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STOP TTIP & CETA

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STOP TTIP & CETA

 

Il y a un an, qui aurait pu prévoir que l’opposition à des méga-accords de libre-échange peu transparents verrait naître un mouvement mondial qui fait descendre dans la rue des dizaines de milliers de personnes tout autour du monde ? Eh bien, c’est ce qui est arrivé, une première fois le 11 octobre 2014, puis, il y a quelques jours, le 18 avril 2015 !

 

D’Hawaii à l’Argentine, les USA, l’UE, le Sénégal, le Pakistan, le Bangladesh, le Japon, la Corée et revenant aux îles Fiji, les citoyens de 48 pays sur cinq continents ont prononcé un « non » véhément, créatif et retentissant aux TPP, TTIP/Tafta, CETA et autres accords semblables.

 

Rien qu’en Europe, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté à Madrid, à Munich, à Paris, à Vienne et dans de nombreuses autres villes. Au niveau mondial, 734 actions ont été organisées, dont environ 650 en Europe. Comparé à la journée mondiale d’action en octobre, le nombre d’événements a augmenté, ainsi que le nombre de pays qui ont participé.

 

Le 18 avril, des citoyens et des volontaires ont recueilli des milliers de signatures pour l’ICE Stop TTIP (TAFTA). Entre le 8 et le 10 juin, le Parlement européen votera une résolution concernant le TTIP (TAFTA) et ce serait à la fois fantastique et important si nous pouvions atteindre notre objectif de deux millions de signatures d’ici le jour du vote.

 

Et, à propos de l’idée de gagner du terrain, merci d’avoir soutenu le tour du Crayon Géant ! Vos dons généreux ont transformé l’idée en réalité ! Deux Crayons Géants sont prêts à l’action et sont en route vers la Roumanie et le Danemark, où ils feront leur première apparition le 1er mai ! Au moment où nous écrivons ces lignes, les crayons ont été invités dans plusieurs pays et d’autres invitations sont en train d’arriver. Nous avons également reçu beaucoup d’invitations, nous demandant d’amener un des Crayons Géants jusqu’à dans votre ville et de participer à différents événements de l’été. Au fur et à mesure que nous organiserons chaque tour, nous rendrons visite au plus grand nombre possible de villes et vous tiendrons au courant au moyen de notre blog et des réseaux sociaux.

 

Merci pour votre soutien, et amitiés de 
Votre équipe du ICE Stop TTIP




Par Michael Efler, Stephanie Roth et Cornelia Reetz stop-ttip.org/fr - le 30 avril 2015

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Les États-Unis subissent une nouvelle défaite économique au Pacifique

Les États-Unis subissent une nouvelle défaite économique au Pacifique | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Carte : agenceinfolibre.fr


 

Les États-Unis subissent une nouvelle défaite

économique au Pacifique

Par Mike Head

 

Ayant subi une défaite décisive dans sa tentative d’empêcher d’autres pays de rejoindre la Banque asiatique d’investissements pour les infrastructures (AIIB) proposée par Pékin, Washington a essuyé un nouveau revers dans son projet pour dominer l’économie de l’Asie de l’Est, l’Accord de Partenariat Transpacifique (APT).

 

À Hawaii le mois dernier, après cinq ans de négociations, les pourparlers sur l’APT entre les 12 gouvernements concernés ont été rompus. Pour la troisième année de suite, la date limite fixée par la Maison-Blanche passera sans accord international sur l’APT.

 

La principale pierre d’achoppement cette fois n’était pas les différences de longue date entre les États-Unis et le Japon sur l’automobile et l’agriculture, mais des doutes sur la capacité du président Barack Obama d’obtenir le soutien du Congrès américain pour l’APT.

 

Faussement présenté comme un accord de « libre-échange, » l’APT créerait en fait un vaste bloc dominé par l’Amérique. En contrepartie de l’accès privilégié accordé au marché américain, toujours le plus grand au monde, l’APT oblige ses membres à abolir tout obstacle juridique ou réglementaire à l’investissement américain et aux actions des sociétés américaines.

 

L’APT est une composante essentielle du « pivot vers l’Asie » par lequel Washington veut asseoir son hégémonie sur la région, y compris sur la Chine, qui jusqu’à présent est exclue du traité. Le « partenariat » vise à restructurer tous les aspects de la vie économique et sociale dans la région Asie-Pacifique dans l’intérêt de Wall Street et des grandes sociétés américaines, notamment les conglomérats de l’informatique, de la pharmacie et des médias.

