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Petit précis de logistique : d’où viennent les armes de l’EIIL ?

Petit précis de logistique :  d’où viennent les armes de l’EIIL ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Petit précis de logistique :

D’où viennent les armes de l’EIIL ?

 

Voici une analyse concernant l’État Islamique que l’on peut qualifier de rare. Car dès qu’il s’agit de cette engeance, il y a comme une sorte de gel des neurones chez les intellectuels, ce qui les oblige à ressortir les clichés et les leçons apprises dans les livres des recettes de la propagande selon lesquels DAECH a la capacité de réaliser ce qu’aucune armée au monde ne saurait faire. Il n’est pas besoin de l’École de Guerre pour savoir que les exploits militaires qui sont prêtés à DAECH ne peuvent être réalisés sans une aide logistique extérieure, aide abordée dans les médias de manière toujours pudique avec tout le floutage nécessaire. Tony Cartalucci lui, n’a aucune pudeur à appeler un chat un chat. RI

 

 ***

 

Depuis les anciens temps, une armée a toujours demandé un grand soutien logistique afin d’être performante dans quelque campagne militaire que ce soit. Dans la Rome antique, on construisit un vaste réseau de routes non seulement pour faciliter transport et commerce, mais aussi pour permettre aux légions romaines de se déplacer bien plus rapidement là où on en avait besoin et aussi pour accélérer le processus de ravitaillement très important que suscitaient ces légions.


À la fin du XVIIIe siècle, le général français et stratège expert Napoléon Bonaparte notait qu’« une armée marche sur son estomac », se référant au réseau logistique extrême nécessaire pour maintenir une armée en campagne bien nourrie et ainsi maintenir sa capacité de combat. Pour les Français, leur incapacité à maintenir une logistique et un ravitaillement adéquats à leurs forces combattantes, notamment en Russie et la décision des Russes de pratiquer la stratégie de la terre brûlée afin d’empêcher les forces françaises envahisseuses de se nourrir sur le pays, finalement les vainquirent.

 

L’Allemagne nazie souffrait d’un destin similaire lorsqu’elle étira par trop ses capacités logistiques lors de l’opération Barbe Rousse d’invasion de l’URSS. Une fois de plus, les armées de l’envahisseur furent bloquées par leurs ressources limitées avant d’être coupées de leur ravitaillement et annihilées ou forcées de battre en retraite.

 

Dans les temps plus récents, pendant la guerre du Golfe du début des années 1990, une longue ligne de ravitaillement trop loin des troupes alliées envahissant l’Irak ainsi qu’un choc anticipé avec le gros des forces de Saddam Hussein mirent un coup d’arrêt à ce qui fut autrement une avance éclair et qui fut comprise par erreur comme ayant pu atteindre Bagdad si la volonté politique y avait été. La volonté de conquérir était présente, c’est l’intendance qui ne suivait pas…

 

Aussi claires que soient les leçons de l’histoire, elles semblent toujours disparaître avec la troupe de politiciens et d’agences de presse occidentale qui est soit totalement ignorante, soit incroyablement trompeuse.

 

 

Les lignes de soutien logistique de l’EIIL

 

Le conflit actuel qui consume le Moyen-Orient, particulièrement en Irak et en Syrie où le soi-disant « État Islamique » EI ou EIIL opère et combat simultanément, battant, les forces régulières syriennes, libanaises, irakiennes et iraniennes, est nous dit-on, bâti sur un réseau logistique de marché noir de la vente de pétrole et de paiements de rançons.

 

La capacité de combat de l’EIIL est celle d’un État-nation. Il contrôle de vastes portions de territoires s’étalant de la Syrie à l’Irak et il est non seulement capable de défendre militairement ce territoire étendu, mais il possède les ressources pour l’occuper, incluant des ressources pour administrer les populations subjuguées en son sein (NDT : comme un nouvel État COLONIAL tiens, tiens…)

 

Pour les analystes militaires, surtout les anciens des forces armées occidentales et aussi les membres des médias occidentaux qui se rappellent les convois de camions gigantesques qui furent requis pour pouvoir envahir l’Irak dans les années 1990 puis de nouveau en 2003, ils se demandent tous aujourd’hui où sont les camions de l’EIIL ? Après tout, si les ressources pour maintenir la capacité de combat exhibée par l’EIIL étaient disponibles au sein des seuls territoires syriens et irakiens occupés, alors certainement que les forces irakiennes et syriennes posséderaient également une capacité de combat au moins égale sinon supérieure à celle de l’EIIL, mais elles ne l’ont tout simplement pas.

 

Et si les lignes logistiques de ravitaillement de l’EIIL étaient uniquement confinées sur le territoire irakien et syrien, alors certainement que les forces régulières irakiennes et syriennes utiliseraient un des grands avantages qu’elles ont leur possession, leur puissance aérienne, pour couper la ligne de ravitaillement des combattants de l’EIIL de sa source. Mais ceci ne se produit pas et… IL Y A UNE TRÈS BONNE RAISON À CELA.

 

Les lignes de ravitaillement de l’EIIL sillonnent précisément des endroits où les forces aériennes irakienne et syrienne ne peuvent pas aller. Au nord chez le voisin turc membre de l’OTAN et au sud-ouest chez les alliés des États-Unis que sont la Jordanie et l’Arabie Saoudite. Au-delà de ces frontières existe un réseau logistique qui s’étend sur une région qui englobe l’Europe de l’Est et l’Afrique du Nord.

 

Les terroristes et les armes qui furent laissés après l’intervention de l’OTAN en Libye en 2011 furent rapidement envoyés en Turquie puis en Syrie, le tout coordonné par les officiels du ministère des Affaires étrangères américain et des services de renseignement basés à Benghazi, un nid de terroristes depuis des décennies.

 

Dans un article de 2013, The London Telegraph rapportait, « CIA « running arms smuggling team in Benghazi when consulate was attacked », » que :

 

[CNN] a dit qu’une équipe de la CIA travaillait dans une annexe proche du consulat sur un projet de fournir des missiles libyens récupérés aux rebelles syriens. Des armes provenaient également d’Europe de l’Est comme le rapportait le New York Times dans un article de 2 013, « Arms Airlift to Syria Rebels Expands, With Aid From C.I.A., » que : 

Depuis des bureaux dans des endroits tenus secrets, des officiers des services actions du renseignement américain avaient aidé des gouvernements arabes à faire leurs emplettes d’armes, incluant de larges livraisons en provenance de la Croatie et ont parlementé avec les chefs rebelles pour savoir qui devrait recevoir les armes à leur arrivée, d’après des officiels américains parlant sous condition d’anonymat. »

 

Quand les sources médiatiques occidentales se réfèrent continuellement à l’EIIL et autres factions opérant sous la bannière d’Al Qaïda comme à des rebelles « modérés », il est très clair que si ces milliards de dollars d’armement allaient vraiment à ces « rebelles modérés » alors ce serait eux et non pas l’EIIL, qui domineraient le champ de bataille, or ce n’est pas le cas.

