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Derrière la dette grecque

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Photos :

De gauche à droite :

1) Joseph Retinger, ex-fasciste polonais devenu agent britannique. Dans le cadre de ses fonctions au MI6, il fonda l’European League for Economic Cooperation dont il devint le secrétaire général. À ce titre, il est le père de l’euro. Par la suite, il anima le Mouvement européen et créa le Club de Bilderberg.

 

2) Walter Hallstein, haut fonctionnaire allemand, rédigea le projet hitlérien d’Europe fédérale. Il s’agissait de détruire les États européens et de fédérer les populations par ethnies autour du Reich aryen. L’ensemble aurait été soumis à la dictature d’une bureaucratie non élue, contrôlée par Berlin. À la Libération, il mit en œuvre son projet avec l’aide des Anglo-Saxons et devint, en 1958, le premier président de la Commission européenne.

 

3) Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne, est l’ancien vice-président Europe de la banque Goldman-Sachs. Il a masqué au Parlement européen son rôle dans les malversations opérées par la banque pour le compte du gouvernement grec, pourtant attesté par des documents de la banque.

 

4) Jean-Claude Juncker s’est indigné du référendum grec qu’il a qualifié de « trahison ». M. Juncker a été contraint à la démission de ses fonctions de Premier ministre du Luxembourg, après que l’ont eut établi son appartenance au réseau d’espionnage Gladio de l’Alliance atlantique. Un an plus tard, il devenait président de la Commission européenne.

 

 

 

Derrière la dette grecque

Par Thierry Meyssan (*)

 

Le débat actuel sur la dette grecque a donné lieu à toutes sortes de menaces, d’abord contre le gouvernement Tsípras, puis contre les électeurs grecs. S’abstenant d’entrer dans une discussion sur la partie odieuse de cette dette, Thierry Meyssan observe la campagne internationale contre la sortie de la Grèce de la zone euro. Il met en lumière le projet historique de l’Union et de l’euro, tel que formulé en 1946 par Churchill et Truman, pour conclure que la Grèce est aujourd’hui piégée par l’environnement géopolitique international et non pas par sa situation économique.

 

Le référendum grec a donné lieu à de vifs débats dans l’Union européenne qui illustrent l’ignorance générale sur les règles du jeu. Les participants se sont déchirés pour savoir si les Grecs étaient ou non responsables de leur dette tout en veillant à ne jamais accuser leurs créanciers d’usure. Mais ils l’ont fait en ignorant l’histoire de l’euro et les motifs de sa création.

 

 

L’euro : un projet anglo-saxon de la Guerre froide

 

Depuis le Traité de Rome, il y a soixante-quatre ans, les instances administratives successives du « projet européen » (CECA, CEE, UE) ont dépensé des sommes colossales et sans équivalent pour financer leur propagande dans les médias. Quotidiennement des centaines d’articles, d’émissions de radio et de télévision, sont payées par Bruxelles pour nous raconter une version mensongère de son histoire et nous faire croire que le « projet européen » actuel est celui des Européens de l’entre-deux-guerres.

 

Les archives sont pourtant désormais accessibles à tous. Elles montrent qu’en 1946, Winston Churchill et Harry Truman décidèrent de diviser le continent européen en deux : d’un côté, leurs vassaux, de l’autre l’URSS et les siens. Pour s’assurer qu’aucun État ne s’affranchirait de leur suzeraineté, ils décidèrent de manipuler les idéaux de leur époque.

 

Ce que l’on appelait alors le « projet européen » ne consistait pas à défendre de prétendues valeurs communes, mais à fusionner l’exploitation des matières premières et des industries de Défense de la France et de l’Allemagne de manière à être certain que ces pays ne pourraient plus se faire la guerre (théorie de Louis Loucheur et du comte Richard de Coudenhove-Kalergi [1]). Il ne s’agissait pas de nier de profondes différences idéologiques, mais de s’assurer qu’elles ne se confronteraient plus par la force.

