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Eduardo Galeano, romancier culte du sous-continent américain

Eduardo Galeano, romancier culte du sous-continent américain | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photos : Eduardo Galeano - libresameriques.blogspot.com.es —

Couverture du livre « Les Veines ouvertes de l’Amérique latine » - renaud-bray.com



 

Eduardo Galeano, romancier culte

du sous-continent américain

 

L’écrivain et journaliste uruguayen, pourfendeur du capitalisme et auteur du fameux Les Veines ouvertes de l’Amérique latine, est décédé lundi à Montevideo d’un cancer du poumon.

 

L’écrivain et journaliste uruguayen Eduardo Galeano est mort lundi à 74 ans des suites d’un cancer au poumon à Montevideo. L’Amérique latine perd un de ses plus prestigieux écrivains, un combattant anti-impérialiste de toujours, acteur militant de la solidarité avec les luttes libératrices menées sur le continent. De Montevideo où il est né et où il a été rédacteur en chef de la revue « Marcha », à Buenos Aires où il a fondé et dirigé la revue « Crisis », de La Havane où il affichait son soutien à la révolution cubaine, à Caracas où il avait lié amitié avec l’ancien président Hugo Chavez, la disparition de Galeano a provoqué une vive émotion. Émissions spéciales sur les radios et les télévisions, déclarations officielles et d’organisations populaires se sont multipliées lundi dans la plupart des capitales du continent sud-américain.

 

La joie de raconter d’Eduardo Galeano ne s’est jamais démentie. Il s’est frotté à différents genres littéraires passant de la narration à l’essai, de la poésie à la chronique rapportant les voix de l’âme et de la rue offrant ainsi une vision de la réalité et de la mémoire.

 

« Les Veines ouvertes de l’Amérique latine » a marqué son œuvre. Paru en 1971 en espagnol puis traduit dans une vingtaine de langues, « Les veines ouvertes de l’Amérique latine », est un réquisitoire contre l’exploitation du continent. « Je n’ai pas eu la chance de connaître Shéhérazade, je n’ai pas appris l’art de la narration dans les palais de Bagdad, mes universités ont été les vieux cafés de Montevideo », confiait-il. Cet ouvrage est une référence pour tous ceux qui souhaitent comprendre l’histoire et l’actualité de ce continent. Son point de départ est une énigme : pourquoi cette terre si richement dotée par la nature a-t-elle été si peu favorisée sur le plan social et politique. Un livre aussi palpitant qu’un roman policier qui raconte le pillage du continent latino-américain d’abord par les Espagnols et les Portugais puis par l’Occident en général et les États-Unis en particulier.

 

Lors du sommet des Amériques à Trinidad-et-Tobago, en 2009, Hugo Chavez avait offert un exemplaire de ce livre à Barack Obama : « En lisant ce livre, vous comprendrez mieux la réalité de nos pays », avait-il lancé au président des États-Unis.

 

Pourchassé par la dictature, emprisonné, Eduardo Galeano avait été obligé de quitter son pays en 1973. Douze ans d’exil avant un retour à Montevideo salué par de chaleureuses manifestations populaires. Outre « Les Veines ouvertes de l’Amérique latine » [Plon, 1999], plusieurs de ses ouvrages ont été publiés en français.

 

Eduardo Galeano affirmait : « Ma seule fonction est d’essayer de mettre à jour une réalité masquée, de parler de ce que nous voyons et de ce qui reste caché. Aucune formule magique ne nous permettra de changer la réalité si nous ne commençons pas par la voir telle qu’elle est. » Et il ajoutait pince-sans-rire : « Nous tous, les Uruguayens, nous naissons en criant « but » ! C’est pour cela qu’il y a tant de bruit dans les maternités. »

 

 

 

Par José Fort - Un article publié dans l’Humanité du 14 avril – josefort.over-blog.com – le 14 avril 2015.

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VENEZUELA - « COURRIER INTERNATIONAL », LE PRODUIT OFFSHORE DU « MONDE »

VENEZUELA - « COURRIER INTERNATIONAL », LE PRODUIT OFFSHORE DU « MONDE » | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : président Maduro avec les représentants du Congrès Juif Mondial

 


« COURRIER INTERNATIONAL »,

LE PRODUIT OFFSHORE DU « MONDE »

Par Thierry Deronne (*)

 

Lorsque la Guerre froide cèdera la place à l’équilibre multipolaire, les historiens souriront en étudiant la propagande médiatique déployée autour de la démocratie participative la plus avancée de l’Amérique Latine. D’un Paulo Paranagua (Le Monde) écrivant que Chavez avait nui à l’unité latino-américaine au moment précis où l’ensemble des gouvernements, organismes multilatéraux et mouvements sociaux du continent saluaient l’œuvre du principal artisan de l’unité (1), à un François-Xavier Freland expliquant pourquoi des millions de Vénézuéliens saluaient la dépouille mortelle du « dictateur » Chavez : « oh vous savez il y a beaucoup de curieux » (2). Sans oublier ce Libération de 2006 où Jean-Hébert Armengaud, actuel rédacteur en chef de Courrier International, coupa et remonta un discours du président bolivarien pour prouver qu’il était antisémite (3).