 

De récentes infos ont révélé que dès 2012 le ministère de la Défense des USA n’avait pas seulement anticipé la création d’une « principauté salafiste » s’étendant de la Syrie à l’Irak, précisément là où existe l’EIIL aujourd’hui, mais qu’il l’encourageait vivement et contribuait aux circonstances de sa création et réalisation pratique.

 

 


Quel est le degré d’extension des lignes

de logistique de l’EIIL ?

 

Alors que beaucoup en Occident jouent les ignorants sur la manière dont l’EIIL obtient son approvisionnement afin de maintenir optimale sa capacité de combat, quelques journalistes se sont rendus dans la région et ont filmé et rapporté les convois de camions sans fin qui suppléent l’armée terroriste.

 

Est-ce que ces camions roulaient depuis des usines saisies par l’EIIL dans les territoires irakiens et syriens ? Non. Ils venaient de loin en Turquie, traversant la frontière syrienne en toute impunité et se dirigeaient vers leurs destinations sous la protection évidente de l’armée turque. Les tentatives par l’aviation syrienne d’attaquer ces convois de ravitaillement et les terroristes qui les accompagnent ont été contrées par la défense antiaérienne turque…

 

La chaîne internationale allemande Deutsche Welle (DW) a publié le premier constat vidéo d’un média occidental illustrant et documentant que l’EIIL n’est pas fourni par la vente au marché noir de pétrole ou par l’argent issu de rançons d’otages, mais par des ravitaillements valant des milliards de dollars transportés en Syrie depuis la Turquie, membre de l’OTAN. La frontière turco-syrienne voit passer des centaines de camions par jour…

 

Le rapport intitulé, « ‘IS’ supply channels through Turkey, » confirme ce qui a été rapporté par des analystes politiques (reported by geopolitical analysts) depuis 2011 à savoir que l’EIIL ne peut survivre et ne survit de fait que grâce à un énorme sponsorship d’état multinational incluant évidemment la Turquie elle-même.

 

En regardant les cartes du territoire tenu par l’EIIL et en lisant les rapports d’action de ses manœuvres offensives à travers la région et au-delà, on peut facilement imaginer les centaines de camions par jour que cela nécessite pour maintenir un tel niveau de capacité combattante.. On peut facilement imaginer des convois similaires traversant les frontières de l’Irak en provenance de la Jordanie et de l’Arabie Saoudite. Des convois similaires passent certainement en Syrie depuis la Jordanie.

 

Ainsi, considérant les réalités logistiques et leur importance de tout temps dans les campagnes militaires au travers de l’histoire humaine, il n’y a pas d’autre explication plausible quant à la capacité de l’EIIL de perpétrer une guerre en Syrie et en Irak sans avoir les immenses ressources qui lui sont envoyées depuis l’étranger.

 

Si une armée marche sur son estomac et les estomacs de l’EIIL sont remplis des vivres en provenance de l’OTAN et du Golfe, alors l’EIIL continuera à marcher pendant longtemps, probablement même de plus en plus vite. Le point clef pour briser les reins de l’EIIL est de briser les reins de sa ligne de ravitaillement. Pour pouvoir le faire néanmoins, et précisément c’est pour cela que le conflit traîne tant en longueur, il faudrait que l’Irak, la Syrie et l’Iran et autres pays sécurisent éventuellement leurs frontières et forcent l’EIIL à combattre en Turquie, en Jordanie et en Arabie Saoudite, scénario difficile à mettre en place, car des nations comme la Turquie ont créé des zones tampons de facto en territoire syrien qui demanderait une confrontation directe avec les forces turques pour les éliminer.

 

Avec l’Iran rejoignant l’équipée avec le déploiement supposé de quelques milliers de soldats pour renforcer les opérations de l’armée syrienne, de grands principes de dissuasion pourraient empêcher la Turquie de renforcer ses zones tampons.

 

Ceci nous laisse avec cette perspective de la région totalement tenue en otage par l’OTAN avec la perspective d’une guerre régionale catastrophique dans le but de défendre et de perpétuer le carnage perpétré par l’EIIL en Syrie, le tout totalement soutenu de manière sous-jacente par un réseau logistique émanant de territoires de l’OTAN.

 

 

Par Tony Cartalucci (journal-neo.org) – Résistance 71 - reseauinternational.net – le 13 juin 2015

 

 

Note de Résistance 71 :

N’oublions jamais que l’OTAN = Organisation Terroriste de l’Atlantique Nord. Ceci est une fois de plus prouvé. Quand assez est-il assez ?…


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État islamique, farce tragique

État islamique, farce tragique | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


 La farce tragique de « l’État islamique »

Par Bruno Guigue (*)

 

Concentré de violence extrême contre les minorités, les femmes et les « apostats » de toute nature, « Daech » est le fruit empoisonné des amours entre des puissances occidentales sous leadership américain et des pétromonarchies corrompues qui distillent le venin de la haine interconfessionnelle.

 

Les évènements tragiques de l’histoire se répètent toujours, mais la seconde fois, disait Marx, « c’est une farce ». Dans les années 1980, les dirigeants des USA et leurs amis saoudiens inondèrent de leurs largesses financières les combattants afghans et arabes du jihad antisoviétique. Ennemi mortel de l’empire moscovite, antidote au panarabisme laïc, opportun concurrent de la subversion chiite : les fins stratèges de la CIA ont prêté d’emblée toutes les vertus au jihadisme sunnite. Produit de la guérilla anticommuniste en Afghanistan, l’avènement d’Al-Qaida fut ainsi l’effet combiné de l’obsession antisoviétique des États-Unis et de la frayeur saoudienne devant la percée khomeyniste.

 

Mais cette inavouable coalition a fini par se dissoudre. Ben Laden a voulu régler ses comptes avec un commanditaire étranger, les USA, dont le succès régional télescopait sa vision du monde. Fruit vénéneux des amours entre la CIA et les jihadistes, l’épopée dévastatrice du jihad planétaire est née de ce retournement du monstre contre ses bailleurs de fonds. Scénario de rupture peu glorieux : Al-Qaida n’a été rayée de la liste des fréquentations occidentales qu’à partir du moment où Ben Laden a lui-même prononcé la fin de l’idylle. Le divorce n’a pas été consommé par un Occident moralement révulsé par le terrorisme, mais par les terroristes eux-mêmes, en raison d’une discordance entre leur agenda politique et celui de leurs associés.