 

Le MI6 britannique et la CIA états-unienne ont alors été chargés d’organiser le premier « Congrès de l’Europe », à La Haye en mai 1948, auquel participèrent 750 personnalités (dont François Mitterrand) de 16 pays. Il s’agissait, ni plus ni moins, que de ressusciter le « projet d’Europe fédérale » (rédigé par Walter Hallstein — le futur président de la Commission européenne — pour le chancelier Adolf Hitler) en se basant sur la rhétorique de Coudenhove-Kalergi.

 

Plusieurs idées fausses doivent être corrigées à propos de ce Congrès.


En premier lieu, il convient de le replacer dans son contexte. Les États-Unis et le Royaume-Uni venaient de déclarer la Guerre froide à l’URSS. Celle-ci répliqua en soutenant les communistes tchèques qui parvinrent légalement à s’emparer du pouvoir lors du « Coup de Prague » (« Février victorieux », selon l’historiographie soviétique). Washington et Londres organisèrent alors le Traité de Bruxelles qui préfigure la création de l’OTAN. Tous les participants au Congrès de l’Europe étaient pro-Anglo-Saxons et anti-Soviétiques.


— Deuxièmement, lorsque Winston Churchill prononça son discours, il employa le terme « Européen » pour désigner les habitants du continent européen (pas ceux du Royaume-Uni qui, selon lui, ne sont pas des Européens) qui se disaient anticommuniste. Il n’était pas question, à l’époque pour Churchill, que Londres adhère à l’Union européenne, mais uniquement qu’il la supervise.


— Troisièmement, deux tendances se firent jour au sein du Congrès : les « unionistes » pour qui il s’agissait uniquement de mettre en commun des moyens pour résister à l’expansion du communisme, et les « fédéralistes » qui souhaitaient réaliser le projet nazi d’État fédéral placé sous l’autorité d’une administration non élue.

 

 

Le Congrès précisa tout ce qui a été réalisé depuis sous les noms successifs de CECA, CEE et UE.

 

Le Congrès adopta le principe d’une monnaie commune. Mais le MI6 et la CIA avaient déjà fondé l’Independent League for European Cooperation (ILEC) [2] —devenue European League for Economic Cooperation (ELEC)—. Son objectif était, une fois les institutions de l’Union créées, de passer de la monnaie commune (la future European Currency Unit – ECU) à une monnaie unique (l’euro), de sorte que les pays adhérents à l’Union ne puissent plus la quitter [3].

C’est ce projet que François Mitterrand réalisa, en 1992. Au regard de l’Histoire et de la participation de François Mitterrand au Congrès de La Haye, en 1948, il est absurde de prétendre aujourd’hui que l’euro ait eu un autre but. C’est pourquoi, en toute logique, les Traités actuels ne prévoient pas la sortie de l’euro, contraignant la Grèce, si elle le souhaite, à sortir d’abord de l’Union pour pouvoir sortir de l’euro.

 

 

Le glissement du « projet européen »

dans le système états-unien

 

L’Union a connu deux tournants principaux :

 

À la fin des années 60, le Royaume-Uni refusa de participer à la guerre du Vietnam et retira ses troupes du Golfe persique et d’Asie. Les Britanniques cessèrent alors de se penser en 51e État des États-Unis et d’invoquer leur « special relationship » avec Washington. Ils décidèrent donc d’adhérer à l’Union (1973).

 

 À la dissolution de l’URSS, les États-Unis restèrent seuls maîtres du jeu, le Royaume-Uni les assista, et les autres États leur obéirent. Par conséquent, l’Union n’a jamais délibéré de son élargissement à l’Est, mais uniquement validé une décision prise par Washington et annoncée par son secrétaire d’État James Baker. De même, elle a adopté aussi bien la stratégie militaire des États-Unis [4] que leur modèle économique et social caractérisé par de très fortes inégalités.


Le référendum grec a fait apparaître une ligne de partage entre d’un côté des élites européennes qui trouvent la vie de plus en plus facile et soutiennent sans réserve le « projet européen » et, d’autre part, des classes laborieuses qui souffrent de ce système et le rejettent ; un phénomène qui s’était déjà exprimé, mais uniquement à l’échelle nationale, lors de la ratification du Traité de Maastricht et du projet de Constitution européenne par le Danemark et la France.

