Huit-centième anniversaire de la Magna Carta (la Grande Charte, 15 juin 1215), qu’en reste-t-il ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Huit-centième

anniversaire de la Magna Carta

(la Grande Charte, 15 juin 1215),

qu’en reste-t-il ?

 

 

C’est à son retour de France, lourdement défait à la bataille de Bouvines par Philippe-Auguste, que le Roi Jean Le Premier d’Angleterre se trouva confronté à une fronde des Barons auxquels il avait emprunté de fortes sommes de livres-or pour financer ses campagnes militaires en France. Les Barons – on disait en France à l’époque les Seigneurs – devant l’attitude du Roi qui à l’évidence voulait les spolier, organisèrent une sorte de rébellion et rédigèrent un document fameux avant d’en appeler au Pape (Innocent III) afin d’intercéder dans cette dispute qui s’envenimait. On était en Angleterre en état de guerre, l’Église anglaise était romaine et catholique et la situation devenait préoccupante.

 

Bien qu’ayant fait allégeance au Pape afin d’obtenir son soutien, le Roi Jean fut confronté au printemps 1215 à cette rébellion organisée des Barons qui rédigèrent la Magna Carta, la Grande Charte, qui fut rendue publique le 15 juin 1215, il y a 800 ans. Ce document constitue la base de la constitution anglaise (non écrite), mais aussi celle des États-Unis reprise des siècles plus tard par les 13 colonies anglaises du continent nord-américain et qui comme pour la Grande Charte débouchèrent sur une guerre. Malgré l’intervention du Pape, la guerre ne put être évitée en Angleterre comme aux États-Unis bien plus tard.

 

Ce bref rappel de l’histoire paraît de nos jours anecdotique, 800 ans c’est loin, mais la Grande Charte se trouve être l’un des tout premiers documents écrits dans le but de codifier la suprématie du pouvoir de l’argent sur le pouvoir temporel de l’autorité régnante, en l’occurrence le Roi et aujourd’hui les assemblées des représentants élus du peuple.

 

Le pouvoir de l’argent était alors celui des Barons qui maintenaient 80 % de la population en servage. Les serfs et les non-propriétaires étaient d’ailleurs exclus des termes et attendus de la Grande Charte. Il est opportun de rappeler que ce 15 juin est donc le huit-centième anniversaire de la Magna Carta, mais il est tout aussi opportun de rappeler ce que la signification première du document est devenue au cours des siècles. Il en reste ce qu’il est opportun d’appeler « la liberté individuelle », en réalité celle des dignes descendants des Barons anglais, en d’autres termes la liberté de la caste au pouvoir malgré le fait qu’au XVIIe siècle, quatre siècles plus tard, la Grande Charte fut la base de l’établissement de la suprématie du Parlement Anglais pourtant constitué dans la théorie de représentants du peuple qui les avaient porté au pouvoir.

 

La constitution américaine a largement repris le point primordial et central de la Magna Carta : elle fut rédigée par des riches pour le bien des riches et non pour celui du peuple. Cet usage de la Grande Charte comme d’un alibi pour se protéger par des parlements et des Cours suprêmes interposés est le fait, des siècles plus tard, du règne de politiciens corrompus et vendus au capital, le réel pouvoir comme l’était celui des Barons vis-à-vis du Roi Jean.

 

Comble d’ironie les Conventions de Genève ont repris les termes de la Grande Charte. Pour rappel les Conventions de Genève codifient en quelque sorte le droit de faire la guerre et de respecter quelques règles élémentaires concernant les prisonniers de guerre et la protection des civils. Ces conventions, depuis 1949, n’ont jamais été respectées par les États-Unis ni par d’autres États notoirement impliqués dans des conflits armés. Les civils sont toujours massacrés, bombardés et leurs biens pillés, les prisonniers sont toujours torturés, violés et assassinés.

 

Les USA n’ont jamais ratifié les protocoles I et II des Conventions de Genève comme d’ailleurs Israël, l’Iran, le Pakistan, l’Irak et l’Inde ! Autant dire que l’impunité des États-Unis comme fauteurs de troubles planétaires a été parfaitement préméditée, et ce depuis longtemps, mais ce n’est qu’un détail bien naturellement…

 

Quant à la Convention de Vienne (1986) sur la prévention et la condamnation des génocides, encore une fois les USA ne l’ont pas ratifiée de même que les USA ne reconnaissent pas l’autorité de la Cour de Justice Internationale. Et tous ces faits en disent long sur la soif d’hégémonie des USA sur le monde entier.

 

Depuis une vingtaine d’années on assiste tant en Grande-Bretagne qu’aux USA à un mépris systématique des principes fondamentaux de la Magna Carta tels que celui de la séparation du pouvoir politique du pouvoir judiciaire ou la soumission du pouvoir et de ses décisions au pouvoir des représentants élus du peuple même si ces peuples d’aujourd’hui étaient des serfs à l’époque de la Magna Carta.

