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L’épouvantail de la théorie du complot : paravent commode

L’épouvantail de la théorie du complot : paravent commode | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Illustration : Monsieur Iou

 

 

L’épouvantail de la théorie du complot :

paravent commode

Par Michel Segal (*)

 

Le 4 janvier dernier, le New York Times ouvre un débat dans ses colonnes avec une courte série d’articles sur les théories du complot1. Après les attentats parisiens du 7 janvier paraissent également dans les journaux français de nombreux articles sur ce thème – avec des titres explicites trahissant l’objectif poursuivi. On peut lire par exemple : « Les jeunes plus exposés à la théorie du complot », « Comment naissent les théories du complot », «  La théorie du complot, l’arme politique du faible », « Les rouages de la machine complotiste » ou encore « Pourquoi les enfants sont tentés par la théorie du complot ? ».

 

Tous ces articles évoquent les théories du complot sans qu’aucun d’eux n’ose préciser ce que ce vocable, hors de toute conviction, de toute réalité et de toute opinion, peut objectivement désigner.

 

À leur lecture, apparaît pourtant le seul dénominateur commun de tous ces points de vue : la perte de confiance d’une partie de la population face à la présentation officielle d’évènements (ou à leurs analyses), c’est-à-dire émanant du pouvoir, grands médias ou institutions politiques. Cette défiance – justifiée ou non – vis-à-vis des thèses officielles porte de plus en plus de gens à accorder leur confiance à des sources non officielles présentant des versions des faits sensiblement différentes. Dès lors, si l’on imagine que ce phénomène peut se généraliser à une part importante de la société, on comprend mieux l’inquiétude des pouvoirs, et plus généralement de nos élites. Car que resterait-il de notre système si les populations ne croyaient plus ce que leur disent les élites politiques et médiatiques qui les dirigent ?

 

L’objectif de tous ces articles apparaît sans ambiguïté : décrédibiliser toute personne mettant en doute les thèses officielles, c’est-à-dire la vérité telle que la conçoit le pouvoir.

 

À ce titre, toutes les vieilles méthodes sont employées, à commencer par l’emploi de néologismes suggestifs, comme « les conspirationnistes » évoquant sans détour l’image de gens à moitié fous s’imaginant que des comploteurs masqués se réunissent en secret la nuit dans les caves pour nuire à la communauté tout entière.

 

La seconde méthode, qui était fréquemment pratiquée par l’URSS et la Chine de Mao, consiste à disqualifier la parole des gens qui doutent des versions officielles en leur collant sur le dos une pathologie certifiée par des spécialistes. Ainsi, toute parole dissonante ou dissidente sera considérée comme un comportement déviant qu’il faut soigner. Comme le disait très sérieusement une journaliste de France 2 : « il faut repérer et traiter tous ceux qui ne sont pas Charlie » 2.

 

Dans la demi-douzaine d’articles du NYT3, un supposé spécialiste du phénomène dénonce la nature « paranoïaque » des conspirationnistes, un autre y voit le symptôme d’une anxiété « de masse » (on notera le choix du terme soulignant la nature peu instruite ou éduquée des conspirationnistes qui appartiennent à « la masse »), un autre encore évoque les croyances populaires aidant le peuple à admettre ce qu’il ne comprend pas.  

 

Le portrait est dressé : celui qui émet un doute sur les thèses présentées par le pouvoir s’appelle un conspirationniste, c’est un malade mental généralement peu instruit appartenant à la masse et sujet à des croyances populaires, car il ne comprend pas le monde. Dans les articles français, on trouve l’utilisation de la même méthode, puisque l’on parle de « vulnérabilité»  au conspirationnisme 4 comme à une maladie, vulnérabilité accrue avec la jeunesse : l’idée est de faire passer la remise en cause des thèses officielles pour de l’adolescence attardée. Les conspirationnistes sont donc des victimes – immatures dans la totalité des cas – et les journalistes se demandent comment leur venir en aide. L’un des articles va d’ailleurs plus loin que la simple référence à l’adolescence puisqu’il parle des enfants tentés par la théorie du complot 5. Ainsi, si un doute naît dans votre esprit sur ce qui vous est présenté officiellement, cela signifie que vous êtes retombés en enfance. Dans le même esprit, on notera également l’intervention dans les colonnes du NYT6 d’une professeure de psychologie qui use d’une bienveillance maternelle avec une extrême condescendance jugeant ces théories risibles et inoffensives pour la plupart.

 

« Qui veut tuer son chien l’accuse de la rage », c’est la troisième méthode destinée à neutraliser toute idée contraire aux thèses officielles. Pour cela, on va associer au conspirationnisme des thèses parfois indéfendables ou saugrenues, ou encore poursuivies par la loi. Ainsi, en lisant les articles cités plus haut, on pensera que les conspirationnistes ne croient pas aux premiers pas sur la Lune en 1969, qu’ils sont convaincus que les extra-terrestres ont débarqué sur Terre il y a longtemps (mais que les gouvernements nous le cachent), et enfin, que ce sont des négationnistes. Sachez donc que si vous doutez de certaines informations ou analyses exposées dans les grands médias, cela signifie que vous pensez que les extra-terrestres sont parmi nous et que vous niez l’existence des chambres à gaz. Cette méthode est d’une efficacité redoutable puisque, en ces temps terrifiants de procès pour pensée, de dénonciation calomnieuse d’intention ou de non-charlisme, chacun redoute, et c’est bien légitime, d’être soupçonné de la sorte et lynché.

 

Le portrait-robot du conspirationniste ayant été tracé, que ce soit sous les traits de la naïve victime de son incompréhension du monde, ou sous ceux du délire paranoïaque du malade mental, il faut aussi en citer des exemples et le situer sur un échiquier politique infréquentable. On lira alors dans Le Figaro : « le conspirationnisme était le propre de l’extrême droite. Depuis les attentats du 11 septembre, on le trouve aussi chez certains courants de la gauche radicale » 7. Le message est clair : extrême droite et extrême gauche se rejoignent dans la déraison ; seuls des extrémistes peuvent douter des versions officielles. Quant aux exemples, ils sont explicites : Alain Soral, l’humoriste Dieudonné ou Jean-Marie Le Pen sont cités. Une fois toutes ces précautions prises, on peut alors qualifier certaines analyses de conspirationnistes pour les discréditer.

 

On apprend ainsi, par de supposés experts censés « démonter les mécanismes complotistes » 8, que le conspirationnisme est très répandu en Russie. En effet, toujours dans le même article, d’après « l’expert » interrogé, « les télévisions du Kremlin décrivent (…) les révolutions de couleur comme des complots occidentaux ».

 

Cette fois, si vous pensez que certains renversements de régime ont été organisés ou soutenus par des agences américaines, c’est que vous êtes victime de la propagande du Kremlin passé maître dans l’art du conspirationnisme. Dans Le Monde, on peut lire le même type de discours, tout aussi accusateur quand, à propos de l’assassinat de Boris Nemtsov, le journal écrit : « La théorie du complot prend de l’ampleur à Moscou (…) et le pouvoir russe n’hésite pas à désigner son commanditaire : l’Occident » 9. L’objectif est ici, à l’aide de disqualification par théorie du complot, d’écarter toute explication autre que celle de l’assassinat de Nemtsov par le Kremlin.