 

 

L’opposition syrienne : un décor en carton-pâte

 

Nouveaux temps, nouveaux errements : depuis 2011, les USA et l’Arabie saoudite soutiennent une « opposition syrienne » sur laquelle la guerre a fait l’effet d’un révélateur chimique. Une fois effondré le décor en carton-pâte d’une coalition prétendument démocratique, la réalité a jailli à la face du monde : celle du jihadisme transnational de seconde génération. Fin 2012, pour justifier l’appui aux opposants à Bachar Al-Assad, le secrétaire d’État John Kerry avait encore l’outrecuidance de nier devant le Congrès américain la présence d’Al-Qaida en Syrie. Aujourd’hui, c’est Barack Obama, élu en 2008 pour son refus des aventures militaires de l’ère précédente, qui mène à son corps défendant une « troisième guerre d’Irak ». 

 

La chevauchée sanglante de « Daech » répéterait-elle, sur le mode parodique, la saga meurtrière d’Al-Qaida ? Sans les milliards de dollars déversés par les pétromonarchies arabes, l’organisation d’Abou Bakr Al-Baghdadi, en effet, n’eût pas assuré la succession tonitruante de celle d’Oussama Ben Laden, liquidé par les forces spéciales américaines en 2011. Et de même, sans l’appui multiforme des États-Unis et de leurs satellites occidentaux, la guérilla antigouvernementale en Syrie, espérant en sa victoire prochaine, n’eût pas livré un combat à mort contre le régime, désastreuse fuite en avant qui ensemença le terrain sur lequel la violence tous azimuts des jihadistes allait prospérer. 

 

Une croyance naïve en son étoile a conduit la rébellion syrienne à refuser le moindre compromis avec le pouvoir baasiste, encouragée dans son intransigeance par la vaste coalition internationale qui prophétisait encore, à l’automne 2013, la chute imminente du « boucher de Damas ». Imitant les « moudjahidines » triomphant du régime de Kaboul et des forces soviétiques trente ans plus tôt, les insurgés islamistes ont vu dans leur cohésion idéologique, combinée à l’appui des principales puissances occidentales et régionales, la garantie d’un succès retentissant.

 

Et pourtant, exécrés par la majorité du peuple syrien, ils ont échoué à renverser le régime en place, dont les erreurs politiques et économiques, depuis dix ans, avaient fait le lit d’un mécontentement grandissant dans les couches populaires, notamment en périphérie des grandes villes. Cet échec, les forces en présence au sein de la rébellion l’ont payé au prix fort en se résignant, bon gré mal gré, à l’hégémonie des plus combatifs d’entre eux. Ceux qui, dès le printemps 2011, ont joué la carte de l’affrontement militaire avec Damas, tiré sur les forces de l’ordre pour susciter la répression gouvernementale, attisé la haine interconfessionnelle et commis les pires exactions ont pris le pouvoir au sein de la nébuleuse insurrectionnelle. 

 

 

Daech : la radicalisation jihadiste

 

Continue depuis le début de la crise, cette radicalisation s’est traduite par de sanglantes luttes intestines entre les différentes factions rebelles, entrecoupées d’exhortations de la maison-mère, Al-Qaida, les invitant à cesser ces affrontements fratricides. Mais si « l’État islamique en Irak et au Levant », branche régionale de l’organisation dirigée par Ayman Al-Zawahiri, est sorti vainqueur de cette guerre civile interne, c’est parce qu’il a su tirer un trait d’union entre l’insurrection syrienne et l’exaspération des sunnites d’Irak. Conséquence lointaine de la désastreuse dissolution de l’armée irakienne par l’occupant américain, cette internationalisation du jihad, doublée d’une territorialisation inédite, a conféré à l’organisation jihadiste un prestige inégalé, source de recrutements internationaux de grande ampleur.

 

L’hégémonie de l’EIIL a même contraint son principal rival, bénéficiaire à son tour du label officiel d’Al-Qaida, le « Front Al-Nosra », à lui faire allégeance. Fer de lance de la rébellion islamiste en Syrie, le Front avait ensanglanté les rues de Damas et d’Alep avec des attentats à la voiture piégée contre des civils présumés fidèles au régime. Son ralliement à « Daech » fut une singulière leçon de choses, en tout cas, pour la diplomatie française : avant de se rétracter en mai 2013, Laurent Fabius, s’opposant à l’administration Obama, avait refusé d’inscrire le Front Al-Nosra sur la liste des organisations terroristes. Pour quel motif ? « Ils font du bon boulot en Syrie », affirmait alors sans sourciller le porte-parole de la France sur la scène internationale.

 

Fort de sa suprématie sur le terrain et de l’alignement de l’opposition armée sur son agenda idéologique, Abou Bakr Al-Baghdadi, d’abord obscur chef de l’EIIL, fonda alors « l’État islamique » après avoir, en juin 2014, proclamé le « califat ». En revêtant le politique des oripeaux du religieux, il prétendait graver dans le marbre des commandements divins l’obéissance à son pouvoir profane. Comme Ben Laden, il s’attribuait une légitimité doctrinale dont toute contestation ouverte serait désormais punie de mort. Cette supercherie eut beau être dénoncée par toutes les autorités religieuses, y compris celles de ses parrains inavoués, elle exerça une attraction certaine sur tous les desperados du jihad global, ravis d’en découdre, dans leur quête éperdue du frisson apocalyptique, avec les mécréants de tout poil. 

 

Reste l’essentiel : l’essor spectaculaire d’une organisation tenue pour quantité négligeable il y a encore trois ans n’en finit pas de soulever des questions redoutables.  Comment les financements en provenance des pétromonarchies ont-ils transité jusque dans les coffres de l’État islamique ? Jusqu’à quel point les services secrets occidentaux ont-ils participé, au nom de la lutte contre le régime de Damas, à l’armement de ses combattants ? Quel a été le rôle exact de la Turquie, aussi désireuse d’abattre Bachar Al-Assad que de réduire la résistance kurde ? Une partie des armes dont François Hollande a reconnu la livraison au profit de la rébellion syrienne a-t-elle fini entre les mains des commanditaires de l’assassinat d’Hervé Gourdel ?

 

 

Le monstre et les apprentis sorciers

 

Si nous sommes et resterons longtemps ignorants des détails, il est évident aujourd’hui que la montée en puissance de « Daech » doit autant aux facteurs exogènes du conflit syrien qu’à ses données internes. Menant aussi loin que possible l’ingérence étrangère, les ennemis du régime de Damas sur la scène internationale n’ont pas ménagé leur peine pour légitimer, financer, armer et unifier la rébellion. Rééditant les errements de ceux qui financèrent le jihad antisoviétique, ces nouveaux apprentis sorciers ont accouché du monstre qu’ils vouent désormais aux gémonies, comme s’ils n’avaient aucune responsabilité dans son irruption et pouvaient se laver les mains de ses turpitudes.