 

Cette campagne lancée par le « Guysen Israël News » et relayée par la section argentine du Centre Wiesenthal, fut démontée le 11 janvier 2006 par le site ACRIMED qui révéla le trucage (4). Le président de la Confédération des Associations Juives du Venezuela Fred Pressner expliqua que Chavez n’avait rien d’antisémite, critiquant le Centre Wiesenthal pour sa précipitation et son refus de s’informer auprès de la communauté locale : « Vous avez interféré avec notre statut politique, notre sécurité et notre bien-être en tant que communauté. Vous avez agi unilatéralement, sans nous consulter, sur des thèmes que vous ne connaissez pas et ne comprenez pas » (5). Tant l’AJCommittee (Global Jewish Advocacy) que le Congrès Juif Américain appuyèrent le point de vue de la communauté juive du Venezuela pour qui les propos du président bolivarien avaient été totalement manipulés.

 

Ses autorités se réunirent ensuite avec Chavez pour souligner publiquement d’excellentes relations jamais démenties depuis, comme en témoigne la réunion du président Maduro avec les représentants du Congrès Juif Mondial en novembre 2014 (photo) à New York (6).

 

Jean-Hébert Armengaud a caché ces faits aux lecteurs et a refusé d’admettre sa faute professionnelle. Il est devenu en 2012 rédacteur en chef de Courrier International, un produit du groupe Le Monde qui recycle des articles puisés dans l’apparente diversité qu’assure l’hégémonie des grands groupes médiatiques internationaux…

 

En 2007 cet hebdomadaire publie un article intitulé « Poutine et Chavez, de drôles de démocrates ». Quelques jours avant la tenue d’un référendum sur la constitution au Venezuela, Philippe Thureau-Dangin parle de « coups d’État en forme de plébiscites » et parie sur une victoire de Chavez pour l’analyser par avance : « on ne fait plus de coups d’État baïonnette au canon ; on se contente de les faire avaliser, tout à fait légalement, par des peuples subjugués ». Hélas pour Courrier International Chavez perd le référendum et félicite aussitôt l’opposition ! (7).

 

Le Venezuela bolivarien a organisé un nombre record de scrutins (19 en 15 ans), reconnus comme légitimes et transparents par les observateurs de l’Union Européenne, de l’Organisation des États Américains ou de l’Association des Juristes Latino-américains. « Excès de démocratie » pour l’ex-président du Brésil Lula. Meilleur système électoral du monde selon Jimmy Carter qui a observé 98 élections dans le monde (8). En mai 2011 le rapport de la canadienne Fondation pour l’Avancée de la Démocratie (FDA), qui prend régulièrement le pouls des systèmes politiques, place le système électoral du Venezuela à la première place mondiale pour le respect des normes fondamentales de démocratie et d’équité sociale (9).


L’ONG chilienne LatinoBarometro (10) soutenue entre autres par le BID (Banque Inter-Américaine de Développement), le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), l’OEA (Organisation des États Américains), l’états-unien Office of Research et les agences de coopération des gouvernements suédois, norvégiens et canadiens, a établi dans son rapport 2013 que le Venezuela bat tous les records de confiance citoyenne dans la démocratie pour toute l’Amérique Latine (87 %) suivi de l’Équateur (62 %) et du Mexique (21 %). Pour Latinobarometro, « le Venezuela est le pays où on observe la plus grande différence entre ce que pensent ses citoyens de leur démocratie et l’image qui circule dans la communauté internationale ».

 

Le 10 février 2015, dès qu’éclate le scandale de la fraude fiscale organisée par HSBC pour ses clients, Courrier International tire à nouveau plus vite que son ombre et affirme que « la révolution bolivarienne confiait son argent à HSBC » (11), laissant entendre qu’il y a eu fraude et que le gouvernement bolivarien refuse de s’expliquer. L’objectif de Sabine Grandadam est transparent : surfer sur le scandale HSBC pour créer l’image d’une révolution corrompue. De fait, grâce à la convergence croissante des médias commerciaux et des médias sociaux, le buzz s’opère.