 

Dans un premier temps, les dirigeants européens ont mis en cause la validité démocratique du référendum. Le secrétaire général du Conseil de l’Europe, Thorbjørn Jagland (l’homme qui a été viré du jury Nobel pour corruption [5]) a déclaré :

 

— que la durée de la campagne était trop courte (10 jours au lieu de 14) ;

— qu’il ne pourrait pas être surveillé par des organisations internationales (trop longues à s’organiser),

— et que la question posée n’était ni claire ni compréhensible (alors que la proposition de l’Union publiée au Journal officiel est bien plus courte et simple que les Traités européens qui furent soumis à référendum).

Cependant, la polémique a fait long feu après que le Conseil d’État grec, saisi par des particuliers de ces trois points, a validé la légalité de cette consultation.

 

La presse dominante a alors affirmé qu’en votant « non », l’économie grecque sauterait dans l’inconnu.

 

Pourtant, le fait d’appartenir à la zone euro n’est pas une garantie de performance économique. Si l’on se réfère à la liste du FMI du Produit intérieur brut (PIB) en Parité de pouvoir d’achat (PPA), un seul État membre de l’Union se trouve parmi les 10 premiers dans le monde : le paradis fiscal du Luxembourg. La France ne figure qu’en 25e position sur 193.

 

La croissance de l’Union européenne était de 1,2 % en 2014, ce qui la classe au 173e rang mondial, c’est-à-dire un des plus mauvais résultats dans le monde (la moyenne mondiale est de 2,2 %).

 

Force est de constater qu’appartenir à l’Union et utiliser l’euro ne sont pas des garanties de succès. Mais si les élites européennes soutiennent ce « projet », c’est qu’il leur est profitable. En effet, en créant un marché unique, puis une monnaie unique, les Unionistes ont brouillé les cartes. Désormais, les différences ne sont plus entre les États membres, mais entre des classes sociales qui se sont uniformisées à l’échelle européenne. C’est pourquoi les plus riches défendent l’Union, tandis que les plus pauvres aspirent au retour des États membres.

 

 

Les contresens à propos de l’Union et de l’euro

 

Voici des années que le débat est faussé par le vocabulaire officiel : les Européens ne seraient pas les porteurs de la culture européenne, mais uniquement les membres de l’Union. Depuis la Guerre froide, on affirme ainsi que les Russes ne seraient pas Européens, et désormais qu’en sortant de l’Union, la Grèce quitterait la culture européenne dont elle est le berceau.

 

Or, « les chiens ne font pas des chats ». L’Union a été conçue par les Anglo-Saxons, avec d’anciens nazis, contre l’URSS. Elle soutient aujourd’hui le gouvernement ukrainien, nazis inclus, et a déclaré la guerre économique à la Russie en la parant du nom de « sanctions ».

 

Comme son nom ne l’indique pas, l’Union n’a pas été créée pour unir le continent européen, mais pour le diviser, en écartant définitivement la Russie. C’est ce que Charles De Gaulle avait dénoncé en plaidant, lui, pour une Europe « de Brest à Vladivostok ».

 

Les unionistes assurent que le « projet européen » a permis la paix en Europe depuis 65 ans. Mais parlent-ils de l’appartenance à l’Union ou de leur vassalité aux États-Unis ? En réalité, c’est celle-ci qui a garanti la paix entre les États ouest-européens, tout en maintenant leur rivalité hors de la zone OTAN. Doit-on rappeler, par exemple, que les membres de l’Union européenne ont soutenu des camps différents en ex-Yougoslavie avant de s’unifier derrière l’OTAN ? Et doit-on considérer que s’ils redevenaient souverains, les membres de l’Union recommenceraient nécessairement à se quereller ?

