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MALI ET AZAWAD

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MALI ET AZAWAD

Par Ibrahima Sène (*)

 

Comme les États-Unis avec l’Armée de l’État Islamique qu’ils ont aidé à s’armer et à s’entraîner contre la Syrie, et qui aujourd’hui s’est retournée contre les intérêts américains, la France risque de voir un nouveau rapprochement du Mnla avec les groupes jihadistes, pour frapper ses intérêts dans la zone sahélo-sahélienne. Et Bamako, qui vient d’être frappé par un attentat meurtrier, risque de retourner à la case départ pour défendre militairement l’intégrité de son territoire et la sécurité de ses populations. 

 

Moktar Belmoktar, chef d’un groupe armé proche d’Al Qaida, vient de revendiquer publiquement l’attaque terroriste de la nuit du 6 au 7 mars à Bamako, intervenue quelques jours seulement, après que le ministre des Affaires étrangères de la France a exigé des mouvements armés, en lutte contre Bamako, de « signer sans délai » les « Accords de paix d’Alger ».

 

Dans son communiqué rendu public, il ne fait aucun doute que c’est la France qui est visée dans cet attentat au Restaurant « La Terrasse », alors que le Belge et les Maliens tués dans une rue adjacente ne seraient que des victimes collatérales lors de la fuite des assaillants. Le fait que cette attaque soit aussi intervenue dans un contexte marqué par le refus par certains mouvements rebelles de signer les « Accords d’Alger », sous prétexte de la nécessité d’un « délai pour consulter leurs bases », montre bien que ces « accords » ne mettront pas fin à la crise au Nord du Mali.

 

 

Ce serait un signal évident de la volonté de mettre en échec ce « compromis franco-algérien » pour ramener la paix dans cette partie de la zone sahélo-sahélienne, que reflètent les « Accords d’Alger ». Les autorités françaises se sont avérées incapables de faire accepter par le Mnla, qu’elles ont toujours utilisé dans cette crise, ce « compromis franco-algérien » qui éloigne toute perspective d’un « État indépendant touareg » aux frontières de l’Algérie.

 

En effet, le Mnla est victime du changement politique intervenu en France avec le départ de Sarkozy et l’arrivée de François Hollande. Ce changement au niveau de l’Exécutif français, a entrainé des modifications dans les modalités de mise en œuvre des objectifs géostratégiques des autorités françaises dans la zone sahélo-sahélienne.

 

C’est ainsi que l’instrumentalisation du Mnla par Sarkozy, dans la mise en œuvre de la politique géostratégique de la France au Mali, avait comme contrepartie sa promesse de le soutenir pour obtenir, de Bamako, son accord pour transformer le Nord Mali en République indépendante de l’Azawad sous la direction de celui-ci.

 

C’est pour mettre en œuvre cet « Accord », rendu public à plus reprises par les dirigeants du Mnla sans jamais être démentis par les autorités françaises, que ce groupe armé fut transféré et équipé en Libye sous l’égide de la France, pour s’installer au Nord Mali, avant qu’il ne s’attaque aux forces de sécurités du pays pour proclamer l’Indépendance de l’Azawad. 

 

De leur côté, les autorités françaises mirent la pression sur Bamako pour qu’il s’attèle à respecter le calendrier électoral et tenir des élections présidentielles, plutôt que de s’occuper de la libération du Nord Mali transformé en « République indépendante de l’Azawad ».

 

Pour la France, il faillait, après les élections présidentielles puis législatives du Mali, que les nouvelles autorités puissent ouvrir des négociations avec les séparatistes du Nord et non mener une guerre pour libérer cette partie de leur territoire national.

 

L’acceptation de ce scénario français, par le président Malien de l’époque, Amadou Toumani Touré (ATT), fut fatal à son régime qui fut renversé par un coup d’État militaire mené par de jeunes officiers outrés de l’abandon de la souveraineté de leur peuple sur toute l’étendue du territoire malien, dont une partie était livrée à des troupes jihadistes qui se livraient à des massacres des troupes des forces de sécurité et des populations, livrées à elles par le gouvernement malien.

 

Cette réaction patriotique des jeunes officiers fut, pour Paris, un crime de lèse-majesté qu’il fallait sanctionner sans tarder et de façon exemplaire. C’est ainsi que Paris eut recours aux Chefs d’État de l’Uemoa, de la Cedeao et de l’Union Africaine (U.A), qui avaient à leur tête ses « hommes liges », pour étouffer économiquement, financièrement, militairement et politiquement, le nouveau pouvoir militaire afin de l’empêcher de mobiliser le peuple malien d’un « rassemblement de salut national » pour libérer le Nord de leur pays, et assurer l’intégrité de leurs frontières et la sécurité du peuple.

