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Porochenko : criminel dans le Donbass, criminel en Côte d’Ivoire

Porochenko : criminel dans le Donbass, criminel en Côte d’Ivoire | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : © AP Photo/ Rebecca Blackwell

 

 

Porochenko : criminel dans le Donbass,

criminel en Côte d’Ivoire

 

Quand on parle de la guerre civile qui a eu lieu en Côte d’Ivoire, on pense généralement à toutes les magouilles françaises de Chirac à Sarkozy, et des intérêts des grands groupes français, mentionnant à peine l’autre grand fléau ivoirien dû à sa qualité de premier producteur de cacao. Et pour le cacao, ce n’est pas en France qu’il faut chercher.

 

De ce point de vue, la situation en Cote d’Ivoire concernait beaucoup de monde, à commencer par certains de nos voisins, et tous les ténors de ce secteur, comme Porochenko. La France y a joué un rôle de mercenaire, le même qu’en Libye, pour placer un homme choisi par les puissances financières internationales, alors que ses intérêts n’étaient pas vraiment menacés (les grands groupes français étaient toujours aussi solidement implantés dans le pays, malgré la guerre), et Laurent Gbagbo était très ouvert à toutes les négociations avec la France, avec, il est vrai, la carte chinoise qui lui donnait des atouts supplémentaires.

 

 

***

 

 

Le président ukrainien Piotr Porochenko est un criminel. Cela est bien connu. Le génocide engagé contre la population du Donbass a montré clairement son visage, ainsi que celui de ses maîtres étasuniens.

 

Mais il y a une face cachée de ce sinistre personnage que beaucoup ne connaissent pas. Le « roi du chocolat » est également responsable de génocide contre la population de Côte d’Ivoire.

 

Certains ignorent encore d’où vient la richesse du président actuel de l’Ukraine. Cet oligarque pro-occidental a fait sa fortune grâce au chocolat. Sa marque Roshen est de loin le plus gros producteur ukrainien de confiserie et fait partie du TOP 15 mondial (http://fr.wikipedia.org/wiki/Roshen).

 

Chose « incroyable », la marque du président pro-européen a renforcé de près de 10 fois ses positions sur le marché ukrainien depuis l’accès au pouvoir des putschistes à Kiev. Après tout, il faut « bien » utiliser sa position. Les crimes de la junte kiévienne contre la population civile du Donbass sont aujourd’hui connus pratiquement de tous. Les partisans néofascistes de la junte le reconnaissent sans remords. Après tout, l’objectif est clair : éliminer tous ceux qui ne se soumettent pas au diktat pro-US.

 

Mais beaucoup d’Ivoiriens et plus généralement Africains seraient plus qu’intéressés d’apprendre que l’actuel président de l’Ukraine est responsable des crimes en masse contre la population ivoirienne, et du chaos qui s’est créé en Côte d’Ivoire depuis 2002.

 

En effet, Porochenko à l’instar de ses amis occidentaux, n’a jamais caché son aversion pour Laurent Gbagbo, dont les idées et objectifs ne pouvaient aucunement arranger les intérêts oligarchiques des premiers. Le président ivoirien Laurent Gbagbo était révolutionnaire. Il le reste toujours d’ailleurs bien qu’étant emprisonné dans l’injustice totale par la Cour pénale internationale (CPI). Il voulait arracher la dignité pour son peuple, son pays et son continent. Il a dû en payer les frais de la plus dure des manières, dans la lignée des grands leaders d’Afrique : Lumumba, Sankara, Mandela, Kadhafi pour ne citer qu’eux.

 

Les idées révolutionnaires du président Gbagbo concernaient bien évidemment aussi le secteur du cacao, dont la Côte d’Ivoire est le leader absolu en termes de production : plus de 35 % de la production mondiale des fèves de cacao. Plus d’un tiers de chance que les barres de chocolat que nous achetons dans les supermarchés aient été produites grâce aux fèves de Côte d’Ivoire.

 

La volonté de Gbagbo de diversifier les relations dans ce secteur clé de l’économie ivoirienne, notamment avec la Chine, et donner ainsi la possibilité à son pays, de loin le premier producteur mondial, d’en tirer plus profit, n’était aucunement du goût des principales sociétés occidentales du secteur, ni de Roshen de Porochenko… On connait la suite : l’armée néocoloniale française a délogé par les armes le président légitime ivoirien du palais présidentiel en humiliant totalement l’indépendance et la souveraineté ivoirienne.

