Ukraine/Donbass : émeutes, chaos et rationnement de la nourriture à Kiev | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : les magasins ukrainiens limitent désormais la vente de certaines catégories d’aliments (sucre, huile, farine, sarrasin…) : le rêve « proeuropéen » au quotidien

 

 

 Ukraine/Donbass : émeutes, chaos

et rationnement de la nourriture à Kiev

 

Un an après le coup d’État, l’Ukraine est en morceaux, son économie est exsangue, les denrées sont désormais rationnées, son unité nationale n’est plus qu’une vue de l’esprit, les libertés y sont quotidiennement bafouées, voire inexistantes, et l’arbitraire est devenu une forme de gouvernance occidentalisée. La guerre fait rage dans le Donbass et la débâcle de Debaltsevo, où encore quelque 1.500 soldats et paramilitaires ukrainiens sont portés disparus, est un avant-goût de ce que sera l’Ukraine demain. Les stratèges états-uniens veulent faire de ce pays un champ de bataille contre la puissance russe. Pour l’instant, ils s’y sont cassé les dents, mais ils entendent bien utiliser les extrémistes pour parvenir à leurs fins. Pour l’heure, les nostalgiques de la collaboration avec l’Allemagne hitlérienne occupent la rue et menacent.

 

 

 

 

Une manifestation antigouvernementale dans le centre de Kiev a dégénéré en émeute, ce mercredi après-midi. Environ un millier de nervis d’extrême droite, se réclamant majoritairement de Praviy Sektor, ont affronté des éléments de la garde nationale déployés au centre-ville, à coup de cocktails Molotov. Plusieurs bâtiments ont été attaqués dont celui du bureau du Procureur général de l’Ukraine.


Le désordre a atteint aussi l’aéroport de Borispol, où un groupe de paramilitaires ukrainiens, se faisant appeler « Bataillon de la fraternité », a menacé de suspendre les liaisons aériennes avec les pays de l’Union européenne. Cette contestation intervient dans le contexte de la commémoration du putsch pro-occidental de l’année dernière qui a amené au pouvoir un régime antidémocratique et totalitaire porté à bouts de bras par les États-Unis et leurs alliés occidentaux. Elle intervient aussi après la débâcle militaire de Debaltsevo et alors que le pouvoir d’achat des Ukrainiens s’écroule et que la contestation gronde de toutes parts.

 

La brusque chute de la hryvnia s’est répercutée sur le niveau de salaire des Ukrainiens de sorte que leur salaire minimum n’atteint même pas les 43 dollars… Certains Ukrainiens touchent à présent moins que les habitants du Bangladesh, du Ghana, de la Zambie, de la Gambie ou du Tchad où le salaire minimum se monte à 51 dollars. Le gouvernement ukrainien ne promet pas d’élever le salaire avant décembre 2015 (source).

 

Les commerces se sont vus imposer un rationnement des produits de base après la chute de la hryvnia, ce qui a créé un vent de panique et amené les gens à stocker de la nourriture. Il est bien plus facile de faire la guerre que de tenter de remettre de l’ordre dans l’économie du pays et de répondre aux aspirations du peuple. Voilà où a mené la « révolution » du Maïdan !

 


Guerre américaine en Ukraine

 

Il semblerait que les USA aient lancé un programme de soutien militaire direct au régime de Kiev. C’est ce que craint Aleksandr Zakharchenko, le président de la République populaire de Donetsk, et c’est ce qu’il semblerait au regard des manœuvres de l’OTAN dans les pays baltes, de l’annonce de l’arrivée d’« instructeurs » américains, britanniques et aussi canadiens sur le sol ukrainien et des mouvements inquiétants d’avions gros porteurs américains sur les aéroports de Kiev, de Kharkov et de Dniepropetrovsk ces derniers jours. Et c’est le néonazi notoire Andriy Paruby, Premier vice-président de la Verkhovna Rada, qui a été chargé d’aller quémander encore plus d’armes à Washington, considérant que l’aide des États-Unis « est cruciale ».

 

Comme elles manquent sérieusement de volontaires et que les mobilisations forcées ne donnent pas les résultats escomptés, les autorités ukrainiennes envisagent la possibilité de recruter parmi les prisonniers incarcérés pour remplir les rangs de leurs « bataillons » répressifs. Une information donnée aux médias kiéviens par le président du Service pénitentiaire de l’État ukrainien, Volodymyr Palagnyuk. Au printemps dernier, déjà, une grande partie des repris de justice avaient été libérés pour être incorporés dans des unités répressives comme les « bataillons » « Donbass », Dnepr-1 » , « Shakhtarsk » ou encore « Azov ».

