Et la CIA créa le label Théoriciens du complot… (Partie 1/2) | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Source image : ordo-ab-chao.fr


 

Et la CIA créa le label Théoriciens du complot…

(Partie 1/2)

 

 

En 1967, la CIA a créé le label Théoriciens du complot… pour attaquer quiconque mettait en doute la version officielle.

 

 

Les théories du complot devraient être acceptées comme normales

 

La démocratie et le capitalisme de libre marché ont été fondés sur des théories du complot.

La Magna Carta, la Constitution et la Déclaration d’Indépendance ainsi que d’autres documents occidentaux fondateurs étaient fondés sur des théories du complot. La démocratie grecque et le capitalisme de marché libre ont également été basés sur les théories du complot.

Mais c’était le bon vieux temps… Les choses ont maintenant changé.

 

 

La CIA a inventé le terme

théoricien de la conspiration en 1967

 

Tout cela a changé dans les années 1960.

Plus précisément, en avril 1967, la CIA a écrit un mémo qui a inventé le terme « théories du complot »… et recommandé les méthodes pour discréditer ces théories. Le mémo a été marqué comme psych – abréviation pour opérations psychologiques ou de désinformation – et CS pour l’unité de la CIA des services clandestins.

 

Le mémo a été produit en réponse à une demande de Freedom of Information Act par le New York Times en 1976.

 

Le mémo indique :

2. Cette tendance de l’opinion est un sujet de préoccupation pour le gouvernement américain, y compris notre organisation.

 

 

Le but de ce mémo est de contrer et de discréditer les déclarations des théoriciens de la conspiration, de manière à empêcher la circulation de ces déclarations dans d’autres pays.

 

Des informations générales sont fournies dans une section classifiée et dans un certain nombre de pièces jointes non classifiées.

 

3. Action. Nous ne recommandons pas d’initier la discussion autour de la conspiration, là où elle n’est pas déjà publique. Là où la discussion est active, nous recommandons :

 

a. De discuter du problème de la publicité avec des contacts amicaux dans les élites (en particulier les politiciens et les éditeurs), soulignant que l’enquête officielle concernant l’événement en question a fait l’objet d’investigations aussi approfondies qu’il est humainement possible, que les accusations des contradicteurs sont sans fondement sérieux et que toute discussion spéculative à venir fera le jeu de l’opposition. De souligner également que certains aspects de l’exposition du complot semblent être délibérément générés par… des propagandistes. Incitez-les à utiliser leur influence pour décourager la spéculation sans fondement et irresponsable.

 

b. D’employer des éléments de propagande et de réfuter les attaques des critiques. Les critiques de livres et des articles de fond sont particulièrement appropriés à cette fin. Les pièces jointes non classifiées permettant cette orientation devraient fournir des documents d’information utiles pour créer ces éléments de propagande. Notre stratagème devrait souligner, le cas échéant, que les opposants sont (I) attachés à des théories adoptées avant que la preuve ne soit faite, (II) politiquement intéressés, (III) financièrement intéressés, (IV) hâtifs et inexacts dans leurs recherches, ou (V) épris de leurs propres théories.

  

4. Lors de discussions privées avec les médias, ne pas s’adresser à un journaliste en particulier, ou s’attaquer à des publications peut être encore à venir ; les arguments suivants devraient être utiles :

 

a. Aucune nouvelle preuve significative n’a émergé dont la Commission n’ait pas tenu compte. 

 

b. Les contradicteurs surmédiatisent habituellement des éléments particuliers et ignorent les autres. Ils ont tendance à mettre davantage l’accent sur les souvenirs de témoins individuels (qui sont moins fiables et plus divergents et prêtent ainsi plus le flanc à la critique)…

 

c. Une conspiration à grande échelle souvent suggérée serait impossible à dissimuler aux États-Unis, spécialement depuis que des informateurs peuvent recevoir de grandes gratifications, etc.