 

Mais derrière et bien avant l’humiliation ultime, il y avait ceux qui ont contribué à la création de la rébellion armée, et ce depuis 2002. On y retrouve les mêmes : la France (ou plutôt l’Élysée), les USA et… Piotr Porochenko, l’actuel président ukrainien qui ne pouvait lui aussi permettre que le principal producteur mondial de cacao échappe au contrôle de ses énormes intérêts financiers, d’autant plus liés directement à ce secteur.

 

Selon le média eurasien et panafricain EODE TV, qui enquête en permanence sur les réseaux occidentaux en Afrique et qui l’avait abordé depuis avril de l’année dernière, Porochenko n’hésitera donc pas à « investir » dans le massacre des Ivoiriens et dans la déstabilisation de la Côte d’Ivoire : participation au financement de la rébellion armée, guerre entre importateurs, après tout le sang des citoyens ivoiriens ne vaut rien pour les prédateurs assoiffés des énormes profits.

 

Et après cela, quelqu’un s’étonne-t-il encore du massacre massif contre la population de Novorossia, ayant refusé de se soumettre au diktat de Washington et de ses sous-traitants maïdanesques kiéviens ?

 

Le fait est que tôt ou tard, ce sinistre personnage devra bien répondre de ses crimes devant une nouvelle justice internationale (certainement pas à la CPI puisque cette organisation s’est discréditée en tant qu’organe de justice). Et lorsque cela arrivera, en plus des habitants du Donbass, les citoyens de Côte d’Ivoire auront toute la légitimité de demander réparation audit criminel pour tous les crimes, massacres et chaos créés dans leur pays. Ce temps viendra, soyez-en sûrs.

 

Et à chaque fois que vous reverrez encore son sourire hypocrite, ainsi que celui de ses « amis » de l’élite politique occidentale, repensez à toutes ces victimes ivoiriennes ayant pour seule faute le soutien à la dignité de leur nation.

 

Sputnik va obligatoirement revenir sur ce sujet, notamment à travers des témoignages et analyses d’experts. Les bourreaux doivent bien comprendre que l’impunité n’est pas éternelle.

 

 

 

Par Mikhail Gamandiy-Egorov - fr.sputniknews.com – le 30 mai 2015

  

Pour plus d’infos :

- Ukraine : Porochenko sept fois plus riche après une année au pouvoir

- Où va l’argent des oligarques ukrainiens ?

- Une radio américaine accuse Porochenko d’abus de pouvoir

 

 

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Contre les crimes d’Israël

Contre les crimes d’Israël | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Shawan Jabarin, directeur de l’organisation des droits des Palestiniens Al-Haq  (Adri Nieuwhof)

 


Poursuites contre les crimes d’Israël : une boule de neige dont on ne peut arrêter l’avancée

 


Quel est le degré d’importance de la décision de Mahmoud Abbas, président de l’Autorité Palestinienne, de signer le Statut de Rome de la Cour Pénale Internationale (CPI) ? L’éminent avocat des droits de l’Homme Shawan Jabarin parle de cette décision comme d’une boule de neige dont on « ne peut arrêter » l’avancée.

 

Bien que les gouvernements occidentaux aient garanti l’impunité d’Israël pendant des décennies, il existe maintenant une réelle possibilité de conduire les criminels de guerre israéliens devant la justice.

 

Jabarin dirige l’organisation palestinienne Al-Haq à Ramallah. Il a directement souffert des atteintes aux droits de l’Homme par Israël. Préalablement retenu en détention administrative — emprisonnement sans charges ni procès — Jabarin a subi de la part d’Israël une interdiction de voyager fondée sur des « preuves secrètes » de 2006 à mars 2012.

 


Adri Nieuwhof : Considérez-vous que la signature du Statut de Rome soit importante ?

 

Shawan Jabarin : J’aimerais d’abord évoquer un point important. Abu Mazen [Mahmoud Abbas] a signé le Statut de Rome en tant que président de l’État de Palestine. Il a utilisé la CPI comme outil de marchandage pour des raisons politiques et dans l’intérêt des négociations. Mais je pense que les Américains et les Israéliens l’ont coincé et ne lui ont rien donné.

