Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL
686.4K views | +0 today
Follow
Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL
La Gazette des campus de LLN et de WSL-UCL ainsi que diverses infos intéressantes visant la vérité ou l'autre vérité (qui que ce soit qui la dise, mais sans forcément prôner l'auteur).  -  Duc
Curated by Koter Info
Your new post is loading...
Your new post is loading...
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

La doctrine folle qui conduit Schäuble à organiser le Grexit : « l’ordolibéralisme »

La doctrine folle qui conduit Schäuble à organiser le Grexit : « l’ordolibéralisme » | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photos - de gauche à droite :

1) Wolfgang Schäuble cherche à obtenir un Grexit pour imposer son plan ordolibéral - Crédit : Reuters

2) Walter Eucken (1891-1950)

3) Ludwig Erhardt, le ministre de l’Économie du chancelier allemand Konrad Adenauer. Crédit : perspective.usherbrooke.ca

4) Jacques Delors - Crédit : img.over-blog-kiwi.com

 

 

La doctrine folle qui conduit Schäuble

à organiser le Grexit : « l’ordolibéralisme »

 

À propos de la Grèce, nombreux sont ceux, aussi bien à droite qu’à gauche, qui s’interrogent sur la véritable raison ou même la simple rationalité des politiques délirantes infligées à la Grèce par la Troïka (BCE, Commission européenne, FMI) et leur adjoint, le Mécanisme européen de stabilité (MES).

 

De prime abord, on pourrait croire qu’il s’agit d’un simple aveuglement idéologique sans précédent. Quatre ans de coupes budgétaires ont fait chuter le PIB et le niveau de vie des Grecs de 25 % et provoqué un désastre humanitaire. Et la cure d’austérité supplémentaire qu’on exige aujourd’hui, selon les estimations, plombera le PIB d’environ 10 % supplémentaire et fera passer la proportion dette publique/PIB bien au-delà des 200 %. En clair, la Grèce, non seulement ne retrouvera pas la croissance, mais ne pourra même pas régler sa dette nécessitera sans cesse de nouveaux plans de sauvetage et de prêts relais !

 

Si l’on voulait provoquer le départ de la Grèce de la zone euro (Grexit) et susciter une grave crise institutionnelle qui obligerait dans les jours qui viennent nos dirigeants à réécrire les traités européens existants, l’on ne s’y prendrait pas autrement !

 

Depuis plusieurs années, Wolfgang Schäuble et Angela Merkel, pour atteindre leur objectif d’une « nouvelle Union européenne », souhaitent la réécriture des traités européens. Ce que propose « le Plan Schäuble », c’est qu’une poignée de pays du nord axés sur l’euro, passe à une intégration économique et monétaire beaucoup plus serrée sous la houlette d’un seul ministre des finances disposant d’un droit de veto sur les budgets nationaux. Et de tels transferts de souveraineté nécessitent des nouveaux traités européens.

 

Si Schäuble pousse aujourd’hui la Grèce au Grexit, c’est qu’il sait fort bien que sans crise systémique au sein de la zone euro, personne n’adoptera son « plan ».

 

On peut donc blâmer Merkel et Schäuble de volontairement jouer le « pourrissement » de l’euro. Cependant, il y a plus. Car Schäuble en particulier, n’est que l’expression la plus brutale et la plus fanatique d’un courant particulièrement néfaste : « l’ordo-libéralisme ».


En Europe, on a souvent tendance à penser que tout ce qui est mauvais nous vient forcément du monde anglo-américain. Certes, Adam Smith et David Ricardo parlaient anglais et c’est surtout avec « l’École de Chicago » (Friedman & consorts) que les émules de « l’École de Vienne » (Von Hayek) ont fini par formater l’ultralibéralisme de Margaret Thatcher et Ronald Reagan.

 

Ce que la plupart de nos concitoyens ignorent, c’est l’emprise de la pensée ordo-libérale, pas seulement sur l’Allemagne, mais sur toute la construction européenne. Et puisqu’ils ignorent la logique qui motive le choix des ordolibéraux, ils n’y voient qu’incohérence et stupidité.

 

 

Histoire

 

L’ordolibéralisme, connu sous l’étiquette de « l’École de Fribourg » ou de « l’économie sociale de marché » a pris son envol après la deuxième guerre mondiale autour de « ORDO », une revue théorique qui s’intéresse avant tout à l’ordre économique et social, publiée à partir de 1948 par deux professeurs de l’Université de Fribourg-en-Brisgau (Bade-Wurtemberg, Allemagne), les économistes allemands Walter Eucken (1891-1950), « père de « l’économie sociale de marché » et le juriste et économiste Franz Böhm (1895-1977).

 

À noter, le fait que l’actuel ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble, sans surprise, est né à Fribourg-en-Brisgau et a fréquenté l’Université où régnaient les ordolibéraux.

 

Avant la guerre, en 1938, 26 intellectuels et penseurs de l’économie libérale se retrouvent à Paris au « Colloque Walter Lippman ». Sont présents, Raymond Aron et Jacques Rueff ; les Autrichiens Ludwig von Mises et Friedrich von Hayek ainsi que les premiers ordoliberaux, les Allemands Wilhelm Röpke et Alexander Rüstow.

 

Tous s’accordent pour désigner les ennemis communs : le communisme, le fascisme, la planification française et le New Deal de Franklin Roosevelt. La plupart des participants se retrouveront en 1947 lors des rencontres organisées en Suisse par le think tank de Von Hayek, la Société du Mont Pèlerin.

 

Ce qui va différencier fondamentalement les ordolibéraux des libéraux classiques, c’est leur conception du rôle de l’État. Les néo-libéraux, c’est bien connu, combattent toute forme d’interférence de l’État dans les processus économiques, car ils croient que les marchés, grâce au laissez-faire finissent par s’autoréguler.

 

 

Le rôle de l’État

 

Diamétralement opposés à cette illusion que même Adam Smith critiquait, les ordolibéraux pensent au contraire que l’État doit jouer un rôle fondamental, celui d’organiser un marché « idéal ».

 

Laissé à lui-même, disent les ordolibéraux, la libre concurrence finit fatalement par donner naissance à des cartels en position d’oligopole, situation qui annule d’emblée les avantages supposés d’une concurrence libre et non faussée. Pour éviter cet aléa, les ordolibéraux plaident pour un État fort, capable d’imposer par des sanctions et des pénalités un cadre légal permettant à la libre concurrence de réaliser pleinement son potentiel théorique.

 

Tout comme la synarchie d’Empire, les ordolibéraux préfèrent « les experts » et « les règles » aux décideurs politiques. Ils œuvrent donc de toutes leurs forces pour une sorte de « constitution économique » et un ordre fondé sur quatre grands principes :

 

  • 1)  Le respect de la propriété privée ;
  • 2)  Une concurrence libre et non faussée garantie par une Cour de justice ;
  • 3)  La stabilité des prix grâce à une Banque centrale « indépendante » et hors de toute influence politique ;
  • 4)  La rigueur budgétaire absolue, inscrite dans la Constitution.

 

 

Économie « sociale » de marché

 

Pour « vendre » leur doctrine, les ordolibéraux la baptisent d’« économie sociale de marché », en réalité une doctrine qui assume que la concurrence libre en non faussée, en dernière analyse, profitera au plus grand nombre.

 

En 1948, les États-Unis imposent Ludwig Erhard comme ministre de l’Économie du Chancelier chrétien démocrate Konrad Adenauer.

 

Erhardt reprend le terme d’« économie sociale de marché » de Müller-Armack, un des ordolibéraux qu’il embauche avec les professeurs Euchen et Böhm comme conseillers scientifiques, tout en combinant leur ordolibéralisme avec certaines idées sociales-démocrates et la doctrine sociale de l’Église.

 

Erhardt cherche à obtenir et maintenir à la fois une croissance élevée, une faible inflation, le plein emploi, de bonnes conditions de travail et un minimum de protection sociale. Alors qu’on présente sa politique de dérégulation des prix (qui a mis fin au marché noir) et de privatisations des grands groupes du secteur public, comme le secret du « miracle économique allemand », c’est plutôt le Plan Marshall et les mesures adoptées lors la conférence de Londres en 1953 (allègement de 66 % de la dette de guerre et dévaluation relative du mark pour doper les exportations) qui permettront ce succès.

 

Alors que le reste de l’Europe se reconstruit avec une bonne dose de planification, on fait naitre le mythe que l’Allemagne renaît de ses cendres exclusivement grâce aux recettes ordolibérales.

 

En 1957, la Bundesbank est créée comme une autorité indépendante suivant les préceptes ordolibérales et sur le modèle de la Banque des règlements internationaux (BRI) de Bâle. À la même époque, l’Office fédéral de lutte contre les cartels (Bundeskartellamt) est créé pour faire respecter les règles de la concurrence.

 

À l’origine, l’ordolibéralisme se démarquait également du libéralisme classique par son rejet de l’hédonisme et le respect de la dignité humaine. Pour des raisons économiques, philosophiques et politiques, l’ordolibéralisme prônait le « dialogue social », vu comme une saine mise en concurrence des corps intermédiaires.

 

Avec le temps et l’évaporation de l’éthique judéo-chrétienne, le masque social de l’ordolibéralisme a fini par tomber notamment à partir de sa mise en concurrence avec l’ultralibéralisme thatchérien qui, importé aux États-Unis par l’Administration Reagan a gagné l’ensemble du monde anglo-américain.

 

Bien que les ordolibéraux estiment que chacun doit pouvoir bénéficier d’une assurance maladie et d’une retraite, ils abhorrent le modèle bismarckien de protection sociale. Pour eux, c’est à chacun de s’assurer auprès d’assureurs privés. Car ils craignent comme la peste toute subvention publique qu’ils considèrent comme une incitation à l’oisiveté et l’irresponsabilité.

 

Avant 1966, en Allemagne, les allocations familiales, attribuées uniquement à partir du 3e enfant, étaient de moitié de celles perçues en France, en Belgique ou même en Angleterre. Ce n’est qu’en 1966, lorsque les sociaux-démocrates entrent dans une « grande coalition » avec la CDU, qu’un vaste effort de rattrapage a eu lieu.

 

Plus récemment, c’est sous Kohl et Schäuble que l’ordolibéralisme a tenté son retour entre 1982 et 1998, tentative quelque peu retardée par la nécessité d’un minimum de politiques publiques suite à la réunification bien que l’ex RDA reste un champ de ruines faute d’initiatives publiques suffisantes.

 

L’ordolibéralisme a fait également des adeptes à gauche. En Allemagne, c’est surtout les politiques terribles de Gerhard Schröder, les mini-jobs, l’Agenda 2010 et les mesures Hartz IV, qui incarnent l’ordolibéralisme alors qu’en Angleterre, bien avant Cameron, la fameuse « troisième » voie de Blair n’est rien d’autre qu’une version fabienne du même moule ordolibéral. En France, Jacques Delors, l’homme qui a supprimé le Glass-Steagall en France en 1984, en est le meilleur représentant.

 

 

Europe

 

Dès le traité de Rome de 1957 instituant la Communauté européenne, le poids de la pensée ordolibérale se fait ressentir. La France obtient notamment la création de la Politique agricole commune (PAC) mais le traité fixe (Art. 3) comme objectifs d’aboutir à « un marché intérieur caractérisé par l’abolition, entre les États membres, des obstacles à la libre circulation des marchandises, des personnes, des services et des capitaux » (Art. 3c) et « un régime assurant que la concurrence n’est pas faussée dans le marché intérieur » (Art. 3 g).

 

En 1998, la BCE est créée sur le modèle de la Bundesbank et l’euro est introduit et géré lors de son lancement par les équipes de la BRI de Bâle. Alors qu’aux États-Unis, le patron de la Fed doit rendre des comptes au Congrès, la BCE est entièrement « indépendante » de toute autorité politique et ne doit veiller qu’aux prix et à la monnaie alors que la Fed est également responsable de la croissance et de l’emploi. « L’indépendance » de la BCE ne l’empêche pas de faire de la politique lorsqu’elle estime que sa domination est contestée comme nous venons de le voir en Grèce.

 

Les fameux critères « de convergence » du traité de Maastricht sont un chef-d’œuvre de folie ordolibérale. Vouloir inscrire des règles d’or interdisant tout déficit ainsi que des mécanismes automatiques de coupes budgétaires s’apparentent à une forme de maladie mentale. Pour les ordolibéraux, ce sont les lois et les règles qui doivent primer, et non l’action des hommes. Ceux qui contestent ou refusent de se soumettre aux règles doivent, si les pénalités imposées par la Commission européenne échouent à les recadrer, être exclus (Grexit) pour l’exemple.

 

Devant cette évolution, le peuple allemand doit prendre conscience à quel point l’Allemagne devient un objet de haine et de frustration pour le reste du monde. Non pas à cause de l’Allemagne de Friedrich Schiller, Beethoven ou Friedrich List, mais à cause d’un l’ordolibéralisme fascisant allemand érigé en pensée unique imposée à toute l’Europe.

 

L’ordolibéralisme est la loi de l’euroland et ses dirigeants s’en vantent. En 2013, parlant à Jérusalem, le président de la BCE Mario Draghi a déclaré que l’institution monétaire de la BCE s’en tient aux règles de « l’ordolibéralisme » qui est « l’adhésion aux principes d’un marché ouvert où règne la libre concurrence permettant une allocation efficace des ressources ».

 

Plus récemment, le 16 juillet 2015, l’ancien Premier ministre Donald Tusk, à l’heure actuelle le « Président » non élu de l’Union européenne, lors d’un entretien avec le Financial Times, a déclaré :

 

Si je cherche quelque chose d’inspirant au niveau économique (…) la meilleure école de pensée, c’est les soi-disant ordolibéraux en Allemagne (…) Ceci, pour moi, est la source de pensée qui peut s’avérer très utile pour aujourd’hui.

 

 

 

 

Par Karel VereyckenSolidarité & Progrès – le 30 juillet 2015.

No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

Hypocrisies européennes

Hypocrisies européennes | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Hypocrisies européennes

Par Jacques Sapir

 

La nouvelle réunion de l’Eurogroupe qui s’est tenue aujourd’hui, mardi 7 juillet, a été marquée par un sommet d’hypocrisies publiques. Ces hypocrisies ont marqué la réunion le lundi 6 juillet en fin de journée de Mme Merkel et de François Hollande à l’Élysée. La France et l’Allemagne ont appelé, par la bouche de François Hollande, la Grèce à soumettre une liste de « propositions sérieuses, crédibles, pour que (sa) volonté de rester dans la zone euro puisse se traduire » [1]. La Chancelière allemande a, en ce qui la concerne, dit attendre « maintenant des propositions tout à fait précises du Premier ministre grec » [2]. Mais, une hypocrisie peut en cacher une autre. Les discours des acteurs camouflent – plutôt mal aujourd’hui – le fait que sans une solidarité importante entre les pays membres, une Union monétaire comme l’Euro est condamnée à périr.

 

 

L’hypocrisie des demandes de réformes

 

Il est stupéfiant, et consternant de mauvaise foi, de voir des acteurs aux responsabilités si éminentes que Mme Merkel et François Hollande, continuer à demander des « réformes » à Alexis Tsipras. Ce dernier, dès son élection le 25 janvier dernier, a dit toute la nécessité de mener de profondes réformes en Grèce. De fait son gouvernement, unissant la gauche de Syriza et la droite souverainiste de l’ANEL (les « Grecs Indépendants »), est certainement le gouvernement le mieux placé pour conduire un important programme de réforme et de modernisation en Grèce. Ce gouvernement n’est pas lié par les relations clientélistes, les pratiques de collusion et de corruption qui étaient si développées au point d’en devenir emblématiques que ce soit avec le gouvernement de Papandréou (les « socialistes » du PASOK) ou avec le gouvernement de droite de Samaras (la « Nouvelle Démocratie »).

 

De fait, le gouvernement issu des élections du 25 janvier a proposé un renforcement du système fiscal, transférant une partie de la charge sur les plus riches et supprimant de nombreuses niches et exemptions fiscales, et il a aussi proposé des réformes importantes touchant tous les sujets sensibles, y compris le régime des retraites.

 

Mais Alexis Tsipras a aussi dit que pour que la Grèce puisse continuer à faire ses efforts, efforts qui – rappelons-le – lui ont permis de dégager un solde budgétaire primaire (autrement dit avant remboursement de la dette), soit un excédent budgétaire, elle devait retrouver confiance en son avenir. Cela passe par la croissance.

 

Or, et ceci est attesté de nombreux côtés, que ce soit par des économistes plutôt classés à gauche (comme Krugman[3], Stiglitz[4] ou Piketty) ou par des institutions internationales classées à droite comme le FMI[5], la dette de la Grèce n’est pas supportable. Elle enfonce chaque jour un peu plus le pays dans l’abîme de la dépression. Les réformes que le gouvernement grec est disposé à faire sont liées, et il ne peut en être autrement, à une restructuration profonde de la dette de la Grèce, sans doute sur le modèle de ce qui avait été consenti à l’Allemagne en 1953.

 

Dès lors, demander des réformes « sérieuses et crédibles » comme l’ont fait et la Chancelière allemande et le Président français n’a aucun sens. Ces propositions ont été faites il y a des semaines. Certaines, en particulier les mesures fiscales frappant les plus riches, ont même été trouvées « excessives » par l’Eurogroupe. En réalité, en refusant de voir le point de blocage réel, la question de la restructuration de la dette de la Grèce, Mme Merkel et M. Hollande adressent une fin de non-recevoir au gouvernement grec. Mais, et c’est là le plus répugnant dans cette crise, une fin de non-recevoir enrobée de paroles doucereuses, dégoulinantes de « bienveillance », de déclarations d’amitié, de proclamation de la volonté de garder la Grèce dans la zone euro. C’est de l’hypocrisie à l’état pur.

 

 

L’hypocrisie de la Banque Centrale Européenne (BCE)

 

La BCE s’est jointe à ce concours d’hypocrisie et de mauvaise foi. Rappelons ici les faits : elle maintient certes le programme d’aide à la liquidité d’urgence (dit « ELA ») pour les banques grecques, MAIS elle en limite le plafond, ce qui organise DE FAIT une pénurie croissante de liquidités en Grèce.

 

Si la BCE s’était tenue à ses règles et à sa charte, elle aurait dû suspendre l’ELA dès le samedi 27 juin. Mais, les règles ont été tant et tant tordues depuis 2012, que ce soit à propose de l’OMT (Outright Monetary Transactions) ou des TLTRO, qu’elles n’ont plus grand sens. Ou, plus précisément, on ne les invoque que quand on doit prendre une décision politique un peu gênante. Hypocrisie donc, encore et toujours.

 

Donc, si la BCE avait suspendu l’ELA le 27 juin, on aurait pu crier à l’ingérence dans un problème politique grec, le référendum. Mais, en maintenant l’ELA tout en en conservant le plafond au niveau fixé le 26 juin, la BCE a contraint les banques grecques à la fermeture et a limité l’accès des Grecs, tant ménages qu’entreprises, à la liquidité. Elle a, de plus, mis des limites strictes au mécanisme automatique de transfert au sein de la zone euro (ce que l’on appelle le compte Target2). Le résultat a été une ingérence massive dans la vie politique grecque. Cette ingérence n’a pas donné le résultat escompté, et les Grecs ont rejeté le projet d’accord qui leur était soumis par une majorité de 61 % de « Non ». Alors, la BCE a décidé le 6 juillet de commencer à appliquer une décote sur les collatéraux à ses prêts que lui ont fournis les banques commerciales grecques. De fait, la BCE est en train d’expulser la Grèce hors de la zone euro [6]. Ici encore, on va se réfugier derrière les « règles » de la BCE et sa charte. Mais on peut remarquer que l’on n’avait pas eu ses scrupules sur bien d’autres sujets. L’application des règles apparaît comme bien élastique, et soumise – en réalité – au bon vouloir politique d’un organisme qui n’est soumis lui-même à aucun contrôle politique. Nouvelle démonstration de l’immense hypocrisie de M. Draghi et de ses confrères.

 

 

Une monnaie unique sans solidarité ?

 

Mais la situation de la Grèce soulève un autre problème. Peut-on continuer à faire fonctionner la « zone euro », ou pour l’appeler de son nom l’Union Economique et Monétaire, sans organiser en son sein d’importants flux de transferts ? Quand la Californie se trouva, lors de la crise financière de 2007-2009, en défaut de paiement, elle ne sortit pas de la zone Dollar parce qu’elle bénéficia d’importants flux de transferts en provenance du budget fédéral des États-Unis. Or, aujourd’hui, non seulement les flux de transferts sont très limités en Europe (où le budget de l’UE est plafonné à 1,23 % du PIB) mais ils se heurtent à l’opposition de plus en plus forte de nombreux pays, et en premier lieu l’Allemagne.

 

Il ne s’agit pas, ici, de faire un quelconque reproche à ce sujet à l’Allemagne. Établir un fédéralisme budgétaire au sein de la zone euro prélèverait de 8 % à 12 % du PIB de l’Allemagne tous les ans, selon les méthodes de calcul. L’économie allemande n’y résisterait pas. La question n’est donc pas de savoir si l’Allemagne veut une politique de transferts, une fois qu’il est constaté qu’elle ne peut pas en payer le prix. Mais, il faut alors en tirer les conséquences quant à la zone euro. Et l’on voit bien que la zone euro ne peut survivre sans un mécanisme assurant des transferts importants en son sein. Cela, les différentes autorités de notre pays comme de nos voisins le savent pertinemment.

 

Dès lors, s’obstiner de réunion de l’Eurogroupe en Conseils européens à tenter de faire vivre une zone monétaire sans accepter d’en payer le prix est une folie dangereuse. Prétendre que la stabilité de cette dite zone serait mise en cause par un pays, aujourd’hui la Grèce et qui sait demain, peut être l’Espagne, le Portugal ou l’Italie, relève à nouveau de la plus immense hypocrisie.

 

L’enfoncement des gouvernements européens dans une hypocrisie aux formes multiples, mais dont le résultat est chaque jour plus évident renvoie aussi fondamentalement à un manque de courage. Manque de courage de Mme Merkel qui n’ose pas dire à son peuple qu’il lui faudra payer pour avoir l’Euro, ou que l’Euro ne sera plus[7].

 

Manque de courage de François Hollande, qui n’a pas voulu affronter de face Angela Merkel et lui dire que, faute de consentir à l’Union de transferts (et on en comprend parfaitement les raisons) la zone euro ne pouvait être maintenue.

 

Manque de courage de M Rajoy, qui a longtemps lié le sort de l’Espagne à celui de l’Allemagne et qui n’a pris que tardivement conscience qu’une expulsion de la Grèce hors de la zone euro le mettrait, lui, désormais en première ligne.

 

Manque de courage de M. Renzi, le fringant Premier ministre italien qui a commis les mêmes fautes que son homologue espagnol alors que la logique et la raison lui commandaient de soutenir la Grèce.

 

Manque de courage de tous, qui feront sans doute de la Grèce un bouc émissaire, une victime expiatoire, pour une situation qui est de la responsabilité de tous en réalité et pour se refuser à voir la réalité tant qu’il en est encore temps. Et si cela n’est pas une immense et incommensurable hypocrisie, alors les mots n’ont plus de sens.

 

 

 

Par Jacques Sapir histoireetsociete.wordpress.com – le 7 juillet 2015

 

Notes :

 

[1]http://www.capital.fr/a-la-une/actualites/hollande-et-merkel-affichent-une-position-commune-sur-la-grece-1052927#UpICzy8xld0pGTT3.99

[2]http://www.rfi.fr/europe/20150706-francois-hollande-angela-merkel-affichent-leur-unite-grece/

[3] Krugman P., « Europe’s Many Economic Disasters », New York Times, 3 juillet 2015,

http://www.nytimes.com/2015/07/03/opinion/paul-krugman-europes-many-disasters.html

[4] Stiglitz J, « Europe’s attack on Greek democracy », le 29 juin 2015, http://www.project-syndicate.org/commentary/greece-referendum-troika-eurozone-by-joseph-e–stiglitz -2015-06

[5] The Guardian, « IMF says Greece needs extra €60bn in funds and debt relief », 2 juillet 2015,

http://www.theguardian.com/business/2015/jul/02/imf-greece-needs-extra-50bn-euros?CMP=share_btn_tw

[6] Sandbu M., « Free Lunch: ECB, enemy of the euro? », Financial Times, 6 juillet 2015, http://www.ft.com/intl/cms/s/3/bbf26c42-23bb-11e5-bd83-71cb60e8f08c.html

[7] Voir Godin R., Grèce : Pourquoi Angela Merkel refuse de parler de la dette grecque, La Tribune, 7 juillet 2015,

http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-pourquoi-angela-merkel-refuse-de-parler-de-la-dette-grecque-490094.html.


No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

Grèce : l’Issue

Grèce : l’Issue | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Illustrations : Peter Kœnig - couverture du livre "Implosion" de Peter Kœnig : thriller économique sur la guerre, la destruction de l’environnement et la rapacité des grands groupes - Inédit en français - Universe – 2008 - 336 pages

 

 

Grèce : l’Issue

 

Ce que la troïka est en train de faire à la Grèce en ce moment est le summum du terrorisme financier. C’est le supplice de la baignoire appliqué à l’économie. C’est du chantage à l’état pur. Ces gens sont des fascistes néolibéraux qui mettent la Grèce devant un dilemme : « soit vous nous proposez une liste acceptable de mesures d’austérité*, soit nous vous en imposons une ». Sous-entendu : ce plan d’austérité, vous feriez mieux de l’accepter sous peine d’être mis en faillite et de vous retrouver expulsés de l’union monétaire européenne, voire même de l’U.E. C’est là ce dont ils les menacent. C’est là ce que Bruxelles fait à un pays frère, à un des siens**. Il ne reste plus le moindre brin de solidarité dans cette si mal nommée « Union ». Cette « Union » ne mérite pas d’exister.