 

Une offensive similaire est en cours pour intégrer l’Union européenne dans le Transatlantic Trade and Investment Partnership (Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement, PTCI). Comme l’APT, le traité européen est discuté sous le sceau du secret. Des centaines de grandes sociétés du monde y participent, derrière le dos de la classe ouvrière internationale.

 

Obama déploie un discours antichinois flagrant pour tenter de vaincre l’opposition à l’APT parmi les démocrates et républicains au Congrès. Dans un entretien, il a déclaré : « Si nous n’écrivons pas les règles là-bas, la Chine les écrira, et les implications géopolitiques d’une telle situation signifient presque inévitablement que nous serions soit évincés, soit profondément défavorisés. Nos entreprises seraient désavantagées, nos travailleurs seraient désavantagés. »

 

Washington craint que d’autres puissances impérialistes, comme l’Allemagne, la Grande-Bretagne ou le Japon, ne renforcent leurs positions en Chine au détriment des États-Unis, si l’Amérique n’écrit pas « les règles » du commerce mondial au 21e siècle.

 

Sous le titre « Le deuxième tour dans la bataille de l’Amérique pour l’influence en Asie », David Pilling écrit dans le Financial Times de Londres : « la tentative de Washington d’organiser un boycott de la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures mené par la Chine s’est transformée en farce, après que la Grande-Bretagne a rompu les rangs et que d’autres nations, de l’Allemagne à la Corée du Sud, se sont mises en quatre pour rejoindre la banque. Si la première tour a été une défaite pour l’Amérique, le deuxième est dans la balance. »

 

Pilling critique l’exclusion de la Chine par l’APT au motif que son économie était centralisée et planifiée. « Dans un exemple étrange de contorsion diplomatique, » écrit-il, « le Vietnam — un pays dont l’économie est planifiée de façon centralisée et truquée comme tout — est par contre considéré, lui, comme apte à l’entrée. »

 

Il ajoute que l’APT était « tout aussi susceptible d’irriter les alliés régionaux de l’Amérique que de les rassurer, » en raison de ses exigences intrusives, notamment le démantèlement des entreprises publiques, des restrictions sur les appels d’offres, de la règlementation financière, et des règles sur la protection des données.

 

La poussée agressive de Washington pour établir les blocs APT et PTCI marque un renversement de son rôle après la Deuxième Guerre mondiale, lorsque l’ascendant de l’industrie américaine lui permettait de championner la reconstruction de ses rivaux japonais et européens, dont il profitait pour développer des marchés pour ses exportations.

 

Aujourd’hui, alors que l’industrie américaine poursuit son déclin, son élite dirigeante dépend de plus en plus des activités parasitaires de Wall Street, de l’exploitation des brevets de la Silicon Valley, de Hollywood et des compagnies pharmaceutiques et des contrats militaires. Ces intérêts rapaces bénéficieront le plus directement de l’APT.

 

De nombreux détails restent secrets, mais les groupes de pression qui soutiennent l’APT concentrent leurs efforts sur les mannes attendues. Mireya Solis du groupe de réflexion « Brookings Institution » a souligné certains avantages, tels que « l’internationalisation des services financiers, la protection de la propriété intellectuelle et de la gouvernance de l’économie de l’Internet. »

 

Grâce à l’accord, les groupes technologiques américains pourraient se libérer de leurs obligations de stocker les données dans un pays donné. « Si nous allons servir un client en Malaisie, disons, depuis un centre de données à Singapour, les données doivent être en mesure d’aller et venir entre ces deux pays, » Brad Smith, l’avocat général de Microsoft, a déclaré au Wall Street Journal.

 

Les provisions « Investor-State Dispute Settlements » (RDIE — Règlement des différends entre investisseurs et États) sont au centre de l’APT. Elles permettent aux multinationales de poursuivre les États pour des pertes qui auraient été causées par des décisions officielles. WikiLeaks a publié un chapitre du traité APT pour démontrer que les entreprises pourraient contourner les tribunaux afin d’obtenir des dommages liés à « la règlementation de l’environnement, de la santé ou d’autres sujets. »

 

Outre les États-Unis et le Japon — qui sont de loin les deux plus grands partenaires — les autres participants à l’APT sont l’Australie, Brunei, le Canada, le Chili, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, le Singapour et le Vietnam.