 

Nous avions l’habitude de le pousser à faire la distinction, la différence entre la voie des négociations et de la politique, et la voie du droit absolu des Palestiniens à rejoindre les traités, les corps et les organisations (de l’ONU). Mais eux (à l’Autorité Palestinienne) ont continué à mélanger les deux voies et à considérer cette question comme une question politique. Je ne peux pas dire qu’il a rompu avec cette stratégie. Mais je peux dire qu’il a signé parce qu’il n’a rien obtenu des Israéliens et des Américains et qu’il a vu que le prix à payer par les Palestiniens était très élevé.

 

Il ne s’agit pas que des salaires et ce n’est pas qu’une question d’argent. Il s’agit de leur sang et de leurs vies. À la fin, la population était déçue. Il était clair que le peuple avait perdu l’espoir. Il avait même perdu foi et croyance en ses dirigeants. Je pense qu’Abu Mazen est arrivé à cette conclusion et a traité avec la CPI en ce sens.

 

En tant que Palestiniens, que pouvons-nous obtenir de la signature du Statut de Rome ? Je pense que nous pouvons premièrement poursuivre les criminels israéliens, car s’il n’y a pas de prix à payer par les criminels, ils continueront à commettre leurs crimes encore et encore et encore.

 

Deuxièmement, il y a principalement le crime de la colonisation et le crime commis à Gaza.

 

Je ne pense pas que ce soit facile et que nous arrivions à une solution demain. Cela prendra du temps, il faut un travail professionnel, il faut de la patience.

 

Les Israéliens sont nerveux et la réaction israélienne est agressive, mais je suis sûr qu’à la fin ils tiendront compte de la réalité. Et ils feront face à la grande question de savoir s’ils veulent que l’AP (l’Autorité Palestinienne) continue ou non. C’est la même question pour les Américains et les Européens. En fin de compte, je pense que l’AP est un corps nécessaire pour la communauté internationale. Et pour les Israéliens parce que les Israéliens font porter toutes les responsabilités sur leurs épaules (celles de l’AP). Ils donnent à l’AP le sale boulot. Les sanctions ou la punition par les Israéliens ou les Américains [contre l’AP] n’aident en rien.

 

J’ai eu l’impression que c’était la première fois que les Palestiniens décidaient quelque chose. Ils l’ont exprimé clairement. Ils ont dit qu’ils ne dissoudraient pas l’AP de leurs propres mains, mais que, si les Israéliens voulaient agir, qu’ils prennent aussi leurs responsabilités. Ils ont dit que nous avions autre chose à faire, comme arrêter toute relation avec les Israéliens et les laisser faire ce qu’ils veulent. Les laisser tuer, les laisser déporter, les laisser détruire. Nous arrêterons la coordination sécuritaire, nous arrêterons les relations à tous les niveaux.

 

Comment traiterons-nous avec la CPI en tant qu’ONGs (organisations non gouvernementales) ? Après la demande d’accession, après que la déclaration ait été soumise au bureau d’enregistrement de la CPI, la Palestine a donné à la CPI compétence rétroactive à dater du 13 juin 2014, ce qui couvre l’attaque sur Gaza.

 

La boule de neige avance maintenant et on ne peut l’arrêter. Le camp des officiels n’a pas le plein contrôle et nous, organisations de la société civile, avons assez de marge. Même quand ils voudront traiter différemment avec la CPI dans le futur, nous aurons une marge suffisante pour pousser le bureau du procureur à mener son enquête et démarrer, même sans référence de la partie étatique de la Palestine.


Nous nous coordonnons avec eux [l’AP], nous nous réunissons, mais nous ne saperons pas leur travail et ils ne pourront miner le nôtre. Nous travaillerons parallèlement. Telle est la décision de toutes les organisations de droits de l’Homme en Palestine.

 

AN : Comment les militants des droits de l’Homme peuvent-ils aider à la mise en cause de criminels de guerre ?

 

SJ : Les Palestiniens trouvent de riches ressources dans le mouvement de solidarité internationale partout à travers le monde, de la part de différentes professions, de différents groupes.

 

Tout d’abord, les juristes, professionnels et praticiens peuvent aider à travers leur consultation et leurs idées. Ceux qui sont prêts à bouger peuvent nous rencontrer pour discuter de la façon d’agir. Ils peuvent faire pression sur leurs gouvernements, sur les officiels pour qu’ils ne restreignent pas les Palestiniens et ne les empêchent pas d’agir. Il est temps maintenant de faire voir les doubles normes, il est temps de corriger l’ancien récit et l’ancienne politique du côté des officiels.