 

« Aucune solidarité » est la marque distinctive de l’Europe. On la voit s’étaler partout sur la carte. Un autre exemple flagrant est son refus d’accorder l’asile aux réfugiés transméditerranéens victimes des guerres et des conflits suscités par Washington et mis en œuvre avec la totale complicité de l’Europe : Libye, Syrie, Soudan, Irak, Égypte, Somalie, Afrique Centrale, Yémen, et d’autres encore.

 

En Grèce, la troïka applique la stratégie des « objectifs inversés ». L’U.E. ne veut pas que la Grèce, ou tout autre membre, si économiquement faible soit-il, de l’Union quitte l’Eurozone. Une sortie de la Grèce (« Grexit » en pidgin. NDT) pourrait provoquer une réaction en chaîne. En menaçant la Grèce d’expulsion, ces braves gens la poussent à implorer leur pitié.

 

Au début de ces mois de « négociations » sans fin, Madame Lagarde, la Dame de Fer du FMI, le prototype de la marionnette des maîtres de Washington, a eu le culot de déclarer qu’elle voulait traiter « avec des adultes » un plan d’austérité « plus sérieux ». On ne saurait mieux incarner le suprématisme du FMI.

 

Il faut dire que c’est le FMI, bras armé du trésor US, qui mène le bal à Bruxelles. L’U.E., vassale exemplaire, danse comme le pipeau joue, en totale complicité idéologique. Un gouvernement socialiste, dans l’U.E., ne peut tout simplement pas être toléré, et ce d’autant moins que le pays loge, sur son sol, la base-clé de l’OTAN en Europe. Les Grecs sont pénalisés pour avoir eu l’audace d’élire un gouvernement socialiste. Comment osent-ils ! Le verdict ne s’est pas fait attendre.

 

Il est cependant très surprenant de voir avec quelle inflexibilité M. Tsipras et Syriza défendent l’idée de rester à tout prix dans l’Eurozone. Pourquoi diable ? Les jours de l’Euro, vieux d’à peine 15 ans, sont comptés. Qui ne se rappelle le temps heureux où nous avions nos propres monnaies nationales ? Avec l’arrivée de l’Euro, les Européens se sont retrouvés esclaves d’un système bancaire prédateur. L’Europe a abandonné sa souveraineté à un gang de mégamonstres bancaires, tous liés à Wall Street.

 

En réalité, la Banque Centrale Européenne (BCE) n’est pas une banque centrale du tout, mais un simple instrument de Wall Street. M. Draghi, le président de la BCE, est un ancien cadre de Goldman Sachs, ce qui signifie que Goldman Sachs dirige la politique monétaire et économique de l’Europe.

 

Reste ce mystère : pourquoi se suicider, pourquoi entraîner le suicide d’une nation entière en s’accrochant à tout prix à un bateau qui coule ? Car, oui, le système monétaire occidental, avec son économie rapace fondée sur le dollar, est condamné à mort. Ce n’est qu’une question de temps. Les mots fatidiques sont écrits sur le mur.

 

Est- ce que les Grecs qui croient encore à l’image volée en éclats du « glamoureux » euro savent cela ? Est-ce que le citoyen européen lambda se rend compte que l’épargne de toute sa vie peut se dissoudre du jour au lendemain dans l’air léger ?

 

La Commission Européenne vient d’édicter une loi qui donne aux banques le droit de voler – oui, de voler – l’argent qu’elles ont reçu en dépôt, si cela doit les sauver de l’effondrement. Cela s’appelle « bailing in » (renflouement de la dette par saisie d’actifs), par opposition à « bailing out » (plan de sauvetage par prêt-accroissement de la dette), qui a constitué le crime précédent – mineur – de voler l’argent des contribuables.

 

Le « bail-in » a déjà été expérimenté à Chypre : rappelez-vous comment, le 25 mars 2013, un essai de fonctionnement d’une nouvelle stratégie de sauvetage des too-big-to-fail (« trop gros pour faire faillite ») s’est déroulé à la face du monde à Chypre, où 50 % des dépôts bancaires ont été volés par les banques. Le reste de l’Europe s’est contenté de sourire moqueusement : voilà qui ne pourrait jamais nous arriver à nous. Ils ont même, avec dédain, appelé cette entourloupe « marge de sécurité ». Aucune solidarité alors, aucune solidarité aujourd’hui.

 

À partir d’août 2015, cette stratégie de duperie et de vol aura force de loi dans l’Eurozone. On dirait que pas un seul Européen n’en a conscience. Sinon, ce serait la ruée sur les banques. Ou peut-être les gens se bercent-ils de l’illusion que cela n’arrivera jamais. Cela arrivera. Ce n’est qu’une question de temps. Mais le jour où cela arrivera, il sera trop tard pour agir. C’est maintenant qu’il faut le faire. Un des moyens d’action consiste à sortir de l’Eurozone.

 

La Grèce a une occasion unique de sortir de la zone euro gracieusement, la tête haute,  en disant à la troïka, et en particulier au gang fratricide de Bruxelles, que, pour elle, honorer les engagements pris à l’égard du peuple grec est une priorité – plus d’austérité, plus de privatisation des services publics ni de la propriété publique, plus de fermetures d’hôpitaux – et que,  pour ces raisons honorables, la Grèce sort de la zone euro, ne capitule pas, ne capitulera jamais. Ce pas de la capitulation, c’est une décision sage qui conduira la Grèce vers un avenir différent, un avenir prospère.

 

Il y a deux manières de s’y prendre. La première serait de se déclarer en faillite à la fin de juin, dans l’incapacité où est le pays de rembourser les 1,6 milliards d’euros dus au FMI pour son plan de « sauvetage » mal-conçu. Cette illustre, mais criminelle institution a déjà déclaré le 25 juin qu’elle ne prolongerait pas d’un jour la date d’échéance du 30, car ce serait « contraire à sa politique ».

 

Faire faillite n’est pas un phénomène nouveau. C’est arrivé à bien des pays avant la Grèce : l’Argentine, la Bolivie, l’Equateur et, oui, l’Allemagne. Selon l’historien économique allemand Albrecht Ritschl, l’Allemagne s’est déclarée en cessation de paiement pas moins de trois fois au XXe siècle. La dernière fois, dans les années 1990. Il qualifie les faillites de l’Allemagne de « plus énormes défauts de paiements dans l’histoire de l’Europe ».

 

La dette grecque fait pâle figure, comparée aux faillites allemandes. Pourquoi personne ne semble-t-il s’en souvenir ? C’est simple : parce que les médias dominants, qui sont tous  vendus, se gardent bien d’en parler jamais.

 

Se déclarant incapable de rembourser sa dette, la Grèce déclarerait en même temps qu’elle sort de l’Eurozone, qu’elle reprend son autonomie monétaire et fiscale, et qu’elle revient à sa propre monnaie : la drachme. L’étape suivante consisterait à nationaliser et réguler les banques grecques, à réactiver la Banque Centrale Grecque en tant qu’institution souveraine apte à conduire sa propre politique monétaire et à se servir des autres banques pour faire redémarrer l’économie nationale ; elle consisterait ensuite à négocier sa dette de 360 milliards d’Euros avec ses créanciers – avec une drachme dévaluée – à ses propres conditions.

 

Une solution plus audacieuse, mais totalement légale – appelons-la le plan B – consisterait, pour la Banque Centrale Grecque souveraine à produire (électroniquement, comme le font toutes les banques y compris la BCE) sa propre monnaie : l’Euro. « Imprimer » sa propre monnaie est le droit souverain de toute nation. L’Euro est toujours la monnaie de la Grèce. Pour une banque, produire de l’argent, c’est produire de la dette. Dans ce cas, la Banque Centrale de Grèce produirait (créerait) une dette interne de 1,6 milliard d’euros pour rembourser le prêt du FMI à la fin du mois de juin : dette interne à traiter intérieurement, sans interférence extérieure. Il n’y a aucune règle de l’U.E. ou de la BCE qui interdise à une banque centrale de créer sa propre masse monétaire. Cela peut ne s’être jamais produit, mais ce n’est contraire à aucune règle. Ce serait un « coup de maître » probablement admiré par des tas de pays se débattant dans le même genre de situation.

 

En même temps, la Grèce déclarerait quitter l’Eurozone, revenir à la drachme, nationaliser et restructurer son système bancaire, lequel pourrait alors prêter de l’argent aux secteurs productifs et de services, dans le but de réorganiser rapidement son économie. C’est là une action légale et souveraine.

 

À Bruxelles, ils seraient sans doute furieux et sous le choc. Appelleraient-ils au boycott dans toute l’U.E. et même au-delà ? Peut-être. Et alors ? N’y a-t-il pas la Russie et la Chine et les autres pays des BRICS et de l’OCS (Organisation de Coopération de Shanghaï) qui pourraient « renflouer » la Grèce en lui procurant des biens de première nécessité ? Ces pays sont de ceux qui n’ont pas encore oublié la signification du mot « solidarité ». La Grèce pourrait très vite se retrouver entourée d’amigos, même d’Europe, d’amis qui pensent de la même manière et souhaitent agir de concert, mais qui n’ont simplement jamais osé.

 

Comme l’a dit récemment un des plus brillants économistes russes, Sergeï Glazyev, l’avenir de la Grèce est dans la diversité, y compris à l’Est ; il consiste à restaurer et à développer son économie en association avec la Russie et avec la Chine et d’être partie prenante dans la nouvelle Route de la Soie, une initiative chinoise de développement économique qui va s’étendre, depuis Shanghaï, à travers l’Asie Centrale et la Russie, et peut-être même l’Europe si et quand l’Europe se réveillera.

 

Ce système malsain et malade que dirige Washington a besoin d’une douche froide et d’une bonne gifle.

 

La Grèce, indéniablement, continuera à faire partie de l’Europe, mais elle pourrait bien aussi devenir la voie d’accès à une NOUVELLE Europe d’états souverains fédérés, pour lesquels la solidarité serait un principe d’union, une Europe découplée de l’hégémonie du dollar et arrachée aux crocs de l’Empire US en décomposition.

 

 

 

 

Par Peter Kœnig (informationclearinghouse.info) - Traduit par c. l. pour Les Grosses Orchades - reseauinternational.netle 30 juin 2015.


Notes : 

*C.-à-d. de privations conduisant à la perte du droit le plus élémentaire à la vie. NDT.

**Comme l’a expérimenté naguère la Yougoslavie. NDT.

 

Pendant presque toute sa carrière (trente ans) Peter Kœnig a travaillé pour la Banque Mondiale en qualité d’économiste et de spécialiste des ressources en eau. À ce titre, il a voyagé dans toutes les parties du monde. La plupart des scènes de son roman Implosion (voir ci-dessous) proviennent de sa propre expérience. Son épouse et lui vivent en Europe et en Amérique du Sud. Leurs deux filles et leur fils vivent en Suisse. On peut le joindre à l’adresse implosion.pk@rcn.com.


Koter Info's insight:


Vous aussi, participez au référendum grec du 5 juillet 2015, cliquez sur ce lien !


Vos prénom, nom et localité seront imprimés au dos d'une carte postale géante qui sera remise à l'ambassade de Grèce, au plus tard ce vendredi 3 juillet.


No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

Ce « gotha » dont les citoyens ont toutes les raisons de se méfier

Ce « gotha » dont les citoyens ont toutes les raisons de se méfier | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Ce « gotha » dont les citoyens ont

toutes les raisons de se méfier

Par Daniel Vanhove (*)

 

 

Les jours, les semaines, les mois, les années défilent et se ressemblent… L’on pourrait même ajouter, les siècles passent, et se ressemblent aussi… Ce sont toujours les mêmes qui gagnent et les mêmes qui perdent… Les dominants d’un côté, les dominés de l’autre. L’Histoire semble immuable à ce niveau. À notre époque, la différence majeure réside dans l’information. Autrefois difficile à appréhender, elle est aujourd’hui surabondante au point que beaucoup s’y perdent et finissent par tout mélanger… ce qui revient (presque) à dire que ceux-là ne sont pas mieux informés qu’auparavant. La quantité y est sans doute, mais avec une perte en qualité évidente… Comme n’importe quel autre produit dans ce monde désormais « marchandisé » à outrance, l’information est devenue objet de consommation…

 

Il y a quelques jours, Mme Ch. Lagarde – directrice générale du FMI (Fonds Monétaire International), la fonctionnaire internationale la plus payée au monde, avec un salaire d’environ 500.000 US $ annuel (soit, près de 32.000 € par mois) sur lequel elle ne paie aucun impôt (!) en vertu des articles 34 & 38 de la Convention de Vienne de 1961 sur les relations diplomatiques – était à Bruxelles dans le cadre des Grandes Conférences Catholiques.

 

Au-delà des questions que l’on peut se poser sur la présence de la directrice du FMI à de telles Conférences, le plus incroyable réside sans doute dans le contenu du discours prononcé par Mme Lagarde qui, sans sourciller, indiquait que « … tout le monde gagnera à une réduction des inégalités excessives… » Le public présent à cette conférence « catholique » a-t-il écouté ces sornettes « pieusement » ou y en a-t-il au moins un qui a tenté d’infliger à cette dame le seul traitement qu’elle méritait, à savoir un entartage à la Noël Godin !? L’on se demande si on rêve (ou plutôt cauchemarde) en entendant de tels propos. Et comment ne pas réagir !? Qu’elle commence donc par revoir son salaire et ceux de son entourage…

 

Mme Lagarde a énuméré ainsi quantité de bonnes intentions, avançant même que : « Nos études montrent que, contrairement aux idées reçues, les bienfaits d’une hausse du revenu viennent d’en bas et non d’en haut ». On ne sait à qui elle pensait dans ces « idées reçues »… Quant à nous, du peuple, nous le savions depuis longtemps et n’avions pas besoin que cela soit asséné par la directrice du FMI. Mme Lagarde aurait-elle trouvé le fil à couper le beurre ? Et sincèrement, y a-t-il un poste au monde qui mérite un tel salaire sans parler de tous les avantages qui vont avec ? La réponse doit être claire : non !

(voir :

http://www.lalibre.be/actu/international/christine-lagarde-tout-le-monde-gagnera-a-une-reduction-des-inegalites-excessives-5581d00e3570f340d7309933)

 

Le plus beau de l’histoire est de voir avec quelle pugnacité, quelle hargne la même directrice si bien intentionnée lorsqu’il s’agit de donner des leçons de morale dans un cadre « catholique », agit de commun accord avec les hautes instances internationales (UE–BCE–FMI aussi appelé « Troïka ») qui ont mis la Grèce à genoux.

 

Vivre avec 32.000 € par mois sans payer d’impôts, et réclamer de la Grèce des efforts supplémentaires auprès de chômeurs et retraités qui tentent de survivre avec 500 € par mois est une honte, une imposture qui mériterait qu’elle soit sur le champ destituée de ses fonctions et rendent les 95 % de ce qu’elle a perçu sur le dos des plus pauvres qui voient valser de tels chiffres et sont tout simplement paralysés dans leur dramatique situation, ne sachant pas pour beaucoup d’entre eux, comment finir le mois.

 

Pour rappel, le taux de suicide a augmenté de manière endémique en Grèce, depuis les mesures d’austérité prônée par les autistes qui nous gouvernent.

 

Et tout ce beau monde, qui virevolte de sommets en réunions spéciales pour tenter de voir comment assécher encore un peu plus ceux qui n’ont déjà presque plus rien, ces arrogants qui se drapent derrière leurs mandats immérités, ce gotha de nantis que vomissent de plus en plus les peuples ne doit plus s’étonner de voir l’Europe virer à la couleur brune dont ils affirment ne pas comprendre les raisons et tout faire pour la combattre. Ils en sont les premiers responsables, et avec eux les médias complaisants qu’ils contrôlent et manipulent. Rarement sans doute, le monde a fait face à tant de cynisme affiché.

 

Certains peuvent toujours ânonner que le problème majeur de l’Europe est l’immigration… c’est vraiment l’arbre qui cache la forêt. Le problème majeur de l’Europe (et de la mondialisation en général) est précisément ces inégalités devenues intolérables entre les toujours plus riches et les toujours plus pauvres. L’immigration de plus en plus massive en est d’ailleurs l’une des résultantes. Entre ces patrons de grandes entreprises qui s’octroient des salaires d’une indécence sans nom, ces fonctionnaires surpayés et jamais responsables de leurs erreurs pourtant multiples, assurés du renouvellement de leurs mandats dans ce jeu de donnant-donnant entre petits copains, et les retraités, les chômeurs, les jeunes, les travailleurs dont les conditions se sont précarisées au fil des ans, la fracture est désormais béante. Le jour arrive où la révolte populaire viendra les surprendre sous leurs fenêtres et ils s’en étonneront sans doute, vivant dans leur bulle aseptisée et morne, faite de directives et de décrets qui n’intéressent pas le citoyen…

 

Aujourd’hui que se joue le sort de la Grèce, les autres peuples des pays européens voisins regardent et comprennent petit à petit comment ce gotha s’est organisé pour dépecer un pays et s’enrichir sur son dos. Parce que comme l’expliquent les responsables de Syriza, c’est l’Europe et ses banquiers qui s’enrichissent sur le dos de sa population, en accordant des prêts à des taux qu’en d’autres circonstances on qualifierait d’usuraires… et viennent nous dire ensuite, qu’il faut « réduire les inégalités excessives »…

 

Quelle imposture que ces fonctionnaires ! Quels parasites ! Cela se vérifie presque chaque jour. N’était qu’à voir ce jeu de crabes lors de la nomination de J-Cl. Junkers à la suite de M. Barroso à la tête de la Commission. Bel exemple pour les peuples, en effet, que de nommer aux plus hautes fonctions européennes l’un des artisans d’un paradis fiscal nommé le Luxembourg. Et ceux-là pensent que la population n’a pas de mémoire et ne se souvient pas !? Ils nous prennent donc en plus, pour des imbéciles… Non contents d’avoir renoncé depuis belle lurette à toute probité, de n’avoir plus la moindre intégrité personnelle, d’être pour de nombreux d’entre eux mêlés à de sombres magouilles et malversations multiples, ils se traînent dans la fange pour décrocher le poste supplémentaire où ils pourront pendant quelques années encore s’en foutre plein les poches… Voilà l’idée que ceux-là se font des populations qu’ils prétendent gérer.

 

Hier à Montpellier, lors d’une soirée consacrée au parti Syriza, une responsable locale nous expliquait que ce qui avait permis le succès de ce parti « de gauche » était que le Pasok (parti social-démocrate grec qui fait partie du Parti socialiste européen et de l’Internationale socialiste – ben, tiens ! –) n’était plus considéré ni désigné depuis longtemps par les Grecs comme un parti « de gauche ». Et que, tant que dans les autres pays européens, les partis socialistes qui mènent de concert la politique néo-libérale identique à celle de la droite seraient considérés comme étant la « gauche », la confusion règnerait au sein de la population. À méditer…

 

Vive la vraie gauche de Syriza… vive la vraie gauche de Podemos… et de celles et ceux qui dans d’autres pays, leur emboiteront le pas et oseront lancer à cette Europe de technocrates et de financiers qui nous auront empoisonnés la vie pendant trop longtemps, le mot que Cambronne adressa aux Anglais qui les sommaient de se rendre et de capituler !

 

P.S. : scoop de dernière minute : Mme Lagarde vient d’annoncer que si les instances le lui demandaient, elle se sentait prête à « servir » pour un nouveau mandant à la tête du FMI, « cette belle maison », a-t-elle ajouté…

 

où l’on voit l’hypocrisie et la duplicité à l’œuvre quand ces responsables font mine de confondre « servir » et « se servir »…

 

 

 

Par Daniel Vanhove - legrandsoir.info – le 28 juin 2015

 

(*) Daniel Vanhove : observateur civil – Auteur de : « Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos âmes » - 2005 – Éd. M. Pietteur ; « La Démocratie Mensonge » - 2008 – Éd. M. Pietteur.


No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

Grèce : Alexis Tsipras convoque un référendum le 5 juillet

Grèce : Alexis Tsipras convoque un référendum le 5 juillet | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Alexis Tsipras a appelé à un référendum sur les propositions des créanciers (Crédits : YVES HERMAN)

 

 

Grèce : Alexis Tsipras convoque

un référendum le 5 juillet

 

Le Premier ministre hellénique a décidé de demander aux Grecs leur opinion sur les dernières propositions des créanciers. Et il s’est engagé pour le « non ».

 

Alexis Tsipras a donc finalement tranché dans le vif. À une heure du matin ce samedi 27 juin, dans une déclaration télévisée, le Premier ministre grec a annoncé qu’il convoquait les électeurs helléniques à se prononcer par référendum le 5 juillet prochain sur les dernières propositions des créanciers. Ce samedi, le Parlement grec, la Vouli, sera convoqué pour donner son feu vert à la procédure.

 

 

Alexis Tsipras et Syriza pour le non

 

Alexis Tsipras n’a pas caché qu’il considérait que les propositions des créanciers étaient pour lui inacceptables. Il avait refusé vendredi soir ce qu’Angela Merkel appelait « une offre généreuse. » « Les créanciers ont semblé vouloir chercher à humilier l’ensemble du peuple grec », a-t-il affirmé. Il a fustigé le « chantage » de ce qu’il a considéré comme un ultimatum des créanciers. Il n’a pas réellement dissimulé que ces propositions n’avaient pas son soutien puisqu’elles « violent les droits fondamentaux de l’Europe. » Un peu plus tard, sept ministres du gouvernement ont annoncé qu’ils appelaient à voter « non. » Syriza va donc sans doute faire campagne pour le rejet des propositions.

 

 

Des négociations interminables et une humiliation de trop

 

Pourquoi un référendum maintenant ? Certes, les négociations n’étaient pas terminées. L’Eurogroupe de ce samedi était considéré comme une énième « réunion de la dernière chance » et les positions semblaient encore pouvoir se rapprocher. Mais en réalité, Alexis Tsipras ne reconnaissait plus son programme dans ces propositions et les discussions interminables sur les détails ne devaient pas dissimuler que les créanciers avaient réussi à imposer une logique que les électeurs grecs avaient, en janvier, rejetée. Le refus de la proposition grecque du 22 juin, pourtant très avancée déjà, par le FMI, a sans doute été perçu par le Premier ministre grec comme l’humiliation de trop. La réception par la Commission européenne de l’opposition grecque mercredi 24 juin lui a confirmé le caractère politique des buts des créanciers. Ces derniers ont cherché à imposer à Alexis Tsipras l’inacceptable, soit pour le faire tomber, soit pour le discréditer aux yeux du peuple grec.

 

 

Non ?

 

Le référendum est une réponse à cette tentative des créanciers. Alexis Tsipras a fait la preuve que la lutte contre l’austérité était une tâche impossible dans la zone euro pour un pays comme la Grèce. Son programme de janvier est donc désormais caduc. C’est maintenant au peuple de décider s’il veut accepter les conditions de maintien dans la zone euro posées par les créanciers. Le ministre de l’Énergie, Panagiotis Lafazanis, leader de la gauche de Syriza, a indiqué qu’il appellerait à voter non et que ce « non » n’était pas un « non à l’euro. » Certes, mais si les créanciers continuent à ignorer son mandat populaire, un non donnera à Alexis Tsipras la capacité d’en tirer les conséquences. S’il n’obtient pas de meilleures conditions après ce non, alors il disposera du mandat populaire pour préparer un Grexit. Ce que cherche donc le gouvernement grec, c’est une nouvelle force dans les négociations. Officiellement toujours pour imposer son programme.

 

 

Oui ?

 

Mais si les Grecs acceptent les conditions des créanciers ? Alexis Tsipras a annoncé qu’il « respectera ce choix et le fera respecter. » Restera-t-il alors chef du gouvernement ? Sans doute. Quand bien même il démissionnerait, il y a fort à parier que les urnes le renvoient à Maximou, le Matignon grec. Il engagera alors une politique contraire à son programme, mais que le peuple grec lui aura demandé d’exécuter. Ceci lui permettra de rompre avec son aile gauche, mais aussi d’insister sur ce que son gouvernement a arraché aux créanciers au cours de ces cinq mois, notamment le rétablissement des discussions collectives et la préservation des retraites (à l’exception des cotisations santé). Sera-ce tenable ? Seul l’avenir le dira et peut-être devra-t-il alors changer de coalition comme le souhaitent Bruxelles et les créanciers. Mais du moins, ce sera un choix du peuple grec, non le fruit d’une pression des créanciers. En cas de oui, Alexis Tsipras peut aussi refuser de continuer à gouverner et se retirer en se gardant « en réserve. » Dans ce cas, le jeu politique grec sera rebattu. Il sera intéressant de voir ce qu’en dit le Premier ministre cette semaine.

 

 

Problèmes avec les créanciers et la BCE

 

Cette campagne ne va pas aller sans poser de problèmes majeurs. D’abord, il semble désormais inévitable que la Grèce fasse mardi 30 juin défaut sur le FMI. Que fera alors la BCE ? Le conseil des gouverneurs décidera dimanche de la poursuite ou non du programme d’accès à la liquidité d’urgence. Si elle durcit les conditions de ce programme ou si elle le coupe, la campagne référendaire risque de se produire dans une atmosphère de panique. La Grèce va aussi demander, a précisé Alexis Tsipras, une courte prolongation du programme afin de permettre aux électeurs de choisir. En cas de oui, le programme sera prolongé de cinq mois comme le proposent les créanciers. Les Européens ont donc les moyens de perturber cette courte campagne, voire de la rendre caduque en refusant de prolonger l’aide. Dans ce cas, il faudra négocier à partir de rien un nouveau programme et la question du référendum du 5 juillet n’aura aucun sens. L’Eurogroupe de ce samedi devra prendre cette décision. Sa réunion n’est donc pas sans importance.

