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Sommet de l’OTAN : quand des hauts responsables se mettent à chanter « We Are the World »

Sommet de l’OTAN : quand des hauts responsables se mettent à chanter « We Are the World » | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Federica Mogherini, la lady Pesc (1) dans le chœur de l’OTAN

 

Sommet de l’OTAN :

quand des hauts responsables se mettent à chanter « We Are the World »

 

 

C’est un mauvais rêve. Lors du sommet de l’OTAN en Turquie, le commandeur Philip Breedlove a invité les ministres des Affaires étrangères à chanter avec lui « We Are the World ». Cette mascarade était d’autant plus pénible que l’œuvre avait été composée pour collecter des fonds afin de vaincre la famine en Éthiopie (1984-85) ; un terrible épisode de la Guerre froide.

 

 

 

Federica Mogherini, la « Lady Pesc » [1] qui représente la politique étrangère de l’Union européenne, prise bras dessous bras dessus par le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg, chante « We are the world » (la chanson de Michael Jackson) avec lui et les ministres des Affaires étrangères l’Alliance. Avec cette scène emblématique (voir la vidéo ci-dessus) s’est conclu en Turquie le sommet de l’OTAN, auquel Mogherini a eu l’honneur d’être invitée.

 

« L’UE et l’OTAN — a-t-elle déclaré — ont une nature différente, mais partagent les mêmes valeurs ». Il y a des « défis autour de nous qui nous unissent », de l’Ukraine à la Libye. Est donc « extrêmement importante l’étroite, excellente coopération que nous avons entre Union européenne et Otan au niveau de la Défense et de la Politique étrangère, entre moi et le secrétaire général, et nos staffs, qui se rencontrent régulièrement ».

 

Cette « coopération structurelle », qui rend « complémentaires » UE et OTAN, est renforcée par des « invitations réciproques » : après avoir été invitée au sommet de l’OTAN, Mogherini a invité le secrétaire de l’Alliance à la réunion des ministres de la Défense et des Affaires étrangères de l’UE, le 18 mai, pour parler d’« opérations militaires ». Stoltenberg et Mogherini ont chargé leurs staffs respectifs d’« intensifier la coopération OTANn-UE », parce que « nos stratégies sont complémentaires » (c’est-à-dire que celle de l’UE est fonctionnelle à celle de l’OTAN), de façon à « opérer ensemble rapidement et efficacement en cas de menace hybride contre n’importe lequel de nos membres ».

 

L’Union européenne, dont 23 des 28 pays sont en même temps membres de l’OTAN, se trouve ainsi liée à l’OTAN sous commandement états-unien (le Commandant suprême allié en Europe est toujours nommé par le président des États-Unis). L’Alliance qui, déclare Stoltenberg, « est en train de réaliser le plus grand renforcement de la défense collective depuis la fin de la Guerre froide ».

 

Tandis que Stoltenberg, à la demande de Washington, fait pression sur les membres européens de l’OTAN pour qu’ils augmentent la dépense militaire, Mogherini annonce que « l’Union européenne relancera en juin les investissements dans la Défense ».

 

Tandis que Stoltenberg confirme que l’OTAN est en train de potentialiser sa « Force de riposte », Mogherini annonce que « l’UE a besoin d’accroître la capacité de riposte aux crises », capacité « non nécessairement militaire, mais qui n’exclut pas un aspect militaire ».

 

Tandis que Stoltenberg souligne que l’OTAN est engagée sur deux fronts — celui oriental où « nous faisons face à une Russie plus menaçante, responsable d’actions agressives en Ukraine », celui méridional où « nous voyons le tumulte et la violence se répandre au Moyen-Orient et en Afrique du Nord » — Mogherini annonce que l’Union européenne est en train de potentialiser le « Partnership oriental », pour soutenir surtout l’Ukraine et la Géorgie (de fait déjà intégrées dans l’OTAN), planifie ce que Stoltenberg définit comme « une opération UE en Méditerranée et autour de la Méditerranée », officiellement pour faire face à « la tragédie des migrants », en laissant entendre que l’OTAN est prête à la soutenir. Stoltenberg rappelle à ce propos que « l’opération OTAN en Libye en 2011 » servit à « protéger les civils de la violence du régime de Kadhafi », mais que « les efforts pour stabiliser le pays n’ont pas réussi », et que, de ce fait, il faut aujourd’hui « établir un gouvernement unitaire en Libye ».

 

On prépare donc une nouvelle opération militaire de l’OTAN, sous le sigle UE. Sous cet éclairage, les mots « We are the world » (Nous sommes le monde) chantés au sommet de l’OTAN, avec le contre-chant de la représentante de l’UE, sonnent de façon menaçante. Et ces « We are the children » (Nous sommes les enfants) sonnent comme une insulte aux millions d’enfants morts, de l’Irak à la Libye, à cause des guerres des USA et de l’OTAN.