 

Concentré de violence extrême contre les minorités, les femmes et les « apostats » de toute nature, « Daech » est le fruit empoisonné des amours entre des puissances occidentales sous leadership américain et des pétromonarchies corrompues qui distillent le venin de la haine interconfessionnelle. Son essor fulgurant n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat d’une cynique répartition des tâches au sein d’une coalition internationale que cimente son hostilité commune à l’égard de Damas et de ses alliés : Téhéran, Moscou, Hezbollah.

 

 Les dirigeants occidentaux ont fourni l’argent, les armes et l’orchestration médiatique d’une compassion à sens unique où les seules victimes sont celles de l’armée syrienne, alors même que le dernier bilan de l’OSDH, proche de l’opposition, fait état de 80 000 morts dans les rangs des forces du régime contre 60 000 combattants rebelles et 60 000 civils victimes des deux camps. Les pétromonarchies, elles, ont fourni et fournissent encore (plus discrètement) beaucoup d’argent, des combattants et une orchestration idéologique dont la teneur se résume à la haine recuite des chiites, des alaouites et des baasistes.

 

Contrairement à ce qu’écrit Peter Harling dans « Le Monde diplomatique », l’État islamique n’est pas le « monstre providentiel » qui permettrait à tous les acteurs de ce drame, sans exception, de se dédouaner de leurs responsabilités. Il est l’effet conjugué de l’effondrement de l’État irakien, laminé par les USA en 2003, et de la guerre civile syrienne, alimentée par les USA et leurs satellites depuis 2011. Il n’est pas plus la créature d’Assad qu’une manœuvre de Téhéran : les milliers de soldats de l’armée arabe syrienne et du Hezbollah tombés en luttant contre des jihadistes de 80 nationalités suffisent à laver le président syrien de cette accusation grotesque.

 

Cancer qui répand ses métastases depuis trente ans, le jihad global a désormais trouvé un nouvel abcès de fixation, propice à des expérimentations obscurantistes dont des populations apeurées fournissent les cobayes. Cramponné à ce nouveau terrain de lutte, il contrôle pour la première fois un vaste territoire et résiste militairement sur plusieurs fronts. Ce succès provisoire, il le doit pour l’essentiel à ce trou noir de la géopolitique mondiale qu’est devenu le Moyen-Orient, sous l’effet des coups de boutoir militaires et des manipulations politiques éhontées d’une coalition, menée par Washington et Riyad, qui a préféré, une fois de plus, faire un pacte avec le diable.  

 

 

Par Bruno Guigue (*) - oumma.com - le 2 janvier 2015

 

(*) Bruno Guigue : normalien, énarque, aujourd’hui professeur de philosophie, auteur de plusieurs ouvrages, dont « Aux origines du conflit israélo-arabe, l’invisible remords de l’Occident (L’Harmattan, 2002).

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Bruno Guigue est un haut fonctionnaire, essayiste et politologue français. Source Wikipédia)

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Vérités cachées sur l’EI

La vidéo « La mondialisation de la guerre » a été ajoutée sur YouTube par Mondialisation TV le 31 octobre 2014

 


Vingt-six vérités sur le groupe État islamique (EI) qu’Obama veut vous cacher

 

La guerre menée par les États-Unis contre le groupe armé État islamique est un grand mensonge.

Pourchasser les « terroristes islamiques » et mener une guerre préventive dans le monde entier pour « protéger la patrie étasunienne » sont des concepts utilisés pour justifier un programme militaire.

 

L’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) est une création du renseignement étasunien. Le programme de « lutte contre le terrorisme » de Washington en Irak et en Syrie consiste à appuyer les terroristes.

 

L’incursion des brigades du groupe État islamique (EI) en Irak ayant débuté en juin 2014 faisait partie d’une opération militaire et du renseignement soigneusement planifiée et soutenue secrètement par les États-Unis, l’OTAN et Israël.

 

Le mandat de lutte contre le terrorisme est fictif. Les États-Unis sont le « commanditaire numéro un du terrorisme d’État ».

 

L’État islamique est protégé par les États-Unis et leurs alliés. S’ils avaient voulu éliminer les brigades de l’État islamique, ils auraient pu bombarder intensément leurs convois de camionnettes Toyota lorsqu’ils ont traversé le désert entre la Syrie et l’Irak en juin. 

 

Le désert syro-arabe est un territoire ouvert. D’un point de vue militaire, cette opération aurait pu être effectuée efficacement, rapidement et de manière extrêmement précise avec des chasseurs à la fine pointe de la technologie (F15, F22 Raptor, CF-18).

 


*


Dans cet article, nous abordons 26 concepts qui réfutent le grand mensonge. Alors que les médias interprètent cette opération militaire à grande échelle contre la Syrie et l’Irak comme étant une entreprise humanitaire, elle a engendré d’innombrables morts civiles.


Cette opération n’aurait pas pu être entreprise sans l‘appui inflexible des médias occidentaux, lesquels ont maintenu que l’initiative d’Obama représentait une opération de contre-terrorisme.

 


LES ORIGINES HISTORIQUES D’AL-QAÏDA

 


1. Les États-Unis appuient Al-Qaïda et ses organisations affiliées depuis presque un demi-siècle, depuis le début de la guerre soviéto-afghane.

 


2. Des camps d’entraînement de la CIA ont été mis en place au Pakistan. Entre 1982 et 1992, la CIA a recruté quelque 35 000 djihadistes venus de 43 pays musulmans pour faire le djihad en Afghanistan.

« Payée par des fonds de la CIA, des annonces publicitaires incitant à se joindre au djihad ont été placées dans les journaux et bulletins d’information à travers le monde. »

 


3. Washington appuie le réseau terroriste islamique depuis l’administration Reagan.

Ronald Reagan a appelé les terroristes des « combattants de la liberté ». Les États-Unis ont fourni des armes aux brigades islamiques. C’était pour « une bonne cause » : la lutte contre l’Union soviétique et un changement de régime ayant mené à la disparition d’un gouvernement laïc en Afghanistan.


 


4. Des manuels djihadistes ont été publiés par l’Université du Nebraska. « Les États-Unis ont dépensé des millions de dollars pour fournir aux écoliers afghans des manuels remplis d’images violentes et d’enseignements islamiques militants. »

 


5. Oussama ben Laden, « le démon » (Bogeyman) des États-Unis et fondateur d’Al-Qaïda a été recruté par la CIA en 1979, dès le début du djihad contre l’Afghanistan, appuyé par les États-Unis. Il avait 22 ans et a été formé dans un camp d’entraînement de guérilla soutenu par la CIA.