 

Beaucoup de ces pays pourraient refuser de faire les concessions nécessaires aux États-Unis, car Obama n’a pas pu obtenir le soutien du Congrès pour une proposition de loi du « Trade Promotion Authority » (l’Autorité de Promouvoir le Commerce – APC), afin qu’il puisse signer l’APT puis le faire ratifier par le Congrès avec un vote sur un simple « oui » ou « non ». Sans l’APC, le Congrès pourrait imposer des amendements au pacte négocié, le rendant effectivement nul et non avenu.

 

Selon le Japan Times, « Plusieurs partenaires, tels le Canada et le Japon, ont déclaré qu’ils ne dévoileraient leurs positions de négociation que lorsque le Congrès accorderait l’APC à l’administration Obama. Avec une élection présidentielle imminente aux États-Unis, un retardement supplémentaire crée un risque réel que l’APT soit retardé jusqu’en 2017. »

 

Une grande partie de la résistance du Congrès américain provient des lobbies protectionnistes, basés sur les industries nationales et sur leurs syndicats. L’administration Obama développe donc une campagne pour souligner les avantages escomptés pour les entreprises américaines.

 

Le 30 mars, la Maison-Blanche a publié des lettres d’anciens dirigeants économiques, y compris dix anciens Secrétaires du commerce, démocrates et républicains, exhortant les dirigeants du Congrès à donner l’APC à l’administration Obama.

 

Les secrétaires du commerce ont déclaré : « Une fois terminés, l’Accord de Partenariat Transpacifique (APT) et le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (PTCI) donneront aux États-Unis des accords de libre-échange avec 65 pour cent du PIB mondial, donnant à nos entreprises un accès préférentiel à une grande base de nouveaux clients potentiels. »

 

Cette demande pour « l’accès préférentiel » menace de faire éclater l’économie mondiale en blocs rivaux, comme avant les première et deuxième guerres mondiales.

 

 

Par Mike Head - wsws.org - le 6 avril 2015

(Article original publié le 4 avril 2015)

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Monsanto veut contrôler le business des abeilles

Monsanto veut contrôler le business des abeilles | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Monsanto veut contrôler le business des abeilles

 Par Marie Astier


C’est une des stratégies les plus secrètes de la firme Monsanto, promoteur mondial des semences transgéniques : investir les différentes entreprises qui font de la recherche sur les abeilles. Aux États-Unis, les apiculteurs s’inquiètent de la politique du géant des OGM.

 

Après les semences, les pesticides, les engrais... Voilà que Monsanto s’intéresse à la pollinisation. Ou plus précisément, aux abeilles. Un tiers de notre alimentation dépendrait de leur patient travail, un service évalué à 153 milliards d’euros par an par une équipe de chercheurs de l’INRA.

 

Depuis quelques années, Monsanto s’intéresse à la mauvaise santé des abeilles, et explique vouloir les sauver à coup de recherche génétique. Le principal promoteur des plantes transgéniques débarque dans un contexte très difficile pour les apiculteurs.

 

Depuis la fin des années 1990 en France, et l’hiver 2006-2007 aux États-Unis, les essaims semblent victimes d’un mal mystérieux. Environ 30 % (presque un tiers !) des ruches meurent chaque année, sans explication apparente. Alors qu’une mortalité « normale » selon les apiculteurs, s’établit autour de 10 %.

 

Les scientifiques n’ont pas réussi à trouver une seule explication à ce « syndrome d’effondrement des colonies », mais un ensemble de causes qui provoqueraient la disparition des colonies d’abeilles :

 

— des causes « pathogènes » comme certains parasites, virus ou champignons,

— le manque de diversité génétique (les abeilles ont été sélectionnées pour leur productivité, mais sont moins adaptées à leur milieu), le manque de nourriture dû à une agriculture intensive qui réduit la biodiversité, les pratiques des apiculteurs, qui notamment aux États-Unis transportent les ruches à travers tout le pays pour polliniser les cultures et affaiblissent leurs essaims par ces voyages incessants,

— enfin (et surtout ?) les pesticides : « Le catalogue des produits phytopharmaceutiques dénombre aujourd’hui 5000 produits commerciaux dont l’utilisation selon des méthodes non autorisées est susceptible de provoquer des dommages irréversibles sur les colonies d’abeilles », indique un rapport de l’ANSES daté de 2008.

