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Grèce : Du bruit et de la fureur qui signifient beaucoup

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Photo : Paul Craig Robert

 

 

Grèce : Du bruit

et de la fureur

qui signifient

beaucoup

Par Paul Craig Robert

 

Toute l’Europe, tout comme les insouciants Américains et Canadiens, sont mis en demeure par les représentants du 1 %. Le message de la défaite de Syriza est que le système de protection sociale sera démantelé partout en Occident.

 

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a concédé aux 1 % le pillage des avancées dans la protection sociale obtenues par les Grecs dans le XXe siècle de l’après-Deuxième Guerre mondiale. Les retraites et les soins de santé pour les personnes âgées sont en voie de disparition. Le 1 % a besoin de l’argent.

 

Les îles grecques protégées, les ports, les compagnies des eaux, les aéroports, toute la panoplie du patrimoine national doivent être vendus aux 1 %. À des prix cassés, évidemment, mais les factures d’eau, qui arriveront ensuite ne seront pas négociables.

 

C’est la troisième étape de l’austérité imposée à la Grèce, austérité qui a nécessité la complicité des gouvernements grecs eux-mêmes. Les accords d’austérité servent de couverture au pillage du peuple grec, qui sera dépossédé littéralement de tout. Le FMI est l’un des membres de la troïka qui impose l’austérité, bien que les économistes du FMI aient dit que les mesures d’austérité se sont révélées une erreur. L’économie grecque a été ruinée par l’austérité. Pourtant, l’endettement de la Grèce a augmenté comme un fardeau. Chaque nouvelle cure d’austérité rend la dette moins remboursable.

 

Mais quand le 1 % pille, les faits n’ont aucun intérêt. L’austérité, qui est du pillage, a continué, bien que les économistes du FMI ne puissent pas la justifier.

 

La démocratie grecque s’est révélée impuissante. Le pillage continue malgré le vote d’il y a une semaine où le peuple grec l’a rejeté. Donc ce que nous observons avec Alexis Tsipras, c’est un Premier ministre élu qui ne représente pas le peuple grec, mais les 1 %.

 

Le soupir de soulagement des 1 % a été entendu tout autour de la terre. Le dernier parti européen de gauche, ou qui passe pour être de gauche, a été rappelé à l’ordre, exactement comme le Parti travailliste britannique, le Parti socialiste français, et tous les autres.

 

Sans idéologie pour la soutenir, la gauche européenne est morte, exactement comme le parti démocrate aux États-Unis. Avec la mort de ces partis politiques, le peuple n’a plus du tout de voix. Un gouvernement dans lequel le peuple ne peut faire entendre sa voix n’est pas une démocratie. Nous le voyons clairement en Grèce. Une semaine après que le peuple grec s’était exprimé de manière décisive dans un référendum, son gouvernement l’ignore et compose avec le 1 %.

 

Le parti démocrate américain est mort avec la délocalisation des emplois, qui a détruit la base financière du parti qui se trouvait dans les syndicats des usines. La gauche européenne est morte avec l’Union soviétique.

 

L’Union soviétique était le symbole de l’existence d’une alternative socialiste au capitalisme. L’effondrement soviétique et la fin de l’Histoire ont privé la gauche d’un programme économique et l’ont laissée, au moins en Amérique, s’occuper de questions sociales telles que l’avortement, le mariage homosexuel, l’égalité des genres et le racisme, ce qui a sapé le soutien traditionnel de la gauche, la classe ouvrière. La lutte des classes a disparu dans la guerre entre hétérosexuels et homosexuels, Blancs et Noirs, hommes et femmes.

 

Aujourd’hui où les peuples occidentaux sont confrontés à un réasservissement et où le monde est confronté à une guerre nucléaire comme résultat de la prétention des néoconservateurs à être le peuple choisi par l’Histoire pour exercer l’hégémonie mondiale, la gauche américaine est occupée à haïr le drapeau des Confédérés.

 

La chute du dernier parti européen de gauche, Syriza, signifie qu’à moins que des partis plus déterminés émergent au Portugal, en Espagne et en Italie, le relais passera aux partis d’extrême droite – au parti pour l’Indépendance du Royaume-Uni de Nigel Farage, au Front national de Marine Le Pen en France, et aux autres partis qui défendent le nationalisme contre l’extermination nationale au sein des pays membres de l’Union européenne.

 

Syriza ne pouvait pas réussir une fois qu’il avait échoué à nationaliser les banques grecques en réponse à la détermination de l’UE de les mettre en faillite. Le 1 % grec a les banques et les médias, et l’armée grecque ne montre aucun signe qu’elle va se rallier au peuple. Ce que nous voyons ici est l’impossibilité d’un changement pacifique, comme l’ont expliqué Karl Marx et Lénine.

 

Les révolutions et les réformes fondamentales sont contrées ou détournées par les 1 % qui sont laissés en vie. Marx, contrarié par la défaite des révolutions de 1848 et instruit par sa conception matérialiste de l’histoire, a conclu, comme l’ont fait Lénine, Mao et Pol Pot, que laisser les membres de l’ordre ancien en vie signifiait la contre-révolution et le retour des peuples à l’asservissement. En Amérique latine, chaque gouvernement réformiste est en danger d’être renversé par les intérêts économiques états-uniens agissant conjointement avec les élites espagnoles. Nous voyons ce processus se dérouler aujourd’hui au Venezuela et en Équateur.

 

Dûment instruits, Lénine et Mao ont éliminé l’ordre ancien. L’holocauste de classe a été souvent plus grand que tout ce que les juifs ont subi dans l’holocauste racial nazi. Mais il n’y a pas de mémorial pour cela.

 

À ce jour, les Occidentaux ne comprennent pas pourquoi Pol Pot a vidé les zones urbaines. L’Occident rejette Pol Pot comme un psychopathe et un meurtrier de masse, un cas psychiatrique, mais Pol Pot agissait simplement en partant de la supposition que s’il permettait à des représentants de l’ordre ancien de rester, sa révolution serait renversée. Pour utiliser un concept juridique consacré par le régime de George W. Bush, Pol Pot a préempté la contre-révolution en frappant à l’avance et en éliminant la classe tentée par la contre-révolution.

 

Le conservateur anglais Edmund Burke disait que la voie du progrès passait par la réforme, et non par la révolution. L’élite anglaise, même si elle a traîné les pieds, a accepté les réformes au lieu d’avoir la révolution, justifiant ainsi Burke. Mais aujourd’hui, avec la gauche aussi totalement vaincue, le 1 % n’a pas à attendre l’acceptation des réformes. Se soumettre à leur pouvoir est la seule alternative.

 

La Grèce n’est que le commencement. Les Grecs poussés hors de leur pays par l’effondrement de leur économie, la disparition de leur système de sécurité sociale et un taux de chômage extraordinairement élevé vont passer leur pauvreté à d’autres pays de l’UE. Les membres de l’UE ne sont pas liés par des frontières nationales et peuvent émigrer librement. La fermeture du système d’aide en Grèce conduira les Grecs dans les systèmes d’aide d’autres pays de l’UE, qui seront fermés à leur tour par les privatisations du 1 %.

 

Les renclôtures [des biens communs, NdT] du XXIe siècle ont commencé.

 

 

 

Par Paul Craig Robert (CounterPunch) - traduit par Diane, relu par jj pour le Saker Francophone – le 15 juillet 2015

 

 

 

Paul Craig Roberts est un économiste et journaliste paléoconservateur américain. Au début des années 1980, il est sous-secrétaire du Trésor dans l’administration Reagan, et se fait connaître comme l’un des pères fondateurs de la Reaganomics, notamment par sa contribution à la réforme du « Tax Act » de 1981… (Source Wikipédia)

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Une alternative est possible au plan négocié entre Alexis Tsipras et les créanciers à Bruxelles

Une alternative est possible au plan négocié entre Alexis Tsipras et les créanciers à Bruxelles | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Une alternative est possible au

plan négocié entre Alexis Tsipras et

les créanciers à Bruxelles

Par Éric Toussaint (*)

 

Le 5 juillet 2015, à l’issue du référendum initié par le gouvernement d’Alexis Tsipras et le parlement hellène, le peuple grec a rejeté massivement la poursuite de l’aus

térité que voulaient lui imposer les institutions qui auparavant agissaient sous le nom de Troïka. C’est une splendide victoire de la démocratie.

 

Pourtant, s’il est mis en pratique, l’accord intervenu le lundi 13 juillet au matin, signifiera la poursuite de l’austérité dans le cadre d’un nouvel accord pluriannuel. Ce qui est en totale contradiction avec le résultat du référendum.

 

Cette proposition inclut l’abandon d’une série très importante d’engagements pris par Syriza lors de la campagne électorale qui lui ont permis d’obtenir une victoire d’une portée historique le 25 janvier 2015. Syriza a engagé sa responsabilité devant le peuple grec et il serait tragique qu’elle ne la respecte pas, d’autant que le peuple lui a apporté un appui très clair tant le 25 janvier que le 5 juillet 2015.

 

Les concessions faites aux créanciers par le gouvernement grec portent sur les retraites, avec une nouvelle diminution de leur montant (alors que Syriza s’était engagé à rétablir le 13e mois pour les retraites inférieures à 700 euros par mois) et un allongement de l’âge de départ, les salaires qui resteront comprimés, les relations de travail qui seront encore plus précarisées, l’augmentation des impôts indirects y compris ceux supportés par les bas revenus, la poursuite et l’accélération des privatisations, l’accumulation de nouvelles dettes illégitimes afin de rembourser les précédentes, le transfert des actifs grecs de valeur dans un fonds indépendant, la poursuite de l’abandon d’éléments importants du droit à l’autodétermination, la limitation du pouvoir législatif au profit de celui des créanciers...

 

Contrairement à ceux qui affirment qu’en échange de ces concessions néfastes, la Grèce obtiendra trois ans de répit et pourra relancer de manière importante l’activité économique, la réalité montrera qu’avec le maintien de la compression de la demande des ménages et de la dépense publique, il sera impossible de dégager l’excédent budgétaire primaire annoncé dans le plan.

 

Les conséquences néfastes sont inéluctables : dans quelques mois ou au début de l’année prochaine au plus tard, les créanciers attaqueront les autorités grecques pour non-respect de leurs engagements en termes d’excédent budgétaire primaire et avanceront de nouvelles exigences. Il n’y aura pas de répit pour le peuple et pour le gouvernement grecs. Les créanciers menaceront de ne pas débourser les sommes prévues si de nouvelles mesures d’austérité ne sont pas adoptées. Les autorités grecques seront prises dans l’engrenage des concessions |2|.

 

La Commission pour la Vérité sur la Dette publique instituée par la présidente du Parlement grec a établi dans son rapport préliminaire rendu public les 17 et 18 juin 2015 que la dette réclamée par les actuels créanciers doit être considérée comme illégitime, illégale et odieuse. La Commission a également démontré que son remboursement est insoutenable. Sur la base d’arguments fondés sur le droit international et le droit interne, le gouvernement grec peut suspendre de manière souveraine le paiement de la dette afin que l’audit des dettes soit conduit à son terme. Une telle suspension de paiement est tout à fait possible.

 

Depuis février 2015, la Grèce a remboursé 7 milliards d’euros aux créanciers sans que ceux-ci versent les 7,2 milliards qui devaient l’être dans le cadre du programme qui a pris fin au 30 juin 2015. D’autres sommes auraient dû être versées à la Grèce et ne l’ont pas été : les intérêts perçus par la BCE sur les titres grecs, le solde prévu pour la recapitalisation des banques, etc. Si la Grèce suspend le paiement de la dette à l’égard des créanciers internationaux, elle économisera près de 12 milliards d’euros qu’elle est supposée leur rembourser d’ici la fin de l’année 2015 |3|. En suspendant le paiement de la dette, les autorités grecques amèneraient les créanciers à faire des concessions. Une réduction radicale du montant de la dette pourrait en découler soit par la voie de la négociation, soit par celle de la répudiation.

 

Il est possible de rester dans la zone euro tout en prenant de manière souveraine une série de mesures d’autodéfense et de relance de l’économie.

 

Chacun a pu faire le constat qu’il est impossible de convaincre par la simple discussion la Commission européenne, le FMI, la BCE et les gouvernements néolibéraux au pouvoir dans les autres pays européens de prendre des mesures qui respectent les droits des citoyens grecs ainsi que ceux des peuples en général.

 

Le référendum du 5 juillet qu’ils ont combattu ne les a pas convaincus. Au contraire, bafouant les droits démocratiques fondamentaux, ils ont radicalisé leurs exigences. Sans prendre des mesures souveraines fortes d’autodéfense, les autorités et le peuple grecs ne pourront pas mettre fin à la violation des droits humains perpétrés à la demande des créanciers.

 

Toute une série de mesures devrait être prise à l’échelle européenne pour rétablir la justice sociale et une authentique démocratie. Techniquement, il n’est pas compliqué de les prendre, mais il faut bien constater que dans le contexte politique et avec les rapports de force qui prévalent dans l’Union européenne, les pays avec un gouvernement progressiste ne peuvent pas espérer être entendus ni soutenus par la Commission européenne, la BCE, le Mécanisme européen de stabilité.

 

Au contraire, tant ces institutions que le FMI et les gouvernements néolibéraux en place dans les autres pays combattent activement l’expérience en cours en Grèce afin de démontrer à tous les peuples d’Europe qu’il n’y a pas d’alternatives au modèle néolibéral. En revanche, par des mesures fortes, les autorités grecques peuvent leur arracher de véritables concessions ou simplement les obliger à prendre acte des décisions prises. Il est fondamental également de fonder une stratégie alternative en suscitant des mobilisations populaires massives en Grèce et dans les autres pays d’Europe. Les autorités grecques pourraient s’appuyer dessus pour empêcher les tentatives d’isolement que ne manqueront pas d’organiser toutes les forces opposées aux changements en faveur de la justice sociale. En retour, une telle démarche du gouvernement grec renforcerait les mobilisations populaires et la confiance en leurs propres forces des citoyens mobilisés.

 

À côté de la suspension du paiement de la dette illégitime, illégale, odieuse et insoutenable, voici quelques propositions à soumettre d’urgence au débat démocratique, car elles sont de nature à aider la Grèce à se relever.

 

— 1. Les pouvoirs publics grecs constituent de loin l’actionnaire majoritaire des grandes banques grecques (représentant plus de 80 % du marché bancaire grec) et devraient donc exercer pleinement le contrôle des banques afin de protéger l’épargne des citoyens et relancer le crédit interne pour soutenir la consommation. D’une part, il conviendrait de tirer les conséquences de la participation majoritaire de l’État dans les banques en leur conférant un statut d’entreprise publique. L’État devrait organiser une faillite ordonnée de ces banques en veillant à protéger les petits actionnaires et les épargnants. Il s’agit de récupérer le coût de l’assainissement des banques sur le patrimoine global des gros actionnaires privés, car ce sont eux qui ont provoqué la crise et ont ensuite abusé du soutien public.

 

Une bad bank serait créée pour isoler les actifs toxiques en vue d’une gestion extinctive. Il faut une fois pour toutes faire payer les responsables de la crise bancaire, assainir en profondeur le secteur financier et le mettre au service de la population et de l’économie réelle.

 

— 2. Les autorités grecques doivent réquisitionner la banque centrale. À sa tête se trouve aujourd’hui Yannis Stournaras (placé à ce poste par le gouvernement d’Antonis Samaras) qui met toute son énergie à empêcher le changement voulu par la population. C’est un véritable cheval de Troie qui sert les intérêts des grandes banques privées et des autorités européennes néolibérales. La banque centrale de Grèce doit être mise au service des intérêts de la population grecque.

 

— 3. Les autorités grecques ont également la possibilité de créer une monnaie électronique (libellée en euro) à usage interne au pays. Les pouvoirs publics pourraient augmenter les retraites ainsi que les salaires de la fonction publique, payer les aides humanitaires aux personnes en leur ouvrant un crédit en monnaie électronique qui pourrait être utilisé pour de multiples paiements : facture d’électricité, d’eau, paiement des transports en commun, paiement des impôts, achats d’aliments et de biens de première nécessité dans les commerces, etc.

 

Contrairement à un préjugé infondé, même les commerces privés auraient tout intérêt à accepter volontairement ce moyen de paiement électronique, car cela leur permettra à la fois d’écouler leurs marchandises et de régler des paiements à l’égard des administrations publiques (paiement des impôts et de différents services publics qu’ils utilisent). La création de cette monnaie électronique complémentaire permettrait de diminuer les besoins du pays en euros. Les transactions dans cette monnaie électronique pourraient être réalisées par les téléphones portables comme c’est le cas aujourd’hui en Équateur.

 

Le gouvernement pourrait également émettre de titres publics en papier sous forme de IOU’s (I Owe You), équivalents à des billets d’euro : 10 euros, 20 euros... pour faire face à la pénurie de billets en circulation. Ils présentent un avantage par rapport à la drachme, car ils laissent la porte ouverte à la négociation et permettent à la Grèce de rester formellement dans la zone euro.

 

— 4. Le contrôle sur les mouvements de capitaux doit être maintenu de même que doit être mis en place un contrôle des prix à la consommation.

 

— 5. L’organisme chargé des privatisations doit être dissout et doit être remplacé par une structure publique de gestion des biens nationaux (avec arrêt immédiat des privatisations) chargée de protéger le patrimoine public tout en générant des revenus.

 

— 6. De nouvelles mesures doivent être adoptées dans un souci de justice fiscale en vue de renforcer très nettement celles déjà prises, notamment en décidant de taxer très fortement les 10 % les plus riches (et en particulier le 1 % le plus riche) tant sur leurs revenus que sur leur patrimoine. De même, il convient d’augmenter fortement l’impôt sur les bénéfices des grandes entreprises privées et de mettre fin à l’exemption fiscale des armateurs. Il faut aussi taxer plus fortement l’Eglise orthodoxe qui n’a versé que quelques millions d’euros d’impôts en 2014.

 

— 7. Une réduction radicale des impôts sur les bas revenus et les petits patrimoines doit être décidée, ce qui bénéficierait à la majorité de la population. Les taxes sur les produits et services de première nécessité doivent baisser radicalement. Une série de services de première nécessité doivent être gratuits (électricité et eau limitées à une certaine consommation, transports publics, etc.). Ces mesures de justice sociale relanceront la consommation.

 

— 8. La lutte contre la fraude fiscale doit être intensifiée avec la mise en place de mesures très dissuasives contre la grande fraude fiscale. Des sommes importantes peuvent être récupérées.

 

— 9. Un vaste plan public de création d’emplois doit être mis en œuvre pour reconstruire des services publics dévastés par des années d’austérité (par exemple, en matière de santé et d’éducation) et pour poser les premiers jalons de la nécessaire transition écologique.

 

— 10. Ce soutien au secteur public doit être accompagné de mesures visant à apporter un soutien actif à la petite initiative privée qui joue un rôle essentiel aujourd’hui en Grèce à travers les microentreprises.

