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Tintin au pays d’Ebola

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Tintin au pays d’Ebola

 

Un homme blanc debout au tableau, faisant la classe à des Africains assis sur des chaises en PVC.

D’un air docte, l’homme présente à ses « élèves » des dessins montrant comment ils doivent tendre le bras quand un homme en blouse blanche s’approche avec une seringue.

Nous ne sommes pas dans « Tintin au Congo », mais au Libéria, en mai 2015.

 

L’homme blanc n’est pas un petit reporter belge, mais H. Clifford Lane, directeur d’une agence de santé américaine chargée d’Ebola.

 

En toute bonne conscience, il participe à la promotion d’un prétendu « vaccin contre Ebola », qui n’a pas été testé correctement et dont personne ne peut affirmer qu’il est efficace, ni qu’il est inoffensif.

 

Il le sait. Il l’a lui-même reconnu le 13 mai 2015 dans un grand journal américain :

« Jusqu’à présent, il n’a pas été possible de démontrer l’efficacité d’aucune intervention expérimentale » contre Ebola [1].

 

Le titre et le sous-titre de l’article font froid dans le dos :

« Des conflits émergent autour des essais sur les médicaments contre Ebola en Afrique :

Tandis que l’épidémie recule, les chercheurs débattent de l’éthique de traiter des patients avec des médicaments n’ayant pas fait l’objet de contrôles rigoureux ».

 

Tous les ingrédients semblent réunis pour qu’éclate un nouveau scandale sur la diffusion de médicaments non testés en Afrique.

 

 

Des chercheurs se révoltent

 

« Nous ne pourrions pas faire ça aux États-Unis, et vous ne pourriez pas le faire au Royaume-Uni, alors pourquoi pensez-vous que vous pouvez le faire en Afrique ? »

 

C’est la question qu’a posée André Kalil, médecin faisant partie des plus grands spécialistes d’Ebola, aux chercheurs ayant organisé les essais de médicaments au Libéria et au Sierra Leone, lors d’un sommet de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au mois d’avril 2015.

 

La question est en train de devenir si brûlante qu’une conférence a été organisée à Genève au sujet de la façon dont l’association Médecins sans frontières et d’autres organisations humanitaires européennes ont mené des tests de vaccins sur des populations africaines, cela sans faire de comparaison avec des groupes placebo (une mesure indispensable pour connaître l’efficacité et les dangers réels d’un traitement).

 

La conséquence est que de nombreux Africains ont reçu des vaccins ou des médicaments sans que personne ne puisse garantir leur utilité, ni leurs effets et éventuels risques d’accident.

 

 

Des « médicaments » qui entraînent

93 % de décès ou plus

 

Pour rappel, Ebola est une maladie pour laquelle n’existe aucun traitement spécifique en dehors des soins médicaux de routine administrés à une personne qui souffre de diarrhée, fièvre, vomissements et hémorragie (les symptômes d’Ebola).

 

Toutefois, à partir du moment où la personne est convenablement hydratée, nourrie par perfusion, transfusée et éventuellement dialysée (nettoyage artificiel du sang), il existe de grandes chances de guérison, comme ce fut le cas de la quasi-totalité des personnes traitées dans les hôpitaux européens ou américains.

 

Globalement, si on inclut tous les villages africains n’ayant pas eu accès à ces soins de base, la mortalité par Ebola est de 41 %, selon les données de l’Organisation mondiale de la santé.

Qu’en est-il des médicaments expérimentaux ?

 

Une étude sur le médicament expérimental brincidofovir, développé par la firme Chimerix, a été stoppée au mois de janvier après le décès des quatre premiers patients traités.

 

C’est un taux de mortalité de 100 %, mais il est vrai qu’il s’agit d’un petit nombre, non significatif.

 

Une autre étude, menée par l’INSERM et Médecins sans frontières sur le médicament favipiravir a été interrompue après avoir constaté une « absence d’efficacité » sur les patients les plus malades, dont 93 % sont décédés.

 

Selon Martin Friede de l’OMS, le favipiravir « ne devrait pas être le traitement de référence » car « les données que nous avons vues ne montrent pas d’efficacité de ce médicament. »

 

Malheureusement, en Guinée le ministère de la Santé a décidé d’imposer le favipiravir, comme traitement de référence, bien qu’un médecin ayant lui-même participé à l’étude ait déclaré que les tests menés sont au mieux « insuffisants pour tirer la moindre conclusion ».

 

À part ça, aucun vaccin ou médicament contre Ebola, tous développés dans la précipitation, n’a fait l’objet de la moindre étude concluante.

 

Dans ces conditions, les médicaments diffusés par les Européens en Afrique ne peuvent être décrits autrement que comme ne faisant aucun bien et causant potentiellement beaucoup de mal.

 

C’est l’avis des autorités de santé américaines qui, contrairement aux agences humanitaires européennes, se battent aujourd’hui pour que soient interrompues toutes les campagnes de vaccination ou de médicaments non testés (autrement dit la totalité).

 

 

Pourquoi cet acharnement à vouloir traiter ?

