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Nous sommes tous Grecs

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Nous sommes tous Grecs

 Par Chris Hedges (*)

 

Les pauvres et la classe ouvrière des États-Unis savent ce que c’est que d’être Grec. Ils connaissent le sous-emploi et le chômage. Ils connaissent la vie sans revenus. Ils connaissent l’existence avec seulement quelques dollars par jour. Ils connaissent les coupures de gaz et d’électricité à cause de factures impayées. Ils connaissent le poids écrasant de la dette. Ils connaissent la maladie et l’inaptitude à se payer des soins médicaux. Ils connaissent la saisie de leurs maigres biens par l’État, un procédé appelé aux États-Unis « la confiscation civile », et qui a permis aux agences de police états-uniennes de confisquer plus de 3 milliards de dollars en cash et en propriété. Ils connaissent le désespoir profond et la renonciation qui surviennent lorsque les écoles, les bibliothèques, les cliniques de quartier, les services de soins journaliers, les routes, les ponts, les bâtiments publics et les programmes d’assistance sont négligés ou fermés. Ils connaissent le détournement des institutions démocratiques par les élites financières dans le but d’imposer une misère de grande ampleur au nom de l’austérité. Tout comme les Grecs, ils savent ce que c’est que d’être abandonné.

 

Les Grecs et les travailleurs pauvres des États-Unis subissent les mêmes privations parce qu’ils sont attaqués par le même système — le capitalisme corporatif. Il n’y a pas de contraintes internes au capitalisme corporatif. Et les quelques contraintes externes qui ont existé ont été supprimées. Le capitalisme corporatif, manipulant les institutions financières les plus puissantes du monde, y compris l’Eurogroupe, la banque mondiale, le fonds monétaire international et la réserve fédérale, fait ce qu’il est conçu pour faire : il transforme tout, y compris les êtres humains et le monde naturel, en marchandises à exploiter jusqu’à épuisement ou effondrement. Dans le procédé d’extraction, les syndicats sont brisés, les agences de régulation sont égorgées, les lois sont écrites par les lobbyistes corporatistes afin de légaliser la fraude et d’encourager les monopoles mondiaux, et les services publics sont privatisés. Des accords commerciaux secrets — dont même des élus officiels ayant vu les documents ne sont pas autorisés à parler — permettent aux oligarchies corporatistes d’amasser encore plus de pouvoir et d’engranger encore plus de profits au détriment des travailleurs. Pour faire gonfler ses profits, le capitalisme corporatiste pille, réprime et mène à la faillite des individus, des villes, des États et des gouvernements. Ultimement, il démolit les structures et les marchés qui rendent possible le capitalisme. Mais c’est une bien maigre consolation pour ceux qui subissent ses maux. Avant qu’il ne se détruise lui-même, il aura entraîné une misère humaine incommensurable dans son sillage.

 

Le gouvernement grec s’agenouille devant les banquiers d’Europe, en les suppliant, parce qu’il sait que s’il quitte l’eurozone, le système bancaire international fera à la Grèce ce qu’il a fait au gouvernement socialiste de Salvador Allende en 1973 au Chili ; il fera, comme Richard Nixon avait promis de le faire au Chili, « hurler l’économie ». Les banquiers détruiront la Grèce. Et si cela implique que les Grecs n’aient plus accès à des médicaments — la Grèce doit 1 milliard d’euros aux fabricants de médicaments européens — qu’il en soit ainsi. Si cela implique des pénuries alimentaires — la Grèce importe des milliers de tonnes de nourriture de toute l’Europe chaque année — qu’il en soit ainsi. Si cela implique des pénuries de pétrole et de gaz — la Grèce importe 99 % de son pétrole et de son gaz — qu’il en soit ainsi. Les banquiers mettront en place une guerre économique jusqu’à ce que le gouvernement grec actuel soit éjecté et que les marionnettes politiques corporatistes se retrouvent à nouveau au pouvoir.

 

La vie humaine importe peu aux capitalistes corporatistes. La souffrance des Grecs, comme la souffrance des États-Uniens ordinaires, est très bonne pour les marges de profit des institutions financières comme Goldman Sachs. Après tout, c’est Goldman Sachs — qui fit avaler des hypothèques avariées à des familles ne pouvant absolument pas les rembourser, les vendant ensuite à des fonds de pension en tant qu’investissement et pariant contre eux — qui orchestra les arrangements financiers de la Grèce, qui furent, pour beaucoup, tenus secrets. Ces accords doublèrent la dette grecque à travers des transactions dérivées et permirent à l’ancien gouvernement grec de masquer sa dette réelle pour continuer à emprunter. Et lorsque la Grèce implosa, Goldman Sachs s’en mis plein les poches.

 

Le système du capitalisme débridé est conçu pour extraire impitoyablement l’argent des plus vulnérables et pour l’acheminer vers les élites. Cela se voit à travers les amendes et les frais de plus en plus importants utilisés pour couvrir les déficits dans les budgets municipaux et étatiques. Le capitalisme corporatif cherche à privatiser tous les aspects des services gouvernementaux, de l’éducation jusqu’aux services de renseignements. L’U.S. Postal Service [la poste des US, NDT] semble être le prochain sur la liste. Les parents doivent déjà payer des centaines de dollars pour que leurs enfants en école publique prennent le bus, suivent des cours de musique ou d’art et pratiquent un sport ou à d’autres activités. Les pompiers, les services ambulanciers, le système des parcs nationaux sont tous destinés à devenir des cibles pour le profit corporatiste. Il s’agit de la mort de la société civile.

 

Le système judiciaire incarne principalement une source de revenus pour les villes et les gouvernements d’États aux États-Unis plutôt que la justice ou la réhabilitation. Les pauvres sont arrêtés et reçoivent des amendes pour des infractions mineures à Ferguson, dans le Missouri, et ailleurs ; pour ne pas avoir tondu leur pelouse ; pour avoir mis leurs pieds sur des sièges dans les wagons du métro de New York. S’ils ne peuvent pas payer les amendes, comme c’est le cas pour nombre d’entre eux, ils vont en prison. En prison on leur facture souvent le gîte et le couvert. Et s’ils ne peuvent pas payer cette nouvelle facture, ils retournent en prison. C’est un jeu d’extorsions cycliques et perpétuelles des pauvres. Les amendes qui sont impayées font grimper les intérêts et génèrent des mandats d’arrêt. Les pauvres finissent souvent par devoir des milliers de dollars en amendes liées au stationnement et à la circulation.

 

Les pelotons d’exécutions fascistes et communistes facturaient parfois aux familles des victimes les balles utilisées dans les exécutions. Dans le capitalisme corporatif, les agresseurs font de même ; l’argent finit souvent entre les mains de corporations privées qui mettent en place des services de probation ou d’administration de prisons et pénitenciers. Le coût d’un tir de pistolet paralysant (26 $) ou des services de probation (35 à 100 $ par mois) ou d’un bracelet électronique (11 $ par mois) est extirpé des poches des pauvres. Et tout cela se produit à une époque qui sera un jour considérée comme une bonne période. Attendez que le château de cartes financier s’effondre à nouveau — ce qui se passe en Chine n’est pas bon signe — et que Wall Street cherche à se mettre à l’abri. Les États-Unis deviendront alors une Grèce sous stéroïdes.

 

« Nous sommes une nation qui a transformé son système d’aide sociale en un système criminel », écrivent Karen Dolan et Jodi L. Carr dans un rapport de l’institut politique intitulé « Les pauvres vont en prison ». « Nous criminalisons les activités de subsistance de personnes trop pauvres pour se payer un toit. Nous incarcérerons plus de gens que n’importe quelle autre nation du monde. Et nous mettons en place des politiques qui les empêchent à vie de participer à la société après qu’ils aient purgé leurs peines. Nous avons autorisé la résurgence de l’incarcération pour endettement. Nous avons créé un système d’éducation publique de seconde zone pour les enfants pauvres, noirs et latinos, qui criminalise de manière disproportionnée leurs comportements et les pousse rapidement sur la voie de l’incarcération et du manque d’accès à l’assistance et à des opportunités ».

 

Le démantèlement corporatiste de la société civile est presque achevé en Grèce. Il est très avancé aux États-Unis. Nous, comme les Grecs, subissons une guerre politique menée par les oligarques du monde. Personne ne les a élus. Ils ignorent l’opinion publique. Et, comme en Grèce, si un gouvernement défie la communauté bancaire internationale, il est la cible d’une exécution. Les banques ne jouent pas selon les règles de la démocratie.

 

Nos politiciens sont des employés des corporations. Et si la naïveté vous pousse à envisager la possibilité pour les États-Unis d’avoir pour la première fois une femme présidente, rappelez-vous que c’est le mari d’Hillary Clinton qui a décimé les emplois manufacturiers avec l’ALENA en 1994, et qui a continué en détruisant le système d’aide sociale avec la loi sur le rapprochement des obligations personnelles et des possibilités d’emploi de 1996, qui a mis fin à des programmes d’aide fédéraux et imposé des bourses d’état limitées et contraignantes. Sous la présidence de Bill Clinton, la plupart des bénéficiaires de l’aide sociale — et 70 % de ces bénéficiaires étaient des enfants — furent radiés. Le complexe carcéral industriel a explosé en taille à mesure que ses corporations privées engrangeaient du surplus, de la main-d’œuvre au chômage, et gagnaient 40 000 $, voire plus, par année et par prisonnier. La population des prisons fédérales et d’États combinées a connu une augmentation d’effectif de 673 000 personnes sous Clinton. Avec Ronald Reagan, il a posé les fondations d’une Grècification des États-Unis.

 

La destruction de la Grèce, comme la destruction des États-Unis, par les grandes banques et les firmes financières, n’est pas, comme les banquiers le prétendent, liée à l’austérité ou à l’imposition de dépenses rationnelles, ou de budgets équilibrés. Elle ne dépend pas de gouvernements responsables ou bons. C’est une forme vicieuse de guerre de classe. Profondément antidémocratique. Il s’agit de former des nations de serfs appauvris, désemparés, et une élite vorace d’oligarques corporatistes tout-puissants, s’appuyant sur les systèmes de sécurité et de surveillance les plus sophistiqués de l’histoire humaine, et sur une police militarisée qui tire de manière totalement irresponsable sur des citoyens désarmés. Les lois et les règlements qu’ils imposent aux pauvres ne sont, comme l’a écrit Barbara Ehrenreich, rien de moins que du « sadisme organisé ».

 

Le profit corporatiste est Dieu. Peu importe qui souffre. En Grèce, 40 % des enfants vivent dans la pauvreté, il y a un taux de chômage de 25 %, et de presque 50 % pour les 15-25 ans. Et le pire est à venir.

 

L’idéologie politique et économique qui nous a convaincus que le comportement humain organisé devait être déterminé par les diktats des marchés mondiaux était un jeu de dupes. Nous en étions les victimes. La prospérité promise par la théorie du ruissellement et par le libre marché a, au contraire, concentré la richesse entre les mains d’une poignée d’individus, et a détruit la classe ouvrière et la classe moyenne, ainsi que tous les vestiges de la démocratie. Les gouvernements corrompus, ignorant le bien commun et le consentement des gouvernés, ont encouragé ce pillage. L’industrie des combustibles fossiles a été autorisée à ravager l’écosystème, menaçant la viabilité même de l’espèce humaine, tout en étant largement subventionnée par les gouvernements. Tout cela n’a aucun sens.

 

Les mandarins qui maintiennent ce système ne peuvent répondre rationnellement en cette époque de crise. Ils ne sont formés qu’au fonctionnement de ce système d’exploitation. Ils sont aveuglés par leur avidité insatiable et par l’idéologie néolibérale, qui suppose que le contrôle de l’inflation, la privatisation des biens publics et la suppression des barrières commerciales sont les seules priorités économiques. Ils nous entraînent vers le précipice.

 

Nous ne retrouverons pas d’économie rationnelle ni ne restaurerons la démocratie, tant que ces spéculateurs mondiaux ne sont pas privés de tout pouvoir. Cela ne se produira que si les rues des principales villes d’Europe et des États-Unis convulsent sous le poids de manifestations massives. La tyrannie de ces élites financières ne connait aucune limite. Ils imposeront une souffrance et une répression croissantes tant que nous nous soumettons, ou jusqu’à ce que nous nous révoltions. Je préfère cette dernière approche. Mais nous n’avons pas beaucoup de temps.