 

Or, la seule référence à l’Etat sur la liste vénézuélienne de Falciani concerne la Banque du Trésor qui en 2005 avait ouvert trois comptes à HSBC et une quinzaine d’autres dans des banques étrangères. Il ne s’agit ni de comptes individuels, ni de comptes secrets ni d’une fraude avec comptes codés et sociétés-écrans offshore. Les noms qui apparaissent sont ceux des fonctionnaires qui ont effectué les signatures administratives et l’information n’évoque pas d’irrégularités.

 

Ce ne fut pas la seule fois que l’État vénézuélien déposa une partie de ses fonds dans des banques suisses pour défendre ses intérêts. En février 2008, en pleine bataille légale contre la plus grande compagnie pétrolière états-unienne, ce fut pour protéger une partie de ses revenus pétroliers d’un possible embargo de la part d’Exxon Mobil que le gouvernement bolivarien les transféra dans des banques suisses (en 2014 le tribunal trancha en faveur du Venezuela.) Trois ans plus tard, en 2011, le président Chavez annonça le rapatriement des réserves d’or du pays, qui se montaient à 11 milliards de dollars et se trouvaient dans des banques d’Angleterre, du Canada, de France et des États-Unis. Il décida aussi de transférer les fonds des réserves et du Trésor vénézuélien à des pays membres des BRICS comme la Chine, la Russie et le Brésil, face à de possibles « sanctions » de la part des États-Unis.

 

Ces faits ultérieurs éclairent la relation de l’État vénézuélien avec la banque privée internationale, mais n’ont aucun intérêt pour Sabine Grandadam puisque son objectif est simplement d’associer « révolution bolivarienne » à « corruption ». C’est aussi pourquoi elle reste muette sur les 99 % de la liste « Venezuela » de Falciani (12) : 178 noms et 115 adresses de clients vénézuéliens possédant des comptes individuels à HSBC. On n’y trouve pas de dirigeants politiques de la révolution, ni le président Maduro ou sa famille, mais pas mal de membres du secteur privé, notamment des médias ou de PDVSA (compagnie pétrolière) avant sa récupération par le gouvernement. C’est plutôt une surprise quand on sait que la vulgate médiatique au Venezuela comme sur le plan international est de dénoncer « la corruption des chavistes ».

 

Bien sûr, un journaliste doué d’un minimum de conformisme n’a qu’à se baisser pour traduire les titres dont les grands groupes médiatiques usent pour faire campagne contre le socialisme bolivarien. Chacun est libre d’ajouter sa pierre aux milliers d’attaques subies par le Venezuela depuis qu’une démocratie de gauche y restitue les droits sociaux et politiques a une majorité d’exclus, et consciemment ou non, de renforcer l’environnement médiatique nécessaire aux coups d’État comme celui que le Venezuela vient de déjouer. Il est libre d’occulter à ses lecteurs l’ingérence états-unienne dénoncée par l’ensemble des gouvernements latino-américains (13), et de se refuser à effectuer le moindre reportage sur seize ans d’avancées sociales. Bref, libre d’ignorer la Charte du « Monde » : « 1/Respecter la vérité, quelles qu’en puissent être les conséquences pour lui-même, et ce, en raison du droit que le public a de connaître la vérité ; (..) 9/Ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste (14). »

 

 

 

Par Thierry Deronne (*) - venezuelainfos.wordpress.com – le 18 février 2015-02-19



(*) Thierry Deronne est licencié en Communications Sociales (IHECS, Bruxelles). Après un passage (1986-1988) par l’éducation populaire du Nicaragua révolutionnaire, il s’établit au Venezuela ou il vit et travaille depuis 17 ans. Fondateur de l’École populaire et Latinoaméricaine de Cinéma (1995), cofondateur des télévisions associatives Teletambores et Camunare Rojo Tv, ex-vice-président de la télévision publique Vive TV (www.vive.gob.ve) où il a créé notamment le programme « cours de cinéma ». Réalisateur de documentaires sur l’Amérique Latine (Le passage des Andes [2005] sur les racines bolivariennes du Venezuela ou Carlos, l’aube n’est plus une tentation consacrée à la vie du fondateur du Front Sandiniste Carlos Fonseca Amador. [source : alterinfos.org]


 

Notes :

(1) « L’Amérique Latine et les Caraïbes saluent le principal artisan de l’unité continentale » par Maurice Lemoine,

https://venezuelainfos.wordpress.com/2013/03/12/lamerique-latine-et-les-caraibes-saluent-le-principal-acteur-de-lunite-continentale-par-maurice-lemoine/

(2) Ibidem

(3) http://www.liberation.fr/monde/2006/01/09/le-credo-antisemite-de-hugo-chavez_25785