 

— 11. Réaliser une politique d’emprunt public interne via l’émission de titres de la dette publique à l’intérieur des frontières nationales. En effet, l’État doit pouvoir emprunter afin d’améliorer les conditions de vie des populations, par exemple en réalisant des travaux d’utilité publique. Certains de ces travaux peuvent être financés par le budget courant grâce à des choix politiques affirmés, mais des emprunts publics peuvent en rendre possibles d’autres de plus grande envergure, par exemple pour passer du « tout automobile » à un développement massif des transports collectifs, développer le recours aux énergies renouvelables respectueuses de l’environnement, créer ou rouvrir des voies ferrées de proximité sur tout le territoire en commençant par le territoire urbain et semi-urbain, ou encore rénover, réhabiliter ou construire des bâtiments publics et des logements sociaux en réduisant leur consommation d’énergie et en leur adjoignant des commodités de qualité. Il s’agit aussi de financer le vaste plan de création d’emplois proposé plus haut.

 

Il faut définir de toute urgence une politique transparente d’emprunt public. La proposition que nous avançons est la suivante :

 

 1. la destination de l’emprunt public doit garantir une amélioration des conditions de vie, rompant avec la logique de destruction environnementale ;

 

2. le recours à l’emprunt public doit contribuer à une volonté redistributive afin de réduire les inégalités. C’est pourquoi nous proposons que les institutions financières, les grandes entreprises privées et les ménages riches soient contraints par voie légale d’acheter, pour un montant proportionnel à leur patrimoine et à leurs revenus, des obligations d’État à 0 % d’intérêt et non indexées sur l’inflation, le reste de la population pourra acquérir de manière volontaire des obligations publiques qui garantiront un rendement réel positif (par exemple, 3 %) supérieur à l’inflation.

Ainsi si l’inflation annuelle s’élève à 2 %, le taux d’intérêt effectivement payé par l’État pour l’année correspondante sera de 5 %. Une telle mesure de discrimination positive (comparable à celles adoptées pour lutter contre l’oppression raciale aux États-Unis, les castes en Inde ou les inégalités hommes femmes) permettra d’avancer vers davantage de justice fiscale et vers une répartition moins inégalitaire des richesses.

 

Enfin, les autorités grecques doivent veiller à la poursuite du travail de la commission d’audit et des autres commissions qui travaillent sur les mémorandums et les dommages de guerre.

 

D’autres mesures complémentaires, discutées et décidées d’urgence démocratiquement, sont bien sûr susceptibles de venir compléter ce premier dispositif d’urgence qui peut être résumé avec les cinq piliers suivants :

 

  •  la prise de contrôle par l’État des banques et d’une partie de la création monétaire,

 

  •  la lutte contre la fraude fiscale et la mise en place d’une réforme fiscale juste apportant à l’État les ressources nécessaires pour la mise en œuvre de sa politique,

 

  • la protection du patrimoine public et sa mise au service de l’ensemble de la collectivité,

 

  •  la réhabilitation et le développement des services publics,

 

  •    le soutien à une initiative privée de proximité.

 

Il est également important d’engager la Grèce dans un processus constituant avec participation citoyenne active afin de permettre des changements démocratiques structurels. Pour réaliser ce processus constituant, il faut convoquer, via une consultation au suffrage universel, l’élection d’une assemblée constituante chargée d’élaborer un projet de nouvelle Constitution. Une fois le projet adopté par l’assemblée constituante qui devra fonctionner en recevant les cahiers de doléances et les propositions émanant du peuple, il sera soumis au suffrage universel.

 

En cas d’exclusion de la zone euro provoquée par les créanciers ou en cas de sortie volontaire de la zone euro, les mesures indiquées plus haut sont également adaptées, en particulier la socialisation des banques à l’instar de la nationalisation du système bancaire mis en France à la Libération. Ces mesures devraient être combinées avec une importante réforme monétaire redistributive pouvant s’inspirer de la réforme monétaire réalisée après la Seconde Guerre mondiale par le gouvernement belge. Cette réforme vise à opérer une ponction notamment sur les revenus de ceux qui se sont enrichis sur le dos des autres. Le principe est simple : il s’agit, lors d’un changement de monnaie, de ne garantir la parité automatique entre l’ancienne et la nouvelle monnaie (un ancien euro contre une nouvelle drachme par exemple) que jusqu’à un certain plafond.

 

Au-dessus de ce plafond, la somme excédentaire doit être placée sur un compte bloqué, et son origine justifiée et authentifiée. En principe, ce qui excède le plafond fixé est changé à un taux moins favorable (par exemple, deux anciens euros contre une nouvelle drachme) ; en cas d’origine délictueuse avérée, la somme peut être saisie. Une telle réforme monétaire permet de répartir une partie de la richesse de manière plus juste socialement.

 

Un autre objectif de la réforme est de diminuer la masse monétaire en circulation de manière à lutter contre des tendances inflationnistes. Pour qu’elle soit efficace, il faut avoir établi un contrôle strict sur les mouvements de capitaux et sur les changes.

 

Voici un exemple (bien sûr, les barèmes indiqués peuvent être modifiés après étude de la répartition de l’épargne liquide des ménages et adoption de critères rigoureux) :

 

1 € s’échangerait contre 1 nouvelle Drachme (n.D.) jusque 200.000 euros

1 € = 0,7 n.D. entre 200.000 et 500.000 euros

1 € = 0,4 n.D. entre 500.000 et 1 million d’euros

1 € = 0,2 n.D. au-dessus de 1 million d’euros

 

Si un foyer a 200.000 euros en liquide, il obtient en échange 200.000 n. D.

S’il a 400.000 euros, il obtient 200.000 + 140.000 = 340.000 n. D.

S’il a 800.000 euros, il obtient 200.000 + 210.000 + 120.000 = 530.000 n. D.

S’il a 2 millions d’euros, il obtient 200.000 + 210.000 + 200.000 + 200.000 = 810.000 n. D.

 

Une vraie logique alternative peut être enclenchée. Et la Grèce peut enfin cesser d’être sous la coupe de ses créanciers. Les peuples d’Europe pourraient retrouver l’espoir dans le changement en faveur de la justice.

 

 

Par Éric Toussaint (*) - cadtm.org – le 13 juillet 2015

  

Notes

|1| Eric Toussaint, docteur en sciences politiques des universités de Liège et de Paris VIII, est porte-parole du CADTM international. Il est le coordinateur scientifique de la Commission pour la Vérité sur la Dette publique instituée par la présidente du Parlement grec en avril 2015.

|2| L’auteur remercie Stavros Tombazos, Daniel Munevar, Patrick Saurin, Michel Husson et Damien Millet pour leurs conseils dans la rédaction de ce document. L’auteur porte néanmoins l’entière responsabilité du contenu de ce texte.

|3| 6,64 milliards d’euros et 5,25 milliards d’euros doivent être respectivement payés à la BCE et au FMI d’ici le 31 décembre 2015. Source : Wall Street Journal, http://graphics.wsj.com/greece-debt-timeline/ consulté le 12 juillet 2015.

 

 

(*) Eric Toussaint est maître de conférences à l’université de Liège, préside le CADTM Belgique et est membre du Conseil scientifique d’ATTAC France. Il est auteur des livres Procès d’un homme exemplaire, Editions Al Dante, Marseille, 2 013 ; Un coup d’œil dans le rétroviseur. L’idéologie néolibérale des origines jusqu’à aujourd’hui, Le Cerisier, Mons, 2 010. Il est coauteur avec Damien Millet du livre AAA, Audit, Annulation, Autre politique, Le Seuil, Paris, 2 012 ; La dette ou la vie, Aden/CADTM, Bruxelles, 2 011. Ce dernier livre a reçu le Prix du livre politique octroyé par la Foire du livre politique de Liège Dernier livre : Bancocratie ADEN, Brussels, 2 014. Il est coordonnateur de la Commission pour la Vérité sur la dette publique de la Grèce créée le 4 avril 2015.

 

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Angela, sans mémoire historique

Angela, sans mémoire historique | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


C’était à Londres en 1953, le  ministre des Finances grec et le chancelier allemand Adenauer signaient un traité effaçant 60% de la dette de l'Allemagne envers la Grèce !


Mais c'était en 1953 et avec des politiciens aussi véreux que les suivants !


Pour mémoire :

  • En 1946, l’Allemagne était condamnée à payer une somme de 7 milliards de dollars à la Grèce à titre de réparation pour l’occupation du pays durant les années 1941 à 1944, montant jamais payé suite à l'accord de Londres de 1953.
  • Malheureusement, en acceptant la réunification de l'Allemagne (entre RFA et RDA) dans le cadre du Traité de Moscou, la Grèce s’est privée de la possibilité de réclamer des réparations selon ce qu'a osé affirmer l’Allemagne par la suite.
  • Actualisée, cette dette vaudrait aujourd’hui plus de 80 milliards d’euros compte tenu des intérêts qui doivent s'y ajouter, soit une jolie somme qui permettrait à la Grèce de rembourser une partie de sa dette envers l’Union européenne.


Ces faits historiques permettent de découvrir le vrai visage des politiciens en cause dans l'actualité. Si, aujourd'hui, une nouvelle  politique honnête souffle sur la Grèce, c'est loin d'être la cas du côté de l'UE et encore moins du côté de l'Allemagne.


De plus, si les politiciens grecs d'avant étaient vendus, et si les riches en ont profité, ce n'est certainement pas la faute de la masse des pauvres gens à qui on n'a jamais demandé leur avis, mais (actuellement) cette même population subit ce que l'UE, le FMI et les autres brigands lui imposent !


Une certaine Angela devrait avoir honte d'avoir si peu de mémoire historique ! Un ascenseur, cela se renvoie !


Quant aux autres politiciens opposés, ce n'est qu'une bande de profiteurs vendus aux banques, au FMI et aux USA (cfr tout ce que "La Gazette" vous révèle chaque jour).


Pas jolie l'UE dictatoriale des puissants au service uniquement des puissants. Désolé pour les braves gens qui peuvent encore croire en l'Europe, mais il est plus que temps d'ouvrir les yeux et de bien s'informer !


Duc


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Celui ou celle qui ne peut comprendre cela ne possède aucun bon sens, ni intellectuel ni humanitaire ni juste !


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« L’UE doit être détruite ! » : déchainement d’euroscepticisme au Parlement européen

« L’UE doit être détruite ! » : déchainement d’euroscepticisme au Parlement européen | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : les membres du Parlement tiennet des pancartes « Freedom to Greece » (« Liberté pour la Grèce ») - Source : Reuters

 

  

« L’UE doit être détruite ! » : déchainement d’euroscepticisme au Parlement européen

 

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a été invité, mercredi 8 juillet, à participer à une séance plénière du Parlement européen. Sa présence a suscité un débat enflammé sur l’avenir de son pays et de toute l’Union.

 

« C’est un moment crucial pour la Grèce et pour la zone euro tout entière », a déclaré Alexis Tsipras en s’adressant mercredi matin aux membres du Parlement européen. Et cette phrase est devenue le leitmotiv de la séance. Alors que le dirigeant grec a appelé les parlementaires à respecter le choix démocratique de son peuple en prenant leurs décisions et estimé : « l’UE devra être démocratique où elle aura du mal à survivre », les représentants de l’Allemagne se sont mis à fustiger l’un après l’autre le gouvernement de Tsipras, en provoquant une réaction outragée des eurosceptiques.

 


« Tsipras a eu le courage de défier la politique

antidémocratique de l’Europe »

 

Un représentant de la délégation allemande, Manfred Weber du groupe PPE a fermement critiqué la politique du Premier ministre Alexis Tsipras, estimant qu’il était en train de « détruire la confiance en l’Europe ». « Vous engagez une provocation, et nous engageons un compromis. Vous détestez l’Europe, et nous l’aimons », a-t-il dit dans son intervention très mal accueillie par la délégation grecque.  

 

La position ferme des parlementaires allemands n’a pas recueilli beaucoup d’approbation au sein des délégués des autres pays. Le leader du parti eurosceptique britannique UKIP, Nigel Farage, a salué l’audace d’Alexis Tsipras qui défie la politique de l’UE. « Ils ne vont pas vous donner plus d’argent, mais si vous en avez le courage, vous devez conduire votre peuple à la sortie de la zone euro », a-t-il déclaré. Farage a également estimé que le plan de sauvetage de la Grèce ne visait pas à aider le peuple grec, mais les banques allemandes, françaises et belges.

 

 

  

« Les peuples de l’Europe commencent à montrer qu’ils n’ont jamais été consultés sur leur souhait de voir se construire cette union monétaire », a en outre estimé le parlementaire, disant qu’aucune organisation ne pouvait fonctionner si elle rassemblait des peuples aussi différents que ceux du sud et du nord de l’Europe.


« Je remercie M. Tsipras et le peuple grec » pour avoir eu le courage de « lancer un défi à cette cage antidémocratique qu’est l’Europe », et à la « monnaie unique que nous n’avons jamais souhaitée », a ajouté Matteo Salvini, un député italien de la Ligue du Nord. Ce dernier a aussi condamné les traités internationaux « abominables qui ont servi les intérêts des multinationales américaines et non de nos peuples et de nos ouvriers ».

 

 

 

« Il faut dissoudre de manière concertée la zone euro »

 

Les membres du groupe sociodémocrate (S & D) au sein du Parlement ont mis en garde contre un possible Grexit, qui serait désastreux pour l’UE. « L’avenir de l’Europe est en jeu, et pour le bien de l’Europe, les socialistes n’accepteront pas le Grexit », a déclaré le parlementaire italien Gianni Pittella. « Si la Grèce sort de l’euro, toute la construction de l’Europe, aujourd’hui stable et parfaite, va se démanteler », a estimé le député polonais Ryszard Legutko du groupe conservateur (ECR).


Ce n’est toutefois pas l’avis de Marine Le Pen, qui a également appelé à mettre fin à l’euro. « Vous n’avez pas peur que la Grèce fasse faillite, mais qu’elle montre qu’on peut sortir de la zone euro mieux qu’avant », a-t-elle lancé en s’adressant à la délégation allemande, en appelant Athènes à « tranquillement et d’une manière concertée sortir de l’euro ». 

 

 

 

 

« Il faut dissoudre de manière concertée la zone euro, et les tensions entre les peuples européens s’apaiseront enfin », a finalement estimé Le Pen.

 

Alors que certains intervenants appelaient à réfléchir à un « vrai compromis européen », c’est l’euroscepticisme radical qui a rapidement dominé l’hémicycle. « La question aujourd’hui est : peut-on réconcilier l’euro et la démocratie ? », a estimé la parlementaire espagnole Teresa Rodriguez-Rubio de la Gauche unitaire. « C’est triste à dire, mais l’euro ne marche pas », a dit le conservateur britannique Ashley Fox.

 

 

 

 

« Le projet européen doit être profondément repensé, sinon il est voué à l’échec », a pour sa part déclaré la députée italienne du groupe Démocratie directe (EFDD) Laura Ferrara en évoquant notamment « les défis fondamentaux qui pèsent sur l’UE : le problème des migrants et la crise que traverse la Grèce ». 

 

Quant au parlementaire polonais du groupe des non-inscrits, Janusz Korwin-Mikke, il a exprimé un verdict radical : « L’Union européenne doit être détruite ! » Cette position qui aurait paru extrême il y a quelques années, semble aujourd’hui gagner une partie importante des parlementaires européens quel que soit leur groupe.

 

 

 

Par francais.rt.com – le 8 juillet 2015.

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Un coup d’État sous nos yeux

Un coup d’État sous nos yeux | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Dessin de Haddad paru dans Al-Hayat, Londres.

 

 

Un coup d’État sous nos yeux

 

Jean-Claude Juncker avait donné le ton à la fin janvier : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens », avertissait le président de la Commission européenne, quatre jours après le vote des Grecs. Cinq mois plus tard, la vérité apparaît encore plus crue : aucun gouvernement ne sera toléré s’il ne respecte pas l’agenda néolibéral que s’est fixé l’Europe et auquel la crise de la dette va servir de levier. Du Sud au Nord, le modèle social européen sera démantelé pour rendre les travailleurs plus « compétitifs ». Coupable de résister à ce projet, le gouvernement de Syriza doit se soumettre ou s’en aller !

 

Exagérations ? Malheureusement pas. Car c’est bien à une tentative de coup d’État larvé à l’encontre d’Alexis Tsipras que l’on assiste. Le rejet mercredi du plan d’austérité proposé par Athènes – 8 milliards d’euros sur deux ans, pesant principalement sur les gros revenus et les entreprises – l’a mis en exergue de façon spectaculaire : le remboursement de la dette est aujourd’hui secondaire pour Bruxelles et Berlin, ce qui importe c’est d’étouffer toute velléité de suivre une voie alternative à la « flexibilisation » du marché du travail, à la baisse des revenus sociaux et aux privatisations.

 

Et pour acculer Tsipras, tous les moyens sont bons. Comme, par exemple, de multiplier les propos alarmistes afin de provoquer la panique chez les épargnants et causer une crise de liquidités. Ou, comme l’a fait la patronne du FMI, Christine Lagarde, de menacer de déclarer le défaut grec le 1er juillet, alors que les usages admettent un délai de grâce d’un mois.

 

À ce chantage financier s’ajoutent désormais des méthodes de déstabilisation politique dignes des pires puissances impériales. Ainsi, la volonté d’humilier publiquement le Premier ministre grec, en le convoquant mercredi matin pour – prétendument – affiner le compromis, mais, en réalité, lui signifier le veto des créanciers. À l’élève Tsipras, on rendit même une copie de son plan, raturée et commentée en rouge vif, du plus bel effet… Une vexation qui fait écho aux propos de Mme Lagarde, une semaine plus tôt, réclamant « un dialogue avec des adultes dans la pièce ».

 

Comme par enchantement, cet être de raison est apparu quatre jours plus tard à Bruxelles, sous les traits de Stavros Theodorakis, leader de To Potami, un petit parti d’opposition de « centre gauche » pesant 6 % de l’électorat, invité en grande pompe au dîner des chefs d’État lundi soir à Bruxelles, avant de rencontrer le lendemain le commissaire européen Pierre Moscovici. De quoi alimenter les rumeurs savamment distillées quant à la préparation d’un gouvernement d’« union nationale » sans Tsipras, alors que celui-ci dispose pourtant de la majorité au parlement...

 

Bien sûr, le gouvernement de Syriza ne s’effondrera pas pour si peu. Mais il faut travailler l’opinion, suggérer qu’une page se tourne et placer des pions pour la suite.

 

La prétendue « généreuse » proposition communiquée hier par les créanciers s’inscrit dans ce même élan. Inadmissible pour la majorité de Syriza (retraite à 67 ans, baisse des rentes pour les plus pauvres) comme pour ses alliés souverainistes (hausse de la TVA sur les îles, seconde coupe dans l’armée), elle vise à isoler Tsipras et à le jeter dans les bras de To Potami et du Pasok, ruinant le projet alternatif porté au pouvoir en janvier. Ou, au moins, à lui faire porter le chapeau de la rupture et de ses conséquences.