 

Plus intéressante encore, et infiniment plus inquiétante, la description des conspirationnistes faite par la fondation Jean-Jaurès, le fameux think tank du parti socialiste auquel le président Hollande a commandé un rapport en janvier. Voici ce que le laboratoire d’idées, réputé siège de l’élite des intellectuels du parti gouvernemental, écrit dans son rapport10 lorsqu’il entreprend de décrire ceux qui doutent des thèses officielles : « (…) mouvance hétéroclite, fortement imbriquée avec la mouvance négationniste, et où se côtoient admirateurs de Hugo Chavez et inconditionnels de Vladimir Poutine. Un milieu interlope que composent d’anciens militants (…) d’extrême gauche (…), souverainistes, nationaux-révolutionnaires, ultranationalistes, nostalgiques du IIIe Reich, militants anti-vaccination, partisans du tirage au sort, révisionnistes du 11 septembre, antisionistes, adeptes des médecines alternatives, agents d’influence du régime iranien, bacharistes (…) ».

 

De cet odieux inventaire à la Prévert destiné à rendre compte du conspirationnisme tel que l’entend le pouvoir, c’est le mépris et l’intolérance, voire la haine et l’insulte qui émergent de ces associations infâmes, mêlant sans honte les adeptes de la médecine douce avec les admirateurs de nazis et de Hugo Chavez (à propos de ce dernier, rappelons qu’il a été le président de gauche du Venezuela, régulièrement élu quatre fois consécutives, et qu’il s’est illustré au plan international par son refus de se plier à la domination américaine  ; son alliance avec Morales en Bolivie, Correa en Equateur ou Castro à Cuba en font un acteur majeur de la vague socialiste en Amérique latine, vague qui vient de faire plier Obama il y a quelques jours, contraint de lever l’embargo sur Cuba).

 

D’après le Parti Socialiste français, approuver le socialisme de Chavez, c’est être un paria, tout comme refuser d’alimenter la guerre civile en Syrie, ou faire partie d’un milieu interlope, ou être antisioniste, ou être un nostalgique du IIIe Reich, c’est appartenir à une mouvance où se côtoient tous les infréquentables, tous les sorciers qu’il faut combattre.

 

Notons d’ailleurs qu’à cette liste noire, la fondation Jean Jaurès ose ajouter, déshonorant ainsi le nom qu’elle porte, celui d’Étienne Chouard, simple citoyen blogueur devenu célèbre en 2005 pour avoir lancé une campagne pour le « Non » au référendum sur la Constitution européenne, et revendiquant aujourd’hui une position radicale sur la nécessité de repenser la démocratie.

 

À la lecture de cette description pitoyable – dont il faut répéter qu’elle est réalisée par l’élite du parti au pouvoir – on comprend aisément que sont estampillés conspirationnistes tous ceux qui ne pensent pas comme le veulent nos élites. Ainsi, le problème « complotiste » n’est plus de distinguer le vrai du faux, le vraisemblable de la fable ou le délire de la raison, non, le problème est de penser ou non comme le suggère le pouvoir. Il faut donc condamner tous ceux qui, finalement, « ne sont pas Charlie ».

 

Ce mois de janvier 2015 s’achève par un texte étonnant :

 

«  Pour combattre un ennemi, il faut d’abord le connaître et le nommer (…) c’est toujours le complot, le soupçon, la falsification (…). Les théories du complot se diffusent sans limites et ont, dans le passé, déjà conduit au pire. Alors face à ces menaces, il nous faut des réponses, des réponses fortes, des réponses adaptées. (…) Il faut prendre conscience que les thèses complotistes prennent leur diffusion par internet et les réseaux sociaux (…). Nous devons agir au niveau international pour qu’un cadre juridique puisse être défini, et que les plateformes qui gèrent les réseaux sociaux soient mises devant leurs responsabilités et que des sanctions soient prononcées en cas de manquement. »

 

Ces quelques lignes ne sont pas extraites d’un manuscrit d’Orwell qui n’aurait pas encore été publié, mais du discours de François Hollande prononcé le 27 janvier dernier à propos de l’antisémitisme. Deux semaines après ce discours, est publié le décret d’application11 du blocage de sites internet sans juge pour suspicion d’apologie d’actes terroristes, ce qu’Amnesty International dénonce comme un concept flou12 dans un article où l’on apprend le 18 mars que cinq sites ont déjà été bloqués sans procédure de justice.

 

Le 19 mars est présenté en Conseil des ministres le projet de Loi Renseignement, prévoyant de renforcer les données liées aux connexions internet : l’idée majeure est d’installer des boîtes noires chez les fournisseurs d’accès internet contrôlant et vérifiant tous les transits de données. L’argument est de les équiper d’algorithmes destinés à déceler des comportements proches d’éventuels terroristes, et de contrôler les personnes en contact avec les personnes déjà suspectées. De plus, la conservation des données est étendue de un à cinq ans et tous les opérateurs devront fournir les éléments permettant le déchiffrement des données. Le quotidien Le Monde précise 13 : « La France n’est pas seule à se pencher sur la question du chiffrement : le sujet est aussi à l’origine d’un bras de fer entre le FBI, Apple et Google. (…) Le Premier ministre britannique, David Cameron, a quant à lui menacé ces derniers mois de rendre illégaux les systèmes de chiffrement dont les créateurs n’auront pas fourni les « clefs » aux autorités. »

 

Enfin, le 9 avril, les principaux hébergeurs de sites internet réagissent en lançant un signal d’alerte dans un communiqué adressé au Premier Ministre14. Outre dresser un tableau noir des conséquences économiques qu’aurait l’adoption d’une telle loi (perte de plusieurs milliers d’emplois et déménagement vers l’étranger de toutes leurs plateformes), ils s’opposent à la « captation en temps réel des données de connexion » par les boîtes noires aux  contours flous, et déclarent :   « [40 % de clients étrangers] viennent parce qu’il n’y a pas de Patriot Act en France, que la protection des données des entreprises et des personnes est considérée comme importante. Si cela n’est plus le cas demain en raison de ces fameuses « boîtes noires », il leur faudra entre 10 minutes et quelques jours pour quitter leur hébergeur français. » (…)   «   En effet, nous ne sommes pas les États-Unis, nous n’avons pas de NSA, dont les activités de surveillance opaques ont poussé nombre d’entreprises et de particuliers du monde entier à devenir clients de la France : une démocratie plus transparente et respectueuse des droits de ses citoyens. »

 

Ainsi pourraient se dessiner les contours d’un nouveau monde, bien étrange, un monde dans lequel de grosses entreprises viennent au secours de nos libertés en nous protégeant du pouvoir politique.

 

 

 

Par Michel Segal (*) - kairospresse.be - mondialisation.ca – le 26 juin 2015

 

  

Addendum : la loi « boîtes noires » a finalement été votée à l’Assemblée Nationale dans l’urgence la nuit du 16 avril. Elle a été adoptée par vingt-cinq voix contre cinq ; il y avait au moment du vote environ 95 % de députés absents15.

 

 

Notes :

 

1. « Room for debate : Are conspiracy theories all bad ? », New York Times, 4 janvier 2015.

2. « Il faut repérer et traiter ceux qui ne sont pas Charlie », Nathalie de Saint Cricq, YouTube.

