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De la Chine à Assad, l’aventure c’est l’aventure (Partie 1/2)

De la Chine à Assad, l’aventure c’est l’aventure (Partie 1/2) | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Christina Lin

 

 

De la Chine à

Assad, l’aventure c’est l’aventure

Par Philippe Grasset

 

(Partie 1/2)

 


Un bloc militaire eurasien va-t-il prendre forme pour combattre l’Armée de la Conquête lancée contre la Syrie ?

 

Pour une fois, attardons-nous à une prospective assez audacieuse, qui se formule avec le titre « Un bloc militaire eurasien va-t-il prendre forme pour combattre L’Armée de la Conquête lancée contre la Syrie ? ». L’auteur(e) est une dame, Christina Lin, qui n’est ni une amatrice ni une rêveuse impénitente. Elle est chercheuse à l’université SAIS-John Hopkins, au Centre des relations transatlantiques, après avoir été directrice de la politique chinoise au département de la Défense (Pentagone). Elle a publié un livre qui témoigne de son expertise chinoise qui lui est évidemment naturelle puisqu’elle est d’origine taïwanaise, La nouvelle Route de la soie : la stratégie de la Chine dans le grand Moyen-Orient.

 

Sa spécialisation à cet égard porte sur l’évolution stratégique de la Chine, non pas dans le cadre asiatique/pacifique, mais à l’inverse, dans le cadre eurasien et par rapport au monde moyen-oriental ; donc l’évolution de l’Eurasie qui nous concerne directement, puisque la Russie y est partie prenante avec la question tchétchène – la Russie qui est l’objet d’une crise fondamentale avec le bloc BAO (NDLGazette : bloc BAO = bloc américaniste-occidentaliste) à propos de l’Ukraine.

 

Sur son blog de Times of Israel et à la date du 13 juin 2015, Lin publie un article intitulé « Assiste-t-on à l’émergence d’un bloc militaire eurasien pour combattre l’Armée de la Conquête » en Syrie ? ». Ce texte précise de façon dramatique l’intérêt que Lin, en tant que spécialiste des affaires chinoise et eurasienne en connexion avec le Moyen-Orient, porte à la situation spécifique des rapports de la Chine avec la crise syrienne, et cela dans un contexte que nous qualifierions par exemple d’« eurasien-élargi » ; c’est-à-dire, un contexte marqué par la proximité nouvelle de la Chine avec la Russie, des relations de l’Eurasie avec l’Iran qui est sur le point de changer de statut avec la fin possible des sanctions, tout cela impliquant les divers pays rassemblés pêle-mêle dans diverses organisations, essentiellement les organisations telles que la SCO (Organisation de Coopération de Shanghai, ou OCS en français), la CSTO (l’Organisation du Traité de Sécurité Collective) rassemblant au départ les anciennes républiques de l’URSS, voire les BRICS. Tout cela est écrit dans la perspective désormais très proche des réunions de la SCO et des BRICS, en juillet en Russie.

 

L’idée centrale de Lin porte sur l’intérêt inquiet de la Chine pour la situation syrienne, en cas de chute d’Assad, – avec la crainte qu’une chute d’Assad conduisant à une prise du pouvoir par des djihadistes et une certaine « stabilisation » de la crise syrienne « libèrent » des combattants de cette nébuleuse pour des expéditions vers l’Eurasie et notamment vers la province chinoise musulmane du Xinjiang. (La même logique, aussi bien d’inquiétude et de tension concerne la Russie vis-à-vis de la Tchétchénie, voire l’Inde vis-à-vis du Cachemire, – nous sommes bien dans le contexte de l’Eurasie.)

 

Dans un article précédent, le 12 mai 2015, Lin avait développé le point particulier de l’intérêt de la Chine pour la crise syrienne, et la tendance de cette puissance à défendre Assad contre ses ennemis djihadistes. À ce propos, Lin impliquait la Turquie, principale instigatrice avec l’Arabie Saoudite de l’assaut djihadiste contre Assad, constatant ainsi un « antagonisme objectif » entre les Chinois et les Turcs. Cet antagonisme a des racines plus profondes, qui concernent la population des Ouïghours, musulmane sunnite et turcophone, habitant le Xinjiang et ayant des revendications à cet égard, au travers de l’organisation TIP (Turkistan Islamic Party), avec des perspectives qui emplissent de terreur le pouvoir central chinois. Il y a donc un vieux contentieux entre Erdogan lui-même et les Chinois, concernant d’une part les ambitions nécessairement mégalomanes du premier et les inquiétudes évidemment obsessionnelles des seconds, tout cela par rapport au Xinjiang et aux Ouïghours…

 

