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La survie de la Grèce ne dépend pas du pouvoir politique

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La survie de la Grèce ne dépend

pas du pouvoir politique


— Banquier anonyme 


Mr Tsipras va probablement parvenir à trouver péniblement, une majorité alternative pour faire voter la potion européenne par le parlement grec. Soit des mesures qui sont à l’exact opposé du programme électoral de Syriza et sont encore plus dures que celles que le peuple grec a refusées à 60 % lors du référendum. Quant à l’avenir de Mr Tsipras comme Premier ministre, il est plus qu’incertain.

 

Comment en est-il arrivé là ? Le fait est que Mr Tsipras s’est retranché derrière l’argument qu’il n’existe aucune clause dans les traités européens pour exclure un pays de la zone euro et donc que la Grèce ne risquait rien. Est-ce par naïveté ou pure ignorance financière (ou n’est-il qu’un cheval de Troie ?), mais il aurait dû savoir que ce ne sont pas les politiciens qui décident, mais l’oligarchie financière derrière les banques centrales.

 

Mr Tsipras a sous-estimé l’impact destructeur majeur sur la population grecque que pouvait avoir la vue de banques durablement fermées parce que la Banque Centrale Européenne (BCE) a refusé d’augmenter le débit de liquidités vitales. Le parlement grec va probablement voter « n’importe quoi » ce mercredi dans l’espoir que les banques grecques puissent rouvrir et fonctionner comme avant.

 

Hélas, Mr Tsipras devrait pourtant savoir que les banques fonctionnent sous réserve fractionnaire : seule une fraction des dépôts existe sous forme de billets de banque et pour qu’une banque s’en procure afin d’alimenter les guichets ou les distributeurs, elle est obligée de les acheter auprès de sa banque centrale. Et là se posent deux problèmes :

 

– Est-ce que la banque centrale veut bien lui en vendre ?


– Comment peut-elle se procurer de l’argent pour payer ?

 

Pour simplifier un peu et de manière imagée, il faut savoir que la Grèce ne peut plus s’approvisionner directement auprès de la BCE à Francfort, mais doit utiliser le magasin local (la banque centrale grecque sous la forme du programme d’urgence ELA). Les ventes totales sont plafonnées et lorsque le plafond est atteint le magasin grec ferme. Pour payer des billets, une banque commerciale doit d’abord emprunter auprès de sa banque centrale, une monnaie spéciale utilisée entre les banques commerciales et les banques centrales (mais qui reste au sein de l’Eurosystème et ne peut pas être utilisée par les particuliers ou les entreprises). Une banque centrale prête cette monnaie de banque centrale, à condition que l’emprunteur donne un gage financier (comme un particulier qui contracte un crédit hypothécaire doit mettre sa maison en gage). La quantité de gages financiers que doivent donner les banques grecques pour emprunter la monnaie spéciale qui permet d’acheter des billets est un grand secret, on sait juste que la banque centrale grecque (sous ordre de la BCE) est devenue plus exigeante.

 

Il suffit que face « à l’incertitude politique » la BCE décide d’augmenter le montant des gages nécessaire pour les prêts existants, pour qu’aucune banque grecque n’ait encore assez de gages pour répondre à cet appel de marge sans faire défaut (ceci sans même que la BCE n’augmente le plafond de liquidité). Selon les estimations de Barclays (voir graphique n° 1 ci-dessus), avant le 6 juillet les banques disposaient d’une marge représentée par la barre de gauche en gris clair. Le 6 juillet, la BCE a exigé plus de collatéral et a réduit cette marge représentée actuellement par la barre en bleu clair. Draghi peut parfaitement, sournoisement, augmenter encore la quantité de gages nécessaire, ce qui ne laisserait aucun moyen pour les banques grecques de se procurer des liquidités même si la BCE devait rehausser le plafond disponible !