(4) http://www.acrimed.org/article2241.html

(5) « Venezuela’s Jews Defend Leftist President in Flap Over Remarks« ,

http://forward.com/articles/1874/venezuelaes-jews-defend-leftist-president-in-fla/

(6)http://www.rnv.gob.ve/index.php/president-maduro-met-with-world-jewish-congress

(7) Lire l’article de Maxime Vivas : http://www.legrandsoir.info/courrier-international-degaine-plus-vite-que-son-ombre-et-nous-donne-le-ton.html

(8) http://venezuelanalysis.com/print/7272

(9) http://democracychange.com/

(10) http://www.latinobarometro.org/lat.jsp

(11) http://www.courrierinternational.com/article/2015/02/10/swissleaks-la-revolution-bolivarienne-confiait-son-argent-a-hsbc

(12) Lisible ici : http://offshoreleaks.icij.org/

(13) Lire « L’Amérique Latine serre les rangs autour du Vénézuéla : les États-Unis isolés (avec déclaration intégrale du sommet de la CELAC) »,https://venezuelainfos.wordpress.com/2015/02/05/lamerique-latine-serre-les-rangs-autour-du-venezuela-les-etats-unis-isoles-avec-declaration-integrale-du-sommet-de-la-celac/

(14) « Charte de déontologie des journalistes du Monde », http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2010/11/03/la-charte-d-ethique-et-de-deontologie-du-groupe-le-monde_1434737_3236.html#zWswVzEmDBPYubsI.99.


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Renforcement du pouvoir citoyen et des droits sociaux, sanctions envers les États-Unis : le Venezuela répond à la tentative de coup d’État

Renforcement du pouvoir citoyen et des droits sociaux, sanctions envers les États-Unis : le Venezuela répond à la tentative de coup d’État | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Renforcement du pouvoir citoyen et des droits sociaux,

sanctions envers les États-Unis :

le Venezuela répond à la tentative de coup d’État

Par Thierry Deronne (*)

 

 

Alors qu’en 1973 il restait des médias occidentaux pour s’émouvoir du coup d’État perpétré au Chili, ceux d’aujourd’hui scandent à l’unisson : « Président du Venezuela, laisse-toi te renverser ! C’est pour ton bien ! Renonce à défendre le choix des électeurs ! Renonce à la loi, à la Constitution. Si tu arrêtes un putschiste, nous dénoncerons la répression au Venezuela !». Le bulldozer des news, déjà bien rodé pour créer le personnage Chavez, a été réactivé pour fabriquer le tyran Maduro qui agite au loin un poing brutal pour mieux écraser des foules fanatisées alors que la voix feutrée de l’opposition de droite ou du porte-parole de la Maison-Blanche, de face, en plan proche, s’étonne de tant de violence.

 

Même lors du coup d’État manqué contre Chavez en 2002, jamais on n’avait observé une telle intensité dans le bombardement médiatique pour nous faire accepter la nécessité d’une intervention extérieure, ou d’un coup d’État, sans attendre les élections.

 

C’est sans doute l’erreur historique, et suicidaire, de la gauche européenne : ne pas avoir démocratisé la propriété des médias, avoir laissé le service public mimétiser « l’information » des grands groupes privés (1). Qu’arriverait-il au journaliste d’un grand média qui parlerait des 40.000 conseils communaux et de conseils du pouvoir citoyen qui apportent la matière grise de nombre de décisions gouvernementales au Venezuela ?

 


Et le Maduro réel ?

Celui que n’isolent pas les téléobjectifs de l’AFP et de Reuters ?

 

Le jeudi 26 février, lors de la création du nouveau Conseil des personnes handicapées et des personnes âgées (2), il a approuvé les crédits pour octroyer 300 mille pensions de plus, ce qui élève les bénéficiaires de ce droit à trois millions de citoyen (ne) s. Il a confirmé l’octroi de 10.000 allocations de santé pour mieux protéger les personnes âgées. Il a félicité les employés de la nouvelle mission sociale « Foyers de la patrie » qui a visité en une fin de semaine 200 communautés populaires, soit 25 mille familles : « Cette méthodologie nous permet d’arriver directement jusqu’aux familles en évitant les mafias des intermédiaires ».

 

Avant d’entamer à travers le territoire un nouveau cycle de « gouvernement de rue » (3) Maduro a rappelé l’idée centrale de sa politique : malgré la guerre économique (4) et la chute des prix du pétrole, pas d’austérité, mais l’approfondissement d’un État social et participatif. « Comme le dit le maire Rodriguez, on nous agresse parce que nous sommes un gouvernement des pauvres. Il n’y a que dans le socialisme que les ressources sont administrées en fonction de celui ou celle qui en a besoin ».