La troisième solution est de suivre tous les voyages et visites d’officiels israéliens. Ils peuvent nous fournir des renseignements parce que nous devons continuer à travailler sur la compétence universelle.

 

Deuxièmement, les sociétés sont également responsables [pour leur rôle dans la violation des lois internationales par Israël]. Nous devons discuter pour savoir comment nous pouvons avancer et construire des réclamations.

 

AN : En réaction à la signature du Statut de Rome par Abbas, Shurat HaDin, soi-disant centre juridique israélien, prépare des plaintes pour crimes de guerre contre les Palestiniens. Que ressentez-vous à ce sujet ?

 

SJ : Cela ne me pose pas de problème s’il s’agit d’une affaire juridique et pas d’une affaire politique. C’est une façon pour les Israéliens de faire pression sur les Palestiniens afin de les faire reculer. Mais nous n’avons pas peur. Qu’ils s’activent pour présenter une affaire ou 1.000 affaires. Cela ne nous pose aucun problème. Nous présenterons nos affaires le moment venu, de façon très professionnelle.

 

La population nous soutient et attend impatiemment la justice. Nous considérons la CPI comme un moyen d’arriver à une paix réelle dans cette zone. Parce que les criminels ne paient pas le prix, ils commettront leurs crimes encore et encore.

 

Punir les criminels israéliens, sanctionner Israël, désinvestir, voilà le moyen de construire, ou de commencer à construire le noyau de ce qu’on appelle le camp de la paix à l’intérieur d’Israël.

 

Ce n’est pas – comme le disent les Américains ou quelques pays européens – qu’en allant à la CPI, vous renforcez [Benjamin] Netanyahu. Non, Netanyahu restera fort s’il n’affronte aucune punition et s’il n’y a aucune action contre ses activités telles que le pillage des territoires occupés, l’utilisation de ses [de la Palestine] ressources naturelles à leur profit et pour leurs intérêts, le transport de l’eau vers Tel-Aviv et ailleurs. Voilà ce qui renforce Netanyahu.

 

  

Par Adri Nieuwhof - agencemediapalestine.fr – Traduction : J. Ch. pour l’Agence Media Palestine - Source : Electronic Intifada - le 6 janvier 2015

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Netanyahu va-t-il finir à La Haye ?

Netanyahu va-t-il finir à La Haye ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : François Hollande (à d.), ici en pleine séance de flagornerie avec Netanyahou, s’est fait depuis longtemps le complice des crimes commis contre la population palestinienne, et il illustre à merveille l’hypocrisie, la couardise et l’absence de tout sens moral des dirigeants européens

 

 

Netanyahu va-t-il finir à La Haye ?

 

L’adhésion palestinienne à la Cour Pénale Internationale (CPI) a mis en branle une série d’événements aux conséquences d’une grande ampleur potentielle, tant pour Israël que pour les Palestiniens.

 

Al-Araby – Le week-end dernier, le Fatah a posté sur sa page Facebook une image du Premier ministre Netanyahu à côté d’une potence, avec la légende : « Prochainement… », accompagnée des plateaux de la balance qui figure dans le logo de la CPI à La Haye. C’est certainement le destin que beaucoup de Palestiniens souhaitent à Netanyahu pour ces prochains mois.

 

La semaine dernière Mahmoud Abbas, le Président palestinien, a donc signé non sans réticence la demande d’adhésion au Statut de Rome, pavant la voie pour devenir membre de la CPI, après l’échec du vote au Conseil de Sécurité de l’ONU sur une résolution mettant fin à l’occupation pour 2017.

 

Mais les loyalistes du Fatah, le parti d’Abbas, risquent d’être déçus. Il y a bien des obstacles à éliminer avant que quiconque en Israël, sans même parler du Premier ministre, ne vienne à la barre de La Haye sous l’accusation de crimes de guerre.

 

Le premier test concerne les nerfs d’Abbas. Il faut 60 jours pour que la demande d’adhésion à la CPI prenne effet. Entre-temps, Israël et les USA – qui n’ont pas signé le Statut de Rome – exerceront sur lui toute la pression possible pour changer le cours des choses. Au Conseil des ministres de dimanche dernier, Netanyahu a annoncé qu’Israël allait retenir les taxes et droits de douane mensuels qu’il collecte au profit de l’Autorité Palestinienne (AP) d’Abbas et qu’il doit lui reverser (*).