 

C’est pour cela que les avoirs extérieurs du Mali furent bloqués par l’UEMOA, comme cela fut le cas de la Côte d’Ivoire sous BAGBO, et un embargo économique et sur les armes fut décrété par la Cedeao. C’est dans ce cadre que Paris suspendit ses accords de défense avec le Mali, et qu’eut lieu le blocage à Accra des armes commandées par le gouvernement du Mali, bien avant la chute de A.T.T.

 

Cependant, les tentatives de Sarkozy de mobiliser une armée d’intervention de la Cedeao pour le « rétablissement de l’ordre constitutionnel » au Mali furent bloqués par la résistance du Ghana et du Nigéria, malgré l’activisme de partis politiques et d’organisations de la société civile du Mali, regroupés dans un « Front anti putschiste » pour réclamer le départ des militaires, le retour à l’ordre constitutionnel pour organiser les élections dans le « respect du calendrier républicain ».

 

Ce contexte avait paralysé le nouveau pouvoir militaire et avait permis aux groupes jihadistes de sanctuariser le Nord Mali en y imposant un pouvoir islamique radical et de chasser, vers le Burkina, le Mnla qui les avait associés dans sa lutte indépendantiste.

 

C’est dans cette situation de triomphe des jihadistes qu’est intervenue la chute de Sarkozy, avec l’arrivée de Hollande qui dut changer de modalités de mise en œuvre de la politique géostratégique de la France, face au nouveau projet des groupes jihadistes, d’étendre leur pouvoir hors des limites du Nord Mali, baptisé République indépendante de l’Azawad, pour s’ébranler vers Bamako.

 

La France de Hollande ne pouvait donc plus attendre la tenue d’élections, encore moins l’envoi de troupes de la Cedeao, et décidait ainsi de l’« Opération Serval » en s’appuyant non pas sur l’armée malienne pour libérer le Nord Mali, mais sur le Mnla qu’elle a fait revenir du Burkina sous ses ailes. C’est ainsi que l’armée malienne fut parquée dans les environs de Gao, par la France, avec le soutien des USA et la complicité des Nations Unies qui ont dépêché des forces pour maintenir la paix au Nord Mali, en laissant le Mnla contrôler la région de Kidal, d’où l’« Opération Serval » avait chassé les jihadistes.

 

Cette deuxième occupation du nord Mali par le Mnla, grâce à la France, avait fini par convaincre ses dirigeants du respect, par Hollande, des engagements de Sarkozy d’amener Bamako à accepter leur revendication d’indépendance de l’Azawad. Et surtout que le nouveau pouvoir issu des élections présidentielles n’avait pas hésité de faire arrêter les dirigeants du putsch qui a fait tomber ATT et avait libéré certains de leurs principaux dirigeants pourtant accusés de « crimes de guerre », par les Autorités maliennes, et qui avaient même annulé les mandats d’arrêt internationaux lancés contre les autres. D’autant plus que le nouveau pouvoir avait signé de nouveaux « Accords militaires » avec la France, lui permettant d’exaucer son vœu de toujours de faire de la base militaire stratégique de Tessalit, au nord Mali, sa base opérationnelle dans le cadre de sa nouvelle opération militaire dans la zone sahélo-sahélienne, baptisée « Bahran ».

 

Mais ce que le Mnla n’avait pas pu voir venir, c’est le changement de la politique française vis-à-vis de l’Algérie, qui ne voyait pas d’un bon œil l’avènement d’un État Touareg dans le nord Mali à ses frontières, et qui faisait d’elle l’alliée stratégique du nouveau pouvoir malien qui voulait empêcher la partition de son territoire. D’où le double rapprochement de Paris et de Bamako vers Alger.

 

C’est ainsi que l’Algérie, de verrou qu’il faillait faire sauter sous Sarkozy, au même titre que la Libye sous Khadafi, est devenue avec Hollande un partenaire stratégique dans la zone sahélo-sahélienne avec qui il fallait coopérer. Et pour le Mali, l’Algérie est devenue un allié stratégique contre un État indépendant Touareg au Nord.