 

Pendant cette assemblée un gros dossier arrive aux mains de Maduro. Anibal, affecté d’une incapacité de l’ouïe, un des porte-paroles du nouveau conseil national, prend la parole en langage de signes : « Nous sommes 120 porte-paroles venus des 24 états du pays, nous avons travaillé ensemble sur ces propositions ». « C’est pour cela que j’ai créé les conseils de gouvernement populaire, pour que le peuple prenne le pouvoir, pour qu’il assume le pouvoir politique, pour qu’il se convertisse en peuple président » lui répond Maduro. (5)

 

Le samedi 28 février lors d’une mobilisation populaire contre l’ingérence des États-Unis, le président a poursuivi : « The Wall Street Journal a écrit récemment que l’heure est venue de m’appeler tyran, je réponds : je serais un tyran parce que je ne me laisse pas renverser ? Et si je me laisse renverser, je serais un démocrate ? Le peuple devrait permettre que s’installe un « gouvernement de transition », éliminant la Constitution ? Je ne le permettrai pas et s’il le fallait je me battrai dans la rue avec notre peuple et nos forces armées. Nous voulons construire la paix, la stabilité la coexistence, la vie en commun. Que ferait le président Obama si un coup d’État était organisé contre son gouvernement ? Celui qui persiste dans ses activités terroristes, putschistes, celui qui agit hors de la Constitution, sera arrêté pour être jugé même si The Wall Street Journal ou le New York Times m’appellent le tyran, ce n‘est pas la tyrannie, non, c’est tout simplement la loi. »

 

Durant cette marche qui a parcouru les rues de Caracas, Maduro a signé un décret indemnisant 74 familles de victimes du « Caracazo » (6) : en 1989, après deux jours d’émeutes populaires qui suivirent l’application des mesures néo-libérales exigées par le FMI, le président social-démocrate Carlos Andrés Pérez avait suspendu les garanties constitutionnelles et avait envoyé l’armée « rétablir l’ordre ». En 72 heures, 2000 à 3 000 personnes furent assassinées. Maduro a rappelé que cette même austérité de choc fait partie du programme que la droite vénézuélienne avait prévu d’appliquer en cas de succès du coup d’État le 12 février 2015 (7).

 

Jusqu’à l’élection de Hugo Chavez, aucun gouvernement n’avait accepté de reconnaître les fosses communes, les disparitions, et les tortures. Les 74 indemnisations décrétées par Maduro s’ajoutent aux 596 accordées à d’autres familles par le gouvernement bolivarien.

 

Par ailleurs, le président a annoncé quatre mesures en réponse aux sanctions imposées par les États-Unis en violation du Droit international et dénoncées par l’ensemble des pays latino-américains (8), ainsi qu’aux 168 déclarations officielles émises par l’administration Obama contre le gouvernement bolivarien de 2014 à 2015 :

 

1 — L’entrée du territoire vénézuélien est interdite aux fonctionnaires étasuniens complices d’actes terroristes, de violations de droits de l’homme, de crimes de guerre.

 

Parmi ceux-ci l’ex-président George W. Bush, l’ex-vice-président Dick Cheney ; l’ex-directeur de la CIA George Tenet, notamment liés au massacre de centaines de milliers d’Irakiens sur la base du mensonge des « armes de destruction massive » et à la création de centres de torture – prisons secrètes en Europe, Abu Ghraib, Guantanamo, etc. « Interdit aussi d’accorder des visas aux citoyens américains qui ont violé les droits humains et ont bombardé des populations civiles ».

 

La décision concerne aussi les congressistes d’extrême droite Bob Menendez, Marco Rubio, Ileana Ross-Lehtinen et Mario Diaz-Balart, proches du réseau terroriste du Cubain Posada Carriles qui vit actuellement aux USA sous la protection des autorités.

 

2 —  Adéquation du nombre de fonctionnaires de l’Ambassade des États-Unis à Caracas. Le gouvernement étasunien y maintient plus de 100 employés alors que seulement 17 fonctionnaires vénézuéliens sont autorisés à travailler à l’ambassade vénézuélienne à Washington. La chancelière Delcy Rodriguez a rappelé que cette faculté de demander l’équilibre du nombre échoit à tout gouvernement en vertu de la Convention de Vienne.

 

3 — Réciprocité en matière de visas. « Les citoyens vénézuéliens qui voyagent aux États-Unis doivent payer pour obtenir un visa. À présent, pour rétablir l’égalité de traitement, les Étasuniens qui nous visitent devront obtenir un visa et payer ce que paye un Vénézuélien qui voyage aux États-Unis ».