Al-Qaïda n’était pas derrière les attaques du 11-Septembre. Le 11 septembre 2001 a fourni une justification à la guerre contre l’Afghanistan, basée sur l’idée que l’Afghanistan pratiquait le terrorisme d’État en soutenant Al-Qaïda. Les attaques du 11-Septembre ont contribué à l’élaboration de la « guerre mondiale au terrorisme » (Global War on Terrorism) 


 

L’ÉTAT ISLAMIQUE

 

 

6. Le groupe État islamique (EI) était à l’origine une entité liée à Al-Qaïda et créée par le renseignement étasunien avec le soutien du MI6 britannique, du Mossad israélien, de l’Inter-Services Intelligence (ISI) pakistanais et du General Intelligence Presidency (GIP) saoudien, Ri’āsat Al-Istikhbarat Al-’Āmah (رئاسة الاستخبارات العامة).

 


7. Les brigades de l’EI ont participé à l’insurrection en Syrie contre le gouvernement de Bachar Al-Assad, insurrection appuyée par les États-Unis et l’OTAN.

 


8. L’OTAN et le Haut commandement turc étaient responsables du recrutement de mercenaires pour l’EI et Al-Nosra dès le début de l’insurrection syrienne en mars 2011. Selon des sources du renseignement israélien, cette initiative consistait en « une campagne visant à enrôler des milliers de volontaires musulmans dans les pays du Moyen-Orient et le monde musulman pour combattre aux côtés des rebelles syriens. L’armée turque logerait ces volontaires, les formerait et assurerait leur passage en Syrie. (DEBKAfile, NATO to give rebels anti-tank weapons, 14 août 2011.)

 


9Il y a des forces spéciales occidentales et des services de renseignement occidentaux dans les rangs de l’EI. Des forces spéciales britanniques et le MI6 ont participé à la formation de rebelles djihadistes en Syrie.

 


10. Des experts militaires occidentaux travaillant à contrat pour le Pentagone ont formé les terroristes pour utiliser des armes chimiques.

« Les États-Unis et certains de leurs alliés européens utilisent des entrepreneurs liés à la Défense pour montrer aux rebelles syriens comment sécuriser les stocks d’armes chimiques en Syrie, ont déclaré dimanche à CNN un haut responsable étasunien et plusieurs diplomates de haut rang. » (CNN Report 9 décembre, 2012)

 


11. La pratique de la décapitation de l’EI fait partie des programmes d’entraînement des terroristes appuyés par les États-Unis et mis en œuvre en Arabie Saoudite et au Qatar.

 


12. Un grand nombre de mercenaires de l’EI, recrutés par l’allié des États-Unis, sont des criminels condamnés qui ont été libérés des prisons saoudiennes à condition qu’ils se joignent à l’EI. Des condamnés à mort saoudiens ont été recrutés pour rejoindre les brigades terroristes.

 


13. Israël a soutenu les brigades de l’EI et d’Al-Nosra sur le plateau du Golan.

Des djihadistes ont rencontré des officiers israéliens de Tsahal ainsi que le Premier ministre Nétanyahou. Les hauts gradés de Tsahal reconnaissent tacitement que « des éléments du jihad mondial en Syrie » [EI et Al-Nosra] sont soutenus par Israël. Voir l’image ci-dessous :



LA SYRIE ET L’IRAK

 


14. Les mercenaires de l’EI sont les fantassins de l’alliance militaire occidentale. Leur mandat tacite est de ravager et détruire la Syrie et l’Irak, au nom de ceux qui les appuient, les États-Unis.

 


15. Le sénateur étasunien John McCain a rencontré des chefs terroristes djihadistes en Syrie.

 


16. La milice de l’État islamique, actuellement la cible présumée d’une campagne de bombardements des États-Unis et de l’OTAN en vertu d’un mandat de « lutte contre le terrorisme », est toujours soutenue clandestinement par les États-Unis. Washington et ses alliés continuent à fournir de l’aide militaire à l’État islamique.

 


17. Les bombardements des États-Unis et de leurs alliés ne visent pas l’EI, ils visent plutôt l’infrastructure économique de l’Irak et la Syrie, dont les usines et les raffineries de pétrole.

 


18. Le projet de califat de l’EI relève d’un programme de longue date de la politique étrangère des États-Unis, ayant pour but de diviser l’Irak et la Syrie en territoires distincts : un califat islamiste sunnite, une République chiite arabe et une République du Kurdistan.

 

 

LA GUERRE MONDIALE AU TERRORISME (GMAT)

 


19. « La guerre mondiale au terrorisme » (GMAT) est présentée comme un « choc des civilisations », une guerre entre les valeurs et les religions concurrentes, alors qu’en réalité, elle constitue une véritable guerre de conquête, guidée par des objectifs stratégiques et économiques.

 


20. Les brigades terroristes d’Al-Qaïda soutenues par les États-Unis (et appuyées secrètement par le renseignement occidental) ont été déployées au Mali, au Niger, au Nigeria, en Centrafrique, en Somalie et au Yémen.


Ces différentes entités affiliées à Al-Qaïda au Moyen-Orient, en Afrique subsaharienne et en Asie sont appuyées par des « atouts du renseignement » soutenus par la CIA. Ils sont utilisés par Washington afin de faire des ravages, créer des conflits internes et déstabiliser des pays souverains.

Guerre et mondialisation : La vérité derrière le 11 septembre, Michel Chossudovsky

 

21. Boko Haram au Nigeria, Al-Shabab en Somalie, le Groupe islamique combattant en Libye (GICL) (soutenu par l’OTAN en 2011), Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), la Jemaah Islamiyah (JI) en Indonésie, entre autres groupes affiliés à Al-Qaïda, sont soutenus clandestinement par les services de renseignement occidentaux.

 

22. Les États-Unis appuient également des organisations terroristes affiliées à Al-Qaïda dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang en Chine. L’objectif sous-jacent consiste à déclencher l’instabilité politique en Chine occidentale.

L’on rapporte que des djihadistes chinois auraient reçu « une formation terroriste » de l’État islamique « dans le but de perpétrer des attaques en Chine ». L’objectif déclaré de ces entités djihadistes situées en Chine (servant les intérêts des États-Unis) est d’établir un califat islamique s’étendant jusque dans l’ouest de la Chine. (Michel Chossudovsky,  America’s War on Terrorism, Global Research, Montréal, 2005, chapitre 2).

 

 


TERRORISTES D’ORIGINE INTÉRIEURE

 


23. Les terroristes c’est nous  : Les États-Unis sons les architectes inavoués du groupe armé État islamique et le mandat sacré d’Obama est de protéger l’Amérique contre les attaques de l’EI.

 


24. La menace terroriste d’origine intérieure est une fabrication. Les gouvernements occidentaux et les médias en font la promotion dans le but d’abroger les libertés civiles et d’instaurer un État policier. Les attaques terroristes perpétrées par de présumés djihadistes et les avertissements d’attentats des terroristes sont invariablement mis en scène. Ils sont utilisés pour créer une atmosphère de peur et d’intimidation.


Les arrestations, les procès et les condamnations de « terroristes islamiques » visent pour leur part à entretenir la légitimité du Homeland Security, l’État sécuritaire des États-Unis, et de l’appareil d’application de la loi, de plus en plus militarisé.