 

 

Reprendre la main

 

Reste qu’en décidant de laisser in fine choisir les Grecs eux-mêmes, Alexis Tsipras a introduit un élément démocratique nouveau dans l’histoire de la crise grecque. Les créanciers doivent faire face à un adversaire qui utilise la démocratie comme une arme. Dans son discours, il a précisé que la « Grèce, berceau de la démocratie, enverra une réponse démocratique tonitruante à l’Europe et au monde» Et d’ajouter : « à l’autoritarisme et à l’austérité sévère nous répondrons avec la démocratie, calmement et avec détermination. »


C’est un changement de paradigme majeur, à condition que la volonté des Grecs soit en effet réellement respectée. Ne pas respecter ce choix serait inconscient pour les Européens et contraire à leurs principes. Indiscutablement, si ce référendum montre qu’il n’a pas pu arracher assez de concessions aux créanciers, il montre aussi qu’Alexis Tsipras a désormais repris la main dans son bras de fer avec eux. On comprend que ces derniers doivent désormais être furieux.

 

 

Par Romaric Godin, à Athènes - latribune.fr – le 27 juin 2015.

No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

LA DETTE GRECQUE EST ILLÉGALE, ILLÉGITIME ET ODIEUSE SELON LE RAPPORT PRÉLIMINAIRE DU COMITÉ SUR LA DETTE

LA DETTE GRECQUE EST ILLÉGALE, ILLÉGITIME ET ODIEUSE SELON LE RAPPORT PRÉLIMINAIRE DU COMITÉ SUR LA DETTE | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Illustration : left.gr


  

LA DETTE GRECQUE EST ILLÉGALE, ILLÉGITIME ET ODIEUSE SELON LE RAPPORT PRÉLIMINAIRE DU COMITÉ SUR LA DETTE

 

Les preuves présentées dans le rapport indiqueraient que la dette issue des plans d’austérité est une violation directe des droits fondamentaux de l’homme. Le comité serait arrivé à la conclusion que la Grèce ne devrait pas payer cette dette parce qu’elle est illégale, illégitime et odieuse.

 

Le comité sur la vérité sur la dette publique grecque présente aujourd’hui et demain ses premières conclusions. Le rapport sera officiellement publié demain vers 16 h. Composé de 9 chapitres, le rapport conclut, sans vraiment beaucoup de surprise, que la dette grecque est en grande partie illégale, illégitime et odieuse.

 

Ce rapport préliminaire présente une cartographie des problèmes et des questions clés liées à la dette publique grecque, et fait état des violations juridiques associées ; il retrace également les fondements juridiques sur lesquels peut se fonder la suspension unilatérale des paiements de la dette.

 

Les résultats sont présentés en neuf chapitres structurés comme suit (traduction du résumé publié en anglais ici) :

 

 

1. la dette avant la troïka

 

Ce chapitre revient sur les analyses de la croissance de la dette publique grecque depuis les années 1980.

 

Il conclut que l’augmentation de la dette n’est pas le résultat de dépenses publiques excessives, qui sont en fait restées inférieures aux dépenses publiques des autres pays de la zone euro, mais plutôt en raison des taux extrêmement élevés, des dépenses militaires excessives et injustifiées, de la perte de recettes fiscales due à des sorties illicites de capitaux, de la recapitalisation des banques privées, et des déséquilibres internationaux créés par les failles dans la conception de l’Union monétaire elle-même.

 

L’adoption de l’euro a conduit à une augmentation drastique de la dette privée en Grèce à laquelle les grandes banques privées européennes ainsi que les banques grecques ont été exposées. La crise bancaire a contribué à la crise de la dette souveraine grecque. Le gouvernement de George Papandreou a aidé à présenter les éléments d’une crise bancaire comme une crise de la dette souveraine en 2009 en mettant l’accent et en augmentant le déficit public et la dette.

 

 

2. Évolution de la dette publique grecque entre 2010 et 2015

 

Ce chapitre conclut que le premier accord de prêt de 2010 a principalement visé le sauvetage des banques privées et a permis aux banques de réduire leur exposition aux obligations d’État grecques.

 

 

3. la dette publique grecque en 2015

 

Ce chapitre présente la nature controversée de la dette actuelle de la Grèce, les principales caractéristiques des prêts, qui sont analysés plus en profondeur dans le chapitre 8.

 

 

4. Mécanisme de la dette en Grèce

 

Ce chapitre révèle les mécanismes des accords qui ont été mis en œuvre depuis mai 2010. Ils ont créé une quantité importante de nouvelles dettes, tout en générant des coûts abusifs ainsi que l’approfondissement de la crise.

Les mécanismes révèlent que la majorité des fonds empruntés ont été transférés directement aux institutions financières. Plutôt que de bénéficier à la Grèce, ils ont accéléré le processus de privatisation, par l’utilisation d’instruments financiers.

 

 

5. conditionnalités contre la durabilité

 

Ce chapitre présente comment les créanciers ont imposé des conditions intrusives attachées aux accords de prêt, ce qui a conduit directement à l’impossibilité économique et à l’insoutenabilité de la dette. Ces conditions, sur lesquelles les créanciers insistent encore, ont non seulement contribué à la baisse du PIB, mais aussi à un emprunt public plus élevé, faisant la dette de la Grèce plus insoutenable encore, mais a également provoqué des changements dramatiques dans la société, et a provoqué une crise humanitaire.

 

La dette publique de la Grèce peut être considérée comme tout à fait insoutenable à l’heure actuelle.

 

 

6. Impact des « programmes de sauvetage » sur les droits de l’homme

 

Ce chapitre conclut que les mesures mises en œuvre dans le cadre des « plans de sauvetage » ont directement affecté les conditions de vie des personnes et ont violé les droits de l’homme, que la Grèce et ses partenaires sont tenus de respecter, de protéger et de promouvoir en vertu du droit national et international.

 

Les ajustements drastiques imposés à l’économie grecque et à la société dans son ensemble ont provoqué une détérioration rapide du niveau de vie, et restent incompatibles avec la justice sociale, la cohésion sociale, la démocratie et les droits humains.

 

 

7. les questions juridiques entourant les protocoles d’entente et de prêt

 

Ce chapitre soutient qu’il y a eu violation des droits de l’homme de la part de la Grèce elle-même et des prêteurs que sont les États membres de la zone euro, la Commission européenne, le Parlement Européen, la Banque Centrale et le Fonds monétaire International, qui ont imposé ces mesures à la Grèce.

 

Tous ces acteurs ont échoué à évaluer les violations des droits de l’homme comme un résultat des politiques qu’ils ont obligés de poursuivre, et ont aussi directement violé la Constitution grecque en dépouillant efficacement la Grèce de la plupart de ses droits souverains.

 

Les accords contiennent des clauses abusives, qui contraignent la Grèce à capituler sur des aspects importants de sa souveraineté. Ceci est imprimé dans le choix de la loi anglaise comme régissant le droit pour ces accords, ce qui a facilité le contournement de la Constitution grecque et les obligations internationales des droits de l’homme.

 

Il y a plusieurs indications qui montrent que les parties contractantes ont agi de mauvaise foi, ce qui rend ces accords invalides.

 

 

8. évaluation des dettes illégitimes, odieuses, illégale et non-viables


Ce chapitre fournit une évaluation de la dette publique grecque selon les définitions relatives à la dette odieuse, illégitime, illégale et non viable adoptées par le Comité.

 

Ce chapitre conclut que la dette publique grecque en date de juin 2015 est insoutenable, puisque la Grèce est actuellement incapable de rembourser sa dette sans compromettre gravement sa capacité à remplir ses obligations de base des droits humains. En outre, pour chaque créancier, le rapport fournit des preuves de cas indicatifs de dettes illégales, illégitimes et odieuses.

 

 

Dette envers le FMI :

 

Elle doit être considérée comme illégale puisque qu’elle a violé les propres statuts du FMI, et ses conditions enfreignaient la Constitution grecque, le droit international coutumier, et les traités auxquels la Grèce est partie. Elle est également illégitime, puisque les conditions incluses empiétaient sur les obligations en matière de droits de l’homme. Enfin, elle est odieuse puisque le FMI savait que les mesures imposées étaient antidémocratiques, inefficaces, et conduiraient à de graves violations des droits socio-économiques.

 

 

Dettes envers la BCE :

 

Elles doivent être considérées comme illégales, car la BCE a surintensifié son mandat en imposant l’application des programmes d’ajustement macro-économiques (par exemple la déréglementation du marché du travail) par l’intermédiaire de sa participation à la Troïka. Les dettes envers la BCE sont également illégitimes et odieuses, puisque la principale raison d’être du programme était de servir les intérêts des institutions financières, permettant aux grandes banques privées européennes et grecques de se débarrasser de leurs obligations grecques.

 

 

9. les fondations juridiques pour la répudiation et la suspension de la dette souveraine grecque

 

Ce chapitre présente les options concernant l’annulation de la dette, et en particulier les conditions dans lesquelles un État souverain peut exercer le droit de répudiation ou la suspension du paiement de la dette en vertu du droit international.

 

Plusieurs arguments juridiques permettent à un État de répudier unilatéralement sa dette illégale, odieuse et illégitime. Dans le cas de la Grèce, un tel acte unilatéral peut être fondé sur les arguments suivants :

 

  • la mauvaise foi des créanciers qui ont poussé la Grèce à violer la loi nationale et les obligations internationales relatives aux droits de l’homme ;
  • la prééminence des droits humains sur les accords tels que ceux signés par les gouvernements précédents avec les créanciers ou la troïka ;
  • la coercition ;
  • les clauses abusives qui violent de manière flagrante la souveraineté grecque et violent la Constitution ;
  • et enfin, le droit reconnu en droit international à un État de prendre des contre-mesures contre les actes illégaux commis par ses créanciers, qui endommagent délibérément sa souveraineté budgétaire, l’obligent à assumer la dette odieuse, illégale et illégitime, violent l’autodétermination économique et les droits humains fondamentaux.

 

En ce qui concerne la dette insoutenable, chaque État est légalement en droit d’invoquer la nécessité dans des situations exceptionnelles afin de sauvegarder les intérêts essentiels menacés par un péril grave et imminent. Dans une telle situation, l’État pourra être dispensé de l’accomplissement de ces obligations internationales qui augmentent le péril, comme cela est le cas avec les contrats de prêts en suspens.

 

Enfin, les États ont le droit de se déclarer unilatéralement insolvable quand le service de leur dette est insoutenable, dans ce cas, ils ne commettent aucun acte illicite et donc n’en portent pas la responsabilité.

 

La dignité des personnes vaut plus qu’une dette illégale, illégitime, odieuse et insoutenable

 

Ayant achevé son enquête préliminaire, le Comité estime que la Grèce a été et est la victime d’une attaque préméditée et organisée par le Fonds Monétaire International, la Banque Centrale Européenne, et la Commission Européenne. Cette mission violente, illégale et immorale était exclusivement destinée à transférer la dette privée sur le secteur public.

 

En mettant ce rapport préliminaire à la disposition des autorités grecques et du peuple grec, le Comité estime avoir rempli la première partie de sa mission telle que définie dans la décision du président du Parlement du 4 avril 2015. La commission espère que le rapport sera un outil utile pour ceux qui veulent sortir de la logique destructrice de l’austérité et défendre ce qui est aujourd’hui mis en péril : les droits humains, la démocratie, la dignité des peuples, et l’avenir des générations futures.

 

 

Par Okeanos  - okeanews.fr - le 17 juin 2015

Source : left.gr

No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

Un défaut européen

Un défaut européen | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Illustration :

1) liste des remboursements de la Grèce jusqu’à la fin de 2015

2) évolution de la dette grecque

 

Un défaut européen

 

La probabilité d’un défaut de la Grèce sur sa dette souveraine apparaît aujourd’hui plus élevée que jamais. Depuis ces deux dernières semaines, il est pour la première fois explicitement évoqué par des responsables grecs. Ceci marque un changement dans le discours officiel du gouvernement.

 

En fait, si l’on regarde les remboursements à venir que la Grèce doit faire, il est clair que sans un accord avec les pays de l’Eurogroupe un défaut est inévitable.

 

 

Le Premier ministre grec, M. Alexis Tsipras a déclaré de manière récurrente qu’entre les paiements qui sont dus pour les salaires et les pensions et le remboursement des intérêts ou du principal de la dette, le gouvernement choisirait les premiers et non les seconds[1].

 

Il a récemment rappelé, devant une assemblée des cadres de son parti SYRIZA, que son gouvernement avait déjà fourni des efforts colossaux, mais qu’il n’était pas question de franchir les « lignes rouges » qui avaient été établies au début de la négociation, en février dernier. Quant au ministre des Finances, le charismatique Yannis Varoufakis, il a répété les mêmes choses, tout en ajoutant qu’il avait enregistré les négociations qui se sont tenues ces derniers jours lors du sommet européen de Riga[2]. Ce durcissement, apparent, du discours se comprend fort bien dès que l’on entre dans une logique de négociation. Le gouvernement grec s’est lié explicitement les mains avec les fameuses « lignes rouges », ce qui équivaut soit à user de la « coercive deficiency » comme on a déjà eu l’occasion de le dire[3], ou encore ceci s’apparente à l’attitude d’Ulysse se faisant attacher au mat de son navire pour entendre les sirènes alors que son équipage porte des bouchons de cire[4].

 

Mais, si le gouvernement grec fait état de progrès dans la négociation, il semble bien que du côté de l’Allemagne on ait une vision très différente des choses. Concrètement, la position du gouvernement grec s’apparente à celle-ci : « nous avons fait le maximum ; c’est à vous (les Européens) de faire votre part du travail, sinon nous irons au défaut ». En fait, il semble bien que l’on ait déjà dépassé le stade du « jeu » et que l’on cherche à savoir sur qui portera le blâme du défaut. Car, il faut ici comprendre que si techniquement le défaut n’entraîne pas automatiquement la sortie de la zone euro, en réalité, politiquement, il s’accompagnera d’une suspension du mécanisme d’approvisionnement en liquidités des banques grecques (ELA). Dans ces conditions, le gouvernement grec n’aura pas d’autres choix que de mettre en place une monnaie parallèle, qui deviendra rapidement la Drachme. Dans les faits, un défaut provoquera très probablement une sortie de l’Euro.

 

 

Le défaut est-il inévitable ?

 

Il faut comprendre que cette question d’un possible, et aujourd’hui probable, défaut de la Grèce n’est importante que parce qu’une large part de la dette grecque est détenue par la BCE et les différents fonds européens, qu’il s’agisse du FESF ou du MES. Sur un total de 315,5 milliards d’euros de dette, 141,8 milliards sont détenus par le FESF, 52,9 milliards dans des prêts bilatéraux avec les pays de la zone euro, 27 milliards sont détenus par la Banque Centrale Européenne et 25 milliards par le FMI.

 

Un défaut obligerait les pays qui ont contribué à ces fonds de les provisionner à hauteur du montant de la dette répudiée. En agitant la question du défaut, le gouvernement grec signifie à ces partenaires, mais qui sont aujourd’hui aussi ses adversaires, de l’Eurogroupe que ce sont eux, et non le peuple grec, qui subira la conséquence de leur inconséquence.

 

Car, sur ce point, il y a eu une profonde inconséquence de la part des pays de la Zone Euro. Quand il est devenu clair que la dette grecque s’apparentait à une pyramide financière, ce que l’on appelle un « système Ponzi », en 2010, ces pays auraient dû accepter que la Grèce fasse défaut sur une partie de sa dette. Mais, ceci fut refusé pour deux raisons.

 

La première était – et elle est toujours – une question de principe. La Zone Euro, pour l’appeler de son nom véritable l’Union Economique et Monétaire, prévoit que chaque pays est responsable, et lui seul, de ses finances publiques. On pourrait alors penser que cette responsabilité aurait pour conséquence de laisser un pays endetté faire défaut. Mais, cette solution a été interdite au nom du sauvetage de l’Euro. Nicolas Sarkozy et Angela Merkel sont tombés d’accord pour considérer qu’il était impossible de tolérer un défaut dans la zone euro. Là se trouve la première inconséquence ; on construit une Union monétaire et une monnaie unique, et l’on refuse aux pays à la fois les ressources du fédéralisme et la possibilité d’un défaut. Cette inconséquence est primordiale.

 

Mais il y a une seconde raison. En fait, les dirigeants européens étaient tétanisés par le fait que des banques allemandes et françaises étaient largement engagées sur la dette grecque. S’ils ont refusé la possibilité d’un défaut, ce fut essentiellement pour éviter une nouvelle crise bancaire qui aurait révélé les inconséquences dans la gestion et dans la supervision de ces banques. Nous avons ici une deuxième inconséquence.

 

Refusant le défaut, les gouvernements de la zone euro ont mis sur pied un système complexe de refinancement de la Grèce dont les effets sur l’économie du pays se sont révélés catastrophiques. En fait, on demandait à la Grèce de supporter une dette de plus en plus importante alors que son économie se contractait.

 

Cette troisième inconséquence a provoqué la crise sociale gravissime que la Grèce connaît aujourd’hui, et qui a porté SYRIZA au pouvoir. Dans ses conditions, le choix proposé par Tsipras et Varoufakis, soit la dette grecque est pour partie annulée et pour partie restructurée sur le modèle de ce que l’on a consenti à l’Allemagne en 1953, soit il y aura un défaut de la Grèce était clair. Ici encore, et c’est la quatrième inconséquence, les pays de l’Eurogroupe n’ont pas voulu d’une solution « à l’allemande » sur le modèle de l’accord de 1953 avec ce pays. Ils devront très probablement affronter le défaut.

 

 

Défaut grec ou défaut européen ?

 

Un défaut n’est pas la fin du monde. Mais, ce défaut aura incontestablement des conséquences tant économiques que politiques importantes. Il va signer l’écroulement d’une grande partie de la politique de l’Union européenne, à la fois quant à ses méthodes que quant à ses objectifs. Il pourrait entraîner le début de la fin pour l’Euro.

 

En ce qui concerne les méthodes, la négociation avec la Grèce a été menée en dépit du bon sens ou, plus exactement en dépit du bon sens démocratique (ce qui, il faut en convenir, n’est pas tout à fait la même chose). On a cherché à discréditer, à menacer, voire à corrompre, les négociateurs grecs. Ces négociations se tiennent d’ailleurs dans la plus grande obscurité. On ne tient pas de minutes des déclarations des uns et des autres, et on laisse à la presse le soin de réaliser des « fuites » dont le contenu est incontrôlable en l’absence justement de ces minutes. Yannis Varoufakis l’a très bien dit sur son blog, reconnaissant qu’il enregistrait les négociations pour que l’on sache un jour à quoi s’en tenir quant au comportement des uns et des autres : « Et peut-être devrions-nous questionner les institutions européennes dans lesquelles des décisions d’une importance fondamentale sont prises, au nom des citoyens européens, mais dont les minutes ne sont ni prises ni publiées.

Le secret et une presse crédule ne sont pas de bons augures pour la démocratie européenn» [5].

 

Quand on sait que Varoufakis est en réalité un défenseur du projet européen, il faut comprendre, et il faut entendre, l’ampleur et la portée de sa critique. Effectivement, c’est la démocratie européenne, non pas en tant que principe (déjà bien malade depuis 2005 et le refus de prendre en compte les référendums tant français que néerlandais), mais en tant que système de règles opérationnelles et devant assurer la responsabilité des acteurs pour leurs actes, qui est aujourd’hui absente. On sait bien que sans responsabilité il n’y a plus de démocratie. Ce que dit Varoufakis c’est que l’Union européenne n’est plus, dans son fonctionnement quotidien un système démocratique.

 

Mais, l’échec touche aussi les objectifs de l’Union européenne. Dans le cas de la Grèce, officiellement on prétend vouloir garder le pays dans la zone euro. Mais, dans les faits, et pour des raisons diverses, on voit émerger une préférence pour l’austérité qui emporte tout sur son passage. La position de la Grèce a été soutenue par de nombreux économistes, et même le FMI a considéré que sur un certain nombre de points le gouvernement grec avait raison. Mais, rien n’y fait. Tout se passe comme si le gouvernement allemand, aidé on doit le dire du gouvernement français qui se comporte – hélas – sur ce point comme le plus complaisant vassal, comme le plus bas des laquais, voulait à tout prix imposer à TOUS les pays de la zone euro l’austérité mortifère qui est sa politique. Et on peut comprendre que des concessions à la Grèce entraîneraient immédiatement des demandes de l’Espagne.

 

Dans ce dernier pays Podemos, le parti issu du mouvement des indignés a remporté ce dimanche 24 mai de belles victoires et cela fragilise d’autant la position du Premier ministre espagnol, Rajoy. Mais, ceci est vrai aussi du Portugal et de l’Italie. Des concessions à la Grèce seraient le début d’une mise en cause générale de l’austérité, ce dont le gouvernement allemand ne veut sous aucun prétexte. À la fois pour des raisons idéologiques, mais aussi pour des raisons bien plus matérielles.

 

 

La banqueroute de l’Union européenne

 

Ce qui se profile donc à l’horizon n’est pas un défaut grec, ou plus exactement pas seulement un défaut grec. Nous assistons à la banqueroute de l’idéologie européiste, mais aussi de l’Union européenne. À travers le défaut grec, c’est une mise en défaut de la politique de l’Union européenne, prise en otage par l’Allemagne, que nous assisterons. Ce défaut sera donc un défaut européen, car il signera la fin d’une certaine idée de l’Union européenne et ouvrira une crise profonde et durable en Europe. Les institutions européennes seront atteintes dans leur légitimité. Ce défaut sera la base de la révolution qui vient.

 

 

 

 

Par Jacques Sapir (*)  (Carnet Russeurope) - agenceinfolibre.fr – le 25 mai 2015-05-29

 

(*) Jacques Sapir : Diplômé de l’IEPP en 1976, a soutenu un Doctorat de 3e cycle sur l’organisation du travail en URSS entre 1920 et 1940 (EHESS, 1980) puis un Doctorat d’État en économie, consacré aux cycles d’investissements dans l’économie soviétique (Paris-X, 1986).

A enseigné la macroéconomie et l’économie financière à l’Université de Paris-X Nanterre de 1982 à 1990, et à l’ENSAE (1989-1996) avant d’entrer à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales en 1990. Il y est Directeur d’Études depuis 1996 et dirige le Centre d’Études des Modes d’Industrialisation (CEMI-EHESS). Il a aussi enseigné en Russie au Haut Collège d’Économie (1993-2000) et à l’École d’Économie de Moscou depuis 2005.

Il dirige le groupe de recherche IRSES à la FMSH, et co-organise avec l’Institut de Prévision de l’Economie Nationale (IPEN-ASR) le séminaire Franco-Russe sur les problèmes financiers et monétaires du développement de la Russie.

 

 

Notes :

[1] Tugwell P., « Tsipras Says He Won’t Cross Red Lines in Talks With Creditors », Bloomberg International, 15 mai 2015, http://www.bloomberg.com/news/articles/2015-05-15/tsipras-says-he-won-t-cross-red-lines-in-talks-with-creditors

[2] Varoufakis Y., « The Truth about Riga », posté le 24 mai 2015 sur son blog, http://yanisvaroufakis.eu/2015/05/24/the-truth-about-riga/

[3] Sapir J., « Greece’s brinkmanship », note publiée sur Russeurope, le 4 février 2015, http://russeurope.hypotheses.org/3395

[4] Elster J., Ulysses and the Sirens
Studies in Rationality and Irrationality, Cambridge University Press, Cambridge, 1985.

[5] http://yanisvaroufakis.eu/2015/05/24/the-truth-about-riga/

No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

Portugal : les transports victimes du plan d’austérité et des projets de privatisation

Portugal : les transports victimes du plan d’austérité et des projets de privatisation | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it



Portugal : les transports victimes du plan

d’austérité et des projets de privatisation

 

Après la Grèce, c’est bientôt le Portugal qui pourrait être la nouvelle « victime » de la crise à moins que cela ne soit celle du trio BCE, FMI, Union européenne réunis… En tout état de cause, le pays semble suivre la même voie que son « confrère » européen…

 

Alors que Fernando Medina, le maire socialiste de Lisbonne, a prétendu devant l’Assemblée municipale que la privatisation de la gestion des transports en commun de la capitale portugaise a été suspendue sur décision du Tribunal administratif de Lisbonne, le gouvernement affirme quant à lui que le gel de l’opération résulte directement et automatiquement de la procédure en référé, sans qu’aucune intervention du tribunal ne soit nécessaire.


Le secrétariat d’État aux Transports a par ailleurs précisé dans un communiqué que les entreprises publiques concernées avaient argué devant la justice que le report de l’appel d’offre portait un grave préjudice à l’intérêt général. Précisons que le maire s’oppose à l’exploitation par des sociétés privées du Métro de Lisbonne et de la société de bus urbains Carris, redoutant que cela ne crée le chaos dans le secteur des transports.

 

Le Parti socialiste, donné favori pour les élections législatives qui doivent se tenir à l’automne 2015, conteste également la concession le 25 avril dernier de l’exploitation et la maintenance du métro – détenu à 40 % par l’État portugais – à un consortium espagnol mené par Transports Metropolitans de Barcelona (TMB), l’opérateur du  métro de Barcelone, et Moventis, exploitant de transports collectifs.