 

Quarante ans après les pays du tiers-monde, l’Europe ne fait pas seulement connaissance avec les plans d’ajustement structurel, mais aussi avec les méthodes de coercition politique qui ont servi à les imposer, avant la Grèce, en Amérique latine et en Afrique. Sous les yeux impassibles de millions d’Européens d’ores et déjà soumis à la dictature invisible des marchés.

 

 

Par Benito Perez - lecourrier.ch – le 27 juin 2015.

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Grèce : Alexis Tsipras convoque un référendum le 5 juillet

Grèce : Alexis Tsipras convoque un référendum le 5 juillet | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Alexis Tsipras a appelé à un référendum sur les propositions des créanciers (Crédits : YVES HERMAN)

 

 

Grèce : Alexis Tsipras convoque

un référendum le 5 juillet

 

Le Premier ministre hellénique a décidé de demander aux Grecs leur opinion sur les dernières propositions des créanciers. Et il s’est engagé pour le « non ».

 

Alexis Tsipras a donc finalement tranché dans le vif. À une heure du matin ce samedi 27 juin, dans une déclaration télévisée, le Premier ministre grec a annoncé qu’il convoquait les électeurs helléniques à se prononcer par référendum le 5 juillet prochain sur les dernières propositions des créanciers. Ce samedi, le Parlement grec, la Vouli, sera convoqué pour donner son feu vert à la procédure.

 

 

Alexis Tsipras et Syriza pour le non

 

Alexis Tsipras n’a pas caché qu’il considérait que les propositions des créanciers étaient pour lui inacceptables. Il avait refusé vendredi soir ce qu’Angela Merkel appelait « une offre généreuse. » « Les créanciers ont semblé vouloir chercher à humilier l’ensemble du peuple grec », a-t-il affirmé. Il a fustigé le « chantage » de ce qu’il a considéré comme un ultimatum des créanciers. Il n’a pas réellement dissimulé que ces propositions n’avaient pas son soutien puisqu’elles « violent les droits fondamentaux de l’Europe. » Un peu plus tard, sept ministres du gouvernement ont annoncé qu’ils appelaient à voter « non. » Syriza va donc sans doute faire campagne pour le rejet des propositions.

 

 

Des négociations interminables et une humiliation de trop

 

Pourquoi un référendum maintenant ? Certes, les négociations n’étaient pas terminées. L’Eurogroupe de ce samedi était considéré comme une énième « réunion de la dernière chance » et les positions semblaient encore pouvoir se rapprocher. Mais en réalité, Alexis Tsipras ne reconnaissait plus son programme dans ces propositions et les discussions interminables sur les détails ne devaient pas dissimuler que les créanciers avaient réussi à imposer une logique que les électeurs grecs avaient, en janvier, rejetée. Le refus de la proposition grecque du 22 juin, pourtant très avancée déjà, par le FMI, a sans doute été perçu par le Premier ministre grec comme l’humiliation de trop. La réception par la Commission européenne de l’opposition grecque mercredi 24 juin lui a confirmé le caractère politique des buts des créanciers. Ces derniers ont cherché à imposer à Alexis Tsipras l’inacceptable, soit pour le faire tomber, soit pour le discréditer aux yeux du peuple grec.

 

 

Non ?

 

Le référendum est une réponse à cette tentative des créanciers. Alexis Tsipras a fait la preuve que la lutte contre l’austérité était une tâche impossible dans la zone euro pour un pays comme la Grèce. Son programme de janvier est donc désormais caduc. C’est maintenant au peuple de décider s’il veut accepter les conditions de maintien dans la zone euro posées par les créanciers. Le ministre de l’Énergie, Panagiotis Lafazanis, leader de la gauche de Syriza, a indiqué qu’il appellerait à voter non et que ce « non » n’était pas un « non à l’euro. » Certes, mais si les créanciers continuent à ignorer son mandat populaire, un non donnera à Alexis Tsipras la capacité d’en tirer les conséquences. S’il n’obtient pas de meilleures conditions après ce non, alors il disposera du mandat populaire pour préparer un Grexit. Ce que cherche donc le gouvernement grec, c’est une nouvelle force dans les négociations. Officiellement toujours pour imposer son programme.

 

 

Oui ?

 

Mais si les Grecs acceptent les conditions des créanciers ? Alexis Tsipras a annoncé qu’il « respectera ce choix et le fera respecter. » Restera-t-il alors chef du gouvernement ? Sans doute. Quand bien même il démissionnerait, il y a fort à parier que les urnes le renvoient à Maximou, le Matignon grec. Il engagera alors une politique contraire à son programme, mais que le peuple grec lui aura demandé d’exécuter. Ceci lui permettra de rompre avec son aile gauche, mais aussi d’insister sur ce que son gouvernement a arraché aux créanciers au cours de ces cinq mois, notamment le rétablissement des discussions collectives et la préservation des retraites (à l’exception des cotisations santé). Sera-ce tenable ? Seul l’avenir le dira et peut-être devra-t-il alors changer de coalition comme le souhaitent Bruxelles et les créanciers. Mais du moins, ce sera un choix du peuple grec, non le fruit d’une pression des créanciers. En cas de oui, Alexis Tsipras peut aussi refuser de continuer à gouverner et se retirer en se gardant « en réserve. » Dans ce cas, le jeu politique grec sera rebattu. Il sera intéressant de voir ce qu’en dit le Premier ministre cette semaine.

 

 

Problèmes avec les créanciers et la BCE

 

Cette campagne ne va pas aller sans poser de problèmes majeurs. D’abord, il semble désormais inévitable que la Grèce fasse mardi 30 juin défaut sur le FMI. Que fera alors la BCE ? Le conseil des gouverneurs décidera dimanche de la poursuite ou non du programme d’accès à la liquidité d’urgence. Si elle durcit les conditions de ce programme ou si elle le coupe, la campagne référendaire risque de se produire dans une atmosphère de panique. La Grèce va aussi demander, a précisé Alexis Tsipras, une courte prolongation du programme afin de permettre aux électeurs de choisir. En cas de oui, le programme sera prolongé de cinq mois comme le proposent les créanciers. Les Européens ont donc les moyens de perturber cette courte campagne, voire de la rendre caduque en refusant de prolonger l’aide. Dans ce cas, il faudra négocier à partir de rien un nouveau programme et la question du référendum du 5 juillet n’aura aucun sens. L’Eurogroupe de ce samedi devra prendre cette décision. Sa réunion n’est donc pas sans importance.

 

 

Reprendre la main

 

Reste qu’en décidant de laisser in fine choisir les Grecs eux-mêmes, Alexis Tsipras a introduit un élément démocratique nouveau dans l’histoire de la crise grecque. Les créanciers doivent faire face à un adversaire qui utilise la démocratie comme une arme. Dans son discours, il a précisé que la « Grèce, berceau de la démocratie, enverra une réponse démocratique tonitruante à l’Europe et au monde» Et d’ajouter : « à l’autoritarisme et à l’austérité sévère nous répondrons avec la démocratie, calmement et avec détermination. »


C’est un changement de paradigme majeur, à condition que la volonté des Grecs soit en effet réellement respectée. Ne pas respecter ce choix serait inconscient pour les Européens et contraire à leurs principes. Indiscutablement, si ce référendum montre qu’il n’a pas pu arracher assez de concessions aux créanciers, il montre aussi qu’Alexis Tsipras a désormais repris la main dans son bras de fer avec eux. On comprend que ces derniers doivent désormais être furieux.

 

 

Par Romaric Godin, à Athènes - latribune.fr – le 27 juin 2015.

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La Grèce, cela nous concerne !

La Grèce, cela nous concerne ! | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : AFP

 

 

La Grèce, cela nous concerne !

 

L’éditorial de Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité. Dans Les milieux d’affaires internationaux, ils veulent démontrer qu’aucune politique alternative n’est possible. Ils souhaitent désormais, à haute voix, éjecter la Grèce de la zone euro pour empêcher tout débat sur une transformation progressiste de la monnaie et de la Banque centrale européenne.

 

Ce qui se passe en Grèce ­ les pressions qu’elle subit ­ concerne chacune et chacun d’entre nous. Ce dont il s’agit d’abord, c’est du droit pour un peuple, au sein de l’Union européenne, de choisir une autre politique que celle de l’austérité, du chômage et de la régression sociale qu’imposent, ensemble, institutions internationales et européennes, fonds financiers et banques avec les droites et les socialistes mués en soutiens zélés de l’oligarchie.

 

Les mêmes avaient rejeté les « non » français et néerlandais, au projet de traité constitutionnel européen. Ils ne supportent pas le vote émis par le peuple grec le 25 janvier dernier ni le gouvernement qu’il s’est donné. Celui-ci est sans cesse vilipendé, moqué, contourné et mis sous pression parce qu’il présente un programme nouveau plus favorable aux travailleurs, aux retraités, aux familles populaires et aux créateurs.

 

Un raisonnement simple permet de comprendre que ce changement de cap est bien nécessaire parce que toutes les recettes précédentes ont échoué. Elles n’ont permis ni la réduction de la dette, ni d’améliorer l’efficacité économique, les conditions de vie des familles. Que les vautours de la finance et leurs affidés dans les institutions osent donc dire ouvertement qu’ils s’opposent à la loi humanitaire votée par le Parlement grec qui rétablit l’électricité dans les foyers et met en place une aide alimentaire ! Qu’ils disent ouvertement qu’ils refusent les réembauches de quelque 4 000 salariés des secteurs publics et la mise en place d’un salaire minimum ! Qu’ils s’élèvent publiquement contre la réouverture de la télévision publique !

 

Jamais, sous les gouvernements précédents, le versement des tranches de prêt n’était conditionné à la lutte contre la fraude fiscale et la corruption, mais toujours à la baisse des salaires, des pensions de retraite et à la vente des biens communs publics de la nation. Et pour cause ! Ceux qui bénéficiaient de la fraude et de la corruption se trouvent dans cette oligarchie. Que les autorités européennes et le Fonds monétaire international livrent au public ce que ces profiteurs exigent réellement de la Grèce. Cette vérité éclairera les consciences.

 

Qu’ils disent que le nouveau gouvernement grec a déjà honoré cette année 7 milliards d’euros en remboursement et versement d’intérêts. Et qu’ils disent aussi que depuis le mois d’août 2014, l’État grec n’a touché aucun centime d’aucune institution. Et les 10 milliards d’euros exigés au pays d’ici la fin de l’été le placent dans une situation très critique. L’objectif pour les puissances dominantes est bien de faire plier le gouvernement grec, jusqu’à l’épuisement des liquidités budgétaires dont dispose l’État, pour obtenir soit plus de compromis défavorables aux travailleurs et à leurs familles, soit la capitulation. Déjà, le gouvernement a été contraint de prendre les liquidités des collectivités locales et de différents organismes publics. Dans les deux cas, le sabordage de l’économie qui empêche tout projet d’avenir vise à faire chuter le gouvernement de gauche. Une autre méthode que celle employée au Chili contre le gouvernement de Salvador Allende, présentée comme plus... légale !

 

Les milieux d’affaires internationaux veulent démontrer qu’aucune politique alternative n’est possible. Ils souhaitent désormais, à haute voix, éjecter la Grèce de la zone euro pour empêcher tout débat sur une transformation progressiste de la monnaie et de la Banque centrale européennes. Ils veulent poursuivre la contre-révolution antiprogressiste entamée depuis deux décennies et modifier profondément le spectre politique, afin d’éliminer, dans tous les pays, les gauches de transformation sociale et écologique. Le fait que le magazine « Time », dans un classement annuel, ait désigné Mme Le Pen comme personnalité française de l’année en dit long, très long sur leur projet.

 

DE NOMBREUX PAYS ONT BÉNÉFICIÉ D’EFFACEMENT DE DETTES DONT L’ALLEMAGNE, QUI DOIT TOUJOURS À LA GRÈCE AU MOINS 13 MILLIARDS.

 

Raison de plus de ne pas laisser faire, d’alerter, de provoquer des débats et des initiatives de solidarité. Une occasion est donnée avec la réussite du Forum européen des alternatives qui va se tenir à Paris, place de la République, les 30 et 31 mai. Ce qui est en jeu concerne nos vies quotidiennes, l’intérêt général, l’efficacité économique, les moyens de sortir de l’austérité, donc de la crise. En jeu, tout autant, le droit pour chaque peuple de choisir son destin et de pouvoir compter sur une Union européenne qui y contribue au lieu de s’y opposer.

 

Derrière cette question, il y a celle des « dettes » imposées dans le débat public par ceux qui en profitent allègrement. Ainsi l’essentiel de la progression de la dette française durant le précédent quinquennat ­ soit 600 milliards d’euros ­ est le résultat du soutien aux banques. Elle grossit sous l’effet des taux d’intérêt exorbitants que paie l’État à ces mêmes banques ou fonds financiers qu’il a contribué à sauver. La dette grecque est le résultat de multiples actions telles que le paiement de lourds emprunts pour le financement des jeux Olympiques, les contrats d’achat d’armes inutiles à la France et l’Allemagne, des taux d’intérêt très élevés versés aux banques françaises et allemandes, la fraude fiscale profitant essentiellement aux richissimes familles.

 

La décision d’installer à Athènes « une commission pour la vérité de la dette grecque » est donc une importante initiative à soutenir. Elle devrait être doublée d’une conférence européenne sur les dettes dans l’Union européenne pour faire la clarté sur leur nature, leur part illégitime et les moyens d’en sortir.


De nombreux pays ont bénéficié d’effacement de dettes. Ne serait-ce que l’Allemagne, en 1953 à l’occasion de la conférence de Londres. Et son président vient lui-même d’évoquer, pour la première fois, la dette d’au moins 13 milliards d’euros que l’Allemagne continue de devoir à la Grèce du fait d’un crédit forcé que le pouvoir hitlérien avait contracté auprès de la Banque Nationale grecque en 1942, auquel il faudrait ajouter les réparations pour crime de guerre jamais honorées.

 

Voilà une brèche ouverte qui donne raison à Alexis Tsipras. Ne laissons pas les banquiers et l’oligarchie écraser le pays d’Homère, d’Hérode, de Xénophon, Démocrite, Procope, Ritsos, Séféris et Elytis. Nous sommes concernés. Ne laissons pas assassiner la civilisation grecque.

 

 

 

PAR PATRICK LE HYARIC humanite.fr – le 7 mai 2015.

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Point de presse conjoint de Vladimir Poutine et Alexis Tsipras (VIDÉO)

Point de presse conjoint de Vladimir Poutine et Alexis Tsipras (VIDÉO) | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Point de presse conjoint de 

Vladimir Poutine et Alexis Tsipras (VIDÉO)

 

Les dirigeants russe et grec ont fait le point devant la presse à l’issue d’une rencontre à huis clos et après la signature d’une série d’accords bilatéraux dans le cadre d’une visite de deux jours du Premier ministre grec dans la capitale russe.

 

La rencontre de Vladimir Poutine et Alexis Tsipras a porté sur de nombreuses questions de coopération bilatérale dans les domaines économique, commercial et culturel.

 

En prévision de la visite du Premier ministre grec à Moscou, de nombreux acteurs européens ont exprimé leur mécontentement du rapprochement russo-grec, de crainte notamment que la Grèce puisse négocier avec la Russie une aide financière et un rabais sur le gaz. Cependant, ces affirmations ont été démenties par les parties russe et grecque.

 

 

>>> Voir la vidéo relative à ce point de presse ici

 


Par reseauinternational.net – le 8 avril 2015

 

Source : 

http://francais.rt.com/lemonde/1602-direct-point-presse-poutine-tripras

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GRÈCE - LE PARLEMENT MET EN PLACE UN COMITÉ D’ENQUÊTE SUR LE « PLAN DE SAUVETAGE » DE 240 MILLIARDS D’EUROS

GRÈCE - LE PARLEMENT MET EN PLACE UN COMITÉ D’ENQUÊTE SUR LE « PLAN DE SAUVETAGE » DE 240 MILLIARDS D’EUROS | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


GRÈCE - LE PARLEMENT MET EN PLACE UN COMITÉ D’ENQUÊTE SUR LE « PLAN DE SAUVETAGE » DE 240 MILLIARDS D’EUROS

 

Les députés grecs ont voté mardi en faveur de la création d’un comité chargé d’examiner les circonstances dans lesquelles la Grèce a accepté les « plans de sauvetage » d’un montant total de 240 milliards d’euros.

 

La proposition a été approuvée avec 156 des 250 députés (sur 300) présents votant en faveur, 72 contre et 22 abstentions.


« Après cinq ans de silence parlementaire sur les principaux problèmes qui ont causé la catastrophe du sauvetage, aujourd’hui, nous commençons une procédure qui va donner des réponses aux questions qui concernent le peuple grec » a déclaré le Premier ministre Alexis Tsipras aux parlementaires avant le vote qui s’est déroulé dans les premières heures de mardi.

 

Le comité, proposé par le parti de Tsipras, Syriza, et par son partenaire de coalition, les Grecs indépendants (ANEL), se penchera sur la façon dont la Grèce a négocié les accords et sur toutes les autres questions concernant les plans de sauvetage et leur mise en œuvre.

 

Les actions du comité comprennent également la révision du déficit budgétaire de 2009, dont les chiffres à géométrie variable avaient été l’un des déclencheurs de la crise budgétaire du pays, l’analyse de la restructuration de la dette en 2012 et de la recapitalisation des banques du pays.

 

L’ancien Premier ministre Antonis Samaras (Nouvelle Démocratie) avait déposé une proposition visant à étendre cette enquête depuis 1981. Cette question sera discutée au Parlement dans une session ultérieure.

 

Cependant Nouvelle Démocratie a voté contre la création du comité, ainsi que le PASOK. To Potami et KKE ont voté « présent » (sans avis). Les députés de l’Aube Dorée étaient absents.

 

Le comité sera composé de 17 membres en proportion des partis présents au parlement et devrait terminer ses travaux dans les six mois.

 

Un autre comité parlementaire a également été mis en place pour auditer les raisons qui ont causé le gonflement de la dette.

 

 

Par Okeanos - okeanews.fr – le 7 avril 2015

Source : keeptalkinggreece.com

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La Grèce adopte une loi contre la pauvreté à la barbe de l’UE

La Grèce adopte une loi contre la pauvreté à la barbe de l’UE | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


La Grèce adopte une loi contre la pauvreté

à la barbe de l’UE

 

 

>>> Voir la vidéo « Les créanciers européennes

empêchent Syriza de respecter ses engagements » ici


 

Le parlement grec a approuvé un projet de loi sur « la crise humanitaire » ayant lieu dans le pays, le premier dans le cadre des mesures sociales proposées par le Premier ministre Alexis Tsipras malgré une forte opposition de la Commission européenne.

 

La proposition de loi qui prévoyait des allocations de logement et de l’aide alimentaire d’urgence pour les Grecs les plus pauvres a été adoptée avec le soutien des députes conservateurs du parti de la Nouvelle Démocratie alors que le gouvernement a repoussé les efforts de la Commission européenne visant à la faire échouer.