 

d. Les contradicteurs ont souvent été attirés par une forme d’orgueil intellectuel : ils s’enflamment sur une théorie et en tombent amoureux ; ils se moquent également de la Commission parce qu’elle n’a pas toujours pu répondre à chaque question avec une décision claire dans un sens ou l’autre.

 

f. Quant aux charges que le rapport de la Commission serait un travail bâclé qui a été publié trois mois après le délai initialement fixé. La Commission a tenté d’accélérer la publication de son rapport, en grande partie à cause de la pression de ces spéculations irresponsables déjà connues, provenant dans certains cas de ces mêmes contradicteurs qui, non contents de ne pas admettre leurs erreurs, formulent de nouvelles critiques.

 

g. Ces vagues d’accusations que « plus de dix personnes sont mortes mystérieusement » peuvent toujours être expliquées de manière naturelle…

 

5. Lorsque cela est possible, il faut contrer ces spéculations en encourageant les références au rapport de la Commission lui-même. Les lecteurs étrangers ouverts d’esprit devraient encore être impressionnés par le soin, la minutie, l’objectivité et la rapidité avec laquelle la Commission a travaillé. Les critiques de livres pourraient être encouragés à reprendre à leur compte l’idée que le rapport est, de loin, d’une qualité supérieure à l’œuvre de ses détracteurs.

 

>>> Résumant les tactiques recommandées par le mémo de la CIA :

 

  • Prétendre qu’il serait impossible à autant de gens de garder le silence sur une aussi grande conspiration
  • Avoir des gens proches de la CIA pour attaquer les détracteurs et rediriger le public vers les rapports officiels
  • Prétendre que le témoignage oculaire n’est pas fiable
  • Revendiquer que ce sont de vieilles nouvelles, et qu’aucune nouvelle preuve significative n’a émergé
  • Ignorer les déclarations de conspiration à moins qu’elles ne soient déjà trop actives
  • Déclarer qu’il est irresponsable de spéculer
  • Accuser les théoriciens d’être mariés avec leurs théories et d’en être épris
  • Accuser les théoriciens d’être politiquement motivés
  • Accuser les théoriciens d’avoir des intérêts financiers dans la promotion de théories du complot

 

En d’autres termes, l’unité clandestine des services de la CIA a créé les arguments pour attaquer les théories du complot sur leur fiabilité dans les années 1960, dans le cadre de ses opérations de guerre psychologique.

 

 


Mais alors, elles existent ces théories du complot ?

 

Oubliez l’histoire occidentale et les mémos de la CIA… Les théoriciens du complot ne sont-ils pas stupides ?

 

En fait, les complots sont si fréquents que les juges sont formés pour examiner les allégations de complot comme un autre droit légal à être réfutées ou prouvées sur la base d’éléments de preuve précis :

 

La loi fédérale et les codes des 50 États comprennent des éléments spécifiques pour aborder la notion de complot, et punir ceux qui fomentent ces conspirations.

 

Mais examinons ce que les personnes formées à peser les preuves et à parvenir à des conclusions pensent des complots. Regardons ce que les juges américains pensent.

 

Sur Westlaw, l’un des deux réseaux juridiques que les avocats et les juges utilisent pour des recherches d’information sur la loi, j’ai cherché des décisions de justice, comprenant le mot conspiration. C’est un terme tellement commun dans les procès qu’il a saturé Westlaw.

 

Plus précisément, j’ai eu le message suivant :

 

« Votre requête a été interceptée, car elle ne peut récupérer un si grand nombre de documents. »

 

Par expérience, je sais que cela signifie qu’il y avait potentiellement des millions ou des centaines de milliers de cas qui utilisent le terme. Les cas étaient tellement nombreux, que Westlaw ne pouvait même pas commencer à traiter la demande.