 

« Cet accord entraîne une économie de 9,8 millions d’euros par an en termes de coûts opérationnels sans porter préjudice à la qualité du service », avait alors assuré le secrétaire d’État portugais aux Transports, Sergio Monteiro.

 

La gestion du métro de la ville avait été confiée en 2010 pour une période de cinq ans à un consortium privé, dont font partie notamment le français Keolis et le britannique Arriva.

 

Plus largement, pour tenter de faire avaler la « pilule », le gouvernement portugais affirme que la privatisation de l’exploitation et l’entretien des transports urbains de Lisbonne et Porto doit permettre à l’État d’économiser 56,5 millions d’euros par an grâce à l’arrêt du versement d’indemnités compensatoires aux prestataires de services publics.

 

Rappelons qu’en échange d’un plan d’aide international accordé en 2011, comme la Grèce, le Portugal a dû mettre en œuvre une cure de rigueur drastique, laquelle inclut un vaste programme de privatisations qui a d’ores et déjà rapporté plus de 9 milliards d’euros. Mais depuis mi-avril, le Portugal est confronté à un important mouvement de grève dans les transports. Les salariés protestent contre les privatisations dans ce secteur décidées par le gouvernement.

 

Fectrans, le principal syndicat du métro a pour sa part préféré annuler à plusieurs reprises son action, la sécurité des passagers n’étant pas assurée par le service minimum. Alors que le tribunal avait ordonné la circulation de 25 % des convois par heure de grève, le syndicat a estimé que cela pouvait se révéler dangereux pour les passagers.

 

Plus de 40 débrayages ont été enregistrés dans le métro depuis 2011, année de la mise sous tutelle internationale du Portugal et de la décision gouvernementale de privatiser le secteur des transports.

 

Si dans un premier temps, les syndicats se sont battus en priorité pour la préservation de l’emploi et pour le maintien des salaires, ils ont dorénavant durci le ton face aux projets de restructurations et privatisations.

 

 

 

Par Elisabeth Studerleblogfinance.com – le 5 mai 2015.

Sources : AFP, RFI


No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

L’heure du Grexit approche...

L’heure du Grexit approche... | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


L’heure du Grexit approche...

 

Cet après-midi, les marchés d’actions ont brutalement chuté en Europe. Des grosses rumeurs d’un Grexit circulent en salles de marché. Un porte-parole de l’UE a signalé à l’agence Bloomberg qu’une réunion « impromptue » aura lieu ce weekend du « groupe de Bruxelles », c’est-à-dire l’ex-troïka.

 

Dans ce contexte, nous avons jugé utile de publier ici l’excellente tribune de l’ancien banquier Jean-Michel Naulot, paru dans Libération le 15 avril 2015.

 

 

Le défi Tsipras

Par Jean-Michel Naulot.

 

Le silence qui entoure les négociations entre la troïka — car c’est bien d’elle qu’il s’agit — et le gouvernement grec ne laisse rien présager de bon. Il rappelle ces quelques jours qui ont précédé la faillite de Lehman Brothers où le gouvernement américain et les autorités monétaires décidèrent de ne pas secourir la banque d’affaires pour « faire un exemple ».

 

Dans les jours qui suivirent, quelques banquiers se félicitèrent de voir tomber un concurrent. Ils regrettèrent vite leurs propos en apercevant l’onde de choc terrible qui arrivait, avec une crise de liquidités sans précédent. Cette fois, l’onde de choc pourrait être non pas financière, mais politique. À moins que la raison ne finisse par l’emporter sur un bras de fer destructeur pour l’Europe tout entière.

 

D’où vient donc la tranquille assurance des dirigeants de l’Eurogroupe, alors même que la situation financière de la Grèce se détériore de jour en jour avec la fuite des capitaux ? De la certitude que la Grèce n’a pas le choix, et qu’elle ne peut qu’accepter les réformes.

 

Les dirigeants européens ont le sentiment qu’avec une dette publique financée à 80 % par les États, le FMI et la BCE, le rapport de force est en leur faveur. De plus, ils savent qu’en cas de sortie de l’euro sans restructuration de la dette, celle-ci bondirait immédiatement puisque, lorsque la dette est financée par des prêts intergouvernementaux, ce n’est pas le droit des titres qui s’applique, mais le droit des États prêteurs.

 

Avant les élections, Angela Merkel avait tenu à faire passer le message : pour les Grecs, ce sera à prendre ou à laisser, soit l’acceptation des réformes dans la continuité de la politique précédente, soit la sortie de l’euro. Jean-Claude Juncker avait ajouté après les élections :

Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités.

 

La Grèce ne pouvait que supporter le prix des fautes commises.

 

On a un peu oublié que, tout au long de l’hiver 2010, Merkel s’était déjà opposé à toute aide à la Grèce, même minime. Jusqu’à ce fameux week-end de mai 2010, où elle prit conscience que si elle n’aidait pas la Grèce, les banques françaises et allemandes se retrouveraient en grande difficulté. Celles-ci détenaient une vingtaine de milliards d’euros de dette grecque, et leur exposition au risque approchait la centaine de milliards !

 

Le système financier menaçait de s’effondrer. Les aides débloquées par les États européens et le FMI permirent de faire face à un vrai risque systémique en substituant les contribuables aux banques et aux investisseurs. Angela Merkel fait logiquement l’analyse que ce risque systémique n’existe plus puisque les banques ne sont plus en première ligne. Mais elle sous-estime le risque politique qui, lui, s’est accru.

 

Aléxis Tsípras sait que les prêts gigantesques de la zone euro à la Grèce sont une arme politique redoutable entre ses mains, la seule qu’il lui reste. Demain, s’il décidait de rompre sur le programme de réformes, et s’il était dans l’impossibilité de faire face aux échéances financières, dans quelle situation se retrouveraient les dirigeants européens ?

 

Comment pourraient-ils expliquer à leurs électeurs, et surtout à leurs contribuables, qu’ils viennent de perdre plus de 300 milliards d’euros en l’espace de cinq ans (195 milliards au titre des prêts intergouvernementaux ; 27 milliards au titre des achats de dette souveraine par la BCE ; 91 milliards au titre de l’Eurosystème Target2 garanti par les Banques centrales nationales, donc par les États, un montant qui a doublé depuis trois mois), soit au total plus de vingt fois le montant des aides accordées à l’Argentine au début des années 2000 ?

 

Et, comment expliquer qu’après cinq ans de réformes imposées par la troïka, ils laissent la Grèce avec un produit national en baisse de 25 %, un taux de chômage de 26 % (51 % chez les jeunes), une dette qui a progressé de 120 % à 175 % du PIB, et une pauvreté honteuse dans une zone euro pourtant censée faire converger les politiques (plus de 80 % de la population au chômage sans indemnités) ?

 

Face à Tsipras, Merkel se retrouve dans la position de l’ambassadeur d’Union soviétique venu voir de Gaulle en pleine crise de Cuba. À l’ambassadeur, qui le menaçait d’une guerre nucléaire, si les Occidentaux ne renonçaient pas à leurs missiles, de Gaulle avait répondu :

 

Eh bien, Monsieur l’Ambassadeur, nous mourrons ensemble !

 

Compte tenu de l’opinion publique allemande à l’égard de la Grèce, Merkel pourrait jouer son avenir politique sur un défaut de paiement de la Grèce. Derrière la fermeté de la chancelière, il y a une grande fragilité que l’on se garde bien d’évoquer.

 

Pour surmonter ce dilemme — une crise démocratique grave en Grèce en faisant respecter les « règles » ou bien une crise politique grave au sein de la zone euro en provoquant le défaut de paiement —, il existe une solution qu’un homme d’État de 89 ans vient d’évoquer : la « friendly exit ».

 

Prenant acte de l’impasse dans laquelle la troïka et la Grèce sont arrivées, Valéry Giscard d’Estaing a proposé d’organiser une sortie amicale de la Grèce de la zone euro. On peut en dessiner les contours : rétablissement de la drachme, conservation de l’euro pour les échanges extérieurs (cohabitation de deux monnaies comme ce fut le cas au sein de l’ensemble de la zone euro de 1999 à 2002), annulation partielle de la dette, maintien de la Grèce dans l’UE.

 

Aléxis Tsípras impressionne par sa capacité de résistance, et sa force de caractère. Jusqu’où ira-t-il ? Dans Les chênes qu’on abat… de Gaulle confiait à Malraux :

 

Au fond, vous savez, mon seul rival international, c’est Tintin ! Nous sommes les petits qui ne se laissent pas avoir par les grands.

 

À la politique hégémonique des deux superpuissances, de Gaulle opposait la détermination, l’habileté, parfois la ruse. Face à des dirigeants pour le moins intransigeants, et financièrement tout-puissants, Tsípras fera-t-il usage de qualités semblables ? Il rendrait un grand service à tous ces peuples qui, d’élection en élection, ne savent plus comment se faire entendre du côté de Bruxelles.

 

 

Par Solidarité & Progrès – le 17 avril 2015

Tribune publiée dans Libération le mercredi 15 avril 2015.

No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

Bulles monstres : réveil de la crise du capitalisme casino

Bulles monstres : réveil de la crise du capitalisme casino | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : itespresso.fr


 

Bulles monstres :

Réveil de la crise du capitalisme casino

Par Jérôme Roos

 

S’il y a une leçon à tirer de la longue histoire des manies financières, paniques et accidents, c’est que les banquiers ne résolvent jamais eux-mêmes les crises qu’ils provoquent : ils les laissent à d’autres, passant éternellement la patate chaude de la catastrophe imminente à d’autres et reportant systématiquement le fardeau de l’ajustement sur les membres les plus faibles de la société. En conséquence, la manière dont une crise particulière est résolue consiste inévitablement à semer les graines de la suivante. Cette fois-ci c’est pareil.

 

Ces derniers mois, suite à l’enthousiasme grandissant au sujet d’une reprise mondiale naissante, certains investisseurs et régulateurs commencent à exprimer leurs préoccupations sur l’ampleur d’un ensemble de grosses bulles d’actifs dispersées dans l’économie mondiale. Qu’il s’agisse de la flambée des prix de l’immobilier à Londres, du marché haussier record à Wall Street ou des investisseurs qui se ruent pour prêter aux entreprises qui s’agitent dans les domaines de l’énergie et des technologies, aussi bien aux États-Unis que dans une Europe lourdement endettée, une chose est claire : nous nous trouvons à nouveau au milieu d’une frénésie spéculative majeure.


Cette observation peut sembler étrange à certains. Ne sommes-nous pas censés être encore dans les étapes finales de la dernière crise ? Pourquoi quelqu’un voudrait-il jouer avec son capital si les opportunités d’investissement rentables sont encore si rares ? Eh bien, c’est précisément le problème : les prix des actifs sont maintenant complètement déconnectés de leurs fondamentaux sous-jacents. La crise du capitalisme de casino a été retardée par le succès de l’inflation artificielle des actifs fabriquée par la Banque centrale, entraînant une nouvelle série de bulles énormes dans l’immobilier, les actions et les obligations. Alors que le reste d’entre nous s’embourbe dans la stagnation du siècle, les spéculateurs s’éclatent à Wall Street.

 

En d’autres termes : les causes profondes de la crise financière de 2008 n’ont jamais été vraiment abordées – les décideurs ont simplement déplacé certains des symptômes (et même pas tous !). Les gouvernements ont renfloué les banques insolvables avec l’argent du contribuable, s’endettant lourdement dans le processus, et les Banques centrales ont actionné la planche à billets pour injecter des milliers de milliards de dollars dans le système financier. Le résultat, en termes simples, a été l’accumulation d’un vaste excédent d’argent dans le secteur financier et une grave pénurie partout ailleurs.

 

Ce que nous traitons alors est un exemple classique de ce que David Harvey appelle le problème d’absorption de l’excédent de capital : un excès de capitaux oisifs se trouve côte à côte avec un excès de force de travail – et en quelque sorte le système ne peut pas combiner les deux pour apporter des résultats productifs. Comme l’a déclaré un banquier au Financial Times, « ce qui pilote réellement toute cette activité est la disponibilité à profusion du capital plutôt que les fondamentaux sous-jacents. Cela ne concerne que les personnes ayant besoin d’utiliser leurs capitaux ».

 

Les investisseurs ont traité ce problème de l’excédent de capital de la même manière qu’ils l’ont toujours fait : en parcourant la surface de la Terre dans une quête effrénée des rendements les plus élevés possible. Et tant que la demande reste faible et la croissance atone, les rendements dans les prétendus investissements productifs ne seront pas très attrayants pour le joueur moyen. Les investisseurs se sont donc tournés vers le même genre de placements spéculatifs à haut risque/haut gain qui a été à l’origine de la crise financière de 2008.

 

Les conséquences ont été inflexibles. Juste trois ans après que la Grèce a conclu la plus importante restructuration de la dette souveraine dans l’histoire, les marchés obligataires sont à nouveau en feu. Dans une enquête au Royaume-Uni, près de quatre gestionnaires sur cinq de fonds mondiaux d’obligations ont exprimé leur inquiétude sur le fait que les obligations sont actuellement « plus surévaluées que jamais et que les obligations d’État sont la classe d’actifs la plus surévaluée de toutes ». John Plender du Financial Times accuse la BCE d’attiser directement cette bulle obligataire par la planche à billets :

 

  • Les marchés d’obligations d’État sont censés être des lieux calmes, dépourvus des sensations fortes qui caractérisent les actions. Plus maintenant. Depuis que les Banques centrales ont commencé à élargir leurs bilans [planche à billets : NDT], les obligations souveraines sont devenues attractives à tel point que les investisseurs en ont acheté pour plus de $2 trillions [mille milliards] avec des rendements négatifs, principalement en Europe. Même dans la crise des années 1930, les taux d’intérêt ne sont jamais tombés en dessous de zéro. Sommes-nous arrivés à cette chose rare, une bulle du marché obligataire ?

 

Ce n’est pas seulement la dette des gouvernements qui est en plein essor. L’an dernier, les entreprises américaines ont émis la somme étonnante de $1,43 milliard en obligations de sociétés ; 27 pour cent de plus que ce qu’elles ont vendu à l’apogée de la dernière bulle en 2007. En fait, l’argument le plus raisonnable est que la supposée reprise américaine des dernières années a été entièrement basée sur la bulle de l’huile de schiste – qui a déjà éclaté en raison de l’effondrement des prix du pétrole – et d’une bulle technologique encore plus grande. L’investisseur milliardaire Mark Cuban a récemment averti que celle-ci est « pire que la bulle technologique de 2000 » et qu’elle est maintenant aussi sur le point d’éclater.

 

Lorsque ce marché surexcité d’obligations de sociétés des États-Unis s’effondrera, il va inévitablement emporter la Bourse avec lui. Les valorisations boursières sont en hausse constante depuis le creux de la vague, en mars 2009, suite à la dernière panne. Le S & P 500 a grimpé d’un étonnant 200 % depuis lors, tandis que le Nasdaq a récemment dépassé les 5.000 points pour la première fois depuis l’effondrement de la bulle internet en 2000. Le fait que ce marché haussier de six ans ait coïncidé avec la récession économique la plus profonde depuis la Grande Dépression devrait suffire pour donner à réfléchir.

 

Enfin, avec les souvenirs encore frais de la crise des subprimes, les investisseurs expriment déjà leurs craintes de l’accumulation d’une nouvelle bulle immobilière. Le Wall Street Journal fait remarquer que les prix de l’immobilier au Royaume-Uni sont maintenant un tiers au-dessus de leur sommet d’avant la crise, tandis que les propriétés en Australie, au Canada, en Suède et en Norvège sont également massivement surévaluées. Des villes telles que San Francisco, Miami, Londres, Berlin, Paris, Milan et Amsterdam subissent toutes une hausse rapide de l’immobilier, sans aucune amélioration corrélative des fondamentaux sous-jacents. Même en Espagne et en Irlande, les prix des propriétés semblent repartis à la hausse.

 

La conclusion est claire : plus ça change, plus c’est pareil. Pendant tout ce temps, les décideurs ont bricolé des demi-mesures sur les bords, sans conviction, mais aucun des problèmes latents n’a jamais été réglé. Au lieu de cela, les gouvernements ont renfloué les joueurs, tandis que les Banques centrales ont gonflé un ensemble de nouvelles bulles pour amortir leur chute, recouvrir les débris, et retarder le moment du jugement final. En vérité, dans le monde réel, les bulles ne peuvent vous mener nulle part. Près de sept ans après la dernière crise financière, les investisseurs et les décideurs sont déjà bien engagés dans la suivante.

 

 

 

Par Jérôme Roos (*) (znet) - traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone – le 29 mars 2015

 

  

Commentaire du Saker Francophone

 

La ruée des spéculateurs sur les obligations d’État à rendement négatif, bien qu’apparemment paradoxale, a une explication simple : ce ne sont pas les coupons qui les intéressent, mais la valeur nominale. Les investisseurs ont maintenant acquis la conviction que, quoiqu’il arrive, il n’y aura jamais de restructuration de leurs créances et que les peuples seront saignés à blanc pour assurer les remboursements, comme cela se passe aujourd’hui en Argentine avec les fonds vautour. J’espère, sans trop y croire, que les événements actuels en Grèce vont leur donner tort.

 

 

(*) Jerome Emanuel Roos est écrivain, militant et cinéaste. Après avoir étudié à l’University College d’Utrecht, à l’Université de Bologne, à Sciences-Po Paris et à la London School of Economics, il est actuellement chercheur PhD dans le domaine del'économie politique internationale à l’Institut universitaire européen de Florence. Il est le fondateur et le rédacteur en chef du ROAR Magazine, une revue en ligne. Jérôme a été vu lors d’interviews sur Al Jazeera, BBC World et RT News, entre autres. Ses pièces ont été traduites dans des dizaines de langues, republiées sur des centaines de blogs et sites d’informations indépendants et cité par The Guardian, The New York Times, Adbusters, Wired, WikiLeaks et divers autres médias. Il écrit une chronique hebdomadaire pour TeleSUR anglais, qui est syndiqué par ROAR et ZNet. (Source : telesurtv.net/english)


No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

Euro : le sauvetage, pire que le naufrage - L’UE achète du temps avant la catastrophe

Euro : le sauvetage, pire que le naufrage - L’UE achète du temps avant la catastrophe | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Reynaldo Paganelli/SIPA/1503240924

 

Euro : le sauvetage, pire que le naufrage

L’UE achète du temps avant la catastrophe

 

Si l’on doutait encore de la soumission des Européens aux États-Unis, cette information, dont toute la presse allemande parlait au matin du 17 mars 2015, viendra lever les incertitudes. Elle prouve aussi que Jean-Claude Trichet – désormais président de la Trilatérale, think tank cadet de Bilderberg, présidé par Henri de Castries – est sous influence directe de l’administration américaine.

 

C’est l’ancien économiste en chef de la BCE, Jürgen Stark, qui l’affirme : le président Obama aurait exercé d’énormes pressions sur la BCE, lorsqu’il s’agissait de sauver l’euro. Le but des Américains était que la Banque centrale de l’Union européenne intervienne de manière aussi agressive que la FED sur les marchés. Peu après ces pressions, un programme d’achat massif d’emprunts d’État fut élaboré.

 

Ce mois-ci, Mario Draghi a mis en place son programme de stabilisation de l’euro, annoncé de longue date. Selon ses prévisions, réalisées avec la participation active des Américains, 60 milliards d’euros d’emprunts doivent être achetés chaque mois. Jürgen Stark rapporte dans un document réalisé par la télévision allemande ARD comment, le soir d’une session de la BCE, quelqu’un lui avait remis une enveloppe. Celle-ci contenait les consignes détaillées demandant à la BCE d’acheter massivement les emprunts d’État. Ces plans lui étaient alors totalement inconnus. « Ça a été pour moi un choc incroyable », déclare Stark à propos de cet épisode, qui aurait eu lieu à Lisbonne en mai 2010.

 

Ce genre de programme d’emprunts est vivement contesté par les juristes, et même les juges de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe le tiennent pour illégal. « Les pressions de l’administration américaine étaient énormes, de tous côtés, en particulier de la part du président Obama », précise Stark, qui a fini par présenter sa démission sous l’administration Trichet, en 2011. La presse française en avait rendu compte à l’époque, estimant Trichet affaibli par cette démission. Les déclarations de Stark ont été confirmées, durant la crise financière, par Philipp Hildebrand, le président de la Banque Nationale suisse : « Lors de l’entrée en fonction de Mario Draghi, j’ai reçu un coup de fil de Tim Geithner, le ministre des finances américain, qui voulait savoir comment amener la BCE à adopter un style tout aussi agressif, comme c’est l’usage à la FED et en Grande-Bretagne. »

 

Et puis soudain, durant le sommet de l’Union européenne qui vient de se tenir entre Junker, Merkel, Tsipras, Hollande et Draghi, l’UE déclare que la situation de la Grèce représente une catastrophe humanitaire. On sort alors du chapeau pointu européen un « fonds inconnu de 2 milliards d’euros, destiné au développement » (on se demande quel développement). Junker décide donc que cette somme sera attribuée aux Grecs. Il charge le Commissaire européen Valdis Dombrowski « de voir » comment celle-ci serait absorbée par la Grèce… Après le sommet, Junker déclare que cet argent doit servir à maîtriser les problèmes sociaux du pays et aider les PME à se développer. Mais il omet de préciser comment il va contrôler l’attribution de cette somme à Athènes.

 

Tout ceci n’a pu que satisfaire Alexis Tsipras, en récompense de son alignement à l’UE et, par ricochet, aux États-Unis. Les autres États membres de l’UE, eux, n’ont pas été associés à ces négociations, bien qu’il s’agisse de l’argent de leurs contribuables. Le journal économique allemand Deutsche Wirtschaftsnachrichten précise : « Par cette décision, la troïka a désormais les mains libres pour demander d’autres milliards à la BCE et au FMI au titre de la dette grecque. Cette action risquée est connue du grand public sous le nom de « sauvetage de la Grèce » et a déjà coûté au contribuable européen 240 milliards euros. » Comme mentionné dans le reportage de la première chaîne allemande ARD, l’UE achète encore une fois du temps avant la catastrophe. Ainsi Georges Friedman, fondateur de la plus importante agence de renseignements privée au monde, Stratfor Global Intelligence, estimait-il à l’occasion d’une récente conférence à Chicago que l’euro et l’Europe imploseront.

 

En attendant, les États-Unis peuvent toujours faire pression, car, comme le dit Georges Friedman, « l’Europe est devenue incontrôlable ». Preuve de sa dérive autocratique, une déclaration de Junker, cité par Der Spiegel, devrait choquer chacun des citoyens que nous sommes : « Nous décidons des choses et les laissons de côté, pour attendre quelque temps et voir ce qui va se passer. S’il n’y a pas de grandes protestations et autres émeutes – car, de toute façon, personne ne comprend ce que nous décidons – alors nous continuons, pas à pas, jusqu’à ce qu’un retour en arrière devienne impossible. » Ainsi va la démocratie en UERSS !

 

 

 

Par Sylvia Bourdon - causeur.fr – le 25 mars 2015

No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

APPEL EN SOUTIEN À BLOCKUPY : « Il nous faut une autre Banque Centrale ! »

APPEL EN SOUTIEN À BLOCKUPY : « Il nous faut une autre Banque Centrale ! » | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


APPEL EN SOUTIEN À BLOCKUPY :

« Il nous faut une autre Banque Centrale ! »


Le 18 mars à Francfort, des dizaines de milliers d’activistes venu.e.s de toute l’Europe manifesteront lors de l’inauguration du nouveau siège de la Banque centrale européenne. Le message sera clair : dire non aux politiques capitalistes menées par cette institution, profitables pour les banques privées et leurs actionnaires, mais catastrophiques pour les populations.

 

La BCE prête à des taux proches de zéro (son taux directeur est actuellement de 0,05 %) aux grandes banques privées qui prêtent à leur tour aux États à des taux bien plus élevés (11 % pour la Grèce actuellement), et empochent la différence... Ce système aberrant est une des causes d’endettement des États : il coûte aux finances publiques européennes environ 350 milliards par an en intérêts de la dette.

 

 

La BCE : neutre et indépendante ?

 

Le Président de la BCE, Mario Draghi, est un ancien Président de la tristement célèbre Goldman Sachs. Il était d’ailleurs à sa tête lorsque celle-ci a aidé le gouvernement grec de l’époque à maquiller les comptes publics du pays...

 

Depuis 2007, la BCE soutient les banques qui ont provoqué la crise de manière illimitée et inconditionnelle. Elle leur a d’abord prêté plus de 1.600 milliards d’euros à des taux d’intérêt très bas. Sa nouvelle trouvaille, nommée « assouplissement monétaire », est un cadeau de plus fait aux banques privées : racheter 1000 milliards de titres de dettes souveraines et de produits structurés dont elles veulent se débarrasser sur le marché secondaire, et cela, sans aucune contrepartie ou obligation de financer l’économie réelle.

 

La BCE n’est pas neutre, elle pose des choix politiques. Le dernier épisode en date est le chantage qu’elle a utilisé envers la Grèce en menaçant de couper l’accès à tous les fonds si le nouveau gouvernement élu démocratiquement ne rentrait pas illico presto dans les rails de l’austérité…

 


Une autre banque centrale pourrait…

 

— Prêter directement aux États à des taux d’intérêt très réduits ;

— Reverser les intérêts qu’elle a touchés sur les titres publics des pays européens qu’elle détient ;

— Racheter des dettes souveraines de pays en difficulté et les annuler de ses comptes ;

— Financer directement des États soucieux d’atteindre des objectifs économiques, sociaux et environnementaux qui intègrent les besoins et les droits fondamentaux des populations ;

— Être placée sous contrôle des citoyen.ne.s européen.ne.s et non des seuls gouverneurs nommés et des « experts indépendants » triés sur le volet.