« En 1995, quand M. Erdogan était maire d’Istanboul, il a donné à une partie du parc Sultan Ahmet (Mosquée Bleue) le nom d’Isa Yusuf Alptekin, le leader du mouvement d’indépendance du Turkestan oriental et l’ennemi juré de la Chine des années 1990. Après la mort d’Alptekin, Erdogan a érigé un monument commémoratif dans le parc en souvenir des Sehitlerinin (ou martyrs) du Turkestan oriental, qui avaient perdu la vie dans la « lutte pour l’indépendance. » En 2009, les relations bilatérales sont tombées au plus bas lorsque [Erdogan] a qualifié la répression chinoise au Xinjiang de « génocide » et que, en 2014, le porte-parole de l’AKP, le Daily Sabah, s’est mis à servir une rhétorique anti-chinoise du même acabit. »

 

« De plus, un article de juillet 2014 a contesté la légitimité des revendications de la Chine sur le Xinjiang et a fait dire au vice-président du Congrès mondial ouïghour : La question du Turkestan oriental est sous la responsabilité de la Turquie. Ankara a, en outre, contesté l’autorité de Pékin sur les Ouïghours chinois, en accueillant, en novembre, les réfugiés clandestins ouïghours capturés en Thaïlande, ce qui a provoqué la réaction indignée de la Chine qui a immédiatement demandé à la Turquie de cesser d’interférer dans les affaires intérieures de la Chine et de soutenir l’immigration clandestine… [qui] nuit à la sécurité des pays et des régions concernées. »

 

Dans ce texte, Lin appréciait la Turquie comme étant, aux yeux des Chinois « le Pakistan d’un Afghanistan que serait la Syrie », organisant un flux constant de nouveaux combattants djihadistes avec la fourniture de toute la logistique nécessaire et la profusion de faux passeports turcs, certains de ces combattants venus du Xinjiang en tant que fidèles Ouïghours, pour alimenter l’« Armée de la Conquête » anti-Assad dont les Turcs sont, avec les Saoudiens, les principaux pourvoyeurs et qui rassemble un patchwork de diverses organisations djihadistes. Lin signale, dans un autre article, du 1er juin 2015, que cette « Armée de la Conquête », qui est l’objet d’une grande hostilité de la part de Daesh/ISIS parce qu’elle est formée d’entités nationales qui s’affirment comme telles, contre l’organisation islamiste fondamentale qui caractérise Daesh, a le potentiel de devenir elle-même un autre « État Islamique ». Parmi ces références « nationales », on trouve le TIP des Ouïghours du Xinjiang.

 

« Le 25 avril 2015, une coalition de forces rebelles menée par l’affilié d’al-Qaïda, Jabhat al-Nusra (JN), le Parti du Turkistan islamique dirigé par les Ouïghours chinois (PTI), le groupe ouzbek Imam Bukhari Jamaat (IBJ), et le groupe Katibat Tawhid wal Jihad, a écrasé l’armée syrienne à Jisr al-Shughur au nord-ouest du gouvernorat syrien d’Idlib. Selon un article récent du Terrorism Monitor, du fait que la coalition rebelle soutenue par la Turquie, le Qatar et l’Arabie saoudite bénéficie d’une ligne d’alimentation directe qui va de la province turque de Hatay jusqu’à Idlib, pourrait permettre aux « rebelles d’avoir assez de ressources pour établir un État de facto au nord-ouest de la Syrie qui serait dirigé par Jabhat al-Nusra et soutenu par plusieurs milices d’Asie centrale ». Ceci corrobore les conclusions du rapport de 2012 de la DIA, publié récemment, selon lesquelles les États arabes du Golfe et la Turquie voulaient créer un mini-État salafiste en Syrie pour faire pression sur le régime d’Assad. »

 

« L’état de facto, qu’ISIS condamne parce qu’il autorise la présence de symboles jahliyya (préislamiques) aux côtés de symboles islamiques – comme le drapeau nationaliste bleu du « Turkestan oriental » et le drapeau de l’Armée syrienne libre – poserait désormais une menace à la sécurité de la Chine et des pays d’Asie centrale qui craignent de servir de base arrière aux groupes militants pour lancer des attaques sur leurs fronts. De fait, les groupes rebelles chinois ETIM et PTI ont autrefois utilisé l’AfPak (l’Afghanistan/Pakistan)* comme rampe de lancement pour des attaques terroristes contre la Chine, et maintenant la Syrie/Turquie est considérée par Pékin comme leur nouveau AfPak. »

 

Depuis 2012, les Chinois sont intervenus à plusieurs reprises auprès des Turcs et d’Erdogan directement pour faire cesser ces pratiques qui établissent un lien fâcheux (pour les Chinois) entre le conflit syrien et les grandes régions d’Eurasie, mais tout cela sans beaucoup de succès. Il est difficile de faire changer d’avis Erdogan, car il se charge lui-même de cette besogne, et dans tous les sens.