 

 

 

Par Chris Hedges (*) (Truthdig) - traduction: Nicolas Casaux - fr.sott.net le 19 juillet 2015

 

 

Christopher Lynn Hedges (né le 18 septembre 1956 à Saint-Johnsbury, au Vermont) est un journaliste et auteur américain. Ancien correspondant de guerre, il est reconnu pour son analyse de la politique américaine ainsi que de celle du Moyen-Orient‪. Il a publié plusieurs livres, dont le plus connu est War Is a Force That Gives Us Meaning (2002)… (Source Wikipédia)

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‪Vidéo - USA - Le monde selon Clinton

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Vidéo - Le monde selon Clinton

 sous-titre en français

 

Hillary Clinton ferait-elle une bonne présidente ?

À vous d'en juger !

 

 >>> Voir la vidéo ici

  

Vidéo ajoutée par Stazzou sur YouTube le 19 juin 2015.


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Bilderberg invite l’homme qui n’a pas empêché l’attentat de Charlie Hebdo

Bilderberg invite l’homme qui n’a pas empêché l’attentat de Charlie Hebdo | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Bilderberg invite l’homme qui n’a pas empêché

l’attentat de Charlie Hebdo

 

Promotion. Patrick Calvar, patron du renseignement français, participe à la réunion actuellement organisée, à huis clos, par un puissant groupe atlantiste et néolibéral.

  

Qui connaît Henri de Castries ? 

 

Selon le mensuel économique Entreprendre — daté d'octobre 2012, l'homme — qui dirige l'assureur Axa et que "connaît bien" Manuel Valls — avait été présenté à l'actuel Premier ministre par son ami de longue date :  Stéphane Fouks, vice-président d'Havas, co-directeur du Crif et ancien membre du "comité sioniste" du Mouvement des jeunes socialistes.

 

Valls et Castries s'entendent à merveille : le 24 juin 2014, le second avait remis au premier un facétieux cadeau (le fac-similé de l'assurance-vie de Jean Jaurès) lors de sa visite au siège du groupe Axa.

 

Le Premier ministre avait alors tenu cette déclaration inédite pour un responsable socialiste de l'exécutif : "Nous avons besoin de la finance".

 

Un aspect biographique est généralement omis par la presse hexagonale quand il s'agit d'introduire une interview économique avec Henri de Castries : l'homme n'est pas seulement le PDG d'Axa, neuvième gestionnaire d'actifs mondial. Depuis le 31 mai 2012, ce fervent chrétien (descendant de Saint Roch et du marquis de Sade) et ex-Young Leader (1994) de la French-American Foundation, est également le président des "Rencontres de Bilderberg" dont la dernière manifestation se tient ces jours-ci, en Autriche.

 

De quoi s'agit-il ?


Pour saisir la teneur du tabou qui entoure le sujet, Panamza vous propose de (re)découvrir cette brève séquence télévisée : en 2013, Natacha Polony avait interrogé Christine Ockrent (ex-salariée de la chaîne américaine CBS, membre du Siècle et autrice d'une biographie sur Hillary Clinton) à ce sujet. Hautaine et sarcastique, la journaliste — qui participa aux réunions annuelles de ce cénacle secret — sembla manifestement embarrassée.

 

 


 

En 2011, la chaîne canadienne Historia réalisa l'un des rares documentaires pédagogiques et sérieux à propos de cette organisation créée en 1954.

 

 

 

 

Le 1er juin 2012, au second jour d'une conférence organisée par le groupe, le site du quotidien anglais The Guardian évoqua Bilderberg en soulignant le profil singulier de son fondateur : le Polonais Joseph Retinger, secrétaire général du "Mouvement européen" et -surtout- agent secret britannique financé par la CIA.

 

Au même moment, fin mai/début juin 2012, François Hollande, à peine élu à la présidence de la République, composait son futur gouvernement. 

 

Ironie du sort, son "copain" et condisciple de l'Ena, le richissime Henri de Castries (tous deux nés d'ailleurs à trois jours d'intervalle, en août 1954), venait d'inaugurer sa présidence du Bilderberg. Selon l'hebdomadaire Challenges (en date du 6 octobre 2011), le patron d'Axa avait contribué au financement de la campagne des primaires socialistes de François Hollande

 

L'actuel chef de l'État peut ainsi se targuer d'avoir été assisté, dans sa course à la présidence, par deux personnalités influentes sur la scène internationale : Henri de Castries, patron du Bilderberg, et Larry Hochberg, président d'un lobby israélo-américain dénommé Elnet.

 

 

Last but not least, Emmanuel Macron, ministre de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique.

 

Ce proche de Jacques Attali, chantre hexagonal par excellence de la mondialisation, avait lui-même été coopté, comme l'avait révélé Panamza, pour se joindre à la réunion à huis-clos du Bilderberg. Ce fut également le cas de Manuel Valls en 2008 : celui qui était encore député-maire d'Évry aura du mal, trois ans plus tard, à évoquer le sujet de manière transparente et sereine.

 

 

 

 

Résumons : en juin 2014, devant le patron du Medef (Pierre Gattaz, un homme formé à Washington), le Premier ministre Manuel Valls — déjà proche de l'influente banque franco-américaine Lazard — a évoqué son "intérêt" pour les opinions d'Henri de Castries, président du Bilderberg qui a financé la pré-campagne présidentielle de son ami de jeunesse François Hollande et convié Emmanuel Macron dans son club atlantiste.

 

En cette année 2015, de nouveaux Français ont été invités : entre autresAlain Juppé (probable futur postulant pour l'Élysée), Laurence Boone (spéciale conseillère économique et financière de François Hollande), l'universitaire Gilles Kepel et Patrick Calvar, directeur de la DGSI.

 

La venue de ce dernier, censé participer à un débat — sans couverture médiatique — à propos du terrorisme, pose question : que vient faire un haut-fonctionnaire d'État — chargé de défendre les intérêts de la France et dont le pouvoir va désormais s'accroître avec l'adoption de la Loi Renseignement — dans une réunion tenue à huis clos avec des dirigeants financiers, militaires et politiques étrangers ? 

 

Rappelons d'ailleurs que Patrick Calvar est l'homme directement co-responsable, avec son ministre de tutelle Bernard Cazeneuve, des prétendues "défaillances" — évoquées par la presse, mais non suivies de la moindre sanction — du renseignement dans la surveillance (interrompue en juillet) des frères Kouachi, auteurs présumés de l'attentat de Charlie Hebdo.

 

 

Club Rockefeller

 

Un détail significatif doit être évoqué pour conclure cet article relatif aux liens accrus du Bilderberg avec la classe dirigeante française : un homme joue un rôle fondamental et subtil — mais opaque — dans l'édification du groupe depuis 1954. Il s'agit de David Rockefeller.

 

Né en 1915, ce milliardaire américain — toujours vivant — continue d'exercer la fonction privilégiée de "conseiller" unique auprès du Bilderberg.

 

Responsable principal de la construction — dans les années 60 et avec son frère Nelson — du World Trade Center de New York (les tours jumelles étaient d'ailleurs surnommées David &  Nelson), le puissant personnage avait momentanément eu, de son propre aveu, des relations tumultueuses avec la communauté juive et sioniste en raison de son rôle d'émissaire "pro-arabe" de l'ex-président Richard Nixon. En 1970, le revirement eut lieu : il fit amende honorable en publiant une lettre ouverte en faveur d'un soutien total des Etats-Unis envers le régime de Tel Aviv.

 

Récemment, David Rockefeller a été sollicité par un documentariste à propos de sa réaction lors de l'opération israélo-américaine sous faux drapeau du 11-Septembre

 

 

  

"J'étais là", dit-il en souriant brièvement avant de laisser échapper un long silence, le regard perdu au loin.

 

 

 

PAR HICHAM HAMZA – panamza.com – le 11 juin 2015.

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LA GUERRE... OU LE GOUVERNEMENT DE LA PEUR

LA GUERRE... OU LE GOUVERNEMENT DE LA PEUR | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Illustration : chaos-controle.com


 

 

LA GUERRE... OU LE GOUVERNEMENT DE LA PEUR

Par Michel Lhomme

 

D’après un officier de l’OTAN, nous serons probablement en guerre cet été, mais avec de la chance, elle ne sera pas nucléaire. Certes, il ne s’agit pas d’une annonce officielle, mais d’une information révélée à John Schindler, ancien analyste de la NSA et officier du contre-espionnage par un haut gradé de l’OTAN. Il a alors souhaité partager cette information sur Twitter. 

 

S’agit-il simplement du ressenti d’un officier et d’un zèle professionnel ou y a-t-il de réelles raisons de s’attendre à une guerre imminente ? En tout cas, dans le contexte de tensions croissantes dans plusieurs régions du monde avec des guerres régionales, des guerres par procuration entre les deux axes, des provocations de part et d’autre, des manœuvres militaires de plus en plus régulières et massives pour se préparer au combat, on ne peut pas dire que l’ambiance générale sur la scène internationale soit à l’apaisement. On sent bien qu’il ne manque plus qu’un événement déclencheur pour mettre le feu aux poudres. Le seul espoir de détente est pourtant la fin du mandat de Barack Obama qui doit justifier son prix Nobel de la Paix alors que pendant ce temps, les faucons s’activent autour de la candidature d’Hillary Clinton aux primaires démocrates.

 

La Russie, qui est ouvertement dans une démarche active de préparation à une guerre mondiale, (si vis pacem para bellum) a récemment lancé un pic assez caustique à l’attention des Occidentaux par le biais du Premier ministre russe Dimitri Rogozine. « Je plaisante toujours à ce sujet. Ils ne nous donnent pas de visa, ils ont pris des sanctions contre nous, soit. Mais les chars n’ont pas besoin de visa », a-t-il lancé sur le ton de l’humour pendant une émission diffusée dimanche soir sur la chaîne publique Russia 1, précisant par ailleurs que le bouclier nucléaire russe est très bon, « plus puissant que n’importe quel autre ». La Russie comme la Chine se placent dans une démarche défensive face aux menaces occidentales

 

La semaine dernière, le journal chinois Global Times a affirmé qu’une « guerre est inévitable » avec les États-Unis sur la mer de Chine méridionale si Washington continue à exiger l’arrêt de la construction d’îles artificielles par Pékin, le gouvernement chinois installant une sorte de maillage d’îles forteresses en fer à cheval tout au long de ses côtes. Pékin dit aussi « se préparer minutieusement » à un conflit avec les États-Unis. Le Global Times, influent tabloïd populaire au ton nationaliste qui est la propriété du Quotidien du peuple, l’organe officiel du PC chinois, a en tout cas estimé dans un éditorial que la Chine est résolue à terminer les travaux entrepris en particulier dans l’archipel des Spratleys, en mer de Chine méridionale et la semaine précédente, les autorités chinoises s’étaient déclarées « fortement mécontentes » du survol de la zone par un avion-espion américain. Washington et Pékin se sont mutuellement accusés d’alimenter l’instabilité dans la région. Par ailleurs, les stocks d’or de la Chine n’ont jamais été aussi élevés. Or, en quelques jours, il suffirait à la Chine de quelques mouvements boursiers pour mettre l’économie américaine surendettée à genoux.

 

 

En Amérique du Sud, la Chine va encore plus loin. Non contente de financer le canal du Nicaragua, elle vient d’annoncer un deuxième projet transatlantico pacifique qui traverserait le Brésil et le Pérou en brisant une seconde fois le monopole du canal de Panama.

 

En visite au Brésil, le Premier-Ministre Chinois, Li Keqiang a effectivement signé pour plusieurs milliards de dollars d’accords économiques dont le plus important est le financement d’une voie ferrée transcontinentale qui va relier le Brésil au Pérou c’est-à-dire l’Océan Atlantique à l’Océan Pacifique et par conséquent à l’Asie. S’il s’agit dans un premier temps de favoriser les exportations brésiliennes de produits agroalimentaires comme le soja et la viande, cette voie ferrée devrait aussi devenir un nouveau corridor, le deuxième sous contrôle chinois, entre les deux océans. Or, cette voie ferrée concernera aussi des exportations minières, des produits industriels et des dérivés pétrochimiques produits à partir des gisements off-shore de la façade atlantique du Brésil. Elle drainera aussi les minerais et le gaz péruviens. À noter que le Président bolivien, le gauchiste Evo Morales, s’est insurgé contre le choix du Pérou comme unique espace de transit vers l’océan Pacifique et affirme qu’une voie ferrée désenclavant la Bolivie aurait été moins chère à construire et plus rentable à exploiter.

 

En tout cas, au Pérou, curieusement, des associations indigénistes soutenues par de grandes ONG occidentales comme WWF ou Greenpeace sont sorties immédiatement de leur silence pour manifester leur opposition au projet. C’est aussi le cas au Brésil où parmi les opposants au projet, on retrouve Paulo Adario, directeur des campagnes Amazonie de Greenpeace, soupçonné sur place d’être un agent de la NSA. Du point de vue géopolitique, cet accord chino-brésilien est en tout cas la victoire de l’école géopolitique dite « « méridionaliste » » qui préconise le développement des relations sud-sud à l’Université de Sao Paulo. Son principal penseur est le géopolitologue brésilien, André Martin.