 

Derrière cet acharnement à vouloir utiliser des médicaments, même quand rien ne montre qu’ils sont efficaces ou inoffensifs, on peut bien sûr voir la main de l’industrie pharmaceutique.

 

Les agences gouvernementales, internationales, et les organisations humanitaires disposent de budgets considérables pour acheter des médicaments. Pour Ebola, le budget par malade est de 100 000 dollars [2], et il est évident que ces sommes mirobolantes ne peuvent qu’attiser les intérêts mercantiles.

 

Toutefois, il serait injuste pour ne pas dire ridicule d’imaginer que tous les médecins partis lutter contre Ebola en Afrique se comporteraient en pantins de l’industrie pharmaceutique.

 

Derrière leur volonté de traiter à tout prix, il y a plutôt à mon avis un bon sentiment : celui de se sentir responsable pour les autres et, en tant que médecin, d’avoir le devoir de « faire quelque chose ».

Imaginez vous avoir fait dix ans de médecine ou plus. Vous sacrifiez votre clientèle ou votre poste en France pour partir en Afrique, à vos risques et périls. Vous débarquez sur place, après un vol de 9 heures pour Monrovia, la capitale du Libéria.

On vous attend avec toutes sortes d’équipements, des radios, des Land-Rover reliées par satellite. Partout, vous voyez des journalistes, des soldats américains, des experts du monde entier arrivés comme vous en urgence pour lutter contre « le pire fléau de l’humanité ».

 

Et malgré tout cela, tout ce que vous pouvez faire réellement, c’est d’isoler les malades tandis que des infirmiers leur donnent à boire, leur posent des perfusions, les lavent régulièrement, puis attendent que la nature fasse les choses.

 


Autrement dit, vous avez l’impression de ne servir à rien.

 

Trois fois sur cinq, le malade guérit ; mais deux fois sur cinq, ce qui reste énorme, il meurt. Ce n’est pas vous qui décidez. C’est la Fatalité.

Imaginez la frustration, le sentiment d’impuissance, la rage même !

« Quoi, avec toute notre technique, nos études, notre Savoir, notre Progrès, notre argent, nous qui sommes capables de modifier des gènes, changer des cœurs et opérer des cerveaux, nous n’aurions aucune piqûre ni aucune molécule contre une maladie qui tue des innocents ? »

 

Eh oui ! Parfois, le mystère de la vie continue à nous résister. Peut-être même restera-t-il toujours une part d’inconnu. On ne sait pas. Personne n’en sait rien, je suppose…

 

En attendant, même si c’est dur pour notre fierté, il vaut mieux parfois s’abstenir que de faire des bêtises.

Mais ce n’est pas évident.

Et nul besoin d’aller jusqu’en Afrique pour se confronter à pareil problème. Avez-vous entendu le cri d’alarme du professeur Henri Joyeux pour dénoncer l’odieux scandale du vaccin DT-Polio en France.

 

 

>>> Regardez cette vidéo du Pr Joyeux, signez et partagez



comme je l’ai fait moi-même ainsi que 100 000 personnes qui se sont déjà mobilisés en moins de 24 heures !

 

Bien à vous,

 

 

Par Jean-Marc DupuisSanté Nature Innovation – le 19 mai 2015

 

 

Notes :

 [1] 13 mai 2015, Wall Street Journal, Disputes Emerge on African Ebola Drug Trials

With outbreak waning, researchers debate ethics of testing on patients without rigorous controls

[2] Voir Ebola : enfin la vérité

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Ebola : enfin la vérité

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Ebola : enfin la vérité

 

Qui s’intéresse encore à Ebola ?

 

Plus grand monde apparemment. L’armée américaine est repartie le 26 février 2015 [1], et il n’y a plus aucun cas au Libéria depuis une semaine [2]. Ebola avait fait 4 057 victimes au Libéria, pays le plus touché par l’épidémie [3]. Mais maintenant que la psychose médiatique est passée, la vérité commence à sortir. Une vérité dérangeante. Je vous avais promis de continuer à suivre l’affaire.

Vous n’allez pas être déçus. Ce que je vous raconte aujourd’hui, vous ne risquez pas de le lire dans Le Monde, le Figaro ou de l’entendre sur France-Info

 


Un cas d’école de psychose médiatique

 

Tous les jours, de septembre à novembre 2014, les journaux, radios, télés et sites Internet d’information nous ont expliqué à l’unisson que l’Afrique de l’Ouest était « ravagée », que les gens « tombaient comme des mouches », que les « cadavres jonchaient les rues », que « rien ne serait plus comme avant », que les « cultures locales étaient détruites », qu’il fallait plus de crédits, plus d’aide, plus d’argent, l’armée, les hélicoptères pour lutter contre la plus grave pandémie qui ait jamais menacé l’humanité. Et puis… plus rien.

 

En quelques semaines, Ebola a presque disparu du paysage médiatique, sauf pour les passionnés comme moi qui continuaient à chercher activement des informations où ils pouvaient.

 

 

Des chiffres qui ne collent pas

 

Ebola m’a passionné dès le départ, car, en faisant un rapide calcul, j’avais flairé quelque chose de bizarre. On nous parlait de milliers de morts. D’une maladie qui tue 9 fois sur 10. Du pire virus qui ait jamais existé. Mais les chiffres ne collaient pas.

