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La Gazette des campus de LLN et de WSL-UCL ainsi que diverses infos intéressantes visant la vérité ou l'autre vérité (qui que ce soit qui la dise, mais sans forcément prôner l'auteur).  -  Duc
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Rien de nouveau ...

Rien de nouveau ... | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Rien de nouveau à l'horizon, puisque personne ne veut toujours rien y comprendre et que le peuple continue à ne rien à en avoir à cirer, donc tout le monde reste berné, c'est aussi cela "la" crise !


Facile pour les financiers et les politiciens, non ?


Duc


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COP21, réchauffement climatique, le FMI présente la facture

COP21, réchauffement climatique, le FMI présente la facture | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


COP21, réchauffement climatique,

le FMI présente la facture

 

 

Si pour l’instant le gouvernement français évite soigneusement le sujet, le FMI sort du bois. Ce qui ressort de son rapport publié fin mai et chiffré ces derniers jours indique qu’à part exiger une réduction de la population mondiale accusée de dérégler le climat de la planète, la COP21 doit également rendre acceptable une hausse massive des taxes sur l’énergie, solution idéale pour sauver la « bulle verte ».

 

Pour le FMI, c’est simple. Dans le langage orwellien du fonds, il s’agit de « réduire les subventions » à l’énergie. Pour elle, lorsqu’on intègre dans les prix de l’énergie les « vrais coûts » de la pollution, des dépenses de santé, des embouteillages et des dégâts climatiques qu’elle provoque, son coût réel augmente de 2 900 milliards de dollars. Le FMI propose donc de rétablir la vérité.

 

Les États sont sommés d’imposer au plus vite des taxes supplémentaires sur l’énergie qu’il faudrait empocher sous forme de TVA supplémentaire, de taxe au km, ou sous forme d’une taxe spécifique sur les émissions de CO2.

 

Cette pénalité permettra de réduire de 20 % les émissions de CO2 et de 50 % les décès précoces provoqués par la pollution, nous chante le FMI.

 

Plus précisément, la Belgique est par exemple accusée d’accorder « une subvention indue » de 9,43 milliards d’euros à l’énergie, c’est-à-dire de 1,9 % de son PIB. En Allemagne, il s’agit de 1,42 % et en France de 1,03 % du PIB.

 

Hors Union Européenne, ce sont les pays exploitant le charbon qui sont pointés du doigt, notamment l’Ukraine (60,73 %). Sans surprise, c’est la Chine qui est accusée d’accorder la subvention la plus massive à l’énergie bien qu’en proportion de son PIB, il ne s’agit que de 20,13 %.

 

La conclusion s’impose d’elle-même. Pour « sauver le climat », il faut arrêter la croissance dans les pays des BRICS et faire payer les autres. Concrètement, il s’agit d’imposer une taxe de 839 euros aux Belges, de 432 euros aux Français et 631 euros aux Allemands.

 

Alors qu’en Flandre (Belgique), on vient d’augmenter les prix de l’électricité de 8 % pour éponger la montagne de dette générée par les éoliennes, le FMI, affirme le journal flamand De Standaard, « plaide pour une TVA plus élevée sur l’électricité ».


En Belgique, La TVA sur l’électricité passera bel et bien de 6% à 21%, à partir du 1er septembre. (NDLR)

 

À part cette nouvelle manœuvre extortionniste pour maintenir en vie une « bulle » spéculative verte, il s’agit d’une mise à mort de l’économie réelle.

 

Car, en réalité, l’intensité de la consommation énergétique reste bien un des marqueurs d’un travail humain productif. En désignant la consommation énergétique comme l’ennemi à abattre, c’est la capacité de l’homme à investir dans des nouvelles technologies et donc la survie de l’humanité qui se trouve condamnée.

 

 

 

Par Karel Vereycken Solidarité & Progrès – le 23 juillet 2015.


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Vidéo - L’exploitation de la Zambie

Vidéo - L’exploitation de la Zambie | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Vidéo - L’exploitation de la Zambie

 

On m’a signalé cet excellent documentaire, lauréat du prix Albert Londres Audiovisuel en 2012… Zambie, à qui profite le cuivre ?

Film documentaire d’Audrey Gallet et Alice Odiot, 2011. « Ce pays devrait être très riche. C’est l’un des plus pauvres du monde… » ou comment la Zambie est dépossédée de ses richesses par les multinationales.

 

Lorsque la Zambie accède à l’indépendance, en 1964, ses dirigeants nationalisent les mines. Le commerce du cuivre permet de financer son développement. Écoles et hôpitaux publics sont construits dans ce pays qui devient l’un des plus prospères d’Afrique. Dix ans plus tard, son PIB se rapproche de celui du Portugal, jusqu’à ce que les cours du cuivre s’effondrent, après le premier choc pétrolier. Pour compenser la baisse des revenus qui en résulte, le FMI et la banque mondiale conseillent à la Zambie d’emprunter. Mais au début des années 80, la Réserve fédérale américaine hausse brutalement ses taux d’intérêt. La charge de la dette devient alors insupportable pour la Zambie. Le pays n’obtient de nouveaux crédits qu’en cédant au dictat du FMI qui l’oblige à privatiser ses sociétés d’État. Les services publics sont démantelés et les mines bradées en l’an 2000.

 

Quelques années plus tard, le cours du cuivre est multiplié par 5. Mais les multinationales se sont déjà emparées de toutes les richesses dans le cadre d’accords secrets qui les exonèrent des taxes et de toute responsabilité sociale et environnementale.

 

Au pillage généralisé des ressources, s’ajoutent les drames humains, comme dans la ville de Mufulira, théâtre du documentaire, où la plus grande fonderie d’Afrique s’élève sur la mine de Mopani. Mopani appartient à une société-écran basée dans les Iles vierges britanniques, qui sert de paravent à la multinationale suisse Glencore, leader mondial du commerce des matières premières et fondée par le « patron voyou » Marc Rich, partenaire privilégié de l’Afrique du Sud au temps de l’apartheid ou de l’Iran de Khomeiny, mais également organisateur en 2003 de la faillite frauduleuse de la fonderie Métaleurop en France, dont la responsabilité dans la pollution au plomb de la région fut découverte par la suite.

 

Glencore, basée dans le canton Suisse de Zoug, est une championne de l’évasion fiscale avec ses 80 filiales réparties dans le monde entier. Pourtant, en 2005 la BEI, la banque publique de l’Europe, qui gère le fonds européen pour le développement, lui accorde un prêt de 48 millions d’euros pour la mine de Mopani ! Le prétexte est la modernisation de la fonderie, la réduction des émissions de dioxyde de soufre et le maintien dans l’emploi des populations locales, mais il s’agit surtout de sécuriser l’approvisionnement en matière première pour l’Europe, face à la concurrence chinoise ou indienne. Pourtant, dans les années qui suivent, le dioxyde de soufre qui s’échappe de la mine de Mopani en quantité 72 fois supérieure aux normes admises (le « centa » comme l’appellent les habitants) continue de ronger les poumons des habitants de Mufulira. En 2008, 800 personnes sont intoxiquées après avoir bu l’eau du robinet. Pas de chance pour eux, les soins de santé étant désormais payants, les dispensaires locaux n’ont que du paracétamol à leur offrir. Le fleuve kafué, qui est la principale réserve d’eau du pays et qui irrigue sa plus grande réserve naturelle avant de se jeter dans le Zambèze est lui aussi menacé par la pollution.

 

Car le procédé d’exploitation mis en œuvre par des ingénieurs Kazakhs ou Ukrainiens employés par Glencore, consiste à injecter de l’acide sulfurique dans le gisement pour collecter les métaux. Outre les pollutions qu’il génère, ce procédé permet de se débarrasser de la pauvre main-d’œuvre de Mufulira. 3000 mineurs sont ainsi licenciés en 2009, qui hantent désormais la ville sous la surveillance des vigiles de la société.

 

Pourtant la résistance s’organise. La députée européenne Éva Joly demande des comptes à la BEI, les victimes tentent de faire entendre leurs voix, les ONG portent plainte contre Glencore pour pollution et évasion fiscale, puisqu’il apparait que 700 millions de dollars ont été dissimulés dans les livres de comptes de Mopani.

 

 

***

 

 

Ici, article de RFI de 2015, pour les dernières informations sur ce pays… (je vous recommande de regarder la vidéo avant de lire ce texte)

 

 

 

Par Olivier Berruyer - les-crises.fr – le 19 juillet 2015.

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Grèce : les Banksters ont gagné

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Grèce : les Banksters ont gagné

 

Le bal des vampires peut continuer : Bruxelles a sauvé momentanément tous les spéculateurs de la ploutocratie mondiale.

 

La fanfare des marchés financiers a salué d’un bond de plus de 2 % en quelques minutes l’accord largement prévisible sur la dette grecque, Tsipras n’ayant pas la carrure d’un chef d’État. Celui que Mélenchon qualifiait d’espoir pour la Grèce vient de faire aux Grecs ce que Sarkozy avait fait aux Français en 2005.

 

Pourrait-on lui en vouloir quand c’est le lieu commun dans le monde occidental de ne proposer aux urnes qu’un fossoyeur de liberté et de la dignité de son peuple ?

 

Quel chef d’État actuellement n’est pas à la solde de la finance internationale. Poser cette simple question, revient à reconnaître les chefs de « l’axe du mal ».

 

Le drame grec a été commenté et analysé à sens unique par des journalistes aux ordres de ceux qui les paient, ressassant à temps et à contretemps que les Grecs ne sont que des feignants, des profiteurs, quand ils ne sont pas des fraudeurs.

 

 

La Grèce a tout simplement été victime

d’un attentat financier.

 

Les confessions de l’ex-assassin financier, John Perkins se retrouvent dans la mise à sac de la Grèce :

 

  • « Pour l’essentiel, mon boulot consistait à identifier les pays détenant des ressources qui intéressent nos multinationales, et qui pouvaient être des choses comme du pétrole, ou des marchés prometteurs, des systèmes de transport. Il y a tant de choses différentes. Une fois que nous avions identifié ces pays, nous organisions des prêts énormes pour eux, mais l’argent n’arriverait jamais réellement à ces pays ; au contraire, il irait à nos propres multinationales pour réaliser des projets d’infrastructures dans ces pays, des choses comme des centrales électriques et des autoroutes qui bénéficiaient à un petit nombre de gens riches ainsi qu’à nos propres entreprises. Mais pas à la majorité des gens qui ne pouvaient se permettre d’acheter ces choses, et pourtant ce sont eux qui ployaient sous le fardeau d’une dette énorme, très semblable à celle de la Grèce actuellement, une dette phénoménale. Et une fois [qu’ils étaient] liés par cette dette, nous revenions, sous la forme du FMI – et dans le cas de la Grèce aujourd’hui, c’est le FMI et l’Union européenne – et posions des exigences énormes au pays : augmenter les impôts, réduire les dépenses, vendre les services publics aux entreprises privées, des choses comme les compagnies d’électricité et les systèmes de distribution de l’eau, les transports, les privatiser, et devenir au fond un esclave pour nous, pour les sociétés, pour le FMI, dans votre cas pour l’Union européenne. Fondamentalement, des organisations comme la Banque mondiale, le FMI, l’UE sont les outils des grandes sociétés multinationales, ce que j’appelle la corporatocratie. »

 

Tous ceux qui ont une once de pouvoir dans le monde savent très bien quand ce mécanisme est en train de se produire quelque part sur la planète. John Perkin l’a très bien décrit dans son ouvrage en prenant exemple sur l’Argentine ainsi que plusieurs pays d’Amérique latine qui ont été victimes du même processus. Ceci explique certainement les changements politiques survenus en Amérique du Sud depuis une vingtaine d’années. Quand les peuples n’ont plus rien à perdre, il semble que leur conscience politique s’élargisse de façon inversement proportionnelle à la taille du garde-manger.

 

La seule différence qu’il y a entre un pays en crise ou un autre se retrouvant sous les fourches caudines de l’austérité, ne dépend que de la souplesse d’échine de ceux qui détiennent un mandat du peuple.

 

Quand la mise à sac d’un pays se fait sans attentat, c’est que l’affaire est menée par une équipe aussi brillante que celle du Fouquet’s. Durant les années Sarkozy, outre l’or de la France, toute son infrastructure a été bradée dans un silence assourdissant pendant que la dette explosait de plus de 600 milliards d’euros.

 

La mondialisation pilotée depuis plus de trente ans sous toutes ses formes : de la délocalisation à la loi Bolkestein n’est que la mise en place d’un asservissement des peuples à la sauce « Communiste » dirigée par une nomenklatura « élue au suffrage universel ».

 

 

 Le mystère Varoufakis

 

Après l’écrasante victoire du « non » au référendum grec, la démission de Varoufakis paraissait étonnante. Celle-ci a été interprétée comme une incompatibilité de travailler entre l’ancien ministre des Finances et la Troïka. Aujourd’hui, après l’incroyable soumission d’Alexis Tsipras, on se demande si Varoufakis ne connaissait pas déjà le dénouement et refusait d’y être associé ?

 

Son testament politique se retrouve dans sa dernière intervention et sa mise en garde pour la France :

« Ma conviction est que le ministre des finances allemand veut que la Grèce soit évincée de la monnaie unique pour susciter une crainte de tous les diables chez les Français et leur faire accepter son modèle d’une zone euro disciplinaire. »

 

 

On maintient notre analyse du 3 juillet dernier ainsi que sa conclusion :

  • De toutes les manières, que le « oui » ou le « non » l’emporte, les Grecs ne disposent d’aucune crédibilité pour réintroduire la drachme. Ils devront donc retourner à la table des négociations. La seule différence sera l’équipe qui ira présenter un plan qui ne changera rien. Les Grecs doivent accepter toutes les conditions au détriment de leur peuple, les prétentions de la finance internationale qui ne leur remettra jamais leur dette. Ce serait remettre en question celle de tous les peuples. Aujourd’hui la Grèce, demain l’Espagne, l’Italie ou la France ? Quel peuple se révoltera ? Contre l’asservissement bancaire, aucun !

 


L’étrange passivité de Vladimir Poutine depuis deux mois présageait que la cause était entendue. S’il nous a semblé, au début de l’année, que l’alliance Gréco-Russe contre la ploutocratie mondiale était possible, il nous est vite apparu que le temps n’était pas encore venu.

 

Les 80 milliards de prêts socialisés à venir et offerts par la Troïka ne feront que retarder et amplifier la prochaine crise. Il va falloir maintenant se retourner vers les taux obligataires des dettes souveraines. Le torchon commence à brûler.

 

 

 

Par David Bonapartian et Denissto - agenceinfolibre.fr – le 13 juillet 2015.

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Déjà vu pareil !

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Ces terroristes veulent tuer la Grèce, mais ...


A suivre !  -  Duc


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Grèce : l’Issue

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Illustrations : Peter Kœnig - couverture du livre "Implosion" de Peter Kœnig : thriller économique sur la guerre, la destruction de l’environnement et la rapacité des grands groupes - Inédit en français - Universe – 2008 - 336 pages

 

 

Grèce : l’Issue

 

Ce que la troïka est en train de faire à la Grèce en ce moment est le summum du terrorisme financier. C’est le supplice de la baignoire appliqué à l’économie. C’est du chantage à l’état pur. Ces gens sont des fascistes néolibéraux qui mettent la Grèce devant un dilemme : « soit vous nous proposez une liste acceptable de mesures d’austérité*, soit nous vous en imposons une ». Sous-entendu : ce plan d’austérité, vous feriez mieux de l’accepter sous peine d’être mis en faillite et de vous retrouver expulsés de l’union monétaire européenne, voire même de l’U.E. C’est là ce dont ils les menacent. C’est là ce que Bruxelles fait à un pays frère, à un des siens**. Il ne reste plus le moindre brin de solidarité dans cette si mal nommée « Union ». Cette « Union » ne mérite pas d’exister.

 

« Aucune solidarité » est la marque distinctive de l’Europe. On la voit s’étaler partout sur la carte. Un autre exemple flagrant est son refus d’accorder l’asile aux réfugiés transméditerranéens victimes des guerres et des conflits suscités par Washington et mis en œuvre avec la totale complicité de l’Europe : Libye, Syrie, Soudan, Irak, Égypte, Somalie, Afrique Centrale, Yémen, et d’autres encore.

 

En Grèce, la troïka applique la stratégie des « objectifs inversés ». L’U.E. ne veut pas que la Grèce, ou tout autre membre, si économiquement faible soit-il, de l’Union quitte l’Eurozone. Une sortie de la Grèce (« Grexit » en pidgin. NDT) pourrait provoquer une réaction en chaîne. En menaçant la Grèce d’expulsion, ces braves gens la poussent à implorer leur pitié.

 

Au début de ces mois de « négociations » sans fin, Madame Lagarde, la Dame de Fer du FMI, le prototype de la marionnette des maîtres de Washington, a eu le culot de déclarer qu’elle voulait traiter « avec des adultes » un plan d’austérité « plus sérieux ». On ne saurait mieux incarner le suprématisme du FMI.

 

Il faut dire que c’est le FMI, bras armé du trésor US, qui mène le bal à Bruxelles. L’U.E., vassale exemplaire, danse comme le pipeau joue, en totale complicité idéologique. Un gouvernement socialiste, dans l’U.E., ne peut tout simplement pas être toléré, et ce d’autant moins que le pays loge, sur son sol, la base-clé de l’OTAN en Europe. Les Grecs sont pénalisés pour avoir eu l’audace d’élire un gouvernement socialiste. Comment osent-ils ! Le verdict ne s’est pas fait attendre.

 

Il est cependant très surprenant de voir avec quelle inflexibilité M. Tsipras et Syriza défendent l’idée de rester à tout prix dans l’Eurozone. Pourquoi diable ? Les jours de l’Euro, vieux d’à peine 15 ans, sont comptés. Qui ne se rappelle le temps heureux où nous avions nos propres monnaies nationales ? Avec l’arrivée de l’Euro, les Européens se sont retrouvés esclaves d’un système bancaire prédateur. L’Europe a abandonné sa souveraineté à un gang de mégamonstres bancaires, tous liés à Wall Street.

 

En réalité, la Banque Centrale Européenne (BCE) n’est pas une banque centrale du tout, mais un simple instrument de Wall Street. M. Draghi, le président de la BCE, est un ancien cadre de Goldman Sachs, ce qui signifie que Goldman Sachs dirige la politique monétaire et économique de l’Europe.

 

Reste ce mystère : pourquoi se suicider, pourquoi entraîner le suicide d’une nation entière en s’accrochant à tout prix à un bateau qui coule ? Car, oui, le système monétaire occidental, avec son économie rapace fondée sur le dollar, est condamné à mort. Ce n’est qu’une question de temps. Les mots fatidiques sont écrits sur le mur.

 

Est- ce que les Grecs qui croient encore à l’image volée en éclats du « glamoureux » euro savent cela ? Est-ce que le citoyen européen lambda se rend compte que l’épargne de toute sa vie peut se dissoudre du jour au lendemain dans l’air léger ?

 

La Commission Européenne vient d’édicter une loi qui donne aux banques le droit de voler – oui, de voler – l’argent qu’elles ont reçu en dépôt, si cela doit les sauver de l’effondrement. Cela s’appelle « bailing in » (renflouement de la dette par saisie d’actifs), par opposition à « bailing out » (plan de sauvetage par prêt-accroissement de la dette), qui a constitué le crime précédent – mineur – de voler l’argent des contribuables.

 

Le « bail-in » a déjà été expérimenté à Chypre : rappelez-vous comment, le 25 mars 2013, un essai de fonctionnement d’une nouvelle stratégie de sauvetage des too-big-to-fail (« trop gros pour faire faillite ») s’est déroulé à la face du monde à Chypre, où 50 % des dépôts bancaires ont été volés par les banques. Le reste de l’Europe s’est contenté de sourire moqueusement : voilà qui ne pourrait jamais nous arriver à nous. Ils ont même, avec dédain, appelé cette entourloupe « marge de sécurité ». Aucune solidarité alors, aucune solidarité aujourd’hui.