3. Voir Note 1.

4. « Les jeunes plus exposés et plus sensibles à la théorie du complot 

 », Le Figaro, 16 janvier 2015. Cette lecture est édifiante. L’article a la forme d’une interview de Gérard Bronner qui est présenté comme un sociologue spécialiste de la distinction entre croyances et savoir. Outre qu’il contient de nombreuses fautes d’orthographe, le texte est écrit dans un français absolument épouvantable, mélangeant formulations alambiquées, fautes de syntaxe et phrases incomplètes ou sans signification énoncées par l’interviewé.

5. « Les enfants tentés par la théorie du complot », L’Express, 4 février 2015. Cet article particulièrement odieux est écrit par une énigmatique « chercheuse en psychologie ».

6. Voir note 1.

7. « Crash du MH17, comment naissent les théories du complot », Le Figaro, 21 juillet 2014. C’est un article très intéressant, un cas d’école, car il explique sans détour que, « alors que les États-Unis impliquent Moscou dans la destruction du MH17 (…) des médias russes évoquent un complot ». Ainsi, l’accusation américaine sans fondement, mais reprise par la presse sans le moindre questionnement est présentée par le journaliste comme l’expression de la raison, tandis que les protestations, la réfutation et la défense de Moscou sont associées au délire d’une théorie du complot.

8. Voir note précédente.

9. « Russie : la stratégie du complot permanent », Le Monde, 6 mars 2015.

10. « Conspirationnisme : un état des lieux », Fondation Jean Jaurès, 24 février 2015.

11. J.O. du 5 février 2015.

12. « Blocages de sites internet en France : l’autorisation d’un juge est indispensable », www.amnesty.fr7.

13. http://www.lemonde.fr/pixels/article/2015/03/18/ce-que-prevoit-le-projet....

14. Ici publié en intégralité :

http://www.ovh.com/fr/news/articles/a1743.le-gouvernement-veut-il-contra....

15. Voir www.numerama.com/magazine/32817-boites-noires-les-5-deputes-qui-ont-vote....

 

 

 

NDLGazette:

 

(*) Né en 1958, Michel Segal partage ses études entre la philosophie, les mathématiques et la musique. Obtenant un premier prix de piano au Conservatoire, il part vivre au Canada et se perfectionner à l’université d’Ottawa. Après avoir exercé différents métiers et accompli de nombreux voyages, notamment en Asie, en Russie et en Amérique latine où il a vécu de 2002 à 2003, il est maintenant établi à Hong Kong où il enseigne les mathématiques. Auteur de plusieurs tribunes pour Les Échos, Le Figaro et Le Monde et de trois livres sur l’école, mais aussi d’articles sur la Russie, il observe maintenant attentivement le conflit ukrainien et mène l’enquête avec rigueur pour trouver la logique des grandes puissances, et ainsi débusquer leurs objectifs.

(Source : amazon.fr).


Koter Info's insight:


Selon les autorités, celui qui émet un doute sur les thèses présentées par le pouvoir s’appelle un conspirationniste, c’est un malade mental généralement peu instruit appartenant à la masse et sujet à des croyances populaires, car il ne comprend pas le monde !


Donc, en publiant une autre vérité, je dois être catalogué comme conspirationniste et comme malade mental, ainsi vous savez à qui vous avez affaire.  Mais, peut-être suis-je plutôt un héros de la résistance, alors c'est une autre histoire qu'il vous appartient de juger !


Duc


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SOS Europe : des personnes souffrent et meurent à nos frontières, arrêtons ça !

SOS Europe : des personnes souffrent et meurent à nos frontières, arrêtons ça ! | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


SOS Europe : des personnes souffrent

et meurent à nos frontières, arrêtons ça !

 

 


 

« Alors que le bateau coulait, je ne pouvais pas trouver mes amis. Je me demandais : où sont-ils ? Puis j’ai trouvé Omar, mais je n’ai pu trouver aucun autre de mes amis. J’ai essayé d’aider les autres, mais je ne pouvais pas. Omar et moi, nous nous entraidions, mais c’était difficile de nager pendant des heures. Dans l’eau, tout le monde cherchait sa famille ou ses amis ». Mohammed, 21 ans, un réfugié syrien, décrivant à Amnesty International en mai 2014, la terrible expérience qu’il a endurée le 11 octobre 2013, au moment où le bateau sur lequel il était avec près de 400 personnes, coulait à 112.65 km de Lampedusa, une île italienne en pleine Méditerranée.

 


Les choix de l’Europe mettent la vie

des migrants en danger.

 

Chaque année, de par le monde, des millions de personnes sont obligées de tout quitter. Les conflits, la persécution ou la pauvreté sont à l’origine de leur départ forcé. Seul un petit nombre de ces personnes cherche à trouver refuge et une vie meilleure en Europe.

 

 

 

Mais les pays de l’Union européenne (UE) sont de plus en plus déterminés à les empêcher d’entrer. Ces dernières années, ils se sont concentrés sur la construction de murs, réels ou invisibles.

 

Pour celles et ceux qui, complètement désespérés, ont tout de même pris le risque de l’exil, cette politique européenne les expose à encore plus de dangers.

 

Chaque année, des centaines de personnes meurent en essayant d’atteindre les rivages de l’UE. Bien d’autres sont violemment refoulées des frontières européennes ou prises au piège de pays voisins qui ne respectent pas leurs droits.

 


D’autres choix sont possibles pour sauver des vies.

 

La forteresse Europe a un coût trop élevé en termes de vies humaines : appelons les dirigeants européens à changer de politique.

 

 

 

Par Benoit Priem - isavelives.be – Amnesty International – le 26 février 2015

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Folies aux USA

Folies aux USA | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Source photo : maisondeveloppementdurable.org - François Pesant


 

Folies aux USA

 Par David Brooks (*)


Un homme d’environ 30 ans fait la manche dans un wagon du métro de New York, bien habillé, soigné, avec de bonnes chaussures en cuir et une allure tranquille. « Je suis un vétéran, je traverse une mauvaise passe, ceux qui peuvent m’aider je les remercie », répète-t-il. Son trajet le mène d’un côté à l’autre du wagon et il attend la prochaine station pour passer au wagon suivant. Il commence en parlant à voix haute, mais sans crier, ne voyant personne et tout le monde en même temps, et presque tous feignent de ne pas l’écouter ni de le voir. « Je suis parti à la guerre, j’y suis allé parce que je pensais que c’était ma responsabilité de le faire pour les autres, pour servir ce pays et parce que je croyais en la Constitution ». Il s’arrête, regarde autour de lui, et continue. « On rentre et ils vous prennent tout, tout. N’est-ce pas une violation des droits de l’homme, des droits de l’homme des vétérans ? »

 

Les portes s’ouvrent et entre le son d’un trio d’instruments à vent qui joue Hello Dolly. Le vétéran sort, sans attendre de réponses. Peut-être sait-il qu’il n’y en a pas.

 

Environ 2.600.000 Étasuniens (et quelques immigrants) ont servi leur pays en Afghanistan et en Irak, les plus longues guerres de l’histoire des États-Unis d’Amérique, et plus de la moitié d’entre eux souffrent de problèmes de santé physique et (ou) mentale, se sentent marginaux dans la vie civile et pensent que le gouvernement ne s’occupe pas de leurs besoins, selon une enquête nationale du Washington Post parue l’an dernier.


