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LES MANDARINS APRÉS CHARLIE

Comment ils continuent...

Par Michel Lhomme

 

Le temps judiciaire n’est pas celui des événements et il nous offre du coup parfois de drôles de surprises.


Le 20 janvier s’est tenu le procès intenté par l’Agrif pour « injure publique » et « provocation à la discrimination à la haine et à la violence » contre Saïd Bouamama, auteur du livre Nique la France, et le rappeur Saïdou de la chanson éponyme. 


Lors de ce procès, Madame Dominique Lagorgette, professeure de linguistique à l’université de Savoie, a expliqué que l’expression « Nique la France » pouvait se comprendre comme « une injure de solidarité ». Puis spécialiste d’une nouvelle discipline, la pragmasémantique de l’insulte (sic), elle a disserté sur l’expression « faire la nique » qui semble l’enchanter. Poursuivant les témoins de la défense, Olivier Lecour-Grandmaison, professeur de sciences politiques à l’université d’Évry a lui exprimé son dégoût de la France coloniale et des méchants colons.

 

Ces deux universitaires ont donc exprimé en accord avec la juge et le procureur présents, la solidarité totale avec les prévenus, d’autant plus que, selon Monsieur Lecour-Grandmaison, l’exploitation coloniale se poursuit de nos jours en France (sic). Sans doute voulait-il ici soutenir l’idée d’apartheid soutenue par Manuel Valls. Toujours dans ce même procès, c’est ensuite la « féministe matérialiste » Christine Delphy, du CNRS, « spécialiste » des « minorités persécutées » qui a pris la parole. Pour elle, la guerre d’Algérie continue en France où elle a été transposée par les rapatriés. Enfin, le comble a été atteint par l’écrivain Maurice Rajsfus, président de l’Observatoire des libertés publiques qui a tenu à resituer le texte haineux du rappeur Saïdou dans le contexte de 2010, celui du règne de Sarkozy. Il n’a alors pas hésité à comparer les policiers français qui interviennent dans les banlieues à des policiers nazis, avant de se reprendre juste à temps (c’est un Charlie !) : « Je ne dis pas tous les policiers » !  Il est de notre devoir historique de retenir ces noms.

 

Le procès inéquitable a duré six heures. La procureure sans surprise, a demandé la relaxe, soulignant combien « elle comprenait ces jeunes victimes du racisme ordinaire ». Pour se justifier, mais on ne lui demandait rien, elle a expliqué qu’il y a avait le racisme structurel des dominants, les Blancs, les Français de souche, et des expressions racistes circonstancielles (sic) des exploités, ce qu’on ne saurait bien évidemment pas mettre sur le même plan. 

 

Ce procès s’est déroulé, rappelons-le, le 20 janvier 2015 soit 13 jours après l’attentat de Charlie Hebdo. À en lire le compte-rendu, il apparaît totalement surréaliste et pour cela digne d’être conservé dans les archives politiques pour qui aura à traiter demain de la guerre civile française pouvant survenir. Il est le condensé explicite de la faillite idéologique de la pensée française qui a confondu lutte des classes et lutte des races sans aucun discernement et au mépris de toute dialectique, de toute analyse clairvoyante des réalités. Mais que ces universitaires se rassurent. Outre que leurs travaux n’iront que dans les poubelles de l’histoire, ils ne manqueront pas de rencontrer dans leurs amphis demain le boomerang de leurs propos inciviques. 

 

 

Par Michel Lhomme – metamag.fr – le 23 janvier 2015