 

8,7 millions d’Africains meurent chaque année de maladies [4]. La seule diarrhée tue, tous les jours, 2 195 enfants [5]. Le paludisme tue chaque année de 1 à 3 millions de personnes [6]. Mais concernant Ebola, l’échelle n’était tout simplement pas la même. On ne parlait pas de plusieurs milliers de morts par jour, comme pour les autres maladies, mais de plusieurs milliers de morts en tout, sur six mois d’épidémie (3 338 morts du début de l’épidémie en avril 2014 jusqu’au 28 septembre 2014). Aussi tragiques et consternants que soient ces décès, ils ne représentaient que 0,035 % du total. Soit à peine deux fois le nombre de tués sur les routes de France durant la même période.

 

Pourquoi une telle psychose ? La fièvre hémorragique Ebola était, paraît-il, exceptionnellement dangereuse, car très contagieuse, nous assurait-on. C’était faux. Ebola n’est pas une maladie très contagieuse. Les spécialistes le savaient tous dès le départ. Elle ne se transmet que par contact direct avec les fluides corporels (vomis, sang, excréments) sur une plaie ou une muqueuse (œil, bouche, nez). Vous ne pouvez pas l’attraper par simple contact comme une poignée de main d’un malade, et encore moins par l’air, comme la grippe.

 

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) l’expliquait d’ailleurs elle-même sur son site :

« La transmission nécessite un contact direct avec le sang, les sécrétions, les organes ou les liquides biologiques de la personne ou de l’animal infecté, vivant ou mort, autant d’expositions peu probables pour le voyageur lambda. [7] »

 

De plus, un virus change très difficilement de mode de transmission, même en cas de mutation. Il était donc hautement improbable que l’épidémie d’Ebola mute et se mette à se propager massivement.

 

Sylvain Baize, directeur du Centre national de référence des fièvres hémorragiques virales de l’Institut Pasteur à Lyon, l’expliquait dans la presse :

« Le virus Ebola ne pourra très probablement pas changer du tout au tout pour acquérir, de façon efficace et dans un court laps de temps, la capacité de se transmettre par voie aérienne. (…) On peut quasiment dire que ceux qui prédisent ou évoquent cette possibilité sont dans le domaine du fantasme. [8] »

 

Pourtant, à l’issue d’une remarquable campagne de relations publiques, l’OMS et les gouvernements occidentaux ont décidé d’engager des dépenses folles pour lutter contre Ebola, se chiffrant en centaines de millions de dollars [9].

 

Aujourd’hui, entre les dépenses des États-Unis, de l’OMS, de tous les pays européens, des gouvernements locaux et de toutes les organisations humanitaires, la dépense totale a été de 2,4 milliards de dollars [10]. On peut se réjouir d’un tel effort de solidarité, au niveau mondial.

 

Mais d’un autre côté, il faut se mettre à la place des populations locales. Victimes de guerres atroces et de gouvernements corrompus qui les laissent se faire massacrer sans les défendre, elles voient leurs enfants mourir parce qu’il leur manque le minimum, de l’eau potable par exemple, un peu de vitamines, bref, quelques euros.


Ce qui a été dépensé pour Ebola représente, par contraste, plus de 230 000 dollars par personne décédée, l’épidémie ayant fait 9 700 morts [11]. 230 000 dollars représentent de quoi sauver 230 000 enfants de la diarrhée. Des associations humanitaires affirment en effet pouvoir sauver un enfant de ce fléau pour un seul dollar [12].

Cette somme permettrait aussi de soigner 4 000 à 6 000 personnes malades du paludisme.

 

Le médicament anti-palud bien connu (atovaquone et chlorhydrate de proguanil) permet de traiter la plupart des cas. Il coûte 11 à 17 euros pour un enfant, 45 euros pour un adulte [13].

Mais pour cela, il n’y a pas de budget.

 

 

Une pandémie mondiale évitée ?

 

Au moins tout cet argent dépensé pour Ebola aura-t-il permis d’éviter une pandémie mondiale, penseront certains. Il est vrai que les chiffres annoncés par les autorités étaient angoissants. Au mois de septembre 2014, les experts du Centre pour le contrôle des maladies des États-Unis avaient prévu que, au 20 janvier 2015, l’épidémie aurait touché 1,4 million de personnes au Libéria et au Sierra Leone [14].

En réalité, le nombre total de cas d’Ebola, sur l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest, n’a été jusqu’à présent que de 22 894 cas. Il ne s’agit pas du nombre de décès, mais du nombre de personnes touchées.

 

Depuis quasiment un an que sévit la « pandémie » dans une zone qui compte 21 millions de personnes, cela représente 1 personne sur 10000. Un nombre à comparer avec celui des malades du choléra en Haïti en 2010, qui a touché 700 000 personnes [15], sur une population deux fois moindre, soit 1 personne sur 15 [16].

Pour Ebola, les « experts » se sont donc trompés de 70 000 % dans leurs prévisions à 4 mois. Oui, j’ai bien écrit 70 000 %, avec cinq chiffres.