 

 

Monsanto rachète une entreprise de préservation des abeilles

 

Pour endiguer cette disparition, les recherches vont bon train. Et c’est là que Monsanto entre en scène. En 2011, la multinationale rachète Beeologics, une entreprise spécialisée dans la recherche et la production de solutions pour améliorer la santé des abeilles. « Notre mission est de devenir les gardiens de la santé des abeilles partout dans le monde », indique son site internet.

 

Dans un communiqué de presse, la firme américaine justifie ce rachat : « Monsanto sait que les abeilles sont une composante clé d’une agriculture durable dans le monde. »

 

Beeologics a développé un produit à base d’ARN (une sorte de copie de l’ADN qui permet aux cellules de fabriquer les protéines dont elles ont besoin) pour lutter contre certains virus : « Une copie d’une séquence d’ARN du virus est introduite dans la nourriture des abeilles et leur organisme le perçoit comme un signal pour détruire le virus » explique Jay Evans, chercheur spécialiste de la génétique des abeilles au ministère de l’Agriculture des États-Unis. Ce traitement, appelé Remebee, « réduit le syndrome d’effondrement des colonies », promet Beeologics.

 

« La technologie à l’air sûre et c’est un succès, c’est pour cela que Monsanto a racheté Beeologics », poursuit le chercheur, joint au téléphone.

 

Mais Christoph Then, vétérinaire, spécialiste des biotechnologies et ancien expert pour Greenpeace, ne partage pas cet enthousiasme : « Le procédé utilisé a été découvert il y a seulement quelques années. On ne connaît pas encore tous ses effets, il y a débat dans la communauté scientifique. » Surtout, Beeologics a testé les conséquences de son produit sur les abeilles, mais qu’en est-il sur d’autres organismes ? « L’ARN utilisé n’est pas stable et peut passer d’un organisme à l’autre, poursuit cet expert. Donc à ce stade, cette technologie n’est pas assez sûre pour être utilisée dans l’environnement. »

 

Pourtant au ministère de l’Agriculture américain, Jay Evans prédit déjà un bel avenir à ce remède pour les abeilles : « La technologie va se développer dans les prochaines années. » Beeologics espère même commercialiser un produit qui, grâce au même procédé, rendrait les abeilles résistantes au varroa, l’un de leurs parasites les plus destructeurs et contre lequel les apiculteurs sont de plus en plus démunis. Ce marché des traitements pour abeilles est sans doute minuscule comparé à celui des semences ou des pesticides, mais cela permet au moins à Monsanto de se racheter une image auprès de certains apiculteurs.

 

 

Un « sommet sur la santé des abeilles »

 

D’ailleurs, pour montrer son implication dans la protection des abeilles, Monsanto est allé jusqu’à organiser en juin de l’année dernière un « sommet sur la santé des abeilles » à son siège de Chesterfield.

 

Réunissant chercheurs, apiculteurs et industriels, l’initiative a étonné aux États-Unis. Au programme des discussions, les multiples causes du syndrome d’effondrement des colonies. À savoir la destruction des habitats et des sources de nourriture des abeilles, le varroa... et les pesticides.

 

 

Siège de Monsanto à Chesterfield

 

Au programme des discussions, les multiples causes du syndrome d’effondrement des colonies. À savoir la destruction des habitats et des sources de nourriture des abeilles, le varroa... et les pesticides.

 

Il s’agirait d’une belle opération d’enfumage, pour faire oublier que les pesticides sont les principaux responsables de la disparition des abeilles, estime l’association environnementale Pesticide Action Network. Elle dénonce les « efforts insidieux de Monsanto et des autres fabricants de pesticides pour discréditer les études scientifiques sur les impacts des pesticides sur les abeilles ». Selon elle, Monsanto tente de faire croire que les pesticides ne sont qu’un problème mineur et que c’est le varroa destructor, ce parasite des abeilles, qui serait la menace la plus sérieuse...

