Belgique - Quand le Selor recrute la fille du patron du Selor | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Belgique - Quand le Selor recrute la fille

du patron du Selor

 

Depuis 2002, Marc Van Hemelrijck dirige le Selor, le bureau de sélection de l’administration fédérale. Il était auparavant chef de cabinet de Luc Van Den Bossche (SP). À ce titre, Marc Van Hemelrijck fut un des architectes de la réforme Copernic, dont le Selor fut une des émanations.

 

Depuis 2002 qu’il nomme et qu’il dégomme, le patron du Selor s’est coltiné de nombreux adversaires et s’est créé de nombreux ennemis, surtout francophones. Il s’est aussi forgé de solides soutiens, surtout flamands. Le Secrétaire d’État à la Fonction publique, Hendrik Bogaert (CD & V) est de ceux-là, qui imposa l’an passé la deuxième reconduction de Marc Van Hemelrijck malgré l’avis réservé de son supérieur hiérarchique d’alors, socialiste francophone.

 

Depuis sa création en 2002, le Selor a « screené » des centaines de milliers de candidats -  96 672 précisément en 2014. Des candidats fonctionnaires fédéraux, principalement, mais pas seulement : d’autres institutions et pouvoirs publics recourent à son expertise pour recruter la perle rare. Il pourvoit chaque année quelque trois mille postes vacants.

 

 

Méthode du secteur privé

 

Depuis 2002, Marc Van Hemelrijck s’inspire et inspire ses méthodes de travail du secteur privé. Il faut être orienté client. Il faut être efficient. Il faut être innovant. Il faut être proactif. « L’élément principal réside dans nos procédures de sélection neutres qui garantissent à chacun l’égalité des chances », dit-on au Selor, où l’on sait mieux qu’ailleurs organiser les plus rigoureuses procédures de recrutement. Les collaborateurs du Selor, explique son code de déontologie, « se gardent de mélanger leurs rôles professionnel et non professionnel ». Bref, il faut rompre avec les pratiques obscures et poussiéreuses de la fonction publique de papa.

 

Depuis le 26 juin 2008, Elke Van Hemelrijck est bachelière en management de la communication de la Haute École Erasmus de Bruxelles. Elle a ensuite travaillé quatre ans dans le domaine dans le secteur privé.

 

 

Papa signe le PV

 

Depuis la fin 2012, Elke Van Hemelrijck espérait rejoindre la fonction publique. Elle avait postulé à une sélection comparative néerlandophone de « Client Relation Manager ». Un poste de niveau A, réservé, sauf exception, aux détenteurs d’un master. Ce fut une exception. Le Selor demandait trois ans d’expérience, Elke en avait quatre. Le Selor se cherchait cinq lauréats, Elke en fut la première.

 

Marc Van Hemelrijck, administrateur-délégué et père de la lauréate, signa le PV attestant la bonne marche de l’examen, et son palmarès. Mais la fille de l’administrateur-délégué n’exerça jamais la fonction. Car on avait grincé des dents, au Selor et au-delà.

 

La bachelière entra tout de même dans la fonction publique comme statutaire de niveau A. Depuis février 2013 jusqu’à mars 2014 en effet, Elke Van Hemelrijck était attachée de communication (niveau A) au Service public fédéral des Finances. Celui-ci n’avait pas, pour l’occasion, organisé d’épreuve de recrutement. Il a puisé dans une réserve comme il lui arrive de le faire. Cette réserve, ce fut celle du Selor, précisément celle de « Client Relation Manager » dont Elke Van Hemelrijck aurait dû sortir, mais dont elle ne sortit pas. Et puis elle y revint.

 

 

Quand même au Selor

 

Depuis avril 2014 en effet Elke Van Hemelrijck est enfin au Selor. Définitivement. Elle s’occupe de « B2B (Business to Business) Marketing et Communication », recrutée par une procédure de mobilité interne. À un échelon supérieur à celui qu’elle avait espéré un an et demi plus tôt. « Je sais seulement que j’ai passé les bons examens, et que nos règles de déontologie ont été respectées », dit-elle. Mais les dents continuent de grincer.

 

Depuis lundi, averti par « La Libre », le Groupe d’étude et de réforme de la Fonction administrative (Gerfa) réclame, une nouvelle fois, la démission de Marc Van Hemelrijck. « Il est ici clairement en conflit d’intérêts », accuse Michel Legrand, président du Gerfa

 

 

 

PAR NICOLAS DE DECKER - lalibre.be – le 26 mai 2015.