 

Vu l’état médiocre des finances de l’AP, c’est une rétorsion qui se fera bientôt ressentir. Abbas a balayé le coup d’un revers de main, masquant son désespoir diplomatique d’un mépris désinvolte : « Maintenant, voilà les sanctions – c’est bien. Il y a escalade – c’est bien… mais nous continuons à avancer » a-t-il dit. Israël menace de rajouter d’autres punitions cette semaine. Ou comme l’exprimait un ancien Ministre des Affaires étrangères : « Israël va passer du mode défense au mode attaque ».

 

Cela comprend un plan pour impliquer les puissants lobbies israéliens à Washington afin d’assurer le renforcement de la législation prescrivant au Congrès de retenir quelque 400 millions de dollars d’aide à l’AP au cas où les Palestiniens entament réellement à La Haye des actions relatives à des crimes de guerre israéliens.

 

 

Israël veut impliquer Abbas

 

En outre, Israël menace d’avoir recours à sa propre collecte de renseignements, indubitablement colossale, contre Abbas et ses fonctionnaires AP, les impliquant eux aussi dans des crimes de guerre. Israël pourrait tenter de poursuivre des cadres palestiniens, y compris Abbas lui-même, devant les tribunaux US, lesquels dans le passé se sont montrés disposés à soutenir des plaintes anti-palestiniennes en matière de terrorisme.

 

En septembre, un jury de New York avait sanctionné l’Arab Bank basée en Jordanie pour avoir passé dans les territoires occupés de l’argent caritatif destiné à aider des familles pauvres, arguant que c’était soutenir le « terrorisme ».

 

Au Conseil des ministres, Netanyahu a mis en garde : « Ceux qui doivent répondre devant une cour criminelle, ce sont les chefs de l’Autorité palestinienne, qui ont conclu une alliance avec les criminels de guerre du Hamas ». Un de ses fonctionnaires notait également qu’ils avaient « pas mal de munitions à utiliser contre Abbas ».

 

Un analyste israélien, Barak Ravid, a suggéré que l’objectif pourrait consister à créer « un équilibre de la terreur », ranimant le principe de la Guerre froide de destruction mutuelle assurée : « Chaque côté bombarderait l’autre de ses plaintes jusqu’à ce qu’il ne puisse plus respirer ».

 

Un type d’action que Netanyahu répugnerait à poursuivre à cette occasion est de surajouter des constructions de colonies. Ç’avait été la réponse israélienne en 2012 quand les Palestiniens remportèrent un vote onusien améliorant leur statut. Mais les retombées diplomatiques auraient servi de leçon à Israël, et il ne pointera pas spécialement une extension des colonies comme mesure de rétorsion.

 

 

Persuader la Cour Pénale Internationale

 

L’obstacle suivant sera de persuader la CPI d’ouvrir une enquête sur Israël. Jusqu’à présent, les Palestiniens ont eu peu de succès auprès de la CPI, mais les précédentes allégations de la Cour pour justifier son inertie ne sont plus valides aujourd’hui. Début 2012, la CPI avait abandonné une investigation sur une plainte palestinienne relative à des crimes de guerre commis pendant l’agression israélienne contre Gaza en 2008-2009, au motif que la Palestine n’était pas un État reconnu. Ceci a changé avec le nouveau statut onusien de la Palestine dans le courant de cette même année.

 

Et en novembre, le procureur de la CPI, Fatou Bensouda, a interrompu une enquête sur un commando israélien contre le bateau d’aide Mavi Marmara qui avait tué neuf militants humanitaires. L’action avait été rendue possible uniquement parce que le bateau était enregistré aux Commores, signataires du Statut de Rome. Bensouda arguait que les morts de militants n’étaient pas « d’une gravité suffisante » pour justifier l’intervention de la CPI.

 

Mais maintenant – avec un nombre bien plus important d’exemples disponibles en tant que membre de la CPI, y compris l’attaque contre Gaza l’été dernier, qui a tué plus de 500 enfants – les Palestiniens devraient être en mesure de trouver des cas mieux admissibles (**).

 

Néanmoins de telles investigations, à supposer qu’elles aient lieu, seront lourdes et longues, en particulier parce qu’Israël sera activement non-coopératif, tout comme il l’a été en bloquant l’accès à Gaza aux enquêteurs de l’ONU sur les crimes de guerre.

