Pentagone nous fait une liste d’emplettes pour justifier le lancement de guerres contre des ennemis imaginaires des États-Unis. Le fait est que le Pentagone voit des nains partout. Que le sujet soit les nouvelles technologies, les « changements démographiques » ou les différences culturelles, tout est vu comme des menaces potentielles pour les intérêts américains, particulièrement tout ce qui a trait « à la concurrence pour les ressources et matières premières ».

 

Dans cette vision barjot de la réalité, on peut parfaitement voir comment fut justifiée l’invasion de l’Irak sur la base que Saddam Hussein contrôlant l’Irak et ses réserves très importantes de pétrole, posait un défi direct à l’hégémonie américaine. Naturellement, Saddam se devait d’être viré du pouvoir et plus d’un million d’Irakiens devaient mourir pour arranger l’affaire et remettre le monde dans l’équilibre (hégémonique de Washington). Ceci est la vision primordiale de la stratégie militaire nationale américaine, et donc que tout ce que font les USA est OK parce que... et bien, ce sont les USA.

 

Les lecteurs ne doivent pas s’attendre à trouver quoi que ce soit de nouveau dans cette nouvelle stratégie. C’est de la piquette dans de vieilles bouteilles. Le Pentagone n’a fait qu’à peine mettre à jour la bonne vieille doctrine Bush tout en adoucissant la rhétorique. Il n’y a pas de raisons de faire flipper tout le monde en parlant d’unilatéralisme, de préemption, de balayer la loi internationale ou d’agression non provoquée. Et même si cela était, tout le monde sait bien que les États-Unis feront exactement ce qu’ils voudront afin de garder leur empire intact.

 

La Stratégie Militaire Nationale mouture 2015 ne fait que confirmer ce triste constat.

 

 

 

 

Par Mike Whitney - Information Clearing House - traduit par Résistance 71  - fr.sott.net – le 4 juillet 2015.

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‪Le président français est-il ignorant ou désinformateur ?

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‪Le président français est-il ignorant

ou désinformateur ?

 

 

 

>>> Voir la vidéo « Hollande et le danger

nucléaire israélien »


Le président français est-il ignorant, menteur... ou antisioniste ? Il est permis de se poser la question depuis son interview post-défilé du 14 juillet aux micros de TF1 et France 2.

 

À propos du dossier iranien, François Hollande a déclaré que l’accord trouvé cette nuit était « très important », et qu’il permettait notamment d’empêcher « la prolifération nucléaire », expression barbare que le chef d’État a pris le soin d’expliquer :

 

« Ça veut dire quoi la prolifération nucléaire ? Ça voulait dire que l’Iran puisse accéder à l’arme nucléaire. Si l’Iran accédait à l’arme nucléaire, l’Arabie Saoudite, euh... Israël, d’autres pays voudraient également accéder à l’arme nucléaire, et ce serait un risque pour la planète tout entière. »

 

Une déclaration qui, prise au premier degré, signifierait la propulsion brutale de la politique étrangère française dans la stratosphère de l’antisionisme.

 

Pourtant, sauf s’il a très mal lu ses fiches, le Président est loin d’ignorer qu’Israël possède déjà plusieurs centaines de bombes atomiques. C’est en tout cas ce qu’affirment un ancien ingénieur du site de Dimona, Mordechaï Vanunu, mais aussi le prix Nobel de la Paix et ancien président des États-Unis Jimmy Carter, ou encore l’ancien secrétaire à la Défense des États-Unis Robert Gates, ou bien encore feu l’écrivain allemand Günter Grass...

 

Cet état des forces au Proche-Orient étant bien connu de toutes les chancelleries, François Hollande a-t-il une nouvelle fois menti aux Français pour leur faire croire que le danger au Proche-Orient vient d’Iran, ou bien fait preuve d’une ignorance crasse, l’emmenant à son corps défendant dans les limbes d’un antisionisme carabiné ?

 

 

Par E & Rle 14 juillet 2015.

Koter Info's insight:


Menteur, manipulateur ou ignorant ?


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Questions à la gauche zombie

Questions à la gauche zombie | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photos :  Jean Bricmont – E & R - &  Dieudonné

 

 

Questions à la gauche zombie

Par Jean Bricmont

 

Le 17 mai 2015, Dieudonné devait jouer son spectacle La bête immonde à Bruxelles. Vu les pressions exercées sur les propriétaires de salles de spectacle, il avait tenté un subterfuge : faire passer son spectacle pour un défilé de mode. Mais celui-ci a néanmoins été interdit par le bourgmestre de Bruxelles, lequel s’est appuyé sur l’avis d’un organisme chargé des menaces « terroristes et extrémistes » pesant sur la Belgique et qui a évalué la menace représentée par ce spectacle comme étant de niveau 3 (sur une échelle allant jusqu’à 4).

 

Or, les spectacles de Dieudonné n’ont jamais donné lieu au moindre trouble à l’ordre public, pour ne pas parler de terrorisme. Même lorsqu’ils sont interdits, la foule des spectateurs s’est toujours dispersée dans le calme, et la même chose s’est passée à Bruxelles le 17 mai.

 

Le spectacle qu’il allait jouer à Bruxelles est régulièrement joué à Paris, capitale mondiale de la censure politiquement correcte et de la « lutte contre la haine ». Si ce spectacle est si dangereux, pourquoi est-il autorisé à Paris ?

 

On est en face d’une censure totalement arbitraire, qui n’ose même pas s’assumer comme telle et qui ridiculise au passage la lutte légitime contre le terrorisme. C’est en fait un interdit professionnel, vu que le spectacle n’a rien d’illégal et qu’on cherche simplement à empêcher Dieudonné d’exercer son métier.

 

Je ne discute pas ici de la question de savoir si on « aime » ou non Dieudonné, mais si on aime l’arbitraire du pouvoir, ce qui est une tout autre question. Même si on déteste Dieudonné et ses spectacles, et même si on souhaite les interdire, on pourrait s’indigner du prétexte qui a été invoqué pour le faire. Les partisans de la censure devraient au moins accepter que leur outil préféré de « lutte contre la haine » soit utilisé de bonne foi et dans le respect des droits de chacun.

 

Le fait d’invoquer une menace terroriste pour interdire un spectacle humoristique devrait entraîner une immense protestation dans n’importe quelle société dont les citoyens entendent défendre leurs droits et demandent que l’État ait un minimum de respect pour leur intelligence.

 

Or, comme lors des précédentes interdictions des spectacles de Dieudonné, aucune composante de la gauche « morale », droits-de-l’hommiste, pro-palestinienne, antiraciste, laïque, anticapitaliste ou antifasciste n’élève même un murmure contre cet arbitraire. Dès qu’il s’agit de censure, cette gauche se met en mode zombie. C’est pourquoi cette affaire, pour symbolique qu’elle soit, soulève des questions à poser à chacune de ces composantes et illustre un point aveugle dans leur démarche critique :

 

Les droits-de-l’hommistes : reconnaissez-vous que vos propres concitoyens ont des droits, en particulier celui de choisir leur forme d’humour (je ne parle pas de Dieudonné, mais de ses spectateurs potentiels) ? Est-ce que seul l’humour fait au détriment des catholiques et des musulmans est légitime ? Est-ce que les droits de l’homme sont autre chose qu’un prétexte justifiant nos guerres et interventions ? On me répondra sans doute que cette censure n’est pas grave, par rapport à d’autres violations des droits de l’homme. Oui, mais elle se passe dans notre pays. Et si vous devez protester contre la censure, il serait plus honnête de commencer par nos propres affaires intérieures plutôt que de s’ingérer dans celles des autres États. Ensuite, la gravité de la censure s’évalue aussi à l’aune de la radicalité de ce qui est censuré. Si vous alliez voir le spectacle de Dieudonné, vous verriez combien il est innocent. Et si vous accordez à l’État le pouvoir d’interdire même de tels spectacles, alors que reste-t-il de ces libertés brandies comme un étendard lorsqu’il s’agit de s’indigner et de dénoncer ce qui se passe loin de chez nous ?

 

Les « pro-palestiniens » : Dieudonné n’est pas persécuté parce qu’il serait spécialement raciste ou choquant (comparé à d’autres humoristes), mais parce qu’il dérange les mêmes groupes bien organisés qui nous poussent à nous soumettre à une politique atlantiste et pro-israélienne. La force de frappe de ces groupes est démontrée par le fait qu’ils peuvent, en pratique, mettre à la poubelle notre Constitution (qui interdit la censure préalable). Et face à cette démonstration de force, aucun homme politique n’osera lever le petit doigt si cela risque de susciter la colère de ces groupes. C’est à cause de ce terrorisme intellectuel que rien ne bouge sur la question israélo-palestinienne et cela continuera ainsi tant qu’il continuera à sévir. Souvent, les « pro-palestiniens » considèrent que Dieudonné dessert la cause palestinienne en la salissant par son antisémitisme. Mais c’est mal poser le problème : d’une part Dieudonné parle en son nom et ne prétend pas incarner une cause ou une autre. D’autre part, quoi que l’on pense de Dieudonné, ce n’est pas lui, mais la force de frappe des organisations qui parviennent à faire interdire ses spectacles et à nier les droits de ceux parmi nos concitoyens qui souhaitent interpréter son humour au deuxième ou au troisième degré, qui en réalité dessert la cause de la Palestine.

 

Les antiracistes : puisque l’une des principales préoccupations de ceux qui « luttent contre le racisme » est la montée de l’antisémitisme dans les populations « issues de l’immigration », pensez-vous vraiment que ce genre d’interdiction va faire reculer les idées déjà assez répandues (et pas seulement dans cette population) sur l’omnipotence du « lobby sioniste » ? Une véritable lutte contre le racisme suppose de mettre toutes les communautés sur le même pied, en commençant par la liberté d’expression : ou bien ni Charlie, ni Dieudo, ou bien les deux.

 

La gauche laïque : imaginez un instant que l’Église catholique arrive à faire interdire légalement un spectacle qui ne lui plaît pas. Ne protesteriez-vous pas ? Et si vous ne le faites pas dans le cas de Dieudonné, pourquoi ? Il faut se rendre compte que cette sélectivité rend de plus en plus impopulaire la laïcité dans les milieux qui sont sensibles à ce « deux poids deux mesures ».

 

La gauche anticapitaliste : vous pensez en général que Dieudonné, ainsi que les questions de liberté d’expression, ce n’est pas important. Ce qui compte, c’est de lutter contre le capitalisme. Bien, mais comment comptez-vous faire ? Les luttes anticapitalistes vont d’échec en échec depuis des décennies : peut-on lutter contre le capitalisme sans jamais poser de questions sur la souveraineté nationale, sur la démocratie (dont la liberté d’expression est un présupposé), sur la situation internationale ? Vous allez lutter contre le capitalisme en ignorant l’Union européenne et ses traités, l’OTAN, et l’hégémonie américaine ? Dès que l’on touche à ces questions, ou que l’on parle de la Russie, de l’Iran, de la Syrie, vous revenez à l’anticapitalisme abstrait, indépendant des rapports de force politiques et militaires.