 

Pour toutes ces raisons, nous soutenons la mobilisation « Blockupy Frankfurt » du 18 mars 2015 pour en finir avec une BCE qui finance la spéculation et impose l’austérité.

 

 

 

Par AciDe - cadtm.org – le 16 mars 2015


No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

Grèce : petit guide contre les bobards médiatiques - Partie 1/2

Grèce : petit guide contre les bobards médiatiques  - Partie 1/2 | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Grèce : petit guide contre les bobards médiatiques

(Partie 1/2) - Par CAC France 

 

 

Malgré l’ingérence et la pression des dirigeants de l’Union Européenne, le peuple grec a décidé de prendre courageusement son destin en main et d’en finir avec les politiques d’austérité qui ont plongé le pays dans la misère et la récession. Dans les pays victimes de la Troïka, mais aussi dans de nombreux autres pays européens, cette victoire est perçue comme un formidable encouragement à lutter pour mettre un terme à des politiques profitables aux marchés financiers et désastreuses pour les populations.

 

Mais déjà les grands médias relaient l’idée absurde selon laquelle l’annulation de la dette grecque « coûterait 600 euros à chaque contribuable français ». À mesure que les négociations vont se durcir entre la Grèce et la Troïka, la propagande va s’intensifier et notre travail d’éducation populaire sur la question de la dette publique va devenir de plus en plus décisif. Ces réponses aux idées reçues sur la dette grecque ont vocation à y contribuer.

 

 

Idée reçue n° 1 : Annuler la dette grecque : 636 € par Français ?

 

 

Le discours officiel sur la Grèce

« Il n’est pas question de transférer le poids de la dette grecque du contribuable grec au contribuable français » (Michel Sapin, ministre de l’Économie, Europe N° 1, 2/02), « une ardoise de 735 € par Français » (Le Figaro, 8 janvier), 636 € selon TF1 (2 février).

 

Pourquoi c’est faux ?

 

La France est engagée à la hauteur de 40 milliards € par rapport à la Grèce : une petite partie a été prêtée à ce pays dans le cadre de prêts bilatéraux, le reste (environ 30 milliards d’euros) étant apporté en garantie au Fonds européen de solidarité financière |1| (FESF), lequel a emprunté sur les marchés financiers pour prêter à la Grèce.

Dans les deux cas, ces prêts sont déjà comptabilisés dans la dette publique française (environ 2 000 milliards €). Leur annulation n’augmenterait donc pas la dette.


La France devra-t-elle débourser ces sommes en cas d’annulation de la dette grecque ? Non, car en fait, la France, comme la plupart des pays, ne rembourse jamais vraiment sa dette. Lorsqu’un emprunt vient à échéance, la France le rembourse en empruntant de nouveau. On dit que l’État fait « rouler sa dette ».


La seule chose que perdraient les contribuables français, ce sont les intérêts versés par la Grèce, soit 15 € par Français et par an |2|.


La BCE pourrait résoudre facilement le problème de la dette grecque. Elle pourrait rayer d’un trait de plume les 28 milliards qu’elle détient. Elle pourrait racheter aux institutions publiques (États, FESF) les titres grecs qu’ils détiennent, et les annuler également. Ou bien les transformer – comme le demande la Grèce – en obligations perpétuelles, avec un taux d’intérêt fixe et faible, et pas de remboursement du capital. De toute façon une banque centrale ne court aucun risque financier puisqu’elle peut se refinancer elle-même par création monétaire.

 

 

Quelles leçons pour la France et l’Europe ?

 

En France aussi la dette publique est insoutenable et ne pourra pas être remboursée. Les taux d’intérêt sont très faibles aujourd’hui ? Oui, mais c’est parce que la France mène une politique d’austérité qui plaît aux marchés financiers. C’est aussi parce que les investisseurs financiers ne veulent plus courir le risque d’investissements dans le secteur productif. Pour en finir avec cette politique en France et en Europe, il faudra aussi alléger le poids des dettes, d’une façon ou d’une autre : restructuration, remboursement partiel par un prélèvement exceptionnel sur les grandes fortunes, annulation partielle… toutes les hypothèses doivent être étudiées et faire l’objet de choix démocratiques.

 

 

Idée reçue n° 2 : Quand on doit, on rembourse ?

 

Le discours officiel sur la Grèce


« La Grèce devra rembourser sa dette » (Michel Sapin, 2 février) « Une dette est une dette. Rembourser est un devoir éthique pour un État de droit » (Marine Le Pen, 4 février)

 

Pourquoi c’est faux ?


Sauf rares exceptions, un État ne rembourse pas sa dette : il réemprunte pour faire face aux échéances. Au budget de l’État figurent les intérêts de la dette, jamais le remboursement de la somme empruntée (le principal). Contrairement à un particulier, l’État n’est pas mortel, il peut s’endetter sans fin pour payer ses dettes. C’est la différence avec l’emprunt d’une mère de famille qui, elle, est obligée de rembourser sa dette.

 

Mais quand les marchés financiers ne veulent plus prêter à un État, ou exigent des taux d’intérêt exorbitants, et que l’Etat n’a plus accès à la création monétaire de la Banque Centrale de son pays, les choses se gâtent. C’est pourquoi en 2011, quand les banques ont pris peur devant les difficultés de la Grèce, la BCE et les États européens ont dû lui prêter.

 

C’est ce qui leur permet aujourd’hui d’exercer un brutal chantage en menaçant de couper les crédits à la Grèce si son gouvernement maintient les mesures anti-austérité promises aux électeurs : hausse du SMIC et des retraites, réembauche des fonctionnaires licenciés, arrêt des privatisations.

 

De nombreuses expériences historiques de pays surendettés (Allemagne 1953, Pologne 1991, Irak 2003, Équateur 2008, Islande 2011, Irlande 2013…) ont pourtant abouti à la même conclusion : quand la dette est trop lourde (190 % du PIB pour la Grèce !), il faut l’annuler et/ou la restructurer pour permettre un nouveau départ.


Chacun sait – même le FMI et la BCE – que l’actuel fardeau de la dette est trop lourd pour la Grèce. Une renégociation est nécessaire, portant sur une annulation partielle, sur les taux d’intérêt et l’échéancier. Il faut pour cela une conférence européenne sur la dette comme ce fut le cas en 1953 pour la République Fédérale Allemande.

 

Pour être efficace, cette conférence doit pouvoir prendre appui sur les travaux d’une commission internationale et citoyenne d’audit de la dette grecque. Cet audit déterminera quelle est la part légitime de la dette, dont il convient de s’acquitter, même avec taux d’intérêt et des délais renégociés, et la part illégitime, qui peut être contestée.

 

Est légitime la dette contractée légalement pour financer des investissements ou des politiques profitables à la population. Est illégitime la dette qui n’a pas servi les intérêts de la population, mais a bénéficié à des minorités privilégiées. Selon la jurisprudence internationale, une dette peut même avoir un caractère odieux ou être illégale, selon la façon dont elle a été contractée.

 

 

Quelles leçons pour la France et l’Europe ?

 

En France aussi, une démarche large d’audit citoyen est nécessaire pour sensibiliser l’opinion et montrer qui sont les véritables bénéficiaires du système de la dette. Le premier rapport d’audit citoyen publié en mai 2014 a montré que 59 % de la dette française pouvait être considérée comme illégitime, de par son origine (taux d’intérêt excessifs, cadeaux fiscaux). Restructurer la dette française dégagerait des ressources pour les services publics, la transition écologique… Nous allons organiser une conférence européenne des mouvements sociaux sur la dette, afin de généraliser la démarche.

 

 


Idée reçue n° 3 : Les Grecs se sont goinfrés, ils doivent payer ?

 

Le discours officiel sur la Grèce

 

La Grèce, c’est une « administration pléthorique, 7 % du PIB contre 3 % en Europe », une « difficulté à lever l’impôt et à maîtriser les dépenses » (Claudia Senik, économiste)

 

Pourquoi c’est faux ?

 

Selon l’OCDE, les fonctionnaires représentaient en Grèce 7 % de l’emploi total en 2001, et 8 % en 2011, contre 11 % en Allemagne et 23 % en France (incluant la sécurité sociale). Les dépenses publiques de la Grèce représentaient en 2011 42 % du PIB contre 45 % (Allemagne) et 52 % (France).

 

Pourquoi donc, avant même la crise financière et la récession, la dette publique grecque était-elle déjà de 103 % du PIB en 2007 ? Une étude récente montre que la flambée de la dette grecque ne résulte pas du tout d’une gabegie de fonctionnaires et de prestations sociales. Les dépenses sont restées globalement constantes en % du PIB, de 1990 jusqu’à 2007. Comme en France, ce sont les taux d’intérêt excessifs et les cadeaux fiscaux qui ont gonflé la dette. Mais en plus, les diktats de la Troïka (Commission européenne, BCE et FMI) ont fait plonger le PIB grec de 25 % depuis 2010, ce qui a provoqué mécaniquement une hausse de 33 % du rapport entre la dette et le PIB !

 

Les taux d’intérêt exigés par les prêteurs entre 1990 et 2000 ont été extravagants : en moyenne 7,5 % (taux réel corrigé de l’inflation), pour une croissance du PIB de 2,5 %. D’où un effet « boule de neige » : l’État grec s’est endetté pour parvenir à payer ces intérêts exorbitants. Si le taux d’intérêt réel était resté limité à 3 %, la dette publique grecque aurait représenté 64 % du PIB en 2007 au lieu de 103 %.

 

Concernant les recettes publiques, pour remplir le critère de Maastricht sur le déficit maximum de 3 %, la Grèce a très fortement augmenté les impôts dans les années 1990 : de 28 % à 42 % du PIB. Mais dès l’entrée dans la zone euro en 2001, les riches grecs ont fait la fête. Ainsi entre 2004 et 2008 la Grèce a réduit les droits de succession, diminué par deux fois les taux d’imposition sur le revenu et décrété trois lois d’amnistie fiscale pour les fraudeurs (Études économiques de l’OCDE, Grèce 2009). Les recettes fiscales sont retombées à 38 % du PIB. Si elles avaient gardé leur niveau de 2 000, la dette publique grecque aurait représenté, en 2007, 86 % du PIB au lieu de 103 %.

 

Au total, avec des taux d’intérêt « raisonnables » et un simple maintien des recettes publiques, la dette grecque aurait été deux fois plus faible en 2007. Autrement dit on peut considérer que la moitié de la dette grecque était illégitime à cette date : elle a découlé d’une ponction opérée par les créanciers, nationaux ou étrangers, et d’une baisse des impôts au bénéfice principal des plus riches. L’explosion de la dette depuis 2007, quant à elle, est entièrement due à la récession infligée par la Troïka. Elle est donc encore plus illégitime.

 

 

Quelles leçons pour la France et l’Europe ?

 

Le Collectif pour un audit citoyen de la dette publique a déjà montré que les mêmes mécanismes (taux d’intérêt excessifs et cadeaux fiscaux) expliquent 59 % de la dette publique française. En France aussi on pourrait en finir avec les politiques d’austérité si l’on remettait en cause le fardeau de cette dette, par une annulation partielle et/ou des mesures de restructuration.

 

 

Idée reçue n° 4 : On a aidé les Grecs, ils doivent nous remercier ?

 


Le discours officiel sur la Grèce


« La Grèce doit cesser d’être un puits sans fond » (Wolfgang Schäuble, ministre allemand des Finances, 12/02/2012)

 

Pourquoi c’est faux ?

 

De 2010 à 2013 la Grèce a reçu 207 Milliards d’euros en prêts des États européens et des institutions européennes assortis de plans de réformes. Il s’agirait « d’aides à la Grèce ».

 

Une étude d’ATTAC Autriche |3| décortique les destinations des 23 tranches de financement imposées à la Grèce de 2010 à 2013. 77 % de ces prêts ont servi à recapitaliser les banques privées grecques (58 Mds €) ou ont été versés directement aux créanciers de l’État grec (101 Mds €), pour l’essentiel des banques européennes et américaines.

Pour 5 euros empruntés, 1 seul est allé dans les caisses de l’État grec !

Le mensuel Alternatives économiques (février 2015) complète l’analyse : de 2010 à fin 2014, 52,8 Mds € de ces prêts ont servi à payer les intérêts des créanciers. Seuls 14,7 Mds € ont servi à financer des dépenses publiques en Grèce.

 

Ces 207 Mds € ont donc beaucoup « aidé » les banques et les créanciers, mais très peu la population grecque. Celle-ci, en revanche, doit subir l’austérité imposée par la Troïka (BCE, Commission FMI) lors de la négociation de ces prêts. De plus, l’État grec doit payer les intérêts sur l’intégralité de ces plans d’aide. Il est endetté encore pour 40 ans, jusqu’en 2054 ; 30 Mds € sont à verser en 2015.

 

Qui sont les véritables créanciers de la dette grecque et qui décide de son utilisation ? Pour une dette totale de 314 Mds €, les créanciers sont : le Fonds européen de stabilité financière (FESF, maintenant remplacé par le MES, 142 Mds), les autres États européens (53 Mds), le FMI (23 Mds), le secteur privé (39 Mds), la BCE (27 Mds) et d’autres créanciers privés (31 Mds).

 

Le Mécanisme Européen de Stabilité (MES), entré en vigueur en 2012, gère désormais les prêts aux États de l’UE. Il contracte des prêts sur les marchés financiers et décide de leur affectation (principalement le sauvetage des banques privées). Les acteurs des marchés financiers se financent auprès des banques centrales, dont la BCE, à des taux très inférieurs à l’inflation. Le siège du MES est au Luxembourg, paradis fiscal bien connu.

 

À aucun moment, l’État grec n’a la main sur les fonds souscrits par le MES. En plus des réformes imposées par la Troïka, les Grecs payent pour des prêts qui ne leur ont pas été versés et qui pour l’essentiel profitent au secteur de la finance !

 

 

Quelles leçons pour la France et l’Europe ?

 

Les « aides » bénéficient en fait aux banques et sont payées au prix fort par les populations. Entre satisfaire les besoins fondamentaux (nourriture, logement, protection sociale, santé et éducation) ou engraisser les principaux créanciers, le choix va de soi : la priorité n’est pas le remboursement, mais l’audit des dettes publiques et la clarté sur l’usage des fonds des soi-disant « sauvetages ».

 

 

 

Par CAC France - cadtm.org – le 12 mars 2015


Source : Collectif pour un audit citoyen de la dette, France

 

 

Notes

|1| Le FESF, Fonds européen de solidarité financière, créé en 2010, vise à préserver la stabilité financière en Europe en fournissant une assistance financière aux États de la zone euro. Cette aide est conditionnée à l’acceptation de plans d’ajustement structurel. Il a été remplacé par le Mécanisme européen de solidarité (MES) en 2012.

|2| Ivan Best, La Tribune, 5 février

|3| Plans de sauvetage de la Grèce : 77 % des fonds sont allés à la finance : https://france.attac.org/nos-idees/...

 

 

No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

La survie de la Grèce ne dépend pas du pouvoir politique

La survie de la Grèce ne dépend pas du pouvoir politique | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

 

 

La survie de la Grèce ne dépend

pas du pouvoir politique


— Banquier anonyme 


Mr Tsipras va probablement parvenir à trouver péniblement, une majorité alternative pour faire voter la potion européenne par le parlement grec. Soit des mesures qui sont à l’exact opposé du programme électoral de Syriza et sont encore plus dures que celles que le peuple grec a refusées à 60 % lors du référendum. Quant à l’avenir de Mr Tsipras comme Premier ministre, il est plus qu’incertain.

 

Comment en est-il arrivé là ? Le fait est que Mr Tsipras s’est retranché derrière l’argument qu’il n’existe aucune clause dans les traités européens pour exclure un pays de la zone euro et donc que la Grèce ne risquait rien. Est-ce par naïveté ou pure ignorance financière (ou n’est-il qu’un cheval de Troie ?), mais il aurait dû savoir que ce ne sont pas les politiciens qui décident, mais l’oligarchie financière derrière les banques centrales.

 

Mr Tsipras a sous-estimé l’impact destructeur majeur sur la population grecque que pouvait avoir la vue de banques durablement fermées parce que la Banque Centrale Européenne (BCE) a refusé d’augmenter le débit de liquidités vitales. Le parlement grec va probablement voter « n’importe quoi » ce mercredi dans l’espoir que les banques grecques puissent rouvrir et fonctionner comme avant.

 

Hélas, Mr Tsipras devrait pourtant savoir que les banques fonctionnent sous réserve fractionnaire : seule une fraction des dépôts existe sous forme de billets de banque et pour qu’une banque s’en procure afin d’alimenter les guichets ou les distributeurs, elle est obligée de les acheter auprès de sa banque centrale. Et là se posent deux problèmes :

 

– Est-ce que la banque centrale veut bien lui en vendre ?


– Comment peut-elle se procurer de l’argent pour payer ?

 

Pour simplifier un peu et de manière imagée, il faut savoir que la Grèce ne peut plus s’approvisionner directement auprès de la BCE à Francfort, mais doit utiliser le magasin local (la banque centrale grecque sous la forme du programme d’urgence ELA). Les ventes totales sont plafonnées et lorsque le plafond est atteint le magasin grec ferme. Pour payer des billets, une banque commerciale doit d’abord emprunter auprès de sa banque centrale, une monnaie spéciale utilisée entre les banques commerciales et les banques centrales (mais qui reste au sein de l’Eurosystème et ne peut pas être utilisée par les particuliers ou les entreprises). Une banque centrale prête cette monnaie de banque centrale, à condition que l’emprunteur donne un gage financier (comme un particulier qui contracte un crédit hypothécaire doit mettre sa maison en gage). La quantité de gages financiers que doivent donner les banques grecques pour emprunter la monnaie spéciale qui permet d’acheter des billets est un grand secret, on sait juste que la banque centrale grecque (sous ordre de la BCE) est devenue plus exigeante.

 

Il suffit que face « à l’incertitude politique » la BCE décide d’augmenter le montant des gages nécessaire pour les prêts existants, pour qu’aucune banque grecque n’ait encore assez de gages pour répondre à cet appel de marge sans faire défaut (ceci sans même que la BCE n’augmente le plafond de liquidité). Selon les estimations de Barclays (voir graphique n° 1 ci-dessus), avant le 6 juillet les banques disposaient d’une marge représentée par la barre de gauche en gris clair. Le 6 juillet, la BCE a exigé plus de collatéral et a réduit cette marge représentée actuellement par la barre en bleu clair. Draghi peut parfaitement, sournoisement, augmenter encore la quantité de gages nécessaire, ce qui ne laisserait aucun moyen pour les banques grecques de se procurer des liquidités même si la BCE devait rehausser le plafond disponible !

 

De plus, Alexis Tsipras a finalement obtenu que le fonds qui va vendre 50 milliards d’actifs grecs privatisés (aéroport, compagnie d’électricité, banques ! etc.) soit situé en Grèce sous supervision européenne. La moitié de ce montant est destiné à recapitaliser les banques grecques le plus vite possible. Outre le temps nécessaire pour effectuer ces ventes, le gros problème c’est que selon le FMI il n’y a plus d’acheteurs pour de tels montants. C’était éventuellement possible en 2011 (courbe verte), mais actuellement ces actifs ne valent même pas 10 milliards d’USD (courbe bleue) (voir le tableau n° 2 ci-dessus).

 

Autrement dit, l’avenir des banques grecques entièrement dans les mains de Mr Draghi est extrêmement sombre.

 

Pour ceux qui pensent que la Grèce ce n’est pas la France ou l’Italie, le graphique n° 3 (*) ci-dessus montre qu’il y a 8 ans la Grèce avait le même niveau d’endettement relatif que la France actuellement et la dette italienne a juste 5 ans d’avance sur la dette grecque

 

  

Par un Banquier anonyme - liesidotorg.com - le 23 juillet 2015

 

(*) source http://www.les-crises.fr/iens-la-dette-de-la-france-est-au-niveau-de-la-dette-grecque-dil-y-a-8-ans/

No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

Devant la douloureuse révolte du peuple grec, certains catholiques français ne réagissent pas en chrétiens

Devant la douloureuse révolte du peuple grec, certains catholiques français ne réagissent pas en chrétiens | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Devant la douloureuse révolte du peuple grec, certains catholiques français ne réagissent pas en chrétiens

Par Patrice de Plunkett (*)

 

 

Je lis sur Twitter des fureurs anti-Grecs effarantes, dans le plus pur style Versailles 1871. De dignes messieurs cathos traitent de « délire » la note de ce blog, hier, sur le référendum : 

 

Pourquoi « délire » ?  Lisez cette note d’hier : elle essaie d’expliquer ce qu’est l’Union européenne depuis le putsch ultralibéral des années 1990, et comment la sphère financière (qui contrôle l’UE) a poussé les Caramanlis et les Papandréou à la carambouille depuis des dizaines d’années. La BCE est présidée aujourd’hui par un ex-dirigeant de Goldman Sachs, la mégabanque qui a perpétré le pire en matière de dette grecque dans les premières années 2000*. En 2015, le peuple grec, étranglé par les merkéliennes conséquences de ces manipulations financières, se débat pour ne pas succomber. Question de vie ou de mort : il a mis au pouvoir (et vient de confirmer) le jeune Tsipras, qui joue le tout pour le tout.

 

Tout ça va peut-être finir en catastrophe, mais comment ne pas comprendre les douleurs et l’angoisse des Grecs voyant s’effondrer la société autour d’eux y compris les services hospitaliers ? Comment ne pas être ému de leur fierté dimanche soir, et de la forêt de drapeaux bleu et blanc brandis par la foule de Syntagma ?

 

Se permettre une insolence face aux puissants qui vous coulent, n’est-ce pas du courage ?

 

Eh bien, non : pour les dignes messieurs, c’est une honte. Ils jugent honteux de braver la sphère financière, dont ils font généralement partie eux-mêmes.

 

Et ils le disent avec une sorte de haine qui, de leur part, n’aurait pas surpris Léon Bloy. L’un d’eux hier traitait le peuple grec de bandits et d’escrocs. C’est l’esprit de Versailles en 1871 : « « Au mur ! », disait le capitaine/La bouche pleine et buvant dur... »

 

Le problème est que ces insulteurs ajoutent à leur nom, sur leur compte Twitter, le noun des chrétiens d’Orient. Et que leurs autres tweets, depuis des mois, affichent d’imputrescibles certitudes catholiques conservatrices... Car oui et ô combien, ils sont catholiques ! archicatholiques ! certainement plus catholiques que ce pape Bergoglio qui sent le communisme à plein nez !

 

Mais c’est à voir. Est-on catholique quand on ne réagit pas en chrétien ? Est-on catholique, quand on ne ressent aucune compassion si nos intérêts financiers sont en jeu ? Est-on catholique, quand on parle comme si servir Mammon c’était servir Dieu ?

 

Il y a du ménage moral à faire dans le catholicisme français. Armons-nous du double balai d’Evangelii Gaudium et de Laudato Si : et hardi les gars.

 

 

 

Par Patrice de Plunkett (*)plunkett.hautetfort.com – le 7 juillet 2015

 

 

NDLGazette : (*) Patrice de Plunkett, né à Paris le 9 janvier 1947, est un journaliste et essayiste français, qui codirigea le Figaro Magazine… (Source : Wikipédia)

 

 

Notes :

* D’après La Tribune de Genève, 02/2012 :

<< Ce sont les banques de Wall Street, comme Goldman Sachs, qui ont permis à la Grèce de s’endetter en cachette, bien au-delà des limites fixées par Bruxelles. Et cela, grâce à des montages financiers complexes, qui ressemblent curieusement aux subprimes responsables de la pire crise mondiale des 80 dernières années. Et ce n’est pas tout. Après avoir aidé le gouvernement hellénique à vivre largement au-dessus de ses moyens, les mêmes banques se sont mises à investir dans des fonds spéculatifs pariant qu’Athènes serait bientôt en défaut de paiement !  Mais reprenons. La dissimulation s’est produite peu après l’entrée de la Grèce dans la zone euro, en 2001. En adoptant cette monnaie, Athènes s’était engagé à ne pas dépasser 3 % de déficit budgétaire. Une règle que les autorités ont réussi à contourner grâce à l’offre de Goldman Sachs : pour obtenir tout de suite des milliards de dollars, il leur suffisait de renoncer à l’avenir à des taxes d’aéroport, à des recettes du loto, etc. Cela s’appelle un « échange de devises ». Techniquement, ce n’est pas un emprunt. Il n’y a pas d’intérêts à inscrire au budget. De l’argent est à disposition maintenant, qui fera défaut plus tard. On repousse le problème. C’est de la mauvaise gestion d’État, mais c’est tentant pour des politiciens obsédés par leur cote de popularité. Et à l’époque, ces « contrats dérivés » n’étaient pas interdits...  C’est donc en toute légalité que Goldman Sachs a empoché une commission de 300 millions de dollars pour avoir monté l’opération.


Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Le New York Times croit savoir qu’en novembre 2011, le président de la banque, Gary Cohn, s’est rendu en personne à Athènes pour proposer de refaire le coup. Un peu comme on propose un second emprunt à quelqu’un qui ne peut plus renflouer sa carte de crédit. La Grèce a refusé. Depuis 2004, ces opérations ne sont plus autorisées dans l’Union européenne. Plus dérangeant encore : la même banque investit dans des « credit default swaps », qui parient sur l’incapacité de la Grèce à honorer les intérêts de sa dette. De la pure spéculation qui nourrit la méfiance des investisseurs et des créanciers face à Athènes. Le cercle vicieux est enclenché.