 

L’on est évidemment conduit à penser qu’il ne ferait guère de doute que cette situation sera un des grands sujets d’entretien des réunions de juillet en Russie, où l’Inde et le Pakistan, et sans doute l’Iran, devraient être admis comme nouveaux membres de la SCO. Lin ne recule plus désormais devant l’image de la SCO se constituant en « OTAN de l’Est », concept jusqu’alors écarté en général, et surtout, et avec la plus grande vigueur, par les Chinois…

 

Mais la situation évolue très vite et la SCO devient un formidable rassemblement de producteurs d’énergie, une structure naturelle pour soutenir le grandiose projet de « Nouvelle Route de la Soie » de la Chine et, surtout, un instrument militaire promis à une coopération, sinon une intégration militaire (du point de vue technique) grandissante si les perspectives d’affrontement dues à l’immense désordre moyen-oriental menacent de déborder ce cadre.

 

La nouvelle ontologie belliciste instaurée par ISIS/Daesh passant du terrorisme à la constitution en État islamique, imitée éventuellement par le projet concurrent de Daesh des autres organisations djihadistes de l’« Armée de la Conquête », transforme à mesure les ripostes militaires. La SCO, qui prévoit une collaboration active dans la lutte contre le terrorisme, devrait voir cette collaboration antiterroriste envisager une évolution vers une collaboration militaire du type OTAN, à mesure de l’affirmation de la transformation des terrorismes en structures à prétention étatique…

Lin poursuit dans cette voie : « Avec les nouveaux dirigeants nationalistes que sont Poutine, Xi et Modi à la barre, Moscou, Pékin et Delhi mettent de côté leurs rivalités stratégiques en Eurasie. Et, en mai, ils ont annoncé qu’ils mèneraient leur premier exercice antiterroriste conjoint plus tard dans l’année – unis par la menace commune de déstabilisation de leur patrie par ISIS et l’islam radical.

 

Durant le même mois, la Chine et la Russie ont également conduit, au large de la côte syrienne, l’exercice naval « Mer commune 2015 », immédiatement suivi en juin par « Pont de l’Amitié 2015 », un autre exercice naval de l’Égypte et de la Russie, près du port égyptien d’Alexandrie où la Russie souhaiterait établir une nouvelle base navale. »

 

L’Égypte et la Syrie viennent également d’exprimer leur volonté d’adhérer à l’OCS pour lutter avec les autres États membres contre les islamistes politiques et les salafistes djihadistes de Frères musulmans, des affiliés d’al-Qaïda, d’ISIS, d’ETIM et de PTI qui menacent de déstabiliser leurs pays.

 

En janvier, on avait discuté de la question d’accepter la Syrie au sein de l’OCS pour contrer l’OTAN et le plan occidental de remplacer Assad par les salafistes, et pour empêcher l’avènement d’un Damas islamiste qui exporterait l’extrémisme et radicaliserait ces états d’Eurasie qui ont une importante population musulmane sunnite. »

 

Dans un sommet de juillet 2014 à Tachkent, l’OCS dirigée par la Chine a également examiné la possibilité de fusionner avec l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), l’alliance militaire dirigée par la Russie, puisque la plupart de leurs membres respectifs appartiennent aux deux organisations. De 2012 à 2015, l’Iran, l’Égypte et l’Inde ont eu des entretiens avec l’OTSC sur le statut d’observateur et une éventuelle adhésion ; l’Iran a déjà actuellement le statut de candidat. ISIS, avec son expansion rapide et sa volonté de conquérir le territoire de l’OCS, et les djihadistes salafistes d’al-Qaïda soutenus par la Turquie, membre de l’OTAN, et les pays arabes du Golfe, pourraient, tel un hameçon fiché dans la mâchoire des pouvoirs eurasiens, les entraîner sur la ligne de front de la bataille contre l’Islam radical en Syrie et en Irak. »

 

L’OCS mène déjà des exercices militaires conjoints similaires à ceux de l’OTAN, sous le nom de Mission de paix. En août dernier, les membres de l’OCS ont conduit un exercice de contre-terrorisme à grande échelle visant à repousser des séparatistes soutenus par l’étranger, en Mongolie intérieure, impliquant 7 000 soldats, dont la presse occidentale a très peu parlé.

 

L’OCS était jusqu’à présent un bloc interne de sécurité collective et non une alliance de défense collective contre des menaces externes, mais étant donné le danger croissant de terrorisme, d’extrémisme et de séparatisme en provenance de l’extérieur de son territoire, l’OCS s’intéresse désormais à l’extérieur. »

 

Si l’OCS et l’OTSC fusionnaient pour former une alliance militaire eurasienne de lutte contre le terrorisme, pourraient-elles éventuellement mettre des bottes sur le terrain en Syrie et en Irak ? En 2012, le bruit a couru que la Chine, la Russie, l’Iran et la Syrie envisageaient de conduire un immense exercice militaire impliquant 90 000 soldats. Si l’Iran et la Syrie rejoignaient tous deux l’OCS, cet exercice pourrait avoir lieu et s’appeler la nouvelle Mission de paix 2016 de l’OCS. »

 

La Chine s’est battue contre la Turquie dans la guerre de Corée de 1950 à 1953, quand la ligne rouge de Pékin a été franchie. On peut se demander si la Turquie, en utilisant la Syrie pour recruter les Ouïghours et stimuler le séparatisme Xinjiang, ne cherche pas à provoquer à nouveau le dragon chinois. En outre, si l’Iran se joint à une alliance militaire collective, cela aurait aussi sans doute pour effet d’exclure une éventuelle opération militaire des États-Unis et d’Israël contre son programme nucléaire illicite.