 

Autant dire qu’ils sont restés dans cette situation depuis 800 ans et aujourd’hui, les USA et la Grande-Bretagne dont les systèmes constitutionnels sont issus de la Magna Carta en usent et en abusent. Le pouvoir est aux mains des puissances d’argent de ces pays, des grandes compagnies financières et industrielles, les « barons » contemporains, et les électeurs ne sont plus que de pâles exécutants, approuvant bon gré mal gré tels les serfs du XIIIe siècle les décisions de ceux-là même qu’ils ont choisi pour défendre leurs intérêts, mais n’œuvrent en réalité que pour les « barons ».

 

Ce petit rappel historique est nécessaire pour aussi rappeler que la Grande-Bretagne et les États-Unis sont en ce XXIe siècle impliqués dans de nombreux conflits guerriers illégaux au sortir des Standards dits de « Nuremberg » qu’ils ont établis à la suite de la défaite de l’Allemagne et qu’ils utilisèrent sciemment pour poursuivre et exécuter les criminels de guerre nazis.

 

Ces deux pays considèrent qu’ils peuvent aller outre les lois internationales qu’ils ont eux-mêmes établies pour punir l’Allemagne vaincue. Washington et Londres peuvent bombarder et assassiner à merci, mais pas l’Allemagne ni le Japon.

 

Ces deux pays, à l’encontre de leur constitution – même si celle de la Grande-Bretagne est non écrite – espionnent leurs citoyens et l’exécutif américain sous Bush puis Obama a outrepassé les pouvoirs du Congrès et des cours fédérales ont outrepassé leurs pouvoirs et laminé et vidé de son contenu la Constitution, à l’exception notoire du Second Amendement (pour les USA) qui est protégé par la National Rifle Association. Et si le second amendement est laminé aussi alors il ne restera rien de la Constitution américaine largement inspirée de la Magna Carta…

 

Washington et ses satellites européens (les nouveaux serfs) ont subordonné la loi à un dessein politique et économique. Exactement comme à l’apogée du colonialisme quand l’Ouest organisa le pillage en règle du monde non blanc, aujourd’hui l’Ouest pille son propre peuple. La Grèce est sur le point d’être pillée comme l’a été l’Irlande et l’Espagne, le Portugal et l’Italie ne peuvent plus échapper à ce sort sauf si ces pays font défaut sur leur dette et quittent l’Union Européenne.

 

Le capitalisme occidental, les « barons » d’aujourd’hui, est un mécanisme de pillage organisé en toute impunité puisque les lois ont été faites pour permettre ce genre d’actions. Avec les accords transatlantiques et transpacifiques en cours de négociation dans une opacité plus que suspecte le système anglo-saxon bafouera les lois souveraines d’une multitude de pays.

 

Pour donner un exemple que tout le monde a à présent à l’esprit, mais qui peut tout aussi bien s’appliquer aux fromages français ou hollandais, aux jambons espagnols ou italiens ou encore aux médicaments allemands ou même anglais, les lois françaises et de bien d’autres pays européens interdisant les plantes génétiquement modifiées deviendront des lois « restreignant le commerce » et soumettront la France à des procès punitifs intentés par Monsanto (voir l’addenda en fin de billet). Et si la France ne se soumet pas et ne paie pas les indemnités que Monsanto lui réclamera, elle sera soumise à des sanctions exactement comme c’est le cas actuellement pour la Russie qui refuse de faire ce que Washington lui demande de faire !

 

Une nouvelle existence d’esclavage nous est promise et est mise en place progressivement sous nos yeux sans que nous puissions faire quoi que ce soit, car la loi ne nous protège plus et est devenue une arme entre les mains des gouvernements anglo-saxons !

 

Huit siècles de réformes sont en train d’être purement et simplement laminés, car Washington et ses vassaux envahissent et bombardent des pays sous le seul prétexte qu’ils ne sont pas au diapason avec les desseins hégémoniques de Washington et dans une moindre mesure de Londres, mais aussi des firmes financières et industrielles de ces deux pays.

 

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la City et Wall Street sont les places financières dominantes dans le monde d’aujourd’hui, car il s’agit du même dessein de domination du monde. Partout des groupes de pression sont privilégiés par ces gouvernements et se placent au-dessus des lois. Cette concentration de richesses et de pouvoirs rappelle un peu le règne de l’aristocratie de l’Empire romain durant lequel on assista à une disparition de la sécurité et de la dignité des citoyens. Si la Magna Carta a aussi débouché sur de « bonnes » lois dont le principe du respect de l’esprit de la loi par le gouvernement, ces gouvernements responsables devant une loi modifiée à leur avantage sont devenus des tyrannies quel que soit le nom ou l’appellation qu’ils ont usurpé et quel que soit l’aspect exceptionnel et indispensable qu’ils se sont approprié.