L’objectif ultime est d’inculquer dans l’esprit de millions d’Étasuniens l’idée que l’ennemi est réel et que l’administration étasunienne va protéger la vie de ses citoyens.


 

25. La campagne de « lutte au terrorisme » contre l’État islamique a contribué à la diabolisation des musulmans, qui, aux yeux de l’opinion publique occidentale, sont de plus en plus associés aux djihadistes.

 

26. Toute personne qui ose remettre en question la validité de la « guerre mondiale au terrorisme » est accusée d’être un terroriste et soumise aux lois antiterroristes.

 

Le but ultime de la « guerre mondiale au terrorisme » est de soumettre les citoyens à l’autorité, de dépolitiser complètement la vie sociale aux États-Unis, d’empêcher les gens de penser et de conceptualiser, d’analyser les faits et de contester la légitimité de l’ordre social inquisitorial qui gouverne le pays.


L’administration Obama a imposé un consensus diabolique avec le soutien de ses alliés, sans compter le rôle complice du Conseil de sécurité des Nations Unies. Les médias occidentaux ont adopté le consensus ; ils décrivent le groupe État islamique comme une entité indépendante, un ennemi extérieur qui menace le monde occidental.

 

 

Le grand mensonge est devenu vérité.

 

Dites non au « grand mensonge ».

Passez le mot.

Au bout du compte, la vérité est une arme puissante.

Aidez-nous s’il vous plaît à aller de l’avant. Nous comptons sur l’appui de nos lecteurs.

 

Pour la paix et la vérité dans les médias.



Par Michel Chossudovsky - Traduction : Julie Lévesque pour Mondialisation.ca - le 22 novembre 2014

 

 

Article original en anglais : Twenty-six Things About the Islamic State (ISIL) that Obama Does Not Want You to Know About

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La France sous influence - L’ambiguïté de Charlie Hebdo

La France sous influence -           L’ambiguïté de Charlie Hebdo | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Diana Johnstone - redicecreations.com

 


 

La France sous influence

L’ambiguïté de Charlie Hebdo

Par Diana Johnstone (*)

 

 

La France sous influence

 

Les assassinats terroristes à Charlie Hebdo ont frappé la France à un moment où elle a un gouvernement impopulaire et un président faible, où des usines ferment et où des emplois sont perdus, où la politique économique de la France est définie par l’Allemagne via l’Union européenne et où sa politique étrangère est déterminée par les États-Unis via l’OTAN. À part lors du moment thérapeutique de solidarité le 11 janvier, le pays se sent secoué par des vents contraires auxquels il ne peut résister.

 

Malheureusement, une certaine symétrie se manifeste en France : Israël entreprend délibérément et avec constance tout ce qui peut attiser la peur chez les juifs français, dans le but de convaincre cette population désirable d’émigrer en Israël. Tsahal organise chaque année des campagnes de soutien à Paris et un certain nombre de juifs français accomplissent leur service militaire en Israël.

 

En même temps, ce qu’on appelle l’« État islamique » et « al-Qaeda au Yémen », ainsi que des groupes islamiques fanatiques qui leur sont associés, travaillent assidument à recruter des combattants issus des communautés musulmanes, en France et dans d’autres pays européens. Quelque 1 400 djihadistes ont quitté la France pour se rendre en Syrie et y rallier la Guerre sainte. Ils sont attirés par la perspective héroïque d’aider à « construire le Califat », une sorte d’Israël pour musulmans, une terre sainte retrouvée.

 

La campagne de recrutement de Netanyahou jouit du soutien de médias occidentaux tels que Fox News, qui répand des rumeurs terribles suggérant que les juifs ne sont pas en sécurité en France. Ceci contribue à menacer la France de boycott par les juifs américains, un désastre potentiel pour l’économie et les relations publiques, qui suscite indéniablement la panique dans les cercles gouvernementaux français. Les dirigeants français ne sont pas seulement fermement attachés personnellement à la communauté juive, ils craignent aussi l’opprobre de voir leur pays fustigé comme « antisémite ».

 

Netanyahou s’est imposé au premier rang des VIP venues à Paris le 11 janvier pour rendre hommage aux victimes de Charlie Hebdo. Hollande était furieux que Netanyahou ait profité de l’occasion pour jouer les enjôleurs, claironnant aux juifs français que leur seule « maison » est Israël. C’est sans doute la même colère qu’éprouve Obama quand il voit Netanyahou honoré par des standings ovations au Congrès. Mais, comme Obama, Hollande n’a pas osé s’opposer ouvertement à cette intrusion.

 

Au demeurant, il n’ose pas s’opposer non plus aux obscures ingérences en France du grand fournisseur de pétrole et acheteur d’armes, l’Arabie saoudite, ni à celles du grand investisseur, le Qatar, tous deux soutiens de l’extrémisme islamique.


Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu est venu dire à Hollande qu’il doit traiter les musulmans avec des égards et protéger leurs mosquées. Mais la Turquie soutient aussi les extrémistes islamiques en Syrie, qui recrutent de jeunes Français pour en faire des terroristes, et il est un piètre modèle en matière de liberté et de tolérance. La présence de Petro Porochenko, qui est devenu président de l’Ukraine uniquement grâce au désordre créé par les tireurs d’élite néonazis à Kiev, était un signal que la France doit adhérer aux sanctions antirusses imposées par les États-Unis, des sanctions qui contribuent au désastre économique de la France.

 

Des pressions extérieures poussent maintenant la France à une guerre au Moyen-Orient qu’elle ne peut ni se permettre ni gagner.

L’atmosphère de défiance est si lourde désormais que les théories de l’attentat sous « fausse bannière » fleurissent sur internet, nourries par des bizarreries dans le récit officiel. L’information selon laquelle un des frères Kouachi a oublié sa carte d’identité dans la voiture avec laquelle il s’enfuyait, facilitant ainsi l’identification rapide des tueurs, relève de la catégorie « ça ne s’invente pas » et on ose croire que n’importe quel auteur d’attentat sous fausse bannière aurait inventé quelque chose de plus crédible.

 

À ce sujet, on peut faire remarquer, premièrement, que l’incompétence humaine est infinie, et deuxièmement, que lorsque ceux qui sont au pouvoir se précipitent pour profiter d’un merle blanc, cela ne prouve pas que ce sont eux qui l’ont créé. Ceux qui dictent le récit ont les moyens de profiter des événements. Comme avec le 11 septembre, l’histoire officielle est que les terroristes « veulent détruire nos libertés », comme si des décennies de destruction au Moyen-Orient n’avaient rien à y voir. C’est le genre d’argument qui prépare la population à appuyer la guerre.