 

Si bien que, selon un article paru le 1er février 2015 dans le New York Times :

« Les experts essayent de comprendre comment la maladie, qui a défié les prédictions inquiétantes des meilleurs chercheurs du monde sur les maladies infectieuses, semble être en train de disparaître d’elle-même à une vitesse surprenante.[17] »

 

Mais la conclusion qui s’impose aujourd’hui, le New York Times nous la donne en détail dans un article qui vient de sortir [18].

Au Libéria, ce ne sont absolument pas les organisations internationales qui ont causé le reflux de l’épidémie :

« Le plus grand changement est venu des précautions prises par les locaux eux-mêmes. » « Sans aucune aide extérieure, ou le minimum, ils ont installé des lieux pour se laver les mains aux endroits stratégiques » (en fait, des seaux avec de l’eau javellisée, NDLR). « Ils ont repéré les malades et les morts. Beaucoup ont aussi placé sous quarantaine les familles malades et restreint les visites de personnes extérieures. »

 

Et qu’en est-il des hôpitaux construits en urgence pour accueillir les malades ? On apprend dans le New York Times que :

 

« Quelques rares cliniques gérées par des Libériens ou des associations caritatives ont ouvert, mais la forte baisse du nombre de malades s’est produite un bon mois avant que les centres construits par l’armée américaine n’aient accueilli leur premier patient ».

Comment la population locale a-t-elle réussi à gérer, sans hôpitaux ?

C’est bien simple :

 

« Les gens chez eux ont commencé à mieux se protéger, se couvrant les bras avec des sacs en plastique pour soigner les membres malades de leur famille. Cet équipement (les sacs plastiques) a reçu le sobriquet de PPE Libérien. »

 

PPE est le nom des tenues imperméables complètes (personal protective equipment) et moult fois montrées à la télévision, car très spectaculaires pour les caméras.

Mais ces images n’étaient pas du tout représentatives de la réalité : tandis que les journalistes de CNN et de LCI filmaient les humanitaires équipés à l’occidentale, l’immense majorité des Africains se débrouillait courageusement avec les moyens du bord, comme d’habitude. Ils utilisaient des sacs plastiques, qui ont suffi à les protéger dans bien des cas. On peut supposer bien sûr qu’il y aurait eu encore moins de contamination avec des PPE, mais heureusement qu’ils n’ont pas attendu pour se défendre comme ils le pouvaient !

 

Mais comme les Africains ne veulent pas faire de peine aux Occidentaux qui ont voulu tout organiser chez eux pour les sauver d’Ebola, ils ont trouvé les mots qui font chaud au cœur :

 

« La réaction internationale a aussi été vitale, ont déclaré les officiels Libériens. (…) Même si la plupart des lits sont arrivés trop tard et sont restés vides, le fait de voir le monde accourir à nos côtés a apporté un fort soutien psychologique à une population en détresse. » (C’est moi qui souligne) Autrement dit, « vous n’avez servi à rien sur le plan pratique, mais enfin, ça nous a fait sacrément plaisir que vous soyez venus ! »

« C’était la première fois dans l’histoire de notre nation que nous avons vu de vrais soldats américains débarquer sur notre sol, a déclaré le président du Libéria, Ellen Johnon Sirlezaf. Vous ne pouvez pas imaginer la différence que cela a faite dans les espoirs des gens. Cela les a inspirés à faire plus. »

 

À 2,4 milliards de dollars, ça fait cher l’inspiration, mais, quand on aime, on ne compte pas !

Le son de cloche est toutefois moins joyeux dans le pays d’à côté, la Sierra Leone. Selon un autre article du New York Times [19] :

« En Sierra Leone, les habitants ont aussi pris les choses en main eux-mêmes, critiquant leur gouvernement et la Grande-Bretagne, leur ancienne puissance colonisatrice, pour une réaction lente et désorganisée. »

 

Des centres pharaoniques sont construits en pure perte :

« Sur une colline en dehors de la capitale, les arbres ont été abattus et remplacés par des hectares de gravier lisse : le nouveau centre de traitement Ebola semble tout avoir. Il y a des sols en caoutchouc rose, des bottes en latex blanc, des salles de bain qui sentent l’Ajax, des panneaux solaires, une pharmacie, et même une hutte au toit de chaume pour se détendre.

 

Une seule chose manque : le personnel. L’établissement a récemment ouvert, mais il n’y a pratiquement personne pour y travailler. Dans une zone particulièrement durement touchée par Ebola, où les gens meurent chaque jour parce qu’il n’y a pas de clinique, 60 des 80 lits à la clinique Kerry ne sont pas utilisés. »

 

Cette absurdité n’est malheureusement pas une exception :

« La moitié des patients de certaines cliniques créées d’urgence pour Ebola ne sont même pas malades d’Ebola, mais il est si long d’obtenir des résultats d’analyse sanguine qu’ils restent là des jours et des jours, occupant les lits de personnes dont la vie est en danger, et augmentant fortement leur propre risque d’attraper le virus en restant là.