 

« Les États-Unis et l’OTAN feraient peut-être bien de conseiller à leurs alliés arabes du Golfe et de Turquie de se retirer de cette armée djihadiste de conquête et de se concentrer sur la lutte contre ISIS, plutôt que de saboter la coalition anti-ISIS sous commandement étasunien et d’inciter, par leurs provocations, des États nucléaires eurasiatiques à passer d’une opération de contre-terrorisme à une grande guerre entre superpuissances. »

 

 

 

Par Philippe Grasset (Dedefensa) - lesakerfrancophone.net - traduction des parties en anglais : Dominique Muselet – le 17 juin 2015

 

Note

* Af-Pak est le nouvel acronyme inventé par le gouvernement américain pour désigner l’Afghanistan/Pakistan

Koter Info's insight:


Voir la suite de l’article intitulé :

« De la Chine à Assad, l’aventure

c’est l’aventure »

(Partie 2/2) ici

 

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Pourquoi les États-Unis tentent-ils de remplacer le gouvernement Assad par al-Qaïda en Syrie ?

Pourquoi les États-Unis tentent-ils de remplacer le gouvernement Assad par al-Qaïda en Syrie ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Paul Larudee — freepalestinemovement.org


 

 

Pourquoi les États-Unis tentent-ils de remplacer le gouvernement Assad par al-Qaïda en Syrie ?

 Par Paul Larudee (*)


« Dans le cas de la Syrie, notre opposition au gouvernement Assad est tellement obstinée que nous serions apparemment prêts à défaire un gouvernement qui n’est pas notre ennemi afin de le remplacer par un autre qui l’est. »

 

Il y a un mois, la ville d’Idlib tombait aux mains des combattants de l’opposition, principalement al-Qaïda, ses affiliés et ses alliés. Ce fut un sale coup pour l’armée syrienne. Samedi dernier, la ville voisine de Jisr al-Shughour fut également conquise, majoritairement par les mêmes groupes de combattants.

 

Pour lutter contre le gouvernement syrien et son armée nous retrouvons un mélange de mercenaires syriens et étrangers provenant de dizaines de pays différents. Ils sont fournis, formés, armés et payés par l’Arabie saoudite, les monarchies du Golfe, Israël, la Turquie, l’OTAN, et bien sûr les États-Unis. Leurs armes sont de plus en plus sophistiquées, et il semble que les missiles filoguidés TOW fournis par l’Arabie saoudite (et indirectement par les États-Unis) aient fait une grande différence dans les batailles pour Idlib et de Jisr al-Shughour.

 

Le gouvernement syrien est soutenu principalement par la Russie et l’Iran, plus quelques milliers de combattants du Hezbollah au Liban. Il est également soutenu par une majorité importante de la population syrienne comme le montrent des estimations des services de renseignement étrangers ainsi qu’une élection multipartite en 2014, avec une participation étonnante, même de la part des Syriens expatriés.

 

L’OTAN, les États-Unis et l’opposition syrienne laïque relativement marginalisée disent qu’ils veulent remplacer le gouvernement syrien actuel par un autre qui soit laïque, démocratique, respectueux des droits de l’homme, et qui représente tout le peuple syrien.

 

Vraiment ? Les États-Unis ont sapé et renversé des gouvernements démocratiques en Iran (1953), au Guatemala (1954), au Brésil (1964), au Congo (1965), au Chili (1973), en Turquie (1980), au Nicaragua (1981-1990), en Haïti (2004) et dans les territoires palestiniens occupés (2007), et ils essaient de faire la même chose au Venezuela. Pourquoi ? Parce que le choix démocratique du peuple n’a pas abouti à un gouvernement conforme, inféodé à l’Ouest et aux sociétés multinationales. Car c’est là le véritable programme des États-Unis et de l’OTAN.

 

Il est également difficile d’imaginer que l’Arabie saoudite, les monarchies du Golfe, Israël et la Turquie se soucient de la démocratie et des droits humains. Ils sont davantage intéressés à faire progresser leurs objectifs régionaux et la suppression des rivaux potentiels, principalement et de manière obsessionnelle l’allié de la Syrie, l’Iran.

 

Les États-Unis et Israël ont provoqué la destruction et le changement de régime dans au moins sept pays du Moyen-Orient depuis deux décennies, voire plus. La politique d’Israël depuis sa création a été de garder ses voisins faibles, divisés et dans un état de guerre permanent.

 

 

Sois prudent et attentif à ce que tu souhaites

 

Un changement de régime entraine toutes sortes de conséquences imprévues. De la fin des années 1970 jusqu’au début des années 1990, les combattants de la résistance islamique, y compris Oussama Ben Laden, soutenus par les Américains ont lutté contre un gouvernement laïc en Afghanistan pour finalement le voir remplacé par le régime répressif des talibans.