 

À partir d’août 2015, cette stratégie de duperie et de vol aura force de loi dans l’Eurozone. On dirait que pas un seul Européen n’en a conscience. Sinon, ce serait la ruée sur les banques. Ou peut-être les gens se bercent-ils de l’illusion que cela n’arrivera jamais. Cela arrivera. Ce n’est qu’une question de temps. Mais le jour où cela arrivera, il sera trop tard pour agir. C’est maintenant qu’il faut le faire. Un des moyens d’action consiste à sortir de l’Eurozone.

 

La Grèce a une occasion unique de sortir de la zone euro gracieusement, la tête haute,  en disant à la troïka, et en particulier au gang fratricide de Bruxelles, que, pour elle, honorer les engagements pris à l’égard du peuple grec est une priorité – plus d’austérité, plus de privatisation des services publics ni de la propriété publique, plus de fermetures d’hôpitaux – et que,  pour ces raisons honorables, la Grèce sort de la zone euro, ne capitule pas, ne capitulera jamais. Ce pas de la capitulation, c’est une décision sage qui conduira la Grèce vers un avenir différent, un avenir prospère.

 

Il y a deux manières de s’y prendre. La première serait de se déclarer en faillite à la fin de juin, dans l’incapacité où est le pays de rembourser les 1,6 milliards d’euros dus au FMI pour son plan de « sauvetage » mal-conçu. Cette illustre, mais criminelle institution a déjà déclaré le 25 juin qu’elle ne prolongerait pas d’un jour la date d’échéance du 30, car ce serait « contraire à sa politique ».

 

Faire faillite n’est pas un phénomène nouveau. C’est arrivé à bien des pays avant la Grèce : l’Argentine, la Bolivie, l’Equateur et, oui, l’Allemagne. Selon l’historien économique allemand Albrecht Ritschl, l’Allemagne s’est déclarée en cessation de paiement pas moins de trois fois au XXe siècle. La dernière fois, dans les années 1990. Il qualifie les faillites de l’Allemagne de « plus énormes défauts de paiements dans l’histoire de l’Europe ».

 

La dette grecque fait pâle figure, comparée aux faillites allemandes. Pourquoi personne ne semble-t-il s’en souvenir ? C’est simple : parce que les médias dominants, qui sont tous  vendus, se gardent bien d’en parler jamais.

 

Se déclarant incapable de rembourser sa dette, la Grèce déclarerait en même temps qu’elle sort de l’Eurozone, qu’elle reprend son autonomie monétaire et fiscale, et qu’elle revient à sa propre monnaie : la drachme. L’étape suivante consisterait à nationaliser et réguler les banques grecques, à réactiver la Banque Centrale Grecque en tant qu’institution souveraine apte à conduire sa propre politique monétaire et à se servir des autres banques pour faire redémarrer l’économie nationale ; elle consisterait ensuite à négocier sa dette de 360 milliards d’Euros avec ses créanciers – avec une drachme dévaluée – à ses propres conditions.

 

Une solution plus audacieuse, mais totalement légale – appelons-la le plan B – consisterait, pour la Banque Centrale Grecque souveraine à produire (électroniquement, comme le font toutes les banques y compris la BCE) sa propre monnaie : l’Euro. « Imprimer » sa propre monnaie est le droit souverain de toute nation. L’Euro est toujours la monnaie de la Grèce. Pour une banque, produire de l’argent, c’est produire de la dette. Dans ce cas, la Banque Centrale de Grèce produirait (créerait) une dette interne de 1,6 milliard d’euros pour rembourser le prêt du FMI à la fin du mois de juin : dette interne à traiter intérieurement, sans interférence extérieure. Il n’y a aucune règle de l’U.E. ou de la BCE qui interdise à une banque centrale de créer sa propre masse monétaire. Cela peut ne s’être jamais produit, mais ce n’est contraire à aucune règle. Ce serait un « coup de maître » probablement admiré par des tas de pays se débattant dans le même genre de situation.

 

En même temps, la Grèce déclarerait quitter l’Eurozone, revenir à la drachme, nationaliser et restructurer son système bancaire, lequel pourrait alors prêter de l’argent aux secteurs productifs et de services, dans le but de réorganiser rapidement son économie. C’est là une action légale et souveraine.

 

À Bruxelles, ils seraient sans doute furieux et sous le choc. Appelleraient-ils au boycott dans toute l’U.E. et même au-delà ? Peut-être. Et alors ? N’y a-t-il pas la Russie et la Chine et les autres pays des BRICS et de l’OCS (Organisation de Coopération de Shanghaï) qui pourraient « renflouer » la Grèce en lui procurant des biens de première nécessité ? Ces pays sont de ceux qui n’ont pas encore oublié la signification du mot « solidarité ». La Grèce pourrait très vite se retrouver entourée d’amigos, même d’Europe, d’amis qui pensent de la même manière et souhaitent agir de concert, mais qui n’ont simplement jamais osé.

 

Comme l’a dit récemment un des plus brillants économistes russes, Sergeï Glazyev, l’avenir de la Grèce est dans la diversité, y compris à l’Est ; il consiste à restaurer et à développer son économie en association avec la Russie et avec la Chine et d’être partie prenante dans la nouvelle Route de la Soie, une initiative chinoise de développement économique qui va s’étendre, depuis Shanghaï, à travers l’Asie Centrale et la Russie, et peut-être même l’Europe si et quand l’Europe se réveillera.

 

Ce système malsain et malade que dirige Washington a besoin d’une douche froide et d’une bonne gifle.

 

La Grèce, indéniablement, continuera à faire partie de l’Europe, mais elle pourrait bien aussi devenir la voie d’accès à une NOUVELLE Europe d’états souverains fédérés, pour lesquels la solidarité serait un principe d’union, une Europe découplée de l’hégémonie du dollar et arrachée aux crocs de l’Empire US en décomposition.

 

 

 

 

Par Peter Kœnig (informationclearinghouse.info) - Traduit par c. l. pour Les Grosses Orchades - reseauinternational.netle 30 juin 2015.


Notes : 

*C.-à-d. de privations conduisant à la perte du droit le plus élémentaire à la vie. NDT.

**Comme l’a expérimenté naguère la Yougoslavie. NDT.

 

Pendant presque toute sa carrière (trente ans) Peter Kœnig a travaillé pour la Banque Mondiale en qualité d’économiste et de spécialiste des ressources en eau. À ce titre, il a voyagé dans toutes les parties du monde. La plupart des scènes de son roman Implosion (voir ci-dessous) proviennent de sa propre expérience. Son épouse et lui vivent en Europe et en Amérique du Sud. Leurs deux filles et leur fils vivent en Suisse. On peut le joindre à l’adresse implosion.pk@rcn.com.


Koter Info's insight:


Vous aussi, participez au référendum grec du 5 juillet 2015, cliquez sur ce lien !


Vos prénom, nom et localité seront imprimés au dos d'une carte postale géante qui sera remise à l'ambassade de Grèce, au plus tard ce vendredi 3 juillet.


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Ce « gotha » dont les citoyens ont toutes les raisons de se méfier

Ce « gotha » dont les citoyens ont toutes les raisons de se méfier | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Ce « gotha » dont les citoyens ont

toutes les raisons de se méfier

Par Daniel Vanhove (*)

 

 

Les jours, les semaines, les mois, les années défilent et se ressemblent… L’on pourrait même ajouter, les siècles passent, et se ressemblent aussi… Ce sont toujours les mêmes qui gagnent et les mêmes qui perdent… Les dominants d’un côté, les dominés de l’autre. L’Histoire semble immuable à ce niveau. À notre époque, la différence majeure réside dans l’information. Autrefois difficile à appréhender, elle est aujourd’hui surabondante au point que beaucoup s’y perdent et finissent par tout mélanger… ce qui revient (presque) à dire que ceux-là ne sont pas mieux informés qu’auparavant. La quantité y est sans doute, mais avec une perte en qualité évidente… Comme n’importe quel autre produit dans ce monde désormais « marchandisé » à outrance, l’information est devenue objet de consommation…

 

Il y a quelques jours, Mme Ch. Lagarde – directrice générale du FMI (Fonds Monétaire International), la fonctionnaire internationale la plus payée au monde, avec un salaire d’environ 500.000 US $ annuel (soit, près de 32.000 € par mois) sur lequel elle ne paie aucun impôt (!) en vertu des articles 34 & 38 de la Convention de Vienne de 1961 sur les relations diplomatiques – était à Bruxelles dans le cadre des Grandes Conférences Catholiques.

 

Au-delà des questions que l’on peut se poser sur la présence de la directrice du FMI à de telles Conférences, le plus incroyable réside sans doute dans le contenu du discours prononcé par Mme Lagarde qui, sans sourciller, indiquait que « … tout le monde gagnera à une réduction des inégalités excessives… » Le public présent à cette conférence « catholique » a-t-il écouté ces sornettes « pieusement » ou y en a-t-il au moins un qui a tenté d’infliger à cette dame le seul traitement qu’elle méritait, à savoir un entartage à la Noël Godin !? L’on se demande si on rêve (ou plutôt cauchemarde) en entendant de tels propos. Et comment ne pas réagir !? Qu’elle commence donc par revoir son salaire et ceux de son entourage…

 

Mme Lagarde a énuméré ainsi quantité de bonnes intentions, avançant même que : « Nos études montrent que, contrairement aux idées reçues, les bienfaits d’une hausse du revenu viennent d’en bas et non d’en haut ». On ne sait à qui elle pensait dans ces « idées reçues »… Quant à nous, du peuple, nous le savions depuis longtemps et n’avions pas besoin que cela soit asséné par la directrice du FMI. Mme Lagarde aurait-elle trouvé le fil à couper le beurre ? Et sincèrement, y a-t-il un poste au monde qui mérite un tel salaire sans parler de tous les avantages qui vont avec ? La réponse doit être claire : non !

(voir :

http://www.lalibre.be/actu/international/christine-lagarde-tout-le-monde-gagnera-a-une-reduction-des-inegalites-excessives-5581d00e3570f340d7309933)

 

Le plus beau de l’histoire est de voir avec quelle pugnacité, quelle hargne la même directrice si bien intentionnée lorsqu’il s’agit de donner des leçons de morale dans un cadre « catholique », agit de commun accord avec les hautes instances internationales (UE–BCE–FMI aussi appelé « Troïka ») qui ont mis la Grèce à genoux.

 

Vivre avec 32.000 € par mois sans payer d’impôts, et réclamer de la Grèce des efforts supplémentaires auprès de chômeurs et retraités qui tentent de survivre avec 500 € par mois est une honte, une imposture qui mériterait qu’elle soit sur le champ destituée de ses fonctions et rendent les 95 % de ce qu’elle a perçu sur le dos des plus pauvres qui voient valser de tels chiffres et sont tout simplement paralysés dans leur dramatique situation, ne sachant pas pour beaucoup d’entre eux, comment finir le mois.

 

Pour rappel, le taux de suicide a augmenté de manière endémique en Grèce, depuis les mesures d’austérité prônée par les autistes qui nous gouvernent.

 

Et tout ce beau monde, qui virevolte de sommets en réunions spéciales pour tenter de voir comment assécher encore un peu plus ceux qui n’ont déjà presque plus rien, ces arrogants qui se drapent derrière leurs mandats immérités, ce gotha de nantis que vomissent de plus en plus les peuples ne doit plus s’étonner de voir l’Europe virer à la couleur brune dont ils affirment ne pas comprendre les raisons et tout faire pour la combattre. Ils en sont les premiers responsables, et avec eux les médias complaisants qu’ils contrôlent et manipulent. Rarement sans doute, le monde a fait face à tant de cynisme affiché.

 

Certains peuvent toujours ânonner que le problème majeur de l’Europe est l’immigration… c’est vraiment l’arbre qui cache la forêt. Le problème majeur de l’Europe (et de la mondialisation en général) est précisément ces inégalités devenues intolérables entre les toujours plus riches et les toujours plus pauvres. L’immigration de plus en plus massive en est d’ailleurs l’une des résultantes. Entre ces patrons de grandes entreprises qui s’octroient des salaires d’une indécence sans nom, ces fonctionnaires surpayés et jamais responsables de leurs erreurs pourtant multiples, assurés du renouvellement de leurs mandats dans ce jeu de donnant-donnant entre petits copains, et les retraités, les chômeurs, les jeunes, les travailleurs dont les conditions se sont précarisées au fil des ans, la fracture est désormais béante. Le jour arrive où la révolte populaire viendra les surprendre sous leurs fenêtres et ils s’en étonneront sans doute, vivant dans leur bulle aseptisée et morne, faite de directives et de décrets qui n’intéressent pas le citoyen…

 

Aujourd’hui que se joue le sort de la Grèce, les autres peuples des pays européens voisins regardent et comprennent petit à petit comment ce gotha s’est organisé pour dépecer un pays et s’enrichir sur son dos. Parce que comme l’expliquent les responsables de Syriza, c’est l’Europe et ses banquiers qui s’enrichissent sur le dos de sa population, en accordant des prêts à des taux qu’en d’autres circonstances on qualifierait d’usuraires… et viennent nous dire ensuite, qu’il faut « réduire les inégalités excessives »…

 

Quelle imposture que ces fonctionnaires ! Quels parasites ! Cela se vérifie presque chaque jour. N’était qu’à voir ce jeu de crabes lors de la nomination de J-Cl. Junkers à la suite de M. Barroso à la tête de la Commission. Bel exemple pour les peuples, en effet, que de nommer aux plus hautes fonctions européennes l’un des artisans d’un paradis fiscal nommé le Luxembourg. Et ceux-là pensent que la population n’a pas de mémoire et ne se souvient pas !? Ils nous prennent donc en plus, pour des imbéciles… Non contents d’avoir renoncé depuis belle lurette à toute probité, de n’avoir plus la moindre intégrité personnelle, d’être pour de nombreux d’entre eux mêlés à de sombres magouilles et malversations multiples, ils se traînent dans la fange pour décrocher le poste supplémentaire où ils pourront pendant quelques années encore s’en foutre plein les poches… Voilà l’idée que ceux-là se font des populations qu’ils prétendent gérer.

 

Hier à Montpellier, lors d’une soirée consacrée au parti Syriza, une responsable locale nous expliquait que ce qui avait permis le succès de ce parti « de gauche » était que le Pasok (parti social-démocrate grec qui fait partie du Parti socialiste européen et de l’Internationale socialiste – ben, tiens ! –) n’était plus considéré ni désigné depuis longtemps par les Grecs comme un parti « de gauche ». Et que, tant que dans les autres pays européens, les partis socialistes qui mènent de concert la politique néo-libérale identique à celle de la droite seraient considérés comme étant la « gauche », la confusion règnerait au sein de la population. À méditer…

 

Vive la vraie gauche de Syriza… vive la vraie gauche de Podemos… et de celles et ceux qui dans d’autres pays, leur emboiteront le pas et oseront lancer à cette Europe de technocrates et de financiers qui nous auront empoisonnés la vie pendant trop longtemps, le mot que Cambronne adressa aux Anglais qui les sommaient de se rendre et de capituler !

 

P.S. : scoop de dernière minute : Mme Lagarde vient d’annoncer que si les instances le lui demandaient, elle se sentait prête à « servir » pour un nouveau mandant à la tête du FMI, « cette belle maison », a-t-elle ajouté…

 

où l’on voit l’hypocrisie et la duplicité à l’œuvre quand ces responsables font mine de confondre « servir » et « se servir »…

 

 

 

Par Daniel Vanhove - legrandsoir.info – le 28 juin 2015

 

(*) Daniel Vanhove : observateur civil – Auteur de : « Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos âmes » - 2005 – Éd. M. Pietteur ; « La Démocratie Mensonge » - 2008 – Éd. M. Pietteur.


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Grèce : Alexis Tsipras convoque un référendum le 5 juillet

Grèce : Alexis Tsipras convoque un référendum le 5 juillet | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Alexis Tsipras a appelé à un référendum sur les propositions des créanciers (Crédits : YVES HERMAN)

 

 

Grèce : Alexis Tsipras convoque

un référendum le 5 juillet

 

Le Premier ministre hellénique a décidé de demander aux Grecs leur opinion sur les dernières propositions des créanciers. Et il s’est engagé pour le « non ».

 

Alexis Tsipras a donc finalement tranché dans le vif. À une heure du matin ce samedi 27 juin, dans une déclaration télévisée, le Premier ministre grec a annoncé qu’il convoquait les électeurs helléniques à se prononcer par référendum le 5 juillet prochain sur les dernières propositions des créanciers. Ce samedi, le Parlement grec, la Vouli, sera convoqué pour donner son feu vert à la procédure.

 

 

Alexis Tsipras et Syriza pour le non

 

Alexis Tsipras n’a pas caché qu’il considérait que les propositions des créanciers étaient pour lui inacceptables. Il avait refusé vendredi soir ce qu’Angela Merkel appelait « une offre généreuse. » « Les créanciers ont semblé vouloir chercher à humilier l’ensemble du peuple grec », a-t-il affirmé. Il a fustigé le « chantage » de ce qu’il a considéré comme un ultimatum des créanciers. Il n’a pas réellement dissimulé que ces propositions n’avaient pas son soutien puisqu’elles « violent les droits fondamentaux de l’Europe. » Un peu plus tard, sept ministres du gouvernement ont annoncé qu’ils appelaient à voter « non. » Syriza va donc sans doute faire campagne pour le rejet des propositions.

 

 

Des négociations interminables et une humiliation de trop

 

Pourquoi un référendum maintenant ? Certes, les négociations n’étaient pas terminées. L’Eurogroupe de ce samedi était considéré comme une énième « réunion de la dernière chance » et les positions semblaient encore pouvoir se rapprocher. Mais en réalité, Alexis Tsipras ne reconnaissait plus son programme dans ces propositions et les discussions interminables sur les détails ne devaient pas dissimuler que les créanciers avaient réussi à imposer une logique que les électeurs grecs avaient, en janvier, rejetée. Le refus de la proposition grecque du 22 juin, pourtant très avancée déjà, par le FMI, a sans doute été perçu par le Premier ministre grec comme l’humiliation de trop. La réception par la Commission européenne de l’opposition grecque mercredi 24 juin lui a confirmé le caractère politique des buts des créanciers. Ces derniers ont cherché à imposer à Alexis Tsipras l’inacceptable, soit pour le faire tomber, soit pour le discréditer aux yeux du peuple grec.

 

 

Non ?

 

Le référendum est une réponse à cette tentative des créanciers. Alexis Tsipras a fait la preuve que la lutte contre l’austérité était une tâche impossible dans la zone euro pour un pays comme la Grèce. Son programme de janvier est donc désormais caduc. C’est maintenant au peuple de décider s’il veut accepter les conditions de maintien dans la zone euro posées par les créanciers. Le ministre de l’Énergie, Panagiotis Lafazanis, leader de la gauche de Syriza, a indiqué qu’il appellerait à voter non et que ce « non » n’était pas un « non à l’euro. » Certes, mais si les créanciers continuent à ignorer son mandat populaire, un non donnera à Alexis Tsipras la capacité d’en tirer les conséquences. S’il n’obtient pas de meilleures conditions après ce non, alors il disposera du mandat populaire pour préparer un Grexit. Ce que cherche donc le gouvernement grec, c’est une nouvelle force dans les négociations. Officiellement toujours pour imposer son programme.

 

 

Oui ?

 

Mais si les Grecs acceptent les conditions des créanciers ? Alexis Tsipras a annoncé qu’il « respectera ce choix et le fera respecter. » Restera-t-il alors chef du gouvernement ? Sans doute. Quand bien même il démissionnerait, il y a fort à parier que les urnes le renvoient à Maximou, le Matignon grec. Il engagera alors une politique contraire à son programme, mais que le peuple grec lui aura demandé d’exécuter. Ceci lui permettra de rompre avec son aile gauche, mais aussi d’insister sur ce que son gouvernement a arraché aux créanciers au cours de ces cinq mois, notamment le rétablissement des discussions collectives et la préservation des retraites (à l’exception des cotisations santé). Sera-ce tenable ? Seul l’avenir le dira et peut-être devra-t-il alors changer de coalition comme le souhaitent Bruxelles et les créanciers. Mais du moins, ce sera un choix du peuple grec, non le fruit d’une pression des créanciers. En cas de oui, Alexis Tsipras peut aussi refuser de continuer à gouverner et se retirer en se gardant « en réserve. » Dans ce cas, le jeu politique grec sera rebattu. Il sera intéressant de voir ce qu’en dit le Premier ministre cette semaine.