 

 

 

Par Manlio Dinucci (*), Il Manifesto (Italie) - traduction

Marie-Ange Patrizio - RÉSEAU VOLTAIRE | ROME (ITALIE) | 21 MAI 2015 - wikistrike.com – le 24 mai 2015.

 

 

(*) Manlio Dinucci : géographe et géopolitologue. Derniers ouvrages publiés : Laboratorio di geografia, Zanichelli 2014 ; Geocommunity (en trois tomes) Ed. Zanichelli 2013 ; Escalation. Anatomia della guerra infinita, Ed. DeriveApprodi 2005.

 

 

Notes :

[1] Pesc, acronyme de « Politique étrangère et de sécurité commune ».

 

 

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Escalade USA/OTAN en Europe - L’art de la guerre

Escalade USA/OTAN en Europe - L’art de la guerre | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

 

Escalade USA/OTAN en Europe

L’art de la guerre

Par Manlio Dinucci (*)

 

« Noble Jump » est le nom de la manœuvre OTAN qui s’est déroulée du 7 au 9 avril en Allemagne, Hollande, République Tchèque et huit autres pays européens, où en 48 heures ont été mobilisés des milliers de soldats de la « Force de pointe » à très haute rapidité opérative, faisant partie de la « Force de riposte » de 30 mille soldats. La seconde phase se déroulera les 9-20 juin en Pologne, où seront déployées des troupes provenant d’Allemagne, Hollande, République Tchèque, Norvège et autres pays. On prépare ainsi la « Trident Juncture 2015 », la manœuvre qui, de 28 septembre au 6 novembre, se déroulera en Italie, Espagne et Portugal avec des unités terrestres, aériennes et navales et avec des forces spéciales de tous les pays de l’OTAN.


Avec 25 mille participants, annonce le US Army Europe, elle sera « la plus grande manœuvre Otan depuis la chute du Mur de Berlin », qui testera les capacités de la « Force de riposte », dont le rôle — a expliqué un porte-parole OTAN — est de « répondre à une crise avant même qu’elle ne commence », en d’autres termes celui de la « guerre préventive ». Celui qui conduira la manœuvre est le Jfc Naples, commandement OTAN (avec quartier général à Lago Patria, Naples) aux ordres de l’amiral étasunien Ferguson, simultanément commandant des Forces navales.

 

USA en Europe et des Forces navales du Commandement Africa. Comme déclare le général étasunien Breedlove — Commandant suprême allié en Europe (le chef militaire de l’OTAN toujours nommé par le Président des États-Unis) –, ces manœuvres constituent « une claire indication que notre Alliance a la capacité et la volonté de répondre aux défis émergents contre la sécurité sur nos flancs méridional et oriental ». C’est-à-dire qu’elle a la capacité et la volonté, en partant des bases en Europe, de faire d’autres guerres en Afrique du Nord/Moyen-Orient (où se prépare une autre intervention militaire en Libye) et en Europe orientale. Sur le « flanc oriental » l’OTAN, après avoir provoqué l’explosion de la crise ukrainienne, fait de plus en plus pression sur la Russie.

 

Au large de l’Écosse est en cours (11-24 avril) la plus grande manœuvre navale OTAN de la série « Joint Warrior », en fonction anti-Russie, avec la participation de plus de 50 navires de guerre et 70 chasseurs-bombardiers de 14 pays, y compris un groupe naval sous commandement italien.

 

En mer Noire, où en mars s’est déroulée une manœuvre OTAN à laquelle a aussi participé l’Italie, des navires de guerre étasuniens croisent aux limites des eaux territoriales russes. Quand un chasseur-bombardier russe, désarmé, mais outillé pour la guerre électronique, a survolé le torpilleur lance-missiles Donald Cook, le Pentagone a protesté pour « cette action provocatrice russe qui viole les protocoles internationaux ».

 

Sont légaux par contre, pour Washington, les drones USA Global Hawk qui survolent la mer Noire et l’Ukraine. Où est arrivé de Vicence un convoi USA de la 173rd Airborne Brigade avec armes et équipements pour l’opération « Fearless Guardian » : l’entraînement, pour une période de six mois, de trois bataillons (de claire inspiration nazie) de la Garde nationale ukrainienne, effectué par environ 300 paras USA. À qui s’ajoutent des centaines d’instructeurs envoyés par Grande-Bretagne et Canada. Ottawa fournit aussi à Kiev des images à haute définition de son satellite Radarsat-2 pour une utilisation militaire.

 

Et l’Allemagne ? Tandis que d’un côté elle semble se différencier de Washington en traitant avec Moscou, de l’autre elle participe aux manœuvres OTAN sous commandement USA en fonction anti-Russie et, en même temps, arme la Lituanie en lui offrant même des obus automoteurs Panzerhaubitze 2000, qui tirent 12 projectiles de 155 mm à la minute avec une portée de 30-40 km. Les mêmes qui ont été utilisés par l’Allemagne dans la guerre OTAN en Afghanistan.