 

Les ONG environnementalistes sont, en fait, de plus en plus le cheval de Troie des  États-Unis et de l’Occident et ce n’est pas pour rien que Vladimir Poutine a promulgué récemment une loi contre toutes les ONG étrangères dont l’activité représente selon lui une menace pour la Russie et sa capacité de défense. Comme le souligne la présidente du Sénat russe, Valentina Matvienko, les ONG « s’ingèrent dans les affaires des États souverains » et ce sont elles qui sont responsables des « coups d’État » soudain, des « révolutions orange » ou des « printemps arabes » de la colère démocratique.

 

 

 

Par Michel Lhomme - metamag.fr – le 4 juin 2015.

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Le tout-Paris tweete "good luck" à Hillary Clinton

Le tout-Paris tweete "good luck" à Hillary Clinton | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Le tout-Paris tweete "good luck" à Hillary Clinton

 Par Patrice de Plunkett (*)

 

La sujétion française s'affiche une fois de plus :

 

 « I'm running for president. Everyday Americans need a champion, and I want to be that champion... » Archétype de la classe dominante, Hillary Clinton – qui vit dans un verdoyant palais new-yorkais [1] et dont la fortune dépasse 25 millions de dollars – tweete qu'elle veut être la candidate de l'Américain moyen, ce qui montre un fier culot de sa part : la presse US annonce que le trésor de guerre de la campagne Clinton, alimenté par les grands intérêts financiers, va se monter à 2,5 millions de dollars.

 

Mais voilà : comme si Hillary était élue d'avance (« Queen Hillary the Inevitable », ironisent les sites contestataires américains), les dirigeants de la classe politique française lui tweetent des félicitations. Et ils le font tous en anglais, car leur allégeance ne va pas à un parti : elle va à l'Amérique en soi.

 

— Manuel Valls (sobre) : « Good luck @HillaryClinton !»

 

— Nicolas Sarkozy (redevenant Sarko-l'Américain) : « Good luck @HillaryClinton ! I know how strong your passion is for the United States. - NS. »

 

— Marisol Touraine (polarisée) : « Go Hillary ».

 

— Christiane Taubira (faisant des phrases à sa manière, et copiant-collant quatre mots d'un poète américain) : « @HillaryClinton running, good news ! Could fair winds strengthen your sails and give you wings [2]. 'Hold fast to dreams' Langston Hughes - ChT »

 

Les humoristes prétendront que ces enthousiasmes parisiens viennent d'une lecture littérale du premier communiqué de presse de John Podesta, chef de la campagne Clinton, texte qui semblait dire – en raison d'une faute de frappe – que la candidate avait «combattu les enfants et la famille durant toute sa carrière » : « Hillary has fought children and family all his career »... Manquait évidemment le mot « for ».

 

 

Les analystes préféreront disséquer la réaction du tout-Paris.

 

Sur qui se porte son enthousiasme ?

 

Sur une femme politique d'une remarquable brutalité, résolue à tout pour enrayer le déclin de l'empire américain. La vision planétaire hillaryenne est-elle si différente de celle des néoconservateurs, qui ont mis à feu et à sang le Proche-Orient (et veulent en faire autant avec le monde slave) ?

 

En 2013, Mme Clinton avait voté pour l'invasion de l'Irak, cause de toutes les catastrophes ultérieures.


En 2014, parlant en tant qu'ex-chef de la diplomatie américaine, elle assimilait Vladimir Poutine à Hitler : ce qui impliquait en pointillé une entrée en guerre des Etats-Unis. Depuis six mois elle fait savoir qu'elle désapprouve les raisonnables velléités d'Obama en direction de Téhéran...

 

Sur le plan économique, Mme Clinton se pose en incarnation de l'âge d'or que fut, aux yeux de Wall Street, la présidence de son mari.

 

Souvenons-nous de Bill Clinton abolissant le Glass-Steagall Act de 1933 (qui séparait banque de dépôt et banque d'investissement) : d'où, entre autres, la naissance de Citigroup qui allait coûter 300 milliards au gouvernement américain en novembre 2008 !

 

L'abolition du Glass-Steagall Act avait été obtenue par les principaux banquiers US, réunis à la Maison-Blanche le 13 mai 1996  en compagnie du secrétaire du Trésor : le clintonien Robert Rubin, ex-patron de Goldman-Sachs... Ce qui suivit cette réunion allait « coûter quelques milliers de milliards de dollars à l'économie mondiale, favoriser l'envol de la dette des États, et provoquer la perte de dizaines de millions d'emplois ». [3]

 

C'est dans ce contexte qu'il faut comprendre la jubilation courtisane de nos hommes et femmes politiques (ainsi que des neuf dixièmes de la presse française), à l'idée de voir la Maison-Blanche redevenir le siège des Clinton.

 

Mais les américanolâtres français ont deux caractéristiques : ils parlent mal anglais et ils ne comprennent rien aux Américains. Fin mars, le Washington Post faisait remarquer que l'indice d'opinions en faveur de Mme Clinton était inférieur à 50 %, et que son classement en tête des précandidats démocrates tenait moins à ses talents qu'à la pagaille chez les républicains.

 

Quant à Downtrend.com, en guerre contre « l'oligarchie corrompue qui contrôle le perchoir », il compare carrément les allégations de Mme Clinton (au sujet de ses courriels illégaux) à celles de... Richard Nixon au sujet du Watergate.

 

Mais n'allez pas expliquer tout ça chez Nicolas Sarkozy ou chez nos ministres : on rirait beaucoup de vous.

 

 

Par Patrice de Plunkett (*) - plunkett.hautetfort.com – le 13 avril 2015

(*) Patrice de Plunkett est un journaliste et essayiste français, qui codirigea le Figaro Magazine… (Source Wikipédia)

Notes :

[1] Alors qu'elle et Bill emménageaient dans cette résidence fastueuse, Mme Clinton déclarait : « nous sommes dead broke (complètement fauchés). »

[2] « Que des vents favorables donnent force à vos voiles et vous donnent des ailes », lui écrit-elle... Taubira, c'est le maire de Champignac. (Comme disait le vieux pastiche :  « la vie est un tissu de coups de poignards qu'il faut savoir boire goutte à goutte »).

[3] Le Monde diplomatique, juin 2010.


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Made in USA - Le viol comme arme de guerre

Made in USA - Le viol comme arme de guerre | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Colorado Springs – L’Eldorado des violeurs de l’US Air Force

 

 

Made in USA - Le viol comme arme de guerre

Par Felicity Arbuthnot (*)

 

« C’est vraiment un comportement du XIXe siècle : au XXIe siècle, on n’envahit pas un autre pays sous un faux prétexte dans ses propres intérêts. »  (le Secrétaire d’État John Kerry lors d’une rencontre avec la presse, le 2 mars 2014)

 

De nombreux textes professionnels de psychologie sont clairs et nets : « La projection est un mécanisme de défense qui consiste à attribuer aux autres ses propres caractéristiques ou sentiments inacceptables. »

 

Et aussi :

 

« La projection se manifeste chez les personnes normales surtout dans des moments de crise personnelle ou politique, mais on la rencontre le plus souvent chez des personnes névrotiques ou psychotiques qui fonctionnent à un niveau primaire et souffrent de troubles de la personnalité narcissiques ou au comportement limite », explique Wikipédia.

 

Gardant cela à l’esprit, il vaut la peine de revenir sur l’attaque de la Libye et sur l’affirmation de Susan Rice, à l’époque ambassadrice des États-Unis à l’ONU, en 2011, selon laquelle le gouvernement libyen distribuait du Viagra à ses troupes et leur donnait l’instruction d’utiliser le viol comme arme pour susciter la terreur.

 

Mais antiwar.com a rapporté qu’on avait pu apprendre sur MSNBC [chaîne TV d’information en continu, NDT] que « des employés de l’armée et des services secrets avaient dit qu’il n’y avait aucun élément à l’appui des affirmations de Rice. Effectivement, de nombreux rapports faisaient état du viol comme arme, mais aucun de ces rapports ne mentionnait la Libye. »

 

Plusieurs diplomates ont critiqué le manque de preuves de Rice et ont suggéré qu’elle tentait « de convaincre les sceptiques que le conflit en Libye n’était pas seulement une guerre civile normale, mais que c’était beaucoup plus grave, une guerre dans laquelle Kadhafi n’hésitait pas à pousser ses troupes aux actes les plus terribles. »

 

Cette histoire a rappelé les innombrables mensonges racontés à propos de l’attaque lancée en 1991 par les États-Unis contre l’Irak, notamment l’histoire des soldats irakiens qui condamnaient à mort des bébés prématurés parce qu’ils volaient les couveuses. Naturellement, l’histoire avait été concoctée par une agence de publicité, Hill & Knowlton Strategies Inc., qui passait alors pour la plus grande agence au monde, et qui avait été mandatée par le gouvernement koweïtien.

 

En larmes, Nayirah, une aide-infirmière, avait apporté un témoignage, qui avait frappé le monde d’horreur. Mais il s’est avéré qu’elle était la fille de l’ambassadeur du Koweït à Washington, et qu’elle n’était ni une aide ni un témoin au Koweït. Naturellement, Amnesty International a soutenu cette fiction, ce qui lui a causé une perte de crédibilité durable. Mais, grâce à ça, comme deux décennies plus tard en Libye, le sort de l’Irak était scellé.

 

L’ambassadrice états-unienne Susan Rice et la conseillère en politique étrangère Samantha Power ont le mérite d’avoir convaincu le président Obama d’intervenir. À la fin avril, Rice a aussi fait pression pour une intervention en Syrie et a prétendu que le président Assad demandait le soutien de l’Iran pour réprimer les citoyens syriens. Et elle l’a promis : « Les États-Unis continueront à intervenir pour la démocratie et le respect des droits humains et des droits universels que tous les êtres humains méritent, en Syrie et dans le monde entier. » (Guardian, 29 April 2011)

 

Quand on regarde l’état de ruines apocalyptiques dans lequel sont plongées des vies humaines et des pays entiers après les interventions non sollicitées des États-Unis pour garantir la démocratie, les droits humains et les droits universels, il y en a certainement quelques-uns qui ne font pas que pleurer en silence.

 

Amnesty, peut-être grillé, n’a pas seulement mis en question l’absurdité du Viagra en Libye, mais l’a nié catégoriquement. Selon Donatella Rovera, leur responsable pour les crises, qui a passé trois mois en Libye au début de la crise : « Nous n’avons trouvé absolument aucune preuve, ni la moindre victime de viol, ni médecin, qui saurait quelque chose sur des viols. »

 

Liesel Gerntholtz, responsable des droits des femmes auprès de Human Rights Watch, qui a aussi enquêté sur les allégations de viol, a déclaré : « Nous n’étions pas en mesure de trouver des preuves. »

La Secrétaire d’État américaine veni, vidi, vici de l’époque, Hillary Clinton, a pour sa part déclaré qu’elle était profondément préoccupée et que « le viol, l’intimidation physique, le harcèlement sexuel et ce qu’on nomme ‹tests de virginité› n’ont pas eu lieu seulement en Libye, mais dans toute la région. » Ce qui a semble-t-il ouvert la voie à de nouveaux pillages à travers toute l’Afrique, sous prétexte de démocratie, de droits humains, etc.

 

Luis Moreno-Ocampo, procureur à la Cour internationale de justice, est intervenu à son tour avec obéissance pour communiquer à la presse « … des informations selon lesquelles une politique de viol systématique a été pratiquée en Libye contre les opposants au régime. Visiblement, cela a été utile à celui-ci (le colonel Kadhafi) pour condamner les personnes. » Il serait bienvenu d’émettre quelques doutes quant à l’impartialité et à la précision des preuves de la CIJ.

 

Une semaine après le début des bombardements sur la Libye, en mars 2011, Eman al-Obeidy a fait irruption dans un hôtel de Tripoli et a raconté aux journalistes étrangers qu’elle avait été violée. Les porte-parole du gouvernement ont soutenu qu’elle avait des problèmes psychiques, qu’elle était ivre, qu’elle était une voleuse et une prostituée et qu’elle serait inculpée pour diffamation. Le monde en a fait des gorges chaudes.

 

En juin 2011, Mme al-Obeidy se trouvait aux États-Unis, à Boulder, au Colorado, où elle a obtenu le droit d’asile en un temps record avec l’aide de Hillary, selon des informations états-uniennes.