 

Même une fois que les patients sont guéris, beaucoup de centres de traitement retardent leur départ de la clinique de plus d’une semaine jusqu’à ce qu’il y ait assez de gens guéris, parfois des dizaines, pour pouvoir faire une grande cérémonie d’adieu pour tout le monde – ce qui, encore une fois, prive de lit des personnes qui en auraient désespérément besoin. »

 

Et malgré cette confusion lamentable, les habitants, sur le terrain, font contre mauvaise fortune bon cœur. Ils ont pris, eux, les mesures nécessaires, et simples, avec les moyens du bord, qui ont réellement permis d’enrayer l’épidémie.

 

« Les écoles ayant fermé, ce sont les enseignants licenciés qui sont allés suivre la diffusion de la maladie, certains villages ont créé des centres d’isolation informels (comprenez, un enclos où ils mettaient les malades pour les empêcher de sortir), et les habitants de certains quartiers ont installé des barricades, prenant la température des personnes qui y entraient.

 

La cavalerie n’arrivait pas », dit David Mandu Farley Keili-Coomber, le chef de la tribu Mandu de la Sierra Leone Est. « C’était nous la cavalerie. » »

 

Et voilà. Les Land Rovers équipés de téléphones satellites des humanitaires occidentaux repartent, les avions redécollent vers l’Europe et les États-Unis. Ils n’auront pratiquement servi à rien, mais cette affaire aura permis de vendre un sacré paquet de journaux, de faire monter l’audimat pendant des mois sur les télévisions et radios, et à un certain nombre de dirigeants politiques et hauts fonctionnaires internationaux de se présenter une nouvelle fois comme les « sauveurs du monde ».

 

Elle aura donné à des centaines de millions d’Occidentaux blasés un vrai frisson, l’impression délicieusement inquiétante qu’enfin, quelque chose de terrifiant va peut-être arriver.

 

 

Il y a bien sûr un gagnant

 

Enfin, et surtout, on a assez entendu parler d’Ebola pour que personne ne se choque que l’industrie pharmaceutique engage maintenant des campagnes massives de vaccination en Afrique, et la diffusion de nouveaux médicaments prétendument miracles.

 

Le fait que l’épidémie ne touche plus que quelques centaines de personnes n’empêche pas certains de miser sur la vente de millions de médicaments, financés par la généreuse « communauté internationale » (vos impôts), dont les fonds atterriront directement sur les comptes des compagnies pharmaceutiques.

 

L’efficacité reste purement hypothétique :

« Les premiers essais se sont révélés encourageants et offrent l’espoir d’être mieux armé contre la fièvre hémorragique », explique le journal Sciences & Avenir le 6 février 2015, dans un article intitulé « Ebola : enfin un médicament efficace contre la maladie ? [20] »

 

Notez bien le prudent point d’interrogation à la fin du titre.

Car dans l’article il n’y a aucun chiffre, ce qui est très curieux puisque des études scientifiques ont été réalisées sur des malades. On parle de résultats « plutôt positifs », de « guérison accélérée », mais on prend soin de rester complètement flou, pour éviter les remises en cause et les critiques.

 

Je parle bien de ces mêmes journalistes qui, concernant la vitamine D ou les oméga-3, sont toujours prompts à contester la validité des études et à exiger, avant d’en dire du bien, de nouveaux résultats venant confirmer la confirmation de la confirmation…

 

Par contre, ce qui n’est pas flou, c’est que le médicament anti-Ebola, lui, est « déjà commercialisé au Japon », et que « le producteur japonais assurait ainsi fin 2014 disposer de « réserves suffisantes pour plus de 20.000 personnes » » [21].

Gageons que, d’ici peu, ce sont des millions de doses, achetées au prix fort, qui arriveront en Afrique. Et si ce n’est pas cette firme, c’en sera une autre.

Heureusement, pendant ce temps, la vie en Afrique, elle, continue.


À votre santé !

 

 

 

Par Jean-Marc DupuisSanté Nature Innovation – le 17 mars 2015

 

Sources :

 

[1] Ebola : fin de l’opération militaire américaine au Liberia

[2] Liberia Ebola doctor : « We're going to win very soon »

[3] Ebola : Mapping the outbreak

[4] FACTSHEET: The leading causes of death in Africa

[5] Diarrhea: Common Illness, Global Killer

[6] Médicaments moins chers contre le paludisme

[7] Maladie à virus Ebola : questions-réponses

[8] Mutations du virus Ebola : quelles conséquences ?

[9] Roughly $1.8 Billion in Ebola Relief Donations Haven't Made it to Africa

[10] Ebola : les pays touchés demandent une aide massive

[11] Ebola : les pays touchés demandent une aide massive

[12] One Dollar Baby Diarrhea Vaccine Could Save The Lives Of 100,000 Children Every Year

[13] MALARONE 250 mg/100 mg, comprimé pelliculé

[14] Questions/réponses : Estimation du nombre de futurs cas dans l’épidémie d’Ebola au Libéria et en Sierra Leone, 2014-2015

[15] Épidémie de choléra à Haïti

[16] Wikipédia : Haïti

[17] As Ebola Rages, Poor Planning Thwarts Efforts

[18] As Ebola Rages, Poor Planning Thwarts Efforts

[19] As Ebola Rages, Poor Planning Thwarts Efforts

[20] Ebola : enfin un médicament efficace contre la maladie ?