 

 

Par Manlio Dinucci (*) (il manifesto) - traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio - mondialisation.ca – le 21 avril 2015.

 

 

(*) Manlio Dinucci est géographe et journaliste. Il a une chronique hebdomadaire « L’art de la guerre » au quotidien italien il manifesto. Parmi ses derniers livres : Geocommunity (en trois tomes) Ed. Zanichelli 2013 ; Geolaboratorio, Ed. Zanichelli 2014 ; Se dici guerra…, Ed. Kappa Vu 2014.

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Mission impossible pour l’UE, pas pour l’OTAN

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Mission impossible pour l’UE, pas pour l’OTAN

Par Manlio Dinucci (*)

 

« Identification, capture et destruction systématique des embarcations utilisées par les trafiquants d’être humains, démantèlement de leur réseau, séquestration de leurs biens » : voilà la tâche de la mission Pesd (Politique européenne de sécurité et défense) que la haute représentante UE Federica Mogherini est chargée de mettre au point. Tâche très claire, reste seulement à voir comment la réaliser.

 

La comparaison avec d’autres missions, comme celle d’Atalanta formellement dirigée contre la piraterie dans l’aire de la Corne d’Afrique, à laquelle participe la marine militaire italienne, est inconsistante : dans l’océan Indien il s’agit d’empêcher que des embarcations agiles, avec peu de personnes armées à bord, n’abordent les navires marchands ; en Méditerranée il s’agit de repérer et détruire les embarcations, dans les ports libyens avant qu’elles soient utilisées par les trafiquants, ou de les capturer si elles ont déjà pris la mer.

 

Premier problème : comment distinguer, quand elles sont au port, les embarcations des trafiquants de celles commerciales pour le transport et la pêche ?

 

Second problème : en admettant que par un drone ou un satellite on identifie une embarcation des trafiquants pendant qu’elle est au port, comment peut-on la détruire ? Avec un drone armé de missiles (comme celui USA qui a tué un coopérant italien au Pakistan) ou avec un chasseur bombardier Eurofighter Typhoon, qui provoquera un massacre de civils ? Ou bien avec des forces spéciales débarquées de nuit par un sous-marin, qui devront se battre dans un affrontement armé avec quelque milice ? Et si l’embarcation prend la mer chargée de réfugiés, comment peut-on la bloquer avec un navire de guerre sans provoquer de massacre ?

 

Troisième problème : comment démanteler le réseau des trafiquants sans envoyer de forces militaires sur le territoire libyen ? Faute d’avoir clarifié ces questions, la mission Pesd, qui part de façon retentissante, se transformera en une « Armée Brancaleone » vouée à l’échec.

 

À moins que ce ne soit justement pour ça qu’elle est lancée. Si la mission Pesd s’embourbe, l’OTAN est prête à « courir à l’aide » de l’UE.

 

 En février dernier à Rome le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a prévenu que « la détérioration de la situation en Libye pourrait déterminer de nouvelles menaces contre la sécurité européenne » et que « l’OTAN doit être prête à défendre tout allié de ces menaces ». Il a donc annoncé qu’à partir de 2016 entrera en fonction à Sigonella le nouveau système Ags (Alliance Ground Surveillance) qui, avec des drones Global Hawk et d’autres instruments, permettra de surveiller une vaste zone, de l’Afrique du Nord au Moyen-Orient, en appui des opérations OTAN, notamment celles de sa « Force de riposte ». Le premier banc d’essai sera la Libye où, a dit Stoltenberg, « la situation est hors de contrôle » (en oubliant la guerre par laquelle l’OTAN a démoli l’État libyen), mais où « l’OTAN est prête à soutenir les autorités libyennes ».

 

La mission Pesd constitue donc le passe-partout d’une autre opération sous direction OTAN, qu’on prépare en instrumentalisant l’hécatombe de réfugiés en Méditerranée pour créer une opinion publique favorable à une intervention militaire directe en Libye. Pourquoi pas sous forme d’un débarquement, en mondovision, de coopérants et humanitaires pour une « initiative humanitaire extraordinaire » qui, étant donné le chaos régnant dans le pays, devra se dérouler sous la « protection » des militaires. Avec comme but réel de constituer une tête de pont en Libye, en occupant les zones côtières les plus importantes non seulement pour leurs ressources énergétiques, mais pour leur position géographique à l’intersection entre Méditerranée, Afrique et Moyen-Orient.

 

 

 

Par Manlio Dinucci (*) (il manifesto) - traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio - mondialisation.ca – le 24 avril 2015

 

(*) Manlio Dinucci est géographe et journaliste. Il a une chronique hebdomadaire « L’art de la guerre » au quotidien italien il manifesto. Parmi ses derniers livres : Geocommunity (en trois tomes) Ed. Zanichelli 2013 ; Geolaboratorio, Ed. Zanichelli 2014 ; Se dici guerra…, Ed. Kappa Vu 2014.

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