 

En novembre 2014, Mme al-Obeidy, connue maintenant sous le nom d’Eman Ali, a été arrêtée pour violation de sa mesure de probation et de son sursis. C’était sa troisième incarcération. Une plainte affirmait que ses tests aux opiacés et à l’alcool étaient positifs. Le sursis portait sur un fait présumé qui se serait produit dans un bar de Boulder, où al-Obeidy avait été accusée d’avoir renversé son verre sur un client puis d’avoir lancé le verre. Le procès a été fixé au 17 février, il est possible que son statut de réfugiée lui soit retiré.

 

Mais revenons à la projection. Il est maintenant de notoriété publique que le Pentagone a distribué du Viagra au troupes états-uniennes depuis 1998. En une année, 50 millions de dollars ont été dépensés pour garder les troupes, disons, en érection : « Le coût aurait suffi, en gros, pour deux jets Harrier pour le corps de marines ou 45 missiles de croisière Tomahawk… »

 

Jusqu’en 2014, les frais extraordinaires pour ravitailler l’armée en articles pour farces et attrapes ont atteint la somme astronomique de 504 816 $, prélevés sur les impôts des contribuables. Et 17 000 $ ont encore été dépensés pour des moyens supplémentaires destinés à améliorer les érections.

 

Le Washington Free Beacon a évalué que « … le montant dépensé l’an dernier par le Pentagone pour le Viagra a offert 80 770 heures, 33 minutes et 36 secondes de performance sexuelle, étant admis que les érections ne durent pas plus de quatre heures, selon les recommandations des médecins. »

 

C’est sûrement tout à fait par hasard que Joachim Hagopian a publié le 14 février, le jour de la Saint Valentin, un article intitulé « Attaques sexuelles dans l’armée états-unienne – il y a plus de violeurs à l’Académie des Forces de l’air que dans toute autre université en Amérique… »

 

Une enquête de 2012 a révélé un nombre sans précédent de plus de « 26 000 incidents de contacts sexuels non désirés, qui ont été signalés par des hommes et des femmes dans l’armée ». En outre, « … un autre officier de haut rang, chargé de la réduction des agressions, a lui-même fait l’objet d’une plainte et d’une enquête ».

L’US Air Force à Colorado Springs, écrit Hagopian « compte plus de violeurs sur le campus que toute autre université dans le pays ».

 

Mais il semble que les planificateurs de l’armée états-unienne sont vraiment obsédés par les fonctions sexuelles et corporelles. En 1994, ils ont envisagé d’utiliser des phéromones (un stimulant hormonal) contre les troupes ennemies « … pour transformer les adversaires en amoureux transis et passionnés qui se rueraient les uns sur les autres ».

 

« Pendant que les adversaires sont occupés à faire l’amour plutôt que la guerre… », les meilleurs gars d’Amérique peuvent les tailler en pièces. Cette idiotie militaire avait été baptisée la bombe gay.


On a aussi rêvé de submerger l’ennemi de produits provoquant l’halitose (mauvaise haleine), les flatulences et les nausées. Une obsession des fonctions corporelles règne indubitablement dans l’armée, officiellement et inofficiellement.

 

La projection « … se manifeste plus fréquemment… chez des personnalités fonctionnant à un niveau primaire. » En effet. Et quand on pense que Saddam Hussein, comme le colonel Kadhafi, ont été traités de fous par de tels types…

 

 


Par Felicity Arbuthnot (*)- traduit par Diane, relu par jj pour le Saker Francophone - le 18 février 2015 – Source saker allemand

 

 

(*) Felicity Arbuthnot est une journaliste spécialiste de l’Irak. Coauteur avec Nikki van der Gaag, de la série Baghdad in the Great City pour le World Almanac books, elle a aussi dirigé des recherches pour deux documentaires qui ont reçu des prix sur l’Irak : John Pilger’s Paying the Price : Killing the Children of Iraq et Denis Halliday Returns pour RTE (Ireland.) (Source : fasozinfo.wordpress.com)

Felicity Arbuthnot est une journaliste spécialisée dans les questions sociales et environnementales, possédant des connaissances particulières de l’Irak, un pays dont elle a visité plus de trente fois depuis la guerre du Golfe de 1991. Elle est une Journaliste bien connue (Al Ahram, Jordanien Times, Sunday Herald,...) qui milite contre les sanctions… (cfr. brusselstribunal.org)


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La Russie tire ses marrons du feu

La Russie tire ses marrons du feu | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : de gauche à droite : Riad Haddad (ambassadeur de Syrie à Moscou), Walid Mouallem (ministre syrien des Affaires étrangères), Bouthaina Shaaban (conseillère spéciale du président el-Assad), Sergueï Lavrov (ministre russe des Affaires étrangères), Vladimir Poutine (président de la Fédération de Russie), le 29 juin 2015.

 

 

 

La Russie tire ses marrons du feu

Par Thierry Meyssan (*)

 

Les négociations 5+1 piétinent, non pas du fait de Washington et de Téhéran, mais parce que Moscou entend que le nouvel ordre régional au Moyen-Orient élargi ne viole pas ses intérêts. Thierry Meyssan lève un coin du voile sur la prolongation des entretiens de Lausanne. 

 

Les négociations 5+1 trainent en longueur. Après les problèmes de santé de MM. Kerry et Zarif, toutes sortes d’autres prétextes ont été évoqués pour repousser la signature de l’accord. Pourtant, ni Washington ni Téhéran ne semblent s’affoler. Au contraire, tout fonctionne comme si le problème n’était plus entre les États-Unis et l’Iran, mais entre eux et le Conseil de sécurité.

 

J’ai, ici, révélé les négociations secrètes entre Israël et l’Arabie saoudite pour s’adapter aux conséquences de l’accord [1]. Je ne dispose pas d’informations aussi précises sur l’initiative russe, mais nous pouvons en déduire les grandes lignes.

 

L’accord états-uno-iranien [2] est la stratégie de second choix pour le président Obama après l’échec du partage du « Moyen-Orient élargi » avec la Russie, en 2013 [3]. Lors de la première conférence de Genève à propos de la Syrie (mais sans elle), Washington envisageait de confier à Moscou le soin de brider les pays arabes et d’assurer la sécurité d’Israël où résident plus d’un million d’anciens Soviétiques. Toutefois ce plan échoua, non par la faute des Russes, mais du fait de la division de l’administration Obama. Les obsédés de la Guerre froide, Hillary Clinton et le général David Petraeus en tête sabotèrent l’accord.

 

Il est donc tout à fait logique que Moscou s’assure aujourd’hui que les négociations états-uno-iraniennes ne se fassent pas à ses dépens.

 

Quels sont les objectifs stratégiques de la Russie ?

 

Au plan global, la Russie et la Chine poursuivent leur projet d’établir des routes continentales qui garantissent leur liberté économique. Tandis que les États-Unis tentent par tous les moyens de les en empêcher pour conserver la domination du monde via le contrôle des routes maritimes (théorie du « contrôle des espaces communs ») [4].

 

 

Le gaz contre les armes

 

En ce qui concerne le « Moyen-Orient élargi » [5], la Russie considère que son intérêt est d’avoir à sa frontière méridionale un Iran assez fort pour empêcher une invasion pro-occidentale, mais pas trop fort pour ne pas revenir aux fantasmes de l’Empire perse. Vladimir Poutine entretient aujourd’hui d’excellentes relations tant avec le Guide de la révolution, l’ayatollah Khamenei, qu’avec le président de la République, le cheikh Rohani. Il a pris acte à la fois des succès militaires des Gardiens de la Révolution en Palestine, au Liban, en Syrie, en Irak et au Bahreïn, aussi bien que du formidable développement industriel de l’Iran. Plusieurs fois par semaine, des émissaires russes, officiels ou officieux, se rendent à Téhéran pour échanger des informations politiques, mais aussi militaires et économiques.

 

La Russie s’inquiète des conséquences de la prochaine vente du gaz iranien à l’Union européenne ; un projet qui avait été initialement imaginé par les États-Unis de sorte que Bruxelles puisse se passer du gaz russe. Mais, dans l’esprit de Moscou, ce risque n’existe qu’à court terme, car progressivement la Russie se détourne de l’Union européenne et, à moyen terme, elle vendra son gaz à la Chine. Le risque pour les finances russes n’existe donc que pour une période inférieure à 5 ans, voire moins ; juste le temps de construire ou de renforcer les gazoducs à travers la Sibérie. Pour dédommager la vente du gaz iranien à la place du gaz russe en Europe de l’Ouest, Téhéran s’est donc engagé à acheter pour des sommes considérables de l’armement russe. Il s’agira principalement de missiles antiaériens S-400, capables de détruire n’importe quel aéronef en vol.

 

Cependant, cet accord se heurte à la résolution 1929 du Conseil de sécurité qui prohibe l’exportation d’armes à destination de l’Iran [6] ; une résolution que le président Medvedev avait décidé de soutenir et d’appliquer provoquant une crise avec son Premier ministre d’alors Vladimir Poutine. C’est pourquoi, le même Vladimir Poutine demande aujourd’hui que cette résolution soit abrogée avant la signature de l’accord 5+1.

 

Ce point ne devrait pas heurter Washington, mais accroitra la division du monde en deux blocs.

 

 

Le terrorisme

 

L’autre intérêt stratégique russe dans ce dossier, c’est l’avenir de Daesh. Il ne fait plus aucun doute que l’organisation terroriste, aujourd’hui commandée par la Turquie et financée par une partie de la famille royale saoudienne, est prête à abandonner l’Irak et la Syrie pour se déplacer dans le Caucase russe. Depuis septembre 2014, la direction de l’Émirat islamique a été purgée de ses officiers maghrébins. Ils ont presque tous été remplacés par d’ex-Soviétiques, principalement des Géorgiens et des Ouzbeks. Actuellement, les communications intérieures des officiers de Daesh, par talkie-walkie, ne sont plus en arabe, mais presque toujours en russe ; les jihadistes arabes n’étant que de la chair à canon. Moscou doit donc éliminer Daesh, maintenant au « Proche-Orient », ou devoir le combattre sur son propre sol, demain dans le Caucase.

 

C’est pourquoi la Russie a convoqué une délégation syrienne à Moscou. À la grande surprise du ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Moallem, la délégation n’a pas discuté avec son homologue russe, Sergeï Lavrov, mais a été reçue par le président Poutine, le 29 juin. Celui-ci l’a chaleureusement accueilli en public, en présence de la presse, pour lui délivrer un long discours lui indiquant le projet russe : la Syrie doit se rapprocher de l’Arabie saoudite, de la Jordanie et de la Turquie pour éliminer Daesh. Puis, M. Mouallem fut invité à prendre la parole au point de presse aux côtés du président Poutine, sans jamais avoir eu l’occasion de lui répondre.

 

À l’évidence, la Russie avait déjà secrètement discuté de ce plan non seulement avec l’Arabie saoudite [7], la Jordanie et la Turquie [8], mais aussi avec l’Iran. Et elle tenait à montrer au reste du monde qu’elle était en mesure de dicter sa politique à la Syrie. Cette dernière, quoiqu’interloquée par le plan russe, ne peut qu’y trouver son compte puisqu’il marquerait la fin de la guerre.

 

Au demeurant, le plan russe correspond à la position syrienne qui, depuis janvier 2014 et la seconde conférence de Genève (où elle était invitée à la différence de la première conférence), appelle à l’unité internationale face au terrorisme. Une position qui n’a cessé de faire ricaner vu que les jihadistes sont soutenus, sous le nom d’« opposition modérée » syrienne… par l’Arabie saoudite, la Jordanie, la Turquie et d’une manière générale par l’OTAN.

 

 

Le plan russe est-il réalisable ?

 

Le plan russe, qui est dans l’intérêt de tous les États du « Moyen-Orient élargi », contrevient cependant aux accords déjà négociés entre les Saoudiens et les Israéliens. En outre, il prive la Turquie — et donc l’OTAN — de sa carte majeure : le contrôle du jihadisme international. Sa mise en œuvre dépend de l’équilibre interne de chaque État impliqué ; un sujet qui comprend de très nombreuses incertitudes, mais à propos duquel les services russes doivent être bien renseignés.

 

En réalité, le plan russe pose la question de la sincérité des États-Unis. Veulent-ils vraiment la paix au « Moyen-Orient élargi » (pour transférer leurs troupes en Extrême-Orient) et sont-ils prêts pour cela à se priver de Daesh comme arme future contre la Russie ?

 

C’est pourquoi les consultations continuent. Le président Rohani est en Russie à l’occasion du sommet des BRICS et de l’Organisation de coopération de Shanghaï à Oufa, le président Poutine se rendra en Turquie avant la formation du nouveau gouvernement ou les prochaines élections législatives, tandis que le roi Salman d’Arabie saoudite est attendu à Moscou.