 

4 — « Finies, les réunions des fonctionnaires étasuniens pour conspirer sur notre territoire ». Les responsables de l’ambassade étasunienne à Caracas ont été informés que dorénavant « toute réunion réalisée par eux au Venezuela devra être notifiée et approuvée par le gouvernement du Venezuela », conformément aux articles 41 et 41.2 de la Convention de Vienne.

 

Maduro a révélé : « nous avons détecté et capturé certains Étasuniens engagés dans des activités secrètes, notamment d’espionnage, essayant de recruter des gens dans les villages frontaliers avec la Colombie et sous influence paramilitaire. Dans l’État du Táchira, nous avons capturé un pilote d’avion étasunien d’origine latino-américaine, avec toute sorte de documents. Il est en train de faire des révélations ».

 

En concluant son discours, Maduro a réaffirmé son respect pour le peuple étasunien ainsi que pour la communauté afro-américaine, hispanique et caraïbe souvent victimes des violations de droits de l’homme de la part de leur propre gouvernement, rappelant que ces mesures ne sont pas prises contre eux, mais contre l’élite qui persiste à s’ériger en policier mondial et à refuser de respecter le principe de souveraineté.

 

 

Par Thierry Deronne (*) - mondialisation.ca - le 1er mars 2015

 

Notes :

(1) Cas récent d’une émission d’ARTE : http://vivavenezuela.over-blog.com/2015/02/le-venezuela-cartes-sur-table-l-humanite.html. En Europe le gouvernement Tsipras montre la voie en rouvrant la télévision publique fermée sur injonction de Bruxelles et en réembauchant tous ses salariés pour que la population jouisse d’un « service public démocratique et pluriel ». Toute révolution citoyenne devrait s’accompagner de la création d’un vaste réseau de médias populaires pour que les citoyens disposent réellement d’informations alternatives.

(2) Sur la nature de ces nouvelles instances de pouvoir citoyen, lire « Démocratisation de l’État, hausse des budgets sociaux : Nicolas Maduro met les bouchées doubles »,

https://venezuelainfos.wordpress.com/2014/12/31/democratisation-de-letat-hausse-des-budgets-sociaux-nicolas-maduro-met-les-bouchees-doubles/

(3) Sur le gouvernement de rue, lire « Nous t’écoutons Claudia »,

https://venezuelainfos.wordpress.com/2013/05/06/nous-tecoutons-claudia/

(4) « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les files d’attente au Venezuela sans jamais oser le demander »,

https://venezuelainfos.wordpress.com/2015/02/07/tout-ce-que-vous-avez-toujours-voulu-savoir-sur-les-files-dattente-au-venezuela-sans-jamais-oser-le-demander/

(5) Voir le point (2) sur la démocratisation de l’État.

(6) « Comment la plupart des journalistes occidentaux ont cessé d’appuyer la démocratie en Amérique Latine »,

https://venezuelainfos.wordpress.com/2014/03/16/comment-la-plupart-des-journalistes-occidentaux-ont-cesse-dappuyer-la-democratie-en-amerique-latine/

(7) Lire « L’« accord de transition » Machado-Ledezma-Lopez : ce que révèle et ce qu’occulte le programme de la droite vénézuélienne en cas de succès d’un coup d’État »,

https://venezuelainfos.wordpress.com/2015/02/22/laccord-de-transition-machado-ledezma-lopez-ce-que-revele-et-ce-quocculte-le-programme-de-la-droite-venezuelienne-en-cas-de-succes-dun-coup-detat/

(8) Lire « L’Amérique Latine serre les rangs autour du Vénézuéla : les États-Unis isolés (avec déclaration intégrale du sommet de la CELAC) »,

https://venezuelainfos.wordpress.com/2015/02/05/lamerique-latine-serre-les-rangs-autour-du-venezuela-les-etats-unis-isoles-avec-declaration-integrale-du-sommet-de-la-celac/

 

 

(*) Thierry Deronne est licencié en Communications Sociales (IHECS, Bruxelles). Après un passage (1986-1988) par l’éducation populaire du Nicaragua révolutionnaire, il s’établit au Venezuela ou il vit et travaille depuis de nombreuses années. Fondateur de l’École populaire et Latinoaméricaine de Cinéma (1995), cofondateur des télévisions associatives Teletambores et Camunare Rojo Tv, ex-vice-président de la télévision publique Vive TV (www.vive.gob.ve) où il a créé notamment le programme « cours de cinéma ». Réalisateur de documentaires sur l’Amérique Latine (Le passage des Andes [2005] sur les racines bolivariennes du Venezuela ou Carlos, l’aube n’est plus une tentation consacrée à la vie du fondateur du Front Sandiniste Carlos Fonseca Amador... [Source : alterinfos.org].