 

J’ai donc cherché à nouveau, en utilisant l’expression coupable de conspiration. J’espérais que cela pourrait non seulement affiner ma recherche, au moins assez pour permettre à Westlaw de la traiter, et que cela me donnerait les cas où le juge a effectivement trouvé l’accusé coupable d’un complot. Cette requête a retourné 10 000 cas exactement – qui est le nombre maximal de résultats que Westlaw peut donner à la fois. En d’autres termes, il y avait plus de 10 000 cas en utilisant l’expression coupable de conspiration (peut-être y a-t-il un moyen de changer les paramètres pour obtenir plus de 10 000 résultats, mais je ne l’ai pas encore trouvé).

 

De plus, comme tout avocat peut le confirmer, généralement seules les décisions des cours d’appel sont publiées dans la base de données Westlaw. En d’autres termes, les décisions des tribunaux de première instance sont rarement publiées ; les seules décisions normalement publiées sont celles des tribunaux qui instruisent les demandes d’appels. Parce que seule une très petite fraction des cas soumis à la justice vont en appel, cela signifie logiquement que le nombre de verdicts de culpabilité dans les affaires de complot dans un procès doit être beaucoup, beaucoup plus grand que 10 000.

 

En outre, coupable de conspiration n’est qu’une des nombreuses expressions de recherche utilisables pour trouver les cas où l’accusé a été reconnu coupable d’un procès pour complot. En recherchant sur Google, j’ai eu 3 170 000 résultats (comme hier) sous le terme coupable de conspiration, 669 000 résultats pour le terme de recherche condamnations pour conspiration, et 743 000 résultats pour condamné pour complot.

 

Bien sûr, de nombreux types de conspirations sont nommés autrement. Par exemple, une doctrine juridique très ancienne rend illégal pour deux ou plusieurs sociétés de comploter en vue de fixer les prix, c’est appelé fixation des prix (1 180 000 résultats).

 

Compte tenu de ce qui précède, je voudrais extrapoler qu’il y a eu des centaines de milliers de condamnations pour conspiration criminelle ou civile aux États-Unis.

 

Enfin, de nombreux crimes ne sont pas signalés ou sont non résolus, et les auteurs ne sont jamais attrapés. Par conséquent, le nombre réel de conspirations commis aux États-Unis doit être encore plus élevé.

 

En d’autres termes, les complots existent de tout temps aux États-Unis, et beaucoup des conjurés sont arrêtés et reconnus coupables par les tribunaux américains. Rappelez-vous, la chaîne de Ponzi de Bernie Madoff était une théorie du complot.

 

En effet, le complot est un crime très bien reconnu dans le droit américain, enseigné à tous les étudiants en droit de première année dans le cadre de leur programme de base. Raconter à un juge que quelqu’un a une théorie du complot serait comme lui dire que quelqu’un prétend qu’on empiétait sur sa propriété, ou qu’il a commis une agression ou volé une voiture. C’est un concept juridique de base.

 

Évidemment, de nombreuses allégations de complot sont fausses (si vous voyez un juge à un dîner, demandez-lui de vous raconter certaines des allégations de complot infondées qui ont été faites devant sa Cour). De toute évidence, les gens vont gagner ou perdre devant la Cour en fonction du fait qu’ils peuvent prouver, ou pas, leur réclamation avec des preuves disponibles. D’ailleurs, toutes les allégations de violation de propriété, d’agression ou de vol ne sont pas vraies.

 

Prouver une allégation de complot n’est pas différent de prouver toute autre réclamation juridique et la simple étiquette de complot n’est pas moins prise au sérieux par les juges.

 

Il n’y a pas que Madoff. Les chefs d’Enron ont été reconnus coupables de complot, comme l’a été le chef d’Adelphia.

De nombreux responsables gouvernementaux de niveau inférieur ont été reconnus coupables de complot.

 

 

Le chroniqueur financier de Time Magazine Justin Fox a écrit :

Certains complots des marchés financiers sont réels…

 

La plupart des bons journalistes d’investigation sont des théoriciens de la conspiration, de fait.

 

Et que dire de la NSA et des entreprises de haute technologie qui ont coopéré avec elle ?

 

 

Par George Washington (zerohedge.com) - traduit par Hervé, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone - Le 23 février 2015