 

Lorsque l’on donne à l’État le droit de décider des spectacles auxquels on peut assister, ne lui donne-t-on pas ipso facto le droit de contrôler bien d’autres choses ? Les organisations qui encouragent la censure souhaitent-elles, selon vous, qu’on lutte contre le capitalisme ? Ce n’est évidemment pas le cas, alors pourquoi accorder si peu d’importance au fait de donner à ces organisations le pouvoir de décider même des spectacles qu’on a le droit de voir ? En réalité, l’anticapitalisme ne paraît pas dangereux et n’est pas très censuré, en grande partie parce qu’il évite d’aborder la question des rapports de force non économiques dans le monde. La destruction de l’État de droit n’est que l’un des aspects les plus visibles de ces rapports. Négliger son importance, c’est faire preuve d’aveuglement et donner à ses adversaires des armes qui se retourneront contre vous si jamais vous deveniez dangereux.

 

Les antifascistes parlent sans arrêt de la résistance, mais ne résistent pas à quoi que ce soit. Leur « lutte contre le fascisme » est très souvent un combat imaginaire contre tout ce qui dévie de la pensée unique sur l’Europe, l’impérialisme ou le sionisme. Un principe véritablement antifasciste, c’est de combattre les actes par les actes et les paroles par les paroles. Or la « lutte contre le fascisme » par la censure et les violences physiques fait exactement l’inverse. Si un jour l’extrême droite utilise l’arme de la censure que les antifascistes aiment tant contre les spectacles qu’elle jugera anti-chrétiens, anti-Belges ou anti-Français, il ne faudra pas s’en étonner.

 

N’est-il pas ironique que la plupart des gens qui « sont Charlie » ou qui « défendent la liberté d’expression », suite au drame du 7 janvier 2015 à Paris, ne semblent pas se rendre compte que l’invocation de menaces terroristes pour interdire un spectacle pose un léger problème du point de vue des libertés démocratiques ?

 

Le fait que personne n’ose aborder ce sujet publiquement est le meilleur symptôme du climat de terrorisme intellectuel dans lequel nous vivons, et c’est pourquoi l’agitation contre Dieudonné est le révélateur d’un des impensés de notre temps.

 

 

 

Par Jean Bricmont, physicien et essayiste - arretsurinfo.ch – le 3 juillet 2015.

 

Article publié initialement dans Le Journal de Culture & Démocratie/N° 38 http://www.cultureetdemocratie.be/productions/view/liberte-d-expression

 

Koter Info's insight:


Vous êtes "Charlie" ?  Mon oeil ou alors "Charlie" un unique jour de votre vie par sentimentalisme ignorant, sinon, que faites-vous pour sauver la vraie démocratie ?


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De la Chine à Assad, l’aventure c’est l’aventure (Partie 2/2)

De la Chine à Assad, l’aventure c’est l’aventure (Partie 2/2) | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Christina Lin

 

 

De la Chine à

Assad, l’aventure c’est l’aventure

Par Philippe Grasset

 

(Partie 2/2)

 

 

— Suite de la partie 1 —

 

 

Une SCO pour la « projection de force » ?

 

Pourquoi cette prospective-là et pas d’autres ? Il y a bien des scénarios possibles, certes… D’abord, madame Lin montre une solide érudition et une expertise à mesure, qui la démarque en se dégageant de la narrative courante chez les « experts » du bloc BAO (NDLGazette : bloc BAO = bloc américaniste-occidentaliste), bien qu’elle soit passée au Pentagone et qu’elle fasse partie du monde académique US. (Il est d’ailleurs assez remarquable de voir Christina Lin disposer d’un blog publiant de tels articles sur un site comme Times of Israel, en suivant une ligne de réflexion qui est plutôt favorable, d’ailleurs selon une saine logique plus qu’un parti-pris, à la Syrie d’Assad, à l’axe sino-russe, aux rassemblements eurasiens et de type-BRICS. Ce ne sont pas des « lignes » en odeur de sainteté, non plus que la « saine logique », dans les milieux qu’on évoque ici.)

 

Ensuite, il y a une description prospective qui est exposée, qui est certainement intéressante. Il s’agit de l’effet de ce phénomène de la transformation du fait terroriste, ce que nous désignions plus haut par la remarque « passant du terrorisme à la constitution en État(s) Islamique(s) », c’est-à-dire le passage de la structure volontairement informelle du terrorisme vers une structure formelle appelant à la souveraineté de la constitution étatique. Cette évolution se fait selon un complet paradoxe, puisque la politique prônée et les actes impliqués rassemblent des éléments d’une politique expressément voulue comme radicale et irrationnelle par rapport aux pratiques courantes, et d’une sauvagerie complète dans les actes – toutes choses que n’appellent guère les structures en général apaisées et à prétention rationnelle d’un État, –, mais il y a des exceptions… À nouveau et selon un même mouvement du même paradoxe, ces politiques et ces actes sont l’objet d’une promotion qui utilise tous les moyens du système de la communication, les moyens les plus modernes tant pour l’information que pour la promotion et la publicité. Ainsi, ce qui était traditionnellement secret, dissimulé, camouflé, qui concerne les pratiques du terrorisme (alors que les effets du terrorisme étaient, eux, l’objet d’une large publicité du fait de la simple évidence des dégâts et des pertes occasionnés), deviennent l’objet même d’une mise au grand jour ostentatoire, comme s’il s’agissait ainsi d’affirmer une souveraineté tout de même bien problématique.

 

L’effet possible de cette évolution qui reste d’abord un phénomène de communication, c’est de transcender le phénomène du terrorisme, de le hausser au niveau d’un affrontement où les États eux-mêmes sont concernés. C’est le phénomène que décrit implicitement madame Lin, lorsqu’elle évoque cette possibilité que des partenaires aussi puissants, mais également généralement très prudents que sont la Chine, la Russie, l’Inde, l’Iran, puissent envisager des projets de manœuvres qui pourraient se transformer en forces d’intervention, ou d’interposition, dans le cours même de leur déroulement, et cela sur des théâtres d’opérations très lointains. C’est ce qui est impliqué, au travers d’une organisation telle que la CSO, jusqu’alors cantonnée avec la plus extrême prudence – essentiellement par la volonté chinoise, – dans le seul champ du terrorisme pour la coopération d’ordre sécuritaire… Mais puisque le terrorisme change de constitution… Il s’agit d’un changement révolutionnaire qui est ici évoqué, puisqu’il est question de ce que les USA nomment la « projection de forces ». (« Alors que la SCO avait été jusqu’ici conçue comme un bloc pour la sécurité collective intérieure et non comme une alliance collective contre des menaces extérieures, du fait que les menaces de terrorisme, extrémisme et séparatisme émanent de plus en plus d’en-dehors des territoires de ses membres, la SCO est conduite à envisager de plus en plus à agir vers l’extérieur. »)

 

Cette évolution, qui n’est pour l’instant que de simple communication basée sur une prospective restant aléatoire, implique une transformation fondamentale de la SCO vers ce que le bloc BAO – quand il s’avisait de son existence, – identifiait par habitude d’exagération de la menace effectivement comme « une OTAN de l’Est », ce qu’elle n’était en aucune façon. Le scénario qui nous est exposé change complètement la donne, – mais non pas la donne de la réalité, ou même d’une vérité de situation, mais la donne de la communication à cause de la perception. Il n’empêche, c’est bien suffisant dans une époque totalement dominée par la communication, et il est probable qu’on commencerait à s’apercevoir que des navires chinois croisent dans des mers qui leur étaient bien étrangères, et que des manœuvres inhabituelles ont lieu, – successivement des manœuvres russo-chinoises puis russo-égyptiennes dans une zone proche de la Syrie, – avec même la possibilité que l’idée de faire d’Alexandrie une base logistique pour la flotte russe ne ressurgisse. (La mention de l’Égypte dans ces diverses agitations, ce qui correspond à l’option anti-djihadiste maximaliste de Sisi, n’est pas non plus un fait inintéressant bien qu’il s’avère parfaitement logique ; il participe à l’extension du domaine déjà fourni de la diversification de la situation, d’autant que l’Égypte entretient les meilleurs rapports avec quelques-uns des sponsors attitrés de diverses entités djihadistes, islamistes, etc.)

 

Des conséquences diverses, nombreuses et inattendues sont possibles, devant ce qui se dessine comme étant une sorte d’expansionnisme forcé d’un groupe de pays représentant la puissance montante, mais qui s’était juré que cette puissance montante resterait dans le cadre contrôlé et raisonnable de l’économie, de la diplomatie bien tempérée, etc.

 

Toujours au niveau de la perception, une telle évolution, attendue et déjà considérée presque comme un fait stratégique alors qu’on est au stade de la supputation, modifie également la situation dans l’axe eurasien vers l’Ouest. Il serait en effet difficilement envisageable que de tels bouleversements potentiels n’aient pas des effets au niveau de la crise centrale, européenne, mais aussi eurasienne, et de plus en plus eurasienne en même temps que de plus en plus européenne, que constitue la crise ukrainienne qui s’étend dans tous les sens. Il y a eu des incursions, sinon la présence structurée de terroristes tchétchènes au côté des forces de l’Ukraine-Kiev contre les séparatistes du Donbass, sinon contre la Russie, avec le lien Tchétchénie-Ukraine qui formerait un triangle Tchétchénie-Ukraine-Moyen-Orient à cause de l’implication de terroristes tchétchènes sur ces divers théâtres.

 

Même si ce n’est qu’une possibilité spéculative (néanmoins substantivée par certains événements de l’affrontement ukrainien), c’est un fait du point de vue de la communication et il ne peut laisser l’organisation SCO elle-même indifférente selon les nouvelles conditions qu’elle affronterait. Ainsi, la chaîne crisique constituée essentiellement pour ce cas, il y a quatre ans, à partir des pressions européennes contre la Syrie, pour des causes de pur affectivisme dans la constitution de la politique suivie, reviendrait-elle vers l’Europe par une immense boucle passant par l’Iran, par la Chine, par la Russie et par l’Ukraine. La dynamique crisique se joue des frontières et se rit des logiques géopolitiques dont les experts font si grand cas.

 

La situation prend des allures étranges, où la communication et ses innombrables excès ont un rôle considérable. Le régime d’Assad, cerné de toute part et que certains jugent aux abois, devient plus important que jamais, notamment pour ceux qui y voient un pôle de stabilité à défendre, et parmi ceux-là éventuellement les pays de la SCO.

 

Les pays du bloc BAO, complètement enfermés dans leurs promesses et leurs anathèmes anti-Assad qui les font dépendre d’une élite-Système de la communication qu’ils ont éduquée dans ce sens, ne peuvent rien entreprendre de sérieux contre la dynamique de transformation du terrorisme vers des entités à prétention étatique tant qu’Assad est au pouvoir ; leur intérêt vital est d’empêcher à tout prix que cette transformation se fasse et ils ont fait dépendre une défense efficace contre elle de la chute d’un régime dont le maintien est la meilleure arme contre cette transformation. Autour de ce tourbillon tournent des éléments incontrôlés, on dirait des « électrons libres » dont nul ne sait où se trouve leur tête et où se trouve leur queue, jusqu’à croire qu’ils sont sans queue ni tête – qu’il s’agisse d’un Erdogan ou de cet objet étrange et de moins en moins identifiable qu’on nomme « politique extérieure des USA ». Il n’y a aujourd’hui plus rien des caractères initiaux de la crise syrienne, qui est devenue un élément d’une dynamique crisique contribuant à l’extension du désordre, et qui est de plus en plus nettement liée à l’élément européen et eurasiatique qu’est la crise ukrainienne, par l’implication potentielle dont on a décrit ici la possibilité, des grands acteurs du monde alternatif que sont la Russie et la Chine.