Presque 50.000 vétérans (y compris des guerres les plus récentes, mais aussi des précédentes comme le Viêt Nam), selon des calculs officiels, sont des sans-abris dans les rues de ce pays, tandis que 22 suicides de vétérans sont enregistrés en moyenne chaque jour. Ce sont les coûts, en grand partie occultés, des guerres décidées par les hommes politiques et autres vendeurs de sécurité nationale, tandis que des jeunes sont envoyés tuer d’autres jeunes, et qu’il n’y a presque jamais un quelconque fils d’homme politique ou d’entrepreneur sur le champ de bataille.

 

Dans une autre station de métro, un jeune homme afroétasunien a un livre à la main qu’il consulte toutes les deux minutes, il le ferme, l’ouvre ; il a une couverture rigide et large, mais on n’arrive pas voir le titre. À voix haute, pendant les deux minutes durant lesquelles il ne consulte pas le livre, il parle et enchaîne une succession de bras d’honneurs. « Personne ne veut savoir la vérité », répète-t-il à chacune de ses diatribes sur la violence contre les pauvres, sur l’éducation inférieure pour les Afro-Étasuniens, sur le manque d’emploi.

 

Les portes sont ouvertes, et un saxophone et un trombone jouent Mackie le Surineur de Brecht et de Weil.

 

À Broadway, une femme habillée de vêtements sales, qui affronte un monde de neige et vents froids insupportables passe en murmurant : « qu’est-ce qui est arrivé à la bonté ? »

 

Tous les jours on tombe sur ces « fous » qui offrent parfois un éclair de lucidité au milieu de la cacophonie incessante des hommes politiques et de leurs patrons, qui croient qu’ils sont raisonnables, mais qui ne proposent que la folie.


Ceux qui répètent que la guerre et les actions belliqueuses sont menées au nom de la paix, que l’espionnage massif et la violation de la liberté d’expression sont nécessaires pour garantir les droits et la liberté, ceux qui insistent pour juger d’autres pays tandis que persiste la violation systématique des droits de l’homme des minorités, des immigrants et des pauvres selon les rapports d’Amnesty International et Human Rights Watch dans ce pays, ceux qui ne cessent de remercier le sacrifice des vétérans et des troupes, et ceux qui tous les jours livrent leur grande rhétorique sur la pauvreté tandis qu’ils promeuvent des politiques qui accélèrent l’inégalité économique, qui est arrivée à tel niveau que même certains riches se demandent si leur avarice collective est excessive.

 

Quand les « fous » sont plus cohérents que les raisonnables : comment vont se passer les choses ?

 

Parfois faire quelque chose d’insolite, d’un peu « fou », est l’unique réponse raisonnable.

 

Comme Ève Tetaz, maîtresse d’école publique à la retraite, de 83 ans, et Nashua Chantal, militante pour la paix, de 62 ans, qui ont été jugées en Géorgie pour être entrées de façon illégale à Fort Benning, siège de « L’Institut de l’hémisphère occidental pour la sécurité et la coopération » (l’ex-École des Amériques), où les États-Unis d’Amérique forment des militaires latino-américains.

Dans l’action de protestation annuelle organisée par l’ONG School of the les Amériques Watch, les deux femmes ont risqué six mois de prison après être entrées sur la base militaire lors d’une action de désobéissance civile. Toutes deux ont affirmé qu’elles y ont participé pour défendre les droits de l’homme en l’Amérique Latine et pour dénoncer les programmes US qui ont participé à ces violations dans l’hémisphère américain.

 

Ou bien l’action menée la semaine dernière par des militants antiguerre du « Code Pink » qui ont fait irruption lors d’une audience au Sénat US pour protester contre la présence de l’invité principal, Henry Kissinger. Avec une pancarte qui dénonçait que Kissinger était un criminel de guerre, ils se sont approchés de l’invité avec des menottes avant d’être expulsés sur ordre du président du Comité, John McCain, qui a crié : « hors d’ici, saleté de la pire espèce ! ». « Code Pink » a répondu que la saleté était justement l’invité officiel.

 

Ou bien quand on arrête de demander l’autorisation de manifester, comme quand s’est exprimé le mouvement contre la brutalité policière et l’impunité officielle, qui a éclaté dans ce pays ces derniers mois, où les rues sont investies ou des actions sont menées dans des centres commerciaux, et il se trouve qu’au lieu d’un rejet du public, la réponse traduit l’expression de son soutien.

 

Ou bien quand les plus vulnérables de tous, les immigrants sans papiers, surtout les jeunes, prennent les rues, ou se présentent devant des parlementaires et huissiers, et même face au président, et crient : Basta ya !, en demandant le respect de leurs droits de l’homme.

 

Les « fous », dont certains souffrent de problèmes mentaux comme d’autres décident de faire des folies pour interrompre et (ou) pour se moquer de ceux qui cherchent à paraitre normal, offrent un quelconque espoir.

 

José Marti : « L’impossible est possible. Les fous, nous nous sommes raisonnables ».

 



Par David Brooks pour La Jornada (Mexique, 2 février 2015) traduit de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi - le 4 février 2015


(*) David Brooks est journaliste et correspondant aux USA pour le quotidien mexicain La Jornada

Koter Info's insight:


Les "fous" peuvent parfois être plus cohérents que les "raisonnables" !


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Qui sont les résidents affamés et assiégés de Yarmouk et pourquoi sont-ils là ?

Qui sont les résidents affamés et assiégés de Yarmouk et pourquoi sont-ils là ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Qui sont les résidents affamés et assiégés de Yarmouk et pourquoi sont-ils là ?

Par Paul Larudee (*)

 

Il y a beaucoup d’idées fausses sur ce qui se passe dans le quartier de Yarmouk de Damas et dans sa population de réfugiés palestiniens.

 

Le quartier a été réservé en 1957 aux réfugiés palestiniens qui y vivaient déjà, ceux qu’Israël avait expulsés de leurs maisons en 1948, et aux populations qui sont arrivées périodiquement par la suite.

 

Aujourd’hui, il abrite environ un million de Syriens et de Palestiniens, le nombre de ces derniers s’élevant à environ 170 000. Les Palestiniens de Syrie ont tous les droits des citoyens syriens, sauf le droit de vote, et à Yarmouk leurs maisons sont indiscernables de celles des résidents syriens.

 

Depuis 2012, des éléments armés qui tentent de renverser le gouvernement Assad ont pris pied à Yarmouk. La plupart des Palestiniens n’étaient pas d’accord, parce que cela violait l’accord tacite de réciprocité : hospitalité syrienne contre neutralité palestinienne. Mais il n’y avait pas non plus de consensus parmi les Palestiniens pour expulser de force les intrus.

 

Dès juin 2013, l’armée arabe syrienne (AAS) a encerclé le camp pour empêcher d’autres attaques sur le centre de Damas qui recevait déjà sa dose quotidienne de tirs à l’aveugle de mortiers. (Trois ont atterri juste à l’extérieur de mon hôtel en avril 2014, l’un d’eux faisant trois morts.)