 

De plus, Alexis Tsipras a finalement obtenu que le fonds qui va vendre 50 milliards d’actifs grecs privatisés (aéroport, compagnie d’électricité, banques ! etc.) soit situé en Grèce sous supervision européenne. La moitié de ce montant est destiné à recapitaliser les banques grecques le plus vite possible. Outre le temps nécessaire pour effectuer ces ventes, le gros problème c’est que selon le FMI il n’y a plus d’acheteurs pour de tels montants. C’était éventuellement possible en 2011 (courbe verte), mais actuellement ces actifs ne valent même pas 10 milliards d’USD (courbe bleue) (voir le tableau n° 2 ci-dessus).

 

Autrement dit, l’avenir des banques grecques entièrement dans les mains de Mr Draghi est extrêmement sombre.

 

Pour ceux qui pensent que la Grèce ce n’est pas la France ou l’Italie, le graphique n° 3 (*) ci-dessus montre qu’il y a 8 ans la Grèce avait le même niveau d’endettement relatif que la France actuellement et la dette italienne a juste 5 ans d’avance sur la dette grecque

 

  

Par un Banquier anonyme - liesidotorg.com - le 23 juillet 2015

 

(*) source http://www.les-crises.fr/iens-la-dette-de-la-france-est-au-niveau-de-la-dette-grecque-dil-y-a-8-ans/

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Grèce : petit guide contre les bobards médiatiques - Partie 1/2

Grèce : petit guide contre les bobards médiatiques  - Partie 1/2 | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Grèce : petit guide contre les bobards médiatiques

(Partie 1/2) - Par CAC France 

 

 

Malgré l’ingérence et la pression des dirigeants de l’Union Européenne, le peuple grec a décidé de prendre courageusement son destin en main et d’en finir avec les politiques d’austérité qui ont plongé le pays dans la misère et la récession. Dans les pays victimes de la Troïka, mais aussi dans de nombreux autres pays européens, cette victoire est perçue comme un formidable encouragement à lutter pour mettre un terme à des politiques profitables aux marchés financiers et désastreuses pour les populations.

 

Mais déjà les grands médias relaient l’idée absurde selon laquelle l’annulation de la dette grecque « coûterait 600 euros à chaque contribuable français ». À mesure que les négociations vont se durcir entre la Grèce et la Troïka, la propagande va s’intensifier et notre travail d’éducation populaire sur la question de la dette publique va devenir de plus en plus décisif. Ces réponses aux idées reçues sur la dette grecque ont vocation à y contribuer.

 

 

Idée reçue n° 1 : Annuler la dette grecque : 636 € par Français ?

 

 

Le discours officiel sur la Grèce

« Il n’est pas question de transférer le poids de la dette grecque du contribuable grec au contribuable français » (Michel Sapin, ministre de l’Économie, Europe N° 1, 2/02), « une ardoise de 735 € par Français » (Le Figaro, 8 janvier), 636 € selon TF1 (2 février).

 

Pourquoi c’est faux ?

 

La France est engagée à la hauteur de 40 milliards € par rapport à la Grèce : une petite partie a été prêtée à ce pays dans le cadre de prêts bilatéraux, le reste (environ 30 milliards d’euros) étant apporté en garantie au Fonds européen de solidarité financière |1| (FESF), lequel a emprunté sur les marchés financiers pour prêter à la Grèce.

Dans les deux cas, ces prêts sont déjà comptabilisés dans la dette publique française (environ 2 000 milliards €). Leur annulation n’augmenterait donc pas la dette.


La France devra-t-elle débourser ces sommes en cas d’annulation de la dette grecque ? Non, car en fait, la France, comme la plupart des pays, ne rembourse jamais vraiment sa dette. Lorsqu’un emprunt vient à échéance, la France le rembourse en empruntant de nouveau. On dit que l’État fait « rouler sa dette ».


La seule chose que perdraient les contribuables français, ce sont les intérêts versés par la Grèce, soit 15 € par Français et par an |2|.


La BCE pourrait résoudre facilement le problème de la dette grecque. Elle pourrait rayer d’un trait de plume les 28 milliards qu’elle détient. Elle pourrait racheter aux institutions publiques (États, FESF) les titres grecs qu’ils détiennent, et les annuler également. Ou bien les transformer – comme le demande la Grèce – en obligations perpétuelles, avec un taux d’intérêt fixe et faible, et pas de remboursement du capital. De toute façon une banque centrale ne court aucun risque financier puisqu’elle peut se refinancer elle-même par création monétaire.