 

L’un des frères Kouachi, qui a fait feu sur les membres de Charlie Hebdo, et Amedy Coulibaly, qui a mitraillé une supérette casher, ont donné des interviews téléphoniques à BFMTV quelques heures avant d’être tués dans les attaques de la police. Kouachi a fait valoir qu’il était motivé par l’agression des États-Unis au Moyen-Orient. Sa conversion au djihad a commencé en regardant la destruction de l’Irak par les États-Unis et des photos d’Irakiens torturés par les Américains à Abou Ghraib.

 

Les frères Kouachi ont prétendu agir au nom de l’État islamique en Irak et en Syrie (EIIL). Coulibaly a dit qu’il obéissait aux ordres d’al-Qaida au Yémen – un endroit où de multiples attaques de drones américains ont tué d’innombrables quidams innocents. Coulibaly a dit qu’après avoir accompli une peine de prison pour vol, il avait rôdé autour des mosquées pour tenter de convertir des gens au djihad.

 

Il est parfaitement concevable que le motif de base pour l’attaque de Charlie Hebdo ne soit même pas de « venger le Prophète », mais d’impressionner, inspirer et recruter des musulmans qui rejoindraient le grand djihad pour rétablir le Califat au Moyen-Orient. Charlie Hebdo était une proie facile dotée de valeur symbolique. Dans la mesure où ce désastre sert à renforcer chez les jeunes musulmans leur sentiment d’aliénation, l’objectif de recrutement risque d’avancer.

 

La France est obligée de prendre des mesures pour limiter les voyages pour la Guerre sainte entre la Syrie et la France. On parle beaucoup de restaurer l’autorité et les « valeurs républicaines » dans les écoles. Mais les dirigeants français doivent examiner lucidement leur politique étrangère totalement incohérente, et, pour le moment, ils n’en donnent aucun signe. En assumant la direction symbolique de la guerre pour un changement de régime en Libye, la France a jeté ce pays dans le trou noir de l’extrémisme islamique. La France a collaboré à l’assassinat de Kadhafi, dont la philosophie développée dans son « Livre vert » était la risée de l’Occident. C’était toutefois une tentative d’offrir une vision moderne et modérée des principes de l’islam dans le but de combattre le fanatisme islamique qui avait toujours été son principal ennemi intérieur – et qui a tiré profit de sa mort. La destruction par l’OTAN de la Libye de Kadhafi a poussé la France à faire la guerre au Mali, à la poursuite d’un ennemi insaisissable que Kadhafi était parvenu à contrôler.

 

La France, comme les États-Unis, désigne le terrorisme islamique comme son grand ennemi, tout en faisant son possible pour favoriser sa croissance et son extension. Le soutien constant des États-Unis à Israël, même pendant les bombardements meurtriers de Gaza sans défense, même lorsque le Mossad assassine des scientifiques en Irak ou en Iran, ou même lorsque des avions de combat israéliens tentent délibérément de couler un navire de la Marine américaine, l’USS Liberty font apparaître les États-Unis comme manipulés par Israël, tandis que la France paraît manipulée par les deux, Israël et les États-Unis.

 

Pendant plus d’un demi-siècle, l’Occident s’est systématiquement opposé aux États nationalistes laïques du Moyen-Orient, à commencer par l’Égypte de Nasser, en y exigeant en vain une démocratie de style occidental, alors que celle-ci est dénuée de bases sociales adéquates. Israël a toujours craint le nationalisme arabe avant tout, car il pouvait potentiellement gagner la Palestine. Le fanatisme religieux lui a paru plus sûr. Le nationalisme arabe était l’espoir politique positif de la région, et une fois cet espoir brisé, l’extrémisme islamiste s’est engouffré dans la brèche. Cette bataille se poursuit en Syrie, sous la direction de la France qui s’oppose à Bachar al Assad. Ce qui signifie, de fait, soutenir les islamistes au moment où Assad se prépare à leur faire la guerre.

 

La folie évidente de cette situation est le reflet d’un gouvernement français qui ne semble plus capable de définir une politique dans son propre intérêt, et que les tourbillons de la mondialisation font chanceler.

 

 

Blasphème et pornographie

 

La France résonne de proclamations selon lesquelles nous devons continuer à publier des caricatures attaquant les musulmans dans le style Charlie Hebdo, faute de quoi nous céderions aux revendications des islamistes. Pour affirmer notre liberté, nous devons prouver que nous n’avons pas peur de commettre un blasphème.

 

Il faut être animé d’un certain esprit religieux pour prendre le blasphème au sérieux. Franchement, le mot ne signifie quasiment rien pour moi.

 

Le blasphème signifie quelque chose si vous craignez d’offenser votre propre dieu, qui vous a averti que cela vous coûterait cher.

Mais insulter le dieu de quelqu’un d’autre n’est pas du blasphème. Cela n’affecte pas vos relations avec dieu (ce qui est la signification du blasphème), cela touche d’autres gens, ceux qui croient dans le dieu que vous avez insulté.

 

L’idée qu’il est très audacieux de commettre un blasphème contre un dieu dans lequel vous ne croyez pas n’a pas de sens pour moi. Spécialement lorsque ce n’est pas un dieu officiellement adoré dans la société où on vit, mais celui d’une minorité plutôt impopulaire. Dans le milieu de Charlie Hebdo, insulter des convictions musulmanes était certainement le moyen le plus sûr d’amuser les copains. C’était censé aider la vente du journal.

 

D’un autre côté, dessiner des caricatures qui rendent des quantités de gens furieux au point de commettre un meurtre relève du défi plutôt que du blasphème. On est toujours libre de lancer un défi. Mais le bon sens commande de se demander si cela en vaut la peine.


Supposons que vous n’aimiez pas certains aspects d’une religion particulière et que vous souhaitiez combattre de telles croyances. Est-ce que dessiner des caricatures qui réunissent des millions de gens dans la même indignation est le bon moyen ? Si ce n’est pas le cas, ce n’est intellectuellement pas plus important que le saut à l’élastique. Ouais ! Regardez comme je suis audacieux. Et alors ?

 

Il existe bien des méthodes plus efficaces pour débattre de la religion. Prenez comme modèle les philosophes des Lumières au XVIIIe siècle. Des insultes répétées vont probablement unir davantage les gens dans la défense de leur foi. Ce n’est là qu’une considération pratique, qui ne tient pas compte de la « liberté ».

 

D’un autre côté, l’insulte pourrait être une provocation commise précisément pour faire sortir les croyants au grand jour, de manière à pouvoir les attaquer. Cela pourrait être un motif secret de promotion de telles caricatures. Provoquer des musulmans à défendre leur religion d’une manière totalement absurde, qui heurte la majorité de notre population, de façon à pouvoir les ridiculiser encore plus et peut-être prendre des mesures contre eux – guerre au Moyen-Orient (aux côtés d’Israël), ou même expulsion de nos pays (une idée qui monte…).