 

 

Problèmes avec les créanciers et la BCE

 

Cette campagne ne va pas aller sans poser de problèmes majeurs. D’abord, il semble désormais inévitable que la Grèce fasse mardi 30 juin défaut sur le FMI. Que fera alors la BCE ? Le conseil des gouverneurs décidera dimanche de la poursuite ou non du programme d’accès à la liquidité d’urgence. Si elle durcit les conditions de ce programme ou si elle le coupe, la campagne référendaire risque de se produire dans une atmosphère de panique. La Grèce va aussi demander, a précisé Alexis Tsipras, une courte prolongation du programme afin de permettre aux électeurs de choisir. En cas de oui, le programme sera prolongé de cinq mois comme le proposent les créanciers. Les Européens ont donc les moyens de perturber cette courte campagne, voire de la rendre caduque en refusant de prolonger l’aide. Dans ce cas, il faudra négocier à partir de rien un nouveau programme et la question du référendum du 5 juillet n’aura aucun sens. L’Eurogroupe de ce samedi devra prendre cette décision. Sa réunion n’est donc pas sans importance.

 

 

Reprendre la main

 

Reste qu’en décidant de laisser in fine choisir les Grecs eux-mêmes, Alexis Tsipras a introduit un élément démocratique nouveau dans l’histoire de la crise grecque. Les créanciers doivent faire face à un adversaire qui utilise la démocratie comme une arme. Dans son discours, il a précisé que la « Grèce, berceau de la démocratie, enverra une réponse démocratique tonitruante à l’Europe et au monde» Et d’ajouter : « à l’autoritarisme et à l’austérité sévère nous répondrons avec la démocratie, calmement et avec détermination. »


C’est un changement de paradigme majeur, à condition que la volonté des Grecs soit en effet réellement respectée. Ne pas respecter ce choix serait inconscient pour les Européens et contraire à leurs principes. Indiscutablement, si ce référendum montre qu’il n’a pas pu arracher assez de concessions aux créanciers, il montre aussi qu’Alexis Tsipras a désormais repris la main dans son bras de fer avec eux. On comprend que ces derniers doivent désormais être furieux.

 

 

Par Romaric Godin, à Athènes - latribune.fr – le 27 juin 2015.

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Mohamed Hassan : « Pas touche à l’Érythrée ! »

Mohamed Hassan : « Pas touche à l’Érythrée ! » | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Carte : bourse-des-voyages.com

 

 

Mohamed Hassan : « Pas touche à l’Érythrée ! »

Par Grégoire Lalieu

 

 

Le drame humanitaire des migrants en Méditerranée a placé un pays de la Corne de l’Afrique relativement méconnu au centre de l’attention médiatique. L’Érythrée serait en effet le plus grand pourvoyeur de réfugiés. Les témoignages de ces derniers construisent l’image d’un État terrifiant où règnent dictature, torture et famine. Très peu de journalistes se sont pourtant rendus en Érythrée. À contre-courant des quelques informations qui nous parviennent sur ce mystérieux pays, Mohamed Hassan dénonce une campagne de diabolisation. Spécialiste de la Corne de l’Afrique, il interroge ce qui se dit, mais surtout ce qui ne se dit pas sur l’Érythrée. Et il se joint aux représentants des communautés érythréennes d’Europe réunis ce 22 juin à Genève pour lancer un message clair à l’Occident : « Pas touche à l’Érythrée ! »

 

 

— Depuis le dernier naufrage de migrants en Méditerranée, l’Érythrée est au centre de l’attention. Vous qui connaissez bien ce pays et qui vous y rendez souvent, que pensez-vous de ce qu’on écrit sur l’Érythrée dans la presse occidentale ?

 

Il faut tout d’abord s’interroger sur la manière dont les médias nous informent sur l’Érythrée. Les témoignages des réfugiés sont nombreux. Mais avez-vous entendu ceux de la diaspora qui soutiennent le gouvernement érythréen ? Avez-vous pu lire les réponses du président, d’un ministre ou même d’un ambassadeur aux attaques qui sont adressées à l’Érythrée ? Imaginez que vous deviez informer sur Cuba, que vaudrait votre analyse si vous ne preniez que les témoignages des Cubains exilés en Floride ? Quand la presse procède de la sorte, de manière unilatérale, sans donner la parole à toutes les parties, on est plus dans la propagande que dans l’information.

 

 

— Les témoignages rapportés ne sont-ils pas fiables selon vous ?

 

Évidemment, ceux qui fuient l’Érythrée ont leur point de vue. Mais je remarque quelques lacunes systématiques dans le portrait qui est dressé de ce pays. Par exemple, on pointe le fait qu’aucune élection n’ait été organisée depuis l’indépendance du pays en 1993. On évoque aussi les mesures prises par le gouvernement en 2001 à savoir la fermeture des médias privés et l’arrestation d’opposants politiques. Mais on ne dit rien sur le contexte.

 

On pourrait dès lors croire tout simplement que le président Isaias Afwerki a été soudainement frappé d’un excès d’autoritarisme. On dresse ainsi le portrait d’un tyran lunatique. On l’accuse même d’être alcoolique et d’avoir de l’argent planqué en Suisse. Sans apporter la moindre preuve évidemment. La réalité est différente. Isaias Afwerki est un homme lucide qui n’a aucun problème avec la boisson. Quand on connait un minimum l’Érythrée, c’est aberrant de devoir tordre le cou à de telles rumeurs ! Le président est modeste. Si vous vous rendez à Asmara, vous le croiserez peut-être en train de se balader dans la rue, en sandalettes et sans gardes du corps. On est loin de l’image du tyran mégalomane qui exploite son peuple pour sa richesse personnelle.

 

 

— Vous parliez des mesures de 2001. Que s’est-il passé que les médias n’évoquent pas ?

 

En 2001, l’Érythrée sortait d’une guerre terrible avec son voisin éthiopien. L’Érythrée était une ancienne colonie d’Éthiopie, elle a mené la plus longue lutte du continent africain pour obtenir son indépendance. Mais l’Éthiopie ne l’a jamais digéré et un conflit a éclaté entre les deux pays en 1998. Durant la guerre, certains médias privés d’Érythrée corrompus par l’Éthiopie ont appelé à renverser le gouvernement érythréen. Des politiques et des officiers de l’armée ont également collaboré avec l’ennemi, espérant profiter du conflit pour prendre le pouvoir à Asmara. Cette guerre a ainsi fait tomber bien des masques en Érythrée, d’autant plus que personne ne donnait cher de la peau du gouvernement. Mais il a finalement réussi à repousser l’invasion éthiopienne. Et il a ensuite pris des mesures de sécurité en interdisant les médias privés et en emprisonnant ceux qui avaient collaboré avec l’ennemi. Rappelons également que des élections étaient prévues avant la guerre. Une commission électorale avait été mise sur pied et préparait le scrutin juste avant l’invasion.

 

Sur le plan démocratique, la situation n’est donc pas des plus réjouissantes, certes. Mais lorsque l’on aborde ce problème, il faut avoir une analyse globale qui tient compte du contexte. Ce que les médias occidentaux ne font pas.

 

— Il n’y a plus eu de guerre avec l’Éthiopie depuis quinze ans. Mais toujours pas d’élections non plus. Et l’information reste aux mains de l’État. Pourquoi ?

 

Tout d’abord, les tensions restent palpables entre les deux pays. Le gouvernement éthiopien se lance régulièrement dans des diatribes belliqueuses à l’encontre de son voisin. C’est d’ailleurs à la lumière de ce contexte tendu qu’il faut analyser la question de la circonscription en Érythrée. Contrairement à ce qui a été dit dans la presse, les jeunes ne sont pas enrôlés de force et à vie pour le service national. Avant la guerre, la durée de ce service était fixée à dix-huit mois. Elle a augmenté ensuite durant le conflit, mais a été ramenée depuis à sa durée initiale. L’Érythrée compte quelque 6 millions d’habitants. C’est presque la moitié de la Belgique. De l’autre côté, l’Éthiopie a une population de 90 millions d’habitants. Vous comprenez très vite que l’Érythrée n’a pas les moyens humains ni matériels pour construire une grande armée capable de tenir tête à son voisin. Le gouvernement n’a pas non plus la volonté de dépenser beaucoup d’argent là dedans. D’où le service national qui permet de faire appel à une armée de réserve en cas de conflit.

 

Ensuite, n’oublions pas que l’Érythrée est située dans une des régions les plus chaotiques de l’Afrique. Sur cette question d’ailleurs, le gouvernement a un avis très intéressant dont on n’entend malheureusement pas parler. Il estime que l’ingérence des puissances néocoloniales est principalement responsable des conflits qui traversent la Corne de l’Afrique. Et pour apaiser les tensions, l’Érythrée préconise de rassembler tous les acteurs régionaux autour de la table pour dialoguer pacifiquement, sans interférences des puissances étrangères. Enfin, le gouvernement est assez franc sur le sujet : les élections et les médias privés ne sont pas sa priorité, n’en déplaise à la vision ethnocentriste des Occidentaux qui glorifient le bulletin de vote au détriment d’autres enjeux plus cruciaux. Le gouvernement érythréen se bat avant tout sur le terrain du développement. Cela, les médias n’en parlent pas si bien qu’ils passent, selon moi, à côté de l’essentiel. En effet, après son indépendance, l’Érythrée a refusé les aides de la Banque mondiale et du FMI, ainsi que les programmes qui allaient avec. « Les Érythréens savent mieux que ces institutions internationales ce qui est mieux pour l’Érythrée », avait rétorqué le président Afwerki.

 

Ce faisant, l’Érythrée est devenue le premier pays d’Afrique à atteindre les objectifs du millénaire. Ce programme avait été mis au point par les Nations unies en 2000 pour éradiquer la famine, développer les soins de santé et l’éducation, améliorer les conditions de vie des femmes et des enfants, etc. Il reposait essentiellement sur l’aide de l’Occident, mais est quelque peu tombé aux oubliettes avec la crise économique. Or, ce que nous montre l’Érythrée et qui est exceptionnel, c’est qu’un pays africain n’a pas besoin de l’aumône de l’Occident pour se développer. Il faut au contraire mettre un terme au pillage organisé par la Banque mondiale, le FMI et toutes ces institutions qui veulent imposer le néolibéralisme aux pays du Sud.

 

Début juin, le Haut Commissariat pour les Droits de l’Homme des Nations Unies a publié un rapport accablant sur l’Érythrée. D’après ce rapport, le gouvernement érythréen est « responsable de violations flagrantes, systématiques et généralisées de droits de l’homme ». Le rapport ajoute que « ces violations pourraient constituer des crimes contre l’humanité ».

 

Là encore, le rapport se base uniquement sur des témoignages de réfugiés, le gouvernement érythréen ayant refusé l’accès à la commission d’enquête des Nations unies. Or, un rapport construit à partir des seuls témoignages de demandeurs d’asile ne peut être fiable. En effet, pour obtenir le statut de réfugié politique, certains n’hésitent pas à travestir leur nationalité et à raconter ce que le pays d’accueil veut entendre.

 

Parmi les réfugiés érythréens, vous avez ainsi des Éthiopiens qui se font passer pour ce qu’ils ne sont pas afin d’obtenir le droit d’asile.

 

En 2013, deux parlementaires français ont remis au ministre de l’Intérieur un rapport pointant la proximité dangereuse entre ceux qui aspirent au statut de réfugié politique et les migrants économiques. Pour ces derniers, des réseaux mafieux qui gèrent les filières de passage vers l’Europe proposent de faux témoignages et des dossiers de persécution tout préparés. Ensuite, si certains inspecteurs de l’ONU font leur travail courageusement quitte à déplaire aux grandes puissances, d’autres n’hésitent pas à sacrifier leur devoir d’objectivité sur l’autel des intérêts politiques.

 

En 2011 par exemple, le même Haut Commissariat pour les Droits de l’Homme facilitait l’intervention de l’OTAN en dénonçant la répression en Libye de manifestants pacifiques à coups de tanks, d’hélicoptères et d’avions. Aujourd’hui, on sait que ces accusations étaient totalement farfelues. Mais elles visaient à mettre la pression sur le gouvernement libyen. La même chose se produit avec l’Érythrée.

 

 

— Qui veut mettre la pression sur l’Érythrée et pourquoi ?

 

Sur le plan économique et politique, l’Érythrée est un caillou dans la chaussure du néocolonialisme occidental. L’Afrique est un eldorado pour les multinationales. C’est le continent le plus riche... avec les gens les plus pauvres ! Et voilà qu’un pays africain déclare et prouve par la pratique que l’Afrique ne peut se développer qu’en s’affranchissant de la tutelle occidentale. Le président Afwerki est très clair sur la question : « Cinquante ans et des milliards de dollars d’aide internationale postcoloniale ont fait très peu pour sortir l’Afrique de sa pauvreté chronique. Les sociétés africaines sont devenues des sociétés d’éclopés. » Et il ajoute que l’Érythrée doit pouvoir se tenir sur ses deux propres pieds. Alors, comme tous les leaders africains qui ont tenu ce genre de discours contre le colonialisme, Isaias Afwerki est devenu un homme à abattre aux yeux de l’Occident.

 

 

— Le gouvernement érythréen ne facilite-t-il pas la campagne de diabolisation en refusant d’accueillir une commission d’enquête des Nations unies ?

 

Il faut comprendre ce qui peut apparaitre comme une attitude fermée. Tout d’abord, l’Érythrée traine un lourd contentieux avec les Nations unies. Le pays avait été colonisé par les Italiens. Après la Deuxième Guerre mondiale et la défaite de Mussolini, l’Érythrée aurait dû obtenir son indépendance, mais on l’a rattachée à l’Éthiopie contre sa volonté. L’ancien Secrétaire d’État US, John Foster Dulles, déclara à l’époque : « Du point de vue de la justice, les opinions du peuple érythréen doivent être prises en considération. Néanmoins, les intérêts stratégiques des États-Unis dans le bassin de la mer Rouge, et les considérations pour la sécurité et la paix dans le monde, rendent nécessaire que ce pays soit rattaché à notre allié, l’Éthiopie. » Cette décision a eu des conséquences catastrophiques pour les Érythréens. Ils ont été littéralement colonisés par l’Éthiopie et ont dû mener une lutte terrible pendant trente ans pour obtenir leur indépendance.

 

De plus, durant ce combat, les Érythréens ont affronté un gouvernement éthiopien soutenu tour à tour par les États-Unis et l’Union soviétique. Durant la guerre froide, vous faisiez généralement partie d’un bloc ou de l’autre. Mais vous ne vous retrouviez pas avec les deux superpuissances de l’époque sur le dos ! Ça laisse des marques évidemment.

 

Voilà pourquoi l’Érythrée estime aujourd’hui qu’elle n’a pas de comptes à rendre à la soi-disant « communauté internationale ». Elle défend farouchement sa souveraineté pour mener à bien sa révolution. Tout n’est pas parfait évidemment. Les Érythréens sont d’ailleurs les premiers à le reconnaitre. Malgré les résultats exceptionnels pour un tel pays en matière de santé, d’éducation ou de sécurité alimentaire, tous vous répondront avec beaucoup d’humilité qu’il y a encore beaucoup à faire. Mais pour que l’Érythrée continue à progresser, la meilleure chose à faire est de ne pas vouloir décider à la place des Érythréens. C’est pourquoi je me joins à la diaspora pour interpeler les Nations unies : « Pas touche à l’Érythrée ! »

 

 

 

Par Grégoire Lalieu - michelcollon.info – le 22 juin 2015

 

Source : Investig’Action

 

Voir notre dossier « Tout ce que vous ne devriez pas savoir sur l’Érythrée » - Partie 1 - Partie 2 - Partie 3.

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LE FMI « FORMAIT » DES JOURNALISTES GRECS POUR PRÉSENTER LE FOND « SOUS UN JOUR FAVORABLE »

LE FMI « FORMAIT » DES JOURNALISTES GRECS POUR PRÉSENTER LE FOND « SOUS UN JOUR FAVORABLE » | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Panagiotis Roumeliotis, ancien représentant de la Grèce au FMI

 


LE FMI « FORMAIT » DES JOURNALISTES

GRECS POUR PRÉSENTER LE FONDS

« SOUS UN JOUR FAVORABLE »

 

L’ancien représentant de la Grèce au FMI, Panagiotis Roumeliotis, a révélé lors de son audition au comité de la dette que des journalistes grecs ont assisté à des séminaires financés par le FMI et étaient invités à présenter le FMI sous un jour favorable.

 

L’ancien représentant de la Grèce au FMI, Panagiotis Roumeliotis, a déclaré devant le comité parlementaire sur la dette grecque que plusieurs journalistes grecs ont été « formés » à Washington DC afin de soutenir les positions du FMI et de la Commission Européenne dans les médias grecs.

 

Selon Roumeliotis, les séminaires et cours de formation ont eu lieu à Washington DC, ainsi que diverses sessions qui se sont tenues en Grèce. Il a ainsi expliqué que c’est lors de la rencontre de journalistes à Washington qu’ils lui ont dit qu’ils étaient invités par le FMI pour participer à ces séminaires.

 

Roumeliotis a cependant refusé de divulguer les noms des journalistes impliqués, mais a indiqué que le comité pouvait demander la liste au Directeur de la Communication de l’organisation, Gerry Rice.

 

La présidente du Parlement, Zoe Konstantopoulou, a immédiatement adopté cette proposition et a nommé un membre du comité chargé de rédiger les actes de procédure.

 

Roumeliotis a également révélé que « Christine Lagarde et d’autres hauts fonctionnaires du FMI m’ont contacté avant mon témoignage devant le comité pour me rappeler que les membres du FMI bénéficient de l’immunité pour leurs actes ».

 

Lors de l’audition de l’ancien représentant de la Grèce au FMI, la présidente du Parlement et du Comité, Zoe Konstantopoulou a également déclaré : « En Grèce, certaines personnes qui travaillent pour les médias de masse dissimulaient le fait que la dette grecque n’était pas viable », faisant une référence spécifique au journaliste Y. Pretenderis qui l’avait évoqué dans son livre.

 

À suivre...

  

 

Par iefimerida.grOkeanos (okeanews.fr) – le 19 juin 2015.

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Grèce - Audition de Philippe Legrain, ex-conseiller de Barroso : « le gouvernement grec a tout intérêt à ne pas céder aux créanciers »

Grèce - Audition de Philippe Legrain, ex-conseiller de Barroso : « le gouvernement grec a tout intérêt à ne pas céder aux créanciers » | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Audition de Philippe Legrain, ex-conseiller

de Barroso, au Parlement grec :

« le gouvernement grec a tout intérêt à ne pas céder aux créanciers »

 

 

Compte rendu de la première audition organisée par la Présidente du parlement grec et la Commission pour la vérité sur la dette grecque.

 

Ce jeudi 11 juin s’est tenue au sein du Parlement grec la première audition de témoins organisée dans le cadre de la Commission pour la Vérité sur la dette grecque. Celle-ci s’est tenue dans la foulée d’une réunion de travail entre les membres de la Commission, la présidente du Parlement et l’eurodéputée Eva Joly, qui s’est ponctuée d’une conférence de presse.

 

Ces auditions, qui ont pour but de recueillir les déclarations de plusieurs acteurs clés ayant assumé des postes à responsabilité sur la scène grecque et européenne, représentent pour la Commission, mais aussi pour le peuple grec qui a pu suivre cette audition en direct à la télévision, un outil supplémentaire pour comprendre comment la Grèce est devenue une « quasi-colonie » des Institutions européennes et du FMI, selon les propres termes de Philippe Legrain, la première personne a être auditionnée. Monsieur Legrain a assumé de février 2011 à février 2014 la fonction de conseiller économique de José Manuel Durão Barroso, président de la Commission européenne à cette époque.

 

Cette audition, menée par la Présidente du Parlement grec, Zoe Konstantopoulou, et Éric Toussaint, coordinateur scientifique de la Commission, a tout d’abord été l’occasion pour M. Legrain de confirmer ce qu’il avait dit avec force dans l’excellent documentaire « Puissante et incontrôlée la Troïka » |1| : En 2010, les grands dirigeants européens (dont la Commission européenne) et le directeur du FMI de l’époque, Dominique Strauss-Kahn, ont délibérément refusé de considérer la Grèce comme insolvable dans le but de protéger les intérêts des grandes banques européennes. En effet, selon les statuts du FMI, cette Institution ne pouvait pas prêter à un État dont la dette est déjà insoutenable.