 

« Les abeilles dérangent, rappelle Henri Clément, porte-parole de l’UNAF (Union National des Apiculteurs de France), elles posent la question de la qualité de l’environnement. Elles sont des lanceurs d’alerte et ont été les premières touchées par les pesticides. »

 

 

Les néonicotinoides, nouveau danger

 

Surtout, remarquent les apiculteurs, l’apparition du syndrome d’effondrement des colonies coïncide étrangement avec la mise sur le marché d’une nouvelle classe de pesticides à partir des années 1990 : les néonicotinoides.. Produits par Bayer ou Syngenta (par ailleurs producteurs, eux aussi, de semences transgéniques), ils enrobent aussi les semences de Monsanto, notamment les graines de maïs.

 

Leur action consiste à attaquer le système nerveux central des insectes. Chez les abeilles, une étude a ainsi montré, pour un néonicotinoide couramment utilisé, qu’il désoriente les abeilles : elles ne retrouvent plus la ruche. « Cela entraîne un risque de disparition de la colonie », indiquent les chercheurs.

 

Ces pesticides affaibliraient aussi les défenses immunitaires des abeilles, indique une autre publication scientifique, les rendant plus sensibles aux parasites, aux maladies, ou au manque de nourriture quand la saison n’est pas clémente... Bref, ils seraient l’élément déclencheur, davantage que tous les autres facteurs responsables du syndrome d’effondrement des colonies.

 

Les soupçons sur ces pesticides nouvelle génération sont suffisamment étayés pour que l’Union Européenne ait décidé de suspendre l’utilisation de trois néonicotinoides pendant deux ans (depuis le 1er décembre 2013). Mais les apiculteurs demandent une interdiction ferme. « Les abeilles sont des empêcheurs de tourner en rond, un grain de sable dans l’engrenage de Monsanto », poursuit Henri Clément.

 

Monsanto continue de détourner l’attention. Par exemple, l’entreprise est fière de citer parmi les « coorganisateurs » de son sommet sur la santé des abeilles le Project Apis m, un programme qui déclare fournir du matériel aux laboratoires et proposer des bourses aux jeunes scientifiques. Mais surtout, il incite les agriculteurs à semer des plantes nourrissantes pour les abeilles en période de pollinisation. Une autre action pour « sauver » les abeilles, financée par Monsanto.

 

 

Monsanto rachète une firme stratégique du royaume des abeilles

 

Le congrès de Chesterfield a également été l’occasion pour l’entreprise de se faire des contacts intéressants. Autre « coorganisateur », le Honey Bee Advisory Council ou Comité de conseil sur les abeilles. C’est une organisation créée par Monsanto, qui se vante d’y réunir « des membres de l’industrie apicole, des experts et des membres du monde académique ». On y trouve notamment un ancien président de l’Association américaine des apiculteurs, mais aussi Gus Rouse, propriétaire de Kona Queen, la plus grosse entreprise de production de reines d’abeilles aux États-Unis. Une firme qui mérite la plus grande attention.

 

Située à Hawaii, Kona Queen produirait plus de 200 000 reines par an — le chiffre exact reste secret. Car ce marché ne compte que trois grands producteurs qui, pour des raisons de concurrence refusent de les dévoiler. Même avec les statistiques officielles, Danielle Downey, représentante du ministère de l’Agriculture américain auprès des apiculteurs d’Hawaii ne peut faire que des estimations : « Environ 25 % des reines des États-Unis et 50 % des reines au Canada viennent d’Hawaii ».

 

L’État du Pacifique sous bannière étoilée profite de son climat favorable pour produire des reines presque toute l’année. « Ce sont les premières de la saison, les apiculteurs d’Amérique du Nord les font venir pour pouvoir développer leurs colonies plus tôt au sortir de l’hiver, raconte Danielle Downey. Avec l’apparition du syndrome d’effondrement des colonies, les apiculteurs ont de plus en plus besoin de reines pour remplacer les essaims perdus. La demande dépasse la production, et l’industrie est en pleine croissance ».

 

La production de reines est donc un secteur économique qui pourrait s’avérer de plus en plus rémunérateur, même s’il ne dépasse pas là pour l’instant quelques millions de dollars. Se rapprocher du principal producteur de reines des États-Unis permet aussi à Monsanto de mettre un pied dans la sélection génétique des abeilles, une des pistes aujourd’hui privilégiées par les chercheurs pour améliorer leur santé.

 

 

Gus Rouse, fondateur de Kona Queen

 

Dans une ruche, il n’y a qu’une seule reine, mère de toute la colonie. Son patrimoine génétique est de première importance. Depuis longtemps, les reines ont été sélectionnées pour leur productivité. Désormais, on les sélectionne aussi pour leur résistance à ces multiples facteurs responsables du syndrome d’effondrement des colonies. À Hawaii, « nous travaillons sur des abeilles résistantes au varroa par insémination artificielle », indique Danielle Downey.