 

 

Quelles leçons pour la France et l’Europe ?

 

En France aussi la dette publique est insoutenable et ne pourra pas être remboursée. Les taux d’intérêt sont très faibles aujourd’hui ? Oui, mais c’est parce que la France mène une politique d’austérité qui plaît aux marchés financiers. C’est aussi parce que les investisseurs financiers ne veulent plus courir le risque d’investissements dans le secteur productif. Pour en finir avec cette politique en France et en Europe, il faudra aussi alléger le poids des dettes, d’une façon ou d’une autre : restructuration, remboursement partiel par un prélèvement exceptionnel sur les grandes fortunes, annulation partielle… toutes les hypothèses doivent être étudiées et faire l’objet de choix démocratiques.

 

 

Idée reçue n° 2 : Quand on doit, on rembourse ?

 

Le discours officiel sur la Grèce


« La Grèce devra rembourser sa dette » (Michel Sapin, 2 février) « Une dette est une dette. Rembourser est un devoir éthique pour un État de droit » (Marine Le Pen, 4 février)

 

Pourquoi c’est faux ?


Sauf rares exceptions, un État ne rembourse pas sa dette : il réemprunte pour faire face aux échéances. Au budget de l’État figurent les intérêts de la dette, jamais le remboursement de la somme empruntée (le principal). Contrairement à un particulier, l’État n’est pas mortel, il peut s’endetter sans fin pour payer ses dettes. C’est la différence avec l’emprunt d’une mère de famille qui, elle, est obligée de rembourser sa dette.

 

Mais quand les marchés financiers ne veulent plus prêter à un État, ou exigent des taux d’intérêt exorbitants, et que l’Etat n’a plus accès à la création monétaire de la Banque Centrale de son pays, les choses se gâtent. C’est pourquoi en 2011, quand les banques ont pris peur devant les difficultés de la Grèce, la BCE et les États européens ont dû lui prêter.

 

C’est ce qui leur permet aujourd’hui d’exercer un brutal chantage en menaçant de couper les crédits à la Grèce si son gouvernement maintient les mesures anti-austérité promises aux électeurs : hausse du SMIC et des retraites, réembauche des fonctionnaires licenciés, arrêt des privatisations.

 

De nombreuses expériences historiques de pays surendettés (Allemagne 1953, Pologne 1991, Irak 2003, Équateur 2008, Islande 2011, Irlande 2013…) ont pourtant abouti à la même conclusion : quand la dette est trop lourde (190 % du PIB pour la Grèce !), il faut l’annuler et/ou la restructurer pour permettre un nouveau départ.


Chacun sait – même le FMI et la BCE – que l’actuel fardeau de la dette est trop lourd pour la Grèce. Une renégociation est nécessaire, portant sur une annulation partielle, sur les taux d’intérêt et l’échéancier. Il faut pour cela une conférence européenne sur la dette comme ce fut le cas en 1953 pour la République Fédérale Allemande.

 

Pour être efficace, cette conférence doit pouvoir prendre appui sur les travaux d’une commission internationale et citoyenne d’audit de la dette grecque. Cet audit déterminera quelle est la part légitime de la dette, dont il convient de s’acquitter, même avec taux d’intérêt et des délais renégociés, et la part illégitime, qui peut être contestée.

 

Est légitime la dette contractée légalement pour financer des investissements ou des politiques profitables à la population. Est illégitime la dette qui n’a pas servi les intérêts de la population, mais a bénéficié à des minorités privilégiées. Selon la jurisprudence internationale, une dette peut même avoir un caractère odieux ou être illégale, selon la façon dont elle a été contractée.

 

 

Quelles leçons pour la France et l’Europe ?