 

 

L’objectif du prêt de 2010 était de prêter au gouvernement grec pour qu’il rembourse immédiatement les banques françaises et allemandes qui étaient les principales créancières de la Grèce. Ce prêt n’a donc pas bénéficié au peuple grec, mais aux banques privées. S’en est suivie une augmentation importante de la dette publique grecque et l’imposition de mesures d’austérité d’une violence inouïe.

 

M. Legrain a rappelé les chiffres de l’exposition des banques européennes à la dette grecque en se basant sur les chiffres officiels de la Banque centrale européenne (BCE). Ainsi, en 2010 les banques françaises et allemandes étaient fortement exposées à la dette grecque puisqu’elles détenaient respectivement 20 et 17,2 milliards d’euros de titres. Une restructuration de la dette grecque à cette époque aurait donc entraîné des pertes que les grands dirigeants européens (français et allemands en tête) refusaient de faire subir à leurs « champions nationaux ».


M. Legrain l’affirme clairement : les dirigeants d’Institutions tels que Jean-Claude Trichet, alors directeur de la BCE, ont clairement choisi de protéger les intérêts des banques de leur pays d’origine en s’opposant à toute restructuration de la dette grecque pourtant insoutenable. « Trichet a agi pour défendre les intérêts des banques françaises ».

 

M. Legrain va même plus loin. Non seulement le choix de ne pas restructurer en 2010 a laissé le temps aux grandes banques européennes de se dégager du « risque grec », mais la BCE les y a même aidés ! Il affirme en effet qu’en achetant à l’époque des titres grecs sur le marché secondaire, la BCE a permis aux grandes banques européennes de revendre leurs titres à bon prix |2|.

 

Selon lui non seulement les grandes banques n’ont essuyé que peu de pertes, mais certaines même ont réussi à dégager de beaux profits de cette opération.

 

L’audition a également été l’occasion d’inviter M. Legrain à commenter la restructuration de la dette grecque qui a finalement été réalisée en 2012. Éric Toussaint a ainsi exposé une série de faits reconstitués grâce au travail d’audit en cours. M. Toussaint a souligné qu’il s’agissait d’une restructuration discriminatoire qui a sacrifié d’un côté les petits porteurs grecs et, d’un autre, profité aux grandes banques européennes. Ainsi les fonds de pension grecs y ont perdu jusqu’à 60 % de leurs actifs entraînant des pertes pour plus de 15 000 petits porteurs !

 

S’appuyant sur un document secret du FMI, la Présidente du Parlement a ensuite abordé la question des responsabilités. Cette note, datant de 2010, annonçait déjà que la situation de la Grèce devrait s’empirer, prévoyant pour l’année 2013 un ratio dette/PIB de 150 %. Après avoir rappelé que le ratio actuel est de 180 %, la Présidente posa la question suivante : « Tenant compte de cette estimation de 2010 pensez-vous que l’erreur est acceptable ? Pensez-vous qu’il y ait responsabilité des prêteurs ? » En guise de réponse, l’ancien conseiller de monsieur Barroso a exposé trois facteurs qui expliquent selon lui le comportement des grands dirigeants européens et du FMI :

 

Toutes les projections relatives aux memoranda et à ses conséquences sur l’économie étaient erronées, car la base même de ces projections était erronée. Ils sont partis du principe d’une Grèce solvable alors que ce n’était pas le cas.

 

Les dirigeants européens sont sujets à un aveuglement idéologique qui les invite à poursuivre une politique d’austérité dont l’inefficacité est pourtant prouvée par les faits chaque jour.

 

 

Les responsables politiques n’ont pas de compte à rendre dans le système actuel, leurs choix et leurs actes ne prêtent donc pas à conséquence pour eux.


Fort de cette analyse, M. Legrain n’a pas hésité à exposer les conclusions qu’il en tire : « J’encourage le gouvernement à ne pas accepter les conditions des créanciers en raison des souffrances économiques et de la colonisation politique déjà imposées au peuple grec ».

 

Après s’être engagé, à l’égard de la Présidente du Parlement grec et des membres de la Commission pour la Vérité sur la dette grecque, à rester à la disposition de leur travail d’audit, M. Legrain a été remercié et a repris son avion pour Londres.

 

Les membres de la Commission pour la Vérité sur la dette grecque ont quitté le Parlement pour poursuivre leur travail.

 

Leur rapport préliminaire sera présenté les 17 et 18 juin prochain au Parlement grec en présence du Président de la République hellénique, de plusieurs ministres dont le chef du gouvernement Alexis Tsipras, de députés nationaux et étrangers, d’universitaires, d’économistes, de juristes et de membres de mouvements sociaux européens.

 

D’ici là, la Commission pour la Vérité sur la dette grecque aura encore l’occasion d’entendre monsieur Roumeliotis, ex-représentant de la Grèce au FMI, le 15 juin prochain.

 


Pour soutenir cette Commission :

http://greekdebttruthcommission.org/

 

 

 

Par la Commission pour la vérité sur la dette grecque - cadtm.org - le 12 juin 2015

 

Notes :

|1| Voir à partir de 13’25 : https://www.youtube.com/watch?v=nYG...

|2| Voir : http://cadtm.org/La-BCE-fidele-serv...

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Les leçons de l’Équateur pour la Grèce

Les leçons de l’Équateur pour la Grèce | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : CC - Blandine Le Cain

 

 

Les leçons de l’Équateur pour la Grèce

Par Remi Vilain

 

Présent les 10 et 11 juin 2015 à Bruxelles à l’occasion du sommet entre l’Union européenne et la Communauté des États d’Amérique Latine (CELAC), le président équatorien Rafael Correa s’est exprimé au micro d’Eddy Caekelberghs au cours de l’émission Face à l’Info diffusée sur La Première.

 

Ce fut l’occasion pour lui d’affirmer une nouvelle fois sa position à propos de la capacité d’un État et de son gouvernement d’exercer sans entraves leur souveraineté en déclarant que « L’État doit occuper une juste place, pas « plus d’État » mais « mieux d’État » ».

Interrogé sur la crise européenne, il a également souligné le caractère odieux de la dette grecque.

 

Arrivé au pouvoir en janvier 2007, Rafael Correa n’avait d’ailleurs pas hésité à constituer dès le mois de juillet une Commission d’audit intégral de la dette de l’Équateur (CAIC) |1| . Composée de plusieurs experts dont le CADTM faisait partie, la CAIC avait permis d’une part d’économiser quelque 7 milliards de dollars |2| et d’autre part de consacrer une proportion beaucoup plus importante de son budget à l’éducation et à la santé plutôt qu’au remboursement de la dette |3|.


Le président de l’Équateur se dit inquiet à propos de la Grèce actuellement enlisée dans des négociations qui semblent inextricables avec ses créanciers, une situation qui lui rappelle celle dans laquelle se trouvait l’Équateur au début des années 2000 lorsquil était sous le joug des deux grandes institutions financières internationales que sont la Banque mondiale et le FMI. Après les échecs répétés de ces dernières à redresser la situation économique du pays, Rafael Correa avait alors tout bonnement expulsé le représentant permanent de la Banque mondiale en 2007 |4|.

 

Si la Grèce et Alexis Tsipras n’ont pas évoqué une démarche similaire dans un avenir proche, Rafael Correa a néanmoins tenu à insister sur le caractère odieux de la dette grecque puisque « la libéralisation et le capital (surtout financier) doivent être au service du citoyen et pas l’inverse ». En effet, depuis que la Grèce s’est vu imposer des politiques d’austérité par les représentants de la Troïka, son PIB a diminué de 25 %, alors qu’en parallèle sa dette n’a fait qu’augmenter, constituant à l’heure actuelle plus de 175 % de son PIB |5|. Au nom de la dette, d’énormes coupes dans les dépenses publiques ont mené à un taux de chômage record et à une pauvreté quasi générale : la dette peut donc être considérée comme odieuse.


À ce titre, en avril 2015 la présidente du parlement grec Zoé Kostantopoulou a lancé une démarche similaire à celle de Rafael Correa en 2007, à savoir une Commission pour la Vérité sur la Dette publique grecque |6| dont le CADTM est encore partie prenante. Les premiers résultats de cette commission d’audit sont attendus pour le 18 juin prochain, date à partir de laquelle la Grèce pourra probablement aspirer à un rapport de force plus égalitaire avec ses créanciers et définir un avenir porteur d’espoir pour le peuple grec et l’ensemble des pays subissant à l’heure actuelle des politiques d’austérité.



Pour écouter l’interview complète de Rafael Correa : http://www.rtbf.be/info/monde/detail_rafael-correa-president-de-l-equateur-le-capital-au-service-du-citoyen?id=9004482

 

 

 

Par Remi Vilain - cadtm.org – le 12 juin 2015

 

Notes :

 

|1| Voir Damien Millet et Éric Toussaint, « Dette : l’Equateur a rendez-vous avec l’histoire », http://cadtm.org/Dette-l-Equateur-a-rendez-vous

|2| Voir Damien Millet et Éric Toussaint, « Des exemples de suspensions unilatérales de paiement de dette dans le passé : l’Equateur et l’Islande », http://cadtm.org/Des-exemples-de-suspensions

|3| Voir « Le CADTM se réjouit de l’expulsion du représentant de la Banque mondiale en Équateur et encourage les autres pays à suivre cet exemple », http://cadtm.org/Le-CADTM-se-rejouit-de-l-expulsion

|4| Voir « Le CADTM se réjouit de l’expulsion du représentant de la Banque mondiale en Équateur et encourage les autres pays à suivre cet exemple », http://cadtm.org/Le-CADTM-se-rejouit-de-l-expulsion

|5| Voir « La dette publique des Etats de l’Union Européenne », http://www.touteleurope.eu/actualite/la-dette-publique-des-etats-de-l-union-europeenne.html

|6| Voir Zoe Kostantopoulou, « Grèce : Acte officiel de création de la Commission de la Vérité sur la Dette publique », http://cadtm.org/Grece-Acte-officiel-de-creation-de

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Un défaut européen

Un défaut européen | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Illustration :

1) liste des remboursements de la Grèce jusqu’à la fin de 2015

2) évolution de la dette grecque

 

Un défaut européen

 

La probabilité d’un défaut de la Grèce sur sa dette souveraine apparaît aujourd’hui plus élevée que jamais. Depuis ces deux dernières semaines, il est pour la première fois explicitement évoqué par des responsables grecs. Ceci marque un changement dans le discours officiel du gouvernement.

 

En fait, si l’on regarde les remboursements à venir que la Grèce doit faire, il est clair que sans un accord avec les pays de l’Eurogroupe un défaut est inévitable.

 

 

Le Premier ministre grec, M. Alexis Tsipras a déclaré de manière récurrente qu’entre les paiements qui sont dus pour les salaires et les pensions et le remboursement des intérêts ou du principal de la dette, le gouvernement choisirait les premiers et non les seconds[1].

 

Il a récemment rappelé, devant une assemblée des cadres de son parti SYRIZA, que son gouvernement avait déjà fourni des efforts colossaux, mais qu’il n’était pas question de franchir les « lignes rouges » qui avaient été établies au début de la négociation, en février dernier. Quant au ministre des Finances, le charismatique Yannis Varoufakis, il a répété les mêmes choses, tout en ajoutant qu’il avait enregistré les négociations qui se sont tenues ces derniers jours lors du sommet européen de Riga[2]. Ce durcissement, apparent, du discours se comprend fort bien dès que l’on entre dans une logique de négociation. Le gouvernement grec s’est lié explicitement les mains avec les fameuses « lignes rouges », ce qui équivaut soit à user de la « coercive deficiency » comme on a déjà eu l’occasion de le dire[3], ou encore ceci s’apparente à l’attitude d’Ulysse se faisant attacher au mat de son navire pour entendre les sirènes alors que son équipage porte des bouchons de cire[4].

 

Mais, si le gouvernement grec fait état de progrès dans la négociation, il semble bien que du côté de l’Allemagne on ait une vision très différente des choses. Concrètement, la position du gouvernement grec s’apparente à celle-ci : « nous avons fait le maximum ; c’est à vous (les Européens) de faire votre part du travail, sinon nous irons au défaut ». En fait, il semble bien que l’on ait déjà dépassé le stade du « jeu » et que l’on cherche à savoir sur qui portera le blâme du défaut. Car, il faut ici comprendre que si techniquement le défaut n’entraîne pas automatiquement la sortie de la zone euro, en réalité, politiquement, il s’accompagnera d’une suspension du mécanisme d’approvisionnement en liquidités des banques grecques (ELA). Dans ces conditions, le gouvernement grec n’aura pas d’autres choix que de mettre en place une monnaie parallèle, qui deviendra rapidement la Drachme. Dans les faits, un défaut provoquera très probablement une sortie de l’Euro.

 

 

Le défaut est-il inévitable ?

 

Il faut comprendre que cette question d’un possible, et aujourd’hui probable, défaut de la Grèce n’est importante que parce qu’une large part de la dette grecque est détenue par la BCE et les différents fonds européens, qu’il s’agisse du FESF ou du MES. Sur un total de 315,5 milliards d’euros de dette, 141,8 milliards sont détenus par le FESF, 52,9 milliards dans des prêts bilatéraux avec les pays de la zone euro, 27 milliards sont détenus par la Banque Centrale Européenne et 25 milliards par le FMI.

 

Un défaut obligerait les pays qui ont contribué à ces fonds de les provisionner à hauteur du montant de la dette répudiée. En agitant la question du défaut, le gouvernement grec signifie à ces partenaires, mais qui sont aujourd’hui aussi ses adversaires, de l’Eurogroupe que ce sont eux, et non le peuple grec, qui subira la conséquence de leur inconséquence.

 

Car, sur ce point, il y a eu une profonde inconséquence de la part des pays de la Zone Euro. Quand il est devenu clair que la dette grecque s’apparentait à une pyramide financière, ce que l’on appelle un « système Ponzi », en 2010, ces pays auraient dû accepter que la Grèce fasse défaut sur une partie de sa dette. Mais, ceci fut refusé pour deux raisons.

 

La première était – et elle est toujours – une question de principe. La Zone Euro, pour l’appeler de son nom véritable l’Union Economique et Monétaire, prévoit que chaque pays est responsable, et lui seul, de ses finances publiques. On pourrait alors penser que cette responsabilité aurait pour conséquence de laisser un pays endetté faire défaut. Mais, cette solution a été interdite au nom du sauvetage de l’Euro. Nicolas Sarkozy et Angela Merkel sont tombés d’accord pour considérer qu’il était impossible de tolérer un défaut dans la zone euro. Là se trouve la première inconséquence ; on construit une Union monétaire et une monnaie unique, et l’on refuse aux pays à la fois les ressources du fédéralisme et la possibilité d’un défaut. Cette inconséquence est primordiale.

 

Mais il y a une seconde raison. En fait, les dirigeants européens étaient tétanisés par le fait que des banques allemandes et françaises étaient largement engagées sur la dette grecque. S’ils ont refusé la possibilité d’un défaut, ce fut essentiellement pour éviter une nouvelle crise bancaire qui aurait révélé les inconséquences dans la gestion et dans la supervision de ces banques. Nous avons ici une deuxième inconséquence.

 

Refusant le défaut, les gouvernements de la zone euro ont mis sur pied un système complexe de refinancement de la Grèce dont les effets sur l’économie du pays se sont révélés catastrophiques. En fait, on demandait à la Grèce de supporter une dette de plus en plus importante alors que son économie se contractait.

 

Cette troisième inconséquence a provoqué la crise sociale gravissime que la Grèce connaît aujourd’hui, et qui a porté SYRIZA au pouvoir. Dans ses conditions, le choix proposé par Tsipras et Varoufakis, soit la dette grecque est pour partie annulée et pour partie restructurée sur le modèle de ce que l’on a consenti à l’Allemagne en 1953, soit il y aura un défaut de la Grèce était clair. Ici encore, et c’est la quatrième inconséquence, les pays de l’Eurogroupe n’ont pas voulu d’une solution « à l’allemande » sur le modèle de l’accord de 1953 avec ce pays. Ils devront très probablement affronter le défaut.

 

 

Défaut grec ou défaut européen ?

 

Un défaut n’est pas la fin du monde. Mais, ce défaut aura incontestablement des conséquences tant économiques que politiques importantes. Il va signer l’écroulement d’une grande partie de la politique de l’Union européenne, à la fois quant à ses méthodes que quant à ses objectifs. Il pourrait entraîner le début de la fin pour l’Euro.

 

En ce qui concerne les méthodes, la négociation avec la Grèce a été menée en dépit du bon sens ou, plus exactement en dépit du bon sens démocratique (ce qui, il faut en convenir, n’est pas tout à fait la même chose). On a cherché à discréditer, à menacer, voire à corrompre, les négociateurs grecs. Ces négociations se tiennent d’ailleurs dans la plus grande obscurité. On ne tient pas de minutes des déclarations des uns et des autres, et on laisse à la presse le soin de réaliser des « fuites » dont le contenu est incontrôlable en l’absence justement de ces minutes. Yannis Varoufakis l’a très bien dit sur son blog, reconnaissant qu’il enregistrait les négociations pour que l’on sache un jour à quoi s’en tenir quant au comportement des uns et des autres : « Et peut-être devrions-nous questionner les institutions européennes dans lesquelles des décisions d’une importance fondamentale sont prises, au nom des citoyens européens, mais dont les minutes ne sont ni prises ni publiées.

Le secret et une presse crédule ne sont pas de bons augures pour la démocratie européenn» [5].

 

Quand on sait que Varoufakis est en réalité un défenseur du projet européen, il faut comprendre, et il faut entendre, l’ampleur et la portée de sa critique. Effectivement, c’est la démocratie européenne, non pas en tant que principe (déjà bien malade depuis 2005 et le refus de prendre en compte les référendums tant français que néerlandais), mais en tant que système de règles opérationnelles et devant assurer la responsabilité des acteurs pour leurs actes, qui est aujourd’hui absente. On sait bien que sans responsabilité il n’y a plus de démocratie. Ce que dit Varoufakis c’est que l’Union européenne n’est plus, dans son fonctionnement quotidien un système démocratique.

 

Mais, l’échec touche aussi les objectifs de l’Union européenne. Dans le cas de la Grèce, officiellement on prétend vouloir garder le pays dans la zone euro. Mais, dans les faits, et pour des raisons diverses, on voit émerger une préférence pour l’austérité qui emporte tout sur son passage. La position de la Grèce a été soutenue par de nombreux économistes, et même le FMI a considéré que sur un certain nombre de points le gouvernement grec avait raison. Mais, rien n’y fait. Tout se passe comme si le gouvernement allemand, aidé on doit le dire du gouvernement français qui se comporte – hélas – sur ce point comme le plus complaisant vassal, comme le plus bas des laquais, voulait à tout prix imposer à TOUS les pays de la zone euro l’austérité mortifère qui est sa politique. Et on peut comprendre que des concessions à la Grèce entraîneraient immédiatement des demandes de l’Espagne.

 

Dans ce dernier pays Podemos, le parti issu du mouvement des indignés a remporté ce dimanche 24 mai de belles victoires et cela fragilise d’autant la position du Premier ministre espagnol, Rajoy. Mais, ceci est vrai aussi du Portugal et de l’Italie. Des concessions à la Grèce seraient le début d’une mise en cause générale de l’austérité, ce dont le gouvernement allemand ne veut sous aucun prétexte. À la fois pour des raisons idéologiques, mais aussi pour des raisons bien plus matérielles.

 

 

La banqueroute de l’Union européenne

 

Ce qui se profile donc à l’horizon n’est pas un défaut grec, ou plus exactement pas seulement un défaut grec. Nous assistons à la banqueroute de l’idéologie européiste, mais aussi de l’Union européenne. À travers le défaut grec, c’est une mise en défaut de la politique de l’Union européenne, prise en otage par l’Allemagne, que nous assisterons. Ce défaut sera donc un défaut européen, car il signera la fin d’une certaine idée de l’Union européenne et ouvrira une crise profonde et durable en Europe. Les institutions européennes seront atteintes dans leur légitimité. Ce défaut sera la base de la révolution qui vient.