[21] Ebola : enfin un médicament efficace contre la maladie ?

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Un (petit) coup de pouce aux Tentatives Terroristes des Investisseurs Privés (TTIP)

Un (petit) coup de pouce aux Tentatives Terroristes des Investisseurs Privés (TTIP) | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Un (petit) coup de pouce aux Tentatives Terroristes

des Investisseurs Privés (TTIP)

Par Élisabeth Beague

 

Amis lecteurs, vous serez heureux d’apprendre que, pour pouvoir passer en douceur et sans effets secondaires au traité transatlantique, la Commission Européenne se porte dès à présent au secours de l’industrie pharmaceutique. C’est ainsi qu’elle vient de confier à la direction générale « Marché Intérieur et Industrie » la compétence des médicaments et des technologies médicales. Plus « d’entraves multiples à l’accès aux médicaments », le secteur sera libéralisé afin de lui garantir une bonne santé. Et les consommateurs avaleront la pilule.

 

En décryptant des paragraphes présentés de manière volontairement anodine et purement bureaucratique, il est déjà possible de connaître quelques grandes mesures :

 


1) « Les normes de documentation seront simplifiées »

 

Est-ce à dire que nous serons privés de notices, ces papiers qu’on lit parfois – quand ce n’est pas écrit trop petit —, mais qu’on n’arrive jamais à replier convenablement, qui coincent dans les boîtes et qu’on finit par jeter à la poubelle ? On peut être positif et se dire « c’est bon pour la planète » puisque moins de papier imprimé, c’est moins d’arbres abattus, mais on aime bien quand même être un peu renseigné sur ce qu’on avale. Sauf que. Personne ne pense plus que les notices existent pour nous informer. Quand on a lu les effets secondaires très fréquents, fréquents, peu fréquents, rares, et qu’on a quand même avalé le comprimé, on n’a pas à se plaindre en cas de problème puisqu’on a été averti. Les notices permettent à l’industrie pharmaceutique de se dédouaner en cas de plainte, les supprimer signifie, comme vous l’avez compris, que l’industrie court vraiment peu de risques.

 

Et puis, la documentation, c’est aussi les sites Internet et notamment celui de la principale agence sanitaire de notre pays. Essayez donc de trouver la preuve que la plupart des dentifrices contiennent un pesticide bien connu et répertorié comme perturbateur endocrinien, vous n’y arriverez pas. Car l’industrie chimique est parvenue à infiltrer à peu près tous les centres de décision.

 

 

2) « L’industrie va rendre transparents les essais cliniques et les prix des produits pharmaceutiques ».

 

Cela, ça fait tiquer plutôt deux fois qu’une et avec deux bonnes raisons. D’abord, cela veut dire que, jusqu’à présent, les essais cliniques et les prix des médicaments étaient opaques. Ensuite, il est quand même bizarre de résumer en une formule lapidaire une mesure qui concerne à la fois des essais cliniques et des prix. On ne prétend pas tous être des scientifiques, mais on se demande quand même où est le rapport.

 

 

3) « Les investisseurs seront assurés d’un haut niveau de protection juridique ».

 

Ouf ! Même après avoir causé une centaine ou un millier de morts, les investisseurs ne seront « ni responsables ni coupables » (et cela vous rappelle peut-être quelque chose… ?). Les brevets seront donc cadenassés aussi car, c’est sûr, l’industrie pharmaceutique n’aime pas les génériques, ces ersatz destinés aux pauvres qui ne rapportent rien, ni les ersatz, ni les pauvres d’ailleurs.

 

 

4) « Les industriels vont évaluer l’efficacité et la sécurité des produits mis sur le marché ».

 

Là, on tremble. Cela voudrait-il dire que, jusqu’à présent, l’efficacité et la sécurité des produits n’étaient pas évaluées ? Ou bien, tout aussi grave que dorénavant le suspect et l’enquêteur seront une seule et même personne ? Serons-nous tous des cobayes ou des rats de laboratoire ?

 

 

5) « La santé publique sera assurée de manière non discriminatoire ».

 

Merveilleux ! Donc, la santé est « publique » et les pouvoirs « publics » vont assumer la mission de réduire les déficits « publics » en laissant toute latitude à l’industrie chimique privée qui nous empoisonne au quotidien. Alors que sont prises des décisions drastiques pour limiter le déficit de la sécurité sociale, il n’est jamais fait mention des dépenses dues aux dommages causés par l’industrie chimique. En cette matière comme dans tant d’autres « les profits sont privés, les pertes sont publiques ». On s’en était déjà un peu aperçus… C’est sûr, les médicaments deviennent des biens de consommation ordinaire (c’est-à-dire de consommation courante), la pub à la TV a déjà entrepris de nous en persuader, et nous verrons bientôt apparaître dans nos supermarchés des boîtes d’aspirine à côté des tubes de dentifrice et des sirops pour la toux à côté des poudres à lessiver. Parfum citron à côté de fraîcheur lavande. Pour un coup de mou, rendez-vous au rayon épices, vous y trouverez des vitamines en comprimés, en gélules ou en gouttes à avaler plusieurs fois par jour selon la « dose quotidienne recommandée ».