 

En France aussi, une démarche large d’audit citoyen est nécessaire pour sensibiliser l’opinion et montrer qui sont les véritables bénéficiaires du système de la dette. Le premier rapport d’audit citoyen publié en mai 2014 a montré que 59 % de la dette française pouvait être considérée comme illégitime, de par son origine (taux d’intérêt excessifs, cadeaux fiscaux). Restructurer la dette française dégagerait des ressources pour les services publics, la transition écologique… Nous allons organiser une conférence européenne des mouvements sociaux sur la dette, afin de généraliser la démarche.

 

 


Idée reçue n° 3 : Les Grecs se sont goinfrés, ils doivent payer ?

 

Le discours officiel sur la Grèce

 

La Grèce, c’est une « administration pléthorique, 7 % du PIB contre 3 % en Europe », une « difficulté à lever l’impôt et à maîtriser les dépenses » (Claudia Senik, économiste)

 

Pourquoi c’est faux ?

 

Selon l’OCDE, les fonctionnaires représentaient en Grèce 7 % de l’emploi total en 2001, et 8 % en 2011, contre 11 % en Allemagne et 23 % en France (incluant la sécurité sociale). Les dépenses publiques de la Grèce représentaient en 2011 42 % du PIB contre 45 % (Allemagne) et 52 % (France).

 

Pourquoi donc, avant même la crise financière et la récession, la dette publique grecque était-elle déjà de 103 % du PIB en 2007 ? Une étude récente montre que la flambée de la dette grecque ne résulte pas du tout d’une gabegie de fonctionnaires et de prestations sociales. Les dépenses sont restées globalement constantes en % du PIB, de 1990 jusqu’à 2007. Comme en France, ce sont les taux d’intérêt excessifs et les cadeaux fiscaux qui ont gonflé la dette. Mais en plus, les diktats de la Troïka (Commission européenne, BCE et FMI) ont fait plonger le PIB grec de 25 % depuis 2010, ce qui a provoqué mécaniquement une hausse de 33 % du rapport entre la dette et le PIB !

 

Les taux d’intérêt exigés par les prêteurs entre 1990 et 2000 ont été extravagants : en moyenne 7,5 % (taux réel corrigé de l’inflation), pour une croissance du PIB de 2,5 %. D’où un effet « boule de neige » : l’État grec s’est endetté pour parvenir à payer ces intérêts exorbitants. Si le taux d’intérêt réel était resté limité à 3 %, la dette publique grecque aurait représenté 64 % du PIB en 2007 au lieu de 103 %.

 

Concernant les recettes publiques, pour remplir le critère de Maastricht sur le déficit maximum de 3 %, la Grèce a très fortement augmenté les impôts dans les années 1990 : de 28 % à 42 % du PIB. Mais dès l’entrée dans la zone euro en 2001, les riches grecs ont fait la fête. Ainsi entre 2004 et 2008 la Grèce a réduit les droits de succession, diminué par deux fois les taux d’imposition sur le revenu et décrété trois lois d’amnistie fiscale pour les fraudeurs (Études économiques de l’OCDE, Grèce 2009). Les recettes fiscales sont retombées à 38 % du PIB. Si elles avaient gardé leur niveau de 2 000, la dette publique grecque aurait représenté, en 2007, 86 % du PIB au lieu de 103 %.

 

Au total, avec des taux d’intérêt « raisonnables » et un simple maintien des recettes publiques, la dette grecque aurait été deux fois plus faible en 2007. Autrement dit on peut considérer que la moitié de la dette grecque était illégitime à cette date : elle a découlé d’une ponction opérée par les créanciers, nationaux ou étrangers, et d’une baisse des impôts au bénéfice principal des plus riches. L’explosion de la dette depuis 2007, quant à elle, est entièrement due à la récession infligée par la Troïka. Elle est donc encore plus illégitime.

 

 

Quelles leçons pour la France et l’Europe ?

 

Le Collectif pour un audit citoyen de la dette publique a déjà montré que les mêmes mécanismes (taux d’intérêt excessifs et cadeaux fiscaux) expliquent 59 % de la dette publique française. En France aussi on pourrait en finir avec les politiques d’austérité si l’on remettait en cause le fardeau de cette dette, par une annulation partielle et/ou des mesures de restructuration.