 

« S’ils le font pour nous effrayer, la réponse est celle-ci : nous n’avons pas peur. Le gouvernement grec est déterminé à respecter l’accord du 20 février. Nous demandons la même chose à nos partenaires. Qu’ils arrêtent leurs actions unilatérales, dans le respect de l’accord qu’ils ont signé », a déclaré au parlement le Premier ministre grec.

 

« Que peut-on dire d’autre à ceux qui ont l’audace de déclarer que s’occuper d’une crise humanitaire est une action unilatérale ? » a-t-il ajouté.

 

Le projet de loi incluait aussi un régime de paiement en 100 fois pour les contribuables afin de les aider à régler leurs dettes envers l’État, ce qui a été qualifié par la Commission de mesure « incomplète » pour résoudre les problèmes de la dette d’Athènes.

 

Declan Costello, un représentant de la Commission européenne de l’équipe technique en charge de l’observation de la Grèce, s’est prononcé contre ce projet de loi, en indiquant à Athènes que l’adoption de cette loi serait « une décision unilatérale ».

 

Dans une correspondance entre Costello et les autorités grecques, Costello affirme que le projet de loi n’est pas compatible avec l’accord de l’Eurogroupe conclu avec Athènes le 20 février, selon Paul Mason, un journaliste qui a rendu public le contenu de la lettre mardi.

 

Costello a écrit que les nouvelles lois de finances adoptées par la Grèce devaient être incluses dans un contexte général de promotion des réformes.

 

« Nous recommandons fortement d’avoir d’abord des consultations politiques appropriées, en particulier sur la cohérence des efforts de réforme. Il y a certaines questions à discuter et nous avons besoin de les examiner dans leur ensemble, de façon cohérente et complète. Agir autrement signifierait agir unilatéralement et de façon incomplète, ce qui est en contradiction avec les engagements pris avec l’Eurogroupe, comme prévu dans le communiqué du 20 février », aurait dit Costello au gouvernement grec.

 

Mais le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis a déclaré que la rencontre la plus récente avec l’Eurogroupe incluait le projet de loi. D’autres membres du gouvernement ont confirmé l’existence du texte de Costello et ont déclaré que certains points devaient être clarifiés.

 

En savoir plus : La Grèce poursuit ses négociations avec les ministres des Finances de l’UE (VIDÉO)

 

Gabriel Sakellaridis, un porte-parole du gouvernement a affirmé que la décision de la Commission européenne équivalait à un « veto » et ajoutait de la « pression » sur la Grèce dont les dettes s’élèvent à 240 milliards d’euros.

 

Le Commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Pierre Moscovici, a démenti avoir opposé un veto à ce projet de loi.

« Nous soutenons pleinement l’objectif d’aider les plus vulnérables » et n’opposons pas « un quelconque veto », a annoncé Pierre Moscovici aux journalistes.

 

L’accord du 20 février entre la Grèce et l’Eurogroupe a vu un compromis être atteint entre les deux parties. La Grèce a obtenu une prolongation du programme actuel de remboursement de dette d’ici à la fin juin.

 

En savoir plus : L’Eurogroupe approuve le plan de sauvetage de la Grèce

 

Pour le moment, la sortie de la Grèce de la zone euro n’a pas été mentionnée, mais la difficulté de parvenir à un accord soulève la possibilité que des élections ailleurs en Europe dans les mois à venir peuvent provoquer les tentatives d’autres pays telles que l’Espagne de changer la direction des réformes économiques dans la zone euro.

 

Malgré l’accord du 20 février, la Grèce risque de manquer de liquidités dans quelques semaines alors que le désaccord avec ses créanciers se fait plus grand. Athènes et ses bailleurs internationaux ont commencé les négociations la semaine dernière pour s’entendre sur les détails des réformes du côté grec, mais peu de progrès ont été observés.

 

Le ministre français des Finances Michel Sapin a déclaré que les gens devaient contrôler leurs paroles et faire tout leur possible pour empêcher que la Grèce sorte de la zone euro.

 

« La France fera tout pour qu’il n’y ait pas d’accident et, ce que je crois pouvoir dire, c’est que ce que nous allons faire évitera un accident. Mais personne ne peut être catégorique de ce point de vue là et c’est pour ça qu’il faut que chacun, d’un côté comme de l’autre, maîtrise son langage », a-t-il dit aux législateurs.

 

 

Par francais.rt.com – le 19 mars 2015

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Gazoduc South Stream : discussions stratégiques entre Grèce et Russie

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Gazoduc South Stream :

discussions stratégiques entre Grèce et Russie

 

Les liens entre Grèce et Russie ? Pas simplement politiques… Comme on pouvait s’y attendre, règne entre les deux protagonistes une forte odeur de pétrole et de gaz… Le conseiller diplomatique du chef de l’État russe Iouri Ouchakov a ainsi déclaré jeudi dernier que le président russe Vladimir Poutine et le nouveau premier ministre grec Alexis Tsipras avaient examiné par téléphone la situation en Ukraine et la décision récemment prise par Moscou d’abandonner le projet de gazoduc South Stream.

 

Un dossier qui concerne là aussi l’Union européenne tout entière… sa dépendance énergétique étant en jeu. L’Ukraine pesant fortement dans la bataille.

 

Si certes Vladimir Poutine a de nouveau félicité le parti Syriza à l’occasion de sa victoire aux élections, tout en félicitant personnellement Alexis Tsipras « à l’occasion de son entrée en fonction », le Président russe a invité son interlocuteur à effectuer une visite en Russie. Avec en ligne de mire : le projet du gazoduc on ne peut plus stratégique.

 

C’est lors d’une visite en Turquie, qu’au début du mois de décembre 2014, le président russe a annoncé l’abandon de South Stream, évoquant une nouvelle alternative de rediriger le gazoduc en cours de construction vers le territoire turc.

 

« South Stream, c’est terminé », a ainsi déclaré lundi 1er décembre 2014 le PDG de Gazprom, Alexeï Miller, au cours de la visite de Vladimir Poutine en Turquie, confirmant l’annonce faite peu avant par le président russe lors d’une conférence de presse avec son homologue turc, Recep Tayyep Erdogan.


Rappelons qu’initialement, South Stream devait relier la Russie à l’Italie en passant sous la mer Noire… scénario qui permet d’éviter l’Ukraine par où transitent aujourd’hui près de la moitié des livraisons russes à l’Union européenne.

 

Car le conflit ukrainien constitue le nerf de la guerre qui oppose actuellement Moscou et Bruxelles. Réagissant à la position de la Russie envers l’Ukraine, la Commission a en effet estimé que le projet de pipeline ne respectait pas les règles européennes, arguant du fait que Gazprom refuse d’ouvrir l’accès du gazoduc à d’autres fournisseurs.

 

Vladimir Poutine a quant à lui justifié l’arrêt de South Stream par l’opposition de l’Union européenne (UE) au passage du gazoduc sur le territoire de ses Etats membres, notamment la Bulgarie. Rappelons que durant l’été 2014, Bruxelles avait exercé de fortes pressions sur Sofia afin que le gouvernement bulgare renonce aux premiers travaux de construction de gazoduc.

 

« Nous allons dérouter nos ressources énergétiques vers d’autres régions du monde et l’Europe ne recevra plus les mêmes volumes de la Russie, mais c’est le choix de nos amis européens », avait alors souligné le président russe.

 

Long de 3 600 kilomètres et alimenté par du gaz de Sibérie, le pipeline est destiné à fournir jusqu’à 63 milliards de mètres cubes par an aux pays européens grâce à deux branches, l’une vers l’Autriche, l’autre vers les Balkans et l’Italie. Outre Gazprom (50 %) y sont associés plusieurs groupes énergétiques. Ainsi, en ce qui concerne le tronçon sous-marin dont le coût était estimé à 10 milliards d’euros (sur un total de 17 milliards d’euros), la compagnie pétrolière italienne ENI à l’origine du projet participe à hauteur de 20 %, le français EDF à hauteur de 15 % et l’allemand Wintershall, filiale du groupe chimique BASF, lui aussi à hauteur de 15 %.


Mais au final, au début du mois de décembre 2014, Moscou et Ankara ont signé un accord pour la construction d’un nouveau pipeline reliant les deux pays via la mer Noire, et la mise en place d’un hub gazier… à la frontière en Grèce et Turquie, tout en offrant au gouvernement turc une remise de 6 % sur ses approvisionnements en gaz. La Grèce devenant ainsi dans ce scénario un pays stratégique pour permettre le transit du gaz vers l’Union européenne… la Turquie étant quant à elle le deuxième client de Gazprom derrière l’Allemagne.

 

Avec un enjeu associé et non des moindres : « nullifier » le rôle de l’Ukraine en tant que transit gazier entre la Russie et l’Union européenne, selon les termes mêmes employés par Alexei Miller en décembre 2014.

 

Par Élisabeth Studerleblogfinance.com – le 10 février 2015

  

Sources : sputniknews.com, Le Monde, themoscowtimes.com

 

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La « lettre ouverte » d’Alexis Tsipras aux citoyens allemands sur ce qu’on ne leur a jamais dit sur la dette grecque

La « lettre ouverte » d’Alexis Tsipras aux citoyens allemands sur ce qu’on ne leur a jamais dit sur la dette grecque | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


La « lettre ouverte » d’Alexis Tsipras aux citoyens allemands sur ce qu’on ne leur a jamais dit

sur la dette grecque

 

Alexis Tsipras, le nouveau premier ministre de la Grèce, a envoyé ce courrier au journal allemand Handelsblatt :

 

« Chers lecteurs de Handelsblatt,

 

Je sais d’avance que la plupart d’entre vous ont probablement une opinion déjà formée sur le contenu de cette lettre. Je vous invite, cependant, à la lire sans préjugés. Les préjugés n’ont jamais été un bon conseiller, et encore moins à un moment où la crise économique les renforce, en entretenant l’intolérance, le nationalisme, l’obscurantisme, et même la violence.

 

Avec cette lettre ouverte, je souhaite vous exposer un récit différent de celui qui vous a été fait au sujet de la Grèce depuis 2010. Et je tiens aussi et surtout à exposer avec franchise les projets et les objectifs de SYRIZA, si le 26 janvier par le choix des électeurs devient le nouveau gouvernement grec.

 

En 2010, l’État grec a cessé d’être en mesure de servir sa dette. Malheureusement, les dirigeants européens ont décidé de faire croire que ce problème pourrait être surmonté par l’octroi du plus grand prêt jamais consenti à un État, sous condition que certaines mesures budgétaires seraient appliquées, alors que celles-ci, manifestement, ne pouvaient que diminuer le revenu national destiné au remboursement des nouveaux et anciens prêts. Un problème de faillite a été donc traité comme s’il s’agissait d’un problème de liquidité. En d’autres termes, l’attitude adoptée, était celle du mauvais banquier qui, au lieu d’admettre que le prêt accordé à la société en faillite a « sauté », il lui accorde des prêts supplémentaires, prétextant que les anciennes dettes restent servies et prolonge ainsi la faillite à perpétuité.

 

Il s’agissait pourtant d’une question de bon sens de voir que l’application de la doctrine « extend and pretend » [étendre les maturités de la dette et prétendre que payer les intérêts ne pose aucun problème] dans le cas de mon pays aboutirait à une tragédie.

 

Qu’au lieu de stabiliser la Grèce, l’application de ce dogme installerait une crise autoalimentée qui sape les fondations de l’UE.

 

Notre parti, et moi-même, nous nous sommes opposés à l’accord de prêt de mai 2010, non pas parce que l’Allemagne et nos autres partenaires ne nous ont pas donné assez d’argent, mais parce que vous nous avez donné beaucoup plus d’argent que ce qu’il fallait et que nous pouvions accepter. De l’argent qui par ailleurs ne pouvait ni aider le peuple grec puisqu’il disparaissait aussitôt dans le trou noir du service de la dette ni arrêter l’alourdissement continu de celle-ci, obligeant de la sorte nos partenaires à prolonger ce fardeau à perpétuité aux frais des citoyens.

 

Et cette vérité était bien connue par les gouvernants allemands, mais ils n’ont jamais voulu vous la dévoiler.

 

Et en effet, et avant même que la première année ne se soit écoulée et depuis 2011, nos prévisions ont été vérifiées. L’enchaînement des nouveaux prêts aux réductions drastiques des dépenses a non seulement échoué à dompter la dette, mais il a par surcroît puni les citoyens les plus faibles, en transformant les citoyens ordinaires qui avaient un emploi et un toit à des chômeurs sans-abri qui ont tout perdu, de plus, leur dignité.

 

L’effondrement des revenus a conduit à la faillite de milliers d’entreprises, augmentant ainsi le pouvoir oligopolistique des entreprises qui ont survécu. De ce fait, les prix diminuaient moins que les revenus tandis que les dettes, publiques et privées, ne cessaient de s’alourdir. Dans ce contexte, où le déficit d’espoir a dépassé tous les autres déficits « l’œuf du serpent » n’a pas mis longtemps pour éclore – et les néonazis ont commencé à patrouiller les quartiers en semant la haine.

 

Malgré son échec manifeste, la logique de « extend and pretend » continue à s’appliquer systématiquement encore aujourd’hui. Le deuxième accord de prêt de 2012 a ajouté une charge supplémentaire sur les épaules affaiblies de l’État grec, en réduisant les fonds de pension, en donnant un nouvel élan à la récession, en finançant aussi une nouvelle kleptocratie avec l’argent de nos partenaires.

 

Des commentateurs sérieux ont parlé récemment de stabilité et même de croissance à propos de mon pays pour « prouver » que les politiques appliquées ont été efficaces. Aucune analyse sérieuse ne soutient cette « réalité » virtuelle. L’augmentation récente de 0,7 % du revenu national réel ne marque pas la fin de la récession, mais sa poursuite, puisqu’elle a été réalisée dans une période d’inflation de 1,8 %, ce qui signifie que (en euros) le revenu national a continué de baisser. Simplement, il diminue moins que la moyenne des prix – tandis que les dettes augmentent.

 

Cet effort de mobilisation des « statistiques grecques », pour démontrer que l’application de la politique de la troïka est efficace en Grèce, est outrageant pour tous les Européens qui ont enfin le droit de connaître la vérité.

 

Et la vérité est que la dette publique grecque ne peut pas être honorée tant que l’économie sociale grecque se trouve en situation de simulation de noyade budgétaire (fiscal waterboarding).

 

En outre, persévérer dans ces politiques misanthropes et sans issue, dans le refus de reconnaître une simple question d’arithmétique, coûte au contribuable allemand et condamne en même temps un peuple fier à l’indignité. Et le pire : de ce fait, les Grecs se retournent contre les Allemands, les Allemands contre les Grecs, et l’idée d’une Europe Unie Démocratique est offensée cruellement.

 

L’Allemagne, et plus particulièrement le contribuable allemand qui travaille dur n’a rien à craindre d’un gouvernement SYRIZA. Au contraire. Notre objectif n’est pas d’entrer en conflit avec nos partenaires. Notre objectif n’est pas d’obtenir des prêts supplémentaires ou un blanc-seing pour de nouveaux déficits. Notre objectif est la stabilité économique, des budgets primaires équilibrés et, bien sûr, la cessation des saignées fiscales opérées sur les contribuables depuis quatre ans par un accord de prêt inadéquat aussi bien pour la Grèce que pour l’Allemagne. Nous exigerons la fin de l’application du dogme « extend and pretend » non pas contre le peuple allemand, mais pour le bénéfice de nous tous.

 

Je sais, chers lecteurs, que derrière les demandes d’une « stricte application des accords » se cache la peur que « si nous laissons les Grecs de faire ce qu’ils veulent, ils vont refaire le même coup ». Je comprends cette inquiétude. Mais ce n’était pas SYRIZA qui a érigé en institutions dans mon pays la collusion des intérêts privés et la kleptocratie qui feignent de se soucier de l’observation « des accords » et des réformes puisque celles-ci ne les affectent pas, comme le démontrent les quatre dernières années des réformes engagées par le gouvernement Samaras sous la direction de la troïka.

 

Nous, nous sommes prêts à entrer en conflit avec ce système afin de promouvoir des réformes radicales au niveau du fonctionnement de l’État, en établissant la transparence de l’administration publique, la méritocratie, la justice fiscale, la lutte contre le blanchissement d’argent. Ce sont ces réformes que nous soumettons à l’appréciation des nos citoyens aux prochaines élections.

 

Notre objectif est la mise en place d’un New Deal pour l’ensemble de la zone euro qui permettra aux Grecs comme à l’ensemble des peuples européens de respirer, de créer, de vivre avec dignité. Avec une dette publique socialement viable. Avec une croissance qui est stimulée par des investissements publics financés – seul moyen de sortir de la crise – et non pas par la recette échouée de l’austérité qui ne fait que recycler la récession. En renforçant la cohésion sociale, la Solidarité et la Démocratie.

 

Le 25 janvier en Grèce, une nouvelle opportunité surgit pour l’Europe. Ne ratons pas cette chance ».

 

(Traduction:Vassiliki Papadaki) Les mots mis en italique l’ont été par moi.

 

***


Mathématiques sur les taux d’intérêt

 

Quelle que soit la manière dont on analyse son projet politique, cette lettre n’est pas le fruit d’un imbécile en matière économique. La position de Tsipras est tout à fait exacte.  Et bien que je sois en désaccord avec de nombreux points sur le projet économique de SYRIZA, il n’y a pas un seul point dans ce courrier sur lequel je pourrais être en désaccord.

 

Une règle simple en économie est que ce qui ne peut pas être remboursé ne sera pas remboursé.  Et un simple calcul mathématique montre qu’il est matériellement impossible de rembourser cette dette.

 

Malheureusement, la Grèce doit convaincre 17 autres pays européens de renégocier sa dette. L’Allemagne et la Finlande on dit non.  Et les règles de l’Eurozone impliquent que chaque pays doit donner son accord.

 

 

La Sanction mathématique

 

Il n’y a pas que les calculs sur les taux d’intérêt qui posent problème pour la Grèce.  D’autres conflits se sont ouverts.

La Grèce s’oppose à des sanctions sur la Russie, une position avec laquelle j’adhère fondamentalement.  Les sanctions créent inévitablement des dommages des deux côtés.

 

Malheureusement, tout comme avec les règles de l’Eurozone, les sanctions européennes ne peuvent être adoptées qu’à l’unanimité.  Concernant les sanctions, 1 vote sur les 28 membres (un nombre plus important que pour l’Eurozone) peut bloquer tout le processus.  Ce vote est un levier considérable, particulièrement lorsque les 27 autres pays veulent obtenir quelque chose de vous. Et que seront-ils prêts à offrir en échange ?

 

Est-ce que ces situations seront résolues par du bon sens ou par un conflit ?


S’il y avait deux parties impliquées, elles pourraient s’entendre.  Mais est-ce que 19 ou 28 gouvernements différents en Europe pourront se mettre d’accord sur exactement la même chose ?

Permettez-moi d’être sceptique.