 

Ce n’est qu’avec la tenue des négociations de paix à Alger, que le Mnla a découvert peu à peu le changement de la politique française envers l’Algérie et ses conséquences sur les engagements qu’elle avait pris pour la réalisation de son projet politique. D’où le dépit amoureux entre Paris et le Mnla, qui refuse d’obéir aux injonctions de Paris pour signer « les Accords de Paix » d’Alger, et l’attentat spectaculaire du mouvement jihadiste proche de Al Qaida qui vient rappeler tristement ses engagements d’hier, à la France, vis-à-vis de l’Azawad.


Comme les États-Unis avec l’Armée de l’État Islamique qu’ils ont aidé à s’armer et à s’entraîner contre la Syrie, et qui aujourd’hui s’est retournée contre les intérêts américains dans cette sous-région du Moyen-Orient, la France risque de voir un nouveau rapprochement du Mnla avec les groupes jihadistes, pour frapper ses intérêts dans la zone sahélo-sahélienne. Et Bamako, risque de retourner à la case départ pour défendre militairement l’intégrité de son territoire et la sécurité de ses populations.

 

La France, une fois Tessalit en poche, veut se retirer du Mali le plus rapidement possible pour concentrer ses efforts militaires au soutien du Tchad et du Niger dans la guerre contre Boko Haram, et exploiter au maximum, par sa présence, les conséquences de la reconfiguration du Nigéria et du Cameroun qu’entrainerait inéluctablement la partition attendue du Nigéria sous les effets conjugués des coups de Boko Haram et d’une grave crise post électorale. D’où son engagement total au « compromis franco-algérien » de paix qui lui permet, avec l’implication totale de l’Algérie, de mieux assurer la sécurité de ses intérêts économiques dans la zone, contre les jihadistes.

 

En effet, une crise post « électorale qui va paralyser l’État nigérian serait du pain béni pour Boko Haram en vue de faire éclater le Nigéria au détriment de nos aspirations pan africaines, et de la sécurité de nos peuples.

 

Les Nigérians qui ont poussé leur pays vers ce gouffre ont trahi à jamais ces aspirations des peuples d’Afrique pour satisfaire les intérêts géostratégiques des USA et de la France en Afrique. Ils n’ont tiré aucune leçon de ceux qui, au Moyen-Orient et au Mali, ont servi pour faire cette sale besogne pour les grandes puissances occidentales et qui aujourd’hui, par « dépit amoureux » s’en prennent à elles.

 

La preuve est aussi faite, que les « Accords de défense » avec la France et les USA, signés par nos gouvernants, ne résistent nullement à leurs intérêts stratégiques qui priment sur nos intérêts nationaux que ces « Accords » sont censés défendre.

 

Bamako devrait donc, lui aussi, profiter de l’implication totale d’Alger pour faire appliquer ces « accords de paix », et solliciter le soutien de la Cedeao, sous la direction du Ghana, et de l’Ua, sous la direction de Mugabe, pour faire respecter l’intégrité de son territoire et y assurer la sécurité de ses populations.

 

Plus que jamais, avec les « Accords d’Alger », les conditions sont politiquement réunies pour permettre à la Cedeao et à l’Ua, de remplir leurs missions historiques d’intégration de nos forces armées et de sécurité, pour défendre l’intégrité territoriale des États issus du colonialisme et la sécurité de leurs populations.

 

C’est ce défi que la crise politique et militaire du Nigéria lui impose aussi de relever. C’est pourquoi il est attendu du pde la Cedeao et de l’Ua de s’impliquer auprès des partis politiques en compétition et des organisations de la société civile du Nigéria, pour éviter tout recours à la violence ou à la paralysie de l’Etat, pour régler les contentieux électoraux que le monde entier attend et que l’Afrique redoute profondément.

 

Pan Africanistes de tous les pays d’Afrique et de la Diaspora, Unissons-nous pour le respect des « Accords de paix d’Alger », et pour un « traitement politique » approprié de toute crise post électorale au Nigéria. Ne laissons pas les ennemis de l’Afrique nous avoir une nouvelle fois.

 

 

 

Par Ibrahima Sène (*) - metamag.fr - le 13 mars 2015

 

 

(*) journaliste à Penbazuka.org

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APE : l’Union Européenne aime-t-elle les Africains plus que les Grecs ?

APE : l’Union Européenne aime-t-elle les Africains plus que les Grecs ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


APE : l’Union Européenne aime-t-elle

les Africains plus que les Grecs ?