 

Ce soutien a contribué à créer al-Qaïda, qui se répand au Yémen, en Afrique de l’Est et d’autres endroits. S’en sont suivies des attaques majeures contre des installations américaines au Yémen, au Kenya et deux fois contre le World Trade Center à New York. Ensuite les États-Unis ont envahi l’Afghanistan en 2002. C’est devenu un bourbier et potentiellement la plus longue guerre de l’histoire américaine, au prix de mille milliards de dollars, d’une infrastructure et d’une économie nationale en ruine, et des milliers des vies américaines en sus. Cette guerre n’est pas encore terminée et les avantages supposés pour États-Unis sont difficiles à établir. En fait, suite à cela, les États-Unis sont probablement encore moins en sécurité qu’avant et nous n’avons parlé que de l’Afghanistan.

 

Si l’on ajoute les interventions américaines en Irak, en Libye, au Yémen et en Syrie les coûts montent à plusieurs milliers de milliards de dollars et plusieurs milliers de vies américaines, un détail à côté de plus d’un million de morts parmi les populations locales. Lors de toutes ces interventions, nous avons laissé derrière nous des États paralysés et en déliquescence, avec al-Qaïda et ses successeurs (Daesh, alias ISIS, alias le mouvement takfiri) pour combler le vide.

 

Dans le cas de la Syrie, notre opposition au gouvernement Assad est si obstinée que nous sommes apparemment prêts à défaire un gouvernement qui n’est pas notre ennemi afin de le remplacer par un autre qui l’est.

 

Les mercenaires payés issus de l’opposition modérée sont tous alliés à al-Qaïda et combattent sous sa direction. Al-Qaïda et Daesh contrôlent la plupart des territoires détenus par l’opposition syrienne et assument la plupart des combats. Nos alliés, la Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar, avec le soutien plus discret des monarchies du Golfe et d’Israël, fournissent à peu près toutes les armes et l’argent. Ils organisent le recrutement des mouvements les plus fanatiques sous une bannière islamique, qui promet de semer la mort, la misère, l’intolérance et l’oppression dans les territoires qu’ils contrôlent. A leur charge également d’assurer le nettoyage ethnique des populations qu’ils considèrent comme hérétiques, musulmanes et non musulmanes, indifféremment.

 

 

Pourquoi voudrions-nous qu’ils prennent le contrôle de la Syrie ?

 

Malheureusement, la décision US n’a rien à voir, semble-t-il, avec le bon sens.

L’Arabie saoudite et Israël estiment qu’al-Qaïda et Daesh sont de meilleures options qu’un gouvernement allié avec l’Iran. Ils ne voient aucune objection à la conquête de la Syrie par des terroristes.

 

Ils ont chacun des amis puissants aux États-Unis, y compris les faucons guerriers au Congrès comme les sénateurs John McCain, Lindsay Graham et Ted Cruz, ainsi que la candidate à la présidentielle Hillary Clinton.

 

Ils ont le soutien du vaste complexe militaro-industriel, le plus grand de la planète, des néo-conservateurs au sein de la presse, parmi les conseillers, les responsables gouvernementaux et les membres du Congrès, ainsi que du lobby israélien.

 

Ces groupes paralysent la politique américaine et placent les intérêts d’une infime fraction d’entreprises américaines et de particuliers fortunés – sans parler de gouvernements étrangers comme l’Arabie saoudite et Israël – au-dessus des intérêts du reste du pays. Soit ils n’ont pas appris des nombreuses erreurs passées ou alors ça leur convient, ils en tirent des fortunes et veulent continuer.

 

Seuls les efforts de gens doués d’une conscience, avec l’appui d’intérêts économiques qui ne se bâtissent pas sur la destruction, la mort et le chaos, sont susceptibles de mettre un terme à cette corruption rampante.

 

Les Présidents George Washington et Dwight Eisenhower nous ont tous les deux mis en garde face aux conséquences lorsqu’on permet à des puissances étrangères et à des intérêts particuliers de devenir trop puissants. Il n’est pas garanti que cette nation arrivera à rassembler de quoi inverser la relation de dépendance entre la montée des groupes terroristes comme al-Qaida et Daesh et les intérêts américains qui tirent profit de l’assassinat de masse qui est leur objectif.

 

 

 

 

Par Paul Larudee (*) (veteransnewsnow) — traduit par Evanis, relu par jj pour la Saker Francophone – le 26 mai 2015.

 

(*) Paul Larudee cofondateur de Syria Solidarity Mouvement (Mouvement Solidarité Syrie)

 

En savoir plus : Ils sont le monde, pas nous, les autres.

 

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Et si Poutine dit la vérité ?

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Et si Poutine dit la vérité ?