 

Pour revenir au cas grec, les experts ont largement démontré que cette dette est imputable à des problèmes nationaux non résolus depuis la fin de l’Empire ottoman tout autant qu’à une escroquerie de grandes banques privées et de dirigeants politiques. Au demeurant, cette dette est insolvable comme le sont également les dettes des principaux États développés [6]. Quoi qu’il en soit, Athènes pourrait facilement s’en sortir en refusant de payer la partie odieuse de sa dette [7], en quittant l’Union, et en faisant alliance avec la Russie qui est pour elle un partenaire historique et culturel bien plus sérieux que la bureaucratie bruxelloise. La volonté de Moscou et de Beijing d’investir en Grèce et d’y créer de nouvelles institutions internationales est un secret de polichinelle. Cependant, la situation de la Grèce est d’autant plus complexe qu’elle est également membre de l’OTAN et que l’Alliance y avait organisé un coup d’État militaire, en 1967, pour l’empêcher de se rapprocher de l’URSS [8].

 

 

 

Par Thierry Meyssan (*) - RÉSEAU VOLTAIRE | DAMAS (SYRIE) | LE 6 JUILLET 2015

 

 

(*) Thierry Meyssan : Consultant politique, président fondateur du Réseau Voltaire et de la conférence Axis for Peace. Dernier ouvrage en français : L’Effroyable imposture : Tome 2, Manipulations et désinformations (éd. JP Bertand, 2007). Compte Twitter officiel.

 

Notes :

[1] « Histoire secrète de l’Union européenne », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 28 juin 2004.

[2] La section française prend le nom de Ligue européenne de coopération économique (LECE). Elle est présidée par Edmond Giscard d’Estaing, père du futur président de la République et créateur de l’ECU.

[3] MI6 : Inside the Covert World of Her Majesty’s Secret Intelligence Service, Stephen Dorril, The Free Press, 2000.

[4] « Stratégie européenne de sécurité », Réseau Voltaire, 12 décembre 2003.

[5] « Thorbjørn Jagland destitué de ses fonctions de président du Nobel de la Paix », Réseau Voltaire, 5 mars 2015.

[6] « Selon la BRI, la dette des États développés est insolvable », Réseau Voltaire, 13 avril 2010.

[7] Cf. la théorie économique d’Alexander Sack.

[8] « La guerre secrète en Grèce », par Daniele Ganser ; « Grèce, le facteur Otan », par Manlio Dinucci, Traduction Marie-Ange Patrizio, Il Manifesto (Italie), Réseau Voltaire, 24 août 2013 et 7 avril 2015.

 

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Européisme et nazisme... Das Jahr 2015 (Partie 2/3)

Européisme et nazisme... Das Jahr 2015 (Partie 2/3) | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Yórgos Ioánnou (1927-1985)



Européisme et nazisme... Das Jahr 2015 (Partie 2/3)

Par Panagiotis Grigoriou (*)


Suite de la partie 1/3


Pour Yórgos Ioánnou, à la conscience humaine marquée à jamais par les plus sombres des nuances du gris, la méfiance était depuis devenue la règle. Pour ce qui est de la CCE, évoluée par la suite en Union européenne, le futur lui a donné raison. La Grèce a perdu ses (déjà) marges étroites d’autonomie politique et économique, ses industries ont périclité, 40 % des terres cultivables sont abandonnées, et plus de dix mille petits et grands caïques — ces embarcations traditionnelles faites en bois et utilisées par les pêcheurs — ont été détruits depuis 2010, faisant suite aux directives de l’UE. Plus de dix mille ingénieurs ont d’ailleurs quitté le pays en cinq ans, d’après leur union professionnelle (journaux grecs du 7 mars).


Et voilà, que (paraphrasant Ioánnou), de voleurs sans scrupules bien de chez nous, très nombreux, ou encore, avec la complicité active de certains malfrats internationaux (lobbyistes d’Athènes, de Bruxelles, de Paris et de Berlin), ont suffisamment sillonné le pays... des subventions européennes et également, celui des juteux contrats, par exemple d’armement (les deux faces de la même médaille). Ainsi, les... salopards et les fainéants, ont trouvé le filon pour s’enrichir facilement et pour s’offrir ainsi la belle vie, parmi eux : journalistes, universitaires, écrivains, syndicalistes et évidemment, politiciens et entrepreneurs. Ces derniers constituent en Grèce la caste liée au pouvoir clientéliste du PASOK et de la Nouvelle démocratie.