 

Et pendant ce temps, les États-Unis ne vont pas manquer de faire pression en coulisse sur le tribunal de La Haye pour que soient rejetées les plaintes portées par les Palestiniens. On peut s’attendre à ce qu’ils menacent le financement de la CPI et passent à l’épreuve de force, exactement comme l’ont fait les membres du Conseil de Sécurité la semaine passée pour s’assurer qu’une résolution palestinienne visant à mettre fin à l’occupation n’emporte pas la majorité nécessaire.

 

 

La nature politique de la CPI ne doit pas être sous-estimée.

 

Jusqu’à présent, ses actions ont ciblé uniquement des dirigeants africains, de ceux considérés comme ennemis des USA et de l’Occident.

 

Les experts en droit international notent qu’il sera extrêmement difficile pour la CPI de soutenir des actions contre des dirigeants d’un état largement considéré aux États-Unis et en Europe comme une démocratie de style occidental. Cela risquerait notamment d’encourager des comparaisons inconfortables entre le comportement d’Israël et celui des USA et du Royaume-Uni au Moyen-Orient.

 

Si Netanyahu ou Tzipi Livni doivent passer en procès, pourquoi pas Obama ou son prédécesseur George W. Bush ? Les dirigeants étatsuniens sont tout aussi coupables de leur part d’assassinats ciblés par drones ordonnés par Washington au Yémen et au Pakistan ou de leurs programmes d’extraditions et de torture.

 

 

L’immunité face aux poursuites

 

Israël a toutefois de bonnes raisons d’être mécontent.

Que des actions soient finalement intentées contre des Israéliens ou non, la menace de charges de crimes de guerre est susceptible d’agir comme une contrainte, générant une atmosphère de doute, de circonspection et de peur sur le terrain au sein des forces de sécurité israéliennes.

 

Ce n’est pas une affaire vis-à-vis de laquelle Israël, avec son tropisme militaire de créer la dissuasion en terrifiant ses voisins arabes pour les soumettre peut se permettre la moindre complaisance. Comme le notait le professeur de droit Aeyal Gross de Tel-Aviv, la menace de la CPI est suspendue plus lourdement au-dessus des Israéliens que des Palestiniens. Les combattants palestiniens sont peu enclins à craindre des poursuites de la CPI étant donné « qu’ils risquent déjà d’être assassinés par Israël ou de subir de longues peines de prison s’ils sont capturés. Au contraire, les Israéliens ont joui d’une immunité face à des poursuites pour les actions d’Israël ».

 

En plus de ce problème, s’il veut être sûr de prévenir une enquête de la CPI, Israël devra démontrer qu’il a mené de façon crédible ses propres investigations et qu’il est prêt à poursuivre ses propres soldats, notamment ses commandants, sur la base de charges graves. Jusqu’à ce jour, même les soldats les plus subalternes ont joui d’une immunité quasi totale pour leurs actions et Israël a refusé de coopérer avec des enquêteurs indépendants.

 

Quand Israël a annoncé une série d’enquêtes criminelles sur son attaque de Gaza l’été dernier, qui fit plus de 2 000 tués palestiniens, des civils pour la plupart, il a été sévèrement critiqué par des ONG locales défendant les droits de l’homme. Les deux plus respectées d’entre elles, B’Tselem et Yesh Din, ont refusé de coopérer, arguant que ces investigations n’étaient que du « blanchiment ».

 

Jusqu’ici les autorités israéliennes n’ont fait qu’approuver 13 enquêtes sur les événements de l’été, mais la plupart concernent des incidents mineurs ou isolés généralement commis par des soldats débutants. Cinq de ces enquêtes concernent des allégations de pillage : des soldats ayant volé de l’argent ou des biens dans des maisons palestiniennes.

 

Cela va devoir changer, ne serait-ce que pour sauver les apparences.

De même, les menaces brandies par Netanyahu et par d’autres autorités israéliennes contre Abbas sont à double tranchant. Si les autorités israéliennes ont averti que la demande d’adhésion palestinienne à la CPI va ouvrir une « boîte de Pandore », il se peut bien que toute atteinte contre Abbas et l’AP finisse par ricocher sur Israël. On a longtemps suggéré qu’Abbas conspirait activement avec Israël contre le Hamas – y compris la rumeur qu’il avait été consulté de près lors de l’attaque israélienne sur Gaza en 2008-200. Exposer une telle collaboration pourrait tout simplement aggraver les problèmes d’Israël.

