Théorie sur les cons | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Voici comment un con voit le monde qui l’entoure. «Les personnes qui font la queue devant lui au bureau de Poste sont une masse d’imbéciles sans importance. Il ressent comme une injustice le fait de devoir attendre tandis qu’ils bafouillent leurs demandes. L’hôtesse de l’air n’est pas une personne potentiellement intéressante avec ses préoccupations et ses problèmes mais la représentante d’une société qui insiste stupidement pour que vous éteignez votre téléphone. Les agents d’entretien et les secrétaires sont des fainéants qui se plaignent en permanence de leurs tâches répétitives. La personne qui n’est pas d’accord avec vous dans une réunion de travail doit être abattue sur le champ. Entrer dans une rame de métro est un exercice qui consiste à donner des coups de coude à des crétins».


Eric Schwitzgebel, Professeur de philosophie de l’Université de Californie, commence ainsi sa très originale Théorie des cons publiée par le magazine américain Aeon. Il explique que nous avons tous besoin d’une théorie des cons («jerks») ce qui nous permet de rester calme et d’avoir une compréhension clinique de cette créature quand nous la rencontrons dans la nature.


Sa définition du con est la suivante: «il est incapable de comprendre le point de vue de ceux qui l’entoure et les traite comme des outils à utiliser ou des idiots à gérer plutôt que des semblables sur le plan moral». Il s’agit de quelqu’un qui se donne à lui même des avantages particuliers en considérant qu’il dispose de droits différents des autres puisqu’il leur est supérieur.


L’opposé du con est le «gentil» («sweetheart»). Le gentil voient les autres, même les étrangers, comme des personnes distinctes avec des points de vue ayant une valeur, dont les désirs et les opinions, les intérêts et les objectifs méritent l’attention et le respect.


L’échec moral et émotionnel du con est évident. Sur le plan intellectuel, c’est aussi le cas. Personne n'a raison en permanence et sur tout. Il y a en tout cas une constante, le succès encourage les cons à se comporter comme tel.


Il n’est pas sûr selon Eric Schwitzgebel que se comporter comme un con favorise l’ascension sociale et professionnelle, mais il est sûr en revanche que le succès encourage à se comporter comme un con et à s’octroyer des droits particuliers.


Alors bien sûr, les personnalités humaines sont complexes. Il n’existe pas de con absolu et de gentil absolu. Toutes les opinions ne méritent pas un traitement équivalent. Il y en a qui sont répugnantes et détestables. Ne pas être capable d’avoir de l’empathie pour un fanatique n’est pas un signe de connerie.


Nous sommes tous d’une façon ou d’une autre et à certains moments des cons. C’est pour cela que la vision du monde du con nous est si facile à reconnaître.


Fort heureusement, nous ne sommes pas tout le temps des cons et nous pouvons essayer de l’être moins.


Source : Slate.fr