Et en Grèce, pour ainsi faire dans l’analogie jusqu’aux détails, pays au régime despotique de la dette imposée, via le mécanisme de l’arme absolue contre les souveraineté et la démocratie, à savoir l’euro, l’administrateur dépêché sur place par Angela Merkel, Horst Reichenbach, officiellement, chef de la « Task Force » en Grèce, mandaté par la Commission européenne), fêtait par exemple son anniversaire en mars 2013 dans le quartier chic du centre d’Athènes à Kolonáki, en présence de nombreux ministres et sous de mesures de sécurité draconiennes (Radio Real-FM, 07/032013). Autres temps ?


L’historien et écrivain anglais Mark Mazower dans son ouvrage « Hitler’s Empire. Nazi Rule in occupied Europe » (Londres, 2008), évoque cet article : « Das Jahr 2000 » (L’Année 2000), texte étonnant, car... futurologue, que Joseph Goebbels publia dans la revue « Das Reich », le 25 février 1945. Dans son ultime effort de propagande, deux semaines seulement après la conférence de Yalta, le haut dignitaire nazi, établissait alors le lien entre l’Europe du futur et le national-socialisme. Une « Europe unifiée sous la direction de l’Allemagne », et surtout « cette Europe certainement unie en l’an 2000, celle des enfants de nos enfants, à un moment futur, où cette guerre ne sera qu’un lointain souvenir ». 


Cet ouvrage de Mark Mazower — lequel à ma connaissance n’a pas été traduit en français — démontre alors combien l’Allemagne des nazis, et cela, à l’instar des autres pays dans les années 1940, n’a pas incarné la rupture présentée en plus comme étant radicale, ni avec le passé... et encore moins, vis-à-vis d’une certaine suite dans l’histoire européenne. Pour faire court, il faut comprendre que le projet européiste n’est pas né avec le nazisme, car il l’a précédé, et ensuite... il l’a (mal) accompagné, pour finalement lui succéder. C’est donc un projet, initié et voulu par les élites financières et industrielles de l’Allemagne, et autant par celles des pays voisins de l’eurocentre, France, Belgique, et Pays-Bas notamment. La mondialisation s’y ajoutera alors plus tardivement.


Durant l’été 1940, le ministère de l’Économie du Reich avait prévu la création d’une forme de Paneurope de l’économie, basée, non pas sur l’intégration totale des pays, mais plutôt, ayant la forme de l’union des économies nationales derrière l’impulsion des accords conclus, entre les grands acteurs du secteur privé, sous le regard des responsables gouvernementaux, s’agissant bien évidemment de l’Europe de l’Ouest.


Utilisant les réseaux et les relations entre les industriels et datant de l’avant-guerre, le ministère (du Troisième Reich) a financé des rencontres, entre ces industriels et financiers. L’idée centrale étant « l’américanisation » des industries périphériques, certains industriels furent alors un moment nourris du fantasme, de créer un Parlement européen industriel, sous le patronage de l’Allemagne.


Gustav Schlotterer, l’homme à qui Walter Emanuel Funk, ministre de l’Économie (1938-1945) et président de la Reichsbank (1939-1945), avait confié le dossier du nouvel ordre économique en Europe, rencontra des industriels français, Néerlandais et Belges vers la fin de l’été 1940, dans le but de promouvoir une collaboration dans le long terme. L’industriel et financier Belge Paul de Launoit (1891 — 1981), un authentique eurovisionnaire, s’en enthousiasma : « La Rhur, le sud des Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg et le nord de la France, constituent une entité économique naturelle du charbon et de l’acier. Nous... entrepreneurs (nous) devons percer les frontières entre les États et ainsi apprendre à collaborer ».


Parfois même, les forces armées de l’Allemagne avaient protégé des intérêts industriels non allemands, contre les... OPA de l’époque, initiées par les firmes allemandes. Parmi ces entreprises protégées : Gevaert (Belgique), Unilever et Phillips (Pays-Bas), note Mark Mazower (pages 267-269 de la traduction en grec, de son livre).