 

On attendra donc avec une certaine impatience les rendez-vous de juillet en Russie, à Ufa. On pourra mesurer les effets de tous ces événements, des perceptions qui les précèdent ou les précipitent, des hypothèses et des prospectives qui les accompagnent, dans les politiques et dans la structure des organisations concernées. Le sommet de la SCO tiendra sans aucun doute la vedette puisqu’il y a des événements structurels d’ores et déjà quasiment acquis, avec l’entrée des nouveaux membres (Inde, Pakistan, éventuellement Iran). Mais cette affirmation de la SCO, loin d’être une structuration d’un monde multipolaire remplaçant le monde unipolaire dépassé du temps de l’hyperpuissance US, constituerait d’abord l’effet de l’extension du désordre crisique qui marque les relations internationales. Et encore n’aurait-on sans doute rien vu, si une telle évolution (celle de la SCO) s’affirmait ou même s’esquissait ; c’est du côté des effets de communication, des réactions des uns et des autres, dans une atmosphère où les psychologies ont déjà montré leur faiblesse, leur pauvreté et leur vulnérabilité, qu’il faudrait attendre les plus grands effets et les effets imprévus ; il faudra guetter avec gourmandise et tendresse les exclamations des pays du bloc BAO dans un état constant d’hyperparoxysme, découvrant que l’Organisation de Shanghaï existe, qu’elle s’étend, qu’elle prend ses aises, qu’elle devient l’« OTAN de l’Est », – déniant ainsi à l’OTAN, avec quelle brutalité, sa vertu d’exceptionnalité et d’exclusive unicité (l’OTAN vaut bien un pléonasme)…

 

 

 

Par Philippe Grasset (Dedefensa) - lesakerfrancophone.net - traduction des parties en anglais : Dominique Muselet – le 17 juin 2015

 

Note

* Af-Pak est le nouvel acronyme inventé par le gouvernement américain pour désigner l’Afghanistan/Pakistan


Koter Info's insight:


Voir la 1ère partie de l’article intitulé :

« De la Chine à Assad, l’aventure

c’est l’aventure » (Partie 1/2) ici.


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Noam Chomsky lit le New York Times – et explique pourquoi le « Journal de référence » est pure propagande

Noam Chomsky lit le New York Times – et explique pourquoi le « Journal de référence » est pure propagande | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Noam Chomsky lit le New York Times – et explique pourquoi le « Journal de référence »

est pure propagande

 

 

Depuis le Laos jusqu’au Moyen-Orient, un tour d’horizon des articles du Times qui ont attiré l’attention d’intellectuels estimés.

 

Un article de Une est consacré à une histoire non étayée de viol sur un campus par le magazine Rolling Stone, dénoncée par le journal majeur de critique des médias. Le déraillement vis-à-vis de l’intégrité journalistique est jugé si fort que le sujet est aussi repris dans l’article à la une de la rubrique économique, une page intérieure entière étant dédiée à la suite des deux articles. Ces comptes rendus indignés parlent des crimes passés de la presse : quelques cas de fabrication d’information, révélés sans s’y arrêter, et des cas de plagiat (« trop nombreux pour être énumérés »). Le crime spécifique du Rolling Stone est son « manque de scepticisme », et qui est « à bien des égards le plus insidieux » des trois catégories précitées.

 

Voir Times si engagé dans la défense de l’intégrité journalistique a quelque chose de réjouissant.

 

En page 7 de la même édition, on trouve un article important de Thomas Fuller intitulé « La mission d’une femme pour libérer le Laos de ses munitions non explosées ». Il rend compte de « l’effort opiniâtre » de Channapha Khamvongsa, une Lao-Américaine, « pour débarrasser sa terre natale des millions de bombes qui y sont toujours enterrées, héritage de neuf ans d’une campagne américaine menée par air qui a fait du Laos le pays le plus lourdement bombardé du monde » – il allait bientôt être détrôné par le Cambodge rural, à la suite des ordres de Henry Kissinger donnés aux forces aériennes américaines : « Une campagne de bombardement massive sur le Cambodge. Tout ce qui vole sur tout ce qui bouge. »

 

Un semblable appel à un quasi génocide serait très difficile à trouver dans les archives. Il a été évoqué par le Times dans un article sur des cassettes du président Nixon rendues publiques, et a provoqué peu de réactions.

 

L’article de Fuller sur le Laos rapporte que le lobbying de Mme Khamvongsa s’est traduit par une augmentation généreuse du budget américain annuel pour la neutralisation des bombes non explosées de 12 millions de dollars.

 

Les plus mortelles sont les bombes à sous-munitions, qui sont conçues pour « causer le plus grand nombre possible de blessés parmi les troupes » en répandant des « centaines de sous-munitions sur le sol. » Environ 30 % d’entre elles y restent non explosées et provoquent la mort ou la mutilation des enfants qui ramassent les pièces, des fermiers qui les heurtent dans leur travail, ou bien d’autres malchanceux.

 

Une carte annexe représente la province de Xiang Khouang située au nord du Laos, plus connue sous le nom de Plaine des Jarres, la principale cible des bombardements intensifs qui ont connu leur pic de frénésie en 1969.

 

Fuller raconte que Mme Khamvongsa « a été poussée à l’action après avoir découvert une collection de dessins des bombardements réalisés par des réfugiés et réunis par Fred Branfman, un activiste antiguerre qui a œuvré à révéler la Guerre Secrète. » Les dessins sont publiés dans le remarquable livre du regretté Fred Branfman, Voices from the Plain of Jars [NDT : Les Voix de la Plaine des Jarres], publié en 1972 et réédité par les presses universitaires du Wisconsin avec une nouvelle introduction. Les dessins dévoilent de manière saisissante les souffrances des victimes, pauvres paysans d’une zone reculée qui n’avaient pratiquement rien à voir avec la guerre du Vietnam, ce qui a d’ailleurs été reconnu officiellement.

 

Un rapport typique effectué par une infirmière de 26 ans saisit la nature de la guerre aérienne : « Il n’y avait pas une nuit où nous pensions que nous allions vivre jusqu’au matin, pas un matin où nous pensions que nous allions survivre jusqu’à la nuit. Est-ce que nos enfants pleuraient ? Oh oui, et nous pleurions aussi. Je me contentais de rester dans ma grotte. Je n’ai pas vu la lumière du soleil pendant deux ans. À quoi pensais-je ? Oh, je répétais dans ma tête « s’il vous plaît, que les avions ne viennent pas, s’il vous plaît que les avions ne viennent pas, s’il vous plaît que les avions ne viennent pas. » »

 

Les vaillants efforts de Branfman ont véritablement permis de faire naître une certaine prise de conscience de cette atrocité hideuse. Ses recherches constantes ont aussi mis au jour les raisons de la destruction sauvage d’une société paysanne sans défense. Il en dévoile à nouveau les raisons dans l’introduction de la nouvelle édition de Voices.

 

En ces termes :

 

« Une des révélations les plus terribles à propos du bombardement a été de découvrir pourquoi il s’était si énormément intensifié en 1969, comme l’ont décrit les réfugiés. J’ai appris que le président Lyndon Johnson, après avoir décrété un arrêt des bombardements sur le Vietnam du Nord en novembre 1968, avait simplement dérouté les avions vers le nord du Laos. Il n’y avait pas de raison militaire à ceci, c’était simplement parce que, comme l’a attesté le chef de mission adjoint Monteagle Stearns devant la commission du Sénat aux affaires étrangères en octobre 1968 : « Bien, nous avions tous ces avions qui restaient là à ne rien faire, et nous ne pouvions les laisser là à ne rien faire ».

 

Donc, les avions inutilisés étaient lancés sur de pauvres paysans, dévastant la pacifique Plaine des Jarres, loin des ravages des guerres d’agression meurtrières de Washington en Indochine.

 

Maintenant, regardons comment ces révélations ont été transformées dans le New York Times Newspeak : « Les cibles étaient les troupes du Vietnam du Nord – spécialement le long de la piste Ho Chi Minh, dont une grande partie traverse le Laos – aussi bien que les communistes laotiens alliés du Nord-Vietnam. »

 

Comparez les paroles du chef de mission adjoint américain avec les descriptions et témoignages poignants des écrits de Fred Branfman.

 

Véritablement, le journaliste a une source : la propagande américaine. Cela suffit sûrement à submerger les simples faits d’un des plus grands crimes de l’après-Seconde Guerre mondiale comme le détaille sa source même : les révélations cruciales de Fred Branfman.

 

Nous pouvons être certains que ce colossal mensonge au service de l’État ne méritera pas d’être longuement dévoilé et dénoncé comme méfait honteux de la Presse Libre, comme le sont le plagiat et le manque de scepticisme.

 

Le même numéro du New York Times nous inflige un rapport par l’inimitable Thomas Friedman, relayant avec le plus grand sérieux les mots du président Obama présentant ce que Friedman nomme « la Doctrine Obama » – chaque président doit avoir une doctrine. La Doctrine profonde est « « engagement », combiné avec la préservation des besoins stratégiques principaux. »

 

Le président a illustré cela avec un cas crucial : « Vous prenez un pays comme Cuba. Tester la possibilité que l’engagement mène à un meilleur résultat pour le peuple cubain ne représente pas beaucoup de risques pour nous. C’est un petit pays minuscule. Ce n’est pas un pays qui menace nos objectifs de sécurité principaux et ainsi [il n’y a aucune raison de ne pas] essayer cette idée. Et s’il s’avère que cela ne mène pas à de meilleurs résultats, nous pouvons ajuster notre politique. »

 

Et là, le lauréat du Prix Nobel de la paix s’étend sur ses raisons d’entreprendre ce que le journal intellectuel américain majeur de la gauche-libérale, le New York Review, salue comme une étape « courageuse » et « vraiment historique », le rétablissement des relations diplomatiques avec Cuba. C’est un mouvement entrepris pour « donner plus de pouvoir au peuple cubain, » a déclaré le héros, nos efforts précédents pour leur apporter la liberté et la démocratie ayant échoué à réaliser nos nobles objectifs.

 

Les efforts précédents comportaient un embargo écrasant condamné par le monde entier (excepté Israël) et une guerre terroriste brutale. La suite est comme d’habitude balayée de l’Histoire, hormis des tentatives d’assassinat contre Castro, un détail très mineur acceptable, car on peut les disqualifier avec mépris comme étant des magouilles ridicules de la CIA.

 

Quand on se tourne vers les archives internes déclassifiées, on apprend que ces crimes ont été entrepris à cause du « succès de la remise en cause » par Cuba de la politique américaine qui remonte à la doctrine Monroe, qui déclarait l’intention de Washington de gouverner cet hémisphère. Mais ils sont tous inavouables et bien trop nombreux pour les narrer ici.

 

En recherchant plus loin nous trouvons d’autres merveilles, par exemple, l’article de réflexion en première page sur l’accord avec l’Iran par Peter Baker quelques jours plus tôt, mettant en garde contre les crimes iraniens régulièrement listés par le système de propagande de Washington.