Par F. William Engdahl (*)

 

 

Le 26 avril, le président russe Vladimir Poutine est apparu dans un documentaire sur Rossiya 1, principale chaîne de la télévision nationale. L’émission portait sur les derniers événements, dont l’annexion de la Crimée, le coup d’État américain, en Ukraine et l’état général des relations avec l’Europe et les États-Unis. Il a parlé ouvertement. Et, au beau milieu de son discours, l’ancien chef du KGB a lâché une véritable bombe politique connue des services secrets russes depuis une vingtaine d’années. 

 

Poutine a déclaré tout à coup qu’à son avis l’Occident ne serait content que lorsque la Russie serait affaiblie au point d’implorer l’aide de l’Ouest, chose que le tempérament russe n’est guère disposé à faire. Puis, le président russe a, pour la première fois en public, parlé d’une chose que les services secrets connaissent depuis près de vingt ans sans n’avoir jamais rien laissé transpirer. Très probablement dans l’espoir de relations un peu plus normalisées entre la Russie et les États-Unis.

 

Poutine a déclaré que la terreur du début des années 1990 en Tchétchénie et dans le Caucase russe avait été activement soutenue par la CIA et les services secrets de l’Ouest dans le but délibéré d’affaiblir la Russie. Il a ajouté, sans donner de détails, que les services secrets du FSB étaient en possession de documents sur le rôle caché des États-Unis.

 

Ce à quoi Poutine, grand professionnel du renseignement, a fait allusion, j’en ai les preuves détaillées venant de sources non russes. Cela a de grosses implications de révéler au monde entier le programme que les cercles d’influence à Washington ont caché pendant si longtemps. Ce programme qui avait pour but de détruire la Russie en tant qu’État souverain incluait le coup d’État néonazi en Ukraine et une grave guerre de sanctions financières contre Moscou.

 

Ce qui va suivre est tiré de mon livre Amerikas’Heilige Krieg.[1]

 

 

 Les guerres tchétchènes de la CIA

 

Peu après que les moudjahidin, financés par la CIA et les services saoudiens, eurent dévasté l’Afghanistan à la fin des années 1980 – obligeant l’armée soviétique à partir en 1989 et causant la dissolution quelques mois plus tard de l’Union soviétique – la CIA commença à chercher des endroits où les « Arabes afghans » entraînés par elle pourraient être redéployés pour déstabiliser un peu plus encore l’influence russe sur l’espace eurasien de l’ère post soviétique.

 

Ils furent appelés « Arabes afghans », car ils avaient été recrutés parmi des musulmans sunnites wahhabites ultraconservateurs en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis, au Koweït et dans d’autres parties du monde arabe où l’on pratiquait l’islam wahhabite très strict. C’est une recrue saoudienne de la CIA qui les amena en Afghanistan au début des années 1980. Cette recrue avait elle-même été envoyée en Afghanistan. Il s’appelait Oussama ben Laden.

 

Alors que le chaos le plus complet régnait dans l’ex-Union soviétique, l’administration de George H.W.Bush décida de « frapper l’ennemi tant qu’il était à terre ». Ce fut une erreur grossière. Washington redéploya ses terroristes afghans chevronnés pour renforcer le chaos et déstabiliser toute l’Asie centrale, y compris la Fédération de Russie qui se trouvait alors dans une crise profonde due à l’effondrement économique de l’époque d’Eltsin.

 

Au début des années 1990, Haliburton, la société de Dick Cheney, avait fait une étude complète sur les ressources en pétrole off-shore de l’Azerbaïdjan, du Kazakhstan et de toute la mer Caspienne. Ils estimèrent que la région était « une nouvelle Arabie saoudite » valant des milliards de dollars sur le marché actuel. Les États-Unis et la Grande-Bretagne étaient bien décidés à employer tous les moyens pour garder pour eux toute cette manne pétrolière, loin de tout contrôle russe. Le premier but de Washington fut de monter un coup d’État contre le président élu d’Azerbaïdjan, Abdulaf Elchibey, et d’installer un président plus favorable aux intérêts américains et à un oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC) contrôlé par les États-Unis, « l’oléoduc le plus politique du monde », amenant le pétrole de Bakou en Azerbaïdjan en Turquie et vers la Méditerranée en passant par la Géorgie. 

 

À cette époque, le seul oléoduc partant de Bakou était russe et datait de l’ère soviétique. Il traversait Grozny, la capitale tchétchène. Il amenait le pétrole de Bakou vers le nord après avoir traversé la province russe du Daghestan et vers le port russe de la mer Noire, Novorossiysk, après avoir traversé la Tchétchénie. Cet oléoduc était le principal obstacle à l’autre route très coûteuse de Washington et des grandes compagnies pétrolières anglaises et américaines.