Parallèlement, Berlin a voulu imposer le Reichsmark comme étant la devise la plus importante en Europe, il a ainsi obligé les autres pays à faire obligatoirement transiter leurs échanges commerciaux et surtout monétaires et financiers via la capitale de l’Allemagne, cela, tout en unifiant et en uniformisant le secteur financier du continent européen (page 270).


Ce n’est pas la BCE... et pourtant ! En tout état de cause, la primauté absolue de la politique raciste d’Hitler a lourdement hypothéqué la réalisation d’un tel programme européiste, durant la guerre en tout cas, ou même, sous sa variante très strictement (et au sens très étroit) national-socialiste. Dans ce sens, il est historiquement anachronique et donc inexact, que de caricaturer Wolfgang Schäuble ou Angela Merkel en nazis. Si certaines consciences très collectives, persistent alors ainsi dans leurs anachronismes, c’est plutôt je dirais, parce que le modèle de domination qui leur est proche (historiquement et par le truchement de la mémoire) est celui de l’Allemagne des années trente et quarante du court Vingtième siècle ; ce dernier s’avère finalement... plus long que prévu.


C’est aussi parce que la modélisation... suffisamment germanique de cette ultime UE ne laisse guère de doute, quant au... Printemps totalitaire déjà fleuri du projet, et cela ne peut plus être occulté par la propagande et encore moins, par les euphémismes (de « gauche » comme de droite) du genre par exemple : « le déficit démocratique de l’UE qu’il va falloir combler ».


Sauf qu’il ne s’agit pas exclusivement des élites allemandes, mais autant, de celles de la France et des autres pays de l’eurocentre, suivies par les paraélites périphériques, celles d’Athènes par exemple, politiquement issues en partie de la Collaboration et dont certains grands acteurs économiques du temps si tragiquement présent... en ce « Das Jahr 2015 », sont les descendants des affairistes, des trafiquants et des escrocs du temps de l’Occupation allemande des années 1940. C’est alors ainsi qu’une partie de leurs liens... naturels avec les conglomérats industriels et financiers allemands (et autant européistes), remontent exactement à cette période (je vais y revenir dans un autre article pour ce qui est des... Grecs).


Et pour rendre l’histoire... un peu plus juste, Mark Mazower précise que lorsque Rober Schuman a initié son projet de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), à l’origine de l’actuelle Union européenne, il a ainsi facilité la tâche aux industriels et aux propriétaires des mines de charbon à traverser les frontières et à commercer.


De nombreux participants avaient participé aux négociations analogues dix ans auparavant, arrangées par le ministère de l’Économie du Troisième Reich, lorsqu’il fut question de l’organisation de tels cartels européens, coordonnant potentiellement leurs productions alors dans ce but. Une généalogie très analogue est détectable, dans les projets, alimentaires, et de la production agricole en Europe, entre une certaine autarcie visée par l’Allemagne nazie (mais uniquement pour l’Ouest du continuant) et la Politique agricole commune (PAC).


Le nouvel ordre de l’Allemagne national-socialiste avait joué son rôle dans l’émergence de l’européisme de l’après-guerre. Sûrement, les architectes du Marché commun étaient incontestablement gaullistes, antinazis et antifascistes avérés. Cependant, certains personnages-clefs, œuvrant pour le dossier européiste, mais travaillant dans les coulisses, Français, Belges et surtout Allemands, avaient servi le nazisme, sauf qu’ils en ont été déçus.


Hans Peter Ipsen par exemple, juriste nazi ayant fait carrière au sein des autorités militaires occupantes à Bruxelles durant la guerre, il devient ensuite, le plus grand spécialiste du droit des Communautés européennes en Allemagne Fédérale. De même, parmi des économistes et hommes d’affaires nazis, membres du « Cercle Européen » (« Europakreis ») qui se réunissaient à l’Esplanade Hôtel de Berlin sous le Troisième Reich, certains ont joué un tout premier rôle dans la politique et l’économie de l’Allemagne de l’après-guerre.