 

Tous s’avèrent très révélateurs à l’analyse, quoiqu’aucun ne soit pire que le dernier des crimes iraniens : « la déstabilisation » de la région par le soutien aux « milices chi’ites qui ont tué des soldats américains en Irak. » Voici de nouveau l’image standard.

 

Quand les EU envahissent l’Irak, le détruisant pratiquement et créant des conflits sectaires qui déchirent le pays et désormais la région entière, cela entre dans le cadre d’une « stabilisation » dans la rhétorique officiele et par conséquent médiatique. Quand l’Iran soutient des milices résistant à l’agression, c’est de la « déstabilisation ». Et il pourrait difficilement y avoir un crime plus odieux que de tuer des soldats américains qui attaquent votre maison.

 

Tout cela, et bien plus, beaucoup plus, est parfaitement clair si nous montrons une obéissance absolue et acceptons sans critique la doctrine approuvée : les EU sont les propriétaires du monde et c’est leur droit, pour des raisons expliquées de manière lucide dans le New York Review, dans un article de mars 2015 écrit par Jessica Matthews, l’ancien président de la Carnegie Endowment for International Peace [NDT : Fondation Carnegie pour la paix internationale] : « Les contributions américaines à la sécurité internationale, à la croissance économique mondiale, à la liberté et au bien-être de l’humanité ont été si évidemment uniques et ont été si clairement dirigées au profit d’autres que les Américains ont longtemps cru que les EU représentaient une sorte de pays tout à fait différent. Là où d’autres servent leurs intérêts nationaux, les EU essayent de promouvoir des principes universels. » Fin de la plaidoirie.

 

 

 

Par Noam Chomsky * (AlterNet) - traduit par les lecteurs du site les-crises.fr - le 15 juin 2015


 

* Noam Chomsky est professeur de linguistique et de philosophie au MIT (Massachusetts Institute of Technology).


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Petit précis de logistique : d’où viennent les armes de l’EIIL ?

Petit précis de logistique :  d’où viennent les armes de l’EIIL ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Petit précis de logistique :

D’où viennent les armes de l’EIIL ?

 

Voici une analyse concernant l’État Islamique que l’on peut qualifier de rare. Car dès qu’il s’agit de cette engeance, il y a comme une sorte de gel des neurones chez les intellectuels, ce qui les oblige à ressortir les clichés et les leçons apprises dans les livres des recettes de la propagande selon lesquels DAECH a la capacité de réaliser ce qu’aucune armée au monde ne saurait faire. Il n’est pas besoin de l’École de Guerre pour savoir que les exploits militaires qui sont prêtés à DAECH ne peuvent être réalisés sans une aide logistique extérieure, aide abordée dans les médias de manière toujours pudique avec tout le floutage nécessaire. Tony Cartalucci lui, n’a aucune pudeur à appeler un chat un chat. RI

 

 ***

 

Depuis les anciens temps, une armée a toujours demandé un grand soutien logistique afin d’être performante dans quelque campagne militaire que ce soit. Dans la Rome antique, on construisit un vaste réseau de routes non seulement pour faciliter transport et commerce, mais aussi pour permettre aux légions romaines de se déplacer bien plus rapidement là où on en avait besoin et aussi pour accélérer le processus de ravitaillement très important que suscitaient ces légions.


À la fin du XVIIIe siècle, le général français et stratège expert Napoléon Bonaparte notait qu’« une armée marche sur son estomac », se référant au réseau logistique extrême nécessaire pour maintenir une armée en campagne bien nourrie et ainsi maintenir sa capacité de combat. Pour les Français, leur incapacité à maintenir une logistique et un ravitaillement adéquats à leurs forces combattantes, notamment en Russie et la décision des Russes de pratiquer la stratégie de la terre brûlée afin d’empêcher les forces françaises envahisseuses de se nourrir sur le pays, finalement les vainquirent.

 

L’Allemagne nazie souffrait d’un destin similaire lorsqu’elle étira par trop ses capacités logistiques lors de l’opération Barbe Rousse d’invasion de l’URSS. Une fois de plus, les armées de l’envahisseur furent bloquées par leurs ressources limitées avant d’être coupées de leur ravitaillement et annihilées ou forcées de battre en retraite.

 

Dans les temps plus récents, pendant la guerre du Golfe du début des années 1990, une longue ligne de ravitaillement trop loin des troupes alliées envahissant l’Irak ainsi qu’un choc anticipé avec le gros des forces de Saddam Hussein mirent un coup d’arrêt à ce qui fut autrement une avance éclair et qui fut comprise par erreur comme ayant pu atteindre Bagdad si la volonté politique y avait été. La volonté de conquérir était présente, c’est l’intendance qui ne suivait pas…

 

Aussi claires que soient les leçons de l’histoire, elles semblent toujours disparaître avec la troupe de politiciens et d’agences de presse occidentale qui est soit totalement ignorante, soit incroyablement trompeuse.

 

 

Les lignes de soutien logistique de l’EIIL

 

Le conflit actuel qui consume le Moyen-Orient, particulièrement en Irak et en Syrie où le soi-disant « État Islamique » EI ou EIIL opère et combat simultanément, battant, les forces régulières syriennes, libanaises, irakiennes et iraniennes, est nous dit-on, bâti sur un réseau logistique de marché noir de la vente de pétrole et de paiements de rançons.

 

La capacité de combat de l’EIIL est celle d’un État-nation. Il contrôle de vastes portions de territoires s’étalant de la Syrie à l’Irak et il est non seulement capable de défendre militairement ce territoire étendu, mais il possède les ressources pour l’occuper, incluant des ressources pour administrer les populations subjuguées en son sein (NDT : comme un nouvel État COLONIAL tiens, tiens…)

 

Pour les analystes militaires, surtout les anciens des forces armées occidentales et aussi les membres des médias occidentaux qui se rappellent les convois de camions gigantesques qui furent requis pour pouvoir envahir l’Irak dans les années 1990 puis de nouveau en 2003, ils se demandent tous aujourd’hui où sont les camions de l’EIIL ? Après tout, si les ressources pour maintenir la capacité de combat exhibée par l’EIIL étaient disponibles au sein des seuls territoires syriens et irakiens occupés, alors certainement que les forces irakiennes et syriennes posséderaient également une capacité de combat au moins égale sinon supérieure à celle de l’EIIL, mais elles ne l’ont tout simplement pas.

 

Et si les lignes logistiques de ravitaillement de l’EIIL étaient uniquement confinées sur le territoire irakien et syrien, alors certainement que les forces régulières irakiennes et syriennes utiliseraient un des grands avantages qu’elles ont leur possession, leur puissance aérienne, pour couper la ligne de ravitaillement des combattants de l’EIIL de sa source. Mais ceci ne se produit pas et… IL Y A UNE TRÈS BONNE RAISON À CELA.

 

Les lignes de ravitaillement de l’EIIL sillonnent précisément des endroits où les forces aériennes irakienne et syrienne ne peuvent pas aller. Au nord chez le voisin turc membre de l’OTAN et au sud-ouest chez les alliés des États-Unis que sont la Jordanie et l’Arabie Saoudite. Au-delà de ces frontières existe un réseau logistique qui s’étend sur une région qui englobe l’Europe de l’Est et l’Afrique du Nord.

 

Les terroristes et les armes qui furent laissés après l’intervention de l’OTAN en Libye en 2011 furent rapidement envoyés en Turquie puis en Syrie, le tout coordonné par les officiels du ministère des Affaires étrangères américain et des services de renseignement basés à Benghazi, un nid de terroristes depuis des décennies.

 

Dans un article de 2013, The London Telegraph rapportait, « CIA « running arms smuggling team in Benghazi when consulate was attacked », » que :

 

[CNN] a dit qu’une équipe de la CIA travaillait dans une annexe proche du consulat sur un projet de fournir des missiles libyens récupérés aux rebelles syriens. Des armes provenaient également d’Europe de l’Est comme le rapportait le New York Times dans un article de 2 013, « Arms Airlift to Syria Rebels Expands, With Aid From C.I.A., » que : 

Depuis des bureaux dans des endroits tenus secrets, des officiers des services actions du renseignement américain avaient aidé des gouvernements arabes à faire leurs emplettes d’armes, incluant de larges livraisons en provenance de la Croatie et ont parlementé avec les chefs rebelles pour savoir qui devrait recevoir les armes à leur arrivée, d’après des officiels américains parlant sous condition d’anonymat. »

 

Quand les sources médiatiques occidentales se réfèrent continuellement à l’EIIL et autres factions opérant sous la bannière d’Al Qaïda comme à des rebelles « modérés », il est très clair que si ces milliards de dollars d’armement allaient vraiment à ces « rebelles modérés » alors ce serait eux et non pas l’EIIL, qui domineraient le champ de bataille, or ce n’est pas le cas.

 

De récentes infos ont révélé que dès 2012 le ministère de la Défense des USA n’avait pas seulement anticipé la création d’une « principauté salafiste » s’étendant de la Syrie à l’Irak, précisément là où existe l’EIIL aujourd’hui, mais qu’il l’encourageait vivement et contribuait aux circonstances de sa création et réalisation pratique.

 

 


Quel est le degré d’extension des lignes

de logistique de l’EIIL ?

 

Alors que beaucoup en Occident jouent les ignorants sur la manière dont l’EIIL obtient son approvisionnement afin de maintenir optimale sa capacité de combat, quelques journalistes se sont rendus dans la région et ont filmé et rapporté les convois de camions sans fin qui suppléent l’armée terroriste.

 

Est-ce que ces camions roulaient depuis des usines saisies par l’EIIL dans les territoires irakiens et syriens ? Non. Ils venaient de loin en Turquie, traversant la frontière syrienne en toute impunité et se dirigeaient vers leurs destinations sous la protection évidente de l’armée turque. Les tentatives par l’aviation syrienne d’attaquer ces convois de ravitaillement et les terroristes qui les accompagnent ont été contrées par la défense antiaérienne turque…

 

La chaîne internationale allemande Deutsche Welle (DW) a publié le premier constat vidéo d’un média occidental illustrant et documentant que l’EIIL n’est pas fourni par la vente au marché noir de pétrole ou par l’argent issu de rançons d’otages, mais par des ravitaillements valant des milliards de dollars transportés en Syrie depuis la Turquie, membre de l’OTAN. La frontière turco-syrienne voit passer des centaines de camions par jour…

 

Le rapport intitulé, « ‘IS’ supply channels through Turkey, » confirme ce qui a été rapporté par des analystes politiques (reported by geopolitical analysts) depuis 2011 à savoir que l’EIIL ne peut survivre et ne survit de fait que grâce à un énorme sponsorship d’état multinational incluant évidemment la Turquie elle-même.

 

En regardant les cartes du territoire tenu par l’EIIL et en lisant les rapports d’action de ses manœuvres offensives à travers la région et au-delà, on peut facilement imaginer les centaines de camions par jour que cela nécessite pour maintenir un tel niveau de capacité combattante.. On peut facilement imaginer des convois similaires traversant les frontières de l’Irak en provenance de la Jordanie et de l’Arabie Saoudite. Des convois similaires passent certainement en Syrie depuis la Jordanie.