 

La plupart de la population a fui jusqu’à ce qu’il ne reste que 18 000 personnes en octobre 2013, selon le chef du Fatah, Abbas Zaki, comme Ma’an News l’a indiqué. Plusieurs milliers de personnes vivent maintenant en dehors du camp, dans des abris fournis par le gouvernement syrien et les organisations humanitaires syriennes.

 

En avril 2014, j’ai visité une école qui avait été convertie en logements pour les réfugiés de Yarmouk. L’endroit était terriblement surpeuplé et très inconfortable, du fait qu’il fallait fournir le nécessaire à près de 8 millions de personnes rapatriées dans les zones contrôlées par le gouvernement, doublant la population normale dans ces zones. Néanmoins, il y avait de la nourriture, ainsi que des services d’éducation et de santé.

 

Pendant les 18 mois suivants, jusqu’à ce que Daesh (ISIS ou l’État islamique) entre dans le camp le 1er avril 2015, le nombre de résidents a continué de se maintenir à 18 000 malgré un siège qui a coupé l’électricité et l’eau et réduit l’approvisionnement en nourriture et en médicaments. Plus d’une centaine de civils seraient morts de faim ou du manque de soins médicaux pendant ces dix-huit mois. Qui sont les civils restants et pourquoi refusent-ils de sortir se mettre à l’abri comme les autres ?

 

Des contrôleurs locaux de l’aide humanitaire expliquent en privé que certains d’entre eux ne sont pas de Yarmouk et certains ne sont pas palestiniens. Il y a les familles des combattants syriens et étrangers qui veulent renverser le gouvernement syrien par la force des armes, et d’autres viennent des quartiers voisins, comme le bastion de Daesh de Hajar al-Aswad. Il est difficile de savoir combien sont retenus de force dans le camp par les groupes armés et combien préfèrent y rester de peur des conséquences.

 

Certains pourraient être considérés comme des «boucliers humains», utilisés par les combattants pour décourager les attaques. Mais ils pourraient aussi craindre de devenir des «otages humains» s’ils partent, et d’être utilisés pour faire pression sur les combattants pour qu’ils se rendent. Les motivations pour partir ou rester peuvent être complexes, mais rien ne prouve que le gouvernement syrien empêche les civils de quitter le camp. En fait, 90% de la population est déjà partie.

 

 


Le gouvernement syrien empêche-t-il la distribution de nourriture et de médicaments dans le camp ?


Le siège est une des stratégies militaires les plus courantes de l’AAS. Typiquement, l’armée assiège une zone et empêche les aliments, les médicaments et, bien sûr, les armes d’entrer dans la mesure du possible. D’autre part, il encourage les civils à partir et fournit de l’aide humanitaire à ceux qui le font.

 

L’objectif est d’évacuer autant de civils que possible de la région et ensuite d’attaquer l’ennemi ou de l’obliger à se rendre parfois en lui promettant l’amnistie. C’est la stratégie militaire classique, bien qu’elle soit pénible pour les civils, comme d’habitude.

 

Dans le cas de Yarmouk, il y a une autre dimension au siège. Le gouvernement syrien a conclu un accord de longue date avec le Conseil palestinien qui administre le camp selon lequel il n’entrerait pas sans sa permission. Toutefois, le Conseil n’a jamais fait cette demande et les autorités syriennes n’ont jamais demandé sa permission.

 

Cet accord tient toujours, bien que les forces palestiniennes qui défendent le camp contre Daesh aient récemment mis en place un commandement conjoint et coordonné leurs efforts avec l’armée syrienne qui fournit l’artillerie et le soutien aérien. En outre, l’armée a attaqué des zones voisines de Yarmouk qui sont des bastions de Daesh, afin d’empêcher qu’ils n’entrent à Yarmouk et/ou qu’ils n’approvisionnement les forces de Daesh dans le camp.

 

Rien n’indique que l’AAS empêche la distribution d’aide humanitaire dans Yarmouk. Malgré le siège, l’armée a autorisé le stockage de marchandises aux abords du camp et il a permis aux civils de l’intérieur de venir chercher l’aide pour la distribuer. Toutefois, le gouvernement veut que les civils partent, il ne veut pas que des personnes supplémentaires s’installent dans le camp et il répugne à laisser entrer des étrangers, en particulier du fait qu’ils n’y sont pas en sécurité. Néanmoins, il a permis à des ONG humanitaires, comme l’UNRWA, de distribuer de l’aide à peu près la moitié du temps.

 

Il y a donc eu un flux modeste mais insuffisant d’aide aux résidents du camp jusqu’à ce que Daesh envahisse une grande partie du secteur. Pendant les combats pour défendre le camp et reprendre les zones occupées par Daesh, il était beaucoup trop dangereux de distribuer de l’aide, ce qui a eu des conséquences désastreuses pour les civils restants. Par conséquent, le nombre de résidents civils a probablement chuté à moins de la moitié des 18 000 (l’estimation initiale), malgré leur peur de partir.

 

 

L’armée syrienne a-t-elle utilisé des bombes barils (**) sur Yarmouk ?

 

Aucune utilisation de bombes barils n’a été enregistrée à Yarmouk avant l’arrivée de Daesh, fin mars 2015. Leur utilisation en avril 2015 est confirmée, même si le nombre de victimes qu’ont fait ces munitions est infime. Une ou peut-être deux bombes barils semblent avoir été larguées dans la rue devant l’hôpital de la Palestine dans le camp, mais sans faire de victimes. Des nombres plus élevés de victimes ont été mentionnés, mais sans que la preuve en ait été apportée.

 

Au cours de combats les plus violents, la Force aérienne syrienne (FAAS) a utilisé deux bombes conventionnelles larguées par des avions à réaction et des bombes barils sur le bastion de Daesh de Hajar al-Aswad et la partie adjacente de Yarmouk. Les résidents ont entendu des dizaines d’explosions, mais on ne sait pas combien venaient de Yarmouk même, ni combien de victimes il a pu y avoir, ni combien parmi elles étaient des civils. Un total de 18 victimes civiles a été dénombré dans l’ensemble de Yarmouk au cours d’une semaine de combats intensifs au début d’avril, mais aucune n’est due aux bombes barils et on ne sait pas qui est responsable de ces meurtres.

 

 

Est-ce que l’armée syrienne massacre des civils ?

 

L’un des principaux reproches contre les bombes barils et les tactiques de l’AAS est qu’elles causent d’énormes pertes civiles. Il ne fait aucun doute qu’il y a eu un nombre disproportionné de victimes civiles dans certains cas. Globalement, toutefois, le nombre de civils tués par les forces gouvernementales et les loyalistes est inférieur au nombre de victimes chez les soldats eux-mêmes, peut-être même que deux combattants sont morts pour chaque civil tué. Jamais, depuis la première guerre mondiale, ça n’a été le cas pour les forces américaines.

 

Quant aux «bombes barils», les allégations de leur utilisation contre des civils et de leur barbarie insensée ne tiennent pas. Comme toutes les bombes, elles sont faites d’explosifs, parfois avec l’ajout de projectiles. À cet égard, elles ne sont pas différentes de nombreuses sortes de munitions explosives utilisées par les forces militaires à travers le monde. Elles sont conçues pour détruire, y compris la vie.