 

Un peu de chimie dans les assiettes pour être malade, un peu de chimie en boîte pour se soigner, pour l’industrie, c’est poche gauche, poche droite, mais toujours dans le même veston. Les lobbyistes ont bien travaillé, ils recevront leur enveloppe, leurs poches sont profondes. Et ceux des commissaires qui voudraient changer d’air seront accueillis à bras ouverts dans la succursale industrielle la plus proche.

 

 

 

Par Élisabeth Beague - Investig’Action - le 23 janvier 2015

 

Lire la série d’articles sur les Tentatives Terroristes des Investisseurs Privés (TTIP) par Élisabeth Beague :

 

Chapitre 1

 

Chapitre 2

 

Lire également l’entretien avec Bruno Poncelet par Alex Anfruns :

 

« Le TTIP est une ingérence des multinationales dans la vie politique »

 

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L’université de Strasbourg va enseigner le droit de l’animal

L’université de Strasbourg va enseigner le droit de l’animal | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


L’université de Strasbourg va enseigner

le droit de l’animal

  

Un animal a-t-il des droits ? Peut-il être responsable ou à défaut, qui peut l’être pour lui ? Alors que l’Assemblée nationale a reconnu aux animaux la qualité symbolique d’« êtres vivants doués de sensibilité » en votant, le 28 janvier, la loi de modernisation et de simplification du droit, les avocats de la cause animale vont avoir leur diplôme bac+5 dédié en France : le Centre européen d’enseignement et de recherche en éthique (Ceere) de l’université de Strasbourg propose en effet, à compter de la rentrée 2015, un master Éthique et sociétés avec une spécialisation « Animal : science, droit et éthique ».

 

Lire : Les animaux sont désormais officiellement « doués de sensibilité » 

 

Défenseurs de la cause animale et vétérinaires pourraient être les premiers à s’intéresser à cette formation. Mais pas seulement. « Le droit de l’animal et son enseignement sont des vecteurs de conciliation et de communication entre les utilisateurs, les propriétaires d’animaux domestiques ou d’élevage et le grand public »précise le Ceere. L’objectif de la formation est de maîtriser les règles applicables aux bêtes afin d’assurer une protection plus efficace, et ce, quelle que soit la destination finale de l’animal à protéger, qu’elle soit récréative, scientifique ou… alimentaire.

 

Dans un même TD, pourraient donc se retrouver des défenseurs de la cause animale comme des futurs juristes de l’industrie pharmaceutique ou de l’agroalimentaire. Au programme de cette première année de formation, figure entre autres la définition de l’animal et de sa sensibilité, les animaux et la recherche, la brevetabilité de l’animal...

 

Les étudiants, quel que soit leur projet professionnel, seront conduits à réfléchir « aux questions d’éthique que posa la souffrance animale et à la réponse que peut apporter la loi censée concilier des intérêts parfois contradictoires », souligne le Ceere.


Lire l’entretien avec le juriste Jean-Marc Neumann : Les animaux reconnus comme « êtres sensibles », un pas « totalement symbolique » 

 

 

Par campus.lemonde.fr – le 10 avril 2015.

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Le droit à la santé lourdement menacé par le TTIP /TAFTA

Le droit à la santé lourdement menacé par le TTIP /TAFTA | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Le droit à la santé lourdement menacé par le TTIP /TAFTA

 

Dans un communiqué de presse paru le 04 février dernier, le Collège intermutualiste national (CIN) a fait part des diverses inquiétudes qu’a l’ensemble des mutuelles du pays face au projet de libre-échange entre l’Europe et l’Amérique du Nord, le « Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement » ou TTIP en anglais. S’est annexé à ce faire-part, une analyse justificative des différentes menaces qu’encourt notre système de soins de santé à court et moyen terme. Entre opacité dans les négociations, manque de clarté, mesures souvent équivoques et imprécisions… Quelles sont les craintes exprimées ? Pourquoi est-il impératif pour nous, citoyens, de les appréhender ? Comment ? Petit tour d’horizon !

 

Depuis juillet 2013, le débat entre acteurs américains et européens refait surface suite à la relance des négociations entre les 2 continents. Les objectifs économiques avoués sont d’encore et toujours libéraliser plus le marché et d’en conquérir de nouveaux… à ce niveau-là, les soins de santé sont clairement sous les feux. Mais qui définit la limite ? Quelle place pour la démocratie ?

 

Concrètement, le rapport du CIN met en évidence 6 exigences et/ou remarques dont l’attention mérite d’être portée.

 

Passons-les en revue :

 

— 1. Un manque accru de transparence dans les négociations et une absence d’implication citoyenne.

 

En effet, comme dit précédemment, le TTIP aura une répercussion sur la vie quotidienne des citoyens européens. Une grande méfiance et prise de conscience vont de pairs dans la quête d’informations. Cette dernière étant difficile vu que les négociations se font à huis clos et que le décalage entre l’avancement des discussions et la publication de documents officiels est grand. À titre d’exemple, il est noté que 16 mois (septembre 2013 – octobre 2014) ont été nécessaires entre la relance des dits discussions et la publication du mandat de négociation européen. Celle-ci s’est faite sous le coup d’une pression grandissante du mouvement social (associations, syndicats, citoyens) qui a notamment lancé un mouvement pour l’arrêt du TTIP qui a déjà récolté plus de 1.475.000 signatures.