 

Ainsi, considérant les réalités logistiques et leur importance de tout temps dans les campagnes militaires au travers de l’histoire humaine, il n’y a pas d’autre explication plausible quant à la capacité de l’EIIL de perpétrer une guerre en Syrie et en Irak sans avoir les immenses ressources qui lui sont envoyées depuis l’étranger.

 

Si une armée marche sur son estomac et les estomacs de l’EIIL sont remplis des vivres en provenance de l’OTAN et du Golfe, alors l’EIIL continuera à marcher pendant longtemps, probablement même de plus en plus vite. Le point clef pour briser les reins de l’EIIL est de briser les reins de sa ligne de ravitaillement. Pour pouvoir le faire néanmoins, et précisément c’est pour cela que le conflit traîne tant en longueur, il faudrait que l’Irak, la Syrie et l’Iran et autres pays sécurisent éventuellement leurs frontières et forcent l’EIIL à combattre en Turquie, en Jordanie et en Arabie Saoudite, scénario difficile à mettre en place, car des nations comme la Turquie ont créé des zones tampons de facto en territoire syrien qui demanderait une confrontation directe avec les forces turques pour les éliminer.

 

Avec l’Iran rejoignant l’équipée avec le déploiement supposé de quelques milliers de soldats pour renforcer les opérations de l’armée syrienne, de grands principes de dissuasion pourraient empêcher la Turquie de renforcer ses zones tampons.

 

Ceci nous laisse avec cette perspective de la région totalement tenue en otage par l’OTAN avec la perspective d’une guerre régionale catastrophique dans le but de défendre et de perpétuer le carnage perpétré par l’EIIL en Syrie, le tout totalement soutenu de manière sous-jacente par un réseau logistique émanant de territoires de l’OTAN.

 

 

Par Tony Cartalucci (journal-neo.org) – Résistance 71 - reseauinternational.net – le 13 juin 2015

 

 

Note de Résistance 71 :

N’oublions jamais que l’OTAN = Organisation Terroriste de l’Atlantique Nord. Ceci est une fois de plus prouvé. Quand assez est-il assez ?…


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La chute de Palmyre renverse l’équilibre géopolitique au Levant

La chute de Palmyre renverse l’équilibre géopolitique au Levant | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


La chute de Palmyre renverse l’équilibre

géopolitique au Levant

Par Thierry Meyssan (*)

 

 

La situation s’est considérablement aggravée au Levant avec la coupure par l’Émirat islamique de l’antique « route de la soie », c’est-à-dire du passage de l’Iran à la Méditerranée. Il n’existe que deux options possibles : soit par Deir ez-Zor et Alep, soit par Palmyre et Damas. Le premier chemin est coupé depuis début 2013, le second vient de l’être. La chute de Palmyre aura donc des conséquences considérables sur l’ensemble de l’équilibre régional.

 

La presse occidentale consacre ces jours-ci ses « une » à la Syrie ; une situation que l’on n’a pas connue depuis deux ans, lors de l’affaire des bombardements chimiques de la ghouta et du projet d’intervention de l’OTAN. Les journalistes s’inquiètent de la progression de l’Émirat islamique et de la possible destruction de la ville antique de Palmyre.

 

Pourtant, rares sont ceux qui connaissent l’histoire de la reine Zénobie qui, profitant au IIIe siècle de la faiblesse de Rome, dont les Gaules s’étaient déjà affranchies, proclama son propre fils empereur et elle-même régente. Elle libéra non seulement la Syrie, mais aussi les peuples d’Égypte, de Palestine, de Jordanie, du Liban, d’Irak, d’une partie de la Turquie et même de l’Iran actuels. Sa capitale, Palmyre, fut une cité d’un grand raffinement, ouverte à toutes les religions, étape brillante de la route de la soie reliant la Méditerranée à la Chine. Cependant, le général Aurélien ayant réalisé un coup d’État à Rome parvint à rétablir l’unité de l’empire, écrasant d’abord l’impératrice Zénobie, puis l’empire des Gaules, avant de mettre un terme à la liberté religieuse, d’imposer le culte du Soleil invaincu et de se proclamer Dieu. Cette histoire prestigieuse fait de Palmyre le symbole de la Résistance du Levant à l’impérialisme occidental de son époque.

 

On peut s’étonner de l’importance donnée à la chute de Palmyre par la presse occidentale. D’autant que la plus importante progression de Daesh cette semaine n’était pas en Syrie, ni en Irak, mais en Libye avec la chute de Syrte, une ville cinq ou six fois plus peuplée que la syrienne Palmyre. Pourtant, les mêmes journalistes qui s’étalaient longuement durant les deux derniers mois sur la situation chaotique libyenne et appelaient à une intervention militaire européenne pour mettre fin au transit de migrants ne l’ont pas mentionnée. Il est vrai qu’en Libye, Daesh est commandée par Abdelhakim Belhaj, nommé gouverneur militaire de Tripoli sous les auspices de l’OTAN [1] et reçu officiellement, le 2 mai 2014 à Paris, par le Quai d’Orsay.

 

Pour dramatiser un peu plus, les journalistes occidentaux affirment à l’unisson que désormais « Daesh contrôle la moitié du territoire syrien » (sic). Toutefois, leurs propres cartes les contredisent puisqu’ils n’y montrent qu’un contrôle sur quelques villes et sur des routes, et non pas sur des régions.

 

À l’évidence, le traitement médiatique de la situation au « Moyen-Orient élargi » ne vise pas à rendre compte de la réalité, mais instrumente certains éléments judicieusement sélectionnés pour justifier des politiques.

 

 

Daesh et l’enjeu de Palmyre

 

Nous souhaiterions que l’émotion soulevée par la chute de Palmyre soit sincère et que les Occidentaux, après avoir massacré en une décennie plusieurs millions de personnes dans cette région aient décidé d’en finir avec ces crimes. Mais nous ne sommes pas dupes. Cette émotion sur commande vise à justifier d’une réaction militaire contre ou à propos de Daesh.

 

Celle-ci est indispensable si Washington souhaite toujours signer l’accord qu’il a négocié, deux ans durant, avec Téhéran.

 

En effet, Daesh a été créé par les États-Unis avec le soutien de la Turquie, des monarchies du Golfe et d’Israël, comme nous l’avons toujours dit et ainsi qu’en témoigne un document partiellement déclassifié cette semaine de la Defense Intelligence Agency (DIA) que le lecteur pourra télécharger au bas de cette page.

 

Contrairement aux inepties de certains journalistes qui accusent le « régime de Bachar » (sic) d’avoir fabriqué cette organisation pour diviser son opposition et la faire glisser dans le radicalisme, la DIA atteste que l’Émirat islamique est fonctionnel à la stratégie états-unienne. Ce rapport, daté du 12 août 2012 et qui a largement circulé dans l’ensemble de l’administration Obama, annonçait clairement les plans de Washington :

 

« Si la situation se dénoue, il y aura la possibilité d’établir une principauté de salafistes, reconnue ou non, à l’Est de la Syrie (Hassaké et Deir ez-Zor), ce qui est exactement l’objectif des soutiens de l’opposition [les États occidentaux, les États du Golfe et la Turquie], afin d’isoler le régime syrien, qui est considéré comme la profondeur stratégique de l’expansion chiite (Irak et Iran) ».

 

Ainsi que nous l’avons toujours dit, l’Émirat islamique a été développé par une décision du Congrès des États-Unis, réuni en séance secrète en janvier 2014, afin de réaliser le plan Wright. Il s’agissait de créer un « Kurdistan » et un « Sunnistan » à cheval sur la Syrie et l’Irak ayant pour finalité de couper la « route de la soie » après l’achat de Deir ez-Zor (la ville a été achetée à des fonctionnaires corrompus, sans combat).

 

Depuis la plus haute antiquité, un faisceau de voies de communication relie Xi’an (l’ancienne capitale chinoise) à la Méditerranée. Cette route relie l’Iran à la mer à travers le désert, soit par Deir ez-Zor et Alep, soit par Palmyre et Damas. Elle est aujourd’hui utilisée pour transiter des armes vers la Syrie et le Hezbollah libanais et devrait être utilisée pour transporter le gaz du champ de Fars (Iran), vers le port de Lattaquié (Syrie).

 

Palmyre, la « cité du désert », n’est donc pas simplement un vestige d’un passé merveilleux, c’est une pièce stratégique dans l’équilibre régional. C’est pourquoi il est grotesque de prétendre que l’Armée arabe syrienne n’a pas cherché à la défendre. En réalité, cette armée a agi comme elle le fait toujours depuis l’arrivée des mercenaires dans le pays : de manière à minimiser les pertes civiles, elle se retire lorsqu’ils avancent en petits groupes coordonnés (grâce aux moyens de communication que leur fournit l’Occident) et les frappe lorsqu’ils se regroupent.

 

La Coalition internationale anti-Daesh, créée par les États-Unis en août 2014, n’a jamais combattu les jihadistes. Il est au contraire attesté — non pas une seule « par erreur », mais une quarantaine de fois — que les avions occidentaux ont largué des armes et des munitions à l’Émirat islamique.

 

Au demeurant, ladite Coalition de 22 États prétend disposer d’un nombre supérieur d’hommes, qui sont mieux formés et disposent de meilleurs matériels que Daesh. Pourtant, elle n’a pas fait reculer l’Émirat islamique, mais celui-ci ne cesse de conquérir de nouvelles routes.

 

 

L’évolution des intérêts états-uniens

 

Quoi qu’il en soit, Washington a changé de stratégie. Ainsi que l’atteste la nomination du colonel James H. Baker comme nouveau stratège du Pentagone [2], la page de la stratégie du chaos est tournée. Les États-Unis reviennent à une conception impériale classique, fondée sur des États stables. Et pour signer leur accord avec l’Iran, ils doivent maintenant évacuer l’Émirat islamique du Levant avant le 30 juin.

 

La campagne de presse démesurée sur la chute de Palmyre pourrait n’être qu’une préparation de l’opinion publique à un véritable engagement militaire contre Daesh. Ce sera le sens de la réunion des 22 membres de la Coalition (et de 2 organisations internationales) à Paris, le 2 juin. D’ici là, le Pentagone devra décider s’il détruit l’Émirat islamique ou s’il le déplace et l’utilise ailleurs à d’autres tâches. Trois destinations sont envisageables : déplacer les jihadistes en Libye ; en Afrique noire ; ou dans le Caucase.

 

Dans le cas contraire, l’Iran ne signera pas et la guerre continuera à son paroxysme, car la chute de Palmyre sous les coups de jihadistes fabriqués par l’Occident aura les mêmes conséquences que sa prise par les légions d’Aurélien. D’ores et déjà, elle menace la survie de l’« Axe de la Résistance », c’est-à-dire de la coalition Iran-Irak-Syrie-Liban-Palestine. Le Hezbollah envisage de décréter la mobilisation générale.

 

 

 

Par Thierry Meyssan (*) - RÉSEAU VOLTAIRE | DAMAS (SYRIE) - LE 25 MAI 2015

 

 

Document joint :

Rapport de la DIA sur les jihadistes au Levant, 12 août 2012.

(PDF - 582.2 ko)

 

Notes :

[1] « Comment les hommes d’Al-Qaida sont arrivés au pouvoir en Libye », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 6 septembre 2011 ; « L’Armée syrienne libre est commandée par le gouverneur militaire de Tripoli », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 18 décembre 2011 ; « Selon Interpol, Abdelhakim Belhaj est le chef de Daesh au Maghreb », Réseau Voltaire, 25 février 2015.