 

 

 

 

Par Jacques Sapir (*)  (Carnet Russeurope) - agenceinfolibre.fr – le 25 mai 2015-05-29

 

(*) Jacques Sapir : Diplômé de l’IEPP en 1976, a soutenu un Doctorat de 3e cycle sur l’organisation du travail en URSS entre 1920 et 1940 (EHESS, 1980) puis un Doctorat d’État en économie, consacré aux cycles d’investissements dans l’économie soviétique (Paris-X, 1986).

A enseigné la macroéconomie et l’économie financière à l’Université de Paris-X Nanterre de 1982 à 1990, et à l’ENSAE (1989-1996) avant d’entrer à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales en 1990. Il y est Directeur d’Études depuis 1996 et dirige le Centre d’Études des Modes d’Industrialisation (CEMI-EHESS). Il a aussi enseigné en Russie au Haut Collège d’Économie (1993-2000) et à l’École d’Économie de Moscou depuis 2005.

Il dirige le groupe de recherche IRSES à la FMSH, et co-organise avec l’Institut de Prévision de l’Economie Nationale (IPEN-ASR) le séminaire Franco-Russe sur les problèmes financiers et monétaires du développement de la Russie.

 

 

Notes :

[1] Tugwell P., « Tsipras Says He Won’t Cross Red Lines in Talks With Creditors », Bloomberg International, 15 mai 2015, http://www.bloomberg.com/news/articles/2015-05-15/tsipras-says-he-won-t-cross-red-lines-in-talks-with-creditors

[2] Varoufakis Y., « The Truth about Riga », posté le 24 mai 2015 sur son blog, http://yanisvaroufakis.eu/2015/05/24/the-truth-about-riga/

[3] Sapir J., « Greece’s brinkmanship », note publiée sur Russeurope, le 4 février 2015, http://russeurope.hypotheses.org/3395

[4] Elster J., Ulysses and the Sirens
Studies in Rationality and Irrationality, Cambridge University Press, Cambridge, 1985.

[5] http://yanisvaroufakis.eu/2015/05/24/the-truth-about-riga/

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La survie de la Grèce ne dépend pas du pouvoir politique

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La survie de la Grèce ne dépend

pas du pouvoir politique


— Banquier anonyme 


Mr Tsipras va probablement parvenir à trouver péniblement, une majorité alternative pour faire voter la potion européenne par le parlement grec. Soit des mesures qui sont à l’exact opposé du programme électoral de Syriza et sont encore plus dures que celles que le peuple grec a refusées à 60 % lors du référendum. Quant à l’avenir de Mr Tsipras comme Premier ministre, il est plus qu’incertain.

 

Comment en est-il arrivé là ? Le fait est que Mr Tsipras s’est retranché derrière l’argument qu’il n’existe aucune clause dans les traités européens pour exclure un pays de la zone euro et donc que la Grèce ne risquait rien. Est-ce par naïveté ou pure ignorance financière (ou n’est-il qu’un cheval de Troie ?), mais il aurait dû savoir que ce ne sont pas les politiciens qui décident, mais l’oligarchie financière derrière les banques centrales.

 

Mr Tsipras a sous-estimé l’impact destructeur majeur sur la population grecque que pouvait avoir la vue de banques durablement fermées parce que la Banque Centrale Européenne (BCE) a refusé d’augmenter le débit de liquidités vitales. Le parlement grec va probablement voter « n’importe quoi » ce mercredi dans l’espoir que les banques grecques puissent rouvrir et fonctionner comme avant.

 

Hélas, Mr Tsipras devrait pourtant savoir que les banques fonctionnent sous réserve fractionnaire : seule une fraction des dépôts existe sous forme de billets de banque et pour qu’une banque s’en procure afin d’alimenter les guichets ou les distributeurs, elle est obligée de les acheter auprès de sa banque centrale. Et là se posent deux problèmes :

 

– Est-ce que la banque centrale veut bien lui en vendre ?


– Comment peut-elle se procurer de l’argent pour payer ?

 

Pour simplifier un peu et de manière imagée, il faut savoir que la Grèce ne peut plus s’approvisionner directement auprès de la BCE à Francfort, mais doit utiliser le magasin local (la banque centrale grecque sous la forme du programme d’urgence ELA). Les ventes totales sont plafonnées et lorsque le plafond est atteint le magasin grec ferme. Pour payer des billets, une banque commerciale doit d’abord emprunter auprès de sa banque centrale, une monnaie spéciale utilisée entre les banques commerciales et les banques centrales (mais qui reste au sein de l’Eurosystème et ne peut pas être utilisée par les particuliers ou les entreprises). Une banque centrale prête cette monnaie de banque centrale, à condition que l’emprunteur donne un gage financier (comme un particulier qui contracte un crédit hypothécaire doit mettre sa maison en gage). La quantité de gages financiers que doivent donner les banques grecques pour emprunter la monnaie spéciale qui permet d’acheter des billets est un grand secret, on sait juste que la banque centrale grecque (sous ordre de la BCE) est devenue plus exigeante.

 

Il suffit que face « à l’incertitude politique » la BCE décide d’augmenter le montant des gages nécessaire pour les prêts existants, pour qu’aucune banque grecque n’ait encore assez de gages pour répondre à cet appel de marge sans faire défaut (ceci sans même que la BCE n’augmente le plafond de liquidité). Selon les estimations de Barclays (voir graphique n° 1 ci-dessus), avant le 6 juillet les banques disposaient d’une marge représentée par la barre de gauche en gris clair. Le 6 juillet, la BCE a exigé plus de collatéral et a réduit cette marge représentée actuellement par la barre en bleu clair. Draghi peut parfaitement, sournoisement, augmenter encore la quantité de gages nécessaire, ce qui ne laisserait aucun moyen pour les banques grecques de se procurer des liquidités même si la BCE devait rehausser le plafond disponible !

 

De plus, Alexis Tsipras a finalement obtenu que le fonds qui va vendre 50 milliards d’actifs grecs privatisés (aéroport, compagnie d’électricité, banques ! etc.) soit situé en Grèce sous supervision européenne. La moitié de ce montant est destiné à recapitaliser les banques grecques le plus vite possible. Outre le temps nécessaire pour effectuer ces ventes, le gros problème c’est que selon le FMI il n’y a plus d’acheteurs pour de tels montants. C’était éventuellement possible en 2011 (courbe verte), mais actuellement ces actifs ne valent même pas 10 milliards d’USD (courbe bleue) (voir le tableau n° 2 ci-dessus).

 

Autrement dit, l’avenir des banques grecques entièrement dans les mains de Mr Draghi est extrêmement sombre.

 

Pour ceux qui pensent que la Grèce ce n’est pas la France ou l’Italie, le graphique n° 3 (*) ci-dessus montre qu’il y a 8 ans la Grèce avait le même niveau d’endettement relatif que la France actuellement et la dette italienne a juste 5 ans d’avance sur la dette grecque

 

  

Par un Banquier anonyme - liesidotorg.com - le 23 juillet 2015

 

(*) source http://www.les-crises.fr/iens-la-dette-de-la-france-est-au-niveau-de-la-dette-grecque-dil-y-a-8-ans/

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Les Brics lancent leur propre «FMI»

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Les Brics lancent leur propre « FMI »

 

Que les promesses sur cette banque soient tenues ou non, le dollar peut réellement commencer à trembler…

 

***

 

La nouvelle banque de développement (NBD)

des Brics a officiellement ouvert

ses portes hier à Shanghai

 

Cet événement marque une étape importante dans la création et l’extension des institutions financières des cinq plus grands pays émergents. Les experts rappellent que la NBD n’est pas encore une véritable concurrente pour les institutions occidentales comme le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque mondiale (BM), mais que sa création même témoigne de la montée en puissance des pays de la région Asie-Pacifique et de leurs partenaires latino-américains.

 

Comme l’a noté le président de la NBD Kundapur Vaman Kamath lors de la cérémonie d’inauguration à Shanghai, « les Brics sont cinq pays avec des objectifs communs, que nous devons encore rapprocher davantage ».

 

Rappelons que la somme des PIB de la Chine, de la Russie, de l’Inde, du Brésil et de l’Afrique du Sud atteint près de 15 000 milliards de dollars (soit environ 20 % du PIB mondial). Donc quand le ministre chinois des Finances Lou Jiwei affirme que « la création de la NBD influencera fortement l’économie mondiale et aidera à la relancer », ses propos sont totalement fondés.

 

À l’issue du sommet des Brics qui s’est tenu à Oufa début juillet, les experts occidentaux ont déjà annoncé que les USA et l’UE sous-estimaient fortement cette association, et que pour éviter de se retrouver en situation d’isolement les pays développés devaient établir le contact avec les pays des Brics. Lou Jiwei a noté que la création de la NBD compléterait le système financier mondial actuel.

 

Le FMI et la BM continueront de lutter contre la pauvreté et à maintenir la stabilité du système, alors que la NBD des Brics et la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (BAII), qui ouvrira prochainement, se concentreront sur les projets d’infrastructure des pays membres de l’organisation sollicitée actuellement à travers le monde.

 

Le capital autorisé de la NBD des Brics s’élève à 100 milliards de dollars, ce qui fait d’elle un acteur notable sur l’arène financière. De plus, les représentants officiels des Brics et les experts financiers voient un grand avenir dans une éventuelle collaboration entre la NBD et la BAII, dont le capital est identique. Ensemble, ces institutions pourront couvrir une grande partie des besoins en investissements des pays d’Asie-Pacifique et de leurs partenaires d’Amérique latine et d’Afrique.

 

Par ailleurs, la prochaine étape de l’expansion financière des Brics sera le lancement du Pool de réserves de change, qu’on qualifie déjà de « mini-FMI pour les pays émergents ».

 

 

 

Par Novye Izvestia – (Sputniknews) - lesmoutonsenrages.fr – le 22 juillet 2015.

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La Grèce, terre d’aventure privilégiée des spéculateurs

La Grèce, terre d’aventure privilégiée des spéculateurs | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : même l’amende qu’a reçue George Soros, pour avoir vendu des actions de banques grecques qu’il n’avait pas encore, n’écorne pas ses profits ! Photo : Mike Clarke/AFP

 

La Grèce, terre d’aventure privilégiée

des spéculateurs

 

Après avoir fait plonger la Grèce en 2010, les fonds spéculatifs cherchent toujours à lui sucer les os. Après la dette publique, on s’amuse avec les titres dévalués des banques et des entreprises. De George Soros à John Paulson, les vieux loups de Wall Street sont à la manœuvre.

 

Entre corruption des élites et clientélisme, les finances publiques grecques n’ont pas toujours été au carré. Maquiller, prêter, jouer : les petits génies de la finance ont vite compris qu’il y avait de jolis coups à réaliser. Au début des années 2000, les comptes publics ne respectent pas les critères exigés pour faire partie de la zone euro. Pour y remédier, le gouvernement (socialiste : Pasok) décide de faire appel aux conseils d’un « expert », la banque américaine Goldman Sachs. Moyennant 300 millions d’euros de commission, elle va imaginer pour son client des montages « créatifs » permettant d’emprunter sans émission de dette et sans trace dans les comptes.

 

 

Rentabiliser le fiasco

 

Bien informée, Goldman Sachs s’est dit que la Grèce aurait bien du mal à payer ses dettes, et qu’il serait fort dommage de ne pas en tirer profit. Elle va donc, avec quelques fonds spéculatifs, dont celui du milliardaire John Paulson, acheter massivement des CDS (credit default swaps) sur la dette grecque pour parier sur les futures difficultés du pays. Ces CDS, sortes de contrats d’assurance sur le défaut de paiement, sont censés permettre aux investisseurs de se couvrir lorsqu’ils achètent un titre de dette. Mais, dans les faits, il est possible d’en acquérir sans même détenir les titres de dette correspondants. Ces achats massifs de CDS de dette grecque ont fait monter leur prix… et donné aux « marchés » le signal - confirmé par les agences de notation - que la Grèce n’était pas solvable, ce qui a provoqué l’envolée des taux d’intérêt que le pays a dû payer pour lever de nouveaux emprunts. Et l’envolée par ricochet des prix des CDS. Les malins ont empoché leurs bénéfices.

 

La Grèce, elle, est au tapis. Au printemps 2010, elle doit demander l’aide de l’Union européenne. En 2012, sa dette est restructurée. En apparence, les banques (allemandes, françaises et grecques en tête) qui avaient prêté à l’État grec à des taux exorbitants y laissent des plumes. Sur le papier, ces créanciers ont renoncé à 53,5 % de ce qui leur est dû. Dans les faits, ils s’en sont très bien tirés : pour une obligation d’un montant initial de 100 euros, mais achetée bien souvent moins de 40 euros sur le marché secondaire, ils ont reçu un nouveau titre d’une valeur de 46,50 euros, garanti par les « sauveurs » de la Grèce (institutions européennes et FMI).

 

 

Plaisirs inépuisables...

 

Après avoir épuisé les plaisirs sur la dette publique, les fonds spéculatifs s’essaient désormais à d’autres sensations fortes. Certains achètent des actions de banques grecques qui ne valent quasiment plus rien… et se contentent d’attendre un futur retournement. Le gérant de SkyBridge Capital se dit ainsi sûr - à 80 % - que leurs prix vont doubler dans les 12 à 18 mois. D’autres font la même chose avec des obligations de groupes tels que Titan Global Cement ou Hellenic Petroleum. D’autres encore ont parié sur la baisse de la Bourse en vendant à terme, à un prix convenu d’avance, des actions qu’ils n’avaient pas encore (le jeu consiste à les acheter au dernier moment moins cher que le prix convenu avec l’acheteur). Faute d’avoir respecté les règles de ces « ventes à découvert » - il y en a malgré tout quelques-unes - une vingtaine de fonds, dont un appartenant au célèbre financier George Soros, qui se sont fait récemment mettre à l’amende par l’autorité des marchés grecs pour des transactions sur des actions de banques grecques… mais pour un montant si léger (1 million d’euros au total) qu’il n’aura pas écorné leurs profits.

 

John Paulson a lui aussi pris ses positions. Il est ainsi le deuxième actionnaire de Piraeus Bank (Banque du Pirée) dont il a acquis 6,6 % en 2014. Et possède 9,9 % d’Athens Water Supply & Sewerage Company (la Compagnie des eaux), achetée la même année. Son premier investissement (687’millions d’euros) vaut aujourd’hui 4 fois moins. Le second (115 millions d’euros) - à l’occasion d’une tentative de privatisation déclarée depuis anticonstitutionnelle par la Cour suprême grecque - a perdu plus de 60’% de sa valeur. Pour l’instant, ça ne veut pas…

 

 

Repères :

1,9 milliard d’euros. Profits réalisés par la Banque centrale européenne sur son portefeuille de titres de dette grecque.

8. Nombre de plans d’austérité subis par les Grecs depuis 2009.

 

 

 

Par DOMINIQUE SICOT - humanite.fr  - le 11 juillet 2015.

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Les BRICS lancent un équivalent du FMI au capital de 100 Mds USD

Les BRICS lancent un équivalent du FMI au capital de 100 Mds USD | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : © AFP 2015. Yasuyoshi Chiba

 

 

Les BRICS lancent un équivalent du FMI

au capital de 100 Mds USD

 

Mardi, les banques centrales des BRICS  (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ont signé un accord sur le soutien mutuel des pays membres de l’alliance. Ils ont également créé un pool de réserves monétaires du groupe et ont indiqué les conditions de son fonctionnement. Cette nouvelle structure est une alternative au FMI et à la Banque mondiale, qui sont contrôlés par les États-Unis et qui perdent peu à peu de leur influence.

 

Le but de la création et du fonctionnement du pool est « une allocation mutuelle de la part des banques centrales des BRICS de moyens financiers en US dollars en cas de problèmes de liquidité en dollars ». « Ainsi, la création d’un tel mécanisme de sécurité a pour objectif le maintien de la stabilité financière dans les pays membres », lit-on dans un communiqué de presse. Mardi 7 juillet les BRICS ont signé un accord sur les conditions d’entraide en cas de crise, ce qui pourrait aider la Russie si les sanctions antirusses sont renforcées, expliquent les experts.

 

Ce sera l’une des plus grandes institutions financières, au capital déclaré de 100 milliards de dollars. L’apport de la Chine sera de 41 milliards de dollars, celui de la Russie, de l’Inde et du Brésil sera de 18 milliards de dollars, et l’Afrique du Sud en apportera encore 5 milliards.

 

 

 

Par fr.sputniknews.com – le 7 juillet 2015.

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Référendum grec : le FMI en campagne pour le Non !

Référendum grec : le FMI en campagne pour le Non ! | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : en campagne pour OXI (Non !) - crédit : Reuters

 

 

Référendum grec :

le FMI en campagne pour le Non !

 

Eh oui, vous avez bien lu ! L’ampleur du désastre économique et financier provoqué par les plans de « sauvetage » de la Grèce et une austérité mortifère, conduit aujourd’hui le FMI, jusqu’à récemment encore membre éminent de la Troïka, à revoir sa copie. Du jamais vu dans l’histoire de l’Institution.

 

Alors qu’en Europe, la Commission européenne, la BCE ainsi qu’Angela Merkel et François Hollande, continuent à refuser tout débat sur une restructuration en profondeur de la dette grecque, le FMI, sur une ligne radicalement à l’opposé des capitales européennes, semble se rendre à l’évidence : aucune solution ne peut être envisagée sans inclure cette question.

 

Sans le dire, le FMI donne raison à Alexis Tsipras et Syriza qui, depuis des années, ont fait de la réorganisation de la dette le préalable à tout accord avec les créanciers de la Grèce.

 

Le chemin de Damas du FMI s’explique d’abord par les chiffres. Car selon son dernier rapport, rapporte le quotidien britannique The Guardian, il ne faudrait pas moins de 50 milliards d’euros supplémentaires, dont dix dans l’immédiat, pour offrir à l’économie grecque un peu « d’air pour respirer » et stabiliser son économie.

 

D’après la presse anglo-américaine, les responsables du FMI refusent même de préparer un nouveau plan d’aide si aucune réduction de la dette n’y figure ! La Grèce aurait besoin, estiment-ils, d’une période de grâce (c’est-à-dire un moratoire) de 20 ans avant tout paiement sur sa dette, dont le rééchelonnement devrait courir jusqu’en 2055.

 

Autre preuve que les lignes commencent à bouger, l’article majeur publié par l’agence de presse américaine Associated Press (AP) et repris par la grande presse américaine.

 

Écrit à Londres, le papier de Pan Pylas et David McHugh rappelle en détail comment la Conférence internationale sur la dette, organisée à Londres en 1953, avait annulé plus de la moitié de la dette allemande et créé un cadre de coopération internationale permettant de relancer l’économie allemande et avec elle, toute l’Europe. « L’annulation de la dette n’était pas un acte de charité, précise l’article. Les États-Unis avaient besoin d’une Allemagne forte contre ce qu’ils percevaient comme la menace soviétique. »

 

Tsipras, on s’en doutait, a positivement accueilli l’intervention du FMI, tout en soulignant dans un entretien à la télévision que jusqu’ici, cette position ne lui avait jamais été présentée lors des négociations avec les créanciers. Le Premier ministre grec a souligné que voter non dimanche n’implique pas de rejeter l’Europe, mais seulement de refuser une solution qui n’est pas viable.

 

 

 

Par Karel Vereycken - Solidarité & Progrès - le 3 juillet 2015.

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Brisures d’euro

Brisures d’euro | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Légendes des photos :

De gauche à droite : Les gros titres du vaste monde, Naxos, le 27 juin — Dans les Cyclades ; on lit aussi Thomas Piketty. Juin 2015 — Dans les Cyclades on prépare les tables et on... dessine menus et prix. Le plus souvent, les clients sont absents, sauf évidemment à Mykonos et relativement, à Naxos et à Paros. Ailleurs c’est la désolation de la saison qui n’a pas encore démarré. — Bateau à vendre. Cyclades, juin 2015 — Hôtel en faillite. Cyclades, juin 2015

 


Brisures d’euro

Par Panagiotis Grigoriou

 

 

L’histoire galope. Très... drôle de guerre. Visages crispés, parfois exubérants et singulièrement hésitants. Temps métrologique agité, vent fort balayant les Cyclades et autant les consciences. Matin du 27 juin, devant les guichets automatiques à Naxos, port et chef-lieu de l’île d’Ariane délaissée il y avait déjà foule. Tout le monde commente les derniers accrocs du temps historique, d’abord le referendum annoncé, comme cette autre tempête qui a rendu l’accostage du Blue Star Délos plus délicat que de coutume.