 

Le président Bush senior donna à ses vieux amis de la CIA la mission de détruire cet oléoduc russo-tchétchène et de créer une confusion telle dans le Caucase qu’aucune compagnie russe ou occidentale n’aurait plus l’idée d’utiliser l’oléoduc russe de Grozny

 

Graham E.Fuller, ancien collègue de Bush et ex-directeur adjoint du Conseil national de la CIA pour le renseignement, avait été un des principaux architectes de la stratégie des moudjahidin enrôlés par la CIA. Fuller a décrit la stratégie de la CIA dans le Caucase au début des années 1990 en ces termes : « La politique consistant à guider l’évolution des musulmans et à les aider contre nos ennemis a superbement bien marché en Afghanistan au détriment de l’Armée Rouge. La même procédure peut encore être utilisée pour déstabiliser ce qui reste de l’empire russe. »

 

Pour mener l’opération, la CIA s’est servie d’un spécialiste des coups tordus, le général Richard Secord. Celui-ci monta une société-écran, MEGA Oil. Dans les années 1980, Secord avait été condamné pour le rôle central qu’il avait joué dans l’Irangate et les ventes illégales d’armes et de drogue allant avec.

 

En 1991, Secord, ex-assistant adjoint au ministre de la Défense nationale, arriva à Bakou et mit sur pied la société-écran de la CIA, MEGA Oil. C’était un vieux connaisseur des opérations cachées de la CIA, impliquant des ventes d’opium au Laos pendant la guerre du Vietnam. En Azerbaïdjan, il ouvrit une ligne aérienne pour amener secrètement, d’Afghanistan en Azerbaïdjan, des centaines de moudjahidin appartenant au mouvement Al-Qaïda de Ben Laden. Dès 1993, MEGA Oil avait recruté et armé 2 000 moudjahidin, faisant de Bakou une base d’opérations pour les moudjahidin terroristes prêts à sévir dans tout le Caucase.

 

Les opérations secrètes menées dans le Caucase par les moudjahidin du général Secord furent à l’origine du coup d’État militaire qui renversa cette année-là le président élu Abulfaz Elchibey pour mettre à sa place une marionnette plus maniable pour les Américains, Heydar Aliyev. Un rapport secret établi par les services turcs fut divulgué au Sunday Times à Londres. Il confirmait que « deux géants du pétrole, BP et Amoco, respectivement anglais et américain, qui forment ensemble un consortium pétrolier, l’AIOC, sont derrière le coup d’État ». 

 

Turki al-Faisal, chef des services secrets saoudiens, fit en sorte que son agent, Oussama Ben Laden — qu’il avait envoyé en Afghanistan dès le début de la guerre au début des années 1980 — utilise son organisation afghane, Maktab al-Khidamat (MAK) afin de recruter des « Arabes afghans » pour ce qui était en train de devenir un Jihad mondial. Les mercenaires de Ben Laden furent utilisés comme troupes de choc par la CIA et le Pentagone pour coordonner et soutenir les offensives musulmanes non seulement en Azerbaïdjan, mais aussi en Tchétchénie et, plus tard, en Bosnie.

 

Ben Laden amena un autre Saoudien, Ibn al-Khattab, pour devenir le chef ou Émir des moudjahidines djihadistes en Tchétchénie (sic !) avec le seigneur de guerre tchétchène, Shamil Basayev. Peu importait qu’Ibn al-Khattab soit un arabe saoudien qui ne parlait pas un mot de tchétchène, encore moins de russe. Ce qu’il savait, c’était à quoi ressemblaient les soldats russes et comment les tuer.

 

La Tchétchénie était alors par tradition une société à prédominante soufie, branche modérée et apolitique de l’islam. Mais l’arrivée grandissante de moudjahidin terroristes, mandatés par les États-Unis, bien payés, bien entraînés et prêchant la Guerre Sainte ou le Djihad contre les Russes transforma le mouvement de résistance tchétchène, à l’origine réformiste. Ils répandirent à travers le Caucase l’idéologie islamiste radicale d’Al-Qaïda. Et sous la conduite de Secord, les opérations terroristes des moudjahidin eurent vite fait de gagner le Daghestan et la Tchétchénie, faisant de Bakou une plaque tournante pour le trafic d’héroïne afghane vers la mafia tchétchène

 

À partir du milieu des années 1990, Ben Laden se mit à verser aux leaders de la guérilla tchétchène, Shamil Basayev et Omar ibn al-Khattab, la coquette somme de plusieurs milliers de dollars par mois, l’équivalent d’un trésor royal dans la Tchétchénie économiquement dévastée de cette époque. Ceci leur permit de mettre la majorité tchétchène modérée sur la touche. Les services secrets américains restèrent très impliqués dans le conflit tchétchène jusqu’à la fin des années 1990. Selon Yossef Bodansky, qui était alors Directeur de la Force opérationnelle du Congrès américain contre le terrorisme et les guerres non conventionnelles, Washington était très impliqué dans « un nouveau djihad anti-russe, soutenant et renforçant les forces islamistes anti-occidentales les plus virulentes ».

 

Dans son rapport, Bodansky dévoila en détail toute la stratégie de la CIA au Caucase, affirmant que des fonctionnaires du gouvernement américain étaient impliqués.