 

 

Par Mike « Mish » Shedlock - 24hgold.com – le 30 janvier 2015

Source : Mike « Mish » Shedlock :

http://globaleconomicanalysis.blogspot.com


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Est-ce que le changement c’est maintenant ?

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Est-ce que le changement c’est maintenant ?

  

« Nous ne devons ni accepter ni reconnaître

le gouvernement des néo-nazis en Ukraine. » 

 

~ Alexis Tsipras, nouveau premier ministre grec ~

 

Par lesmoutonsenrages.fr – le 27 janvier 2015

Source : Le Journal du Siècle 


Koter Info's insight:


Le vent va-t-il enfin souffler dans une bonne direction ?


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Grèce : les Banksters ont gagné

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Grèce : les Banksters ont gagné

 

Le bal des vampires peut continuer : Bruxelles a sauvé momentanément tous les spéculateurs de la ploutocratie mondiale.

 

La fanfare des marchés financiers a salué d’un bond de plus de 2 % en quelques minutes l’accord largement prévisible sur la dette grecque, Tsipras n’ayant pas la carrure d’un chef d’État. Celui que Mélenchon qualifiait d’espoir pour la Grèce vient de faire aux Grecs ce que Sarkozy avait fait aux Français en 2005.

 

Pourrait-on lui en vouloir quand c’est le lieu commun dans le monde occidental de ne proposer aux urnes qu’un fossoyeur de liberté et de la dignité de son peuple ?

 

Quel chef d’État actuellement n’est pas à la solde de la finance internationale. Poser cette simple question, revient à reconnaître les chefs de « l’axe du mal ».

 

Le drame grec a été commenté et analysé à sens unique par des journalistes aux ordres de ceux qui les paient, ressassant à temps et à contretemps que les Grecs ne sont que des feignants, des profiteurs, quand ils ne sont pas des fraudeurs.

 

 

La Grèce a tout simplement été victime

d’un attentat financier.

 

Les confessions de l’ex-assassin financier, John Perkins se retrouvent dans la mise à sac de la Grèce :

 

  • « Pour l’essentiel, mon boulot consistait à identifier les pays détenant des ressources qui intéressent nos multinationales, et qui pouvaient être des choses comme du pétrole, ou des marchés prometteurs, des systèmes de transport. Il y a tant de choses différentes. Une fois que nous avions identifié ces pays, nous organisions des prêts énormes pour eux, mais l’argent n’arriverait jamais réellement à ces pays ; au contraire, il irait à nos propres multinationales pour réaliser des projets d’infrastructures dans ces pays, des choses comme des centrales électriques et des autoroutes qui bénéficiaient à un petit nombre de gens riches ainsi qu’à nos propres entreprises. Mais pas à la majorité des gens qui ne pouvaient se permettre d’acheter ces choses, et pourtant ce sont eux qui ployaient sous le fardeau d’une dette énorme, très semblable à celle de la Grèce actuellement, une dette phénoménale. Et une fois [qu’ils étaient] liés par cette dette, nous revenions, sous la forme du FMI – et dans le cas de la Grèce aujourd’hui, c’est le FMI et l’Union européenne – et posions des exigences énormes au pays : augmenter les impôts, réduire les dépenses, vendre les services publics aux entreprises privées, des choses comme les compagnies d’électricité et les systèmes de distribution de l’eau, les transports, les privatiser, et devenir au fond un esclave pour nous, pour les sociétés, pour le FMI, dans votre cas pour l’Union européenne. Fondamentalement, des organisations comme la Banque mondiale, le FMI, l’UE sont les outils des grandes sociétés multinationales, ce que j’appelle la corporatocratie. »

 

Tous ceux qui ont une once de pouvoir dans le monde savent très bien quand ce mécanisme est en train de se produire quelque part sur la planète. John Perkin l’a très bien décrit dans son ouvrage en prenant exemple sur l’Argentine ainsi que plusieurs pays d’Amérique latine qui ont été victimes du même processus. Ceci explique certainement les changements politiques survenus en Amérique du Sud depuis une vingtaine d’années. Quand les peuples n’ont plus rien à perdre, il semble que leur conscience politique s’élargisse de façon inversement proportionnelle à la taille du garde-manger.

 

La seule différence qu’il y a entre un pays en crise ou un autre se retrouvant sous les fourches caudines de l’austérité, ne dépend que de la souplesse d’échine de ceux qui détiennent un mandat du peuple.

 

Quand la mise à sac d’un pays se fait sans attentat, c’est que l’affaire est menée par une équipe aussi brillante que celle du Fouquet’s. Durant les années Sarkozy, outre l’or de la France, toute son infrastructure a été bradée dans un silence assourdissant pendant que la dette explosait de plus de 600 milliards d’euros.

 

La mondialisation pilotée depuis plus de trente ans sous toutes ses formes : de la délocalisation à la loi Bolkestein n’est que la mise en place d’un asservissement des peuples à la sauce « Communiste » dirigée par une nomenklatura « élue au suffrage universel ».

 

 

 Le mystère Varoufakis

 

Après l’écrasante victoire du « non » au référendum grec, la démission de Varoufakis paraissait étonnante. Celle-ci a été interprétée comme une incompatibilité de travailler entre l’ancien ministre des Finances et la Troïka. Aujourd’hui, après l’incroyable soumission d’Alexis Tsipras, on se demande si Varoufakis ne connaissait pas déjà le dénouement et refusait d’y être associé ?

 

Son testament politique se retrouve dans sa dernière intervention et sa mise en garde pour la France :

« Ma conviction est que le ministre des finances allemand veut que la Grèce soit évincée de la monnaie unique pour susciter une crainte de tous les diables chez les Français et leur faire accepter son modèle d’une zone euro disciplinaire. »

 

 

On maintient notre analyse du 3 juillet dernier ainsi que sa conclusion :

  • De toutes les manières, que le « oui » ou le « non » l’emporte, les Grecs ne disposent d’aucune crédibilité pour réintroduire la drachme. Ils devront donc retourner à la table des négociations. La seule différence sera l’équipe qui ira présenter un plan qui ne changera rien. Les Grecs doivent accepter toutes les conditions au détriment de leur peuple, les prétentions de la finance internationale qui ne leur remettra jamais leur dette. Ce serait remettre en question celle de tous les peuples. Aujourd’hui la Grèce, demain l’Espagne, l’Italie ou la France ? Quel peuple se révoltera ? Contre l’asservissement bancaire, aucun !

 


L’étrange passivité de Vladimir Poutine depuis deux mois présageait que la cause était entendue. S’il nous a semblé, au début de l’année, que l’alliance Gréco-Russe contre la ploutocratie mondiale était possible, il nous est vite apparu que le temps n’était pas encore venu.

 

Les 80 milliards de prêts socialisés à venir et offerts par la Troïka ne feront que retarder et amplifier la prochaine crise. Il va falloir maintenant se retourner vers les taux obligataires des dettes souveraines. Le torchon commence à brûler.

 

 

 

Par David Bonapartian et Denissto - agenceinfolibre.fr – le 13 juillet 2015.

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La trahison de Tsipras ?

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La trahison de Tsipras ?

Par Jacques Sapir

 

Les propositions soumises par Alexis Tsipras et son gouvernement dans la nuit de jeudi à vendredi ont provoqué la stupeur. Elles reprennent largement, mais non totalement, les propositions formulées par l’Eurogroupe le 26 juin. Elles sont largement perçues dans l’opinion internationale comme une « capitulation » du gouvernement Tsipras. La réaction très positive des marchés financiers ce vendredi matin est, à cet égard, un signe important.

 

On sait par ailleurs qu’elles ont été en partie rédigées avec l’aide de hauts fonctionnaires français, même si cela est démenti par Bercy. Ces propositions résultent d’un intense travail de pressions tant sur la Grèce que sur l’Allemagne exercées par les États-Unis. La France a, ici, délibérément choisi le camp des États-Unis contre celui de l’Allemagne. Le gouvernement français n’a pas eu nécessairement tort de choisir d’affronter l’Allemagne sur ce dossier. Mais, il s’est engagé dans cette voie pour des raisons essentiellement idéologiques. En fait, ce que veut par-dessus tout M. François Hollande c’est « sauver l’Euro ». Il risque de voir très rapidement tout le prix qu’il a payé pour cela, et pour un résultat qui ne durera probablement que quelques mois. Car, ces propositions, si elles devaient être acceptées, ne règlent rien.

 

 

Les termes de la proposition grecque

 

Ces propositions sont donc proches de celles de l’Eurogroupe. On peut cependant noter certaines différences avec le texte du 26 juin, et en particulier la volonté de protéger les secteurs les plus fragiles de la société grecque : maintien du taux de TVA à 7 % pour les produits de base, exemptions pour les îles les plus pauvres, maintien jusqu’en 2019 du système d’aide aux retraites les plus faibles. De ce point de vue, le gouvernement grec n’a effectivement pas cédé. De même, le gouvernement a inclus dans ce plan des mesures de luttes contre la fraude fiscale et la corruption, qui faisaient partie du programme initial de Syriza. Mais, il faut bien reconnaître qu’il s’est, pour le reste, largement aligné sur les demandes de l’Eurogroupe. Faut-il alors parler de capitulation comme le font certains ? La réponse est pourtant moins simple que ce qu’il paraît.

 


En effet, le gouvernement grec insiste sur trois points :

— un reprofilage de la dette (à partir de 2022) aboutissant à la reporter dans le temps de manière à la rendre viable,


— l’accès à 53 milliards sur trois ans, 


— le déblocage d’un plan d’investissement, dit « plan Juncker ». Mais, ce « plan » inclut largement des sommes prévues – mais non versées – par l’Union européenne au titre des fonds structurels. Surtout, le gouvernement grec insiste sur un engagement contraignant à l’ouverture de négociations sur la dette dès le mois d’octobre. Or, on rappelle que c’était justement l’une des choses qui avaient été refusées par l’Eurogroupe, conduisant à la rupture des négociations et à la décision d’Alexis Tsipras de convoquer un référendum.

 

De fait, les propositions transmises par le gouvernement grec, si elles font incontestablement un pas vers les créanciers, maintiennent une partie des exigences formulées précédemment. C’est pourquoi il est encore trop tôt de parler de capitulation. Une interprétation possible de ces propositions est qu’elles ont pour fonction de mettre l’Allemagne, et avec elle les autres pays partisans d’une expulsion de la Grèce de la zone euro, au pied du mur.

 

On sait que les États-Unis, inquiets des conséquences d’un « Grexit » sur l’avenir de la zone euro, ont mis tout leur poids dans la balance pour amener Mme Merkel à des concessions importantes. Que l’Allemagne fasse preuve d’intransigeance et c’est elle qui portera la responsabilité du « Grexit ». Qu’elle se décide à céder, et elle ne pourra plus refuser au Portugal, à l’Espagne, voire à l’Italie, ce qu’elle a concédé à la Grèce. On peut alors considérer que ce plan est une nouvelle démonstration du sens tactique inné d’Alexis Tsipras. Mais, ces propositions présentent aussi un grave problème au gouvernement grec.

 

 

Le dilemme du gouvernement grec

 

Le problème auquel le gouvernement Tsipras est confronté aujourd’hui est double : politique et économique. Politiquement, vouloir faire comme si le référendum n’avait pas eu lieu, comme si le « non » n’avait pas été largement, et même massivement, majoritaire, ne sera pas possible sans dommages politiques importants. Le ministre des finances démissionnaire, M. Yannis Varoufakis, a d’ailleurs critiqué des aspects de ces propositions. Plus profondément, ces propositions ne peuvent pas ne pas troubler non seulement les militants de Syriza, et en particulier la gauche de ce parti, mais aussi, et au-delà, l’ensemble des électeurs qui s’étaient mobilisés pour soutenir le gouvernement et Alexis Tsipras. Ce dernier prend donc le risque de provoquer une immense déception.

 

Celle-ci le laisserait en réalité sans défense face aux différentes manœuvres tant parlementaires qu’extra-parlementaires dont on peut imaginer que ses adversaires politiques ne se priveront pas. Or, la volonté des institutions européennes de provoquer un changement de gouvernement, ce qu’avait dit crûment le Président du Parlement européen, le social-démocrate Martin Schulz, n’a pas changé.

 

Hier, jeudi, Jean-Claude Juncker recevait les dirigeants de la Nouvelle Démocratie (centre droit) et de To Potami (centre gauche). Privé d’un large soutien dans la société, ayant lourdement déçu l’aile gauche de son parti, aile gauche qui représente plus de 40 % de Syriza, Tsipras sera désormais très vulnérable. Au minimum, il aura cassé la logique de mobilisation populaire qui s’était manifestée lors du référendum du 5 juillet et pendant la campagne. Il faut ici rappeler que les résultats de ce référendum ont montré une véritable mobilisation allant bien au-delà de l’électorat de Syriza et de l’ANEL, les deux partis du gouvernement. Cela aura, bien entendu des conséquences. Si les députés de la gauche de Syriza vont très probablement voter ces propositions au Parlement, il est néanmoins clair que les extrêmes, le KKE (les communistes néostaliniens) et le parti d’Extrême-Droite « Aube Dorée », vont pouvoir tirer profit de la déception que va susciter ces propositions.

 

Au-delà, la question de la viabilité de l’économie grecque reste posée, car ces propositions n’apportent aucune solution au problème de fond qui est posé. Certes, cette question de la viabilité sera posée dans des termes moins immédiatement dramatiques qu’aujourd’hui si un accord est conclu. La crise de liquidité pourra être jugulée sans recourir aux mesures radicales que l’on a évoquées dans ces carnets. Les banques, à nouveau alimentées par la BCE, pourront reprendre leurs opérations. Mais, rien ne sera réglé. Olivier Blanchard, l’ancien économiste en chef du Fonds Monétaire International signale que les pronostics très négatifs réalisés par son organisation sont probablement en deçà de la réalité. Après cinq années d’austérité qui l’ont saigné à blanc, l’économie grecque a désespérément besoin de souffler. Cela aurait pu passer par des investissements, une baisse de la pression fiscale, bref par moins d’austérité. Ce n’est pas le chemin vers lequel on se dirige. Cela aurait pu aussi passer par une sortie, et non une expulsion, hors de la zone euro qui, en permettant à l’économie grecque de déprécier sa monnaie de -20 % à -25 %, lui aurait redonné sa compétitivité.

 

 On ne fera, à l’évidence, ni l’un ni l’autre. Dès lors, il faut s’interroger sur les conditions d’application des propositions soumises par la Grèce à ses créanciers. Même en admettant qu’un accord soit trouvé, la détérioration de la situation économique induite par l’action de la Banque Centrale Européenne, que M. Varoufakis a qualifiée de « terroriste », venant après cinq années d’austérité risque de rendre caduc ces propositions d’ici à quelques mois. Une chute des recettes de la TVA est aujourd’hui prévisible. Une nouvelle négociation sera donc nécessaire. En ce sens, ces propositions ne règlent rien.

 

 

L’Euro, c’est l’austérité

 

Il faut, alors, s’interroger sur le sens profond de ces propositions. Si elles sont tactiquement défendables, elles correspondent très probablement à une erreur de stratégie. Alexis Tsipras a déclaré ce vendredi matin, devant le groupe parlementaire de Syriza, qu’il n’avait pas reçu mandat du peuple grec pour sortir de l’Euro. Le fait est aujourd’hui débattable, surtout après l’écrasante victoire du « non » au référendum. Il est clair que telle n’était pas l’intention initiale du gouvernement, et ne correspondait pas au programme sur lequel il avait été élu. Mais, on peut penser que mis devant l’alternative, refuser l’austérité ou refuser l’Euro, la population grecque est en train d’évoluer rapidement. En fait, on observe une radicalisation dans les positions de la population, ou du moins c’est ce qui était observé jusqu’à ces propositions. Les jours qui suivent indiqueront si cette radicalisation se poursuit ou si elle a été cassée par ce qu’a fait le gouvernement.

 

En réalité, ce que l’on perçoit de manière de plus en plus claire, et c’est d’ailleurs l’analyse qui est défendue par l’aile gauche de Syriza et un économiste comme Costas Lapavitsas[1], c’est que le cadre de l’Euro impose les politiques d’austérité. Si Tsipras a cru sincèrement qu’il pourrait changer cela, il doit reconnaître aujourd’hui qu’il a échoué. L’austérité restera la politique de la zone euro. Il n’y aura pas « d’autre Euro », et cette leçon s’applique aussi à ceux qui, en France, défendent cette fadaise. Dès lors il faut poser clairement le problème d’une sortie de l’Euro, qu’il s’agisse d’ailleurs de la Grèce ou de nombreux autres pays.

 

 

 

Par Jacques Sapir histoireetsociete.wordpress.com – le 10 juillet 2015

 

 

[1] Voir son interview, http://therealnews.com/t2/index.php?option=com_content&task=view&id=31&Itemid=74&jumival=14181

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FIDEL CASTRO : L’HUMANITÉ EST MENACÉE

FIDEL CASTRO : L’HUMANITÉ EST MENACÉE | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


FIDEL CASTRO :

L’HUMANITÉ EST MENACÉE

 

Dans un message de félicitations au Premier ministre de la Grèce, M. Alexis Tsipras, Fidel Castro se montre très préoccupé de la situation politique actuelle sur le plan international et des calamités qui menacent le monde. Il évoque une guerre dans laquelle la Russie, la Chine et d’autres pays du Moyen-Orient et d’Asie seront des alliés. Selon lui, la paix et la survie de notre espèce ne demeurent aujourd’hui attachées qu’à un fil.

 


Lettre de Fidel à Alexis Tsipras, le Premier ministre de la Grèce

 

 

6 juillet 2015

 

Hon. M. Alexis Tsipras

Premier ministre de la Grèce :

 

Je vous félicite chaleureusement pour votre brillante victoire politique, que nous avions suivie de près dans tous les détails sur la chaîne Telesur.

 

La Grèce est un pays très familier aux Cubains. Elle nous a enseigné la philosophie, l’art et la science de l’antiquité lorsque nous étudions à l’école, et en plus, la plus complexe de toutes les activités humaines : l’art et la science de la politique.

 

Votre pays, par sa vaillance dans l’actuelle conjoncture, suscite dans cet hémisphère l’admiration des peuples latino-américains et des Caraïbes qui constatent comment la Grèce, face aux agressions extérieures, défend son identité et sa culture. Nous ne pouvons oublier qu’un an après l’attaque d’Hitler contre la Pologne, Mussolini ordonna à ses troupes d’envahir la Grèce, et comment ce brave pays avait neutralisé l’attaque et rejeté les envahisseurs, forçant le déploiement d’unités blindées allemandes en Grèce, les détournant ainsi de leur objectif initial.

 

Cuba connaît la valeur et la capacité combatives des troupes russes, qui, unies aux forces de son puissant allié, la République populaire de Chine, et d’autres pays du Moyen-Orient et en Asie, essayent d’éviter une guerre, mais qui jamais ne laisseront aucune agression militaire sans une réponse écrasante et dévastatrice.