 

>>> Je résume : après 2001, Goldman Sachs, numéro 1 du casino global, a spéculé contre la Grèce tout en se faisant rémunérer par Athènes pour « l’aider » à « gérer » sa dette. Elle l'a aidé à maquiller son déficit budgétaire, et provoqué ainsi la crise de la zone euro tout entière. Rappelons aussi que Mario Draghi (que nos journalistes appellent avec tendresse « super-Mario ») fut vice-président de Goldman Sachs en Europe de 2002 à 2005. Qui s'en souvient aujourd'hui ? Pas les dignes messieurs.

 

No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

Brisures d’euro

Brisures d’euro | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Légendes des photos :

De gauche à droite : Les gros titres du vaste monde, Naxos, le 27 juin — Dans les Cyclades ; on lit aussi Thomas Piketty. Juin 2015 — Dans les Cyclades on prépare les tables et on... dessine menus et prix. Le plus souvent, les clients sont absents, sauf évidemment à Mykonos et relativement, à Naxos et à Paros. Ailleurs c’est la désolation de la saison qui n’a pas encore démarré. — Bateau à vendre. Cyclades, juin 2015 — Hôtel en faillite. Cyclades, juin 2015

 


Brisures d’euro

Par Panagiotis Grigoriou

 

 

L’histoire galope. Très... drôle de guerre. Visages crispés, parfois exubérants et singulièrement hésitants. Temps métrologique agité, vent fort balayant les Cyclades et autant les consciences. Matin du 27 juin, devant les guichets automatiques à Naxos, port et chef-lieu de l’île d’Ariane délaissée il y avait déjà foule. Tout le monde commente les derniers accrocs du temps historique, d’abord le referendum annoncé, comme cette autre tempête qui a rendu l’accostage du Blue Star Délos plus délicat que de coutume.

 

Dans les Cyclades ; on lit aussi Thomas Piketty, mais les yeux de tous se tournèrent ce samedi matin vers les gros titres du vaste monde et d’Aléxis Tsípras. Ce n’est pas un sondage, mais sur les cinq discussions que j’ai pu avoir avec des habitants de Naxos... ce premier samedi du jour d’après, trois d’entre eux se sont prononcés résolument en faveur du « Non », car « c’est désormais une question de dignité, l’UE et le FMI exigent notre mise à mort, ces salopards n’ont plus aucune vergogne », tandis qu’une autre personne votera « les yeux fermés pour un « Oui », car Tsípras est un fou... et il nous fera même quitter l’euro », enfin, Yannis éleveur est hésitant.

 

« Je n’ai pas voté SYRIZA en janvier, voilà qu’avec Tsípras tout se gâte, j’avoue seulement que dorénavant je comprends mieux. Poursuivre exactement comme avant sous la botte de la Troïka c’est la mort lente, mais assurée, mais enfin... emprunter le chemin de la rupture et de la drachme c’est certainement l’aventure et l’inconnu. Les gens ont surtout peur ».

 

Hasard ou sinon destinée, derrière la vitrine d’un présentoir du marché supposé touristique à Naxos, il n’y a que deux billets issus du temps de la drachme et plus exactement, des années 1927-1939. La Grèce avait, comme on se souvient, fait faillite en 1932, une autre époque ?

 

Yannis suit évidemment les événements et leur tournure à la télévision. Dans la capitale d’Athéna, les guichets (pour le moment) automatiques sont pris d’assaut. Les citadins achètent aussi massivement de l’alimentaire et du carburant. L’atmosphère est tendue.

 

Yannis, ironise presque : « Ici chez moi je ne suis pas vraiment vulnérable. J’ai de quoi me nourrir, j’ai des centaines de bêtes, j’ai mon fromage et mon huile, j’ai de l’eau et même des aliments stockés. C’est alors dès 2010 que je l’ai vu venir. Je travaillais comme employé dans un commerce près du port de Naxos. La crise n’avait pas encore frappé les Cyclades, elle a mis plus d’un an à venir jusqu’ici. J’ai décidé de reprendre la terre, les oliviers et les bêtes de mon père. »

 

« De toute manière j’étais élevé au village et je savais déjà tout faire. Je ne le regrette absolument pas. De nombreux jeunes originaires de Naxos reviennent ici pour monter une... affaire, ou même redémarrer dans l’agriculture et l’élevage. Je plaints tous ces gens de la ville et cependant ignorants. Avant de changer de cap ainsi, il faut apprendre auprès d’un paysan durant trois ans au moins avant de pouvoir se lancer et encore, il faut de la terre, des capitaux et aussi de se faire accepter par les anciens. Pas toujours évident je dirais. »

  

Pour les tenants d’un café dans un village naxiote de l’intérieur, le referendum est autant une affaire de générations. « Nous devons séquestrer nos vieux à la maison... pour qu’ils n’aillent pas voter en faveur du Oui », dit Anna, s’adressant à son mari. Le couple, la petite quarantaine tout juste acquise, appartient... généreusement aux générations qui « rament ».

 

« Il ne faut pas les rater sur ce coup-là. Ils ont bousillé tout un pays et ils veulent poursuivre dans cette politique des crématoires économiques. Nous leur rendrons enfin la monnaie de leur pièce de cet euro allemand et maudit. Basta. »

 

C’est « la réponse du berger à la bergère », estime de son côté François Leclerc sur le blog de Paul Jorion. « Pression pour pression, c’est devant la perspective de cette consultation imprévue que les créanciers de la Grèce vont se trouver placés lors de la réunion de l’Eurogroupe d’aujourd’hui. Ils peuvent décider de l’escalade en refusant de prolonger le plan existant jusqu’à la tenue du referendum, rendant caduque la question qu’il est prévu de poser. Mais ils sont placés devant un choix : bafouer l’expression de la volonté populaire ou reprendre la négociation ».

 

C’est chose (presque) faite ce samedi soir. Les médias grecs rapportent que Yannis Varoufákis rencontrera dans les heures qui viennent, Mario Draghi ; il lui demandera de faire usage d’une partie des intérêts encaissés par la BCE sur le dos de la dette grecque (presque deux milliards d’euros), pour ainsi régler la... traite auprès du FMI le 30 juin, sinon... niet !

 

Dans les Cyclades on prépare les tables et on... dessine menus et prix. Le plus souvent, les clients sont absents, sauf évidemment à Mykonos et relativement, à Naxos et à Paros. Ailleurs c’est la désolation de la saison qui n’a pas encore démarré.

 

La saison tarde, l’histoire galope. Une certaine presse internationale, suffisamment citée par la presse mainstream d’Athènes, croit savoir que les « créanciers prépareraient une réponse à l’offensive de Tsípras. Un « Plan B » serait en gestation, retrait de certaines propositions par les institutions et transferts de capitaux désormais sous contrôle et restrictions, probablement dès lundi prochain ».

 

Comme pour le cas de Chypre (soumise et humiliée en mars 2013), cela signifie que l’euro ne sera plus tout à fait le même à Naxos... et à Marseille. Brisures d’euro et cela déjà, quoi qu’il en arrive.

 

Sauf que nos... Tsipriotes, semblent être aussi en mesure de dégainer. Pour Panagiótis Lafazánis, ministre de la Restructuration Industrielle et chef de file de aille (Plateforme) de Gauche au sein de SYRIZA, « la Grèce et son peuple, subissent alors depuis cinq mois, une strangulation de type colonial, initiée par les « institutions », UE, BCE et FMI, et cela, comme aucun autre pays n’a connu, je crois, durant la période de l’après après deuxième guerre mondiale. Le but de cet étranglement est évident : l’épuisement économique et social de notre patrie jusqu’à l’extrême, et autant, l’humiliation de la Gauche, des traditions et des valeurs de lutte dont elle est historiquement porteuse »

 

« La situation géopolitique et de nouveau telle, que la Grèce se trouve devant un croisement de chemins fort décisif. Ses choix en décideront autant de l’avenir de l’Europe. Le gouvernement ne doit aucunement se soumettre aux dictats et à l’ultimatum. L’eurosoumission n’est pas la seule et unique voie possible. La Grèce, si besoin est et afin de répondre à son extermination (programmée par les institutions) tout en préservant sa dignité et sa survie, dispose de nombreuses autres voies alternatives, économiques, monétaires, sociales et géopolitiques. »

 

« Le peuple grec, conscient des difficultés que comporte cette nouvelle voie de la rupture et autant du recommencement, est prêt à soutenir ce nouvel effort national. Un effort national lequel amènera le renouveau de la Grèce, à travers cette réorganisation progressiste laquelle refera renaitre notre patrie. Ainsi, la Grèce redonnera vie à notre jeuneuse et aux générations futures dans la dignité, car il est indigne et autant déplorable, de leur léguer comme héritage les ruines d’un pays, ainsi qu’une dette alors insoutenable ».

 

Dans les Cyclades, on compte aussi les hôtels, les restaurants fermés et les bateaux à vendre. Une autre et... très certaine Grèce, mise toujours sur le tourisme, sur les pratiques d’avant et d’après, ainsi que sur certaines... connivences locales. C’est précisément cette Grèce qui se montre peureuse, voire très hostile à toute possibilité de rupture vis-à-vis du totalitarisme européiste.

 

Cette Grèce de la seule et unique... eurovision, main dans la main avec les instances des institutions, prépare ouvertement le troisième Coup d’État en Grèce depuis le mémorandum de 2010. Les sbires des institutions, dont Stávros Theodorakis du parti de la Rivière, du népotisme et des pots-de-vin, attendent leur moment, je suppose, lorsque lesdites institutions auront destitué le gouvernement SYRIZA/ANEL. Ce n’est pourtant pas si facile.

 

« Le moment est grave et décisif », déclare Manólis Glézos, de la Résistance en 1941 déjà, de SYRIZA et de Naxos. Cependant, le parti communiste (6 %) a annoncé sa décision d’appeler ses... croyants à s’abstenir du Référendum car « tant la proposition des institutions que celle du gouvernement vont l’encontre des intérêts du peuple ». Étonnant on dirait... et pourtant.

 

Les analystes politiquement corrects évoquent une erreur historiquement gravissime, alors commise par le plus vieux parti de la gauche grecque. Certaines langues... incorrectes, car invérifiables, dénoncent enfin « cette entende discrète des intérêts personnels et bien pécuniaires de la caste qui dirige le PC grec depuis un moment déjà avec ceux des vrais maîtres du pays. D’où cette politique du PC grec, lequel a tout fait depuis au moins 2010 pour qu’il n’y ait aucun mouvement unitaire de la Gauche en Grèce et bien au-delà, contre justement la Troïka ».

 

Conspirationnisme ? Pour ma part je me range du côté des analystes politiquement rationnels et corrects. Mais comme l’irrationnel a largement dominé les choix des humains, j’attends tout de même un peu les historiens du futur.

 

Juin 2015, les touristes déjeunent parfois relativement tôt. Les Cyclades sont sous la tempête, à l’instar du pays entier. Les anciens sont passés par là et ne sont plus. Ports antiques, tempêtes passées, ruines et parfois seulement, gloire du logos et de la démocratie. Moments cependant rares, mais remarquables.

 

Dans les Cyclades, les raisins attendent aussi leur temps d’après. Mes amis qui me téléphonent depuis la Thessalie, évoquent Trikala... où la moitié de gens étaient ce samedi matin devant la télévision tandis que l’autre moitié faisait ses provisions dans les supérettes avant, ou après avoir vidé (dans la mesure du possible) les guichets automatiques de la ville.

 

Mon ami de Trikala, Stélios, estime... « qu’il va falloir répondre comme il faut enfin... aux nouveaux Croisés, les descendants de ceux qu’avaient dévalisé Constantinople en... 1204 ». Je constate que par un temps de tempête, l’histoire... se mélange !

 

Mes amis et amis du blog de Naxos, J. et M., moins passéistes que Stélios, s’attendent tout simplement à un renversement du nouvel ordre en Europe et cela, pas qu’en Grèce.

 

L’histoire galope. Très... drôle de guerre, vraiment. Seul Papoutsi reste indifférant aux tempêtes, dont celles des humains. Intuition ?

 

 

 

Par Panagiotis Grigoriou - greekcrisis.fr - le 27 juin 2015.

No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

Tyrannie européenne ?

Tyrannie européenne ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : free.niooz.fr

 

 

 

Tyrannie européenne ?

 

Alexis Tsipras avait décidé de convoquer un référendum le 5 juillet, demandant au peuple souverain de trancher dans le différend qui l’oppose aux créanciers de la Grèce. Il avait pris cette décision devant les menaces, les pressions, et les ultimatums auxquels il avait été confronté durant les derniers jours de la négociation avec ce que l’on appelle la « Troïka », soit la Banque Centrale Européenne, la Commission Européenne et le Fond Monétaire International.

 

Ce faisant, et dans un geste que l’on peut qualifier de « gaullien », il avait délibérément renvoyé au domaine politique une négociation que les partenaires de la « Troïka » voulaient maintenir dans le domaine technique et comptable.

 

Ce geste a provoqué une réaction de l’Eurogroupe d’une extrême gravité. Nous sommes en présence d’un véritable abus de pouvoir qui a été commis ce 27 juin dans l’après-midi, quand l’Eurogroupe a décidé de tenir une réunion sans la Grèce. Ce qui se joue désormais n’est plus seulement la question du devenir économique de la Grèce. C’est la question de l’Union européenne, et de la tyrannie de la Commission et du Conseil, qui est ouvertement posée.

 

 

La déclaration d’Alexis Tsipras

 

Le texte de la déclaration faite par Alexis Tsipras dans la nuit du 26 au 27 juin sur la télévision d’État grecque (ERT) est de ce point de vue extrêmement clair :

 

« Après cinq mois de négociations, nos partenaires en sont venus à nous poser un ultimatum, ce qui contrevient aux principes de l’UE et sape la relance de la société et de l’économie grecque. Ces propositions violent absolument les acquis européens. Leur but est l’humiliation de tout un peuple, et elles manifestent avant tout l’obsession du FMI pour une politique d’extrême austérité. (…) Notre responsabilité dans l’affirmation de la démocratie et de la souveraineté nationale est historique en ce jour, et cette responsabilité nous oblige à répondre à l’ultimatum en nous fondant sur la volonté du peuple grec. J’ai proposé au conseil des ministres l’organisation d’un référendum, et cette proposition a été adoptée à l’unanimité » [1].

 

Ce texte court, empli de gravité et de détermination, entrera vraisemblablement dans l’Histoire. Ce texte est prononcé par un homme jeune, qui a été confronté à la mauvaise fois, aux manipulations, à ce qu’il faut bien appeler toutes les bassesses de la politique, depuis 5 mois. Il dit aussi sa colère, froide et déterminée. Et c’est peut-être là l’échec principal de l’Eurogroupe et des institutions européennes : avoir transformé un partisan de l’Europe en un adversaire résolu des institutions européennes. Tsipras n’était pas il y a cinq mois de cela un opposant à l’idée européenne. Mais, la multiplication des humiliations, des tentatives de coup de force, l’ont obligé à réviser nombre de ses positions, qui pour certaines d’entre elles relevaient de l’illusion. Tsipras et Varoufakis sont aujourd’hui sur une trajectoire de collision avec l’Eurogroupe et l’UE non pas de leur fait, mais de celui des « institutions européennes ». Ceci est d’une immense importance pour la suite.

 

 

Les leçons de la déclaration de Tsipras

 

On peut découvrir dans cette courte déclaration trois points importants.

 

— Le premier est que le désaccord entre le gouvernement grec et ses partenaires a été d’emblée politique. La BCE et la Commission Européenne n’ont eu de cesse que de rechercher une capitulation du gouvernement grec, ce que Tsipras appelle « l’humiliation de tout un peuple ». Ce qu’a cherché l’Union européenne, par le biais de l’Eurogroupe, c’est à cautériser le précédent ouvert par l’élection de janvier 2015 en Grèce. Il s’agit de faire la démonstration non seulement en Grèce, mais ce qui est en fait bien plus important en Espagne, en Italie et en France, qu’on ne peut « sortir du cadre de l’austérité » tel qu’il a été organisé par les traités. Il faut ici se souvenir de la déclaration de Jean-Claude Juncker pour qui il ne peut y avoir de choix démocratique allant contre les traités.

 

— Le deuxième point important de cette déclaration est que, pour la première fois un dirigeant légalement élu et en fonction déclare que les institutions européennes font des propositions qui, dans leur fond comme dans leur forme « violent absolument les acquis européens ». C’est une accusation très grave. Elle revient à dire que les institutions européennes qui sont censées être des garants de la démocratie agissent au contraire de celle-ci. Elle revient aussi à dire que ces mêmes institutions, dont la légitimité n’existe que par délégation de la légitimité des États membres ont des comportements qui violent la légitimité et la souveraineté de l’un des dits États membres. Cela revient donc à dire que les institutions de l’Union européenne se sont constituées en Tyrannus ab exercitio soit en un pouvoir qui, quoi qu’issu de procédures légitimes, se conduit néanmoins en Tyran. Cela revient à contester radicalement toute légitimité aux instances de l’Union européenne.

 

— Le troisième point se déduit des deux premiers. Il est contenu dans la partie du texte qui dit : « Notre responsabilité dans l’affirmation de la démocratie et de la souveraineté nationale est historique en ce jour, et cette responsabilité nous oblige à répondre à l’ultimatum en nous fondant sur la volonté du peuple grec ». Il place désormais les enjeux non plus au niveau de la dette, mais à celui des principes, de la démocratie comme de la souveraineté nationale. Et c’est en cela que l’on peut parler d’un véritable « moment gaullien » chez Alexis Tsipras. Si l’on veut pousser l’analogie historique jusqu’à son terme, alors que Paul Raynaud en 1940 ne soumet pas au Conseil des ministres la question de faut-il continuer la guerre, Alexis Tsipras a osé poser la question de l’austérité et du référendum, et a reçu un soutien unanime, y compris des membres de l’ANEL, le petit parti souverainiste allié à SYRIZA. Il s’est ainsi réellement hissé à la stature d’un dirigeant historique de son pays.

 

La réaction de l’Eurogroupe, qui avait qualifié de nouvelle « triste » (sad) ce référendum [2], confirme bien les options antidémocratiques qui ont cours aujourd’hui au sein de l’Union européenne. Mais, cette réaction en elle-même était dépassée par une décision d’une importance réellement dramatique.

 

 

Le coup de force de l’Eurogroupe

et la Tyrannie européenne

 

La réaction de l’Eurogroupe, qui se réunissait ce samedi à Bruxelles, a en effet consisté en un acte qui conjugue l’illégalité la plus criante avec la volonté d’imposer ses vues à un État souverain. En décidant de tenir une réunion en l’absence d’un représentant de l’État grec l’Eurogroupe vient de décider d’exclure de fait la Grèce de l’Euro. Ceci constitue à l’évidence un abus de pouvoir. Et il faut ici rappeler plusieurs points qui ne sont pas sans conséquence tant juridiquement que politiquement.

 

1 — Aucune procédure permettant d’exclure un pays de l’Union Economique et Monétaire (non réel de la « zone Euro ») n’existe actuellement. S’il peut y avoir une séparation, elle ne peut avoir lieu que d’un commun accord et à l’amiable.

 

2 — L’Eurogroupe n’a pas d’existence légale. Ce n’est qu’un « club » qui opère sous couvert de la Commission Européenne et du Conseil européen. Cela signifie que si l’Eurogroupe a commis un acte illégal – et il semble bien qu’il en soit ainsi – la responsabilité en incombe à ces deux institutions. Le gouvernement grec serait donc fondé d’attaquer la Commission et le Conseil à la fois devant la Cour Européenne de Justice, mais aussi devant la Cour Internationale siégeant à La Haye. En effet, l’Union européenne est à la base une organisation internationale. On le constate par exemple dans le statut, et les exemptions fiscales, des fonctionnaires européens. Or, la règle dans toute organisation internationale est celle de l’unanimité. Le traité de Lisbonne a bien prévu des mécanismes de majorité qualifiée, mais ces mécanismes ne s’appliquent pas à l’Euro ni aux questions des relations fondamentales entre les États.

 

3 — Le coup de force, car il faut l’appeler par son nom, que vient de faire l’Eurogroupe ne concerne pas seulement la Grèce. D’autres pays membres de l’Union européenne, et l’on pense au Royaume-Uni ou à l’Autriche, pourraient eux aussi attaquer devant la justice tant européenne qu’internationale la décision de fait prise par l’Eurogroupe. En effet, l’Union européenne repose sur des règles de droit qui s’appliquent à tous. Toute décision de violer ces règles contre un pays particulier constitue une menace pour l’ensemble des membres de l’Union européenne.

 

4 — Il faut donc ici être clair. La décision prise par l’Eurogroupe pourrait bien signifier, à terme, la mort de l’Union européenne. Soit les dirigeants européens, mesurant l’abus de pouvoir qui vient d’être commis, se décident à l’annuler soit, s’ils persévèrent dans cette direction ils doivent s’attendre à une insurrection des peuples, mais aussi des gouvernants de certains États contre l’Union européenne. On voit ainsi mal comment des États qui ont juste recouvré leur souveraineté, comme la Hongrie, la République tchèque ou la Slovaquie, vont accepter de telles pratiques.

 

Il est alors symptomatique que la crise induite par un pays ne représentant pas plus de 2 % du PIB de l’UE ait pris cette tournure. En fait, cela révèle au grand jour la nature fondamentalement antidémocratique des institutions de l’UE et le fait que cette dernière soit en train de se constituer en Tyrannie.

 

 


Le spectre de la démocratie dans

les couloirs de Bruxelles

 

On ne peut, et on ne doit, préjuger du résultat de ce référendum. Il est même possible que, devenu sans objet, il ne se tienne pas. Mais on doit souligner qu’il représente le retour de la démocratie dans un espace européen dont elle était absente. De ce point de vue, l’initiative prise par Alexis Tsipras représentait la dernière chance d’introduire de la démocratie dans le système européen.

 

Il est aussi probable que les partis d’opposition que ce soit Nouvelle Démocratie ainsi que le Parti de centre gauche La Rivière (To Potami) protestent et cherchent à empêcher par divers recours légaux ce référendum d’avoir lieu. On ne peut plus exclure le fait que ces partis, avec l’aide des nervis fascistes d’Aube Dorée, ne tentent de déstabiliser le gouvernement grec. Ces réactions sont exemplaires des comportements antidémocratiques qui s’épanouissent aujourd’hui en Europe. Ils apportent de l’eau au moulin d’Alexis Tsipras. On sent comment les acteurs européistes de ce drame sont aujourd’hui terrorisés par le spectre de la démocratie.

 

En France même, on ressent très distinctement le malaise que provoque l’initiative d’Alexis Tsipras. Que ce soit au Parti Socialistes ou chez les « Républicains », on ne peut ouvertement s’opposer à une telle décision sans contredire immédiatement et brutalement tous les discours qui ont été tenus sur la démocratie. Mais, en réalité, le référendum grec fait planer le spectre d’un autre référendum, celui de 2005 sur le projet de traité constitutionnel en Europe. La manière dont la classe politique française, dans sa large majorité, de Nicolas Sarkozy à François Hollande, de l’UMP au PS, avait été désavouée par la victoire du « Non », mais avait fait passer en contrebande à peu de choses près le même texte lors du Traité de Lisbonne qui fut ratifié par le Congrès à Versailles, est l’un des épisodes les plus honteux et les plus infamants de la vie politique française. Les acteurs de cette tragique mascarade sont toujours parmi nous. Il y a une continuité de projet, si ce n’est une continuité d’action, entre la décision de ne pas respecter un vote, celui des électeurs français, mais aussi néerlandais, et le coup de force inouï de l’exclusion de la Grèce de l’Eurogroupe.

 

Tsipras ne doit ainsi pas s’attendre à un quelconque soutien de la part de François Hollande, renvoyé sans ménagement à sa propre médiocrité et à ses basses compromissions, ni de celle d’Angela Merkel dont la politique est la véritable cause de cette crise. Mais il peut s’attendre au soutien de tous ceux qui, en Europe, se battent pour la démocratie et la souveraineté.

 

 

 

PAR JACQUES SAPIR · russeurope.hypotheses.org - le 27 juin 2015

 

 

 

Notes :

[1] Traduction de Vassiliki Papadaki, sur le site de SYRIZA-France, http://syriza-fr.org/2015/06/27/allocution-du-premier-ministre-a-tsipras-au-peuple-grec-la-choix-au-peuple-souverain-referendum/

[2] Déclaration du Président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, samedi 27 juin, http://www.france24.com/en/20150627-eurogroup-says-sad-greece-referendum-closes-door-talks?ns_campaign=reseaux_sociaux&ns_source=twitter&ns_mchannel=social&ns_linkname=editorial&aef_campaign_ref=partage_aef&aef_campaign_date=2015-06-27&dlvrit=66745

 

No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

Le mécanisme de votre spoliation en cas de chute de la Bourse

Le mécanisme de votre spoliation en cas de chute de la Bourse | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Le mécanisme de votre spoliation

en cas de chute de la Bourse

Par Bruno Bertez (*)

 

« Ceci constitue la suite de notre article intitulé « Danger, l’appétit pour le risque diminue ».

 

Nous la fournissons, car nous nous sommes aperçus que certains lecteurs ne comprenaient pas la gravité d’une chute des marchés d’assets financiers.