 


— 2. Protéger les services de santé et des assurances maladies du TTIP

 

Il est en effet inacceptable et antidémocratique que des services d’intérêt public soient service du profit. Surtout lorsqu’il s’agit de bien commun et fondamental tel que la santé. La libéralisation sur un marché des services sociaux permettrait à moyen terme de proposer des prix simplement inabordables pour la plupart des concitoyens européens. Le CIN s’inquiète du manque de clarté en ce domaine. Il n’est pas exclu que les lois belges aient du mal à concurrencer avec les mesures qui sont et seront prises, l’État belge perdant la main mise sur l’état sanitaire de ses assurés.

 

 

— 3. Des dispositions drastiques et exemplaires sur les produits pharmaceutiques afin qu’ils restent dans la disponibilité et l’intérêt du patient

 

Il est question d’une élévation du prix du médicament qui serait lié à l’innovation. Il y a beaucoup d’ambiguïtés : qu’entend-on par « produit novateur » ? Pourquoi tarifer cette dernière ? Cela aurait de grands coûts à l’heure où l’on sait que de plus en plus de Belges ont du mal à se soigner pour des raisons d’argent (1 sur 15 reporte des soins pour des raisons économiques). De plus, il est souvent discuté dans les négociations de publicité pour les médicaments sous prescription et l’autorisation de la vente de médicaments sur Internet. Cela a pour conséquence de remplacer l’expertise médicale par de l’information abusivement permanente et faisant manque de discernement pour le patient. Les mutualités demandent que le droit européen soit préservé en la matière.

 


— 4. Des droits de propriété intellectuelle s’attaquant directement aux portefeuilles du patient

 

L’industrie pharmaceutique veut aussi étendre ses droits de propriété intellectuelle sur le temps. Pareille exigence implique de manière sous-jacente un allongement des brevets des médicaments par exemple (mais aussi l’hétérogénéité des standards…). En illustrant ce premier, il en découle une série de conséquences directement perceptibles de notre position à savoir une attaque directe sur notre système de sécurité sociale (remboursements des médicaments, brevets de procédures médicales), un accès restreint sur la thérapie adaptée car fortement onéreuse et de facto un monopole absolu de la firme du principe actif sur le marché.

 


— 5. La garantie du respect des politiques de promotion de la santé et de prévention

 

La menace réside en l’éventualité pour les firmes pharmaceutiques d’exiger des dommages et intérêts sur des bénéfices qu’elles n’auraient éventuellement pas pu atteindre selon leurs propres objectifs. Amendes administratives qui, in fine, devront être remboursées par le contribuable belge. Est également dans le collimateur des firmes, les campagnes de prévention primaire, secondaire et tertiaire, la promotion à la sensibilisation citoyenne sanitaire pourrait être perçue selon eux comme étant une éventuelle part de profit perdue. Il y a cet exemple de l’Australie dont une campagne publique antitabac a été attaquée par la firme Philipp Morris dans le cadre d’un accord semblable au TTIP et qui a été condamnée à 5 milliards d’amendes Les mutualités belges demandent une reconsidération de l’intérêt public européen dans sa globalité et la conformation des multinationales américaines aux normes européennes en la matière. La santé sera, dès lors, régie par les lois du profit !

 


— 6. Et si, il y a conflit ? Qui sera jugé ? Et surtout, par qui ?

 

Pas facile de répondre à la question. Il existe aujourd’hui un organisme appelé ISDS (pour Investor-state dispute settlement) qui a pour objectif « d’accorder plus de pouvoir aux entreprises face aux États, en permettant à une firme d’attaquer un État devant un tribunal arbitral international comme le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), un organe dépendant de la Banque mondiale basé à Washington » .


Pour la petite histoire, il n’y a pas 3 fichiers texte de documentation sur le site officiel du CIRDI qui ne soient pas payants, le ton est donné… Il est en effet admis que, par cette astuce juridique, il sera désormais dans les possibilités des investisseurs de comparaître devant des collèges d’arbitrage internationaux, évitant ainsi le droit et la jurisprudence belge et européenne. En 2013, déjà la moitié des pays de l’UE ont comparu devant ces tribunaux et ce sont les États membres de la Banque mondiale qui payent ces procès…

 

 

En conclusions, on voit que rien que concernant la santé, il y a énormément d’enjeux sociaux, économiques et démocratiques derrière ce traité. Pourtant, on constate qu’il n’y a grand monde qui en parle dans les politiques belges. Le TTIP n’est pas seulement un accord pour faciliter les échanges, il est construit pour favoriser largement les multinationales européennes et américaines et il menace directement nos les droits fondamentaux à la fois démocratiques, mais aussi notre droit à la santé. Qui seront tous soumis, plus que jamais, aux lois du profit.

 

 

 

Par fr.sott.net - Non Merci Stop Tafta – le 23 février 2015

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