Parmi eux, Ludwig Erhard, ministre fédéral de l’Économie de 1949 à 1963 et chancelier fédéral de 1963 à 1966, considéré comme le père du « miracle économique allemand », puis, les banquiers, Hermann Abs, président de la Deutsche Bank (1957-1967) et Karl Blessing, membre du Conseil d’administration de la Reichsbank allemande sous le Troisième Reich (1937-1939) et... Président de la Deutsche Bundesbank (1958-1969).


Ces hommes, ayant perdu dès le début des années 1940, toute conviction quant à la victoire finale du Troisième Reich durant la guerre, estimaient néanmoins, qu’aucune reconstruction économique de l’Europe ne pouvait se faire, autrement qu’à travers la prépondérance de l’Allemagne. Autrement dit, l’Allemagne pouvait perdre la guerre, mais gagner la paix. Sous cet angle alors — note enfin Mark Mazower — les pires craintes des euroscepticistes sont fondées, ce qui fait en tout cas apparaître la CEE, comme une vision des nazis (pages 571-572).




Par Panagiotis Grigoriou (*) - greekcrisis.fr – le 8 mars 2015


(*) Panagiotis Grigoriou : historien et ethnologue, il porte un regard à la fois ethnographique et de chroniqueur (correspondant en France de NemecisMag 2000-2008). Depuis 2008, parcourant une bonne partie de la Grèce continentale, il s’est rendu sur plus d'une trentaine d'iles en mer Égée et Ionienne, il a rencontré le quotidien de plusieurs milieux sociaux et culturels, touchant aux fractures qui se multiplient tant au niveaux des syllogismes collectifs, qu'à celui des relations interpersonnelles dans un contexte de temps de mutations… (Source : blogger.com)

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Très intéressant et développé en 3 parties, voir :

  1. partie 1
  2. partie 2
  3. partie 3


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La construction de l’Union Européenne : une organisation libérale au service du capitalisme

La construction de l’Union Européenne :  une organisation libérale au service  du capitalisme | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


La construction de l’Union Européenne :

une organisation libérale au service

 du capitalisme

 

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, les pays capitalistes se retrouvent dans une situation économique extrêmement compliquée, avec un fort endettement et des pays à reconstruire matériellement et économiquement. Parce qu’ils devaient rééquilibrer leurs comptes, ils ont fait appel aux États-Unis, qui, ayant tiré très bon compte de la guerre, proposent aux pays européens le plan Marshall, plan d’aide économique, soit de prêt. Le plan est confié à l’OECE (Organisation européenne de coopération économique), qui vise à organiser une coopération économique durable entre pays européens, et exécuter un programme commun de relèvement, l’Economis Cooperation administration, mais également Export-import Bank. Dix-sept pays d’Europe reçoivent ainsi des prêts à travers le Plan Marshall.

 

Les États-Unis, grâce à celui-ci, s’imposent comme régulateur de l’économie en Europe et comme garant d’un impérialisme économique. Ils vont également veiller à empêcher la montée de tout mouvement communiste à l’ouest de l’Allemagne, notamment dans les pays comme la France, où le Parti communiste, au sortir de la guerre, s’est largement renforcé. Les libéraux européens avancent dans le même temps l’idée d’une communauté économique, visant à créer des États-Unis d’Europe sur un modèle étasunien.

 


Ainsi, en 1951, se tient la mise en écrit du traité de Paris sur la CECA (Communauté économique du charbon et de l’acier). Celle-ci vise à mettre en œuvre un marché commun du charbon et de l’acier, en supprimant les droits de douane et les restrictions entravant la libre circulation des marchandises, et en supprimant les aides et subventions accordées aux productions nationales. Ce premier traité signe l’avancée du libéralisme économique, soit le recul du pouvoir de l’État sur les productions économiques, ainsi que l’avancée de la suprématie de l’industrie capitaliste sur la production, soit la dérégulation de la production. Les pays concernés par ce traité sont la RFA, l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg et la France.

 

Les libéraux ne s’intéressent pas seulement aux domaines industriels, mais visent également à joindre à cette union économique une union politique et militaire, face à l’alliance de pays socialistes que constitue le Pacte de Varsovie.