Par Guy Marius Sagna (*)

 

Le fait que l’Union Européenne (UE) n’arrive pas à régler la crise grecque ne devrait-il pas ouvrir les yeux de nos dirigeants sur les réelles intentions et motivations de l’UE ? Car si les motivations de l’UE sont humanistes que ne commencerait-elle pas au pas de sa porte ? Si l’UE ne peut pas régler ou ne veut pas régler la crise grecque, comment voudrait-elle ou pourrait-elle aider les Africains ?

 

« L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir. Seule la lutte libère » — THOMAS SANKARA

 

Le camp qui défend les Accords de Partenariat Économique (APE) au Sénégal (au moins l’APR et l’AFP) et ailleurs est inaudible, invisible. Au Sénégal, les agents des différents ministères concernés ont reçu des consignes fermes : pas de débat public avec le camp du non aux APE ! Dans un contexte où le président de la République du Sénégal vient d’affirmer sa disponibilité à dialoguer avec l’opposition cela paraît paradoxal qu’il refuse de discuter avec ceux qui tout au long de 2014 n’ont eu de cesse de demander le dialogue sur les APE.

 

Plus de 20 organisations au Sénégal, regroupées notamment dans la Coalition Nationale NON AUX APE et le Collectif NON AUX APE, sont opposées à ces APE. Le dialogue s’impose sur un sujet d’une importance capitale pour l’avenir du peuple sénégalais. Le président de la République du Sénégal nous pousserait-il à la radicalisation ?

 

Il paraît plus simple de trouver une aiguille dans une meule de foin qu’un avantage de ces APE « Accords de partenariat économique » pour les peuples du Sénégal et des autres pays de la CEDEAO et de l’Afrique. Gageons que le dialogue permettra de dévoiler ces avantages.

 

L’actualité c’est aussi la crise grecque. La Grèce est un pays d’un peu plus de 10 815 197 d’habitants. La Grèce est un pays membre de l’Union Européenne. Le fait que l’Union Européenne (UE) n’arrive pas à régler la crise grecque ne devrait-il pas ouvrir les yeux de nos dirigeants sur les réelles intentions et motivations de l’UE ? Car si les motivations de l’UE sont humanistes que ne commencerait-elle pas au pas de sa porte ? Si l’UE ne peut pas régler ou ne veut pas régler la crise grecque, comment voudrait-elle ou pourrait-elle aider les Africains ?

 

Quelle est la situation de l’UE aujourd’hui ? La situation de celle avec qui les gouvernements africains veulent imposer leurs peuples à contracter un APE nous permet de savoir aussi les véritables intentions de l’UE.

 

« 10 années après le NON majoritaire du peuple français, au référendum sur la création d’une constitution européenne, paraphée en partie par François Hollande à Lisbonne, où en est cette Europe ? Des économies plongées dans l’austérité, des guerres, des nations démantelées, une monnaie affolante, un chômage de masse jamais atteint depuis 80 ans, des droits et des acquis sociaux rabotés ou supprimés, des libertés bafouées, des services publics livrés aux multinationales, des travailleurs paupérisés et une explosion de la pauvreté quand les riches n’ont jamais été aussi riches, la montée de l’extrême-droite, de la xénophobie et du racisme… nous sommes bien loin des propos rassurants de Schumann il y a 65 ans et bien loin des promesses du camp du OUI, il y a 10 ans. Et aujourd’hui, on nous demande l’union sacrée nationale pour défendre ces politiques supranationales austéritaires, vraiment ils nous prennent pour des ignorants. » (1)

 

Rappelons que l’UE c’est une population d’un peu plus de 507, 4 millions d’habitants contre un peu plus de 300 millions d’habitants et un peu plus de 1,1 milliard d’habitants respectivement pour la CEDEAO et l’Afrique. L’UE ne peut pas aider ses 507 millions d’habitants et elle viendrait avec les APE aider les 300 millions d’ouest africains ? 1,1 milliard d’habitants ?

 

« Cinquante-cinq pour cent de la hausse totale du chômage mondial entre 2007 et 2010 sont survenus dans la région des économies développées et de l’Union européenne, alors que cette région ne compte que pour 15 pour cent de la population active mondiale. Après un repli de 2,2 pour cent en 2009, l’emploi a encore reculé de 0,9 pour cent en 2010. L’industrie a ainsi perdu 9,5 millions d’emplois entre 2007 et 2009. » (2).

 

Si après cela les dirigeants africains ne voient pas que l’UE en voulant faire de leurs pays de grands marchés Sandaga, d’Abobo, et de Kano ne vise qu’à leur faire accepter – suprême suicide — l’exportation de leurs emplois, cela accréditerait définitivement la sagesse populaire africaine pour qui « ku la eumbal sa sankal, eumbal la sa kersa ». C’est pourquoi il faut demander aux 11 présidents signataires (3) en catimini des APE le 15 décembre 2014 à Abuja s’ils pensent que l’UE aime plus les Africains que les Grecs, les Portugais, les Espagnols et les Italiens.