[2] « Ashton Carter nomme le nouveau stratège du Pentagone », Réseau Voltaire, 17 mai 2015.

 

 

(*) Thierry Meyssan : consultant politique, président-fondateur du Réseau Voltaire et de la conférence Axis for Peace. Dernier ouvrage en français : L’Effroyable imposture : Tome 2, Manipulations et désinformations (éd. JP Bertand, 2007). Compte Twitter officiel.

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État islamique & coalition arabo-occidentale : Document ahurissant du Renseignement US, preuve cynique de la collusion

État islamique & coalition arabo-occidentale : Document ahurissant du Renseignement US, preuve cynique de la collusion | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


État islamique & coalition arabo-occidentale : Document ahurissant du Renseignement US, preuve cynique de la collusion

 

Cela fait longtemps que nous savons que l’État islamique est cornaqué par la coalition arabo-occidentale, bénéficiant de camps d’entrainement et de formation. MPI vous a donné au fur et à mesure les documents et les recoupements. Mais cette fois-ci c’est un document officiel du Pentagone qui l’atteste avec un cynisme ahurissant. 

 

Judicial Watch se définit elle-même comme « une fondation conservatrice, qui se bat pour la responsabilité et l’intégrité du droit, la politique et le gouvernement, afin que personne ne soit au-dessus de la loi, » aux USA.

 

Judicial Watch a publié le 18 mai dernier une sélection de documents déclassifiés suite à un procès fédéral intenté contre le département américain de la Défense et le département d’État ; procès que la fondation a gagné. Les documents ont donc été déclassifiés et ouverts au public.

 

L’un de ces documents déclassifiés, rédigé en 2012, émis par la Défense Intelligence Agency (l’Agence de renseignements américaine), manifeste clairement le souhait d’un « État islamique » dans l’est de la Syrie pour que l’Occident, les pays du Golfe et la Turquie, unis dans un même complot, puissent arriver à leurs fins dans la région contre le gouvernement légitime syrien : « l’Occident, les pays du Golfe et la Turquie soutiennent l’opposition » et « La possibilité d’établir un émirat salafiste officiel ou pas, dans l’est de la Syrie (Hasaka et der Zor), et c’est exactement ce que veulent les forces qui soutiennent l’opposition, afin d’isoler le régime syrien »  … (Source : doc. DIA)

 

Le rapport de la DIA, déclassifié, daté du 12 août 2012, a été largement diffusé parmi les divers organes gouvernementaux, y compris CENTCOM, la CIA, le FBI, le DHS, NGA, le Département d’État et beaucoup d’autres.

 

Le document montre que, dès 2012, le renseignement américain avait prévu la montée de l’Etat Islamique en Irak et au Levant (ISIL ou ISIS), mais au lieu de désigner clairement le groupe comme un ennemi, le rapport envisage le groupe terroriste comme un atout stratégique américain. (Source)

 

« Les 7 pages du document de la DIA indiquent qu’al-Qaïda en Irak (AQI) a été le précurseur de l' « État islamique en Irak (ISI) », qui est devenu l’« État islamique en Irak et au Levant qui soutenait l’opposition syrienne dés le commencement, à la fois idéologiquement et à travers les médias ». (source)

 

Le rapport déclassifié du Pentagone note que la « montée de l’insurrection en Syrie » prend une « direction de plus en plus sectaire, » attirant le soutien de « pouvoirs religieux et tribaux sunnites » de toute la région. (Source : doc. DIA)

 

Dans une section intitulée « Les hypothèses futures de la crise », le rapport de la DIA prédit que si le régime d’Assad venait à survivre en conservant le contrôle du territoire syrien, la crise continuerait à monter « en guerre par procuration. » (S’agit-il de la guerre par procuration des l’islamiste [et néanmoins atroces assassins], au profit de la coalition arabo-occidentale ?)

 

Notant que les salafistes, les Frères musulmans, et al-Qaïda en Irak (AQI) sont « les principales forces motrices de l’opposition en Syrie », le document stipule que « l’Ouest, les Pays du Golf et la Turquie soutiennent l’opposition, cependant, la Russie, la Chine et l’Iran, soutiennent le régime. » (Source : doc. DIA).

 

On notera que les islamistes agissent pour le compte de l’Occident, mais avant tout pour leur propre compte. Il est donc inexact de prétendre que l’islam n’est pas responsable et que seuls les USA seraient responsables. Comme en 1915 l’islam est en train de perpétrer un nouveau génocide des chrétiens, avec, cette fois-ci, la complicité des autorités occidentales qui trahissent le plus hypocritement du monde leurs propres ressortissants, dont la majorité sont chrétiens, en leur faisant avaler de grosses couleuvres. 

 

En Libye, les rebelles anti-Kadhafi, dont la plupart étaient affiliés à Al-Qaïda, ont été protégés par l’OTAN comme des « havres de paix » que sont les « zones d’exclusion aérienne ». Et le document suggère d’utiliser de mêmes zones d’exclusion aérienne humanitaires pour servir de base de repli aux islamistes

 

Le document du Pentagone évoque explicitement la déclaration probable d’un « État islamique par son union avec d’autres organisations terroristes en Irak et en Syrie. » (Le levant). Cette constatation n’empêche pas « les pays occidentaux, les pays du Golfe et la Turquie de soutenir ces efforts » comme étant « les forces d’opposition » syriennes qui se battent pour « contrôler les régions de l’Est (Hasaka et Der Zor), adjacentes aux provinces irakiennes occidentales (Mossoul et Anbar) ».

 

Anbar est la région irakienne de Ramadi qui jouxte la région de Palmyre en Syrie. La région d’Anbar et Palmyre sont tombées ces derniers jours, alors que le document est datée d’août 2012.

 

« … Il y a la possibilité d’établir un émirat salafiste déclaré ou non dans l’est de la Syrie (Hasaka et Der Zor), ce qui est exactement ce que veulent les forces qui soutiennent l’opposition, afin d’isoler le régime syrien, qui est considéré comme le support stratégique de l’expansion chiite (l’Irak et l’Iran) « . (Source : doc. DIA)

 

 

Pour résumer :

l’ex-document secret du Pentagone fournit la confirmation que la coalition arabo-occidentale menée par les USA et qui prétend se battre (fort mollement, il est vrai) contre l’État Islamique, avait il y a trois ans salué l’émergence d’un « califat salafiste » en Irak, suggérant qu’il pourrait s’étendre à la Syrie comme un moyen de faire chuter le pouvoir légitime d’Assad, et de bloquer l’expansion stratégique de l’Iran. 

 

La coalition arabo-occidentale est clairement identifiée tout au long du document comme étant « l’Occident, les pays du Golfe et la Turquie. » Les pays du Golfe comprenant l’Arabie saoudite, et l’ensemble des Émirats Arabes-Unis, dont le Qatar, Abou Dhabi, Dubaï et quatre autres.

 

Les analystes du Pentagone montrent qu’ils étaient bien conscients en été 2012 des risques terribles de cette stratégie ; ils craignaient que le califat crée l’atmosphère idéale pour qu’Al Qaïda s’empare de Mossoul et de Ramadi. Depuis, les islamistes se sont emparés de ces régions. Celle de Ramadi (région d’Anbar en Irak) a été prise il y a quatre ou cinq jours.

 

Ils ajoutent qu’un tel califat sera : « … Un élan de rassemblement autour du djihad chez les sunnites d’Irak et de Syrie, et avec le reste des sunnites dans le monde arabe contre ce qu’ils considèrent comme un ennemi. L’EI pourrait également déclarer un État islamique au travers de son union avec d’autres organisations terroristes en Irak et en Syrie, ce qui créera un grave danger en ce qui concerne l’unification de l’Irak et la protection du territoire ». 

 

Depuis ce document, à partir du Moyen-Orient, l’islamisme s’est mis à dévaster de nombreux pays d’Afrique noire et s’est imprégné dans de nombreux esprits en Occident, où il était latent il est vrai. Mais rien ne démontre que la politique de la coalition ait évolué pour autant, bien au contraire.

 

Suite aux révélations de ce document, un porte-parole du Foreign Office a déclaré :

 

« Al Qaïda et l’EI sont des organisations terroristes proscrites. Le Royaume-Uni s’oppose à toutes les formes de terrorisme. AQ, ISIL et leurs sociétés affiliées constituent une menace directe pour la sécurité nationale du Royaume-Uni. Nous faisons partie d’une coalition militaire et politique pour vaincre ISIL en Irak et en Syrie, et nous travaillons avec des partenaires internationaux pour contrer la menace d’Al Qaïda et d’autres groupes terroristes dans cette région. En Syrie, nous avons toujours soutenu les groupes d’opposition modérés qui s’opposent à la tyrannie de Assad et à la brutalité des extrémistes ». (Source)

 

Nous reconnaissons dans ce commentaire du Foreign Office, outre la langue de bois, les fameux et fumeux prétendus « opposants modérés à Bachar el Assad » (selon le terme requis), que les Américains se sont vantés de former en grand nombre dans des camps en Turquie, en Jordanie et ailleurs, avec des « citoyens de tous les pays », selon l’ambassadeur de Géorgie aux USA.

 

Ce document est la confirmation au plus haut niveau du Renseignement US, que les autorités occidentales et leurs alliés sunnites de Turquie, d’Arabie Saoudite et des autres émirats du Golfe, ont vu, sciemment, la création d’un califat et en ont suggéré l’extension, pour s’en servir comme de leur outil propre, pour faire sauter les autorités légales de la Syrie.

 

Cela n’empêchera pas l’Occident de continuer à tromper la majorité de ses populations en laissant croire qu’il combat l’islamisme au Moyen-Orient. Pas plus tard que jeudi, François Hollande a versé des larmes de crocodile sur les morts de l’État islamique…

 

Ici, le document déclassifié du renseignement américain, qui a servi de base à cet article.

 

 

 

Par ÉMILIE DEFRESNE - medias-presse.info – le 24 mai 2015.

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S-300 russes à l’Iran : Israël pourrait livrer des armes à l’Ukraine en représailles

S-300 russes à l’Iran : Israël pourrait livrer des armes à l’Ukraine en représailles | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


S-300 russes à l’Iran : Israël pourrait livrer

des armes à l’Ukraine en représailles

 

Israël n’exclut pas de livrer des armes à l’Ukraine en réponse à la décision du président russe Vladimir Poutine de lever l’interdiction de livrer des missiles S-300 à l’Iran, rapporte jeudi le site israélien d’information NRG.

 

Selon NRG, citant une source militaire sous couvert de l’anonymat, Jérusalem n’a pas encore statué sur cette option.

 

Le président russe Valdimir Poutine a défendu mardi sa décision de lever l’interdiction de livrer à l’Iran des missiles S-300, assurant qu’elle ne représentait « aucune menace » pour Israël.

 

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a mis en garde le dirigeant russe contre cette décision qui « va augmenter l’agressivité de l’Iran dans la région et saper la sécurité au Moyen-Orient », lors d’un entretien téléphonique.

 

En 2007, Moscou et Téhéran ont conclu un contrat engageant la Russie à fournir cinq batteries de missiles antiaériens S-300 pour un montant d’environ 800 millions de dollars.