 

En effet, l’idée d’une protection militaire européenne s’éveille également. Suite au déclenchement de la guerre de Corée en 1950, Jean Monnet prend l’initiative de proposer la CED (Communauté européenne de défense), qui serait une armée européenne dans laquelle serait, bien entendu, réintégrée l’armée ouest-allemande, permettant sa remilitarisation face à la montée en puissance des États socialistes, notamment de la RDA.

 

Mais la construction d’une armée européenne se serait également accompagnée d’une communauté politique européenne (CPE), qui serait une fédération des États européens sur le modèle étasunien. Ces deux idées sont finalement abandonnées. 
Cependant, dès 1955, en réponse au Pacte de Varsovie, de nouveaux projets sont impulsés, notamment l’Euratom et le CEEA, projet d’énergie atomique. La communauté européenne devient alors le support, pour les pays européens, de la lutte contre l’Union Soviétique et ses alliés, sur le plan économique avec le libre-échange, mais également par la dissuasion atomique.

 

Le Traité de Rome du 25 mars 1957 vient confirmer la construction d’une coopération économique, mais surtout politique avec la CEE. Le traité a d’abord comme particularité de ne pas avoir de limite temporelle, à la différence de la CECA qui avait une limite de 50 ans. Le Traité de Rome n’a pas non plus de procédure de retrait. Il est également couplé à l’association des territoires dits d’outre-mer (en réalité des colonies), qui garantit la coopération commerciale (zone de libre-échange) entre ceux-ci et chacun des États de la CEE, et la coopération financière avec la FED, celle-ci étant un outil du néo-colonialisme. Il faut souligner qu’en 1957, un certain nombre des anciennes colonies ont conquis par la lutte leur indépendance. Le traité élargit la coopération dans la quasi-totalité des domaines économiques (hormis les domaines publics), qui sont soumis au marché commun, c’est-à-dire à l’union douanière, où les droits de douane sont abolis.

 

Le Traité de Rome institue des pouvoirs supranationaux qui touchent notamment les transports, l’agriculture et les politiques commerciales. La Commission européenne veille à la mise en place des objectifs du traité, le Conseil européen est le pouvoir décisionnel, et le Parlement européen a une fonction consultative.

 

En 1979, le Conseil européen prend la décision de créer le SME (Système monétaire européen), notamment grâce au Fonds européen de coopération monétaire. En effet, l’ERT (table ronde des industriels européens) pousse la CEE à introduire une monnaie unique qui permettrait d’enlever les barrières tarifaires entre les pays, l’un des derniers obstacles à la libéralisation européenne.


L’Union européenne la fixe alors comme objectif dans l’accord de Maastricht de 1991. Depuis 1985, l’abolition des contrôles aux frontières communes est mise en place grâce à l’accord Schengen, qui prévoyait la suppression des contrôles aux frontières et à l’intérieur de l’union. Cependant, l’accord de Schengen prévoit également le renforcement du pouvoir des institutions européennes, en élargissant leurs domaines de compétence, notamment la politique étrangère et la recherche, envisageant donc une union politique, soit l’approfondissement de la gouvernance européenne au détriment de l’autodétermination des peuples et de la souveraineté nationale.
 Celle-ci est scellée au traité de Lisbonne, signé en 2007, prévoyant la mise en application d’une constitution européenne, et renforce l’indépendance de l’Union européenne à l’égard des États.


La gouvernance de l’Union européenne s’affirme verticalement, avec des décisions qui ne sont pas coopératives, mais bien autoritaires : elles ne s’établissent pas d’égal à égal, mais constituent un pouvoir supranational surplombant la souveraineté nationale.

 

Au-delà de ça, elle se base sur des inégalités et la compétition. En effet, l’UE institutionnalise les mécanismes de coopération, mais fige les relations entre les pays européens.
 Elle n’est pas une force de paix comme le prouve son programme d’énergie atomique (EURATOM), son rôle dans la désintégration de la Yougoslavie et la guerre civile qui s’en est suivie, ou encore son intervention impérialiste en Ukraine qui produit aujourd’hui une situation catastrophique.

 

 

 

Par Saskia - Investig’Action – le 4 juillet 2015.

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