 

Ce lundi 15 juin 2015 à Westminster, le « Tribunal International pour la Justice Naturelle » va être constitué. Si l’on comprend bien cette mission d’un nouveau genre humanitaire, on est en droit d’espérer un peu. Peut-être que ce tribunal poursuivra les criminels contemporains, la plupart d’entre eux étant des dirigeants des pays occidentaux, en utilisant Internet avec des jurés et des juges afin que tout un chacun puisse être témoin du caractère diabolique des gouvernements occidentaux. Et une fois que l’Occident sera perçu par une majorité d’individus comme une force vraiment maléfique, alors ces gouvernements et les pouvoirs industriels et financiers avec lesquels ils agissent en complète collusion devront reconnaître la nécessité que l’Occident se réforme de fond en comble ou alors il sombrera dans une terrible décadence alors que le reste du monde continuera son chemin vers des jours meilleurs. En d’autres termes, le monde entier sera sauvé quand il cessera de se prosterner au pied des « barons » industriels et financiers anglo-saxons et en particulier américains.

 



Par Paul Craig Roberts (paulcraigroberts.org) - jacqueshenry.wordpress.com – le 15 juin 2015.

 

NDLGazette :  Paul Craig Roberts, économiste et journaliste paléoconservateur américain a été sous-secrétaire au Trésor dans l’administration Reagan (1981-1982), et est un des pères fondateurs des Reaganomics. Il a également été rédacteur en chef adjoint au Wall Street Journal… (Source Wikipédia)



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Note : À la fin de la rédaction de ce billet, je suis tombé sur un édito des Échos de Jean-Marc Vittori (voir le lien) titré « Pour en sortir, il nous faudrait une bonne guerre ». De quoi parle ce monsieur dans cet éditorial : de la guerre contre le réchauffement climatique ! C’est insensé d’en arriver à une telle soumission aux pouvoirs de la désinformation systématique orchestrée par les groupes écolo-politiques soumis aux intérêts des lobbys financiers, car toute cette histoire de climat, en comparaison des risques géopolitiques actuels qui menacent l’humanité et sa survie, est d’un ridicule achevé.

 

C’est le complexe militaro-industriel américain qui veut la guerre, mais pas celle dont parle Vittori, car il s’agira d’une vraie guerre mettant à feu et à sang des dizaines de pays y compris en Europe, il ne faut pas se leurrer !

 

La récession est installée aux USA et en Europe occidentale, l’économie chinoise fait en ce moment un gros plongeon, la crise économique mondiale qui se profile ne trouvera de solution pour en sortir, au mépris de toutes les lois patiemment construites par l’Humanité depuis ces 800 ans nous séparant de la Grande Charte, encore une fois que dans une belle guerre bien dévastatrice pour remettre les compteurs à zéro. Ce sera peut-être « la der des der » comme disaient nos anciens, peut-être aussi la fin de l’humanité, mais apparemment tout le monde s’en moque, le changement climatique semble beaucoup plus préoccupant, bonjour l’ambiance dans l’hiver nucléaire qui suivra presque instantanément le tir de la première fusée nucléaire intercontinentale à têtes multiples destinées à vitrifier une dizaine de villes simultanément dans n’importe quel pays du monde

 

 

Et aussi pour l’anecdote :

Paris proscrit la vente aux particuliers du Roundup de Monsanto


La ministre française de l’Écologie Ségolène Royal a annoncé dimanche l’interdiction de la vente libre dans les jardineries du désherbant vedette de Monsanto, le Roundup. Paris veut lutter contre les effets néfastes des pesticides.


« La France doit être à l’offensive sur l’arrêt des pesticides », a déclaré la ministre sur la chaîne France 3. « Elle doit être aussi à l’offensive sur l’arrêt des pesticides dans les jardins et je vous annonce que j’ai demandé aux jardineries d’arrêter de mettre en vente libre le Roundup de Monsanto », le géant américain des semences et de l’agrochimie, a-t-elle dit.

 

Le Roundup avait été remis au centre de l’actualité après le classement en mars du glyphosate, son principe actif, comme cancérogène « probable chez l’homme », même si les « preuves sont limitées », par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) dont le siège est à Lyon (centre-est de la France).

 

En Suisse, suivant le principe de précaution, Coop et Migros ont décidé de retirer de ses rayons les herbicides contenant du glyphosate.

(ats/14.06.2015 16 h 9)

 

Une décision de ce genre, uniquement prise en fonction de considérations idéologiques, sera bientôt considérée comme une entrave au commerce de libre échange transatlantique !

 

Et le 15 juin est aussi la fête mondiale des moulins à vent…

 

 

 

Par jacqueshenry.wordpress.com – le 15 juin 2015.