 

L’exécution du contrat avait été suspendue en septembre 2010 par le président russe de l’époque Dmitri Medvedev en application de la résolution 1929 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui interdisait de fournir des armements offensifs à Téhéran en raison de son programme nucléaire.

 

Convaincue de la validité du contrat, la partie iranienne avait fait appel à l’arbitrage international, réclamant quatre milliards de dollars d’indemnités.

 

La décision russe intervient alors que l’Iran et les pays du groupe des Six (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) ont conclu début avril à Lausanne un accord-cadre, qui ouvre la voie à la signature d’un accord final d’ici fin juin.

 

 

 

Par Yaakov Tanenbaum - Le Monde Juif. info - le 16 avril 2015.

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L’ouverture du marché iranien rapportera des milliards de dollars à Moscou

L’ouverture du marché iranien rapportera des milliards de dollars à Moscou | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

© AP Photo/Ronald Zak

 

L’ouverture du marché iranien rapportera

des milliards de dollars à Moscou

 

Selon la chaîne allemande Deutsche Welle, l’ouverture du marché iranien, suite à la levée des sanctions, entraînera une forte concurrence entre les investisseurs étrangers, mais la Russie n’aura pas d’égal dans le nucléaire civil et l’industrie militaire.

 

La Chine sera le concurrent numéro un de la Russie sur le marché iranien, mais Moscou se retrouvera dans une position prioritaire, affirme la chaîne de télévision allemande Deutsche Welle.

 

« Les discussions sur l’accord sur le programme nucléaire iranien, qui prévoit une réduction notable par Téhéran du nombre des installations d’enrichissement d’uranium en échange de la levée des sanctions américaines et européennes, ne sont pas encore achevées (…). Mais des sociétés russes ont déjà commencé à sonder le terrain en vue de nouer des liens avec l’Iran en cas de levée des sanctions », a indiqué DW.

 

L’industrie automobile, aéronautique et les chantiers navals russes sont prêts à lancer des projets conjoints avec l’Iran. Les constructeurs automobiles AvtoVAZ, GAZ et KamAZ ont déjà entamé des négociations sur la mise en place d’usines d’assemblage en Iran. La compagnie pétrolière russe LUKOIL s’apprête aussi à relancer sa coopération avec Téhéran.

 

La Russie n’a pas d’égal dans certains secteurs, surtout dans le domaine de la coopération militaire et technique. « Il est peu probable que l’Iran commence immédiatement à acheter des armements occidentaux, la méfiance réciproque est toujours présente. La Russie a donc une chance d’obtenir des contrats de plusieurs milliards de dollars », estime Iouri Barmine, analyste du Delma Institute pour la Russie et le Proche-Orient.

 

Selon lui, le groupe nucléaire public russe Rosatom « restera l’acteur étranger numéro un sur le marché iranien » notamment grâce à la construction de la deuxième tranche de la centrale nucléaire de Bouchehr.

 

Selon Alexeï Portanski, professeur au Haut collège d’économie de Moscou, les secteurs les plus prometteurs de la coopération russo-iranienne sont la métallurgie, l’industrie aéronautique, le secteur des constructions mécaniques, l’agriculture et le secteur énergétique. Les aciéries russes pourraient augmenter leurs exportations vers l’Iran de 60 % à 70 %. Les Chemins de fer russes peuvent aussi signer des contrats avec l’Iran.

 

Selon Nina Mamedova, chef du bureau iranien à l’Institut des études orientales de Moscou, la Russie rivalisera avec la Chine sur le marché des investissements iranien.

 

D’après les experts, Téhéran compte en outre renforcer ses liens économiques avec l’Occident dans les hautes technologies et les investissements.

 

 

 

Par fr.sputniknews.com – le 13 avril 2015

 

Plus d’infos ici :

Iran : la vie après les sanctions

Missiles S-300 : Poutine lève l’embargo sur les livraisons à l’Iran

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Rien ne va plus au Moyen-Orient

Rien ne va plus au Moyen-Orient | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Rien ne va plus au Moyen-Orient

Par André Vltchek (*)

 

Rien, absolument rien, ne va plus au Moyen-Orient. Il semble n’y avoir plus d’espoir, plus de ferveur. Tout ce qui était pur a été traîné dans la boue. Tout ce qui était grand a été volé ou brisé par des intervenants extérieurs. L’enthousiasme a été raillé, puis brisé ou réduit en cendres, ou démoli par des chars et des missiles.

 

La corruption prospère – une corruption qui avait inondé toute cette région dès le lendemain de la colonisation occidentale, puis qui a été soutenue par le régime impérialiste mondial actuel.

 

La terre du Moyen-Orient est fatiguée ; elle pleure d’épuisement. Elle est marquée par les guerres. Elle est parsemée de puits de pétrole et de carcasses de véhicules blindés. Il y a des cadavres partout ; enterrés, réduits en poussière, mais toujours présents dans les esprits des survivants. Il y a des millions de cadavres, des dizaines de millions de victimes, qui hurlent à leur manière en silence, qui refusent de reposer en paix, qui pointent leurs doigts accusateurs.

 

C’est sur cette terre que tant de choses ont commencé. L’Europe n’était rien du temps de Byblos et d’Erbil, quand une civilisation légendaire se formait en Mésopotamie, quand Alep, Le Caire et Al-Qods n’avaient pour rivales que les grandes villes de Chine...

Et c’est là que la grandeur, le progrès, la politesse et la gentillesse ont été brisés et plongés dans le sang par les Croisés, et plus tard par la racaille colonialiste.

 

Les Européens aiment dire que cette partie du monde est maintenant « arriérée », parce qu’elle n’aurait jamais connu la Renaissance. Mais avant d’être brisée et humiliée, cette région était déjà bien plus avancée que la Renaissance, en suivant son propre chemin. C’est d’ici qu’une Europe médiévale primitive et agressive a tiré la plupart de ses connaissances.

 

Tout cela ne veut rien dire maintenant. Il ne reste pratiquement rien de ce passé glorieux. De grandioses villes arabes qui affichaient jadis leurs concepts socialistes fabuleux, parmi lesquels des hôpitaux et universités publics et gratuits —, et ceci plusieurs siècles avant Karl Marx — étouffent désormais dans la pollution et l’absence quasi totale de services publics. Tout a été privatisé et les monarques, généraux et mafias corrompus tiennent fermement les leviers du pouvoir, de l’Égypte jusqu’au Golfe.

 

Les peuples aspiraient exactement au contraire. Après la Seconde Guerre mondiale, de l’Afrique du Nord à l’Iran, ils optèrent pour différentes formes de socialisme. Mais ils n’ont jamais été autorisés à suivre leur propre chemin. Tout ce qui était laïc et progressiste fut brisé, détruit par les maîtres occidentaux du monde. Puis vint la deuxième vague d’États semi-socialistes : la Libye, l’Irak et la Syrie. Ces derniers ont été bombardés et détruits aussi, car rien de socialiste, rien qui puisse être au service du peuple n’est toléré dans le « tiers monde » tel que conçu par Washington, Londres et Paris.

 

Des millions sont morts. L’impérialisme occidental a orchestré des coups d’État, dressé des frères les uns contre les autres, bombardé des civils et envahi directement lorsque tous les autres moyens pour atteindre ses objectifs hégémoniques avaient échoué.

 

Il a créé, et « éduqué » une importante couche de serviteurs cyniques de l’Empire, la couche des nouvelles élites qui n’ont de comptes à rendre qu’aux gouvernements à Washington, Londres et Paris, et qui traitent leurs propres populations avec mépris et brutalité. Cette couche est maintenant au pouvoir dans presque toute la région, et entièrement soutenue par l’Occident, et donc extrêmement difficile à éjecter.

 

Récemment, à « l’Université Américaine » de Beyrouth, l’un des enseignants locaux m’a dit « cette région est condamnée à cause de la corruption ». Mais d’où vient cette corruption, me suis-je demandé à voix haute. Les uns après les autres, les dirigeants laïcs et socialistes du monde arabe ont été éliminés, renversés. L’Empire a mis au pouvoir les voyous de la pire espèce, les monarques et dictateurs les plus rétrogrades.

 

La vérité est que les peuples du Moyen-Orient, comme ceux d’Afrique, ont perdu tout espoir d’être un jour autorisés à élire des gouvernements qui les défendent et représentent leurs intérêts. Ils sont tombés en « mode survie », à l’individualisme extrême, au népotisme et au cynisme. Ils y étaient obligés, pour survivre, pour pouvoir maintenir leurs familles et leurs clans à flot dans un monde qui leur a été imposé par d’autres.

Le résultat est atroce : l’une des civilisations les plus avancées de la terre a été convertie en l’une des plus rétrogrades.

 

***

 

Le résultat, c’est l’amertume, l’humiliation et la honte qui prévaut dans tout le Moyen-Orient. Il y règne une ambiance malsaine.

Les voyous à Beyrouth, Amman, Erbil, Riyad et Le Caire conduisent des berlines et 4x4 européennes rutilantes. Des centres commerciaux de luxe neufs et même flambant neufs offrent de grandes marques de luxe pour ceux qui font d’énormes profits avec les crises de réfugiés provoquées par l’Empire, ou grâce au pétrole extrait par les travailleurs immigrés maltraités. Des femmes de ménage d’Asie du Sud humiliées, souvent torturées, violées et maltraitées, sont assises sur les sols en marbre des centres commerciaux en attendant leurs maîtres qui se livrent à des orgies de nourriture et de shopping effrénées et dépenser l’argent qu’ils ont gagné sans jamais travailler.

 

Ces collaborateurs sont extrêmement bien récompensés pour servir l’Empire, pour faire marcher les affaires et assurer le pompage des puits de pétrole, pour fournir du personnel aux agences des Nations Unies et donner une légitimité à cet état grotesque des choses, pour laver les cerveaux de la jeunesse locale dans les écoles et universités parrainées par l’Occident.

 

Tout ceci est extrêmement pénible à observer et difficile à supporter, à moins d’être sur une certaine « longueur d’ondes », vacciné, indifférent, lobotomisé et résigné à cet état du monde.

Bien sûr, le Moyen-Orient n’est pas une exception — c’est juste une partie de ce que je décris souvent comme la « ceinture » des États asservis à l’Occident ; une ceinture qui serpente de l’Indonésie par la quasi-totalité de l’Asie du Sud-Est, puis par le sous-continent et le Moyen-Orient, jusqu’au Kenya, au Rwanda et à l’Ouganda.

 

***

 

À présent l’Arabie Saoudite bombarde le Yémen. Elle le fait pour fournir un appui total au régime pro-occidental sortant, et pour porter des coups aux musulmans chiites. Les actions saoudiennes récentes, comme tant d’actions précédentes de cet État brutal asservi à Washington, ouvriront la voie au terrorisme, et tueront des milliers d’innocents. De manière choquante, cela fait probablement partie du plan.

 

Je suis en permanence invité à des émissions de radio et de télévision, pour parler de tout ça. Mais que peut-on dire de plus ?