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VENEZUELA : Coup d’État militaire démonté

VENEZUELA : Coup d’État militaire démonté | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Nicolas Maduro -  rt.com


 

 

VENEZUELA : Coup d’État militaire démonté

Par Oscar Fortin

 

Le 12 février dernier marquait le premier anniversaire des actions violentes enclenchées par les forces de l’opposition d’extrême droite pour déstabiliser et renverser le gouvernement de Nicolas Maduro. Comme nous le savons tous, cette opération avait été soigneusement préparée et financée par des fonds venant de Washington et de l’oligarchie nationale. Malheureusement pour eux, le gouvernement a survécu à ces actions « terroristes » et ses principaux instigateurs dans le pays furent arrêtés et faits prisonniers. Une défaite amère qui donna lieu à l’élaboration d’un nouveau plan, cette fois pour janvier et février 2015. C’est de ce plan qu’il est question dans cet article.

 

Il faut dire que l’ambition du pouvoir, mais surtout des richesses qui tombent sous la coupe de ce pouvoir est persistante et tenace. Depuis que Chavez a pris le pouvoir, en 1999, par des élections, tout ce qu’il y a de plus démocratique, et qu’il dota le pays d’une Constitution, reconnue et acceptée par le peuple, les oligarchies nationales, la cupule épiscopale et Washington ne font qu’un pour mettre un terme à cette aventure d’un peuple à la conquête de son indépendance et du contrôle de ses richesses.

 

Ce club des forts et des puissants peut compter sur une presse qui couvre le pays et le monde dont les journalistes sont devenus des spécialistes de la manipulation et de la désinformation. Un instrument indispensable pour diaboliser ceux qui doivent l’être et diviniser ceux qui doivent agir. Il faut que l’opinion publique nationale et internationale voie et comprenne que leurs actions de reconquête du pouvoir ne sont que pour mieux servir les intérêts de ces pauvres gens soumis à un régime inhumain d’un gouvernement socialiste, marxiste, communiste, etc. Les déclarations de l’épiscopat viendront renforcer le rejet moral de ces idéologies « populistes » qui n’auront été que des échecs là où ils ont voulu prendre racine. À ces déclarations s’ajouteront des millions de dollars pour corrompre, acheter et payer des mercenaires et des volontaires pour créer le désordre et commettre des crimes sous fausses bannières.

 

Certains se souviendront du coup d’État militaire d’avril 2002 qui nous révéla à visage découvert certains de ces acteurs ainsi que leur projet funeste de remettre le peuple là où il aurait dû toujours resté et pour reprendre, à leur compte, un pourvoir qui n’aurait jamais dû leur échapper.

 

Suite à cette expérience ratée de coup d’État, une alternative de déstabilisation se présenta du côté des dirigeants et syndicats anti-Chavez de l’entreprise nationale du pétrole vénézuélien PDVSA dont les principaux responsables avaient été nommés par le gouvernement précédent. Ce fut d’abord une grève qui s’étendit sur plusieurs mois, affectant ainsi la principale source de revenus du Venezuela, mais sans donner les résultats escomptés. C’est alors que l’opposition oligarchique se tourna vers cette disposition de la Constitution qui permet de révoquer par référendum un dirigeant qui n’est pas à la hauteur des fonctions qu’il se doit d’assumer. Ce fut alors la grande mobilisation pour obtenir les signatures nécessaires pour enclencher ce référendum révocatoire contre Chavez. Encore là, aucune chance. Le peuple est avec Chavez.

 

Tout au long des années qui vont suivre, le gouvernement Chavez sera harcelé, élection après élection, par Washington et une opposition qui n’ont pas l’intention de démordre, peu importe les moyens à utiliser. En février 2014, les activités de sabotages ont fait plus de 60 morts et plus de cent blessés, sans compter les dommages matériels avoisinant les cent millions de dollars.

 

Cette année, 2015, n’allait pas échapper à ces actions criminelles, toujours présentées par les médias meanstream comme des luttes pour la liberté et le respect des droits humains. Voici en quelques mots le scénario prévu pour janvier et février 2015.

 

Déjà au début de janvier, il y a eu une première déclaration d’un cardinal important de l’Amérique centrale et qui occupe également un poste de grande influence au Vatican. Il s’agit du cardinal Oscar Andres Rodriguez Maradiaga du Honduras qui agit également comme secrétaire du G-9, groupe qui a pour mission de conseiller le pape sur les réformes de la Curie. Ce n’est donc pas n’importe qui. Or, au début de, il a parlé du socialisme de Chavez comme d’une idéologie populiste et en voie de s’écrouler. Une semaine plus tard, ce fut autour de la Conférence épiscopale de dénoncer le socialisme et d’accuser le gouvernement pour les problèmes de distribution des produits de première nécessité. Sur ce type d’interventions, je vous réfère à cet article.