 

Les banques, en particulier européennes sont en levier. Ce qui veut dire qu’elles ont beaucoup de dettes en regard de leurs capitaux propres. Elles sont mal financées, avec une insuffisance à la fois de capitaux permanents, de dépôts stables et un recours au marché de gros du refinancement entre banques et établissements financiers.

 

La partie la plus volatile de leur financement, ce n’est pas le capital propre, bien sûr, il est acquis et immobilisé ; ce ne sont pas les dépôts, car le public ne comprend pas la chose bancaire et il est le dernier informé des difficultés d’un établissement. On lui ment au nom de l’intérêt public. Non la partie la plus instable, la moins assurée, c’est celle qui correspond au refinancement de gros, le financement par les professionnels surinformés de la finance et de la monnaie. C’est par la ruée, le « run » sur le refinancement de gros, c’est par le refus des prêteurs de renouveler leurs prêts que les banques tombent. On l’a vu dans le cas de Lehman et autres.

 

Quand une banque prête, emploie ses capitaux, elle fait ce que l’on appelle de la transformation. Elle transforme des ressources courtes, peu risquées en investissements longs, risqués. Une banque est en situation de « mismatch », c’est dire en porte-à-faux, en déséquilibre entre ses ressources et ses emplois. Entre son actif du bilan et son passif du bilan. Elle parie sur la stabilité de ses ressources courtes et sur la profitabilité et liquidité de ses emplois longs.

 

C’est le marché financier qui fixe la valeur des investissements des banques. Même si l’actif qu’elles ont acquis n’est pas coté sur un marché. En effet on se sert des critères du marché pour apprécier la valeur des emplois qui sont portés à l’actif du bilan de la banque. Le marché financier est la référence, même si la tendance est à tricher, et à évaluer selon sa fantaisie. Par ailleurs les banques ont des emplois cotés, des titres en portefeuille, des fonds d’État, etc. Ces titres sont cotés directement et on voit leur valeur, on sait s’ils sont liquides ou pas et si leur valeur de réalisation/mobilisation est suffisante ou pas.

 

En cas de chute des marchés, chute par exemple supérieure à 15 %, les banques enregistrent de lourdes pertes et leurs concurrents, leurs prêteurs le savent, et la rumeur circule très vite. Tout se sait en quelques minutes d’abord et se répand en quelques heures. On a vite fait les comptes et on sait qui a perdu quoi. Il y a des modèles pour cela. Donc la rumeur se propage et la banque d’une part enregistre des pertes qui amputent ses capitaux propres et d’autre part subit des « runs », des non-renouvellements de prêts. Cela la laisse exsangue, soit non liquide, soit non solvable.

 

Et c’est là ou les lois scélérates qui sont en train d’être passée, entrent en jeu ; ce sont les déposants, les créanciers non assurés, les créanciers non protégés, c’est à dire vous, vous tous, qui êtes sollicités. On bloque vos avoirs, on vous empêche de retirer votre argent et on met en place les procédures dites de bail-in.

 

Le bail-in, c’est cela : la transformation du déposant en capitaliste responsable des pertes des banques alors que lui n’a jamais joui de rien, ni des bénéfices, ni des bonus. Bien sûr on peut espérer que la BCE sauvera les banques, mais c’est un espoir non fondé, car les Pays du Nord exigeront comme dans le cas de Chypre que ce soit chaque pays qui paie et non la Communauté de l’Eurozone.


En cas de chute des bourses, votre risque d’être sollicité et mis à contribution est colossal ; selon l’enchainement suivant : pertes des banques sur l’actif de leur bilan, destruction de leurs capitaux propres, fuite des prêteurs de gros sécurisés par des contrats spéciaux, et mise en cause des créanciers non protégés comme vous et moi.

 

Voilà en quoi vous êtes concernés par la tenue de la Bourse, même si vous n’avez aucun portefeuille titres. Votre situation ne dépend pas de vous, mais vous êtes responsable sur vos biens.

 

C’est la raison pour laquelle je soutiens que ces nouvelles lois impliquent un renversement des relations entre les banques et les clients. Vous devez être informés, vous devez pouvoir apprécier le risque auquel vous êtes soumis. Vous avez un droit de regard et ce droit vous devez l’exercer ».

 

 

 

Par Bruno Bertez (*) - news360x.fr - le 15 juin 2015

 

(*) Bruno Bertez est un patron de presse français spécialiste de l’information financière. Patron d’un groupe de presse spécialisé dans l’économie et la finance, il fonde le quotidien La Tribune. Il écrit régulièrement dans le quotidien des affaires suisse, L’Agefi. Il est blogueur régulier des sites d’information Blog à Lupus, brunobertez.com, Atlantico et Lesobservateurs.ch… (Source Wikipédia)

No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

Grèce - Audition de Philippe Legrain, ex-conseiller de Barroso : « le gouvernement grec a tout intérêt à ne pas céder aux créanciers »

Grèce - Audition de Philippe Legrain, ex-conseiller de Barroso : « le gouvernement grec a tout intérêt à ne pas céder aux créanciers » | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Audition de Philippe Legrain, ex-conseiller

de Barroso, au Parlement grec :

« le gouvernement grec a tout intérêt à ne pas céder aux créanciers »

 

 

Compte rendu de la première audition organisée par la Présidente du parlement grec et la Commission pour la vérité sur la dette grecque.

 

Ce jeudi 11 juin s’est tenue au sein du Parlement grec la première audition de témoins organisée dans le cadre de la Commission pour la Vérité sur la dette grecque. Celle-ci s’est tenue dans la foulée d’une réunion de travail entre les membres de la Commission, la présidente du Parlement et l’eurodéputée Eva Joly, qui s’est ponctuée d’une conférence de presse.

 

Ces auditions, qui ont pour but de recueillir les déclarations de plusieurs acteurs clés ayant assumé des postes à responsabilité sur la scène grecque et européenne, représentent pour la Commission, mais aussi pour le peuple grec qui a pu suivre cette audition en direct à la télévision, un outil supplémentaire pour comprendre comment la Grèce est devenue une « quasi-colonie » des Institutions européennes et du FMI, selon les propres termes de Philippe Legrain, la première personne a être auditionnée. Monsieur Legrain a assumé de février 2011 à février 2014 la fonction de conseiller économique de José Manuel Durão Barroso, président de la Commission européenne à cette époque.

 

Cette audition, menée par la Présidente du Parlement grec, Zoe Konstantopoulou, et Éric Toussaint, coordinateur scientifique de la Commission, a tout d’abord été l’occasion pour M. Legrain de confirmer ce qu’il avait dit avec force dans l’excellent documentaire « Puissante et incontrôlée la Troïka » |1| : En 2010, les grands dirigeants européens (dont la Commission européenne) et le directeur du FMI de l’époque, Dominique Strauss-Kahn, ont délibérément refusé de considérer la Grèce comme insolvable dans le but de protéger les intérêts des grandes banques européennes. En effet, selon les statuts du FMI, cette Institution ne pouvait pas prêter à un État dont la dette est déjà insoutenable.

 

 

L’objectif du prêt de 2010 était de prêter au gouvernement grec pour qu’il rembourse immédiatement les banques françaises et allemandes qui étaient les principales créancières de la Grèce. Ce prêt n’a donc pas bénéficié au peuple grec, mais aux banques privées. S’en est suivie une augmentation importante de la dette publique grecque et l’imposition de mesures d’austérité d’une violence inouïe.

 

M. Legrain a rappelé les chiffres de l’exposition des banques européennes à la dette grecque en se basant sur les chiffres officiels de la Banque centrale européenne (BCE). Ainsi, en 2010 les banques françaises et allemandes étaient fortement exposées à la dette grecque puisqu’elles détenaient respectivement 20 et 17,2 milliards d’euros de titres. Une restructuration de la dette grecque à cette époque aurait donc entraîné des pertes que les grands dirigeants européens (français et allemands en tête) refusaient de faire subir à leurs « champions nationaux ».


M. Legrain l’affirme clairement : les dirigeants d’Institutions tels que Jean-Claude Trichet, alors directeur de la BCE, ont clairement choisi de protéger les intérêts des banques de leur pays d’origine en s’opposant à toute restructuration de la dette grecque pourtant insoutenable. « Trichet a agi pour défendre les intérêts des banques françaises ».

 

M. Legrain va même plus loin. Non seulement le choix de ne pas restructurer en 2010 a laissé le temps aux grandes banques européennes de se dégager du « risque grec », mais la BCE les y a même aidés ! Il affirme en effet qu’en achetant à l’époque des titres grecs sur le marché secondaire, la BCE a permis aux grandes banques européennes de revendre leurs titres à bon prix |2|.

 

Selon lui non seulement les grandes banques n’ont essuyé que peu de pertes, mais certaines même ont réussi à dégager de beaux profits de cette opération.

 

L’audition a également été l’occasion d’inviter M. Legrain à commenter la restructuration de la dette grecque qui a finalement été réalisée en 2012. Éric Toussaint a ainsi exposé une série de faits reconstitués grâce au travail d’audit en cours. M. Toussaint a souligné qu’il s’agissait d’une restructuration discriminatoire qui a sacrifié d’un côté les petits porteurs grecs et, d’un autre, profité aux grandes banques européennes. Ainsi les fonds de pension grecs y ont perdu jusqu’à 60 % de leurs actifs entraînant des pertes pour plus de 15 000 petits porteurs !

 

S’appuyant sur un document secret du FMI, la Présidente du Parlement a ensuite abordé la question des responsabilités. Cette note, datant de 2010, annonçait déjà que la situation de la Grèce devrait s’empirer, prévoyant pour l’année 2013 un ratio dette/PIB de 150 %. Après avoir rappelé que le ratio actuel est de 180 %, la Présidente posa la question suivante : « Tenant compte de cette estimation de 2010 pensez-vous que l’erreur est acceptable ? Pensez-vous qu’il y ait responsabilité des prêteurs ? » En guise de réponse, l’ancien conseiller de monsieur Barroso a exposé trois facteurs qui expliquent selon lui le comportement des grands dirigeants européens et du FMI :

 

Toutes les projections relatives aux memoranda et à ses conséquences sur l’économie étaient erronées, car la base même de ces projections était erronée. Ils sont partis du principe d’une Grèce solvable alors que ce n’était pas le cas.

 

Les dirigeants européens sont sujets à un aveuglement idéologique qui les invite à poursuivre une politique d’austérité dont l’inefficacité est pourtant prouvée par les faits chaque jour.

 

 

Les responsables politiques n’ont pas de compte à rendre dans le système actuel, leurs choix et leurs actes ne prêtent donc pas à conséquence pour eux.


Fort de cette analyse, M. Legrain n’a pas hésité à exposer les conclusions qu’il en tire : « J’encourage le gouvernement à ne pas accepter les conditions des créanciers en raison des souffrances économiques et de la colonisation politique déjà imposées au peuple grec ».

 

Après s’être engagé, à l’égard de la Présidente du Parlement grec et des membres de la Commission pour la Vérité sur la dette grecque, à rester à la disposition de leur travail d’audit, M. Legrain a été remercié et a repris son avion pour Londres.

 

Les membres de la Commission pour la Vérité sur la dette grecque ont quitté le Parlement pour poursuivre leur travail.

 

Leur rapport préliminaire sera présenté les 17 et 18 juin prochain au Parlement grec en présence du Président de la République hellénique, de plusieurs ministres dont le chef du gouvernement Alexis Tsipras, de députés nationaux et étrangers, d’universitaires, d’économistes, de juristes et de membres de mouvements sociaux européens.

 

D’ici là, la Commission pour la Vérité sur la dette grecque aura encore l’occasion d’entendre monsieur Roumeliotis, ex-représentant de la Grèce au FMI, le 15 juin prochain.

 


Pour soutenir cette Commission :

http://greekdebttruthcommission.org/

 

 

 

Par la Commission pour la vérité sur la dette grecque - cadtm.org - le 12 juin 2015

 

Notes :

|1| Voir à partir de 13’25 : https://www.youtube.com/watch?v=nYG...

|2| Voir : http://cadtm.org/La-BCE-fidele-serv...

No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

Grèce : «Les dirigeants européens veulent isoler le « virus » Syriza-Podemos avant qu’il ne se propage en Europe»

Grèce : «Les dirigeants européens veulent isoler le « virus » Syriza-Podemos avant qu’il ne se propage en Europe» | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Crédit Photo : Photothèque Rouge/MILO

 

Grèce : « Les dirigeants européens veulent

isoler le « virus » Syriza-Podemos avant

qu’il ne se propage en Europe »

 

Entretien.  Présent à la récente fête du NPA 75, Antonis Ntavanellos est un des dirigeants de l’organisation grecque DEA (Gauche ouvrière internationaliste), une des composantes de la gauche de Syriza.

 

— En ce moment se discute un nouvel accord entre l’Eurogroupe et la Grèce. Où en sont ces discussions ?

 

L’Union européenne, la BCE et le FMI mettent la pression sur le gouvernement grec, en utilisant le problème du besoin urgent de « liquidité » qu’ils ont eux-mêmes créé, pour imposer des contre-réformes du « mémorandum » qu’ils avaient précédemment négocié avec le gouvernement de Samaras-Venizelos. Les raisons de cette attitude rigide sont financières : une politique anti-austérité est incompatible avec les choix prépondérants dans l’Union européenne pendant la crise. Mais ce sont aussi des raisons politiques : les dirigeants européens veulent isoler le « virus » Syriza-Podemos avant qu’il ne se propage en Europe.

 

Face à cela, le gouvernement Tsipras se défend par des demi-mesures. Il se contente de définir des « lignes rouges » pour les négociations : sur les privatisations, les lois sur les relations de travail, les hausses de taxes payées par les classes populaires, les nouvelles réductions des pensions...

 

 

— Tsipras se dit optimiste sur la possibilité d’un accord, mais l’Europe met la pression pour la mise en œuvre de nouvelles mesures d’austérité. Comment résister à cette pression ?

 

Si l’Union européenne arrive à imposer une nouvelle politique d’austérité, elle ne se limitera pas à celle-ci. Elle en fera aussi payer à Syriza le coût politique, au départ par l’ouverture du gouvernement au parti néolibéral Potami, et ensuite par la pression pour un gouvernement d’union nationale, avec ou sans Tsipras comme Premier ministre... Une vraie stratégie pour effacer le résultat des élections du 25 janvier.

 

Nous, au sein de Syriza, nous soutenons un projet de rupture : arrêt du paiement des intérêts, perspective d’annulation de la majeure partie de la dette, nationalisation des banques, abolition de la « liberté » de circulation des capitaux qui permet leur fuite, lourdes taxes sur le capital pour financer les programmes anti-austérité... Cette politique est inévitablement liée à une politique de confrontation avec l’Union européenne et le FMI, et donc clairement pas la recherche d’un compromis.

 

 

— La Commission pour la vérité sur la dette grecque présentera le 18 juin une évaluation préliminaire sur la légalité de la dette grecque. En quoi cette question est-elle centrale ?

 

La question de la dette est absolument centrale pour l’affaire grecque. Le rapport de la Commission, dont nous savons tous qu’il délégitimera une grande partie de la dette, sera extrêmement utile. Nous sommes reconnaissants envers ceux qui, comme Éric Toussaint, travaillent dans ce sens.

 

Mais il y a des conditions importantes pour que tout cela nous soit pleinement utile : que le travail de la Commission soit lié à une stratégie de résistance, avec donc aucun compromis avec les créanciers ; qu’ensuite on avance rapidement parce que les décisions les plus importantes ne peuvent plus être reportées.

 

En ce sens, le travail de la Commission est soutenu par la partie la plus radicale de Syriza, ainsi que par une partie des cadres d’Antarsya.

 

 

— Comment apprécier les mesures mises en œuvre par le gouvernement Tsipras, 100 jours après son arrivée au pouvoir ?

 

Au cours des 100 premiers jours, le gouvernement a pris des mesures contre la pauvreté extrême, ainsi que certaines mesures de démocratisation, mais il a aussi suspendu l’application du programme minimum (le programme dit de Thessalonique) pour chercher une solution par la négociation avec l’Union européenne. Tout cela a rafraîchi les relations du peuple avec Syriza. Ce problème, ainsi que la réduction extrême des réserves financières du gouvernement grec (suite au paiement régulier des tranches de la dette) sont les conséquences les plus négatives de l’accord du 20 février, un piège dangereux pour Syriza.

 

 

— Quels sont les rapports entre Syriza et le gouvernement ?

 

On peut dire que la conscience moyenne de Syriza se situe nettement sur la gauche de ce gouvernement. Ainsi l’exigence d’un changement de politique à l’égard des prêteurs et de la classe dirigeante grecque bénéficie d’un large soutien. De plus au sein de Syriza s’est développé un fonctionnement démocratique qui permet un large débat politique.

 

 

— Qu’en est-il des conflits sociaux et de la mobilisation populaire depuis l’arrivée au pouvoir de Syriza ? Que penser du 1er mai dans ce contexte ?

 

Nous espérions que la victoire politique de Syriza conduirait à une explosion des luttes, des exigences et des revendications. Cela n’a pas été le cas. Un état de passivité s’est installé en Grèce, aujourd’hui dans l’attente de l’issue des négociations. Tout le monde discute de politique, mais rares sont celles et ceux qui sont mobilisés.

 

Pour relancer cette mobilisation populaire, il y a bien entendu la responsabilité de Syriza, des dirigeants syndicaux, des dirigeants et organisations de « l’autre gauche »... Mais il y a aussi un facteur général, plus « objectif » : le monde est confronté à des problèmes stratégiques et tactiques sans précédent, et on n’a pas encore trouvé les moyens d’y remédier. C’est aussi dans ce cadre que la mobilisation du 1er mai a été un échec.

 

Néanmoins, nous devons continuer à nous battre, même dans des conditions qui ne nous sont pas favorables et que bien entendu nous aurions aimées différentes. Personnellement, je pense que la signature ou le rejet du futur accord avec les créanciers sera un tournant qui va également changer l’attitude – positive ou négative – du monde du travail envers le gouvernement... Ce mercredi 20 mai, nous aurons une première grève dans les hôpitaux. Elle est décisive, nous la soutenons et nous allons regarder de très près le succès potentiel.

 

 

— Le procès des principaux dirigeants d’Aube dorée s’est ouvert mardi 12 mai. Est-ce à dire que l’extrême droite est durablement affaiblie en Grèce ?

 

Nous souhaitons et faisons tout pour la plus lourde condamnation des dirigeants et cadres d’Aube dorée. La poursuite en justice, la perspective de ce procès, a considérablement réduit l’activité des « escadrons d’assaut », ces groupes violents que Aube dorée non seulement ne cachait pas, mais utilisait comme base pour son développement. Aube dorée, ce n’est pas un parti quelconque de l’extrême droite grecque, mais c’est une organisation nazie fondée sur l’action de rue. En ce sens, ils ont subi un coup important. Ils ont maintenu une influence électorale, mais moins que prévue.

 

Aujourd’hui, c’est donc le moment de faire monter en puissance la mobilisation antifasciste : une pression venue du mouvement ouvrier, de la gauche, pour leur interdire leurs activités nazies et une présence dans la rue, dans les écoles, dans les quartiers. C’est le seul moyen de mettre un terme à leur croissance et les mettre durablement sur la touche.

 

 

Propos recueillis par Jacques Babel - npa2009.org – le 22 mai 2015

No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

Taux d’intérêt : la mèche d’un terrifiante bombe monétaire

Taux d’intérêt : la mèche d’un terrifiante bombe monétaire | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Illustration : 2012un-nouveau-paradigme.com



Taux d’intérêt : la mèche d’une

terrifiante bombe monétaire

Par Bruno Colmant (*)


Lorsqu’on croit voir la lumière au bout du tunnel, c’est parfois… un train qui arrive en face.


Croyant engager la zone euro vers la sortie de crise, c’est donc peut-être un terrible crash frontal qui se prépare. Il est d’ailleurs d’une envergure qui est impensable, tant les paramètres économiques sont déséquilibrés.



Que se passe-t-il ?


Face à une déflation qu’elle a niée pendant deux ans, la BCE fut acculée à mettre en œuvre un immense programme de rachat d’actifs, qualifié d’assouplissement monétaire.


Il s’agit de racheter des obligations d’État auprès des banques et des compagnies d’assurances et de les transformer en monnaie. On parle d’ailleurs de « monétisation » de la dette publique. La BCE exerce donc une pression à l’achat sur les obligations d’État. Cela conduit à une augmentation de leur prix et donc à un taux de rendement qui est proche de zéro, voire négatif.


Cette situation est l’aboutissement d’une somme incalculable d’erreurs de jugement dont l’amplitude donne le frisson : la BCE et les autorités politiques européennes ont entretenu une monnaie forte et des restrictions budgétaires alors que l’économie réelle s’effondrait sous la récession et le chômage.


En un mot comme en cent : ces responsables ont fait pire que leurs grands-parents dans les années trente.



Et maintenant, que va-t-il se passer ?


Si la BCE poursuit son programme, tel qu’elle s’y est engagée, les taux d’intérêt vont s’enfoncer dans une telle négativité que les banques et entreprises d’assurances seront incapables d’assurer une rentabilité satisfaisante. De facto, le secteur financier sera nationalisé.


Par contre, si la BCE arrête prématurément son programme de rachat d’actifs, les taux d’intérêt et le cours de change de l’euro remonteront en flèche, étouffant toute possibilité de reprise économique.



Que faire ? 


Il faudra admettre que les États doivent temporairement aggraver leur déficit et leur endettement dans le but de relancer des programmes d’investissements, mais aussi – arrêtons l’hypocrisie ambiante – de payer des dépenses courantes, les pensions et les soins de santé dont RIEN n’est provisionné. Il faut donc stimuler la DEMANDE. Et il faudra continuer à faire tourner la planche à billets en espérant l’inflation.


Mais nous sommes très loin du compte.


Je l’ai souvent écrit : les dirigeants de la Commission Européenne précédente et de la BCE portent une responsabilité écrasante de leurs erreurs répétées devant l’Histoire.




Par Bruno Colmant (*) - blogs.lecho.be – le 20 avril 2015.



(*) Bruno Colmant est membre de l’Académie Royale de Belgique, Docteur en Économie Appliquée (ULB) et Master of Science de l’Université de Purdue (États-Unis). Il enseigne la finance appliquée et l’économie à la Solvay Business School (ULB), à la Louvain School of Management (UCL), à l’ICHEC, à la Vlerick Business School et à l’Université de Luxembourg. Sa carrière est à la croisée des secteurs privés, publics et académiques.


No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

Le « populisme » de Syriza est-il la source des maux de la Grèce ?

Le « populisme » de Syriza est-il la source des maux de la Grèce ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : le nouveau gouvernement grec est-il le seul à avoir sapé la confiance dans le pays ? (Crédits : Forex)

 

 

Le « populisme » de Syriza est-il la source

des maux de la Grèce ?

 

Un économiste allemand estime que la Grèce paie, par le ralentissement de son économie et la fuite des capitaux, le « prix du populisme » de ses nouveaux dirigeants. Une vision qui constitue une pièce importante du storytelling des créanciers, mais qui peine à convaincre.

 

Dans le bras de fer qui se joue en ce moment entre Athènes et ses créanciers, un des nerfs de la guerre est la communication. Chacun regarde en effet par-dessus l’épaule de l’autre sa propre opinion publique. Et on le sait : le secret moderne d’une bonne communication, c’est le storytelling, la capacité à raconter une belle histoire que l’on peut croire. Voici quelques siècles, on appelait cela un mythe ou un conte.

 

 

Le storytelling des créanciers

 

Les créanciers de la Grèce avaient, on s’en souvient, bâti en 2010, un storytelling qui fit florès jusqu’à ces dernières semaines, celui du Grec dépensier et paresseux « vivant au-dessus de ses moyens » et qu’il fallait faire entrer dans le bon chemin par une bonne cure d’amaigrissement. Depuis, l’histoire a un peu changé. Il s’agit de montrer que la dégradation de la situation en Grèce s’explique par le comportement inconséquent du nouveau gouvernement hellénique. Alexis Tsipras et son équipe est donc le responsable de son propre malheur. Ce storytelling est essentiel, car il permet de tirer ces conséquences simples : que Tsipras cesse d’être Tsipras et tout rentrera dans l’ordre. Qu’il écoute donc les bons conseils de ses créanciers et la Grèce reprendra son envol vers les cieux bénis de la croissance. Mercredi 1er avril, le chef économiste de la banque allemande Berenberg, Holger Schmieding, ancien du FMI et de Merrill Lynch, a brillamment résumé ce mythe moderne sur son blog dans un texte titré « les coûts du populisme. » Holger Schmieding est un bon économiste, mais faut-il, sur ce sujet l’en croire ? Voyons dans le détail.

 

 

Une croissance grecque impressionnante avant Syriza ?

 

Premier point, essentiel à cette histoire, la Grèce, était « en voie de guérison dans le courant de 2014» Suit une batterie de chiffres soigneusement choisis. La croissance, par exemple : « 2,8 % annualisés sur les trois premiers trimestres. » Impressionnant non ? C’est logique puisque l’on a « annualisé », donc multiplié par 4 un chiffre donné. La réalité est moins extraordinaire : selon les chiffres de l’Insee grec Elstat, le PIB grec au cours des neuf premiers mois de 2014 a progressé, en valeur constante désaisonnalisée, de 803 millions d’euros, soit 0,58 % de plus par rapport à la même période de 2013. C’est tout de suite moins impressionnant. Surtout si l’on songe que cette hausse fait suite à 17 trimestres de baisse et à un recul de près d’un quart du PIB et que, donc, la période de référence est un « point bas », ce qui, on en conviendra, est bien commode pour afficher une croissance.