 

 

Idée reçue n° 4 : On a aidé les Grecs, ils doivent nous remercier ?

 


Le discours officiel sur la Grèce


« La Grèce doit cesser d’être un puits sans fond » (Wolfgang Schäuble, ministre allemand des Finances, 12/02/2012)

 

Pourquoi c’est faux ?

 

De 2010 à 2013 la Grèce a reçu 207 Milliards d’euros en prêts des États européens et des institutions européennes assortis de plans de réformes. Il s’agirait « d’aides à la Grèce ».

 

Une étude d’ATTAC Autriche |3| décortique les destinations des 23 tranches de financement imposées à la Grèce de 2010 à 2013. 77 % de ces prêts ont servi à recapitaliser les banques privées grecques (58 Mds €) ou ont été versés directement aux créanciers de l’État grec (101 Mds €), pour l’essentiel des banques européennes et américaines.

Pour 5 euros empruntés, 1 seul est allé dans les caisses de l’État grec !

Le mensuel Alternatives économiques (février 2015) complète l’analyse : de 2010 à fin 2014, 52,8 Mds € de ces prêts ont servi à payer les intérêts des créanciers. Seuls 14,7 Mds € ont servi à financer des dépenses publiques en Grèce.

 

Ces 207 Mds € ont donc beaucoup « aidé » les banques et les créanciers, mais très peu la population grecque. Celle-ci, en revanche, doit subir l’austérité imposée par la Troïka (BCE, Commission FMI) lors de la négociation de ces prêts. De plus, l’État grec doit payer les intérêts sur l’intégralité de ces plans d’aide. Il est endetté encore pour 40 ans, jusqu’en 2054 ; 30 Mds € sont à verser en 2015.

 

Qui sont les véritables créanciers de la dette grecque et qui décide de son utilisation ? Pour une dette totale de 314 Mds €, les créanciers sont : le Fonds européen de stabilité financière (FESF, maintenant remplacé par le MES, 142 Mds), les autres États européens (53 Mds), le FMI (23 Mds), le secteur privé (39 Mds), la BCE (27 Mds) et d’autres créanciers privés (31 Mds).

 

Le Mécanisme Européen de Stabilité (MES), entré en vigueur en 2012, gère désormais les prêts aux États de l’UE. Il contracte des prêts sur les marchés financiers et décide de leur affectation (principalement le sauvetage des banques privées). Les acteurs des marchés financiers se financent auprès des banques centrales, dont la BCE, à des taux très inférieurs à l’inflation. Le siège du MES est au Luxembourg, paradis fiscal bien connu.

 

À aucun moment, l’État grec n’a la main sur les fonds souscrits par le MES. En plus des réformes imposées par la Troïka, les Grecs payent pour des prêts qui ne leur ont pas été versés et qui pour l’essentiel profitent au secteur de la finance !

 

 

Quelles leçons pour la France et l’Europe ?

 

Les « aides » bénéficient en fait aux banques et sont payées au prix fort par les populations. Entre satisfaire les besoins fondamentaux (nourriture, logement, protection sociale, santé et éducation) ou engraisser les principaux créanciers, le choix va de soi : la priorité n’est pas le remboursement, mais l’audit des dettes publiques et la clarté sur l’usage des fonds des soi-disant « sauvetages ».

 

 

 

Par CAC France - cadtm.org – le 12 mars 2015


Source : Collectif pour un audit citoyen de la dette, France

 

 

Notes

|1| Le FESF, Fonds européen de solidarité financière, créé en 2010, vise à préserver la stabilité financière en Europe en fournissant une assistance financière aux États de la zone euro. Cette aide est conditionnée à l’acceptation de plans d’ajustement structurel. Il a été remplacé par le Mécanisme européen de solidarité (MES) en 2012.

|2| Ivan Best, La Tribune, 5 février

|3| Plans de sauvetage de la Grèce : 77 % des fonds sont allés à la finance : https://france.attac.org/nos-idees/...