 

 

Des abeilles transgéniques ?

 

Alors Monsanto envisage-t-il de créer des abeilles transgéniques ? La question a été débattue au Congrès mondial des apiculteurs en septembre dernier. « Monsanto a bien manipulé le colza pour qu’il résiste à leur propre désherbant et maintenant ils peuvent vendre à la fois les semences et le RounUp, rappelle Gilles Ratia, président de la Fédération Internationale des apiculteurs Apimundia. Alors on les soupçonne de vouloir comprendre le métier d’élevage de reines pour les rendre résistantes aux graines enrobées de néonicotinoides, ou à leur maïs OGM sécréteur d’insecticides. Ils déposeraient un brevet, puis ils vendraient à la fois les semences et les abeilles pour les polliniser ! »

 

Un étrange événement, survenu en mars 2012, vient renforcer ces soupçons. Aux États-Unis, les ruches d’un célèbre naturaliste, Terrence Ingram, ont été saisies par le ministère de l’Agriculture de l’Illinois. Il travaillait depuis plus de quinze ans sur les effets du RoundUp, l’herbicide mondialement connu de Monsanto, sur les abeilles. Après des années de sélection génétique, trois ruches et leurs reines avaient résisté plus d’un an, malgré les épandages de Round-up.

 

Au début du printemps, les inspecteurs du ministère ont débarqué « sans aucun avertissement, raconte Terrence Ingram, joint par Reporterre. Ils ont pris trois ruches, et tué les reines des deux autres. Ils ont déclaré que mes ruches étaient contaminées par la loque américaine. Ce qui est faux, j’avais les preuves qu’elles étaient saines, mais je n’ai pu les présenter que trois semaines plus tard au tribunal, c’était trop tard. Tout était déjà détruit. »

 

Le travail de Terrence Ingram avait de quoi gêner Monsanto. « Il est certain que le RoundUp tue mes abeilles : en 1996, mes 250 ruches ont été exposées au RoundUp et toutes sont mortes. Depuis, chaque année je rachète des essaims, chaque année le RoundUp est répandu, et chaque année ils meurent... Sauf celles qui avaient enfin développé une résistance. Aujourd’hui, je ne sais toujours pas où sont les ruches que l’on m’a prises, si elles ont été vraiment détruites. » Certaines associations environnementales des États-Unis soupçonnent Monsanto d’avoir volé les ruches, pour mener des recherches. « Je n’ai aucune preuve qu’ils soient derrière cela », tempère le naturaliste.

 

Au Congrès sur la santé des abeilles organisé par Monsanto, un apiculteur a relayé l’inquiétude de sa profession à propos des abeilles OGM, indique un journal local. Réponse de Jerry Hayes, responsable de la recherche sur les abeilles chez Monsanto : « Nous n’avons pas l’intention de modifier génétiquement une abeille, ou d’en créer une qui ne polliniserait que les semences de Monsanto. Notre but est de protéger leur santé. »

 

Le scientifique Jay Evans se veut lui aussi rassurant : « Pour l’instant personne n’a jamais fait cela, la génétique des abeilles est trop complexe. Et puis, on ne se permettrait pas d’aller dans ce sens pour les abeilles : ce serait trop dangereux. Le seul insecte que l’on ait génétiquement modifié est le moustique responsable de la malaria. C’est une maladie terrible et même là, il a fallu vingt ans que la technique soit socialement acceptée. Je ne pense pas que nous aurons un jour des abeilles génétiquement modifiées. »

 

Quoi qu’il en soit, pour l’instant, Monsanto n’a pas encore sauvé les abeilles. Sur internet, les écolos américains s’amusent sur un ton doux-amer à imaginer ce qui se passerait si les abeilles disparaissaient... Ils signalent à Monsanto qu’un laboratoire d’Harvard, le Microrobotics Lab a déjà développé un robot pollinisateur. Le Robobees serait bientôt capable de remplacer les abeilles dans les champs d’amandiers ou de maïs... « Mais les abeilles robots ne savent pas danser », rappelle un article du Guardian Liberty Voice.

 

 

 

Par Marie Astier - Reporterre – le 4 avril 2015.

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