 

 

Pas de guérison...

 

Parler de « guérison » est donc excessif. En réalité, l’économie grecque a fini par se stabiliser. Les baisses comme les hausses ne sont pas éternelles, mais pour parler de guérison, il eut fallu voir se dessiner un vrai dynamisme interne. Or, ce dynamisme n’apparaissait pas clairement. Il vient un moment où les ménages et les entreprises doivent nécessairement se rééquiper. Au premier trimestre, l’investissement a ainsi bondi de 13 % avant de retomber (-11 % au troisième trimestre, c’est dire la qualité de la « guérison »). Aux trimestres suivants, les ménages ont augmenté leur consommation, mais il n’y avait là rien d’exceptionnel. La hausse de la consommation des ménages de 1,1 % au troisième trimestre était même inférieure à celle du dernier trimestre de 2013 (1,9 %). Enfin, la croissance des exportations n’a cessé de se ralentir au cours des trois trimestres et n’a été supérieure à celle des importations qu’au premier trimestre. Le tout avec un coût du travail unitaire salarial qui a reculé de 12,4 % entre 2010 et 2014...

 

 

Langage des chiffres et des fleurs...

 

Dans ce contexte, comme le soulignait Michel Audiard dans le film d’Henri Verneuil Le Président, « le langage des chiffres a ceci de commun avec le langage des fleurs qu’on peut lui faire dire n’importe quoi. » Y compris que la Grèce était sur la voie de la guérison. Les exportations ont progressé de 7 % sur un an au troisième trimestre ? Oui, mais la hausse était de 9,5 % au trimestre précédent, alors même que la saison touristique a été exceptionnelle cet été-là. Le salaire réel a gagné 2,8 % ? Oui, mais avec un chômage de 26 % de la population active et une inflation négative de 1,5 %. Un « sérieux rebond de l’emploi » ? De 27,1 % à 26 %, la baisse du chômage est-elle « sérieuse » ? Un excédent primaire de 1 % du PIB en 2014 ? Oui, mais cet excédent était jugé insuffisant par la troïka et n’était pas dans les clous du programme. Bref, si la Grèce allait certes « mieux », il n’y avait là rien qui ne laissât préjuger d’une croissance forte, entretenue et durable. Surtout rien qui ne disqualifie comme « populiste » une politique visant à créer les conditions d’une reconstruction d’une demande intérieure excessivement comprimée depuis cinq ans.

 

 

Un scénario exagérément rose

 

D’autant que le gouvernement ne disposait toujours pas des moyens de se financer. Syriza ou pas, le remboursement de la dette publique et de ses intérêts demeurait une gageure pour l’État grec.  Et ceci constituait une épée de Damoclès constante sur l’économie du pays. Dès l’an dernier, des chiffres sur les besoins de financement pour cette année circulaient. On évoquait déjà près de 10 milliards d’euros en plus des 7,2 milliards du plan d’aide qui demeuraient à débourser. Holger Schmieding en fait un « scénario de rêve » où « la Grèce sortait du programme avec rien de plus qu’une ligne de crédit de précaution. » Il estime maintenant, sans plus de précision, que, à cause du nouveau gouvernement, il faudra un « troisième plan d’aide » (cette fois, ce n’est plus une « ligne de précaution ») de 30 milliards d’euros. Mais c’est noircir excessivement un tableau sur un tableau précédent excessivement éclairci. La « ligne de crédit » prévue pour 2015 aurait été conditionnée et il se serait alors bien agi aussi d’un troisième plan d’aide. Surtout, cette ligne, si elle n’avait été que d’une dizaine de milliards d’euros, aurait nécessité la réalisation des objectifs d’excédents primaires de 3 % et 4,5 % du PIB en 2015 et 2016, ce que la troïka jugeait impossible sans nouvelles mesures de rigueur, notamment une hausse de la TVA. Or, ces buts étaient précisément une menace pour la croissance.

 

 

Un blocage qui existait déjà en 2014

 

Au point que le précédent gouvernement, après avoir en vain tenté d’ouvrir début 2014 — comme promis en 2012 par les créanciers — des négociations sur la restructuration de la dette, avait entamé un bras de fer avec la troïka bien avant la campagne électorale, adoptant même un budget sans son accord. Pourtant, si Antonis Samaras avait été réélu, il aurait dû se soumettre pour obtenir les fameux 7,2 milliards d’euros qu’Alexis Tsipras cherche aujourd’hui à débloquer. Ce qu’il disait vouloir refuser. La situation de blocage entre Athènes et ses créanciers préexistait donc à la victoire de Syriza qui ne l’a pas créée. Et elle reposait sur des demandes folles non pas d’Athènes, mais de la troïka.

 

 

La volonté grecque de stopper la logique de la troïka

 

Les Grecs, moins stupides que ne le pensent les économistes, ont compris alors qu’il fallait stopper cette logique. Et, non sans raison, ils ont jugé qu’Antonis Samaras n’était plus à même de résister à la troïka. Ils ont donc choisi Alexis Tsipras. Et on remarquera que la résistance du nouveau gouvernement a porté ses fruits puisque les demandes des créanciers sont moins nocives. Le 20 février, notamment, le ministre des Finances Yanis Varoufakis, a obtenu que l’objectif d’excédent primaire dépende de la conjoncture. On a donc évité une nouvelle spirale de récession. Et on voit mal comment ceci aurait pu saper la confiance. Ce qui est piquant, c’est que Holger Schmieding, admet que la troïka a commis des « erreurs majeures », mais il fustige le parti qui a permis d’éviter la répétition de ces erreurs passées. Si Syriza est populiste, l’économiste de Berenberg manque singulièrement de cohérence.

 

 

La deuxième partie du storytelling

 

Mais tout est bon pour décrédibiliser le camp d’en face. Holger Schmieding lance donc la deuxième partie de son storytelling : « les populistes grecs ont effrayé l’argent et paralysé une partie de l’économie grecque avec des paroles insensées et des propositions politiques impossibles », estime l’économiste. Pour lui, le ralentissement du quatrième trimestre (-0,4 % pour le PIB grec) et la fuite des capitaux à partir de décembre jusqu’en février sont à mettre au débit de ce « populisme. »

 

 

La fuite des capitaux, un mal nécessaire ?

 

Tout n’est pas faux dans cette analyse, évidemment. D’abord, Syriza n’est un parti de gouvernement que depuis peu. Il est inévitable dans ce cas de faire des erreurs et des cafouillages. Mais l’essentiel de la fuite des capitaux est venu d’une autre raison : Syriza avait pour ambition de rééquilibrer l’effort et de faire payer davantage ceux qui ont été le moins victimes de l’austérité. Ces mesures ont naturellement conduit à une fuite des capitaux des plus fortunés. Fallait-il ne pas faire ces propositions pour autant ? Chacun convient pourtant que les exemptions et l’évasion fiscales sont des problèmes majeurs. Il convient de ne pas oublier aussi que les capitaux ont fui devant l’ambition de Syriza de construire une administration plus efficace et moins clientéliste, là aussi une condition nécessaire de la construction d’un État solide. Fallait-il y renoncer pour ne pas effrayer les capitaux ? Mais alors la Grèce, dans ce cas précis, serait « irréformable » ! Étrange vision des réformes décidément que celle de Holger Schmieding qui vante les réformes d’un Antonis Samaras qui s’était bien gardé de toucher à ses sujets. Là aussi, la cohérence de la vision de l’économiste allemand laisse perplexe...

 

 

Une réaction modérée de Syriza

 

Du reste, Syriza semble avoir réagi de façon bien modérée face à cette fuite des capitaux. Si elle était la force « populiste » et irrationnelle que décrit Holger Schmieding, elle aurait établi depuis les premiers jours un strict contrôle des changes (du reste sans doute nécessaire). Or, le gouvernement Tsipras est si modéré qu’il a laissé les plus fortunés fuir sans réagir. En parallèle, les dirigeants grecs n’ont pas ménagé leurs efforts pour rassurer, renvoyant la hausse du salaire minimum à des jours meilleurs, renonçant à tout « acte unilatéral » face aux créanciers et renonçant à une annulation partielle de la dette. Autant de signaux qui ne peuvent être qualifiés de « populiste. » Et qui prouve que la fuite des capitaux est plus politique qu’économique.

 

 

La BCE et la fuite des dépôts

 

D’autant qu’à cette fuite des capitaux « politique » s’est ajoutée une fuite des dépôts causée par la peur du Grexit, donc par la conversion des euros détenus dans les banques grecques en euros. Les Grecs, même les plus simples, ont retiré leur argent de leur compte pour éviter une conversion forcée et pour conserver par précaution des euros fiduciaires à changer au meilleur cours après le Grexit. Qui a accéléré cette panique sinon la BCE ? C’est elle qui, le 4 février, avant l’ouverture des négociations, a envoyé un message très négatif en suspendant la dérogation qui permettait d’utiliser la dette grecque comme collatéral pour se refinancer à son guichet. Cette même BCE a ainsi fait dépendre le maintien de la Grèce dans la zone euro d’un programme de liquidité d’urgence ELA que l’on peut suspendre à tout moment. Cette épée de Damoclès a été confirmée par des élargissements au compte-goutte de ce programme au fil de l’eau. De quoi faire paniquer plus d’un déposant.

 

 

Qui a joué avec le feu ?

 

La réalité, c’est que le « populisme » de Syriza n’est pas pour grand-chose dans les problèmes actuels de la Grèce. Les mesures prises par le gouvernement Tsipras sont pour le moment réduites et peu susceptibles de décourager en soi des investisseurs (Athènes accepte même certaines privatisations). En revanche, cette crainte du défaut et du Grexit décourage pour le moment les investissements grecs et étrangers. Dans le cours de la négociation, les dirigeants grecs ont toujours pris soin d’éviter d’évoquer clairement le Grexit.  En face, Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances a évoqué un « Graccident », sans parler de la référence de Jeroen Dijsselbloem au précédent chypriote, donc à la saisine des dépôts bancaires. On aurait voulu faire pression sur le gouvernement grec en favorisant les retraits que l’on ne s’y serait pas pris autrement. Et plus généralement, on aurait voulu paralyser l’économie grecque pour faire pression sur le gouvernement que l’on ne s’y serait pas pris autrement. Car, comme le dit Holger Schmieding, « les mots comptent. » Comme ceux de Jeroen Dijsselbloem le 9 mars qui jugeait « bienvenue toute pression qui accélèrera le processus de réformes en Grèce. » Le problème principal réside en réalité dans une vision étroite des « réformes » exigées par les créanciers et leur absence de coopération. En refusant systématiquement les propositions de réformes du gouvernement grec, ils ont créé une insécurité complète pour les investisseurs.

 

 

Des remèdes inefficaces

 

Mais le refus de céder aux créanciers, n’est-ce pas du « populisme » ? Pas vraiment, dans la mesure où les remèdes proposés par la troïka ont déjà échoué. Les réformes des pensions et du marché du travail sont des totems bien peu efficaces dans la situation grecque. La priorité pour la Grèce, c’est la reconstruction. Le pays a connu économiquement l’équivalent d’une guerre, elle doit être traitée comme telle. On doit l’aider avant tout à reconstruire une demande intérieure sur laquelle les PME locales pourront prospérer. Le refus d’accepter ce fait de la part des créanciers est un aveuglement nocif pour le pays.

 

 

Populisme contre populisme

 

Du coup, l’attitude des créanciers — et de Holger Schmieding — relève aussi — et peut-être plus que celle de Syriza — du populisme. En entretenant la défiance face au gouvernement athénien, il flatte les a priori et les clichés des peuples d’Europe centrale sur les Grecs et sur l’économie, en ignorant les réalités du terrain et le besoin de collaboration que le gouvernement grec met en avant depuis les premiers jours de son mandat. Le but de ces logiques n’est que de singer jusqu’à la caricature la défense du « contribuable » européen, alors même que l’on sape ses intérêts, alors même que l’on oublie la réalité sur le terrain, la rationalité et les responsabilités. Ce populisme aussi a un coût que l’économiste de Berenberg se garde bien d’évoquer, mais que les Grecs, les Italiens, les Espagnols connaissent parfaitement. Il revient alors à l’observateur de cette crise de s’interroger sur ce seul fait : ce « populisme » est-il plus acceptable que celui de Syriza ?

 

 

 

Par Romaric Godin - latribune.fr - le 2 avril 2015.

No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

Les banques européennes ont-elles des problèmes de liquidité ?

Les banques européennes ont-elles des problèmes de liquidité ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : glossaire-international.com


 

 

Les banques européennes ont-elles

des problèmes de liquidité ?

 Par Philippe Herlin (*)


Pourquoi les banques européennes ont-elles besoin d’autant de liquidités ? Le QE de la BCE tourne à plein régime et devrait sans peine atteindre les 60 milliards d’euros par mois. On pouvait s’interroger, au début, sur la réussite du plan d’assouplissement quantitatif lancé par Mario Draghi étant donné qu’il consiste à acquérir des produits déjà très demandés, et dont les banques ont besoin pour répondre aux ratios prudentiels, en l’occurrence des obligations souveraines. Mais non, le programme d’achat de la Banque Centrale Européenne remplit ses objectifs (26,3 milliards d’euros dans les dix premiers jours). Et voici autant d’argent frais qui tombe dans les caisses des banques.

 

Mais cela ne leur suffit pas : la BCE propose également tous les trimestres des prêts à 4 ans sans limitation de montant, les TLTRO (Targeted long-term refinancing operation), et la dernière allocation a rencontré un franc succès avec 98 milliards d’euros quand les analystes en attendaient 40. 143 banques en ont profité. Ces prêts sont très bon marché, et la BCE a décidé de ramener leur taux de 0,15 % à 0,05 % (de l’argent quasiment gratuit !), cependant cette baisse ne peut expliquer à elle seule le succès de cette opération de mars 2015. Les deux premiers TLTRO (septembre et décembre 2014) avaient totalisé 212 milliards d’euros, cinq autres opérations sont prévues tous les trimestres d’ici juin 2016. Et voici encore des montagnes d’argent frais qui se déversent dans les banques européennes.

 

Pourquoi les banques veulent-elles autant de cash alors qu’elles n’en ont pas véritablement besoin puisque le crédit ne repart pas ? Est-ce pour jouer sur les marchés ? Certes, les bourses se portent très bien et progressent nettement depuis l’annonce du QE par Mario Draghi, mais cette explication ne suffit pas. Alors, posons la question : les banques auraient-elles des problèmes de liquidité ? Plusieurs faillites bancaires ont eu lieu récemment, quatre en l’espace de deux semaines (Autriche, Allemagne, Andorre, Espagne), comme nous l’avons dit la semaine dernière, ce qui fait beaucoup. D’autres sont-elles sur le point de survenir ?

 

Aux États-Unis, manifestement on se pose aussi des questions puisque la Fed exprime son inquiétude concernant plusieurs banques européennes. De par la loi, les grandes banques actives sur le territoire américain sont tenues de communiquer chaque année un « plan de résolution » censé permettre de gérer leur éventuelle faillite sans avoir recours à des fonds publics, et ceux de BNP Paribas, Royal Bank of Scotland et HSBC ne donnent pas satisfaction. La Fed pointe des « lacunes spécifiques », « des assomptions irréalistes » sur le comportement des clients et des investisseurs ainsi que des « analyses inadéquates » sur l’interconnexion entre les différents établissements financiers. Des accusations plutôt inquiétantes.

 

Les primes de risque ont disparu des marchés, avec l’écrasement des taux sur quasiment tous les compartiments (la dette italienne à 10 ans, notée BBB—, à moins de 1,5 % par exemple), mais le risque, lui, n’a pas disparu : il se trouve désormais dans le bilan des banques. Cette appétence pour les liquidités ne manque pas d’inquiéter.

 

Par Philippe Herlin (*) – goldbroker.fr – le 26 mars 2015

 

(*) Philippe Herlin : chercheur en finance et docteur en économie du Conservatoire National des Arts et Métiers à Paris.

No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

Francfort : près de 350 manifestants interpellés devant la BCE

Francfort : près de 350 manifestants interpellés devant la BCE | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : © AP PHOTO/MICHAEL PROBST

 

Francfort : près de 350 manifestants

interpellés devant la BCE

 

Près de 1.500 personnes se sont réunies à Francfort-sur-le-Main pour protester contre l’ouverture du nouveau siège de la Banque centrale européenne dans la ville. Environ 350 manifestants ont été interpellés par la police.

 

Près de 350 personnes ont été interpellées par la police lors de la manifestation non autorisée qui se déroule devant le siège de la Banque centrale européenne (BCE) à Francfort-sur-le-Main.


Organisée à l’occasion de l’ouverture du nouveau siège de la Banque, cette manifestation a débuté tôt le matin, réunissant, selon l’agence Sputnik, près de 1.500 personnes.  

 

Après avoir percé les barrages policiers encourant le bâtiment, les manifestants ont pris le contrôle d’un pont enjambant le Main. 


En ce moment, le trafic automobile dans la ville est paralysé, les lignes de métro sont partiellement bloquées et les trains arrivent avec du retard.

  

>>> Voir une vidéo reportage ici

 

.

Par fr.sputniknews.com – le 18 mars 2015

No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

Les évènements s’accélèrent, et le chaos approche

Les évènements s’accélèrent, et le chaos approche | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Source image : chaos-controle.com

 

  

Les évènements s’accélèrent,

et le chaos approche

Par Jim Willie CB (*)

 

 Ceux qui s’attendaient à voir les évènements s’accélérer dès le mois de janvier n’auront pas été déçus. En temps normal, des évènements importants se produisent à quelques semaines d’intervalle, voire quelques mois. Mais au cours de ces trois dernières semaines, dix évènements de taille se sont déjà produits. Leur succession s’est dramatiquement accélérée. La grande accélération a commencé. Quelque chose de terrible arrive droit vers nous.

 

Les évènements en question sont à observer en détail, puisqu’ils ont tous d’importantes implications et conséquences.

 

— 1. La Russie a sauté du train du recyclage du pétrodollar. Ses échanges commerciaux pétroliers ne seront désormais plus établis en dollars. Ils seront à partir de maintenant établis en roubles. Attendez-vous à voir des roubles transformés en renminbis dans le cadre des échanges bilatéraux de la Russie avec la Chine. L’action de la Russie s’intègre dans le cadre de la disparition du pétrodollar. Le n’a fait que réagir au boycott lancé par les États-Unis.

 

— 2. La Suisse a mis fin à l’arrimage de sa devise avec l’euro. Pendant plus de trois ans, la banque centrale suisse a maintenu ses réserves d’euros, qui s’élevaient quelque part autour de 800 milliards d’euros. La situation est finalement devenue insoutenable. La Suisse maintenait alors une position à la vente sur le dollar tout en ayant une position à découvert sur l’or, et a finalement décidé de renverser la donne. L’équipe Langley disposait de milliards de francs suisses pressés sur des palettes. Et elle en a grandement profité. Les Suisses semblent avoir ouvert les portes de l’enfer pour le marché de l’or, et se sont peut-être retrouvés écrasés par un appel de marge à mesure que l’or physique prêté s’amenuisait.

 

— 3. Les Grecs se sont préparés à quitter l’Union européenne et à faire défaut de leur dette. Le parti Syriza a gagné les élections, avec une majorité de gauche. Apparaîtront ensuite de sévères perturbations. Il se peut qu’ils impriment de la monnaie pour rembourser leur dette externe, ce qui serait une justice bien ironique. Attendez-vous à en voir des répercussions en Grèce et au travers de l’Europe, dans le même temps que les Russes feront danser la carotte d’un pipeline sous le nez des Grecs. Avec ce pipeline arriveront des revenus significatifs en Grèce. Le pays quittera l’Union européenne, c’est une certitude. Il exportera bientôt des produits alimentaires vers la Russie, et relèvera son économie.

 

— 4. La Banque centrale européenne a annoncé son dernier programme de QE en date. Elle devrait se lancer dans une vague d’achats d’actifs et d’obligations, dans l’espoir de ne pas les voir devenir stériles et corrosifs en termes de gestes coopératifs avec les pays membres. Quels qu’en soient les détails, les Allemands se font une joie de critiquer les procédures de Draghi. L’opposition fait rage entre la BCE et la Bundesbank. Je suis certain que l’Allemagne quittera elle aussi l’Union européenne, qu’elle quittera l’euro, et enfin l’OTAN. Les oppositions à la décision de Draghi mèneront à une crise en Union européenne.

 

— 5. Avec la mort du roi Abdullah commence une période de transition pour la famille royale. Le roi a été remplacé par l’ancien prince Salman, qui souffre de sénilité et de démence, et aura beaucoup de difficultés à régner sur le pays. La bataille pour sa succession vient de commencer. Des tribus rivales se disputent le pouvoir, après plusieurs décennies d’exclusion. Les évènements au sein des frontières saoudiennes se multiplieront, s’intensifieront, et auront de lourdes conséquences. Les pressions en faveur d’une réforme seront plus fortes que jamais.

 

— 6. L’Allemagne a fait une offre d’union commerciale à la Russie, qui mettrait de côté le pacte commercial transatlantique contrôlé par les États-Unis. Lors du Sommet économique de Davos, la chancelière allemande a offert une union commerciale à la Russie, et implicitement rejeté le Partenariat de commerce et d’investissement transatlantique avec les États-Unis. Le plus ironique, c’est que Merkel a proposé une union similaire à celle que la Russie et la Chine ont établie au cours de ces deux dernières années, connue sous le nom de Zone d’échange eurasiatique. L’Allemagne cherche clairement à quitter l’Union européenne.

 

— 7. Le policier financier allemand BaFin n’a pas pu apporter de preuves à la manipulation du marché de l’or. Du point de vue de Deutsche Bank. Cette décision représente un pas en arrière pour le camp qui s’oppose à la corruption des marchés des obligations, des taux de change et de la comptabilité bancaire. Les conséquences en seront nombreuses, et forceront l’arrivée de marchés plus justes. La manipulation des marchés ne semble jamais prendre fin. En Allemagne, deux camps s’opposent. Les politiciens sont dominés par l’élite bancaire, bien que des voix se fassent entendre en provenance des ministères. Les capitaines industriels gèrent l’aspect commercial, et cherchent à éviter des dommages économiques profonds. L’alliance américaine ne fonctionne plus pour le bénéfice des Allemands. Le camp industriel va prévaloir, mais seulement après une longue bataille, qui présentera un certain nombre de valeurs inconnues.

 

— 8. Les Suisses ont installé un centre d’échange de renminbis à Zürich. Une compétition intéressante est sur le point de faire son apparition, alors que Londres, Zürich et Francfort se confronteront pour le contrôle du flux financier de renminbis. Alors que Londres possède l’avantage de la tradition et que Zürich a l’avantage du prestige, les Allemands ont été sélectionnés par le Kremlin et par Pékin pour servir de berceau pour le lien de l’Europe avec l’Asie. Les liens industriels de la Russie et de la Chine s’étendront au travers de l’Allemagne, en parallèle à une croissance des échanges et des investissements.

 

— 9. Les détails relatifs à l’extension du pipeline de Gazprom au travers de la Turquie ont été révélés. Il passera par la mer Noire, et les volumes ont été indiqués dans les plans. Gazprom a soudainement décidé d’exclure l’Ukraine de son projet de construction de pipeline, qui ne passera finalement pas par l’Europe de l’Est, ou les pots de vin du gouvernement américain, les menaces et les entreprises corrompues s’acharnent à bloquer ses projets. Le pipeline passera désormais au travers de la Turquie, et un centre sera installé sur la frontière grecque. Il a été baptisé Turk Stream. La construction du pipeline prendra environ 18 mois. D’ici là, les nations européennes devront trouver un moyen de se connecter à ces lignes pétrolières et d’éviter la catastrophe imminente de leur alliance destructrice avec les États-Unis.

 

— 10. L’économie américaine a enregistré une forte baisse en matière de commandes. La liste de licenciements et d’annulation de projets aux États-Unis, au Canada, en Angleterre et en Europe faisait six pages de long en janvier. Il s’agit d’une véritable procession de faillites d’entreprises et d’échecs de politiques monétaires et économiques. L’économie américaine est frappée par une récession qui dure depuis plusieurs années. Le QE aggrave la détérioration économique. Un certain nombre de corporations ont recours à des licenciements de masse, la plus récente ayant été IBM. Les grosses banques et les firmes liées au domaine de l’énergie dominent ce genre d’actualité.

 

Les évènements se succèdent à une vitesse étourdissante. Il n’est absolument pas possible d’anticiper quel sera le prochain évènement à paraître, mais nous pouvons être certains que quelque chose se produira tous les deux à trois jours, quelque chose d’important, qui aura des conséquences extrêmes.

 

En plus des évènements cités plus haut, le secteur du pétrole et du gaz de schiste américain ferme ses portes, sans aucun évènement vers lequel pointer le doigt. L’implosion de la dette de schiste est imminente. Les dommages n’en seront que plus grands au fil du temps. L’année 2015 a commencé sur une explosion insoutenable, comme je m’y attendais. Notez qu’aucun des évènements cités plus haut ne concerne les BRICS. Leur mouvement renforcera la transition de paradigme et forcera le retour à un étalon or. Puisque les banquiers américains et britanniques contrôlent le secteur financier et les devises Forex, les obligations souveraines et les systèmes bancaires, l’Orient fera tout son possible pour raviver l’étalon or.

 

 

Par Jim Willie CB (*) - 24hgold.com – le 13 mars 2015

 

(*) Docteur en Statistiques, Jim Willie CB a exercé pendant 24 ans avant de se consacrer à la finance. Pour plus d’infos, voir ici.

No comment yet.