 

Dans le cas spécifique de Charlie Hebdo, la grande majorité des caricatures prétendument blasphématoires n’avait rien à voir avec la foi musulmane, mais était plus ou moins pornographique, assortie de croquis d’organes sexuels masculins. La présence du phallus était « le gag ». Ce mélange tend à brouiller les cartes. Le problème est-il le blasphème ou l’insulte gratuite ? On est libre de faire les deux, évidemment, mais est-ce un argument à propos de la religion ou un saut à l’élastique ?

 

C’était apparemment vrai du numéro suivant le drame de Charlie Hebdo, imprimé à sept millions d’exemplaires avec une subvention d’un million d’euros du gouvernement français. Pour le grand public, la couverture dessinée par l’artiste survivant Luz (Rénald Luzier) était une image de réconciliation pacifique, montrant la tête d’un homme coiffé d’un turban, explicitement censé représenter Mahomet, qui verse une larme et tient un panneau « Je suis Charlie » sous la déclaration « Tout est pardonné ». La larme était authentique : Luz pleurait tandis qu’il dessinait. Comme il l’a expliqué en détail lors des funérailles du rédacteur en chef de Charlie, Charb (Stéphane Charbonnier), lui et Charb étaient amants. Mais Luz voulait aussi faire rire ses collègues avec cette couverture, et ils se seraient effectivement mis à rire. Pourquoi ? Selon des commentaires publiés sur internet, la couverture était aussi une plaisanterie interne, parce qu’elle incluait deux dessins cachés de pénis – la marque déposée de Charlie. C’était une bonne plaisanterie bien crade pour les mômes Charlie. « Nous sommes comme des enfants », a dit Luz.

 

Pendant les funérailles de Charb en France, des émeutes ont éclaté devant les ambassades françaises dans des pays musulmans, du Pakistan au Nigéria. La foule a brûlé des drapeaux français et a manifesté violemment à Alger. Je suis allée à Alger à deux reprises, et j’y ai vu assez de choses pour me rendre compte qu’il y a dans ce pays un profond fossé entre une classe sociale d’intellectuels, moderne, éduquée et laïque, qui brûle de libérer le pays des entraves de l’irrationalité, et des masses de jeunes hommes faiblement éduqués et fidèles aux interprétations simplistes du Coran. Il y a un conflit d’idées profond et dramatique en Algérie. Certains intellectuels vont courageusement jusqu’à défendre publiquement l’athéisme, dans l’espoir d’influencer leurs compatriotes.

 

Les musulmans ont vu la dernière caricature de Charlie comme une répétition des insultes obscènes dirigées contre leur Prophète – pas seulement un blasphème, mais une gifle pornographique. Leurs émeutes représentent un danger pour les intellectuels d’Alger qui sont en mesure de promouvoir la raison et la laïcité dans leur pays. Leur sécurité dépend de leur protection par l’armée. Si la rage des islamistes contre l’Occident influence un grand nombre de soldats ordinaires, les conséquences pourraient être dramatiques. Le tumulte provoqué par Charlie a donné une carte maîtresse aux extrémistes islamistes contre les défenseurs des Lumières.

 

Les humoristes de Charlie Hebdo étaient un peu comme des enfants irresponsables qui jouent avec des allumettes et qui ont mis le feu à la maison. Ou peut-être à plusieurs maisons.

 

 

Par DIANA JOHNSTONE (*) - traduit par Diane Gilliard, révisé par Chris et Marcel Barang, pour Arrêt sur Info - le 20 janvier 2015


Source : 

http://www.counterpunch.org/2015/01/20/france-under-the-influence/

 

(*) Diana Johnstone est une universitaire et journaliste américaine. Diplômée d'études slaves, elle a obtenu son doctorat à l'Université du Minnesota. Journaliste à l'Agence France Presse dans les années 1970, elle a séjourné en France, en Allemagne et en Italie, avant de s'installer définitivement à Paris en 1990. (Source Wikipédia)

Elle est l’auteur de Fools » Crusade: Yugoslavia, NATO, and Western Delusions. Son nouveau livre, Queen of Chaos : the Misadventures of Hillary Clinton, sera publié par CounterPunch en 2015. Pour lui écrire : diana.johnstone@wanadoo.fr


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Un ancien d'Al-Qaïda dénonce la collaboration entre l'EIIL, la CIA et Baghdadi

Vidéo de 11’37" - sous-titrée en français - Voir la version longue (41’07 ") : ici

 

 Un ancien d’Al-Qaïda dénonce la

collaboration entre l’EIIL et la CIA

 

Nabil Na’im Aboul Fattah est le fondateur du parti « Djihad démocratique » ainsi qu’un contributeur à Asharq Al-Awsat, un important quotidien panarabe en tant qu’analyste sur les questions concernant les groupes fanatiques religieux. Il a également été le chef du Djihad islamique égyptien de 1988 à 1992 puis un conseiller du gouvernement Égyptien après son arrestation en 1991.Il a été libéré en 2011 après la révolution égyptienne et après avoir écrit avec Ismail Nasr un document indiquant qu’il abandonnait la violence envers l’État.


Le texte qui suit et un résumé et un approfondissement des propos qu’il a tenus dans la vidéo « révélations d’un ancien cadre d’Al-Qaïda sur l’EIIL»


Voici un extrait  :


Al-quaida de l’époque soviétique a nos jours :


Al-Qaida a été fondé en 1989, il est financé par une ONG qui s’occupe de prélever la charité (Zakat) appelée Organisation Internationale de Secours Islamique (OISI) dont le siège est basé à Jeddah en Arabie Saoudite. Les fonds destinés à Al-Qaida étaient récupérés en grande partie dans les pays du golfe sans qu’ils aient besoin de se cacher. L’OISI était censée s’occuper de l’aide humanitaire au Pakistan et était une couverture parfaite pour le déplacement des djihadistes et du matériel en Afghanistan.

 

L’opération était géré par un certain Sulaiman Abdul Aziz Al Rajhi, un banquier saoudien extrêmement riche associé aux services secrets saoudiens. La CIA fournissait alors de l’équipement et la formation pour lutter contre l’URSS.

 

Après la conquête de l’Afghanistan, les USA ont tenté de se débarrasser d’Al-Qaida et de contrôler le pays, sans succès. Cela a « refroidi » leur coopération. Après le 11 septembre, l’opération « Green Quest » menée par plusieurs services dont le FBI, l’ATF et le NCIS et ayant pour but de démanteler les réseaux de financement du terrorisme affaiblit encore plus Al-Qaïda.

 

Après la mort de Ben Laden, Al-Qaïda est racheté et entretenu par le Qatar, et devient un groupe de mercenaires…

 

Par fr.awdnews.com – le 27 novembre 2014

http://fr.awdnews.com/politique/5794-un-ancien-d’al-qaïda-dénonce-la-collaboration-entre-l’eiil-et-la-cia.html

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