 

 

 

Par Thierry Meyssan (*) - RÉSEAU VOLTAIRE | DAMAS (SYRIE) | 13 JUILLET 2015

  

Notes :

[1] « Exclusif : Les projets secrets d’Israël et de l’Arabie saoudite », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 22 juin 2015.

[2] « Que deviendra le Proche-Orient après l’accord entre Washington et Téhéran ? », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 18 mai 2015.

[3] « Obama et Poutine vont-ils se partager le Proche-Orient ? », par Thierry Meyssan, Оdnako (Russie), Réseau Voltaire, 22 février 2013.

[4] “The Geopolitics of American Global Decline”, by Alfred McCoy, Tom Dispatch (USA), Voltaire Network, 22 June 2015.

[5] « Quelle place pour la Russie au Proche-Orient ? », par Thierry Meyssan, Оdnako (Russie), Réseau Voltaire, 28 juillet 2010.

[6] « Résolution 1929 du Conseil de sécurité », Réseau Voltaire, 9 juin 2010.

[7] « Arabie saoudite et Russie : nouvelle prise de contact », par Boris Dolgov, Traduction Julia, Strategic Culture Foundation (Russie), Réseau Voltaire, 9 juillet 2015.

[8] « Comment Vladimir Poutine a renversé la stratégie de l’OTAN », par Thierry Meyssan, Оdnako (Russie), Réseau Voltaire, 8 décembre 2014.

 

 

(*) Thierry Meyssan : Consultant politique, président fondateur du Réseau Voltaire et de la conférence Axis for Peace. Dernier ouvrage en français : L’Effroyable imposture : Tome 2, Manipulations et désinformations (éd. JP Bertand, 2007). Compte Twitter officiel.

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Vers la fin du système Erdoğan - partie 1/2

Vers la fin du système Erdoğan - partie 1/2 | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : l’islamiste Recep Tayyip Erdoğan prend la succession du prince saoudien Bandar bin Sultan après l’attentat qui l’écarte de la scène en 2012 et devient le coordinateur du terrorisme international. Il prend la succession du Qatar en 2014 lorsque celui-ci doit renoncer à parrainer les Frères musulmans et devient ainsi le vrai leader de la Confrérie. Grisé par son succès, il se croit indispensable aux États-Unis et viole les règles de l’OTAN en signant le traité Turkish Stream avec la Russie.

 

 

Vers la fin du système Erdoğan - partie 1/2

 

 

Thierry Meyssan, qui avait annoncé la chute de Recep Tayyip Erdoğan dès décembre 2014 alors que tous les commentateurs internationaux persistaient à le croire gagnant des élections législatives, revient ici sur la carrière du président turc. Dans cette synthèse, il met en lumière les liens de l’AKP avec les Frères musulmans et le rôle de M. Erdoğan dans la coordination du terrorisme international après l’attentat contre le prince saoudien Bandar bin Sultan.

 

 

L’islamiste Recep Tayyip Erdoğan prend la succession du prince saoudien Bandar bin Sultan après l’attentat qui l’écarte de la scène en 2012 et devient le coordinateur du terrorisme international. Il prend la succession du Qatar en 2014 lorsque celui-ci doit renoncer à parrainer les Frères musulmans et devient ainsi le vrai leader de la Confrérie. Grisé par son succès, il se croit indispensable aux États-Unis et viole les règles de l’OTAN en signant le traité Turkish Stream avec la Russie.

 

 

Échec aux élections législatives


Le résultat des élections législatives turques ne menace pas simplement les projets de Recep Tayyip Erdoğan, qui se voyait déjà en nouveau Sultan, mais le pouvoir même de son parti, l’AKP. Chacun des trois autres partis (MHP conservateur, CHP socialiste et HPD gauche) a indiqué refuser de former un gouvernement de coalition avec lui et souhaiter, au contraire, former une coalition à trois. Dans le cas où ils n’y parviendraient pas d’ici 45 jours, il conviendrait alors soit de confier aux socialistes le soin de former une coalition gouvernementale – une option déjà écartée par l’AKP –, soit de convoquer à nouveau des élections législatives.

 

Ce scénario semble encore improbable, comme le résultat de l’élection paraissait impossible à la quasi-totalité des commentateurs politiques jusqu’au scrutin du 7 juin. Cependant, en signant le 1er décembre 2014 un accord économique avec Vladimir Poutine pour lui permettre de contourner les sanctions de l’Union européenne (Turkish Stream), M. Erdoğan a défié les règles implicites de l’OTAN. Ce faisant, il est devenu l’homme à abattre à la fois pour Washington et pour Bruxelles. Les États-Unis ont donc largement influé en sous-main durant la campagne électorale pour rendre possible le renversement de l’AKP.

 

Pour cette élection, M. Erdoğan s’était fixé comme objectif de remporter 400 sièges sur 550. En réalité, pour faire adopter une constitution taillée sur mesure qui lui accorde les pleins pouvoirs exécutifs, il espérait 367 sièges. À défaut, il se serait contenté de 330 sièges, ce qui lui aurait permis de convoquer un référendum qui aurait adopté le projet de constitution à la majorité simple. De toute manière, il lui en fallait 276 pour disposer de la majorité parlementaire, mais il n’en aura que 258, ce qui est insuffisant pour conserver seul le pouvoir.

 

La domination de l’AKP, depuis 2002, s’expliquait à la fois par ses bons résultats économiques et par la division de son opposition. Or, l’économie turque est en pleine déroute : le taux de croissance qui flirtait avec les 10 % pendant une décennie a chuté lors de la guerre contre la Libye, puis lors de l’opération secrète contre la Syrie. Il est actuellement de 3 %, mais pourrait rapidement devenir négatif. Le chômage se développe soudainement et atteint les 11 %. Ces guerres ont en effet été conduites contre des alliés de la Turquie et des partenaires économiques indispensables. Quant à la division de l’opposition, la CIA qui l’avait envenimée par le passé s’est empressée d’y remédier.

 

La chose était facile compte tenu de la kyrielle de griefs que l’autoritarisme de M. Erdoğan a suscitée. L’union de l’opposition avait déjà eu lieu, à la base, en juin 2013, lors des manifestations du parc Taksim Gezi. Mais le mouvement avait échoué, d’abord parce qu’à l’époque M. Erdoğan était soutenu par Washington, et parce qu’il était resté un soulèvement urbain. À l’époque, les manifestants protestaient certes contre un projet immobilier, mais principalement contre la dictature des Frères musulmans et la guerre contre la Syrie.

 

Constatant que ce mouvement n’avait pas pu le renverser, l’AKP se pensait, à tort, indétrônable. Il a donc tenté de faire passer en force son programme islamiste (foulards pour les femmes, interdiction de cohabitation pour les célibataires de sexe opposé, etc.). Et ce, alors que l’image pure du Sultan se trouvait soudainement remise en cause par la révélation de la corruption de sa famille. En février 2014, on entendait, sur ce qui paraît être une interception téléphonique, M. Erdoğan demander à son fils de cacher 30 millions d’euros en liquide avant une perquisition de la police [1].

 

Tout ceci sans parler de la purge contre les fidèles de son ancien allié, Fethullah Gülen [2], de l’incarcération massive de généraux, d’avocats et de journalistes [3], du non-respect des promesses faites aux Kurdes, et de la construction du plus grand palais présidentiel au monde.

 

 

 

 

 

 

Cet échec est la conséquence de sa politique étrangère


L’échec de Recep Tayyip Erdoğan ne provient pas de décisions intérieures, c’est la conséquence directe de sa politique étrangère. Les résultats économiques exceptionnels de ses premières années n’auraient pas été possibles sans l’aide en sous-main des États-Unis qui voulaient en faire le leader du monde sunnite. Ils ont été stoppés, en 2011, par le ralliement d’Ankara à l’opération de destruction de la Jamahiriya arabe libyenne qui était jusque là son second partenaire économique. La Turquie a réveillé les liens historiques qu’elle avait avec la tribu des Misratas, principalement des Aghdams, c’est-à-dire des juifs turcs convertis à l’islam et installés en Libye au XVIIIe et XIXe siècle.

 

La Turquie avait conscience qu’en attaquant la Libye, elle perdrait un très important marché, mais elle espérait prendre la tête des gouvernements tenus par les Frères musulmans, déjà en Tunisie, puis probablement en Libye, en Égypte et en Syrie. Ce qui a effectivement eu lieu dans les deux premiers États en 2012, mais n’a pas duré.

 

Ankara s’est engagé dans la guerre contre la Syrie. C’est sur le sol turc que l’OTAN a installé le quartier général de coordination des opérations. Durant la première guerre (celle de 4e génération), allant de février 2011 à la conférence de Genève I de juin 2012, l’OTAN transférait en Turquie les combattants d’al-Qaïda en Libye de manière à créer « l’Armée syrienne libre ». M. Erdoğan se contentait de fournir des bases arrières camouflées en « camps de réfugiés », tandis que la presse occidentale aveuglée ne voyait qu’une « révolution démocratique » (sic) dans la lignée du « printemps arabe » (re-sic).

 

En juin 2012, la victoire électorale des Frères musulmans en Égypte pouvait laisser penser à un avenir radieux de la Confrérie. Aussi M. Erdoğan suivit-il le projet d’Hillary Clinton, du général David Petraeus et de François Hollande de relancer la guerre contre la Syrie, mais sur le mode nicaraguayen cette fois. Il ne s’agissait plus de soutenir une opération secrète de l’OTAN, mais de jouer un rôle central dans une guerre classique de très grande ampleur.

 

Le 16 avril 2014, la presse turque publiait une photographie d’Abu Muhammad, un des officiers supérieurs de Daesh qui avait été blessé par l’Armée arabe syrienne à Idleb, puis transféré par le MIT en Turquie et soigné aux frais du contribuable turc dans un hôpital public d’Hatay.

 

 

Recep Tayyip Erdoğan, coordinateur

du terrorisme international

 

Lorsque, en juillet 2012, l’Axe de la Résistance réagissait à l’assassinat des membres du Conseil de sécurité national syrien en tentant d’assassiner le prince saoudien Bandar ben Sultan, Recep Tayyip Erdoğan saisit sa chance. Il substitua la Turquie à l’Arabie saoudite dans la manipulation du terrorisme international.

 

En deux ans, plus de 200 000 mercenaires, venus des quatre coins du monde, transitèrent par la Turquie pour faire le jihad en Syrie. Le MIT — les services secrets turcs — mit en place un vaste système de circulation d’armes et d’argent pour alimenter la guerre, principalement payée par le Qatar et supervisée par la CIA.

 

M. Erdoğan installait trois camps d’entrainement d’al-Qaïda sur son sol à Şanlıurfa (frontière syrienne), à Osmaniye (à côté de la base de l’OTAN d’Incirlik), et à Karaman (près d’Istanbul) où il organisa une académie du terrorisme dans la tradition de l’École des Amériques [4] [5].

 

La police et la Justice turque ont montré que M. Erdogğan était — comme l’ancien vice-président états-unien Dick Cheney — un ami personnel de Yasin al-Qadi, le « banquier d’al-Qaïda ». C’est en tous cas ainsi que le FBI et les Nations unies l’avaient identifié jusqu’à ce qu’il soit retiré de la liste internationale des terroristes, en octobre 2012.

 

Durant la période où il était mondialement recherché, Yasin al-Qadi se rendait secrètement à Ankara, en avion privé. Les gardes du corps de M. Erdoğan venaient le chercher à l’aéroport, non sans avoir d’abord désactivé les caméras de surveillance [6].

 

Le 18 mars 2014, un enregistrement diffusé sur YouTube laissait entendre un directeur de Turkish Airlines, Mehmet Karataş, se plaindre auprès d’un conseiller de M. Erdoğan, Mustafa Varank, que sa compagnie ait été utilisée par le gouvernement pour transférer secrètement des armes à Boko Haram au Nigéria. Le haut fonctionnaire ne s’inquiétait pas d’avoir violé le droit international, mais déplorait que ces armes puissent servir à tuer non seulement des chrétiens, mais aussi des musulmans.

 

En mai 2014, le MIT transférait par train spécial à Daesh quantité d’armes lourdes et de pick-up Toyota neufs offerts par l’Arabie saoudite. L’Émirat islamique, qui n’était alors qu’un groupe de quelques centaines de combattants, se transformait en un mois en une armée de dizaines de milliers d’hommes et envahissait l’Irak.