 

En réalité, l’UE ne vient pas pour l’aid mais pour le trade. Mais alors, au nom de quoi la CEDEAO devrait-elle subventionner les produits provenant de 28 états de l’UE contre les produits de 16 états de la Gambie, du Burkina, du Bénin, du Sénégal… ? Au nom de quoi le Sénégal devrait-il participer à un détournement de commerce au profit des multinationales de l’UE au détriment du Nigéria, de la Côte d’Ivoire, du Ghana… ? Les avertissements de LÉNINE qui datent du 23 août 1915, malgré leurs 100 ans, n’ont pris aucune ride. Méditons-en deux :

 

 

« Les États-Unis d’Europe, en régime capitaliste, seraient comme une entente pour le partage des colonies. ».

 

« Au point de vue des conditions économiques de l’impérialisme, c’est-à-dire des exportations de capitaux et du partage du monde par les puissances coloniales « avancées » et « civilisées », les États-Unis d’Europe sont, en régime capitaliste, ou bien impossibles, ou bien réactionnaires. »(4)

 

C’est pourquoi les députés européens qui sont contre les APE et les organisations des 28 pays de l’UE qui défendent la sortie de leur pays de l’UE sont des alliés objectifs de ceux qui en Afrique se battent contre les APE. À l’exception des usurpateurs du Front National français et des autres extrêmes-droites héritiers des nazis aux discours populistes, mais qui ne sont rien d’autre que des agents du capital contre les travailleurs et les peuples du centre et de la périphérie du système. Si les opposants à l’impérialisme et au capitalisme avaient scientifiquement caractérisé l’UE avant son édification, une réflexion s’impose aussi sur nos CEDEAO, SADC, UA…

 

Sommes-nous en mesure de dire 100 ans après LÉNINE que : les États-Unis d’Afrique de l’Ouest, en régime semi-colonial, seraient comme une entente au service des colons ? Sommes-nous en mesure de dire que : les États-Unis d’Afrique de l’Ouest sont, en régime semi-colonial, ou bien impossibles, ou bien réactionnaires ? Que proposer à la place des APE de l’UE réactionnaire ?

 

 

La réciprocité ce n’est pas seulement : « vos produits entrent dans l’espace UE sans payer de droit de douane alors laissez mes produits entrer dans l’espace CEDEAO sans payer de droit de douane ». La réciprocité pourrait être : « mes produits entrent dans votre espace CEDEAO en payant des droits de douane alors vos produits commenceront à payer des droits de douane pour entrer dans mon espace UE ».

 

 

Le Sénégal, ainsi que 11 autres pays ne sont pas obligés de signer les APE car faisant partie des Pays les Moins Avancés (PMA)

 

Depuis le sommet Chine-Afrique de 2006, les produits africains bénéficient d’une ouverture totale du marché chinois sans aucun droit de douane (5). Refuser de signer les APE et proposer les produits africains aux 1,3 milliards de consommateurs chinois parmi lesquels 300 milliardaires en dollars et une classe moyenne de plus de 400 millions d’individus. Faire pareil avec les autres membres des BRICS. Développer davantage encore la transformation des matières premières sénégalaises pour les 12 millions de sénégalais, les 300 millions d’habitants de la CEDEAO et les autres 700 millions d’Africains….

 

 

Par Guy Marius SAGNA - michelcollon.info - le 9 mars 2015

Source : Investig’Action

 

 

(*) Guy Marius SAGNA est le coordonnateur de la Coalition nationale NON AUX APE

 

 

Notes :

1) Cercle Ouvrier du Bassin Minier Ouest du Pas-de-Calais, cahier n° 170

2) Organisation internationale du travail (O.I.T.), « Tendances mondiales de l’emploi 2011"

 3) il s’agit des présidents du Sénégal, du Bénin, du Niger, de la Côte d’Ivoire, Guinée Conakry, Guinée Bissau, Libéria, Burkina Faso, Mali, Cap Vert, Ghana

4) Lénine, Du mot d’ordre des États-Unis d’Europe, 23 août 1915  5) Jean-Paul Pougala, Et si les Africains de Chine servaient d’instrument de conquête du vaste marché chinois aux industriels africains du RINVINDAF ? 11 février 2015

 

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