 

Devant la situation politique actuelle dans le monde, alors que la paix et la survie de notre espèce demeurent attachées à un fil, chaque décision, plus que jamais, doit être soigneusement élaborée et mise en œuvre, de sorte que personne ne puisse douter de l’honnêteté et du sérieux avec lesquels beaucoup de dirigeants parmi les plus sérieux et les plus responsables luttent aujourd’hui pour faire face aux calamités qui menacent le monde.

 

Nous vous souhaitons, cher camarade Alexis Tsipras, le plus grand succès.

 

Cordialement,

Fidel Castro Ruz

 

 

 

Publié par haiti-refondation-org – traduction Ella PERRARD - histoireetsociete.wordpress.com – le 8 juillet 2015.

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Victoire écrasante

Victoire écrasante | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Le peuple grec a dit NON à 61% à l'ultimatum des créanciers, le camp de l'austérité est enfin battu à plate couture.


Ce triomphe populaire renforce la légitimité d'Alexis Tsipras et de son gouvernement, ce, malgré la désinformation des médias et la propagande opposée venant de toutes parts.


N'en déplaise à la Troïka, aux médias dominants et au monde de la finance, il va falloir revoir les copies et débloquer l'économie grecque pour lui permettre de se reconstruire.


La Grèce a prouvé qu'il est encore possible de s'opposer à la dictature de l'UE, mais il reste à espérer que cet exemple de bravoure démocratique sera suivi par d'autres pays où les peuples souffrent également de l'injuste austérité.


Duc

Koter Info's insight:


Les Grecs avaient inventé la démocratie, c'est bien normal qu'ils y reviennent enfin !


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Tyrannie européenne ?

Tyrannie européenne ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : free.niooz.fr

 

 

 

Tyrannie européenne ?

 

Alexis Tsipras avait décidé de convoquer un référendum le 5 juillet, demandant au peuple souverain de trancher dans le différend qui l’oppose aux créanciers de la Grèce. Il avait pris cette décision devant les menaces, les pressions, et les ultimatums auxquels il avait été confronté durant les derniers jours de la négociation avec ce que l’on appelle la « Troïka », soit la Banque Centrale Européenne, la Commission Européenne et le Fond Monétaire International.

 

Ce faisant, et dans un geste que l’on peut qualifier de « gaullien », il avait délibérément renvoyé au domaine politique une négociation que les partenaires de la « Troïka » voulaient maintenir dans le domaine technique et comptable.

 

Ce geste a provoqué une réaction de l’Eurogroupe d’une extrême gravité. Nous sommes en présence d’un véritable abus de pouvoir qui a été commis ce 27 juin dans l’après-midi, quand l’Eurogroupe a décidé de tenir une réunion sans la Grèce. Ce qui se joue désormais n’est plus seulement la question du devenir économique de la Grèce. C’est la question de l’Union européenne, et de la tyrannie de la Commission et du Conseil, qui est ouvertement posée.

 

 

La déclaration d’Alexis Tsipras

 

Le texte de la déclaration faite par Alexis Tsipras dans la nuit du 26 au 27 juin sur la télévision d’État grecque (ERT) est de ce point de vue extrêmement clair :

 

« Après cinq mois de négociations, nos partenaires en sont venus à nous poser un ultimatum, ce qui contrevient aux principes de l’UE et sape la relance de la société et de l’économie grecque. Ces propositions violent absolument les acquis européens. Leur but est l’humiliation de tout un peuple, et elles manifestent avant tout l’obsession du FMI pour une politique d’extrême austérité. (…) Notre responsabilité dans l’affirmation de la démocratie et de la souveraineté nationale est historique en ce jour, et cette responsabilité nous oblige à répondre à l’ultimatum en nous fondant sur la volonté du peuple grec. J’ai proposé au conseil des ministres l’organisation d’un référendum, et cette proposition a été adoptée à l’unanimité » [1].

 

Ce texte court, empli de gravité et de détermination, entrera vraisemblablement dans l’Histoire. Ce texte est prononcé par un homme jeune, qui a été confronté à la mauvaise fois, aux manipulations, à ce qu’il faut bien appeler toutes les bassesses de la politique, depuis 5 mois. Il dit aussi sa colère, froide et déterminée. Et c’est peut-être là l’échec principal de l’Eurogroupe et des institutions européennes : avoir transformé un partisan de l’Europe en un adversaire résolu des institutions européennes. Tsipras n’était pas il y a cinq mois de cela un opposant à l’idée européenne. Mais, la multiplication des humiliations, des tentatives de coup de force, l’ont obligé à réviser nombre de ses positions, qui pour certaines d’entre elles relevaient de l’illusion. Tsipras et Varoufakis sont aujourd’hui sur une trajectoire de collision avec l’Eurogroupe et l’UE non pas de leur fait, mais de celui des « institutions européennes ». Ceci est d’une immense importance pour la suite.

 

 

Les leçons de la déclaration de Tsipras

 

On peut découvrir dans cette courte déclaration trois points importants.

 

— Le premier est que le désaccord entre le gouvernement grec et ses partenaires a été d’emblée politique. La BCE et la Commission Européenne n’ont eu de cesse que de rechercher une capitulation du gouvernement grec, ce que Tsipras appelle « l’humiliation de tout un peuple ». Ce qu’a cherché l’Union européenne, par le biais de l’Eurogroupe, c’est à cautériser le précédent ouvert par l’élection de janvier 2015 en Grèce. Il s’agit de faire la démonstration non seulement en Grèce, mais ce qui est en fait bien plus important en Espagne, en Italie et en France, qu’on ne peut « sortir du cadre de l’austérité » tel qu’il a été organisé par les traités. Il faut ici se souvenir de la déclaration de Jean-Claude Juncker pour qui il ne peut y avoir de choix démocratique allant contre les traités.

 

— Le deuxième point important de cette déclaration est que, pour la première fois un dirigeant légalement élu et en fonction déclare que les institutions européennes font des propositions qui, dans leur fond comme dans leur forme « violent absolument les acquis européens ». C’est une accusation très grave. Elle revient à dire que les institutions européennes qui sont censées être des garants de la démocratie agissent au contraire de celle-ci. Elle revient aussi à dire que ces mêmes institutions, dont la légitimité n’existe que par délégation de la légitimité des États membres ont des comportements qui violent la légitimité et la souveraineté de l’un des dits États membres. Cela revient donc à dire que les institutions de l’Union européenne se sont constituées en Tyrannus ab exercitio soit en un pouvoir qui, quoi qu’issu de procédures légitimes, se conduit néanmoins en Tyran. Cela revient à contester radicalement toute légitimité aux instances de l’Union européenne.

 

— Le troisième point se déduit des deux premiers. Il est contenu dans la partie du texte qui dit : « Notre responsabilité dans l’affirmation de la démocratie et de la souveraineté nationale est historique en ce jour, et cette responsabilité nous oblige à répondre à l’ultimatum en nous fondant sur la volonté du peuple grec ». Il place désormais les enjeux non plus au niveau de la dette, mais à celui des principes, de la démocratie comme de la souveraineté nationale. Et c’est en cela que l’on peut parler d’un véritable « moment gaullien » chez Alexis Tsipras. Si l’on veut pousser l’analogie historique jusqu’à son terme, alors que Paul Raynaud en 1940 ne soumet pas au Conseil des ministres la question de faut-il continuer la guerre, Alexis Tsipras a osé poser la question de l’austérité et du référendum, et a reçu un soutien unanime, y compris des membres de l’ANEL, le petit parti souverainiste allié à SYRIZA. Il s’est ainsi réellement hissé à la stature d’un dirigeant historique de son pays.

 

La réaction de l’Eurogroupe, qui avait qualifié de nouvelle « triste » (sad) ce référendum [2], confirme bien les options antidémocratiques qui ont cours aujourd’hui au sein de l’Union européenne. Mais, cette réaction en elle-même était dépassée par une décision d’une importance réellement dramatique.

 

 

Le coup de force de l’Eurogroupe

et la Tyrannie européenne

 

La réaction de l’Eurogroupe, qui se réunissait ce samedi à Bruxelles, a en effet consisté en un acte qui conjugue l’illégalité la plus criante avec la volonté d’imposer ses vues à un État souverain. En décidant de tenir une réunion en l’absence d’un représentant de l’État grec l’Eurogroupe vient de décider d’exclure de fait la Grèce de l’Euro. Ceci constitue à l’évidence un abus de pouvoir. Et il faut ici rappeler plusieurs points qui ne sont pas sans conséquence tant juridiquement que politiquement.

 

1 — Aucune procédure permettant d’exclure un pays de l’Union Economique et Monétaire (non réel de la « zone Euro ») n’existe actuellement. S’il peut y avoir une séparation, elle ne peut avoir lieu que d’un commun accord et à l’amiable.

 

2 — L’Eurogroupe n’a pas d’existence légale. Ce n’est qu’un « club » qui opère sous couvert de la Commission Européenne et du Conseil européen. Cela signifie que si l’Eurogroupe a commis un acte illégal – et il semble bien qu’il en soit ainsi – la responsabilité en incombe à ces deux institutions. Le gouvernement grec serait donc fondé d’attaquer la Commission et le Conseil à la fois devant la Cour Européenne de Justice, mais aussi devant la Cour Internationale siégeant à La Haye. En effet, l’Union européenne est à la base une organisation internationale. On le constate par exemple dans le statut, et les exemptions fiscales, des fonctionnaires européens. Or, la règle dans toute organisation internationale est celle de l’unanimité. Le traité de Lisbonne a bien prévu des mécanismes de majorité qualifiée, mais ces mécanismes ne s’appliquent pas à l’Euro ni aux questions des relations fondamentales entre les États.

 

3 — Le coup de force, car il faut l’appeler par son nom, que vient de faire l’Eurogroupe ne concerne pas seulement la Grèce. D’autres pays membres de l’Union européenne, et l’on pense au Royaume-Uni ou à l’Autriche, pourraient eux aussi attaquer devant la justice tant européenne qu’internationale la décision de fait prise par l’Eurogroupe. En effet, l’Union européenne repose sur des règles de droit qui s’appliquent à tous. Toute décision de violer ces règles contre un pays particulier constitue une menace pour l’ensemble des membres de l’Union européenne.

 

4 — Il faut donc ici être clair. La décision prise par l’Eurogroupe pourrait bien signifier, à terme, la mort de l’Union européenne. Soit les dirigeants européens, mesurant l’abus de pouvoir qui vient d’être commis, se décident à l’annuler soit, s’ils persévèrent dans cette direction ils doivent s’attendre à une insurrection des peuples, mais aussi des gouvernants de certains États contre l’Union européenne. On voit ainsi mal comment des États qui ont juste recouvré leur souveraineté, comme la Hongrie, la République tchèque ou la Slovaquie, vont accepter de telles pratiques.

 

Il est alors symptomatique que la crise induite par un pays ne représentant pas plus de 2 % du PIB de l’UE ait pris cette tournure. En fait, cela révèle au grand jour la nature fondamentalement antidémocratique des institutions de l’UE et le fait que cette dernière soit en train de se constituer en Tyrannie.

 

 


Le spectre de la démocratie dans

les couloirs de Bruxelles

 

On ne peut, et on ne doit, préjuger du résultat de ce référendum. Il est même possible que, devenu sans objet, il ne se tienne pas. Mais on doit souligner qu’il représente le retour de la démocratie dans un espace européen dont elle était absente. De ce point de vue, l’initiative prise par Alexis Tsipras représentait la dernière chance d’introduire de la démocratie dans le système européen.

 

Il est aussi probable que les partis d’opposition que ce soit Nouvelle Démocratie ainsi que le Parti de centre gauche La Rivière (To Potami) protestent et cherchent à empêcher par divers recours légaux ce référendum d’avoir lieu. On ne peut plus exclure le fait que ces partis, avec l’aide des nervis fascistes d’Aube Dorée, ne tentent de déstabiliser le gouvernement grec. Ces réactions sont exemplaires des comportements antidémocratiques qui s’épanouissent aujourd’hui en Europe. Ils apportent de l’eau au moulin d’Alexis Tsipras. On sent comment les acteurs européistes de ce drame sont aujourd’hui terrorisés par le spectre de la démocratie.

 

En France même, on ressent très distinctement le malaise que provoque l’initiative d’Alexis Tsipras. Que ce soit au Parti Socialistes ou chez les « Républicains », on ne peut ouvertement s’opposer à une telle décision sans contredire immédiatement et brutalement tous les discours qui ont été tenus sur la démocratie. Mais, en réalité, le référendum grec fait planer le spectre d’un autre référendum, celui de 2005 sur le projet de traité constitutionnel en Europe. La manière dont la classe politique française, dans sa large majorité, de Nicolas Sarkozy à François Hollande, de l’UMP au PS, avait été désavouée par la victoire du « Non », mais avait fait passer en contrebande à peu de choses près le même texte lors du Traité de Lisbonne qui fut ratifié par le Congrès à Versailles, est l’un des épisodes les plus honteux et les plus infamants de la vie politique française. Les acteurs de cette tragique mascarade sont toujours parmi nous. Il y a une continuité de projet, si ce n’est une continuité d’action, entre la décision de ne pas respecter un vote, celui des électeurs français, mais aussi néerlandais, et le coup de force inouï de l’exclusion de la Grèce de l’Eurogroupe.

 

Tsipras ne doit ainsi pas s’attendre à un quelconque soutien de la part de François Hollande, renvoyé sans ménagement à sa propre médiocrité et à ses basses compromissions, ni de celle d’Angela Merkel dont la politique est la véritable cause de cette crise. Mais il peut s’attendre au soutien de tous ceux qui, en Europe, se battent pour la démocratie et la souveraineté.

 

 

 

PAR JACQUES SAPIR · russeurope.hypotheses.org - le 27 juin 2015

 

 

 

Notes :

[1] Traduction de Vassiliki Papadaki, sur le site de SYRIZA-France, http://syriza-fr.org/2015/06/27/allocution-du-premier-ministre-a-tsipras-au-peuple-grec-la-choix-au-peuple-souverain-referendum/

[2] Déclaration du Président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, samedi 27 juin, http://www.france24.com/en/20150627-eurogroup-says-sad-greece-referendum-closes-door-talks?ns_campaign=reseaux_sociaux&ns_source=twitter&ns_mchannel=social&ns_linkname=editorial&aef_campaign_ref=partage_aef&aef_campaign_date=2015-06-27&dlvrit=66745

 

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Alexis Tsipras signe l’échec du « nœud coulant » européen

Alexis Tsipras signe l’échec du « nœud coulant » européen | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Alexis Tsipras lance un défi aux créanciers de la Grèce qui, pendant quatre mois, ont joué la montre en espérant que, devant les difficultés financières, le nouveau pouvoir grec cèderait à leurs injonctions. (Crédits : FRANÇOIS LENOIR)

 

 

Alexis Tsipras signe l’échec du

« nœud coulant » européen

 

Dans une tribune publiée dans Le Monde, le Premier ministre grec montre sa détermination et place les créanciers face à leurs responsabilités.

 

Depuis son élection à la tête du pays, voici plus de quatre mois, Alexis Tsipras s’était montré discret dans les médias. Il laissait plus volontiers parler ses ministres, en particulier son ministre des Finances, Yanis Varoufakis, qu’il était toujours possible, ensuite, de démentir. Cette fois, dans une tribune publiée sur le site Internet du Monde, le Premier ministre hellénique s’engage directement. Et il ne le fait pas au hasard.

 

 

Dénouement imminent

 

La partie d’échecs qui s’est engagée avec les élections du 25 janvier arrive en effet avec ce mois de juin à son terme. Non seulement le prolongement du programme de soutien à la Grèce décidé le 20 février s’achève le 30 juin, mais il semble désormais certain que l’État grec ne pourra pas honorer les quatre échéances de remboursement au FMI pour un total de 1,6 milliard d’euros. Si le défaut n’intervient pas le 5 juin, il aura lieu le 12...

 

Pendant quatre mois, les créanciers de la Grèce ont joué la montre en espérant que, devant les difficultés financières, le nouveau pouvoir grec cèderait à leurs injonctions. Aussi ont-ils refusé tout compromis, rejetant les unes après les autres les « listes de réformes » présentées par Athènes et maintenant leurs exigences intactes. Cette stratégie a été résumée par Alexis Tsipras en mars dans une de ses rares interviews au Spiegel : « le nœud coulant. » À mesure que le nœud se resserre et que l’asphyxie financière augmente, la résistance grecque va se réduire.

 

 

La mise à jour de la stratégie européenne

 

C’est précisément l’inverse qui s’est produit. Dans sa tribune, Alexis Tsipras se montre déterminé. Il entame son texte par une nouvelle dénonciation de l’impasse des politiques mises en place par les précédents gouvernements et imposées par la troïka, poursuit en rappelant les concessions acceptées par le gouvernement grec et termine en rappelant clairement qu’il maintient ses « lignes rouges » : il n’y aura pas de coupes dans les retraites et il y aura bien rétablissement des conventions collectives. Et de justifier sa position : pourquoi la Grèce ne devrait-elle pas être soumise aux règles européennes en matière du droit du travail ? Comment pourrait-elle accepter de réduire encore des pensions déjà diminuées de 20 à 48 % durant les années d’austérité et qui sont nécessaires au maintien général du niveau de vie dans le pays ?

 

Alexis Tsipras met à jour toute l’absurdité des demandes des créanciers et toute la violence de leur stratégie du « nœud coulant. » Dès lors, il renvoie ces derniers à leurs responsabilités : « Il faut donc dire les choses comme elles sont : si nous ne sommes pas encore arrivés à un accord avec nos partenaires, ce n’est pas à cause de notre intransigeance ou de positions incompréhensibles. Cela serait plutôt à cause de l’obsession de certains représentants institutionnels qui insistent sur des solutions déraisonnables en se montrant indifférents à l’égard du résultat démocratique des récentes élections législatives en Grèce ainsi qu’à l’égard des positions d’institutions européennes et internationales qui se disent prêtes à faire preuve de flexibilité pour respecter le verdict des urnes. »

 

 

Qui doit « revenir sur terre » ?

 

La situation est alors entièrement inversée. Ce n’est plus la Grèce qui doit venir mendier un accord, ce n’est plus le gouvernement grec qui doit « revenir sur terre », pour reprendre la formule méprisante à la mode en février et en mars dans la presse européenne, mais bien les créanciers. Ce sont désormais à eux de prendre conscience de la « réalité » des concessions grecques et de la « réalité » d’une économie grecque saignée par leur blocage. Ce sont à eux désormais que revient de prendre leur part de concession nécessaire à tout compromis en acceptant les « lignes rouges » du gouvernement grec. Alexis Tsipras ne cache pas, en effet, sa détermination.