 

Durant les quatre derniers mois de 2014, la Turquie empêcha les Kurdes du PKK de voler au secours des leurs à Kobané (Aïn al-Arab) lorsque la ville fut attaquée par Daesh. Au contraire, de nombreux journalistes ont attesté que les jihadistes pouvaient librement franchir la frontière [7].

 

Le 19 janvier 2015, la gendarmerie sur requête du parquet intercepta un convoi transportant des armes destinées à Daesh. Cependant, la perquisition fut interrompue lorsqu’on découvrit que le convoi était conduit par des agents du MIT. Par la suite, les procureurs et le colonel de gendarmerie furent arrêtés pour « trahison » (sic). Durant l’instruction de leur procès, un magistrat laissa fuiter que le MIT avait affrété au total 2 000 camions d’armes pour Daesh [8].

 

La colonne vertébrale du système terroriste turc est facilement identifiable : en 2007, l’Académie militaire de West Point a montré que les hommes de l’Émirat islamique en Irak provenaient d’al-Qaïda en Libye (GICL). Les mêmes mercenaires ont été utilisés pour renverser Mouamar el-Kadhafi en 2011 [9], puis pour former l’Armée syrienne libre (les « modérés ») [10]. Les membres syriens de l’Émirat islamique en Irak ont créé al-Qaïda en Syrie (Front al-Nosra). De nombreux combattants libyens et syriens sont revenus au sein de l’Émirat islamique en Irak lorsque celui-ci s’est renommé « Daesh » et a envoyé des cadres à Boko Haram (Nigéria).

 

Mehdi al-Harati est un double national libyen irlandais. En juin 2010, sa photo remerciant M. Erdoğan venu le visiter à l’hôpital après son arrestation par les Israéliens à bord de la Flottille de la Liberté, fit la une de la presse. Lors d’un cambriolage de sa maison en Irlande (juillet 2011), il s’avéra qu’il détenait une grosse somme d’argent en liquide que la CIA lui avait donnée pour aider au renversement du Guide libyen. Il dirigea la Brigade de Tripoli, une unité d’al-Qaïda encadrée par des officiers français, chargée par l’OTAN de prendre l’hôtel Rixos qui servait de cache aux Kadhafi et, au passage, d’assassiner Thierry Meyssan (août 2011).


Sous les ordres d’Abdelhakim Belhaj et avec plusieurs milliers de combattants libyens, il vint en novembre 2011 en Syrie organiser l’Armée syrienne libre, pour le compte de la France. Par la suite, il créa et commanda une autre armée privée, Liwa al-Umma, qui reprit le sigle de l’Armée syrienne libre à la fin 2012. De retour en Libye, il fut élu maire de Tripoli (août 2014) lorsque le pays se divisa entre deux gouvernements, l’un à Tripoli soutenu par la Turquie, l’autre à Tobrouk soutenu par l’Égypte et les Émirats.

 

 

Par Thierry Meyssan - RÉSEAU VOLTAIRE | DAMAS (SYRIE) | 15 JUIN 2015


Thierry Meyssan Consultant politique, président fondateur du Réseau Voltaire et de la conférence Axis for Peace. Dernier ouvrage en français : L’Effroyable imposture : Tome 2, Manipulations et désinformations (éd. JP Bertand, 2007). Compte Twitter officiel.

 

 

 

Notes :

[1] « 30 millions d’euros et la voix d’Erdogan », Réseau Voltaire, 25 février 2014.

[2] « Erdoğan attaque Gülen publiquement », Réseau Voltaire, 23 novembre 2013.

[3] « Le coup d’État judiciaire de l’AKP », par Thierry Meyssan, Al-Watan (Syrie), Réseau Voltaire, 19 août 2013.

[4] « Israeli general says al Qaeda’s Syria fighters set up in Turkey », par Dan Williams, Reuters, 29 janvier 2014.

[5] L’École des Amériques était une école de torture, créée par la CIA durant la Guerre froide, au Panama.

[6] « Erdoğan recevait secrètement le banquier d’Al-Qaida », Réseau Voltaire, 2 janvier 2014.

[7] « Kobané, objet de tous les mensonges », Réseau Voltaire, 1er novembre 2014.

[8] « La Turquie arrête les procureurs qui enquêtaient sur Émirat islamique », Réseau Voltaire, 8 mai 2015.

[9] « Ennemis de l’OTAN en Irak et en Afghanistan, alliés en Libye », par Webster G. Tarpley, Réseau Voltaire, 21 mai 2011.

[10] « L’Armée syrienne libre est commandée par le gouverneur militaire de Tripoli », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 18 décembre 2011 ; « Des islamistes Libyens en Syrie pour « aider » la révolution », par Daniel Iriarte, ABC (Espagne), Réseau Voltaire, 18 décembre 2011.


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Pour Wall Street, l’ennemi public Numéro 1 s’appelle désormais O’Malley

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Pour Wall Street, l’ennemi public N° 1

s’appelle désormais O’Malley

 

 

Le comité d’action politique qui soutient la campagne présidentielle de Martin O’Malley a sorti un nouveau spot télévisé intitulé L’ennemi public Numéro 1 de Wall Street.

 

Le message publicitaire reprend un extrait de son discours du 30 mai annonçant sa candidature, où il déclarait que Goldman Sachs fait partie des banques d’affaires ayant le plus souvent commis des délits.

 

Récemment, le PDG de Goldman Sachs a fait savoir à ses salariés qu’il s’accommoderait très bien de [Jeb] Bush ou de [Hillary] Clinton. Eh bien, j’ai des nouvelles pour les voyous de Wall Street – la présidence n’est pas une couronne que vous pouvez transmettre de part et d’autre entre deux familles royales. C’est une mission sacrée.

 

Cette citation a fait l’objet de commentaires sur Fox Business News les 2 et 3 juin par Charles Gasparino. « Martin O’Malley est actuellement, je dirais, persona non grata, l’ennemi public numéro 1, dans les couloirs de Goldman Sachs, dans les salles de Black Rock, la grande société de gestion de fortune, partout à Wall Street en ce moment », a constaté Gasparino le 2 juin.

 

O’Malley est la dernière personne que Wall Street voudrait voir gagner. L’industrie financière ne s’attendait pas à ce qu’un candidat présidentiel adopte ce genre d’approche négative vis-à-vis de Wall Street. En ce moment, les gens à Wall Street parlent de Martin O’Malley. (...) Ce qui les inquiète réellement n’est pas qu’il gagne. C’est qu’il oblige [Hillary Clinton] à se positionner très à gauche avec ce message à forte résonance.

 

Lyndon LaRouche, qui a décrit O’Malley comme le « seul candidat en lice ayant les qualifications nécessaires », a commenté que tout cela lui rappelle Franklin Roosevelt, qui avait déclaré en public à propos de Wall Street : « Ils me détestent, et je le salue. »

 

En effet, le Business Insider écrivait le 3 juin que « Martin O’Malley est heureux d’être la dernière personne que les PDG de Wall Street veulent voir se présenter en 2016. »

 

 

 

Par la Rédaction de Solidarité & Progrès – le 9 juin 2015.

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Pourquoi les États-Unis tentent-ils de remplacer le gouvernement Assad par al-Qaïda en Syrie ?

Pourquoi les États-Unis tentent-ils de remplacer le gouvernement Assad par al-Qaïda en Syrie ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Paul Larudee — freepalestinemovement.org


 

 

Pourquoi les États-Unis tentent-ils de remplacer le gouvernement Assad par al-Qaïda en Syrie ?

 Par Paul Larudee (*)


« Dans le cas de la Syrie, notre opposition au gouvernement Assad est tellement obstinée que nous serions apparemment prêts à défaire un gouvernement qui n’est pas notre ennemi afin de le remplacer par un autre qui l’est. »

 

Il y a un mois, la ville d’Idlib tombait aux mains des combattants de l’opposition, principalement al-Qaïda, ses affiliés et ses alliés. Ce fut un sale coup pour l’armée syrienne. Samedi dernier, la ville voisine de Jisr al-Shughour fut également conquise, majoritairement par les mêmes groupes de combattants.

 

Pour lutter contre le gouvernement syrien et son armée nous retrouvons un mélange de mercenaires syriens et étrangers provenant de dizaines de pays différents. Ils sont fournis, formés, armés et payés par l’Arabie saoudite, les monarchies du Golfe, Israël, la Turquie, l’OTAN, et bien sûr les États-Unis. Leurs armes sont de plus en plus sophistiquées, et il semble que les missiles filoguidés TOW fournis par l’Arabie saoudite (et indirectement par les États-Unis) aient fait une grande différence dans les batailles pour Idlib et de Jisr al-Shughour.

 

Le gouvernement syrien est soutenu principalement par la Russie et l’Iran, plus quelques milliers de combattants du Hezbollah au Liban. Il est également soutenu par une majorité importante de la population syrienne comme le montrent des estimations des services de renseignement étrangers ainsi qu’une élection multipartite en 2014, avec une participation étonnante, même de la part des Syriens expatriés.

 

L’OTAN, les États-Unis et l’opposition syrienne laïque relativement marginalisée disent qu’ils veulent remplacer le gouvernement syrien actuel par un autre qui soit laïque, démocratique, respectueux des droits de l’homme, et qui représente tout le peuple syrien.

 

Vraiment ? Les États-Unis ont sapé et renversé des gouvernements démocratiques en Iran (1953), au Guatemala (1954), au Brésil (1964), au Congo (1965), au Chili (1973), en Turquie (1980), au Nicaragua (1981-1990), en Haïti (2004) et dans les territoires palestiniens occupés (2007), et ils essaient de faire la même chose au Venezuela. Pourquoi ? Parce que le choix démocratique du peuple n’a pas abouti à un gouvernement conforme, inféodé à l’Ouest et aux sociétés multinationales. Car c’est là le véritable programme des États-Unis et de l’OTAN.

 

Il est également difficile d’imaginer que l’Arabie saoudite, les monarchies du Golfe, Israël et la Turquie se soucient de la démocratie et des droits humains. Ils sont davantage intéressés à faire progresser leurs objectifs régionaux et la suppression des rivaux potentiels, principalement et de manière obsessionnelle l’allié de la Syrie, l’Iran.

 

Les États-Unis et Israël ont provoqué la destruction et le changement de régime dans au moins sept pays du Moyen-Orient depuis deux décennies, voire plus. La politique d’Israël depuis sa création a été de garder ses voisins faibles, divisés et dans un état de guerre permanent.

 

 

Sois prudent et attentif à ce que tu souhaites

 

Un changement de régime entraine toutes sortes de conséquences imprévues. De la fin des années 1970 jusqu’au début des années 1990, les combattants de la résistance islamique, y compris Oussama Ben Laden, soutenus par les Américains ont lutté contre un gouvernement laïc en Afghanistan pour finalement le voir remplacé par le régime répressif des talibans.

 

Ce soutien a contribué à créer al-Qaïda, qui se répand au Yémen, en Afrique de l’Est et d’autres endroits. S’en sont suivies des attaques majeures contre des installations américaines au Yémen, au Kenya et deux fois contre le World Trade Center à New York. Ensuite les États-Unis ont envahi l’Afghanistan en 2002. C’est devenu un bourbier et potentiellement la plus longue guerre de l’histoire américaine, au prix de mille milliards de dollars, d’une infrastructure et d’une économie nationale en ruine, et des milliers des vies américaines en sus. Cette guerre n’est pas encore terminée et les avantages supposés pour États-Unis sont difficiles à établir. En fait, suite à cela, les États-Unis sont probablement encore moins en sécurité qu’avant et nous n’avons parlé que de l’Afghanistan.

 

Si l’on ajoute les interventions américaines en Irak, en Libye, au Yémen et en Syrie les coûts montent à plusieurs milliers de milliards de dollars et plusieurs milliers de vies américaines, un détail à côté de plus d’un million de morts parmi les populations locales. Lors de toutes ces interventions, nous avons laissé derrière nous des États paralysés et en déliquescence, avec al-Qaïda et ses successeurs (Daesh, alias ISIS, alias le mouvement takfiri) pour combler le vide.

 

Dans le cas de la Syrie, notre opposition au gouvernement Assad est si obstinée que nous sommes apparemment prêts à défaire un gouvernement qui n’est pas notre ennemi afin de le remplacer par un autre qui l’est.

 

Les mercenaires payés issus de l’opposition modérée sont tous alliés à al-Qaïda et combattent sous sa direction. Al-Qaïda et Daesh contrôlent la plupart des territoires détenus par l’opposition syrienne et assument la plupart des combats. Nos alliés, la Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar, avec le soutien plus discret des monarchies du Golfe et d’Israël, fournissent à peu près toutes les armes et l’argent. Ils organisent le recrutement des mouvements les plus fanatiques sous une bannière islamique, qui promet de semer la mort, la misère, l’intolérance et l’oppression dans les territoires qu’ils contrôlent. A leur charge également d’assurer le nettoyage ethnique des populations qu’ils considèrent comme hérétiques, musulmanes et non musulmanes, indifféremment.