 

 

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APPEL EN SOUTIEN À BLOCKUPY : « Il nous faut une autre Banque Centrale ! »

APPEL EN SOUTIEN À BLOCKUPY : « Il nous faut une autre Banque Centrale ! » | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


APPEL EN SOUTIEN À BLOCKUPY :

« Il nous faut une autre Banque Centrale ! »


Le 18 mars à Francfort, des dizaines de milliers d’activistes venu.e.s de toute l’Europe manifesteront lors de l’inauguration du nouveau siège de la Banque centrale européenne. Le message sera clair : dire non aux politiques capitalistes menées par cette institution, profitables pour les banques privées et leurs actionnaires, mais catastrophiques pour les populations.

 

La BCE prête à des taux proches de zéro (son taux directeur est actuellement de 0,05 %) aux grandes banques privées qui prêtent à leur tour aux États à des taux bien plus élevés (11 % pour la Grèce actuellement), et empochent la différence... Ce système aberrant est une des causes d’endettement des États : il coûte aux finances publiques européennes environ 350 milliards par an en intérêts de la dette.

 

 

La BCE : neutre et indépendante ?

 

Le Président de la BCE, Mario Draghi, est un ancien Président de la tristement célèbre Goldman Sachs. Il était d’ailleurs à sa tête lorsque celle-ci a aidé le gouvernement grec de l’époque à maquiller les comptes publics du pays...

 

Depuis 2007, la BCE soutient les banques qui ont provoqué la crise de manière illimitée et inconditionnelle. Elle leur a d’abord prêté plus de 1.600 milliards d’euros à des taux d’intérêt très bas. Sa nouvelle trouvaille, nommée « assouplissement monétaire », est un cadeau de plus fait aux banques privées : racheter 1000 milliards de titres de dettes souveraines et de produits structurés dont elles veulent se débarrasser sur le marché secondaire, et cela, sans aucune contrepartie ou obligation de financer l’économie réelle.

 

La BCE n’est pas neutre, elle pose des choix politiques. Le dernier épisode en date est le chantage qu’elle a utilisé envers la Grèce en menaçant de couper l’accès à tous les fonds si le nouveau gouvernement élu démocratiquement ne rentrait pas illico presto dans les rails de l’austérité…

 


Une autre banque centrale pourrait…

 

— Prêter directement aux États à des taux d’intérêt très réduits ;

— Reverser les intérêts qu’elle a touchés sur les titres publics des pays européens qu’elle détient ;

— Racheter des dettes souveraines de pays en difficulté et les annuler de ses comptes ;

— Financer directement des États soucieux d’atteindre des objectifs économiques, sociaux et environnementaux qui intègrent les besoins et les droits fondamentaux des populations ;

— Être placée sous contrôle des citoyen.ne.s européen.ne.s et non des seuls gouverneurs nommés et des « experts indépendants » triés sur le volet.

 

Pour toutes ces raisons, nous soutenons la mobilisation « Blockupy Frankfurt » du 18 mars 2015 pour en finir avec une BCE qui finance la spéculation et impose l’austérité.

 

 

 

Par AciDe - cadtm.org – le 16 mars 2015


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Le QE de la BCE

Le QE de la BCE | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Source image : moneytalk.levif.be - © AFP/Getty Images

 

 

Le QE de la BCE

 

Ainsi, Mario Draghi a bien utilisé le « bazooka ». L’annonce qu’il vient de faire le jeudi 22 janvier restera dans les annales. La Banque Centrale Européenne s’est donc convertie à « l’assouplissement », ce que l’on appelle le « quantitative easing » (ou QE pour les initiés. Mais, il s’agit d’une mesure désespérée. Rien ne prouve qu’elle donne les résultats espérés. Elle soulève par ailleurs de nombreuses questions. En un sens, on peut y voir aussi, et c’est là peut-être le point le plus important, l’amorce d’une reconnaissance que la zone euro ne fonctionne plus et qu’il convient d’en préparer la dissolution.