 

Dans les Cyclades ; on lit aussi Thomas Piketty, mais les yeux de tous se tournèrent ce samedi matin vers les gros titres du vaste monde et d’Aléxis Tsípras. Ce n’est pas un sondage, mais sur les cinq discussions que j’ai pu avoir avec des habitants de Naxos... ce premier samedi du jour d’après, trois d’entre eux se sont prononcés résolument en faveur du « Non », car « c’est désormais une question de dignité, l’UE et le FMI exigent notre mise à mort, ces salopards n’ont plus aucune vergogne », tandis qu’une autre personne votera « les yeux fermés pour un « Oui », car Tsípras est un fou... et il nous fera même quitter l’euro », enfin, Yannis éleveur est hésitant.

 

« Je n’ai pas voté SYRIZA en janvier, voilà qu’avec Tsípras tout se gâte, j’avoue seulement que dorénavant je comprends mieux. Poursuivre exactement comme avant sous la botte de la Troïka c’est la mort lente, mais assurée, mais enfin... emprunter le chemin de la rupture et de la drachme c’est certainement l’aventure et l’inconnu. Les gens ont surtout peur ».

 

Hasard ou sinon destinée, derrière la vitrine d’un présentoir du marché supposé touristique à Naxos, il n’y a que deux billets issus du temps de la drachme et plus exactement, des années 1927-1939. La Grèce avait, comme on se souvient, fait faillite en 1932, une autre époque ?

 

Yannis suit évidemment les événements et leur tournure à la télévision. Dans la capitale d’Athéna, les guichets (pour le moment) automatiques sont pris d’assaut. Les citadins achètent aussi massivement de l’alimentaire et du carburant. L’atmosphère est tendue.

 

Yannis, ironise presque : « Ici chez moi je ne suis pas vraiment vulnérable. J’ai de quoi me nourrir, j’ai des centaines de bêtes, j’ai mon fromage et mon huile, j’ai de l’eau et même des aliments stockés. C’est alors dès 2010 que je l’ai vu venir. Je travaillais comme employé dans un commerce près du port de Naxos. La crise n’avait pas encore frappé les Cyclades, elle a mis plus d’un an à venir jusqu’ici. J’ai décidé de reprendre la terre, les oliviers et les bêtes de mon père. »

 

« De toute manière j’étais élevé au village et je savais déjà tout faire. Je ne le regrette absolument pas. De nombreux jeunes originaires de Naxos reviennent ici pour monter une... affaire, ou même redémarrer dans l’agriculture et l’élevage. Je plaints tous ces gens de la ville et cependant ignorants. Avant de changer de cap ainsi, il faut apprendre auprès d’un paysan durant trois ans au moins avant de pouvoir se lancer et encore, il faut de la terre, des capitaux et aussi de se faire accepter par les anciens. Pas toujours évident je dirais. »

  

Pour les tenants d’un café dans un village naxiote de l’intérieur, le referendum est autant une affaire de générations. « Nous devons séquestrer nos vieux à la maison... pour qu’ils n’aillent pas voter en faveur du Oui », dit Anna, s’adressant à son mari. Le couple, la petite quarantaine tout juste acquise, appartient... généreusement aux générations qui « rament ».

 

« Il ne faut pas les rater sur ce coup-là. Ils ont bousillé tout un pays et ils veulent poursuivre dans cette politique des crématoires économiques. Nous leur rendrons enfin la monnaie de leur pièce de cet euro allemand et maudit. Basta. »

 

C’est « la réponse du berger à la bergère », estime de son côté François Leclerc sur le blog de Paul Jorion. « Pression pour pression, c’est devant la perspective de cette consultation imprévue que les créanciers de la Grèce vont se trouver placés lors de la réunion de l’Eurogroupe d’aujourd’hui. Ils peuvent décider de l’escalade en refusant de prolonger le plan existant jusqu’à la tenue du referendum, rendant caduque la question qu’il est prévu de poser. Mais ils sont placés devant un choix : bafouer l’expression de la volonté populaire ou reprendre la négociation ».

 

C’est chose (presque) faite ce samedi soir. Les médias grecs rapportent que Yannis Varoufákis rencontrera dans les heures qui viennent, Mario Draghi ; il lui demandera de faire usage d’une partie des intérêts encaissés par la BCE sur le dos de la dette grecque (presque deux milliards d’euros), pour ainsi régler la... traite auprès du FMI le 30 juin, sinon... niet !

 

Dans les Cyclades on prépare les tables et on... dessine menus et prix. Le plus souvent, les clients sont absents, sauf évidemment à Mykonos et relativement, à Naxos et à Paros. Ailleurs c’est la désolation de la saison qui n’a pas encore démarré.

 

La saison tarde, l’histoire galope. Une certaine presse internationale, suffisamment citée par la presse mainstream d’Athènes, croit savoir que les « créanciers prépareraient une réponse à l’offensive de Tsípras. Un « Plan B » serait en gestation, retrait de certaines propositions par les institutions et transferts de capitaux désormais sous contrôle et restrictions, probablement dès lundi prochain ».

 

Comme pour le cas de Chypre (soumise et humiliée en mars 2013), cela signifie que l’euro ne sera plus tout à fait le même à Naxos... et à Marseille. Brisures d’euro et cela déjà, quoi qu’il en arrive.

 

Sauf que nos... Tsipriotes, semblent être aussi en mesure de dégainer. Pour Panagiótis Lafazánis, ministre de la Restructuration Industrielle et chef de file de aille (Plateforme) de Gauche au sein de SYRIZA, « la Grèce et son peuple, subissent alors depuis cinq mois, une strangulation de type colonial, initiée par les « institutions », UE, BCE et FMI, et cela, comme aucun autre pays n’a connu, je crois, durant la période de l’après après deuxième guerre mondiale. Le but de cet étranglement est évident : l’épuisement économique et social de notre patrie jusqu’à l’extrême, et autant, l’humiliation de la Gauche, des traditions et des valeurs de lutte dont elle est historiquement porteuse »

 

« La situation géopolitique et de nouveau telle, que la Grèce se trouve devant un croisement de chemins fort décisif. Ses choix en décideront autant de l’avenir de l’Europe. Le gouvernement ne doit aucunement se soumettre aux dictats et à l’ultimatum. L’eurosoumission n’est pas la seule et unique voie possible. La Grèce, si besoin est et afin de répondre à son extermination (programmée par les institutions) tout en préservant sa dignité et sa survie, dispose de nombreuses autres voies alternatives, économiques, monétaires, sociales et géopolitiques. »

 

« Le peuple grec, conscient des difficultés que comporte cette nouvelle voie de la rupture et autant du recommencement, est prêt à soutenir ce nouvel effort national. Un effort national lequel amènera le renouveau de la Grèce, à travers cette réorganisation progressiste laquelle refera renaitre notre patrie. Ainsi, la Grèce redonnera vie à notre jeuneuse et aux générations futures dans la dignité, car il est indigne et autant déplorable, de leur léguer comme héritage les ruines d’un pays, ainsi qu’une dette alors insoutenable ».

 

Dans les Cyclades, on compte aussi les hôtels, les restaurants fermés et les bateaux à vendre. Une autre et... très certaine Grèce, mise toujours sur le tourisme, sur les pratiques d’avant et d’après, ainsi que sur certaines... connivences locales. C’est précisément cette Grèce qui se montre peureuse, voire très hostile à toute possibilité de rupture vis-à-vis du totalitarisme européiste.

 

Cette Grèce de la seule et unique... eurovision, main dans la main avec les instances des institutions, prépare ouvertement le troisième Coup d’État en Grèce depuis le mémorandum de 2010. Les sbires des institutions, dont Stávros Theodorakis du parti de la Rivière, du népotisme et des pots-de-vin, attendent leur moment, je suppose, lorsque lesdites institutions auront destitué le gouvernement SYRIZA/ANEL. Ce n’est pourtant pas si facile.

 

« Le moment est grave et décisif », déclare Manólis Glézos, de la Résistance en 1941 déjà, de SYRIZA et de Naxos. Cependant, le parti communiste (6 %) a annoncé sa décision d’appeler ses... croyants à s’abstenir du Référendum car « tant la proposition des institutions que celle du gouvernement vont l’encontre des intérêts du peuple ». Étonnant on dirait... et pourtant.

 

Les analystes politiquement corrects évoquent une erreur historiquement gravissime, alors commise par le plus vieux parti de la gauche grecque. Certaines langues... incorrectes, car invérifiables, dénoncent enfin « cette entende discrète des intérêts personnels et bien pécuniaires de la caste qui dirige le PC grec depuis un moment déjà avec ceux des vrais maîtres du pays. D’où cette politique du PC grec, lequel a tout fait depuis au moins 2010 pour qu’il n’y ait aucun mouvement unitaire de la Gauche en Grèce et bien au-delà, contre justement la Troïka ».

 

Conspirationnisme ? Pour ma part je me range du côté des analystes politiquement rationnels et corrects. Mais comme l’irrationnel a largement dominé les choix des humains, j’attends tout de même un peu les historiens du futur.

 

Juin 2015, les touristes déjeunent parfois relativement tôt. Les Cyclades sont sous la tempête, à l’instar du pays entier. Les anciens sont passés par là et ne sont plus. Ports antiques, tempêtes passées, ruines et parfois seulement, gloire du logos et de la démocratie. Moments cependant rares, mais remarquables.

 

Dans les Cyclades, les raisins attendent aussi leur temps d’après. Mes amis qui me téléphonent depuis la Thessalie, évoquent Trikala... où la moitié de gens étaient ce samedi matin devant la télévision tandis que l’autre moitié faisait ses provisions dans les supérettes avant, ou après avoir vidé (dans la mesure du possible) les guichets automatiques de la ville.

 

Mon ami de Trikala, Stélios, estime... « qu’il va falloir répondre comme il faut enfin... aux nouveaux Croisés, les descendants de ceux qu’avaient dévalisé Constantinople en... 1204 ». Je constate que par un temps de tempête, l’histoire... se mélange !

 

Mes amis et amis du blog de Naxos, J. et M., moins passéistes que Stélios, s’attendent tout simplement à un renversement du nouvel ordre en Europe et cela, pas qu’en Grèce.

 

L’histoire galope. Très... drôle de guerre, vraiment. Seul Papoutsi reste indifférant aux tempêtes, dont celles des humains. Intuition ?

 

 

 

Par Panagiotis Grigoriou - greekcrisis.fr - le 27 juin 2015.

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Un coup d’État sous nos yeux

Un coup d’État sous nos yeux | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Dessin de Haddad paru dans Al-Hayat, Londres.

 

 

Un coup d’État sous nos yeux

 

Jean-Claude Juncker avait donné le ton à la fin janvier : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens », avertissait le président de la Commission européenne, quatre jours après le vote des Grecs. Cinq mois plus tard, la vérité apparaît encore plus crue : aucun gouvernement ne sera toléré s’il ne respecte pas l’agenda néolibéral que s’est fixé l’Europe et auquel la crise de la dette va servir de levier. Du Sud au Nord, le modèle social européen sera démantelé pour rendre les travailleurs plus « compétitifs ». Coupable de résister à ce projet, le gouvernement de Syriza doit se soumettre ou s’en aller !

 

Exagérations ? Malheureusement pas. Car c’est bien à une tentative de coup d’État larvé à l’encontre d’Alexis Tsipras que l’on assiste. Le rejet mercredi du plan d’austérité proposé par Athènes – 8 milliards d’euros sur deux ans, pesant principalement sur les gros revenus et les entreprises – l’a mis en exergue de façon spectaculaire : le remboursement de la dette est aujourd’hui secondaire pour Bruxelles et Berlin, ce qui importe c’est d’étouffer toute velléité de suivre une voie alternative à la « flexibilisation » du marché du travail, à la baisse des revenus sociaux et aux privatisations.

 

Et pour acculer Tsipras, tous les moyens sont bons. Comme, par exemple, de multiplier les propos alarmistes afin de provoquer la panique chez les épargnants et causer une crise de liquidités. Ou, comme l’a fait la patronne du FMI, Christine Lagarde, de menacer de déclarer le défaut grec le 1er juillet, alors que les usages admettent un délai de grâce d’un mois.

 

À ce chantage financier s’ajoutent désormais des méthodes de déstabilisation politique dignes des pires puissances impériales. Ainsi, la volonté d’humilier publiquement le Premier ministre grec, en le convoquant mercredi matin pour – prétendument – affiner le compromis, mais, en réalité, lui signifier le veto des créanciers. À l’élève Tsipras, on rendit même une copie de son plan, raturée et commentée en rouge vif, du plus bel effet… Une vexation qui fait écho aux propos de Mme Lagarde, une semaine plus tôt, réclamant « un dialogue avec des adultes dans la pièce ».

 

Comme par enchantement, cet être de raison est apparu quatre jours plus tard à Bruxelles, sous les traits de Stavros Theodorakis, leader de To Potami, un petit parti d’opposition de « centre gauche » pesant 6 % de l’électorat, invité en grande pompe au dîner des chefs d’État lundi soir à Bruxelles, avant de rencontrer le lendemain le commissaire européen Pierre Moscovici. De quoi alimenter les rumeurs savamment distillées quant à la préparation d’un gouvernement d’« union nationale » sans Tsipras, alors que celui-ci dispose pourtant de la majorité au parlement...

 

Bien sûr, le gouvernement de Syriza ne s’effondrera pas pour si peu. Mais il faut travailler l’opinion, suggérer qu’une page se tourne et placer des pions pour la suite.

 

La prétendue « généreuse » proposition communiquée hier par les créanciers s’inscrit dans ce même élan. Inadmissible pour la majorité de Syriza (retraite à 67 ans, baisse des rentes pour les plus pauvres) comme pour ses alliés souverainistes (hausse de la TVA sur les îles, seconde coupe dans l’armée), elle vise à isoler Tsipras et à le jeter dans les bras de To Potami et du Pasok, ruinant le projet alternatif porté au pouvoir en janvier. Ou, au moins, à lui faire porter le chapeau de la rupture et de ses conséquences.

 

Quarante ans après les pays du tiers-monde, l’Europe ne fait pas seulement connaissance avec les plans d’ajustement structurel, mais aussi avec les méthodes de coercition politique qui ont servi à les imposer, avant la Grèce, en Amérique latine et en Afrique. Sous les yeux impassibles de millions d’Européens d’ores et déjà soumis à la dictature invisible des marchés.

 

 

Par Benito Perez - lecourrier.ch – le 27 juin 2015.

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Déstabilisation en cours en Amérique du Sud ?

Déstabilisation en cours en Amérique du Sud ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Illustrations :

En haut à gauche : manifestation contre le président Rafael Correa à Guayaquil, la semaine dernière.

En haut à droite : le président Rafael Correa – source : telesurtv.net 

Au milieu à gauche : source de la carte : businesspme.com

Au milieu à droite : pollution causée par Chevron-Texaco en Amazonie équatorienne.

En bas : manifestations en Argentine la semaine dernière.

 

 

Déstabilisation en cours en Amérique du Sud ?

 

Cela fait maintenant plus d’une semaine que des manifestations ont lieu en Équateur pour exiger la démission du président Rafael Correa. Elles ont débuté suite à l’annonce par le gouvernement d’un projet de loi dont l’objectif est d’imposer les grandes successions et les plus-values qu’obtiennent les spéculateurs immobiliers. Au cri de « Dehors Correa, dehors ! », les leaders de l’opposition de droite ont attisé les protestations, concentrées principalement dans la capitale du pays et dans le port de Guayaquil, bastion de la droite.

 

Hier soir, Correa a annoncé le retrait temporaire du projet de loi pour ouvrir un grand débat national, expliquant que cette mesure répond au souhait de maintenir un climat de tranquillité avant la visite du Pape François en Équateur, qui aura lieu en juillet. Quelques heures avant, le président a demandé aux opposants d’abandonner les manifestations et de recourir à la consultation révocatoire. Il est important de rappeler que la Constitution équatorienne – approuvée par référendum en 2008 — établit la possibilité de révoquer les mandats de toute autorité élue au suffrage direct.

 

 Lors des élections présidentielles de 2013, Correa a triomphé avec 57 % des voix, soit 35 points de plus que son plus proche adversaire. Il est aussi important de rappeler — pour placer tous les éléments du contexte équatorien — que Correa a subi une tentative de coup d’État deux ans et demi plus tôt.

 

Il faut aussi prendre en compte le contentieux qui oppose l’Équateur à la multinationale pétrolière Chevron, compagnie qui a laissé toute une zone de l’Amazonie dévastée derrière son passage, territoire où elle a opéré jusqu’en 1992. Ce désastre environnemental a causé plus de 1 400 victimes mortelles et est toujours visible à cause des résidus pétrolifères [qui continuent de polluer la région]. Comme l’a indiqué le ministre des Affaires étrangères de l’Équateur, Ricardo Patiño, lors de l’interview qu’il a concédé à ce journal[1], la multinationale demande que ce soit le pays qui paie pour les dommages causés à l’environnement et aux populations, qui se battent devant les tribunaux depuis plus de 20 ans afin d’obtenir des indemnisations.

 

 

Force est de constater que les opposants qui exigent la sortie du président s’abstiennent bien de recourir à la consultation révocatoire, qui leur est pourtant disponible, et qu’au lieu de ça ils persistent à poursuivre leurs mobilisations dont l’objectif n’est plus très clair.

 

Du point de vue régional, le conflit politique équatorien s’articule avec ceux ayant cours dans d’autres pays. Ainsi, un jour après le début des manifestations à Quito et à Guayaquil, l’Argentine a vécu mardi dernier une grève générale convoquée par le syndicalisme-gangster local et appuyée par les grands médias. Comme en Équateur, les opposants au gouvernement argentin ont provoqué une flambée de tension à cause d’une loi qui n’affecte pourtant que les secteurs les plus aisés. On remarque que des manifestations de grande ampleur ont ou ont eu lieu récemment en Bolivie, au Brésil, au Chili, au Honduras, au Paraguay et au Venezuela, en plus des deux pays déjà cités, et que curieusement il s’agit à chaque fois de gouvernements qui ont en commun la volonté de construire leur propre développement de façon souveraine et digne.

  

Sans omettre que la plupart des manifestations de mécontentement dans ces pays se basent sur des erreurs réelles commises par leurs gouvernements respectifs, cette simultanéité suggère qu’en plus d’exprimer un agacement réel, ces mouvements pourraient être le résultat d’une manœuvre de déstabilisation régionale. La tactique étatsunienne et européenne d’amplifier et d’exacerber les malaises à l’encontre de gouvernements souverains est bien connue dans notre continent et pourrait bien être utilisée aujourd’hui contre les gouvernements latino-américains qui ont rompu avec le FMI et avec l’habituelle subordination au capital financier international, qui suivent la voie des politiques de bien-être social et qui ont impulsé des processus d’intégration régionaux.

 

 

 

Par la jornada.unam.mx - traduction : Luis Alberto Reygada pour Le Grand Soir – le 21 juin 2015

 

 

NOTES :


(1) Patiño : clara, la mano sucia de Chevron en Ecuador, La Jornada, 15/06/2015. http://www.jornada.unam.mx/ultimas/2015/06/15/patino-clara-la-mano-sucia-de-chevron-en-ecuador-4770.html


(2) Quelques lectures pour compléter cet article :

- Evo Morales accuse la CIA d’avoir infiltré son parti, le MAS (La Jornada) - 05/01/2015 Le Grand Soir

-Les dessous des protestations étudiantes au Venezuela (La Jornada) - 04/03/2014 Le Grand Soir

- Venezuela : incitation à la violence (La Jornada) - 08/04/2014 Le Grand Soir

- Ricardo Patiño : l’Amérique Latine marche aujourd’hui avec ses propres jambes grâce à la révolution cubaine et à Chavez (Telesur) - Le Grand Soir

 

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Diogène Senny : dettes fatales ou le leurre des fausses indépendances africaines

Diogène Senny : dettes fatales ou le leurre des fausses indépendances africaines | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Diogène Senny. Crédit : Institut Schiller

 

 

Diogène Senny : dettes fatales ou le leurre des fausses indépendances africaines

 

Voici la transcription de l’intervention de Diogène Senny, secrétaire général de la Ligue panafricaine — UMOJA (LP-U), lors de la conférence internationale de l’Institut Schiller des 13-14 juin 2015 à Paris.