 

Voilà les reproches qu’on leur fait :

 

a) elles sont par nature aveugles et atteignent des cibles non voulues

b) elles sont presque toujours utilisées contre les civils.

 

Le premier reproche est manifestement faux. Les bombes conventionnelles sont habituellement larguées par des chasseurs-bombardiers à haute vitesse et souvent à proximité de la cible. Dans la guerre syrienne comme dans les autres, la rapidité du largage protège contre le feu ennemi en provenance du sol. Cette vitesse réduit également la précision, mais la proximité relative de la cible compense sensiblement cet inconvénient.

 

Les bombes barils sont généralement larguées d’une hauteur qui est hors de portée du feu du sol. Cependant, elles sont lâchées à partir d’hélicoptères fixes, qui permettent une plus grande précision qui compense l’inconvénient de la hauteur. Selon les rapports, aucune bombe baril ne manque sa cible (bien que parfois la cible sélectionnée puisse résulter de mauvais renseignements).

 

On sait que des milliers de bombes barils ont été utilisées par la FAAS depuis 2012, date à laquelle elle a commencé à les utiliser, et qu’il y a eu des milliers de victimes de ces armes. Malheureusement, on n’en sait pas davantage à l’exception de cas anecdotiques. Bien que certaines bombes n’aient provoqué que des dégâts matériels, d’autres ont causé 25 victimes ou davantage. Les données disponibles ne fournissent pas beaucoup de statistiques, comme, par exemple, le nombre moyen de victimes par bombe. Font-elles plus ou moins de victimes que les bombes conventionnelles ou que les drones américains, par exemple ? Combien de victimes sont des civils et combien des combattants ? Nous ne le savons pas, mais le nombre total de victimes civiles demeure anormalement bas par rapport à la plupart des autres conflits du siècle dernier.

 

Ce qui semble clair, c’est que la presse occidentale, les gouvernements et les ONG ont présenté les bombes barils comme des armes diaboliques. La raison semble en être que, alors que les bombes conventionnelles font tout autant de dégâts et de victimes (et sont largement utilisées par le gouvernement ukrainien), les arsenaux occidentaux ne contiennent pas de bombes barils. Si ces armes peuvent être suffisamment vilipendées en fonction du type d’arme plutôt que de leur mode d’utilisation, il sera possible de condamner les forces militaires syriennes pour leurs armes inhumaines, sans que cela n’entache les nations qui utilisent des armes différentes, même celles qui sont autant sinon plus destructrices.

 

Curieusement, les bombes DIME (***) proprement inhumaines et les armes au phosphore blanc utilisées dans la bande de Gaza n’ont pas provoqué la même condamnation, bien que le ratio des victimes militaires israéliennes par rapport aux victimes civiles ait été jusqu’à 100 fois plus élevé que pour l’armée syrienne.

 

Pourquoi, alors, Amnesty International, Human Rights Watch (HRW), Chris Gunness de l’UNRWA, et la plupart des agences de presse occidentales condamnent-ils le gouvernement syrien pour l’utilisation de bombes barils, et l’accusent-ils d’affamer les habitants du camp et de les empêcher de partir ? Les Palestiniens et leurs partisans sont habitués à ce que l’information sur la Palestine soit fausse et biaisée. Ils savent que les médias occidentaux font des heures supplémentaires pour protéger Israël. C’est leur mission. Peuvent-ils croire que ces organismes soient objectifs en ce qui concerne la Syrie ?

 

L’Occident, Israël, les monarchies du Golfe, la Turquie et les nombreux courtisans et marionnettes des puissances occidentales ont annoncé très clairement leur intention de renverser le gouvernement syrien, en violation de la Charte des Nations Unies et d’autres lois internationales prohibant les guerres d’agression, et en violation de la souveraineté syrienne.

 

Amnesty International, HRW et d’autres ONG des droits de l’homme n’ont pas une seule fois reconnu l’un de ces faits en ce qui concerne la Syrie. Au contraire, ils ont soutenu la pression illégale de l’ouest pour un changement de régime.

 

N’est-il pas tout à fait évident que les institutions et les médias occidentaux déforment leur couverture de la Syrie pour l’adapter à leur objectif ?

 

On dirait que non, même pour les personnes qui devraient être plus avisées, habituées comme elles le sont à voir de telles distorsions dans les rapports sur la Palestine.

 

 

Par Paul Larudee (dissidentvoice.org), traduction : Dominique Muselet - arretsurinfo.ch – le 23 avril 2015.

le 21 avril 2015

 

(*) Paul Larudee est l’un des fondateurs des mouvements Free Gaza et Free Palestine et un des organisateurs de l’International Solidarity Movement.


(**) Bombe baril : est un engin explosif improvisé qui consiste en un baril rempli d’explosifs, de combustible et de ferraille. Elles sont généralement lancées depuis un hélicoptère, mais peut l'être également par un avion… (Source Wikipédia

 

(***) Le Dense Inert Metal Explosive (DIME) est une munition à base d'une enveloppe en fibres de carbone contenant un explosif mélangé à un alliage de poudre de tungstène avec également du cobalt, du nickel ou du fer. Sa production à usage militaire a débuté au début des années 2000. (Source Wikipédia) - Note :

http://www.humanite.fr/israel-utiliserait-le-dime-une-arme-particulierement-effroyable-547262.

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Propagande nazie sur les ondes de France Info

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Propagande nazie sur

les ondes de France Info

Par Laurent Brayard

 

Hier alors que le match de Coupe d’Europe entre le club breton de Guingamp et le Dynamo de Kiev s’annonçait, France Info nous servait sur ses ondes de la propagande nazie. Le reportage tournait autour de la rencontre d’un reporter français avec les Ultras du Dynamo de Kiev, l’équivalent des supporters du PSG, aux crânes rasés et à la mine patibulaire. Toute la journée, nous avons donc eu en boucle le droit à un exercice de manipulation psychologique dans lequel les médias français sont passés maîtres…

 

 

Bataillon Azov

 

L’entretien avec les supporters est venu très vite après une anodine supportrice qui faisait don « de dentifrices, de savons et de petites choses pour les combattants du front », sur le thème des engagements des supporters dans les bataillons paramilitaires ukrainiens.


Nous fûmes effarés d’entendre les Ultras, association très connue en Ukraine pour avoir déployé des drapeaux nazis, des banderoles aux slogans racistes, antisémites et faisant l’apologie du nazisme, expliquer dans le micro du reporter français Jérôme Cadet très complaisant que de nombreux supporters s’étaient engagé dans les rangs du bataillon Azov, devenu régiment Azov, une unité paramilitaire mal contrôlée par l’Armée ukrainienne, dont les « soldats » sont continuellement pris en photo avec des tee-shirts arborant des insignes nazis, des tatouages honorant Adolf Hitler, des runes nazis, des slogans non équivoques à caractère raciaux.