 

 

Le refus de la zone euro « à deux classes »

 

Sans jamais évoquer ni le Grexit, ni le défaut (c’est sa position depuis le début et ce serait suicidaire dans le contexte économique et financier actuel), le Premier ministre hellénique met au défi les partisans de la « ligne dure » d’aller jusqu’au bout. Il le fait en se plaçant non pas au niveau économique, mais au niveau politique. Pour lui, faire céder la Grèce reviendrait à créer une zone euro à deux vitesses, avec un « cœur » qui dicterait sa loi : « les règles dures d’austérité et d’ajustement » et un « super ministre des Finances » qui imposerait ces « règles », au mépris même des choix des peuples concernés. Or, Alexis Tsipras ne cache pas que cette option est pour lui « le début de la fin » de la zone euro. Autrement dit, la Grèce ne semble pas disposée à jouer dans cette partie. Comprenez à demi-mot : à rester dans une telle zone euro.

 

Et Alexis Tsipras de poursuivre que cette stratégie menée par les créanciers « comporte des grands risques et ceux qui la soutiennent ne semblent pas en tenir compte », notamment l’inauguration d’un « processus d’incertitude économique et politique qui pourrait aussi transformer de fond en comble les équilibres dans l’ensemble du monde occidental. » Très clairement, le Premier ministre grec fait ici référence au Grexit et à ses conséquences. Il fait écho aux nombreuses inquiétudes de plusieurs économistes et des dirigeants étatsuniens. La conclusion de la tribune où Alexis Tsipras fait référence à l’ouvrage de Hemingway « Pour qui sonne le glas » est sans équivoque : prendre le risque de pousser la Grèce hors de la zone euro, ce serait, pour les Européens, creuser aussi le tombeau de la zone euro. Ce serait prendre un risque considérable.

 

 Le Premier ministre grec présente donc un choix politique : construire une zone euro solidaire ou une zone euro qui exclut. Ce choix, à la lecture de la tribune d’Alexis Tsipras, la Grèce semble l’avoir déjà fait. C’est donc maintenant aux dirigeants européens de le faire. Et donc d’évaluer les risques. « La décision repose, non plus entre les mains des institutions qui, à l’exception de la Commission européenne, ne sont pas élues et qui ne rendent pas des comptes aux peuples, mais entre les mains des leaders de l’Europe. »

 

 

Le défi lancé par Athènes

 

Ce mouvement tactique d’Alexis Tsipras est particulièrement habile. Désormais, c’est lui qui fixe les règles du jeu. Il semble déterminé, quoi qu’il en coûte, à camper sur ses positions. Le temps joue à présent contre les créanciers qui doivent faire un choix où ils seront perdants à tous les coups : céder à Athènes sera une défaite politique, malgré les concessions grecques, mais pousser la Grèce au Grexit sera un désastre. Le « nœud coulant », par la capacité étonnante de résistance d’Alexis Tsipras s’est donc retourné contre ses adversaires. Si la Grèce saute dans l’inconnu, elle emporte avec elle la zone euro, prétend le Premier ministre. Certains estiment que ce ne sera pas le cas. Mais les dirigeants européens sont-ils prêts à tenter l’expérience ? Sont-ils prêts à prendre le risque de « tester » les fameux « pare-feu » qui n’ont jamais été testés ? Sont-ils prêts à créer un précédent et à mettre fin à l’irréversibilité de l’euro ? Alexis Tsipras se place dans la position du Comte D’Anteroches à Fontenoy et proclame : « messieurs les créanciers, tirez les premiers ! »

 

 

Appel à Angela Merkel

 

Cette tribune s’adresse aussi directement à Angela Merkel. La critique de l’intransigeance et des buts des créanciers est en réalité une critique de son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble qui n’a jamais caché sa préférence pour le Grexit. Alexis Tsipras envoie donc ce message à Berlin : Wolfgang Schäuble peut « gagner », il peut parvenir à ses fins s’il n’est pas stoppé par la chancelière, car la Grèce ne cèdera pas au chantage. Il ne peut donc plus être utilisé comme simple « menace » destinée à effrayer. D’où cette demande d’Alexis Tsipras de régler le problème grec au niveau des chefs de gouvernement. Si Angela Merkel ne prend pas la situation en main, si elle laisse Wolfgang Schäuble décider, alors elle mettra en péril le projet européen. Or, le Premier ministre grec sait bien qu’elle ne le veut pas. Décidément, Alexis Tsipras vient de donner une belle leçon de stratégie à tous les gouvernements européens : il est possible de résister à Angela Merkel. Pour certains, comme François Hollande, la leçon est sans doute cruelle...

 

 

 

Par Romaric Godin - latribune.fr – le 1er juin 2015.


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Grèce - Ce que l’austérité a fait au système de santé

Grèce - Ce que l’austérité a fait au système de santé | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Grèce - Ce que l’austérité a fait au système de santé

Par Louise Irvine (*)

 

Au mois d’octobre 2014, j’ai visité la Grèce pour observer l’impact de l’austérité sur le peuple grec et en particulier sur la santé et sur le système des soins.

J’ai rejoint d’autres travailleurs du secteur de la santé et la Campagne de solidarité avec la Grèce pour visiter des hôpitaux, des cliniques et des marchés de denrées alimentaires. J’ai discuté avec des soignants, avec des volontaires, avec des politiciens et avec des membres des gouvernements locaux.

 

Ce que j’ai observé m’a consternée et attristée.

 

Dans l’hôpital le plus important de Grèce, l’Evangelismos à Athènes, les conditions étaient pires que celles que j’ai rencontrées dans des pays en voie de développement.

 

Dès que les portes de l’hôpital s’ouvrent les jours « d’urgence » |1|, les gens affluent. L’effondrement des services de santé publique primaires et collectifs fait que toutes celles et tous ceux qui ont besoin de soins doivent se rendre au service des urgences et des accidents des grands hôpitaux, que ce soit pour un accident grave, pour des médicaments, pour des maladies chroniques ou pour faire vacciner les enfants. Des membres du personnel m’ont dit que des victimes de traumatismes majeurs devaient souvent attendre durant des heures pour une radiographie et un traitement à cause du manque de personnel |2|. Lorsque de trop nombreux cas affluent en même temps, il arrive que les gens meurent avant d’avoir été pris en charge.

 

Les conditions d’austérité imposées en Grèce par la Troïka pour assurer le paiement de la dette aux créanciers, en priorité les banques, ont entraîné la fermeture de nombreux hôpitaux (y compris trois hôpitaux psychiatriques) et cliniques de soins primaires |3|. Ceux qui sont restés ouverts doivent effectuer des coupes drastiques dans le personnel. Des milliers de travailleurs de la santé ont été licenciés.

 

Trente pour cent de la population grecque vit dans la pauvreté, sans accès à des soins de santé abordables |4|. Les soins de santé sont financés par l’assurance payée par les employeurs et lorsque les gens perdent leur emploi ils perdent du même coup leur assurance médicale. Le gouvernement prétend avoir rétabli les soins de santé pour les plus pauvres, mais des médecins et des infirmières m’ont affirmé que c’était faux. Les commissions d’enquête promises pour évaluer et financer les requêtes de ceux qui n’ont pas les moyens d’avoir accès aux soins n’ont pas encore été créées.

 

À Evangelismos, j’ai vu 50 patients psychiatriques entassés dans une salle de 25 lits, partageant deux toilettes et une seule infirmière en psychiatrie. Des patients psychiatriques d’âges et de sexes différents étaient allongés, amorphes, sur des brancards sur les deux côtés d’un long couloir. Au bout de ce couloir, j’en ai vu un autre aménagé de manière analogue. Ces brancards étroits et inconfortables, serrés les uns contre les autres, étaient le seul espace personnel des patients. Les infirmières et les médecins m’ont dit qu’il était impossible de faire un travail thérapeutique dans de telles conditions.

 

Malgré sa surpopulation, la salle était sinistrement silencieuse. J’ai eu l’impression que la majorité des patients étaient sous sédation, ou bien qu’ils avaient baissé les bras, succombant au désespoir.

 

L’austérité et les coupes budgétaires ont entraîné une forte augmentation des cas de dépression. Les suicides ont augmenté de 45 %. Les patients à Evangelismos ont encore de la chance – beaucoup d’autres patients qui auraient besoin de lit ont été abandonnés dans la rue, sans soutien de la part de la collectivité. J’étais sur le point de quitter l’hôpital lorsqu’un médecin m’a demandé de dire aux gens du Royaume-Uni ce que j’avais vu et entendu. Il a ajouté qu’ils voulaient « non pas de la charité, mais de la solidarité ».

 

Les gens sont en train de s’organiser pour résister et pour défendre leurs quartiers contre les impacts les plus désastreux de l’austérité. La multiplication des structures de solidarité dans les quartiers pour venir en aide aux gens qui manquent de nourriture ou de soins de santé est une expression de cette organisation sociale. Des cliniques de santé solidaires ont été mises sur pied partout en Grèce, avec du personnel bénévole qui essaie de fournir des soins de base à ceux qui n’ont pas accès aux structures de soins. Des médecins, des infirmières et des pharmaciens se portent volontaires dans ces cliniques, mais cela ne suffit pas de loin à satisfaire tous les besoins.

 

J’ai visité la Clinique de solidarité sociale à Peristeri, un district d’Athènes ayant une population d’environ 400 000 personnes. Le personnel bénévole, composé de médecins et d’infirmières, qui travaillait dans cette structure m’a expliqué que la plupart des cliniques locales gérées par l’État avaient été fermées. Le gouvernement avait également fermé toutes les policliniques, avant de rouvrir récemment certaines d’entre elles, mais avec seulement 30 % des médecins nécessaires. Là où il y avait autrefois 150 médecins pour fournir des services de santé dans le district, il n’y en a actuellement que 50. Une policlinique pour une population de 400 000 personnes n’avait ni gynécologue ni dermatologue et seulement deux cardiologues.

 

« Nous voulons qu’on nous rende nos médecins ! » disait une des volontaires avec qui j’ai discuté. Des milliers de médecins ont quitté le pays |5|. Ceux qui restent – y compris des médecins hospitaliers de haut niveau – gagnent environ 12 000 euros par année.

 

La Clinique de solidarité sociale de Peristeri fonctionne depuis un an et demi grâce à 60 bénévoles, dont 25 médecins qui ont proposé leurs services gratuitement. La clinique est pourvue d’une simple salle de consultation et d’une petite pharmacie de médicaments offerts. Les bénévoles de la clinique disaient que les gens souffrant de maladies chroniques comme le diabète ou les cancéreux avaient d’énormes problèmes pour obtenir les traitements dont ils auraient besoin. Les patients cancéreux non assurés ne peuvent pas payer une chimiothérapie. Les organisations de solidarité demandent aux personnes suivant une chimiothérapie de donner l’équivalent d’un jour de médicaments pour les patients qui n’ont pas les moyens de se procurer ces produits.

 

Le gouvernement grec [avant l’élection de Syriza] a passé une loi en janvier 2014 permettant de confisquer des biens immobiliers de personnes endettées auprès d’institutions étatiques. Il y en a qui renoncent à poursuivre leur traitement pour éviter de contracter des dettes qui pourraient entraîner la perte du logement pour leur famille.

 

Actuellement les mères grecques doivent débourser 600 euros pour un accouchement et 1 200 euros s’il y a une césarienne ou des complications. Pour les étrangères vivant en Grèce, le prix est deux fois plus élevé. La mère doit payer la facture en quittant l’hôpital. Au début, lorsque ces tarifs ont été introduits et si la mère ne pouvait pas payer, l’hôpital gardait le bébé jusqu’au paiement de la facture. Condamnée à l’échelle internationale, cette pratique a été interrompue et l’argent est désormais récupéré au moyen d’une taxe supplémentaire. Néanmoins, si la famille n’a pas les moyens de payer, son logement ou sa propriété peut être confisqué. Et si elle ne peut toujours pas payer, elle peut être emprisonnée |6|. Un nombre croissant de nouveau-nés sont abandonnés à l’hôpital. Un obstétricien avec qui j’ai discuté l’a appelé « la criminalisation de l’accouchement ». La contraception est inaccessible pour beaucoup de gens – l’assurance maladie ne couvre même pas son achat. Les avortements sont devenus beaucoup plus nombreux (30 000 par année) et, pour la première fois, le nombre de décès en Grèce est en train de dépasser celui des naissances. Les gens ne peuvent plus se permettre financièrement d’avoir des bébés. C’est déjà suffisamment dur de nourrir et soigner les enfants existants.

 

D’après un rapport récent |7| compilé par l’Unicef et par l’université d’Athènes, 35,4 % des enfants grecs soit connaissent la pauvreté, soit risquent d’y basculer. Un article dans The Lancetdu 22 février 2014 intitulé « La crise du système de santé grec : de l’austérité au déni » a évalué que le taux de mort-nés avait augmenté de 21 % et celui de la mortalité infantile de 40 % entre 2008 et 2011. De nombreuses familles vivent uniquement grâce à la maigre pension d’un grand-parent – en général d’environ 500 euros par mois. L’effondrement du système de santé primaire signifie que des milliers d’enfants ne sont pas vaccinés. Un cycle de vaccinations infantiles coûte environ 80 euros, et ce prix est trop élevé pour beaucoup de familles.

 

L’effondrement du système de santé publique a entraîné un doublement des cas de tuberculose, la réémergence de la malaria qui avait disparu depuis 40 ans et une multiplication par 700 des infections HIV. La pauvreté de l’alimentation entraîne également une détérioration de la santé de la population. D’après l’OCDE, 1,7 million de Grecs, soit presque un sur cinq, n’ont pas assez à manger |8|. À Athènes nous avons visité un marché alimentaire organisé par le mouvement de solidarité sociale, qui organise la distribution d’aliments directement des paysans à la population. En éliminant ainsi les intermédiaires, les marchés de solidarité sociale obtiennent que la nourriture soit moins chère qu’au supermarché, tout en permettant aux paysans d’être correctement payés. En contrepartie, les paysans donnent un pourcentage de leur production, qui est alors distribué gratuitement aux familles dans le besoin. Une banderole au-dessus du marché proclame « Mettre en pratique l’espoir ». Pour moi c’était là un parfait exemple de l’esprit que j’ai rencontré partout où je suis allée – l’espoir d’un changement combiné avec une approche très pragmatique pour créer des structures de soutien. Pour les personnes avec lesquelles j’ai discuté, il était évident que ces structures n’étaient pas destinées à remplacer des structures d’État, ce qui ne serait pas possible – mais constituaient un moyen de soutenir la vie et la résistance pour empêcher que les gens coulent dans la misère et le désespoir. Ils disaient que ce qu’il fallait c’était une action au niveau gouvernemental.

 

Le succès du parti de Syriza n’est pas surprenant. Nous avons rencontré Alexis Tsipras, le dirigeant de Syriza, qui a dit que la reconstruction du système de santé serait une priorité pour son gouvernement s’il était élu.

 

On peut trouver plus d’informations sur la situation de la santé en Grèce et sur les actions de solidarité sur le site du collectif Solidarité France Grèce pour la Santé : https://solidaritefrancogrecque.wor...

 

Par Louise Irvine (*) — cadtm.org — le 2 mai 2015

Source : Inprecor

 

Notes :

|1| Depuis la « réorganisation » du système de santé dans le cadre des mémorandums, les urgences sont concentrées pour le Grand Athènes (plus de 4 millions d’habitants) dans un seul hôpital chargé, tous les 4 jours, d’assurer la permanence. L’hôpital Evangelismos, le plus grand, dispose de 950 lits et de 3 000 salariés.

|2| Le budget du service public de la santé s’élevait à 16,1 milliards d’euros en 2009, il n’était plus que de 11,2 milliards d’euros en 2013. Le nombre d’hôpitaux est passé de 135 à 115 (avec une réduction à 80 prévue dans le plan « Santé 2020 »), avant les mémorandums, la Grèce était dotée d’environ 200 centres en zone rurale, seule la moitié fonctionne encore. Le secteur hospitalier public a perdu 15 000 salariés – médecins, infirmières et infirmiers, aides-soignants… Selon le Dr Ilias Sioras, cardiologue et président du syndicat des travailleurs d’Evangelismos, « Pour remettre l’hôpital à flot, il faudrait augmenter le personnel soignant de 15 000 personnes et recruter 5 000 médecins ». Cf. Fabien Perrier, « La Grèce malade du démantèlement de son système de santé », http://www.regards.fr/web/article/l...

|3| En 1978, dans sa déclaration d’Alma-Ata, l’OMS donnait cette définition des « soins de santé primaires » : « Les soins de santé primaires sont des soins de santé essentiels fondés sur des méthodes et une technologie pratiques, scientifiquement viables et socialement acceptables, rendus universellement accessibles aux individus et aux familles dans la communauté par leur pleine participation et à un coût que la communauté et le pays puissent assumer à chaque stade de leur développement dans un esprit d’autoresponsabilité et d’autodétermination. »

|4| En février 2014, The Lancet estimait que 47 % des Grecs n’avaient pas accès à des soins adéquats.

|5| Fin 2014, plus de 3 500 médecins grecs travaillaient en Allemagne…

|6| Cette loi a été supprimée par le nouveau gouvernement.

|7| Qui donne les chiffres de fin 2012.

|8| Depuis la publication du rapport de l’OCDE, ce chiffre macabre a encore augmenté.

 

 

(*) Louise Irvine est médecin généraliste, présidente de la campagne pour sauver l’hôpital de Lewisham dans le district du Grand Londres (Grande-Bretagne) et candidate à la députation pour le Parti d’action nationale de la santé dans la circonscription South West Surrey, contre le ministre de la Santé, Jeremy Hunt, député sortant. Cet article, écrit avant les élections du 25 janvier 2015, a été publié le 26 janvier 2015 par Open Democracy (https://www.opendemocracy.net), traduit de l’anglais et publié en français par À l’Encontre : http://alencontre.org/ (Les notes sont de la rédaction d’Inprecor).

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Tsipras : une guerre économique avec la Russie pourra entraîner une nouvelle guerre froide

Tsipras : une guerre économique avec la Russie pourra entraîner une nouvelle guerre froide | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Alexis Tsipras et Vladimir Poutine — Source : RIA NOVOSTI

 

 

Tsipras : une guerre économique avec la Russie pourra entraîner une nouvelle guerre froide

 

Alexis Tsipras, après avoir rencontré Poutine à Moscou, a rappelé en conférence de presse conjointe son opposition à la « guerre économique » résultant des sanctions. Quant au financement de la dette grecque, Moscou dit ne pas avoir été sollicitée.

 

 

Les sanctions malgré elles

 

« L’économie de la Grèce a beaucoup souffert des contre-sanctions de la Russie. Nous comprenons que c’était une mesure de réciprocité et nous en avons parlé à plusieurs reprises directement et ouvertement. Notre point de vue est que la guerre économique qui pourrait entraîner une nouvelle guerre froide entre l’Occident et la Russie », a déclaré le Premier ministre grec.

 

Les échanges commerciaux entre les deux pays ont chuté de 40 % à cause des sanctions et des prix sur les produits énergétiques, a rappelé Vladimir Poutine.

 

Commentant les remarques récentes sur les intentions de sa visite, Alexis Tsipras a déclaré : Je voudrais dire haut et fort que la Grèce est un pays souverain qui a le plein droit de mener sa propre politique étrangère et d’utiliser sa position géographique unique ».