 

 

Chers Camarades,

 

Nous voilà à nouveau réunis comme en octobre 2014 à Francfort, en Allemagne, autour de l’initiative prise par les BRICS et ce, grâce aux camarades de l’Institut Schiller, auxquels nous remercions et saluons l’engagement constant. Nous saluons aussi nos amis de Solidarité et Progrès, Jacques Cheminade, Odile Mojon et tous les autres, pour leurs efforts inlassables à maintenir le lien entre nous.

 

Enfin, je salue nos amis de CADTM (Comité d’annulation de la dette tiers-monde), dont Éric Toussaint et Damien Millet, qui se battent depuis des années pour dénoncer l’immense scandale des dettes odieuses et illégitimes.

 

 

I. Introduction

 

Chers Camarades,

 

Nous avons intitulé notre intervention : « Dettes fatales ou le leurre des Indépendances africaines ». Pour comprendre la problématique de la dette fatale qui assaille l’Afrique, il convient de revenir à ses origines et aux raisons qui ont conduit à son développement. Après avoir démontré que la dette africaine est une reconquête savamment orchestrée du néocolonialisme, il sera aisé à tout un chacun de la caractériser d’odieuse et d’illégitime.

 

Par conséquent, son annulation n’est pas une sollicitation de la générosité des créanciers, mais une réparation et une justice rendue aux peuples trahis.

 

 

II. Les origines et les raisons de la dette africaine

 

Au tournant des indépendances africaines dans les années 1960, les anciennes puissances coloniales sont confrontées à deux défis : empêcher par tous les moyens la montée au pouvoir dans les anciennes colonies des régimes nationalistes-panafricanistes et, confrontées à la Guerre froide et aidées en cela par les États-Unis, empêcher l’URSS d’avoir des alliés en Afrique, donc d’accéder aux minerais, ce qui était jusque-là l’exclusivité occidentale.

 

Globalement, l’Occident réussit à écarter les nationalistes soit par des assassinats (c’est le cas de Lumumba au Congo en 1961), soit par des guerres et des massacres à grande échelle (c’est le cas des leaders de l’UPC, l’Union des populations du Cameroun), soit par divers artifices, en jetant les opposants en prison ou en exil (c’est le cas d’Abel Goumba en Centrafrique en 1964, après l’accident mystérieux en mars 1959 de Barthélémy Boganda).

 

Dans les quelques pays où les régimes s’allient à l’URSS, l’Occident garde malgré tout une présence et profite de la moindre occasion pour renverser les pouvoirs afin d’installer des régimes qui lui sont favorables et serviles ; par exemple le renversement et l’assassinat de Thomas Sankara illustrent parfaitement ce dernier cas.

 

L’Occident mettra tout en œuvre pour garder la mainmise sur les anciennes colonies. L’une des armes qu’il va utiliser est la dette, prétextant dans les discours officiels reproduire le succès du plan Marshall à l’Afrique, alors qu’en réalité, la raison essentielle est de maintenir une emprise géopolitique stratégique et avoir un accès aux minerais comme à l’époque coloniale. Ainsi, l’adage suivant a été parfaitement appliqué : celui qui contrôle les finances d’une nation n’a pas besoin du contrôle total sur la gestion politique intérieure pour être le vrai patron, en tirant les ficelles en coulisses.

 

Au moins trois phénomènes historiques ont permis à l’Occident de disposer des moyens financiers colossaux pour réaliser sa mainmise sur l’Afrique. En premier lieu, au moment des indépendances africaines en 1960, les banques privées occidentales regorgent d’eurodollars issus des prêts faits par les États-Unis aux Européens dans les années 1950, destinés au plan Marshall dans le cadre de la reconstruction d’après-guerre.

 

Pour éviter le retour massif de ces eurodollars aux États-Unis, à cause non seulement de la forte inflation que cela allait provoquer dans l’économie américaine, mais aussi du risque d’assèchement de l’or dans les coffres-forts américains, comme le stipulaient les accords en vigueur, c’est-à-dire d’échanger les remboursements contre de l’or ; les Occidentaux vont inciter leurs banques à prêter massivement à des taux avantageux aux pays africains nouvellement et nominalement indépendants.

 

Naturellement les régimes africains, dont l’Occident a pris soin de s’assurer l’allégeance, vont se montrer intéressés, surtout à des fins personnelles, par un tel déferlement de capitaux.

 

Le deuxième phénomène historique qui explique l’explosion de la dette africaine est le choc pétrolier de 1973 provoqué par un quadruplement soudain des prix du pétrole. Les émirs des pays du Golfe vont déposer les immenses quantités de dollars résultant des profits réalisés par les ventes de pétrole dans les banques occidentales. C’est le phénomène dit des pétrodollars.

 

Ces pétrodollars s’additionnant aux eurodollars liés au financement de la reconstruction de l’Europe dévastée par la guerre vont à nouveau affluer vers l’Afrique. Ainsi, en vingt ans, de 1960 à 1980, la part privée de la dette du tiers-monde va exploser. Quasiment de 0 au début des années 1960, elle atteint 2,5 milliards de dollars en 1970 puis 38 milliards de dollars en 1980.

 

Enfin, le troisième phénomène de cette explosion de dette est ce qu’on appelle « l’aide liée », qui est de source bilatérale, c’est-à-dire accordée entre États directement. L’aide liée est une sorte de subvention indirecte des grandes entreprises occidentales, dont les intérêts sont payés par les peuples africains. Cette pratique date de la crise qui frappe l’Europe à partir des années 1973-1975, connue sous le nom de « la fin des Trente glorieuses », c’est-à-dire la fin des trente années de forte croissance due principalement aux capitaux investis dans le cadre du plan Marshall.

 

En fait, pour trouver des débouchés aux marchandises qui ne trouvent plus preneurs en Occident à cause de la baisse du pouvoir d’achat, l’idée est d’accorder des prêts exclusivement destinés à acheter des marchandises fabriquées dans le pays créancier, même si elles ne sont pas moins chères ou les mieux adaptées au plan de développement du pays acheteur. De 6 milliards de dollars en 1970, l’aide bilatérale explose et s’élève à 36 milliards de dollars en 1980.

 

Alors, chers Amis,

 

Quiconque a bien suivi l’historique et les raisons de l’explosion de la dette africaine qui deviendra fatale et mortifère pour les peuples conclura avec nous que toutes ces initiatives n’ont rien à voir avec de la générosité et le souci du développement, d’autant que les régimes africains alignés sur l’Occident et bénéficiaires de ces immenses transferts étaient ostensiblement despotiques, corrompus et vénaux.

 

La Guerre froide, le pompage des matières premières et l’aide liée ont justifié le soutien financier, voire même militaire, à une bande de dictateurs crapuleux et dangereux contre leurs peuples, d’Idi Amin Dada de l’Ouganda, en passant par Mobutu du Zaïre, Mengistu d’Éthiopie, Samuel Doe du Libéria, Bokassa de la Centrafrique, qui rivalisaient dans la brutalité, dans la folie dépensière et dans l’indifférence totale face aux besoins primaires et fondamentaux de leur peuple.

 

On se souvient encore que le couronnement de Bokassa en 1977 (avec l’accord du Vatican), grand admirateur de Napoléon 1er et grand ami de Giscard d’Estaing, coûta un cinquième du budget annuel de la nation centrafricaine, soit près de 22 millions d’euros. Des détournements colossaux de Mobutu déposés dans les comptes en Occident à près de 8 milliards de dollars alors que la dette du Zaïre, lors de sa chute en 1996, s’élevait à 12 milliards de dollars.

 

Aux deux acteurs du financement de la dette déjà mentionnés plus haut, les banques occidentales pour la part privée et les États occidentaux pour la part bilatérale avec l’aide liée, il faut aussi mentionner la paire FMI – Banque mondiale pour ce qui est de la part multilatérale. Nulle au début des années 1960, la part multilatérale de la dette africaine a atteint 1,2 milliard de dollars en 1970 puis 15,5 milliards de dollars en 1980.

 

Dette privée, dette bilatérale et dette multilatérale, en tout et pour tout en 1980, l’Afrique croule sous le poids de 89 milliards de dollars de dette, mais sans système de santé viable, sans infrastructures de qualité, sans système éducatif et la misère est toujours grandissante. Que sont devenus les 89 milliards de dollars empruntés par les pouvoirs publics ? Quid du développement humain ?

 

Rappelons qu’en 1980, la dette africaine est libellée en dollars, en francs français, en deutsche marks, en livres sterling et en yens japonais, ce qui oblige les États africains à se procurer des devises fortes pour rembourser les prêts contractés.

 

Bon an, mal an, l’Afrique règle sa dette jusque-là. Cependant, sous l’effet conjugué de la chute des cours des matières premières et de la hausse brutale des taux d’intérêt du dollar et de la livre sterling au début des années 1980, l’Afrique, comme l’ensemble du tiers-monde endetté, se trouve incapable désormais de rembourser. Ainsi est née la crise de la dette avec l’entrée en scène des thérapies de choc et de la médecine de cheval de la paire FMI – Banque mondiale, Club de Paris, Club de Londres et consorts.

 

 

III. La crise de la dette et les thérapies de choc du FMI et de la Banque mondiale

 

À l’instar du Mexique, qui annonce publiquement en août 1982 son impossibilité de rembourser la dette à cause de la baisse du prix des matières premières et de l’explosion des taux d’intérêt, la plupart des pays africains annoncent aussi leur impossibilité de payer.

 

Cette crise débouche sur un étranglement, d’autant que les banques occidentales refusent d’accorder des nouveaux prêts tant que les anciens ne sont pas remboursés. Le monde allait droit vers un défaut de paiement massif et historique en cascade.

 

Afin d’éviter les faillites bancaires successives qui allaient s’ensuivre, le FMI et les pays industrialisés accordent de nouveaux prêts pour permettre aux banques privées d’éviter les faillites. C’est l’effet « boule de neige » qui consiste à contracter de nouveaux prêts pour rembourser des emprunts antérieurs.

 

Mais les nouveaux prêts seront conditionnés par l’adoption des PAS (plans d’ajustements structurels) allant jusqu’à la perte de la souveraineté en matière économique.

 

Depuis les années 80, y compris après le retour du multipartisme au début des années 1990, les PAS relookés en PPTE aujourd’hui, se traduisant par des baisses massives de salaires, le gel drastique des recrutements, l’arrêt des subventions aux services de base (santé, électricité, eau courante, éducation…), privatisation des sociétés d’État et mise massive au chômage…, ont été appliqués brutalement contre les populations.

 

Tout se passe comme si les populations africaines devraient subir la double peine. Après avoir subi les affres des régimes dictatoriaux, elles sont sacrifiées régulièrement sur l’autel des remboursements des dettes odieuses et illégitimes, contractées par ces mêmes régimes injustes avec la complicité des créanciers véreux. Le cynisme atteint son comble, lorsque les populations doivent subir aussi le remboursement des dettes contractées pour des achats d’armes de guerre ayant causé des milliers de morts parmi elles lors des conflits successifs.

 

D’après la CNUCED, entre 1970 et 2002, l’Afrique a reçu 540 milliards de dollars en prêts, mais elle a remboursé 550 milliards de dollars et elle en doit encore 295 milliards.

 

D’après les travaux du Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde (CADTM), en ce qui concerne l’Afrique subsaharienne, les flux sortants vers l’étranger, à travers le service de la dette et le rapatriement des bénéfices des transnationales, sont quasiment équivalents aux flux entrants au sein de la région au titre de l’aide publique au développement et de l’envoi de ressources par les migrants, avec même un solde négatif d’un milliard de dollars. En 2012, le rapatriement des bénéfices de la région la plus appauvrie de la planète a représenté 5 % de son PIB contre 1 % pour l’aide publique au développement.

 

Dans ce contexte, il convient de se demander : qui aide qui ?

C’est pourquoi un audit de la dette africaine est une exigence.

 

 

IV. Nous exigeons un audit citoyen de la dette africaine

 

Instrument de souveraineté, l’audit citoyen consiste à analyser de manière critique la politique d’emprunts suivie par les autorités du pays et à répondre à de nombreuses questions.

 

Par exemple : pourquoi l’État a-t-il été amené à contracter une dette qui ne cesse d’enfler ? Au service de quels choix politiques et de quels intérêts sociaux la dette a-t-elle été contractée ? Qui en a profité ? Était-il possible ou nécessaire de faire d’autres choix ? Combien d’intérêts ont été payés, à quels taux, quelle part du principal a déjà été remboursée ? Comment des dettes privées sont-elles devenues « publiques » ?

 

Les menaces de la mise au ban de la communauté internationale ne sont qu’une façon de décourager les États à franchir le pas. Car, contrairement aux idées reçues, les travaux récents de deux économistes, Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff, ont dénombré 169 défauts de paiement qui ont duré en moyenne trois ans, entre 1946 et 2008.

 

Mais en tant qu’organisation politique, notre organisation, la Ligue panafricaine – UMOJA, est consciente que la question de la dette africaine est une question éminemment politique. Il ne suffit pas de vouloir ou de réclamer l’audit de la dette, encore faudrait-il créer le rapport de force favorable pour engager les États africains dans cette voie.

 

C’est pourquoi, face aux créanciers rassemblés sous la bannière du FMI et de la Banque mondiale, un front uni contre la dette est aussi un objectif panafricaniste.

 

 

 

Par la Rédaction de Solidarité & Progrès – le 19 juin 2015.

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LA DETTE GRECQUE EST ILLÉGALE, ILLÉGITIME ET ODIEUSE SELON LE RAPPORT PRÉLIMINAIRE DU COMITÉ SUR LA DETTE

LA DETTE GRECQUE EST ILLÉGALE, ILLÉGITIME ET ODIEUSE SELON LE RAPPORT PRÉLIMINAIRE DU COMITÉ SUR LA DETTE | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Illustration : left.gr


  

LA DETTE GRECQUE EST ILLÉGALE, ILLÉGITIME ET ODIEUSE SELON LE RAPPORT PRÉLIMINAIRE DU COMITÉ SUR LA DETTE

 

Les preuves présentées dans le rapport indiqueraient que la dette issue des plans d’austérité est une violation directe des droits fondamentaux de l’homme. Le comité serait arrivé à la conclusion que la Grèce ne devrait pas payer cette dette parce qu’elle est illégale, illégitime et odieuse.

 

Le comité sur la vérité sur la dette publique grecque présente aujourd’hui et demain ses premières conclusions. Le rapport sera officiellement publié demain vers 16 h. Composé de 9 chapitres, le rapport conclut, sans vraiment beaucoup de surprise, que la dette grecque est en grande partie illégale, illégitime et odieuse.

 

Ce rapport préliminaire présente une cartographie des problèmes et des questions clés liées à la dette publique grecque, et fait état des violations juridiques associées ; il retrace également les fondements juridiques sur lesquels peut se fonder la suspension unilatérale des paiements de la dette.

 

Les résultats sont présentés en neuf chapitres structurés comme suit (traduction du résumé publié en anglais ici) :

 

 

1. la dette avant la troïka

 

Ce chapitre revient sur les analyses de la croissance de la dette publique grecque depuis les années 1980.

 

Il conclut que l’augmentation de la dette n’est pas le résultat de dépenses publiques excessives, qui sont en fait restées inférieures aux dépenses publiques des autres pays de la zone euro, mais plutôt en raison des taux extrêmement élevés, des dépenses militaires excessives et injustifiées, de la perte de recettes fiscales due à des sorties illicites de capitaux, de la recapitalisation des banques privées, et des déséquilibres internationaux créés par les failles dans la conception de l’Union monétaire elle-même.

 

L’adoption de l’euro a conduit à une augmentation drastique de la dette privée en Grèce à laquelle les grandes banques privées européennes ainsi que les banques grecques ont été exposées. La crise bancaire a contribué à la crise de la dette souveraine grecque. Le gouvernement de George Papandreou a aidé à présenter les éléments d’une crise bancaire comme une crise de la dette souveraine en 2009 en mettant l’accent et en augmentant le déficit public et la dette.

 

 

2. Évolution de la dette publique grecque entre 2010 et 2015

 

Ce chapitre conclut que le premier accord de prêt de 2010 a principalement visé le sauvetage des banques privées et a permis aux banques de réduire leur exposition aux obligations d’État grecques.

 

 

3. la dette publique grecque en 2015

 

Ce chapitre présente la nature controversée de la dette actuelle de la Grèce, les principales caractéristiques des prêts, qui sont analysés plus en profondeur dans le chapitre 8.

 

 

4. Mécanisme de la dette en Grèce

 

Ce chapitre révèle les mécanismes des accords qui ont été mis en œuvre depuis mai 2010. Ils ont créé une quantité importante de nouvelles dettes, tout en générant des coûts abusifs ainsi que l’approfondissement de la crise.

Les mécanismes révèlent que la majorité des fonds empruntés ont été transférés directement aux institutions financières. Plutôt que de bénéficier à la Grèce, ils ont accéléré le processus de privatisation, par l’utilisation d’instruments financiers.

 

 

5. conditionnalités contre la durabilité

 

Ce chapitre présente comment les créanciers ont imposé des conditions intrusives attachées aux accords de prêt, ce qui a conduit directement à l’impossibilité économique et à l’insoutenabilité de la dette. Ces conditions, sur lesquelles les créanciers insistent encore, ont non seulement contribué à la baisse du PIB, mais aussi à un emprunt public plus élevé, faisant la dette de la Grèce plus insoutenable encore, mais a également provoqué des changements dramatiques dans la société, et a provoqué une crise humanitaire.

 

La dette publique de la Grèce peut être considérée comme tout à fait insoutenable à l’heure actuelle.

 

 

6. Impact des « programmes de sauvetage » sur les droits de l’homme

 

Ce chapitre conclut que les mesures mises en œuvre dans le cadre des « plans de sauvetage » ont directement affecté les conditions de vie des personnes et ont violé les droits de l’homme, que la Grèce et ses partenaires sont tenus de respecter, de protéger et de promouvoir en vertu du droit national et international.

 

Les ajustements drastiques imposés à l’économie grecque et à la société dans son ensemble ont provoqué une détérioration rapide du niveau de vie, et restent incompatibles avec la justice sociale, la cohésion sociale, la démocratie et les droits humains.

 

 

7. les questions juridiques entourant les protocoles d’entente et de prêt

 

Ce chapitre soutient qu’il y a eu violation des droits de l’homme de la part de la Grèce elle-même et des prêteurs que sont les États membres de la zone euro, la Commission européenne, le Parlement Européen, la Banque Centrale et le Fonds monétaire International, qui ont imposé ces mesures à la Grèce.

 

Tous ces acteurs ont échoué à évaluer les violations des droits de l’homme comme un résultat des politiques qu’ils ont obligés de poursuivre, et ont aussi directement violé la Constitution grecque en dépouillant efficacement la Grèce de la plupart de ses droits souverains.

 

Les accords contiennent des clauses abusives, qui contraignent la Grèce à capituler sur des aspects importants de sa souveraineté. Ceci est imprimé dans le choix de la loi anglaise comme régissant le droit pour ces accords, ce qui a facilité le contournement de la Constitution grecque et les obligations internationales des droits de l’homme.

 

Il y a plusieurs indications qui montrent que les parties contractantes ont agi de mauvaise foi, ce qui rend ces accords invalides.

 

 

8. évaluation des dettes illégitimes, odieuses, illégale et non-viables


Ce chapitre fournit une évaluation de la dette publique grecque selon les définitions relatives à la dette odieuse, illégitime, illégale et non viable adoptées par le Comité.