 

Des violeurs, des assassins, des crapules des bas fonds de la Galicie, des psychopathes en tous genres deviendront bientôt des frères d’armes d’autres crapules, violeurs, psychopathes et assassins d’unités aussi glorieuses qu’« Azov » ou Dnepr-1″. Et ce ne sont pas les femmes abusées sexuellement par les soudards de l’unité à la rune du loup (« Azov ») dans le village occupé de Rozonovka qui témoigneront du contraire…

Cette méthode qui consiste à employer la lie de la société pour des missions exclusivement répressives contre des populations civiles rappelle étrangement le recrutement d’une partie des unités dites « de police » ou dépendantes des Hohöre-SS und Polizeiführer chargés de la « sécurité » sur les arrières du front de l’Est de 1941 à 1944 comme le SS-Sonderbataillon « Dirlewanger » et le Bataillon 500 de sinistre mémoire.

 

 

 

 

 

Sous les tirs de la trêve

 

Vladimir Kononov, le ministre de la Défense de la République populaire de Donetsk a été la cible de tirs d’un ZU-23/2 ukrainien sur la zone aéroportuaire de Donetsk, alors qu’il menait une inspection liée au respect du cessez-le-feu. Il n’a pas été blessé et a pu s’éloigner du site à bord d’un blindé.

 

Alors que les tirs d’artillerie continuent contre les grandes agglomérations du Donbass de la part des forces ukrainiennes qui refusent d’appliquer les accords de Minsk, les petites unités de saboteurs kiéviens sont devenues une menace quotidienne pour les forces républicaines, surtout sur le secteur de Donetsk. Dernièrement, un nouveau groupe subversif de trois individus a été neutralisé : des résidents locaux qui œuvraient « pour l’argent ».

 

Plusieurs groupes subversifs mobiles agissent autour de la ville de Donetsk, dans des véhicules banalisés, des camions, des fourgonnettes et même dans les ambulances. Disposant d’explosifs, de mortiers de 82, de lance-roquettes antichars, ils s’en prennent le plus souvent à des cibles civiles, parfois militaires. Aujourd’hui, une explosion a eu lieu dans un commerce du centre-ville de Donetsk ? Il pourrait s’agir de l’action d’un de ces petits commandos.

 

Gros point chaud de ces dernières 96 heures : l’est de Mariupol, avec les villages de Shirokino et de Sahankha. Hier, deux miliciens ont été blessés et trois se sont retrouvés en état de choc. Ce matin, d’autres ont été admis à l’hôpital de Novoazovsk pour des blessures mineures, des suites des affrontements d’hier.

 

Si l’on en croit les comptes-rendus alarmistes, des observateurs kiéviens (qui voient une nouvelle invasion russe chaque jour), les forces républicaines qui avaient été déployées du secteur est de Mariupol sur le chaudron, semblent être retournées à leurs bases de départ. À l’est de Shirokino, les FAN disposent désormais d’un groupement tactique équivalent à un bataillon mécanisé, renforcé d’une compagnie de chars lourds, d’une batterie de BM-21 Grad et d’au moins deux batteries d’obusiers. Ce groupement, vers Novoazovsk, est suffisamment loin de la ligne de contact pour respecter les accords signés à Minsk.

 

En milieu de matinée, on signalait un accrochage sur Sahankha, impliquant des chars républicains de type T-72 et au moins une batterie d’artillerie mécanisée. Et vers 17 h (heure locale), des tirs de mortiers ont été signalés sur Shirokino, en plus d’un accrochage près de la localité. Et en début de soirée, sur Shirokino une section de chars des forces républicaines a affronté une autre section de chars ukrainienne accompagnée d’éléments d’« Azov ». Dans la journée, un camion-citerne des FAN aurait été détruit, de même qu’un ZU-23/2.


Au nord de ce secteur du front sud, plusieurs groupes tactiques équivalents à une ou deux compagnies renforcées de blindés et d’une section de chars, ont été placés en alerte au cas où les forces de Kiev tenteraient un contournement par Pavlopol.

 

90 % des militaires ukrainiens, après le retour du Donbass, ont des symptômes de troubles mentaux, d’après une responsable des services psychologiques à Lviv, Oksana Nakonechna. Et d’ajouter que les combattants qui reviennent de la zone de guerre ne présentent pas immédiatement de stress post-traumatique, il peut y avoir un décalage d’un mois avant de diagnostiquer une pathologie. Les conséquences du coup d’État du Maïdan n’ont pas fini de marquer profondément et pour longtemps la société ukrainienne.

 

 

 

Par Jacques FrèreNationsPresse.info – le 25 février 2015