 

« Nous voulons travailler avec toute l’Europe », Vladimir Poutine.

 

Le président russe Vladimir Poutine a assuré que la Russie « n’a l’intention ni d’utiliser la Grèce pour régler ses comptes avec l’Union européenne ni d’améliorer ses relations avec certains États membres seulement »

 

 


La Grèce, l’un des points de transit

les plus importants

 

La Grèce se tient prête à une éventuelle participation au projet de gazoduc « Turkish Stream ». Les deux parties ont discuté des possibilités de transit du gaz russe à travers l’Europe du Sud, ce qui ferait de la Grèce « un point de transit important »

 

 

La réalisation du gazoduc « Turkish Stream » pourrait aider la Grèce à payer ses dettes », a dit Vladimir Poutine.

 

La rente annuelle réservée par Gazprom aux pays de transit s’élève à plusieurs milliards de dollars. Ensuite, ce projet permettra de couvrir les besoins énergétiques de la Grèce et d’assurer la sécurité énergétique en Europe

 

 

Tsipras pour la nouvelle architecture

de sécurité en Europe

 

La crise ukrainienne n’a pas été oubliée. Selon le Premier ministre grec, les accords de Minsk sont la clé pour surmonter une crise européenne « très profonde » et sortir du cercle vicieux de sanctions. D’ailleurs, Alexis Tsipras s’est dit très préoccupé par la crise en Ukraine, car elle représente une menace notamment pour les Ukrainiens d’origine grecque à Marioupol.

 

 

Il faut une volonté politique

pour trouver une solution

 

Parmi les problèmes discutés par les dirigeants, l’agriculture a occupé une place de choix.

 

« Les buts des deux pays, de la Russie et de la Grèce sont d’accélérer leur développement économique, notamment en renforçant la coopération dans le domaine agricole », a dit Tsipras, notant que la Grèce a été fortement pénalisée par l’embargo russe à l’égard des exportations agricoles européennes. « Il me semble que s’il y a une volonté politique, nous pourrons trouver une solution », Tsipras a indiqué à propos de l’embargo.

 

« La Grèce a été obligée de voter pour les sanctions » et a subi de plein fouet les mesures de rétorsion, Vladimir Poutine.

 

« Il faut élargir la coopération par la création d’entreprises communes et faire cesser la guerre de sanctions », a souligné le président russe.  

 

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a tenu à rappeler que « Nous respectons nos engagements avec l’UE, mais ils ne peuvent pas nous interdire de conclure des accords avec d’autres pays », a conclu le Premier ministre grec.

 

 


L’année 2016 a été déclarée « année croisée russo-grecque ». Les deux dirigeants ont aussi adopté une déclaration conjointe sur le 70e anniversaire de la victoire des deux peuples sur le nazisme.

 

 

Par francais.rt.com – le 8 avril 2015.

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Euro : le sauvetage, pire que le naufrage - L’UE achète du temps avant la catastrophe

Euro : le sauvetage, pire que le naufrage - L’UE achète du temps avant la catastrophe | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Reynaldo Paganelli/SIPA/1503240924

 

Euro : le sauvetage, pire que le naufrage

L’UE achète du temps avant la catastrophe

 

Si l’on doutait encore de la soumission des Européens aux États-Unis, cette information, dont toute la presse allemande parlait au matin du 17 mars 2015, viendra lever les incertitudes. Elle prouve aussi que Jean-Claude Trichet – désormais président de la Trilatérale, think tank cadet de Bilderberg, présidé par Henri de Castries – est sous influence directe de l’administration américaine.

 

C’est l’ancien économiste en chef de la BCE, Jürgen Stark, qui l’affirme : le président Obama aurait exercé d’énormes pressions sur la BCE, lorsqu’il s’agissait de sauver l’euro. Le but des Américains était que la Banque centrale de l’Union européenne intervienne de manière aussi agressive que la FED sur les marchés. Peu après ces pressions, un programme d’achat massif d’emprunts d’État fut élaboré.

 

Ce mois-ci, Mario Draghi a mis en place son programme de stabilisation de l’euro, annoncé de longue date. Selon ses prévisions, réalisées avec la participation active des Américains, 60 milliards d’euros d’emprunts doivent être achetés chaque mois. Jürgen Stark rapporte dans un document réalisé par la télévision allemande ARD comment, le soir d’une session de la BCE, quelqu’un lui avait remis une enveloppe. Celle-ci contenait les consignes détaillées demandant à la BCE d’acheter massivement les emprunts d’État. Ces plans lui étaient alors totalement inconnus. « Ça a été pour moi un choc incroyable », déclare Stark à propos de cet épisode, qui aurait eu lieu à Lisbonne en mai 2010.

 

Ce genre de programme d’emprunts est vivement contesté par les juristes, et même les juges de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe le tiennent pour illégal. « Les pressions de l’administration américaine étaient énormes, de tous côtés, en particulier de la part du président Obama », précise Stark, qui a fini par présenter sa démission sous l’administration Trichet, en 2011. La presse française en avait rendu compte à l’époque, estimant Trichet affaibli par cette démission. Les déclarations de Stark ont été confirmées, durant la crise financière, par Philipp Hildebrand, le président de la Banque Nationale suisse : « Lors de l’entrée en fonction de Mario Draghi, j’ai reçu un coup de fil de Tim Geithner, le ministre des finances américain, qui voulait savoir comment amener la BCE à adopter un style tout aussi agressif, comme c’est l’usage à la FED et en Grande-Bretagne. »

 

Et puis soudain, durant le sommet de l’Union européenne qui vient de se tenir entre Junker, Merkel, Tsipras, Hollande et Draghi, l’UE déclare que la situation de la Grèce représente une catastrophe humanitaire. On sort alors du chapeau pointu européen un « fonds inconnu de 2 milliards d’euros, destiné au développement » (on se demande quel développement). Junker décide donc que cette somme sera attribuée aux Grecs. Il charge le Commissaire européen Valdis Dombrowski « de voir » comment celle-ci serait absorbée par la Grèce… Après le sommet, Junker déclare que cet argent doit servir à maîtriser les problèmes sociaux du pays et aider les PME à se développer. Mais il omet de préciser comment il va contrôler l’attribution de cette somme à Athènes.

 

Tout ceci n’a pu que satisfaire Alexis Tsipras, en récompense de son alignement à l’UE et, par ricochet, aux États-Unis. Les autres États membres de l’UE, eux, n’ont pas été associés à ces négociations, bien qu’il s’agisse de l’argent de leurs contribuables. Le journal économique allemand Deutsche Wirtschaftsnachrichten précise : « Par cette décision, la troïka a désormais les mains libres pour demander d’autres milliards à la BCE et au FMI au titre de la dette grecque. Cette action risquée est connue du grand public sous le nom de « sauvetage de la Grèce » et a déjà coûté au contribuable européen 240 milliards euros. » Comme mentionné dans le reportage de la première chaîne allemande ARD, l’UE achète encore une fois du temps avant la catastrophe. Ainsi Georges Friedman, fondateur de la plus importante agence de renseignements privée au monde, Stratfor Global Intelligence, estimait-il à l’occasion d’une récente conférence à Chicago que l’euro et l’Europe imploseront.

 

En attendant, les États-Unis peuvent toujours faire pression, car, comme le dit Georges Friedman, « l’Europe est devenue incontrôlable ». Preuve de sa dérive autocratique, une déclaration de Junker, cité par Der Spiegel, devrait choquer chacun des citoyens que nous sommes : « Nous décidons des choses et les laissons de côté, pour attendre quelque temps et voir ce qui va se passer. S’il n’y a pas de grandes protestations et autres émeutes – car, de toute façon, personne ne comprend ce que nous décidons – alors nous continuons, pas à pas, jusqu’à ce qu’un retour en arrière devienne impossible. » Ainsi va la démocratie en UERSS !

 

 

 

Par Sylvia Bourdon - causeur.fr – le 25 mars 2015

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Grèce : les jeux ne sont pas faits

Grèce : les jeux ne sont pas faits | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : causeur.fr


 

 Grèce : les jeux ne sont pas faits

Par Benito Perez

 

Capitulation ou victoire d’étape ? Depuis la signature vendredi d’un accord entre la Grèce et ses créanciers, des analyses contradictoires se font jour. Une majorité, qui met pour une fois la droite et une part de l’extrême gauche d’accord, estime qu’Athènes a été mis au pas par Berlin. Les libéraux y voient renforcée leur certitude qu’aucune politique alternative n’est possible. Les autres, y compris au sein du parti au pouvoir en Grèce, la confirmation que les dirigeants de Syriza sont bien trop conciliants pour changer le cours de l’histoire européenne.

 

Dans le détail, le constat est plus complexe. Certes, les positions maximalistes des premières semaines ont fait long feu. Le document de réformes rendu hier par Athènes et accepté par les pays de la zone euro l’atteste plus encore que le compromis sur la prolongation du « plan d’aide » qui, déjà, renvoyait la renégociation de la dette aux calendes grecques. Parmi les autres reculs spectaculaires, on note l’abandon des renationalisations et l’obligation de soumettre à l’Eurogroupe toute décision pouvant impacter les comptes publics grecs. Le retour à la souveraineté s’éloigne.

 

Reste que parler de capitulation est très excessif. Pour s’en convaincre, il suffit de rappeler ce que la Troïka voulait imposer au précédent gouvernement grec : hausse de la TVA, licenciements massifs dans les services publics, nouvelles coupes sociales et dans les retraites. Un projet qu’aujourd’hui plus personne n’évoque.

 

Mieux : dans tous les domaines, les Grecs ont fait bouger les lignes en leur faveur, obtenant une marge de manœuvre inédite depuis l’éclatement de la crise. Parfois au prix d’un « flou créatif », selon les mots du ministre des Finances, Yanis Varoufakis, comme pour la hausse du salaire minimum, la révision « équilibrée » de la grille de l’État ou du niveau d’excédent budgétaire, tous laissés indéterminés.

 

La latitude du gouvernement sera limitée, mais réelle. Les mesures fiscales et anticorruption, de même que les hausses salariales, notamment par le retour des conventions collectives, devant rapporter de quoi financer les politiques sociales (alimentation, logement, électricité, endettement). On évoque le chiffre de 7 milliards d’euros, soit l’équivalent du prêt suspendu par les créanciers. Et si l’ex-Troïka, rebaptisée les « institutions », n’est pas hors-jeu, ce ne sont plus ses fonctionnaires qui élaborent les lois, l’initiative revient dans les mains des élus.

 

Parviendront-ils à faire fructifier ces quatre mois de répit ou ont-ils mis le doigt dans un engrenage infernal ? Pour la plupart des gouvernements européens, un succès de Syriza constituerait un désaveu des plans d’austérité qu’ils ont eux-mêmes imposé à leurs peuples et un encouragement clair à leurs opposants. Aucun cadeau n’est à attendre.

 

Autre enseignement : comme naguère les Chypriotes et les Irlandais, les Grecs ont vu leur capacité de résister au diktat néolibéral amoindrie par leur incapacité à contrôler leur système financier. À la merci de la BCE comme des spéculateurs, les banques privées font office de cheval de Troie face à toute tentative de souveraineté populaire. Si elle veut changer la donne, la gauche devra réfléchir sérieusement à une alternative. Et pas seulement comme épouvantail à agiter : la crédibilité des menaces de Syriza de « renverser la table » néolibérale sort très amoindrie de cette première joute.


Alexis Tsipras et les Grecs ont désormais quatre mois pour se poser la question : que sont-ils prêts à risquer pour briser le carcan « austéritaire » qui continue d’enserrer leur pays ?

 

 

 

Par Benito Perez (journaliste) - lecourrier.ch (Genève) – le 26 février 2015

 

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De quoi la dette grecque est le nom

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Dessin : boursereflex.com


 

 De quoi la dette grecque est le nom

 

Déclaration de Jacques Cheminade, président de Solidarité et Progrès

 

 

À la veille des négociations concernant la situation économique de la Grèce et de la venue d’Alexis Tsipras à Paris, certaines choses devraient être claires pour tout le monde, en particulier pour notre gouvernement français.

 

Tout d’abord, la dette grecque, en son état actuel, ne pourra jamais être remboursée, même au détriment de la population et de l’économie grecques. La solution adoptée par la Conférence de Londres du 27 février 1953, en faveur d’une République fédérale allemande alors asphyxiée comme la Grèce l’est aujourd’hui, doit inspirer l’attitude du gouvernement français : réduction de la part illégitime et non remboursable de la dette grecque, de l’ordre de 60 %, moratoire de 5 ans sur le reste et limitation du paiement annuel à 5 % de ses revenus d’exportation.

 

Ensuite, il doit être reconnu que c’est toute la dette publique et privée des pays européens et du système transatlantique qui pose problème, et pas seulement celle de la Grèce. C’est pourquoi notre gouvernement doit soutenir la convocation d’une Conférence européenne sur la dette, proposée par le gouvernement grec et, au-delà, d’une Conférence sur la dette de l’ensemble du système transatlantique dollar/euro.

Rappelons que le Président équatorien, Rafael Correa, a appelé à créer un Tribunal international pour séparer les dettes légitimes, liées à l’économie réelle, des dettes illégitimes, relevant d’opérations spéculatives sur les marchés financiers. C’est la majeure partie de la dette du système de la City de Londres et de Wall Street qui doit être effacée pour permettre le redémarrage de l’économie mondiale.

 

Le fardeau de cette dette se trouvant ainsi éliminé, un accord européen et international doit être mis en place, en vue d’émettre massivement du crédit public pour équiper l’homme et la nature, chaque État-nation y apportant sa part en fonction d’une estimation raisonnable des ressources humaines et matérielles qu’il se trouvera en mesure d’apporter. Ce sont les ressources engendrées par les crédits d’équipement qui permettront alors de rembourser les créances. Le crédit doit être public et à long terme, en faveur des peuples et des générations futures, et non à court terme, en faveur des spéculations financières. C’est ce type de crédit qui permit le développement des États-Unis après leur indépendance, la reconstruction de l’Europe après-guerre et l’essor de la Chine au cours de ces trente dernières années.

 

La France et l’Europe seront ainsi en mesure non seulement de rendre justice au peuple grec, mais de se joindre à la dynamique des BRICS, en proposant de participer à la Conférence qui se tiendra à Oufa, en Bachkirie, en juillet prochain.

 

Cette démarche est la seule qui puisse rétablir une dynamique de développement mutuel harmonieux, fondée sur la réalisation de grands projets en commun, tant en ce qui concerne le développement de l’Afrique que la mise en œuvre d’une politique spatiale ambitieuse, à la dimension des nouvelles découvertes humaines. Elle est la seule qui permettra au monde d’échapper à la guerre, dans l’esprit du Traité de Westphalie de 1648 : avantage d’autrui et annulation des profits illégitimes acquis à son détriment, notamment par la transformation de la dette en instrument d’oppression.

 

L’Europe occidentale et les États-Unis, dans leur tradition hamiltonienne et suivant les orientations définies par Lyndon LaRouche, pourront ainsi jouer leur partition, en contribuant avec le meilleur de leur histoire, dans le concert des nations. Nous pourrons alors tous dire merci au peuple grec et à son nouveau gouvernement, qui nous en aura donné l’occasion.

 

 

 

 

Par Jacques CheminadeSolidarité & Progrès – le 31 janvier 2015



Jacques Cheminade, né le 20 août 1941 à Buenos Aires, en Argentine, est un homme politique et essayiste français, fondateur du parti politique Solidarité et progrès, affilié au mouvement de Lyndon LaRouche. Il est candidat à l’élection présidentielle de 1995 (0,28 % des voix au premier tour) puis à celle de 2012 (0,25 % des voix au premier tour). (Source : Wikipédia)

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Juncker dit « non » à la Grèce et menace la France

Juncker dit « non » à la Grèce et menace la France | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it



Juncker dit « non » à la Grèce et menace la France

 

« Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens », affirme notamment le président de la Commission européenne.

 

Intraitable. Dans un entretien au Figaro (29 janvier, édition abonnés), le président de la Commission européenne adresse une fin de non-recevoir au gouvernement grec conduit par Alexis Tsipras. Sur l’annulation de la dette, Jean-Claude Juncker oppose à la Grèce un « non » catégorique :

 

« Athènes a accepté deux plans d’ajustement (de redressement, NDLR), elle doit s’y sentir tenue. Il n’est pas question de supprimer la dette grecque. Les autres pays européens ne l’accepteront pas. »

 

On a connu le président de la Commission plus conciliant quand, Premier ministre du Luxembourg, il autorisait des dizaines de multinationales à s’affranchir des législations fiscales des pays membres de l’UE.

 

Lire > Juncker au centre d’un scandale fiscal impliquant 340 multinationales

 

Les élections ne changent rien, affirme en substance le président de la Commission européenne. Sans prendre beaucoup de gants :

 

« Dire qu’un monde nouveau a vu le jour après le scrutin de dimanche n’est pas vrai. Nous respectons le suffrage universel en Grèce, mais la Grèce doit aussi respecter les autres, les opinions publiques et les parlementaires du reste de l’Europe. Des arrangements sont possibles, mais ils n’altèreront pas fondamentalement ce qui est en place. »

 

Vous n’êtes pas certain d’avoir compris ? « Dire que tout va changer parce qu’il y a un nouveau gouvernement à Athènes, c’est prendre ses désirs pour des réalités », ajoute encore Jean-Claude Juncker, qui lâche une phrase terrible, qui résume toutes les limites de la démocratie dans l’Union européenne :

 

« Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens. »

 

 

Interrogé sur la France, et notamment sur la question de savoir si la Commission va accepter d’accorder à notre pays un délai supplémentaire pour réduire le déficit à 3 % du PIB, Jean-Claude Juncker se montre également rigide et menaçant.

 

Rigide quand il radote le credo de toutes les Commissions : « Nous voudrions voir la France renforcer ses réformes, en nombre comme en intensité. » Selon lui, « la France soufre d’un manque de réformes dites structurelles, de réformes qui portent sur l’essentiel (…). Elle doit soigneusement examiner les faiblesses de son droit du travail. » Menaçant lorsqu’il réaffirme qu’« il n’y a pas d’autres remèdes que de la consolidation budgétaire » (sic) et n’exclut pas de sanctionner la France si son déficit n’est pas réduit : « Un pays ne peut pas échapper aux sanctions s’il ne respecte pas les règles. »

 

 

Il n’y a pas de « diktat » allemand, affirme le président de la Commission européenne. « Cette impression d’un diktat, d’une machine allemande qui laminerait toute contradiction est parfaitement erronée », soutient-il. Avant de lever un coin du voile de secret qui entoure les sommets européens : « D’autres gouvernements, parfois même socialistes, étaient beaucoup plus sévères à l’égard de la Grèce, par exemple. » Une confidence dont la véracité ne nous paraît pas contestable. Allez savoir pourquoi…

 

 

Par Michel Soudais - Politis.fr - le 29 janvier 2015

Koter Info's insight:


Au moins c'est avoué et reconnu !


PAS de choix démocratique

contre les traités européens !


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