 

Ce chapitre conclut que la dette publique grecque en date de juin 2015 est insoutenable, puisque la Grèce est actuellement incapable de rembourser sa dette sans compromettre gravement sa capacité à remplir ses obligations de base des droits humains. En outre, pour chaque créancier, le rapport fournit des preuves de cas indicatifs de dettes illégales, illégitimes et odieuses.

 

 

Dette envers le FMI :

 

Elle doit être considérée comme illégale puisque qu’elle a violé les propres statuts du FMI, et ses conditions enfreignaient la Constitution grecque, le droit international coutumier, et les traités auxquels la Grèce est partie. Elle est également illégitime, puisque les conditions incluses empiétaient sur les obligations en matière de droits de l’homme. Enfin, elle est odieuse puisque le FMI savait que les mesures imposées étaient antidémocratiques, inefficaces, et conduiraient à de graves violations des droits socio-économiques.

 

 

Dettes envers la BCE :

 

Elles doivent être considérées comme illégales, car la BCE a surintensifié son mandat en imposant l’application des programmes d’ajustement macro-économiques (par exemple la déréglementation du marché du travail) par l’intermédiaire de sa participation à la Troïka. Les dettes envers la BCE sont également illégitimes et odieuses, puisque la principale raison d’être du programme était de servir les intérêts des institutions financières, permettant aux grandes banques privées européennes et grecques de se débarrasser de leurs obligations grecques.

 

 

9. les fondations juridiques pour la répudiation et la suspension de la dette souveraine grecque

 

Ce chapitre présente les options concernant l’annulation de la dette, et en particulier les conditions dans lesquelles un État souverain peut exercer le droit de répudiation ou la suspension du paiement de la dette en vertu du droit international.

 

Plusieurs arguments juridiques permettent à un État de répudier unilatéralement sa dette illégale, odieuse et illégitime. Dans le cas de la Grèce, un tel acte unilatéral peut être fondé sur les arguments suivants :

 

  • la mauvaise foi des créanciers qui ont poussé la Grèce à violer la loi nationale et les obligations internationales relatives aux droits de l’homme ;
  • la prééminence des droits humains sur les accords tels que ceux signés par les gouvernements précédents avec les créanciers ou la troïka ;
  • la coercition ;
  • les clauses abusives qui violent de manière flagrante la souveraineté grecque et violent la Constitution ;
  • et enfin, le droit reconnu en droit international à un État de prendre des contre-mesures contre les actes illégaux commis par ses créanciers, qui endommagent délibérément sa souveraineté budgétaire, l’obligent à assumer la dette odieuse, illégale et illégitime, violent l’autodétermination économique et les droits humains fondamentaux.

 

En ce qui concerne la dette insoutenable, chaque État est légalement en droit d’invoquer la nécessité dans des situations exceptionnelles afin de sauvegarder les intérêts essentiels menacés par un péril grave et imminent. Dans une telle situation, l’État pourra être dispensé de l’accomplissement de ces obligations internationales qui augmentent le péril, comme cela est le cas avec les contrats de prêts en suspens.

 

Enfin, les États ont le droit de se déclarer unilatéralement insolvable quand le service de leur dette est insoutenable, dans ce cas, ils ne commettent aucun acte illicite et donc n’en portent pas la responsabilité.

 

La dignité des personnes vaut plus qu’une dette illégale, illégitime, odieuse et insoutenable

 

Ayant achevé son enquête préliminaire, le Comité estime que la Grèce a été et est la victime d’une attaque préméditée et organisée par le Fonds Monétaire International, la Banque Centrale Européenne, et la Commission Européenne. Cette mission violente, illégale et immorale était exclusivement destinée à transférer la dette privée sur le secteur public.

 

En mettant ce rapport préliminaire à la disposition des autorités grecques et du peuple grec, le Comité estime avoir rempli la première partie de sa mission telle que définie dans la décision du président du Parlement du 4 avril 2015. La commission espère que le rapport sera un outil utile pour ceux qui veulent sortir de la logique destructrice de l’austérité et défendre ce qui est aujourd’hui mis en péril : les droits humains, la démocratie, la dignité des peuples, et l’avenir des générations futures.

 

 

Par Okeanos  - okeanews.fr - le 17 juin 2015

Source : left.gr

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Ces banques qui tirent profit des conflits armés

Ces banques qui tirent profit  des conflits armés | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it



Ces banques qui tirent profit  

des conflits armés

Par Thierry Brugvin

 

Le procédé est classique et peut se résumer ainsi :


(I) attiser les conflits discrètement en s’appuyant sur ses propres agents ;


(II) s’enrichir par la vente d’armes ;


(III) passer pour le sauveur vis-à-vis du camp des vainqueurs et s’en faire un nouvel allié utile pour ses futurs profits économiques.


Le décryptage exclusif de Thierry Brugvin.

 

Pour la classe des élites économiques, industrielles ou bancaires, la répression et les guerres peuvent être très profitables pour les profits et les débouchées économiques.

 



Les banques appuient parfois la répression

des populations et au soutien des dictateurs.

 

Bien que dès 1973, les Nations Unies aient qualifié l’apartheid, de crime contre l’humanité, la communauté financière a continué à concéder des prêts au gouvernement sud-africain. C’est majoritairement les fonds publics, mais par l’aide bilatérale qui ont financé l’Afrique du Sud. En 1993, l’État sud-Africain devait 90 % de ses aides extérieures à long terme à quatre pays : États-Unis, la France, l’Allemagne et la Suisse. « Durant toute la période d’apartheid, au moins 30 grandes banques et 230 de moindre envergure furent engagées pour financement du régime » (Ramos, 2008 : 82-83). Cette aide financière était réalisée en parallèle au soutien des États-Unis, via la France, à la création de la bombe nucléaire sud-africaine.

 

L’appui des banques fit l’objet de plaintes, notamment à New York, par les victimes de ce régime d’apartheid, en 2002, par l’apartheid Kumlumani Support Group. La plainte portait contre 21 banques et entreprises étrangères. Parmi ces banques on compte Barclay National Bank, Crédit Suisse, Deutsche Bank AG, Ford, J.P Morgan Chase (Bank) et parmi les entreprises BP, Chevron Texaco, Shell, et Total Fina-Elf pour la France. Une autre plainte avait été déposée pour le même motif, dès 1992, par d’autres victimes (Ramos, 2008 : 84).

 

 

Certaines banques soutiennent des marchands d’armes

à la guerre et la dette de guerre.

 

« Les dettes de guerre considérées comme illégitimes dérivent de prêts qui ont financé des plans belliqueux à des fins impérialistes (étendre la domination d’un pays sur un autre par la force) » à des fins d’annexion ou de conquête d’un pays, par le moyen d’opérations de guerre (Ramos, 2008 : 86).

 

L’invasion du Timor oriental par le dictateur indonésien Suharto (1965-1998) fit 60 000 morts en 1976, puis 200 000 morts en 1979 près du tiers de la population du Timor Oriental (1). Cette invasion a été soutenue financièrement par les États-Unis et leurs alliés (Australie, Grande-Bretagne…) et la Banque Mondiale. Les États-Unis quadruplèrent leur aide économique durant cette période. (2).

 

Eric Toussaint et Damien Millet nous rappellent aussi que durant « les années 1950, l’intervention de cette dernière et du FMI en Amérique latine a été marquée par les priorités de la politique étrangère de Washington. Les institutions de Bretton Woods ont soutenu le dictateur nicaraguayen Anastasio Somoza pendant près de trente ans, jusqu’à son renversement en 1979.

 

Au Guatemala, en 1954, elles boycottent le gouvernement progressiste de Jacobo Arbenz, puis s’empressent de soutenir la junte militaire qui l’a renversé.

 

En Amérique du sud, elles sabotent les régimes démocratiques qui entreprennent des réformes tendant à réduire les inégalités : au Brésil, dès 1958, opposition au président Juscelino Kubitschek, qui refuse les conditions fixées par le FMI, puis boycottage de son successeur João Goulart quand celui-ci annonce une réforme agraire et la nationalisation du pétrole en 1963.

En revanche, dès la mise en place de la junte militaire, en avril 1964, le FMI et la Banque mondiale accourent. Ils font de même en septembre 1973, au Chili, après le renversement et la mort de Salvador Allende.

 

En mars 1976, en Argentine cette fois, le FMI apporte son concours à la dictature du général Jorge Videla. En avril 2002, il sera le premier (avec les États-Unis et l’Espagne de M. José Maria Aznar) à offrir ses services au bref gouvernement de facto issu du renversement du président vénézuélien Hugo Chavez ». (3).

 

 

Une autre des méthodes pour opprimer une partie de

la population s’appuie sur les dettes d’oppression.

 

Utiliser la dette des États donne l’occasion d’opprimer une population (dettes d’oppression). « Les dettes d’oppression résultent de prêts contractés pour financer des activités humiliantes, agressives criminelles contre la population qui s’est endettée. Il s’agit par exemple de prêts utilisés pour installer de facto, maintenir ou renforcer un régime dictatorial ou répressif, de fonds destinés à l’achat d’armes pour réprimer des soulèvements de l’opposition, de fonds destinés à la construction ou à l’intendance de centre de détention et de tortures ou de camps de concentration, de fonds destinés à la formation ou à l’entretien de corps militaires spécialisés entraînés à ces fins, etc. » (Ramos, 2008 : 79) (4).

 

Par exemple en Afrique du Sud à Sharpeville, en 1960, les forces de police ont réprimé une manifestation, ce qui se solda par 69 personnes noires mortes, 400 blessés et 11 727 arrestations (Ramos, 2008 : 81). L’année de la célèbre répression contre la manifestation étudiante de Soweto en 1976 qui fit 200 morts, le FMI, appuyé par la Grande-Bretagne et les États-Unis, fit un prêt de 464 millions de $, soit l’équivalent de ses dépenses d’équipement militaire durant cette année-là (Rudin, 2003).

 

L’Afrique du Sud, entre 1948 et 1991, a ainsi, mené une politique d’apartheid, c’est-à-dire qu’elle prônait la suprématie de la race blanche et exerçait sa domination et sa répression sur la population non blanche. Entre 1980 et 1993, on a calculé que les bénéfices légués aux entreprises étrangères qui ont commercé avec ce régime, notamment pour réprimer la population, s’élèvent à 41 milliards de $ (5). Ces méthodes permettent aux élites économiques capitalistes de faire des profits, de même que la suivante.

 

 

Financer chacun des deux camps offre l’opportunité

de gagner à tous les coups.

 

Cela peut se faire dans le cadre d’élection politique ou bien durant une guerre en finançant les armes des deux camps, Elf finançait les deux parties en conflit dans la guerre civile angolaise qui opposait depuis 1975 le gouvernement et un mouvement rebelle, l’UNITA (6).

 

Le fait d’entretenir la guerre entre deux camps en leur vendant à chacun des armes, pour les diviser et les affaiblir, va permettre au financeur de s’enrichir et d’asseoir son pouvoir, comme l’a fait notamment la France durant la guerre Iran-Irak (Vershave, 2003). Entre 2007 et 2010, durant les conflits entre le gouvernement nigérien et les rebelles du MNJ autour du prix de l’uranium notamment, Areva a aussi soutenu les deux camps en présence afin de conserver le pouvoir. Or, en 2010, des rebelles ont fait tomber le gouvernement, sans doute avec leur aide et celle du gouvernement français explique Taheruka (7). De cette manière Areva est restée présente au Niger en défendant ses intérêts, malgré les changements de gouvernements.

 

Durant la guerre de Sécession, de 1861 à 1865, aux États Unis, les dirigeants de la banque Rothschild attisèrent le conflit. Entre 1860 et 1861, leur agent Georges Bickley fit pression en faveur des États confédérés, tandis que deux autres de leurs agents, « J.P. Morgan » et d'« August Belmont », soutenaient les camps opposés, les sudistes. La banque Rothschild de Londres finança discrètement les États du Nord (Les confédérés) et celle de Paris finança les États du Sud.

 

Cependant, après la guerre, en 1862 et 1863, le Président Lincoln, qui avait compris leur manœuvre, refusa de rembourser les intérêts à la banque Rothschild. En représailles, Lincoln fut assassiné le 14 avril 1865, par John Wilkes Booth, sur l’ordre des Rothschild.

 

 

 

Par Thierry Brugvin africadiligence.com – le 5 juin 2015

 

Notes :

(1) LE MONDE DIPLOMATIQUE, mardi 29 janvier 2008, « Suharto, le dictateur canonisé ».

(2) TOUSSAINT Éric, déc. 2004, » La politique du FMI à l’égard de l’Indonésie de 1947 à 2003 », http://www.cadtm.org/imprimer.php3?id_article=709.

(3) TOUSSAINT Éric, Millet Damien, Banque du Sud contre banque mondiale, Le monde Diplomatique, juin 2007.

(4) RAMOS Laura, « Dette illégitime en fonction de la destination des fonds », in CADTM (Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde), Les crimes de la dettes, Syllepse, CADTM, 2008, p. 92 et 94.

(5) RUDIN Jeff, 2003, “Odious debt revisited” in Jubilee South Journal V1, n°1.

(6) GLOBAL WITNESS, 2003, Les Affaires sous la guerre. Armes, pétrole & argent sale en Angola, Dossier noir n° 18, Agone, 240 p.

(7) TAHERUKA, février 2011.

 

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Billet d’humeur politique à propos de ce qui se passe en Europe

Billet d’humeur politique  à propos de ce qui se passe en Europe | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Illustration : motione.over-blog.com

 

  

Billet d’humeur politique :

à propos de ce qui se passe en Europe

 

J’ai déjà mis en ligne un court billet relatif au projet de gazoduc entre la Russie, premier producteur de gaz du monde, et l’Europe via la Turquie et la Grèce, la Macédoine et enfin les autres pays qui ont émergé à la suite du démantèlement de la Yougoslavie.

 

Pour payer ses dettes la Grèce n’a plus le choix, vendre le Parthénon au plus offrant, le port du Pirée (c’est déjà en grande partie le cas) et quelques dizaines d’îles à de richissimes sexagénaires quelle que soit leur nationalité. Mais pour les débouchés du gaz naturel russe vers l’Europe ça pose problème, non pas aux pays concernés par le tracé du tuyau en question, mais à Washington ! Inutile de revenir sur le fait que Coca-Cola Co possède des milliers d’hectares de vignobles en Macédoine et qu’il ne s’est strictement jamais rien passé durant les évènements relatifs au démantèlement de l’ex-Yougoslavie pour cette raison comme il ne s’est rien passé non plus en Albanie, pays stratégiquement important aux yeux de Washington pour sa richesse en chrome.

 

Bref, cette entrée en matière était destinée à situer les enjeux stratégiques de Washington afin de priver la Russie de débouchés vers le sud de l’Europe de son gaz naturel. On ne peut qu’être admiratif sur la constance des visées hégémoniques des USA sur l’Europe et aucun leader d’aucun pays d’Europe ne semble s’inquiéter de cette situation.

 

Si les intérêts des USA – les vignobles de Coca-Cola ne sont devenus qu’un épiphénomène dans la stratégie actuelle des néoconservateurs américains – sont de barrer les débouchés vers l’Europe du gazoduc que la Russie projette très sérieusement de construire, alors on comprend aisément que les USA avec leurs ONGs et filiales de la CIA omniprésentes en Europe en profitent pour fomenter, un peu comme à Hong-Kong (mais ça n’a pas fonctionné au grand dam de Washington) ou sur la place Maiden à Kiev (ça a vraiment bien fonctionné), des mouvements « populaires » opposés à ce projet.

 

À tel point que les USA préparent en ce moment même une partition pure et simple de la Macédoine entre la Bulgarie, acquise à l’hégémonie de Washington et l’Albanie qui n’a rien d’autre à faire que de la fermer, les Américains sont très bien installés au Kosovo. Les limiers de la CIA reposent leurs agissements souterrains sur le fait, qui peut être mis facilement en doute d’ailleurs, que l’ouest du pays, je parle de la Macédoine, est peuplé d’une forte minorité « albanaise », c’est-à-dire musulmane, et que la partie orientale est majoritairement chrétienne orthodoxe.

 

Dans l’opinion des politiciens qui gravitent autour de la Maison-Blanche être chrétien orthodoxe est équivalent à faire aveu d’allégeance à Moscou, au Pope de l’Église orthodoxe et à Poutine, comme c’est le cas en Serbie ou dans l’est de l’Ukraine. Sauf que si certains pays ont été déjà bien pris en main par la CIA comme la Roumanie ou la Bulgarie le simple business d’un transit de gaz russe vers l’Europe pourrait remettre en question les visées de Washington.

 

Il n’empêche que l’on ne peut pas exclure « un événement fortuit » pouvant déclencher des troubles locaux tels que cette partition puisse être l’occasion pour la Bulgarie, maintenant pieds et poings liés à Washington et à l’OTAN, de provoquer un conflit régional, un autre – pas si loin de l’Ukraine – qui affaiblirait encore plus le pouvoir de Moscou. La situation est telle aujourd’hui que la Bulgarie attend que l’Albanie fasse le premier geste agressif et ça ne saurait tarder, les ONGs américaines financées par la CIA et le Département d’État sont sur le qui-vive ! Le Kosovo est virtuellement occupé par les Américains, on oublie de le mentionner, car ce n’est pas politiquement correct.

 

Mais pour la Maison-Blanche ce mini-État revêtait une importance stratégique indéniable (qui justifiait les massacres organisés par les Américains lors de ladite « guerre du Kosovo », mais ça ne figurera jamais dans les livres d’histoire) dans la mesure où la présence américaine permettait (et permet toujours) de contrôler l’état des lieux dans la région.

 

Le changement politique récent en Grèce, un gouvernement communiste – il ne faut masquer la réalité – qui n’a pas d’autre choix que de se vendre à la Chine et à la Russie pour honorer ses dettes auprès du FMI ou de l’Allemagne, vassale notoire depuis la fin de la seconde guerre mondiale des USA (jamais l’armée américaine n’a quitté le sol allemand comme au Japon d’ailleurs) et principal pays concerné par la dette grecque, ce changement est une source de préoccupations indescriptibles pour le Département d’État américain. Car en effet Tsipras n’a plus vraiment d’autre choix que de brader ce qui reste encore à négocier au plus offrant et le droit de passage d’un gazoduc en Grèce serait une gigantesque source pérenne de revenus.

 

Les USA, non contents d’avoir semé un foutoir invraisemblable en Ukraine, pays où les retraités, les anciens combattants (dans l’armée soviétique), les sinistrés de Tchernobyl et les invalides civils ne touchent plus aucun subside de l’État depuis plus de trois mois, car le pays n’a plus une tune en poche, ont décidé maintenant de s’attaquer à la Grèce en créant un nouveau front anti-russe, cette fois en Macédoine. Encore une fois, et il est opportun de le rappeler, les USA, vis-à-vis des médias occidentaux, n’agissent jamais directement, mais par Nations interposées afin de se dédouaner de leurs ignominies.

 

Et pendant ce temps-là, en France, on pense déjà aux vacances après un mois de mai harassant, mises à part une petite chute de la bourse qui ne saurait que s’aggraver – tout de même près de 8 % en une semaine – et une petite canicule certainement provoquée par le changement climatique, tout roule, mais est-ce que les citoyens lambda ont conscience qu’ils vont devoir chacun payer 600 euros, tous âges confondus, pour apurer la dette grecque que détient la France ? Bien sûr que non ! Ce sont les Américains qui en ont décidé ainsi et si ça ne suffit pas, eh bien il y aura une nouvelle guerre pour le plus grand bien de l’industrie de l’armement américain avec peut-être plein d’ogives nucléaires comme pour commémorer les deux bombes lâchées sur deux paisibles villes japonaises les 6 et 9 août 1945.

 

Voilà très schématiquement où en sont les Européens, marionnettes lascives et totalement putifiées par Washington, mais ils vont sentir très bientôt le vent de la misère, 70 ans après la fin de la Deuxième Guerre mondiale il en faut une autre, et il est déjà trop tard pour se ressaisir, les bruits de bottes se font de plus en plus pressants et sur deux fronts différents, aux portes de l’Europe et dans bien d’autres endroits de la planète. Affligeant…

 

 

 

Par jacqueshenry - jacqueshenry.wordpress.com – le 10 juin 2015

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