 

En tout cas affaiblir l’AP – que ce soit en l’impliquant dans des crimes de guerre ou en lui retirant son financement – risque de provoquer sa banqueroute, ce qui obligerait Israël à supporter à nouveau tout le poids des coûts militaires et financiers de l’occupation. C’est pour cette raison que le Département d’État américain a exprimé ce lundi son opposition au refus israélien de rétrocéder les revenus des taxes aux Palestiniens, disant que cela menaçait « la stabilité » de la région.

 

L’adhésion des Palestiniens au tribunal de La Haye pourrait également servir de signal fort à destination des groupes qui tentent d’utiliser le principe de la juridiction universelle dans leur propre pays, notamment plusieurs pays européens importants qui ont déjà incorporé cette législation. Cela serait même plus souhaitable si jamais il apparaissait que la CPI est soumise à des pressions pour omettre de poursuivre des responsables israéliens. De hauts responsables israéliens n’en craindraient que davantage encore de visiter ces États, par peur d’y être arrêtés…

 

Et enfin, l’accès des Palestiniens à La Haye influera encore plus sur la bonne volonté des États-Unis, puisqu’ils seront forcés publiquement de sauver Israël des conséquences de ses propres excès militaires, y compris les pires.

 

 

Par Jonathan Cook - Mondialisation.ca - le 14 janvier 2015

Article original : http://www.jonathan-cook.net/2015-0…, Al-Araby, 7 janvier 2015 - Traduction : Info-Palestine.eu - AMM

 

 

(*) Soit 127 millions de dollars à rétrocéder à l’AP pour le mois dernier.

 

(**) Noter que la Palestine a donné à la CPI une attribution de compétence rétroactivement depuis le 13 juin 2014, ce qui couvre l’attaque sur Gaza (NDT)

 

Jonathan Cook a obtenu le Prix Spécial de journalisme Martha Gellhorn. Ses derniers livres sont Israel and the Clash of Civilisations : Iraq, Iran and the to Remake the Middle East (Pluto Press) et Disappearing Palestine : Israel’s Experiments in Human Despair (Zed Books).

Voici l’adresse de son site : http://www.jkcook.net.

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Équateur - Crime de Chevron

Équateur - Crime de Chevron | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Rainforest Action Network

 

 

« Ce qu’a fait Chevron en Équateur est un crime,

et pour que justice soit faite,

il faut que ce crime soit reconnu comme tel »

 


En 2013, la Cour nationale de justice équatorienne, la plus haute instance du pays, condamnait l’entreprise pétrolière américaine Chevron à verser 9,5 milliards de dollars d’amende. Cette décision de justice historique visait à apporter réparation aux victimes de la pollution catastrophique occasionnée par les activités de Texaco (depuis fusionnée avec Chevron) en Amazonie équatorienne (lire notre article). Depuis, les victimes et leurs avocats ont engagé un bras de fer juridique d’envergure internationale pour faire appliquer cette sentence. Car Chevron, après avoir fait des pieds et des mains pour ne pas être jugée aux États-Unis, se prétend aujourd’hui victime d’une conspiration, et refuse de payer.

 

Alors que la procédure civile a ainsi débouché sur une condamnation de Chevron qui reste à exécuter, les victimes réunies au sein de l’UDAPT (Unión de los afectados y afectadas por los operaciones de la pétrolera Texaco) et leurs avocats ont décidé, en octobre 2014, de saisir la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye pour qu’elle ouvre une enquête criminelle sur le PDG de Chevron John Watson. Celui-ci est accusé avec les autres dirigeants de l’entreprise d’avoir délibérément refusé de remédier aux problèmes de pollution, et à leurs conséquences dévastatrices pour les populations de la Région de l’Oriente (Amazonie équatorienne). C’est la première fois qu’un dirigeant d’entreprise privée est attaqué devant la Cour pénale internationale, et aussi la première fois que cette instance est saisie pour un crime de nature environnementale.

 

Eduardo Toledo, juriste argentin, est l’une des chevilles ouvrières de cette procédure devant la Cour pénale internationale, aux côtés de Pablo Fajardo, l’avocat principal des victimes. Il a répondu à nos questions en marge d’une rencontre organisée par le groupe de la Gauche unitaire européenne au Parlement européen et le réseau « Stop Corporate Impunity », qui milite pour la mise en place d’un traité international contraignant sur la responsabilité des multinationales en matière de droits humains.

 

 

>>> Lire la suite de cet article ici

 

 

Par Olivier Petitjean - multinationales.org – le 15 décembre 2014

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