 

 

Pourquoi voudrions-nous qu’ils prennent le contrôle de la Syrie ?

 

Malheureusement, la décision US n’a rien à voir, semble-t-il, avec le bon sens.

L’Arabie saoudite et Israël estiment qu’al-Qaïda et Daesh sont de meilleures options qu’un gouvernement allié avec l’Iran. Ils ne voient aucune objection à la conquête de la Syrie par des terroristes.

 

Ils ont chacun des amis puissants aux États-Unis, y compris les faucons guerriers au Congrès comme les sénateurs John McCain, Lindsay Graham et Ted Cruz, ainsi que la candidate à la présidentielle Hillary Clinton.

 

Ils ont le soutien du vaste complexe militaro-industriel, le plus grand de la planète, des néo-conservateurs au sein de la presse, parmi les conseillers, les responsables gouvernementaux et les membres du Congrès, ainsi que du lobby israélien.

 

Ces groupes paralysent la politique américaine et placent les intérêts d’une infime fraction d’entreprises américaines et de particuliers fortunés – sans parler de gouvernements étrangers comme l’Arabie saoudite et Israël – au-dessus des intérêts du reste du pays. Soit ils n’ont pas appris des nombreuses erreurs passées ou alors ça leur convient, ils en tirent des fortunes et veulent continuer.

 

Seuls les efforts de gens doués d’une conscience, avec l’appui d’intérêts économiques qui ne se bâtissent pas sur la destruction, la mort et le chaos, sont susceptibles de mettre un terme à cette corruption rampante.

 

Les Présidents George Washington et Dwight Eisenhower nous ont tous les deux mis en garde face aux conséquences lorsqu’on permet à des puissances étrangères et à des intérêts particuliers de devenir trop puissants. Il n’est pas garanti que cette nation arrivera à rassembler de quoi inverser la relation de dépendance entre la montée des groupes terroristes comme al-Qaida et Daesh et les intérêts américains qui tirent profit de l’assassinat de masse qui est leur objectif.

 

 

 

 

Par Paul Larudee (*) (veteransnewsnow) — traduit par Evanis, relu par jj pour la Saker Francophone – le 26 mai 2015.

 

(*) Paul Larudee cofondateur de Syria Solidarity Mouvement (Mouvement Solidarité Syrie)

 

En savoir plus : Ils sont le monde, pas nous, les autres.

 

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Hillary Clinton et Jeb Bush : les deux sociopathes en lice pour les prochaines élections états-uniennes!

Hillary Clinton et Jeb Bush : les deux sociopathes en lice pour les prochaines élections états-uniennes! | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Source photo : stopwar.org.uk


 

Hillary Clinton et Jeb Bush : les deux sociopathes en lice pour les prochaines élections états-uniennes !

Par Matt Carr

 

Les deux principaux candidats pour l’élection présidentielle états-unienne de l’an prochain soutiennent les mêmes politiques de guerre qui se sont avérées un désastre pour les USA et pour le monde entier.

 

Si vous croyez sérieusement que le pouvoir militaire des États-Unis est une force internationale dédiée à la stabilité et au bien, alors un certain nombre d’évènements de ces deux dernières semaines devraient vous pousser à réfléchir un peu.

 

Au Kosovo, presque 16 ans après le bombardement de la Yougoslavie par l’OTAN, l’UNCHR (L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés) rapporte que 10 000 personnes ont déposé des demandes d’asile en Hongrie en un seul mois, et que presque 20 000 Kosovars quittent le pays chaque mois pour échapper à la pauvreté, à la corruption et au chômage.

 

En Libye, les exécutions des Coptes chrétiens par ISIS laissent entrevoir la perspective de la désintégration de la Libye en une « Somalie de la Méditerranée ».

 

En Afghanistan, les Mission d’assistance des Nations unies (UNAMA) annoncent que les pertes civiles de l’année dernière ont atteint des niveaux record.

Cela s’ajoute à l’implosion irakienne toujours en cours, à la Syrie, et à l’Ukraine, où les USA ont entrepris un « changement de régime » plus discret, mais aux conséquences aussi catastrophiques.

 

Dans une démocratie saine et en bonne santé, cet héritage de guerre civile, d’effondrement étatique, de chaos et de violence devrait au moins faire naitre urgemment un débat sur la viabilité stratégique du militarisme comme instrument de politique étrangère.

 

Mais rien ne laisse entrevoir une telle critique et auto-analyse de la part des deux candidats principaux aux élections présidentielles de l’an prochain. Étonnamment – et tristement –, les États-Unis font face à une compétition entre les membres des deux familles qui ont gouverné les États-Unis de 1989 à 2009, et qui ont aussi présidé certains des désastres auxquels nous assistons aujourd’hui.

 

Commençons par Hillary Clinton, qui fut l’an dernier élue « la femme la plus admirée des États-Unis » pour la 13e année consécutive, pour des raisons qui ne sont pas très claires, en ce qui me concerne.

 

Après tout, nous parlons d’une femme qui a menti – pardon qui « s’est mal exprimée » – à propos d’avoir essuyé des tirs de sniper à Tuzla, afin de booster sa campagne présidentielle.

 

Clinton a voté en faveur de la guerre en Irak, et était une fervente supportrice du bombardement de la Libye – au point de glousser joyeusement en entendant que Kadhafi avait été sodomisé avec un couteau et abattu à bout portant.

 

Vous n’avez pas à aimer Kadhafi pour vous rendre compte qu’une telle attitude est un peu… indigne, et correspond plus à un sociopathe  qu’à une femme d’État. Mais Clinton est une dure à cuire et veut que les Américains le sachent.

 

Elle est une grande fan des drones, dont elle dit qu’ils ont « éliminé des douzaines de terroristes majeurs du champ de bataille ». Elle a promis en 2008 que les États-Unis anéantiraient totalement l’Iran s’il effectuait une frappe nucléaire contre Israël – rien ne permet de prouver que l’Iran en ait l’intention ou la capacité.

 

Et alors que la Libye tombait visiblement en ruines, elle voulait quand même bombarder la Syrie. Dans une interview avec l’un des journalistes sionistes les plus belliqueux, Jeffrey Goldberg, elle répéta la rumeur mensongère selon laquelle l’avènement d’ISIS était dû à l’échec d’Obama de soutenir les rebelles syriens « modérés ».

 

Elle a aussi défendu Netanyahu lors du massacre de Gaza de l’année dernière, prétextant qu’ » Israël avait fait ce qu’il devait faire pour répondre aux roquettes » et blâmant la « concentration internationale » sur la guerre à l’antisémitisme et sur la « gestion truquée » du conflit par le Hamas.

 

Lorsqu’on lui a demandé si Israël avait fait suffisamment pour empêcher les morts d’enfants et d’autres civils innocents elle a répliqué « que les nations démocratiques avaient de bien meilleures valeurs en cas de conflits » et suggéré que « l’angoisse que vous ressentez à cause de la couverture médiatique, et les femmes et les enfants et le reste, rendait difficile l’obtention de la vérité ».

 

Bien sûr, cela sous-entendait, si vous ne la cherchez pas. Clinton s’est éloignée de la politique étrangère plus prudente d’Obama, déclarant que « les grandes nations ont besoin de principes d’organisation, et « ne pas faire des choses stupides » n’est pas un principe d’organisation ».

 

Elle semblait décrire une sorte de nouvelle version du « confinement » de la guerre froide à l’encontre d’une menace djihadiste qu’elle a comparée au communisme et au fascisme, et a déclaré que ses « principes d’organisation » étaient « paix, progrès et prospérité ».

 

Alors quelle différence entre elle et son probable opposant ? Pas grand-chose en vérité.

 

Hier, l’effroyable Jeb Bush déclarait ses aspirations de politique étrangère au conseil de Chicago sur les affaires du monde, et elles sont à peu près ce qu’on peut attendre d’un homme dont l’équipe politique est composée des fonds de tiroir de son frère George W, avec des types comme Paul Wolfowitz et Stephen Hadley, qui, dans un monde sain, ne seraient plus jamais autorisés à occuper des postes publiques.

 

Bush a déclaré être « maître de lui-même », une tentative pour se distancer des « erreurs » commises durant le règne de son frère. Mais il a ensuite répété les mêmes mensonges que son frère – et que Tony Blair – avait racontés tant de fois – « qu’utiliser les capacités de renseignements que tout le monde a suivis à propos des armes de destructions massives n’était pas – n’avait pas été une erreur. »

 

Les « erreurs » étaient donc simplement dues à l’échec du maintien de la sécurité après avoir « éliminé » Saddam Hussein. À part ça, impeccable, surtout « la hausse » que Bush appelle « l’un des actes les plus héroïques de courage politique », sauf qu’Obama l’a gâché – en suivant les dispositions de l’accord sur le statut des forces que Bush avait établi – créant ainsi « un vide » qui a donné naissance à ISIS.

 

En réalité, il n’y a pas eu de vide. Il y avait une armée irakienne massive, bien entrainée, et bien équipée dont les officiers étaient si corrompus qu’ils refusaient de se battre. Mais peu importe, continuons à rêver.

 

Là où son frère voulait « fumer » Oussama Ben Laden, Bush veut « éliminer » ISIS.

 

Comme Clinton, il n’eut pas de mal à déclarer son amour éternel pour Israël. Il veut un nouveau panel de sanctions afin d’empêcher l’Iran de mener à bien un programme d’enrichissement nucléaire qui « menacerait Israël ».


Comme Clinton, il veut une politique étrangère avec un principe, qu’il appelle « liberté démocratie », qui devrait être « appuyé par la plus grande puissance militaire du monde » et par d’importantes augmentations du budget de la défense.

 

On ne voit nulle part chez ces deux-là le moindre signe, la moindre trace de pensée critique, de compréhension du fait que les politiques qu’ils préconisent aient peut-être produit de bien pires conséquences que les problèmes qu’elles étaient censées régler.

 

L’une des raisons pour lesquelles Obama a gagné la présidence en brisant les aspirations de Clinton a été sa capacité à donner l’illusion d’un éloignement radical du militarisme féroce de ses prédécesseurs.

 

Ni Clinton ni Bush n’offrent une telle illusion. Et leurs soutiens au militarisme ne sont pas qu’une lubie personnelle ni le résultat d’un excès de consanguinité politique dans une dynastie qui se prolonge au fil des ans. C’est pire que ça.

 

La compétition rapace contre rapace qui se profile est un hommage au consensus impérial de Washington imperméable à toute preuve qui contredirait ses propres préjugés, et qui continue à croire comme Madeleine Albright que les États-Unis sont « la nation indispensable », quand clairement, ce n’est pas le cas.

 

 

 

Par Matt Carr – traduction : Nicolas CASAUX - partage-le.com – le 19 février 2015

 

Source : Stop the War Coalition

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Le problème de Moscou, c’est qu’il lui faut traiter avec des imbéciles et des vassaux

Le problème de Moscou, c’est qu’il lui faut traiter avec des imbéciles et des vassaux | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Le problème de Moscou, c’est qu’il lui faut traiter

avec des imbéciles et des vassaux

Par Finian CUNNINGHAM (*)

 

La Russie a un dilemme. Comment peut-on travailler à un règlement pacifique du conflit ukrainien — et éviter une plus grande, plus terrible guerre — quand on a comme interlocuteurs des imbéciles et des vassaux ? Je veux parler des dirigeants américains et européens, respectivement.

 

Le problème quand on essaie d’avoir une conversation avec des imbéciles, c’est qu’ils sont tout simplement incapables de voir plus loin que le bout de leur nez. Ils souffrent de dissonance cognitive et ils en sont fiers. En fait, plus ils sont bêtes plus on les félicite de leur force. On ne peut rien apprendre aux imbéciles ; leur regard grossier et obtus sur le monde leur interdit toute perspective différente, même si elle est plus juste. Ils ont d’ailleurs horreur qu’on les corrige, ce qui ne fait qu’aggraver leur bêtise.

 

Le problème quand on a à faire à des vassaux, c’est qu’ils ne peuvent pas changer de cap — même s’il leur reste encore quelque capacité à penser par eux-mêmes et à se rendre compte que la perspective qu’on leur propose est plus juste ou plus censée.

 

C’est le problème qu’a la Russie dans ses relations avec Washington et ses alliés européens sur le conflit en Ukraine.

 

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui s’exprimait à Munich le week-end dernier, a déploré le manque d’indépendance des Européens sur le sabotage systématique de l’ordre international par Washington. Lavrov a été blâmé pour avoir osé dire la vérité, surtout qu’il a étayé son propos avec des arguments logiques et des preuves historiques.