 

Ce fut comme un signal de départ pour amplifier la rareté des biens de première nécessité en contrôlant leur distribution. Il faut savoir que cette distribution est à 70 % sous le contrôle d’entreprises privées. Cette rareté a donné naissance à des files d’attente pouvant durer des heures aux portes des centres de distribution, tout pour exaspérer la population et la soulever contre le gouvernement, présenté par les médias mainstream comme l’unique responsable de cette rareté.

 

Des groupes mobilisés et financés par cette même oligarchie avaient pour mission de faire monter la colère des gens et de les inciter à des actions de sabotages contre les centres de distribution et édifices publics, l’objectif étant de créer le chaos ouvrant la voie à une intervention militaire.

 

Il faut reconnaître au gouvernement de Nicolas Maduro d’avoir bien saisi la nature de ces évènements et de les avoir affrontés pour ce qu’ils étaient. Les entrepôts gonflés de ces biens essentiels ont été découverts et portés à la connaissance du public. Le gouvernement a pris le contrôle des principaux centres de distribution pour rendre accessibles des tonnes d’aliments et de biens essentiels. Il a également pris des mesures pour contrer le commerce au noir de ces biens qui se revendaient à haut prix.

 

Là ne s’arrêtait toutefois pas ce plan de coup d’État. Grâce au service d’intelligence et de jeunes officiers de l’armée, fidèles à la Constitution, le gouvernement a pu démonter, ces derniers jours, ce qui aurait pu devenir un véritable coup d’État militaire réalisé en concertation avec certains membres de l’armée, ayant choisi la corruption et la trahison.

 

Ces militaires ont été identifiés et mis en prison. Leur arrestation a permis au gouvernement d’en savoir plus sur ce plan. L’action militaire devait se dérouler le 12 ou le 13 février, ayant pour objectif principal le bombardement de la Résidence officielle du Président ou de l’endroit où il se trouverait à ce moment, également la destruction du Centre d’information nationale et internationale de telesur.net., entre autres. Ces militaires disposaient d’un visa leur donnant accès en tout temps aux États-Unis. Le gouvernement a également mis la main sur la liste des candidats pour former le gouvernement intérimaire, sur les décisions d’annulation de la constitution dans ses éléments essentiels, etc.

 

Pendant que les militaires procéderaient, des manifestations programmées se réaliseraient dans les principaux centres du pays de manière à créer le désordre et à justifier une loi de couvre-feu de la part des nouveaux gouvernants.

 

En somme, une opération qui emprunte ses bombardements à ceux du Chili d’Allende, qui procède pour la gouvernance sous le modèle du coup d’État militaire de 2002 et qui met à la disposition de la presse nationale et internationale des montages vidéo et des déclarations, créés spécialement pour la circonstance.

 

C’est sans doute en pensant à ce coup d’État militaire qui était planifié pour le lendemain qu’Obama glissa cette phrase lors d’une longue entrevue à Vox : « On est bien obligé de tordre le bras des pays qui ne font pas ce que nous voulons. » Une phrase qui s’appliquerait bien à un gouvernement vénézuélien renversé par un coup d’État militaire soutenu par Washington. Malheureusement pour lui et ses alliés oligarchiques et épiscopaux, le Gouvernement de Maduro est toujours là et ces criminels immédiats de cette autre aventure de coups d’État prennent le chemin de la prison.

 

Ma seule conclusion est celle de dire que les chantres de la démocratie et du néo-libéralisme, de l’humanisme chrétien sont trop souvent, à mon goût, des hypocrites, des menteurs, des manipulateurs qui n’ont pour objectifs que leur prestige et pouvoir personnel.

 

Je suis pour la démocratie, celle qui fait participer le peuple. Je suis pour le néo-libéralisme, soumis aux exigences du bien commun dont l’État est l’ultime responsable. Je suis pour l’humanisme chrétien, celui qui met l’institution ecclésiale au service des Évangiles et qui fait des Évangiles une source d’inspiration pour les peuples.

 

 

 

Par Oscar Fortin - legrandsoir.info - le 13 février 2015

Source :

http://humanisme.blogspot.ca/2015/02/venezuela-coup-detat-militaire-demonte.html


Koter Info's insight:


Quel antidémocrate ou dictateur a pu dire cela ?


« On est bien obligé de tordre le bras des pays qui ne font pas ce que nous voulons. »

Obama - février 2015


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