 

 

Les mesures annoncées

 

Lors de sa conférence de presse Mario Draghi a donc fait une série d’annonces que l’on peut résumer comme suit :


  • La BCE a décidé de lancer un programme d’achat d’actifs étendu, qui rassemble, mais aussi dépasse les programmes antérieurement annoncés [TLTRO]. Ce programme, qui entrera en vigueur au mois de mars et se continuera jusqu’en septembre 2016, consistera dans des achats de titres obligataires privés et publics sur le marché secondaire pour un volume de 60 milliards d’Euros par mois.


  • Ce programme a été décidé en raison de l’effondrement de l’inflation et des risques que fait courir la déflation à la zone euro.


  • Il sera mis en place sous une règle de proportionnalité à la contribution de chaque gouvernement au système de la BCE.


  • La BCE coordonnera les achats de titres qui seront effectués, dans les limites indiquées par les Banques Centrales Nationales [NCB]. La prise en compte des risques sera couverte à 20 % par la BCE dans le cadre d’un principe de solidarité à l’échelle de la zone euro, et pour le reste reviendra à chaque Banque Centrale.


  • Les titres achetés pourront avoir une maturité allant jusqu’à trente ans.


  • Ce programme ne doit pas inciter les gouvernements au laxisme budgétaire.


Ces mesures étaient attendues par les opérateurs des marchés financiers, mais l’ampleur du programme a favorablement impressionné ces mêmes opérateurs. Le montant total de cet « assouplissement » atteignant ainsi 1 140 milliards. L’Euro a amorcé un mouvement de baisse par rapport au Dollar des États-Unis. Mais, d’autres détails sont aussi à noter, et en particulier la règle de proportionnalité dans les achats de dettes [qui implique que trois pays en bénéficieront le plus, l’Allemagne, la France et l’Italie], mais aussi la règle de solidarité qui est limitée à 20 % des achats.

 

 

Une mesure désespérée ?

 

On doit se demander si cette annonce faite par Mario Draghi n’est pas la toute dernière mesure prise en désespoir de cause devant l’évolution de la situation économique, mais aussi politique, de la zone euro. Rappelons les faits :


1 —  Mario Draghi avait brandi la menace d’une telle action dès le début du mois de septembre 2012. Si l’on s’en tient à la théorie de la crédibilité qui sert de base à la politique déclaratoire de la BCE, cette menace était faite pour ne pas être mise en pratique. Elle devait décourager de manière décisive les spéculateurs et tous ceux qui anticipaient une possible dissolution de la zone euro. Or, il faut bien reconnaître qu’après environ un an où il fut cru sur parole, la crédibilité de Mario Draghi s’est lentement, puis de plus en plus rapidement, effritée. Ainsi, la dernière mesure visant les banques et datant de septembre 2014, ce que l’on appelle le « TLTRO » a été un échec. Cette perte de la crédibilité est un signe important de la crise que l’on connaît dans la zone euro.


2 — Les mécanismes permettant à cet assouplissement monétaire de relancer l’inflation et par là même l’activité économique ne sont pas clairs. En effet, l’Europe n’est pas les États-Unis, et même dans ce pays les résultats des QE1, QE2 et QE3 sont pour le moins mitigés.


   - Le rôle du crédit dans la consommation et dans l’investissement est nettement moins important en Europe qu’au États-Unis. Si l’annonce de cet assouplissement va certainement donner un coup de fouet aux marchés des titres [en particulier les marchés d’actions] et conforter les banques et autres sociétés financières, la détention de ces titres dans les portefeuilles des ménages est limitée. Il n’y aura donc pas d’effet de richesse réel qui pourrait dynamiser la consommation.


     - Si la baisse de l’Euro par rapport au Dollar des États-Unis est une bonne chose, il convient de rappeler que les pays de la Zone Euro, à l’exception de la France, font entre 60 % et 70 % de leur commerce international au sein même de la zone euro. La dépréciation de l’Euro face au Dollar n’aura donc pas les mêmes effets de relance de l’activité qu’une dissolution de la zone euro avec des dévaluations plus ou moins importantes des pays d’Europe du Sud par rapport à l’Allemagne.