 

Les États-Uniens stupides, eux, remplacent les arguments rationnels par des slogans et des accusations. Ils sont aveuglés par leur propre propagande qu’ils finissent par croire. Et ils sont contents d’eux... Dieu bénisse l’Amérique !

 

Le président américain Barack Obama, qui est censé être l’un des politiciens américains les plus réfléchis, n’est pas capable de voir plus loin que les phrases toutes faites de la narrative convenue qui affirme, sans la moindre preuve, que « tout est de la faute de la Russie » dans le conflit en Ukraine.

 

En présence de la chancelière allemande, Obama a dit cette semaine à la Maison-Blanche qu’il envisageait d’envoyer des armes létales au régime de Kiev « pour aider l’Ukraine à renforcer ses défenses face à l’agression séparatiste ». Obama a accusé la Russie d’alimenter le conflit et de vouloir violer l’intégrité territoriale de l’Ukraine « à la pointe du pistolet ».

 

Voilà ce qui se passe en réalité : les Ukrainiens d’origine russe sont tués dans leurs maisons, leurs caves, leurs écoles et leurs rues par le régime de Kiev soutenu par l’Occident, qui a lancé une guerre absurde dans l’est de l’Ukraine il y a dix mois, qui a déjà fait plus de 5 500 morts et plus d’un million de personnes déplacées — et pourtant pour Obama la violence est la conséquence de « l’agression séparatiste » et il veut envoyer des armes plus meurtrières aux agresseurs.

 

Si d’Obama, on descend dans la hiérarchie, les choses ne font qu’empirer. Le vice-président, Joe Biden, a déclaré à la conférence sur la sécurité à Munich la semaine dernière que « les Ukrainiens ont le droit de se défendre » et par conséquent, nous, les États-Unis, devrions leur envoyer de l’aide militaire pour faire face à « l’agression russe ».

 

Alors, M. Biden, qu’en est-il du droit des Ukrainiens d’origine russe à se défendre ? N’ont-ils pas le droit de le faire ? Ne sont-ils pas Ukrainiens ? Ou peut-être que, parce qu’ils sont d’origine russe, vous les considérez comme des êtres inférieurs ?

 

Le chef de la diplomatie étatsunienne, John Kerry, une personne soi-disant courtoise, multilingue et cosmopolite, répète les mêmes accusations irrationnelles et sans fondement, contre la Russie, affirmant qu’elle est la « plus grande menace pour l’Ukraine ». Kerry veut aussi envoyer des armes à l’Ukraine pour donner une leçon à la Russie.

 

Idem pour Ashton Carter, le nouveau secrétaire à la Défense. Idem pour Michel Flournoy, qui est pressenti pour être secrétaire à la Défense si Hillary Clinton remporte la présidentielle de 2016. Idem pour Bobby Jindal, un concurrent républicain sérieux à la présidentielle. Idem pour Bob Corker, le chef de la politique étrangère républicaine. Idem pour le général Martin Dempsey, chef d’état-major des armées des États-Unis. Idem pour les membres de l’establishment de la politique étrangère américaine de l’Institut Brookings et du Conseil de l’Atlantique. Idem pour les comités de rédaction des grands médias américains, dont le New York Times et le Washington Post.

Tous répètent sans sourciller le mantra qui dit que le conflit en Ukraine est dû à l’agression russe et que fournir des armes au régime de Kiev est idéal pour faire la paix. Tous régurgitent la même histoire mensongère et éculée qui dépeint le président russe Vladimir Poutine en « dictateur du milieu du 20e siècle » avec la même veine « expansionniste » qu’Adolf Hitler ou Benito Mussolini. (Sans même se rendre compte que le fascisme du milieu du 20e siècle fut une stratégie secrète élaborée par les puissances capitalistes occidentales pour attaquer l’Union soviétique qui s’est soldée par 30 millions de morts russes. Une politique qui se poursuit aujourd’hui sous forme de soutien américain au régime néonazi de Kiev pour déstabiliser la Russie.)

 

La chose la plus effrayante à propos des imbéciles américains, c’est qu’il ne leur vient même pas à l’idée qu’ils pourraient être endoctrinés. Ils sont des clones orwelliens qui croient que la guerre est la paix, l’esclavage est la liberté, et que la vérité est celle qu’on vous serine.

 

Les politiciens américains qui ont participé à la Conférence sur la sécurité de Munich ont traité de « conneries » les efforts de la chancelière allemande Merkel et du président français, François Hollande, pour amener Poutine à discuter de la crise en Ukraine.

 

Les trois dirigeants se proposent de poursuivre cette semaine les longues discussions qu’ils ont entreprises à Moscou le week-end dernier, lors d’une seconde réunion à Minsk, la capitale du Bélarus. Il n’est pas sûr du tout que Poutine, Merkel et Hollande parviennent à obtenir du régime de Kiev qu’il s’assoie à la même table que les séparatistes prorusses d’Ukraine orientale. Les brutes étatsuniennes vont certainement faire de leur mieux pour faire capoter le dialogue avant même qu’il ait commencé à porter ses fruits.

 

Contrairement aux Américains Gung-Ho(**), les Européens commencent à se rendre compte que fournir plus d’armes en Ukraine n’est pas la solution, qu’il faut même éviter ça à tout prix, et que les aspirations à l’autonomie des séparatistes sont raisonnables et méritent d’être prises en compte.

 

Les Européens, au moins publiquement, n’ont sans doute pas renoncé à la narrative éculée selon laquelle c’est la Russie qui déstabilise l’Ukraine avec ses troupes ou son soutien militaire clandestin aux séparatistes. Moscou nie catégoriquement ces allégations. Mais au moins, les Européens semblent avoir assez de subtilité intellectuelle pour réaliser que montrer hystériquement Poutine du doigt est contre-productif et qu’il n’y a peut-être pas qu’une seule version des faits.

 

Il faut reconnaître qu’Angela Merkel a résisté à la pression américaine pour augmenter l’implication militaire en Ukraine. À Washington cette semaine, elle a catégoriquement nié partager l’idée d’envoyer plus d’armes en Ukraine. L’opposition de Merkel aux propositions américaines a été dénoncée par les principaux sénateurs républicains qui l’ont accusée de vouloir « apaiser » Poutine, en la comparant stupidement avec Chamberlain et Hitler à la conférence de Munich de 1938.

 

Traiter avec ces imbéciles d’Américains est donc impossible. Ils vivent dans un monde mental différent de la plupart des autres. Leur monde est un mélange de propagande qui ne tient aucun compte des faits historiques, et de comportements brutaux qui rendent le dialogue, la réciprocité ou la réflexion socratique tout à fait improbables. Leur arrogance et leur vanité obtuses font obstacle à la vraie communication et à la compréhension mutuelle. Et tout ça, c’est la faute de Poutine ; tout cela vient de ces affreuses hordes russes ; c’est le retour de l’empire soviétique du mal. Une opération illégale de changement de régime à Kiev contre un gouvernement élu soutenu par les États-Unis ? Un régime soutenu par les Américains qui mène une guerre contre les russophones de l’est de l’Ukraine ? Êtes-vous fou, espèce de crétin d’apologiste de Poutine ?

 

Comment peut-on traiter avec des gens pareils ? On ne peut pas, c’est impossible.

 

À cela s’ajoute un autre problème. Les Européens ne sont pas libres d’agir en fonction de ce qu’ils pensent réellement. Il est clair que Merkel, Hollande et de nombreux autres dirigeants européens se rendent compte que le projet étatsunien d’inonder l’Ukraine d’armes encore plus meurtrières est une idée catastrophique qui pourrait déclencher une Troisième Guerre mondiale. Il est clair que de nombreux Européens pensent que les sanctions US contre la Russie ne sont pas seulement contre-productives, mais que c’est, en fait, une politique bêtement hostile qui nuit aux travailleurs, aux agriculteurs et aux économies européennes autant qu’à la Russie.

 

Le problème c’est que les États européens sont des vassaux des États-Unis. Ils sont obligés de suivre la ligne dictée par Washington, aussi stupide soit-elle. L’Allemagne est considérée comme le moteur de l’Europe et la quatrième plus grande économie du monde. Pourtant, comme le politologue allemand Christof Lehmann nous le rappelle, l’Allemagne n’a jamais eu une politique véritablement indépendante depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Elle n’a pas de constitution digne d’un État moderne, et elle continue d’être occupée par les forces militaires des alliés américains et britanniques « victorieux ». Selon Lehmann, « l’Allemagne est une colonie de facto des États-Unis. À tout moment, en vertu de la loi fondamentale d’après-guerre (***), les troupes américaines peuvent prendre les manettes de l’Allemagne qui est techniquement et juridiquement un état occupé, un état vassal ».

 

L’espionnage américain de la chancelière Merkel par la NSA, révélé en 2013 par Edward Snowden, en est un exemple. Plus révélateur encore est le fait que Merkel n’ait pas répondu à cette violation flagrante de la « souveraineté » allemande avec toute la force requise. Elle a docilement accepté l’intrusion comme une manifestation de l’hégémonie américaine d’après-guerre.

 

Lehmann souligne que, depuis la guerre, les États-Unis et son allié britannique ont opposé leur veto à toutes les velléités allemandes de se créer une politique étrangère indépendante, en particulier une politique qui impliquerait un rapprochement avec la Russie. « Nous avons pu constater que tous les efforts des chanceliers Willy Brandt et Gerhard Schroeder pour améliorer les relations avec la Russie ont été sabotés à chaque fois par Washington et Londres », note Lehmann.

 

C’est pourquoi la résistance héroïque de Merkel cette semaine contre le militarisme américain en Ukraine est méritoire. Son opposition ouvre peut-être une brèche dans les relations américano-européennes. Elle a, en effet, contesté une ligne rouge fondamentale de Washington : à savoir que les États européens, et en particulier l’Allemagne, ne peuvent pas et ne doivent pas se permettre de remettre en cause l’hégémonie américaine et sa politique d’hostilité à long terme contre la Russie.


Merkel et Hollande ont peut-être enfin entendu le message des millions de citoyens ordinaires de l’UE qui s’opposent de tout leur cœur à la politique belliciste que les États-Unis mènent contre la Russie aux dépens de l’Europe. Mais étant donné que les vassaux européens de ces crétins d’Étatsuniens auront bien du mal à secouer leur joug traditionnel, il est difficile de savoir s’il y aura ou non une percée en faveur de la paix. Le leadership européen est encore prisonnier des griffes de Washington. Mais les masses européennes sont si dégoûtées qu’elles pourraient bien forcer leurs leaders à briser ce joug absurde.

 

 

 

Par Finian CUNNINGHAM (*) - traduction : Dominique Muselet - legrandsoir.info – le 16 février 2015

 

 

Source :

http://www.strategic-culture.org/news/2015/02/10/moscow-problem-dealing-with-imbeciles-and-vassals.html

 

 

(*) Finian Cunningham : originaire de Belfast, en Irlande, Finian Cunningham (né en 1963) est un expert de premier plan dans les affaires internationales. L’auteur et commentateur des médias a été expulsé de Bahreïn en juin 2011 pour son journalisme critique dans lequel il a souligné les violations des droits de l’homme par le régime soutenu par l’Occident. Il est diplômé d’une maîtrise en chimie agricole et a travaillé comme rédacteur scientifique de la Royal Society of Chemistry, Cambridge, en Angleterre, avant de poursuivre une carrière dans le journalisme. Il est également un musicien et compositeur. Pendant de nombreuses années, il a travaillé comme un éditeur et écrivain dans les médias traditionnels de nouvelles, y compris The Mirror, Irish Times et Independent…

(Source : http://nsnbc.me/author/finiancunningham/)

 

 

Notes :

(**)

Gung ho/ˈɡʌŋˈhoʊ/est une expression anglaise qui signifie « enthousiaste » ou « trop zélé ».

Gung ho est la pronunciation anglicisée de « gōng hé » (工合). C’est l’abréviation du terme « gōngyè hézuòshè » (工業合作社) ou Cooperatives Industrielles Chinoise, (INDUSCO en Anglais).

 

(***)

La Loi fondamentale pour la République fédérale d’Allemagne (Grundgesetz für die Bundesrepublik Deutschland, GG) est la constitution de l’Allemagne depuis le 8 mai 1949, d’abord pour les Länder de l’Ouest, puis depuis la réunification du pays le 3 octobre 1990 pour le pays entier... Elle s’intitule « loi fondamentale » et non « constitution » (Verfassung) pour souligner le caractère transitoire qu’elle devait avoir dans le contexte de la division de l’Allemagne.


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