Les horreurs des agressions occidentales, israéliennes, saoudiennes et turques (directes et indirectes) se répètent, année après année, dans différentes parties du Moyen-Orient. Des gens sont tués, beaucoup de gens, même les enfants. Il y a quelques protestations, quelques accusations, un peu d’« agitation », mais à la fin, les agresseurs s’en tirent toujours. En partie grâce aux médias de masse en Occident qui déforment tous les faits, encore et encore, et qui le font avec beaucoup d’efficacité. Et la plupart des médias arabes se sourcent directement à la propagande occidentale, pour ensuite la rediffuser à leurs propres populations, sans vergogne. Et aussi parce qu’il n’existe aucun système juridique international efficace qui pourrait punir les agresseurs.

 

Lorsque les actes ou le véritable terrorisme sont commis, l’ONU est introuvable. De temps en temps, elle se déclare « préoccupée », et parfois même « condamne » les agresseurs. Mais il n’y a jamais de sanctions ou d’embargos imposés contre Israël ou les États-Unis, ni même l’Arabie Saoudite. Il est entendu que l’Occident et ses alliés sont « au-dessus des lois ».

 

Ce qui envoie des signaux forts aux dirigeants du Moyen-Orient. L’armée égyptienne, qui a tué des milliers de pauvres juste après s’être emparée du pouvoir par un coup d’État en 2014 (et qui n’est généralement pas qualifiée de coup d’État), est redevenue « admissible à l’aide militaire des États-Unis ».

 

Les élites égyptiennes totalement prostituées ont dansé dans les rues du Caire lors du coup d’État, à l’instar des élites du Chili en 1973. Je les ai vues, lorsque je tournais un documentaire pour la chaîne sud-américaine Telesur, un documentaire sur comment l’Occident a saboté le printemps arabe. Ils posaient devant mes caméras, applaudissaient et me prenaient dans leurs bras, pensant que j’étais un des hommes de main des États-Unis ou de l’Europe.

Je me suis récemment retrouvé avec une employée égyptienne des Nations Unies qui m’a fixé d’un regard menaçant :

« Un coup d’État ? » murmura-t-elle. « Vous appelez ça un coup d’État ? Le peuple égyptien ne l’appelle pas un coup d’État ».

Comment contredire une représentante si respectable de la Nation égyptienne ? J’ai remarqué que les élites égyptiennes pro-occidentales aiment à se présenter comme « le peuple égyptien », comme si elles faisaient partie de ceux qui vivent loin de leurs demeures et limousines avec chauffeur.

 

***

 

Il y a des dizaines de millions de personnes déplacées dans cette partie du monde. Elles viennent d’Irak, de Syrie et de la Palestine. Il y a de nouveaux réfugiés et des réfugiés qui le sont depuis des décennies. Il y aura très probablement bientôt quelques millions de réfugiés yéménites supplémentaires.

 

Rien qu’au Liban, 2 millions de réfugiés syriens vivent un peu partout, certains louant des cabanes ou des maisons et d’autres, lorsqu’ils en ont les moyens, des appartements à Beyrouth. Mais il y en a des centaines de milliers, ceux de la vallée de Bekaa et ailleurs, qui n’ont pas été inscrits par l’ONU et les autorités locales. Des réfugiés m’ont dit que beaucoup d’entre eux ont fait demi-tour. Sans inscription, pas de rations alimentaires, pas d’éducation pour les enfants et pas de soins médicaux.

 

J’ai vu des réfugiés de plusieurs villes irakiennes, à Erbil, dans le Kurdistan sous administration irakienne. Ils fuyaient l’État Islamique, qui a été créé par l’Occident.

 

Un scientifique nucléaire, Ismaël Khalil, originaire de l’Université de Tikrit, m’a dit : « Tout ce que je possédais a été détruit... Les Américains sont la principale cause de cette folie — de la destruction totale de l’Irak. Vous pouvez demander à n’importe qui, à n’importe quel enfant, et vous aurez la même réponse... Nous appartenions tous à une grande et fière nation. Maintenant, tout est morcelé et ruiné. Nous n’avons plus rien — nous sommes tous devenus des mendiants et des réfugiés dans notre propre pays... je me suis enfui il y a cinq mois, après que l’EI ait dévasté mon université. Et nous savons tous qui est derrière : les alliés de l’Occident : l’Arabie Saoudite, le Qatar et d’autres... »

 

Plus tard je me tenais sur ce qui restait d’un pont reliant les deux rives de la rivière Khazer, à quelques kilomètres de la ville de Mossoul. L’EI a fait sauter le pont. Quelques villages autour ont été détruits par les bombardements américains. Un colonel kurde qui me montrait la zone était fier de préciser qu’il avait été formé au Royaume-Uni et aux États-Unis. C’était de la folie totale — toutes les forces unies dans la destruction de l’Irak avaient les mêmes origines : les États-Unis, l’OTAN et l’Occident !

 

À quelques kilomètres de la ligne de front, il y a des champs de pétrole, mais la population locale dit que les compagnies pétrolières ne faisaient que voler leurs terres ; il n’y avait aucune retombée sur les communautés locales. Tandis que les flammes des raffineries de pétrole brûlaient, les populations locales grattaient le sol à la recherche de racines et de plantes, pour survivre.

 

Et il y avait aussi un camp de réfugiés syriens à proximité. Mais les réfugiés étaient filtrés. Seuls ceux qui exprimaient leur haine du président al-Assad étaient autorisés à rester.

 

***

 

Beyrouth est symbolique de ce qui se passe dans l’ensemble du Moyen-Orient.

Jadis glorieuse, la ville se classe désormais en bas des indices de qualité de vie. Avec pratiquement aucun transport en commun, elle s’étouffe, polluée et embouteillée. Les coupures d’électricité sont fréquentes. Des quartiers misérables sont visibles partout. L’éducation et les soins médicaux sont surtout privés et inabordables pour la grande majorité des habitants. L’argent sale propulse la construction d’immeubles d’habitation luxueux, de centres commerciaux chics et de restaurants hors de prix.

Les voitures de luxe sont partout. Appartements de luxe, yachts, véhicules et vêtements de marque sont les seules unités de mesure de la valeur.

 

Tout ceci est totalement grotesque, étant donné qu’il y a 2 millions de réfugiés syriens qui luttent pour survivre partout dans ce petit pays. Il y a de vieux réfugiés palestiniens dans des camps déprimants. Il y a les Bédouins détestés et discriminés, il y a les bonnes asiatiques et africaines, victimes de violences... « Le travail est une punition », affirme un credo local. Personne ne prend vraiment la peine de travailler.

 

Il y a beaucoup d’argent, mais la plupart ne vient pas du travail. D’énormes quantités proviennent du trafic de drogue, de « l’hébergement des réfugiés », des affaires en Afrique et ailleurs, et des envois de fonds de ceux qui travaillent dans le Golfe. Israël est la porte d’à côté. Il est menaçant, et périodiquement il attaque.

 

Le Hezbollah est le seul grand mouvement dans le pays qui se bat pour le bien-être social de la population. Il se bat aussi contre Israël lorsque ce dernier envahit. Et maintenant, il est aux prises avec l’EI dans un combat épique. Mais le mouvement figure sur la liste des organisations terroristes dressée par l’Occident, parce qu’il est chiite, et parce qu’il est trop « socialiste » et trop critique envers l’Occident.

 

À Beyrouth, tout est possible. Les riches dépensent leur argent à tour de bras. Ils conduisent leurs voitures et motos de luxe sans silencieux, écrasant les gens sur les passages pour piétons, et ne cèdent jamais le passage. Ils sont principalement formés en Occident et trilingues (arabe, français et anglais). Ils font la navette entre la ville et l’Europe comme s’il s’agissant d’un village voisin.

À Beyrouth, la seule chose qui compte c’est le besoin de paraître des classes supérieures.

 

Les pauvres — la majorité du peuple libanais — n’existent pas. On n’entend jamais parler d’eux. Ils sont hors sujet.

 

***

 

Ceux qui règnent sur le Moyen-Orient sont corrompus, cyniques et antipatriotiques. Et ils ont peur, parce qu’ils savent qu’ils ont trahi leurs propres peuples. Et plus ils ont peur, plus leurs tactiques sont brutales. Je les vois en action, à Bahreïn, en Égypte, en Irak et ailleurs.

 

La plupart des mouvements et partis de gauche au Moyen-Orient ont été détruits, achetés ou dévoyés. La politique n’est plus qu’une question de clans, de sectes religieuses et d’argent. Les idées de gauche n’existent pratiquement plus. On ne connaît rien du Venezuela, de l’Équateur, de la Chine ou de la Russie. Les pauvres aiment la Russie, parce qu’« elle est contre l’Occident », mais il y a très peu de compréhension du monde en dehors du Moyen-Orient et de l’ancien maître colonial — l’Europe.

 

Rien ne se semble aller au Moyen-Orient, ces jours-ci.

De nouveaux rapports nous parviennent, accusant Israël d’interroger et de torturer de jeunes enfants palestiniens.

Le Yémen, cette terre ancienne pour laquelle j’ai eu un coup de foudre, il y a de nombreuses années, est à feu et à sang. Deux berceaux de la civilisation — l’Irak et la Syrie — sont totalement déchiquetés et dévastés.

 

La Libye se disloque, probablement de manière irrémédiable, et n’est plus un pays. L’Égypte est une fois de plus sous un terrible joug militaire. Les chiites à Bahreïn et en Arabie saoudite souffrent d’une grande discrimination et de violences.

 

Les gens meurent ; des personnes sont déplacées, victimes de discriminations. Il n’y a pas de justice, pas de justice sociale pour la majorité, le même scénario qu’en Indonésie, que dans le sous-continent, qu’en Afrique de l’Est, comme partout où l’impérialisme occidental et le néolibéralisme ont réussi à s’imposer.

 

L’Occident a travaillé très dur pour transformer le Moyen-Orient en ce qu’il est devenu. Il a fallu des siècles pour transformer cette partie du monde, d’une grande et profonde culture, en une scène d’horreur. Mais c’est fait !

 

Le reste du monde devrait observer et apprendre. Il ne faut pas que cela se reproduise ailleurs. C’est en un « Couloir Asie du Sud-Afrique de l’Est » que l’Occident veut transformer toute la planète. Mais il ne réussira pas, car il y a l’Amérique latine, la Chine, la Russie, l’Iran, l’Afrique du Sud, l’Érythrée et d’autres pays fiers et déterminés qui se dressent sur son chemin.

 

Et le Moyen-Orient, un jour, se dressera aussi. Les gens exigeront ce qui leur est dû. Ils exigeront la justice. Récemment, ils ont essayé, mais ils ont été écrasés. Je n’ai aucun doute qu’ils n’abandonneront pas — ils vont essayer encore et encore, jusqu’à la victoire.

 

 

 

Par Andre Vltchek (*) (Counterpunch) - traduction par VD - legrandsoir.info - le 6 avril 2015

  

(*) André Vltchek (né en 1963) est un romancier, philosophe, journaliste, cinéaste, photographe et auteur dramatique américain. Il a parcouru des dizaines de zones de guerre, les conflits de Bosnie, du Pérou au Sri Lanka, la RD Congo et le Timor-Leste. Après avoir vécu pendant de nombreuses années en Amérique latine et en Océanie, Vltchek réside et travaille actuellement en Asie et en Afrique… (Source : Wikipédia)


Koter Info's insight:


Le "vrai" Moyen-Orient, tel que les médias ne vous le décriront jamais !  Excellent article que tous devraient lire !


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