3 — Il y a une contradiction entre la déclaration faite par Mario Draghi sur la nécessité de maintenir des politiques budgétaires strictes et cet « assouplissement ». En fait, face au risque de déflation, c’est par la politique budgétaire, et non par la politique monétaire que l’on lutte contre une récession et une déflation. Le problème principal en Europe est la baisse de la part des salaires ouvriers dans la valeur ajoutée.


On constate donc que, pour spectaculaire qu’elle soit, cette annonce est une réponse à une question qui n’était pas posée. En fait, l’assouplissement monétaire est cohérent quand on est face à une crise de liquidités, comme en septembre 2008. Mais ce n’est pas le cas actuellement.

 

 

La fin de la zone euro ?

 

Il y a un point qui mérite d’être analysé, c’est la décision de limiter le mécanisme de solidarité devant les risques à 20 % des achats. Cela signifie que, pour 80 % de ces mêmes achats de titres, le risque devra être porté par la Banque Centrale du pays considéré. Or, le principe de mutualisation est à la base du fonctionnement de la zone euro. Il faut aujourd’hui reconnaître que l’on a régressé vers la situation de 1999, c’est à dire au moment de la mise en place de la zone euro, en matière de mutualisation.

 

  • Il y a eu, depuis 2010, un mouvement très important de renationalisation de dettes [que l’on peut voir dans le compte TARGET-2], qui signifie la fin du marché unique des dettes au sein de la zone euro.


  • Désormais, nous savons que cette mutualisation ne s’applique qu’à 20 % des achats de titres à venir. Autrement dit, la Banque Centrale de l’Italie portera 80 % du risque pour l’Italie, la Banque Centrale de Grèce 80 % du risque pour la Grèce, et ainsi de suite.


  • Enfin, on n’a pas remarqué que Mario Draghi s’est bien gardé d’annoncer la mise en œuvre immédiate de son programme et qu’il l’a renvoyé au mois de mars. La raison en est simple. Il attend que la Cour de Justice Européenne lui donne le feu vert. Or, l’avis de l’avocat général, qui n’est nullement un arrêt, stipule bien que l’application d’un programme de la BCE [dans ce cas l’OMT] doit respecter le principe de proportionnalité et ne doit pas interférer avec l’établissement d’un prix de marché pour les titres qui seraient éligibles à ce programme[1].

 

Une possible interprétation des mesures prises par Mario Draghi est qu’elles représentent une action désespérée de la part d’une partie de la BCE qui, devant l’ampleur de la crise, cherche à tout prix à trouver une solution, ne serait-ce que provisoire. Mais, ce faisant, cette fraction de la BCE vient d’ouvrir la porte à une renationalisation de la politique monétaire par les pays membres de la zone euro. Il est probable que tel n’était pas le but recherché. Néanmoins, il deviendra de plus en plus difficile aux politiciens de la Zone Euro de prétendre que nous nous trouvons dans un système fédéral, alors que la politique monétaire redevient désormais nationale. Pour cette raison, et pour cette raison uniquement, il convient d’accueillir les mesures d’assouplissement monétaire annoncées par Mario Draghi avec une certaine satisfaction.

 

 

 

Par Jacques Sapir (*) - russeurope.hypotheses.org – le 22 janvier 2015

 

[1] « OPINION OF ADVOCATE GENERAL CRUZ VILLALÓN » Cas 62/14, article 263, 14 janvier 2015,

http://curia.europa.eu/juris/document/document_print.jsf?doclan… eIndex=0&part=1&mode=req&docid=161370&occ=first&dir=&cid=205625

 

 

(*) Jacques Sapir : ses travaux de chercheur se sont orientés dans trois dimensions, l’étude de l’économie russe et de la transition, l’analyse des crises financières et des recherches théoriques sur les institutions économiques et les interactions entre les comportements individuels. Il a poursuivi ses recherches à partir de 2000 sur les interactions entre les régimes de change, la structuration des systèmes financiers et les instabilités macroéconomiques. Depuis 2007 il s’est impliqué dans l’analyse de la crise financière actuelle, et en particulier dans la crise de la zone euro.

 

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