 

Pourtant l’un des responsables explique que les cris scandés et les manifestations ostentatoires ont été modérés depuis… C’était un peu comme nous expliquer comment durant les Jeux Olympiques de 1936, Hitler donna l’ordre de « nettoyer » la ville de Berlin de toutes les pancartes et marques raciales et antisémites. Plus loin, un « spécialiste ukrainien du football », lui-même ancien supporter du club de Dniepropetrovsk, nous explique qu’il n’y a pas d’engagement politique chez les supporters : « leur seule motivation est de mettre le bazar dans les rues, d’affronter la Police, de déclencher l’Anarchie, de boire, la débauche », bref selon l’interlocuteur un comportement normal de hooligans…


http://www.franceinfo.fr/actu/monde/article/ukraine-les-supporters-du-dynamo-kiev-la-tete-aussi-la-guerre-649381

 

Un dernier intervenant nous explique alors calmement que les Ultras furent à la pointe du Maïdan. Par leur grande expérience des combats de rue et des émeutes contre la Police, ils furent une des causes majeures de la réussite de la « Révolution ».

 

 

Crimes de guerre

 

France Info oublie sans doute que les SA, les sections d’assaut lancées dans la rue par Hitler n’avaient pas d’autres buts dans les années 20 et 30 que de faire le coup de poing dans la rue, de répandre la terreur, de tabasser les opposants communistes et les Juifs.

 

Ces groupes paramilitaires n’ont jamais eu d’autres buts que d’être justement l’avant-garde répressive et violente, annonçant la couleur sur la nature du régime.


Le bataillon Azov ; sans doute Jérôme Cadet l’oublie-t-il dans sa grande ignorance (ou pas si ignorant que cela ?) ; est accusé par Amnesty International, selon des rapports incontestables d’exactions gravissimes à l’encontre des russophones dans la région de Marioupol : violations des droits de l’Homme, humiliations publiques, passages à tabac, pillages, viols, enlèvements et meurtres de personnes, tortures sur des prisonniers, exécutions d’otages de prisonniers.

 

Que dire non plus de la tentative du 14 octobre 2014, de membres des bataillons Azov et Aydar, accompagnés d’une foule hystérique et chauffée à blanc de s’emparer par la force de la Rada à Kiev, le jour de la célébration de la création de l’UPA, l’Armée Populaire d’Ukraine fondée par le nazi ukrainien Stepan Bandera ?

 

Si Jérôme Cadet nous explique bien que les Ultras sont partiellement d’extrême droite, il est curieux de voir condamner l’antisémitisme en France notamment lors de la profanation de tombes à Sarre-Union, mais d’en faire l’apologie à travers un reportage honteusement déformé en parlant à trois reprises « de guerre contre la Russie », ce qui est en soit une déformation de l’information.

 

Rappelons que le bataillon Azov utilise la rune du loup, le Wolfsangel, rune SS inversée dans le cas d’Azov, exactement similaire à celle de la division SS Das Reich qui commit l’abominable massacre à Oradour-sur-Glane le 10 juin 1944.

 

Jérôme Cadet et France Info ne tombent-ils pas dès lors sous le coup de la justice pour la diffusion d’un programme faisant l’apologie du nazisme ? Mais peut-être les néo-nazis du bataillon Azov sont-ils Charlie et donc des intouchables…

 

 

La vierge éplorée

 

Ce matin, après la défaite de Guingamp, trois buts à un, France Info s’étonne que les supporters ukrainiens ne se soient pas comportés comme des « démocrates » dans le stade : http://www.franceinfo.fr/actu/europe/article/incidents-l-issue-de-kiev-guingamp-voulu-tuer-nos-supporters-649879

 

« Je n’ai pas vu des supporters, j’ai vu une meute, il n’y a pas d’autres mots, avec des gens assoiffés de violence. Ils voulaient en découdre et je crois tuer nos supporters a déclaré le président d’En-Avant Guingamp Bertrand Desplat, sous le choc : je suis complètement halluciné par ce spectacle ».

 

Pensez-vous, Monsieur Cadet qu’en déclarant que « parfois même ils sont de l’extrême droite », vous pouviez cacher la nature même des Ultras du Dynamo de Kiev et le caractère avéré et non contestable de néonazisme que tous les supporters et tous les volontaires du bataillon Azov prônent depuis des mois ?

 

Comment répondrez-vous aux familles russophones de ceux qui ont été torturés et massacrés dans la région de Marioupol, comment expliquerez-vous que vous avez en boy scout fait l’apologie de violeurs et d’assassins ? Parfois même de jeunes filles pas même mineures, seulement parce qu’elles étaient russophones ? Comment justifierez-vous les slogans racistes « Moskals » ou « doryphores » qui appellent régulièrement au meurtre et à l’extermination des populations russophones en Ukraine ?

 

Monsieur Cadet, vous êtes vous-mêmes sous le coup de la loi, nous espérons que jamais vous n’ayez à retrouver les cadavres de votre famille massacrée par des fous dangereux comme vos « amis » du club des Ultras et du bataillon Azov. Vous vous êtes déshonorés et avec vous toute la profession du journalisme en France.

 

 

 

Par Laurent Brayard (*) - Novorossia Vision - le 27 février 2015

  

(*) Laurent Brayard : né à Clermont-Ferrand (origines dans la Bresse et le Lyonnais). Historien spécialiste des Armées de la Révolution et de l’Empire, secrétaire de la SEHRI, la société d’études historiques révolutionnaires et impériales et membre correspondant de la Société d’Émulation de l’Ain, l’une des plus anciennes sociétés savantes de France (créée en 1746). Rédacteur et journaliste à La Voix de la Russie vivant à Moscou depuis bientôt deux ans. Il poursuit ses travaux historiques en Russie et écrit un livre sur une famille russe durant la tourmente de la Seconde Guerre mondiale, de 1940 à 1948… (Source : ici)


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Europe. Après le rapport du Sénat américain sur la torture, les gouvernements complices doivent prendre des mesures

Europe. Après le rapport du Sénat américain sur la torture, les gouvernements complices doivent prendre des mesures | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Source de la carte : amnesty.fr



Europe. Après le rapport du Sénat américain

sur la torture, les gouvernements complices

doivent prendre des mesures

 

Les gouvernements européens ayant participé au programme secret de détentions, d’interrogatoires et de tortures de la CIA, dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme » lancée par les États-Unis, doivent agir d’urgence pour traduire les responsables en justice, après la production d’un rapport du Sénat américain apportant de nouvelles informations, écrit Amnesty International dans une synthèse rendue publique mardi 20 janvier.

 

Dans Breaking the conspiracy of silence : USA’s European » partners in crime » must act after Senate torture report, Amnesty International montre que le rapport du Sénat concorde avec les informations faisant état de l’existence de sites secrets en Lituanie, en Pologne et en Roumanie. D’autres gouvernements auraient facilité ces opérations secrètes, notamment l’Allemagne, l’ex-République de Macédoine et le Royaume-Uni. Certains de ces gouvernements ont collaboré avec la CIA en l’échange de millions de dollars américains.

 

La synthèse souligne également le manque de diligence des gouvernements concernés quant à l’ouverture et la direction d’enquêtes exhaustives et efficaces.

 

« Sans l’aide européenne, les États-Unis n’auraient pas été en mesure de détenir en secret et de torturer des gens pendant tant d’années. Le rapport du Sénat montre très clairement que les gouvernements étrangers étaient essentiels à la « réussite » des opérations de la CIA, et cela fait près de dix ans que des indices s’accumulent concernant la participation active d’alliés européens », a déclaré Julia Hall, spécialiste du contre-terrorisme et des droits humains à Amnesty International.

 

« Le temps du déni et des dissimulations est révolu. Les gouvernements ne peuvent plus compter sur des motifs infondés de « sécurité nationale » et de secret d’État pour dissimuler la vérité sur leur rôle dans la torture et la disparition de plusieurs personnes. Il faut que la justice soit rendue pour tous ceux qui ont subi des pratiques cruelles (simulacre de noyade, agressions sexuelles et simulacres d’exécution, entre autres), caractéristiques de ces opérations illégales de lutte contre le terrorisme ».

 

« L’incroyable dérive des États-Unis par rapport à la primauté du droit, après les attentats du 11 septembre 2001, peut servir de mise en garde pour tous les gouvernements confrontés à des situations similaires. Ignorer les droits humains et les libertés civiles est un tort, moralement et légalement. Une telle attitude aliène certains citoyens et peut encourager d’autres gouvernements déjà enclins à violer les droits des personnes en prenant la « sécurité nationale » pour prétexte », a déclaré Julia Hall.

 

« Toutes les lois, politiques et pratiques antiterroristes doivent respecter les droits humains et la dignité fondamentale des individus. C’est un principe particulièrement important en ces temps troublés en Europe, alors que les Français et d’autres gouvernements doivent faire face aux terribles attentats survenus à Paris », a-t-elle précisé.

 

Le rapport du Sénat a déclenché une série de réactions d’anciens et actuels fonctionnaires européens, y compris des aveux essentiels de participation aux opérations de la CIA. Le rapport du Sénat lui-même ne désigne pas explicitement les pays européens impliqués, mais des informations crédibles et publiques, ainsi que les données recueillies par Amnesty International, donnent des détails précis sur des centres de détention et de torture secrets dirigés par les États-Unis avec l’aide de ses partenaires gouvernementaux étrangers (voir ci-après).

 

 

Pologne

 

Après la publication du rapport du Sénat, deux anciens fonctionnaires polonais ont finalement admis que la Pologne avait accueilli un site de détention secret de la CIA. Le rapport du Sénat fait référence au « Detention Site Blue » et fournit des détails sur le site qui concordent avec des informations publiques visant un site secret de la CIA en Pologne. Il complète ainsi deux décisions de la Cour européenne des droits de l’homme émises en juillet 2014, selon lesquelles la Pologne était complice du programme secret de « restitution » et de détention secrète des États-Unis.


Parmi les exemples de « techniques renforcées d’interrogatoire », il a été mentionné qu’un ou deux hommes ont subi des simulacres de noyade, des simulacres d’exécution avec une arme non chargée, des menaces de mutilation à la perceuse, et des menaces d’agression sexuelle contre la mère de l’un des détenus. L’enquête criminelle en Pologne, lancée en 2008, a été retardée à plusieurs reprises et est toujours en cours. Un responsable polonais a déclaré à Amnesty International que le gouvernement américain a ignoré un certain nombre de demandes d’informations nécessaires à l’enquête.

 

 

Roumanie

 

Après des années de dénégation, l’ancien chef du service roumain des renseignements et conseiller en matière de sécurité nationale du président de l’époque a récemment admis que les Renseignements roumains avaient permis aux États-Unis d’ouvrir un ou deux centres de détention dans le pays. Il a expliqué cette coopération par le fait que la Roumanie était candidate à l’adhésion à l’Organisation du traité de l’Atlantique nord. Le rapport du Sénat fait référence au « Detention Site Black », dont la description correspond aux informations publiques faisant état d’un site secret de la CIA en Roumanie. Il a été signalé que la Roumanie avait reçu des millions de dollars du gouvernement américain. Les autorités roumaines ont déclaré qu’elles avaient ouvert une enquête et avaient demandé une version complète, non expurgée, du rapport du Sénat.

 

 

Lituanie

 

Après la publication du rapport du Sénat, un parlementaire précédemment chargé d’enquêter sur des allégations concernant l’existence d’un site secret a reconnu que le rapport indiquait que des détentions avaient effectivement eu lieu en Lituanie. Le rapport du Sénat fait référence au « Detention Site Violet » et contient des détails précis, notamment la détention au secret d’un ressortissant saoudien, qui coïncident avec les informations publiques relatives à un site secret de la CIA en Lituanie. Un groupe de députés lituaniens a déposé une motion au Parlement pour établir une nouvelle commission d’enquête sur la participation de la Lituanie aux opérations de détention secrète de la CIA.

 

 

Royaume-Uni

 

Le Royaume-Uni était sans doute l’allié le plus important des États-Unis dans les opérations de contre-terrorisme mondial de la CIA. Le rapport du Sénat contient une référence à l’implication possible du Royaume-Uni dans les opérations secrètes de détention et d’interrogatoire : la torture de l’ancien détenu de Guantánamo Bay, Binyam Mohammed.

 

Il a été dit que le Royaume-Uni avait désespérément fait pression pour que toute référence pouvant l’incriminer soit supprimée du document. Le rapport du Sénat ne dit pas si Diego Garcia (territoire britannique dans l’Océan Indien) a été utilisé comme point de transit ou lieu de détention dans le cadre de « restitutions », même si Amnesty International a longtemps demandé que les États-Unis et le Royaume-Uni fassent preuve de transparence quant à l’utilisation de ce territoire.

 

Le Premier ministre David Cameron a affirmé que le Royaume-Uni enquêtait sur les allégations selon lesquelles ses agents ont été impliqués dans des tortures et des mauvais traitements infligés à des détenus étrangers hors du territoire britannique, souvent en collaboration avec les États-Unis, mais cette affirmation ne résiste pas à l’examen. Amnesty International et d’autres organisations de défense des droits humains ont fait valoir que l’enquête menée par le comité des renseignements et de la sécurité du Parlement n’était pas indépendante et que ce travail serait bridé du fait que le gouvernement disposait d’un pouvoir discrétionnaire absolu sur la divulgation des informations au nom de la sécurité nationale.

 

 

Ex-République de Macédoine et Allemagne

 

Le rapport du Sénat a fourni plus d’informations concernant la « restitution », la torture et la disparition forcée du ressortissant allemand Khaled el Masri alors qu’il était détenu par les Américains. Cette affaire avait donné lieu à une décision de la Cour européenne des droits de l’homme en 2012. Le gouvernement macédonien n’a fait aucun commentaire sur le rapport et n’a pas encore appliqué la décision de la Cour européenne. Le gouvernement allemand n’a pas enquêté efficacement sur son propre rôle dans les opérations de la CIA, ni demandé l’extradition des États-Unis de treize anciens employés de la CIA soupçonnés d’avoir été impliqués dans la « restitution » de Khaled el Masri.

 

« Les gouvernements européens impliqués dans les opérations de la CIA contre le terrorisme doivent mener de toute urgence une enquête efficace et de grande ampleur, et réformer les lois, politiques et pratiques ayant rendu possibles de tels agissements, à la fois cruels et illégaux, a déclaré Julia Hall. Toutes les personnes responsables d’actes de torture et de disparitions forcées sur les territoires des États européens doivent être inculpées au pénal et rendre des comptes à l’issue d’un procès équitable. Les victimes de torture doivent obtenir justice ».

 

 

Par Ludovic LausAmnesty international – le 20 janvier 2015

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Torture, vous avez dit torture ?


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