 

« Une rencontre officielle en Azerbaïdjan en décembre 1999 au cours de laquelle on discuta de programmes spéciaux pour la formation et l’équipement de moudjahidin du Caucase, du monde arabe, d’Asie centrale et du sud et sur lesquels on tomba d’accord. Le point culminant fut l’encouragement tacite prodigué aux alliés musulmans (surtout la Turquie, la Jordanie et l’Arabie saoudite) et aux entreprises de sécurité privées… d’aider les Tchétchènes et leurs alliés islamistes à déferler au printemps 2000 et à soutenir longtemps le djihad qui allait s’ensuivre… le Djihad islamiste au Caucase comme moyen de priver la Russie d’un oléoduc viable par la spirale de la violence et du terrorisme. »

 

La phase la plus intense des guerres tchétchènes tira à sa fin en 2000 juste après qu’une opération militaire russe d’envergure eut défait les islamistes. Ce fut une victoire à la Pyrrhus qui coûta la vie à des milliers de personnes et entraîna la destruction de villes entières. Le nombre exact de victimes du conflit tchétchène initié par la CIA demeure inconnu. Des estimations non officielles allèrent de 25 000 à 50 000 morts ou portés disparus, pour la plupart des civils. Le nombre de morts chez les Russes avoisinait les 11 000 selon le Comité des Mères de Soldats ;

 

Les grandes compagnies pétrolières anglo-américaines et les agents de la CIA étaient ravis. Ils avaient ce qu’ils voulaient : leur oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan, contournant l’oléoduc russe de Grozny

Les djihadistes tchétchènes, sous le commandement islamique de Shamil Basayev, continuèrent la guérilla en Tchétchénie et aux alentours. La CIA se reconcentrait sur le Caucase.

 

 

Les contacts saoudiens de Basayev

 

Basayev joua un rôle central dans le djihad mondial de la CIA. En 1992, il rencontra le terroriste saoudien, Ibn al-Khattab. De l’Azerbaïdjan, Ibn al-Khattab amena Basayev en Afghanistan pour rencontrer l’allié d’al-Khattab, le Saoudien Oussama Ben Laden. Le rôle d’Ibn al-Khattab était de recruter des musulmans tchétchènes prêts à se lancer dans le djihad contre les forces russes en Tchétchénie pour le compte de la CIA et sa stratégie secrète visant à déstabiliser la Russie postsoviétique et à obtenir pour les Anglo-américains le contrôle de l’énergie de la mer Caspienne

 

Une fois rentrés en Tchétchénie, Basayev et al-Khattab mirent sur pied la Brigade Islamique Internationale avec l’aide financière des services secrets saoudiens. Cette brigade reçut l’aval de la CIA et fut coordonnée par la liaison entre l’ambassadeur saoudien à Washington et le prince Bandar bin Sultan, ami intime de la famille Bush. Bandar, qui avait été l’ambassadeur saoudien à Washington pendant plus de vingt ans, était si proche de la famille Bush que George W.Bush appelait l’ambassadeur playboy « Bandar Bush » comme s’il était une sorte de membre honoraire de la famille.

 

Basayev et al-Khattab firent entrer en Tchétchénie des combattants issus de la tendance wahhabite fanatique de l’islam sunnite que l’on trouve en Arabie saoudite. Ibn al-Khattab dirigea ceux qu’on appelait « les moudjahidin arabes en Tchétchénie », sa propre armée privée composée d’Arabes, de Turcs, et d’autres combattants étrangers. On lui donna aussi la mission d’installer des camps d’entraînement paramilitaires dans les montagnes du Caucase en Tchétchénie où se formaient des Tchétchènes et des musulmans venus des républiques russes du Nord Caucase et d’Asie centrale. 

 

La Brigade Islamique Internationale financée par la CIA et les Saoudiens ne fut pas seulement responsable de la terreur en Tchétchénie. C’est elle qui fut l’auteure de la prise d’otages au théâtre Dubrovka de Moscou en octobre 2002 ainsi que de l’horrible massacre à l’école de Beslan en septembre 2004. En 2010, le Conseil de Sécurité de l’ONU publia le rapport suivant concernant la Brigade Islamique Internationale de Basayev et d’al-Khattab :

 

« La Brigade Islamique Internationale a été enregistrée le 4 mars 2003… comme étant associée à Al-Qaïda, Oussama Ben Laden ou les talibans pour « avoir participé au financement, à la programmation, à la facilitation, préparation ou perpétration d’actes ou activités en conjonction avec, sous le nom de, pour le compte de ou en soutien à » Al-Qaïda… La Brigade Islamique Internationale fut créée et conduite par Shamil salmanovich Basayev (décédé) et se trouve liée au Bataillon de reconnaissance et sabotage Riyadus-Salikhin des martyrs tchétchènes… et au SPIR (Special Purpose Islamic Regiment)…

Le soir du 23 octobre, des membres de la Brigade Islamique Internationale, du Bataillon de reconnaissance et sabotage Riyadus-Salikhin des martyrs tchétchènes et du SPIR ont opéré conjointement pour s’emparer de plus de 800 otages au théâtre Podshipnikov Zadov (Dubrovka) de Moscou.

 

En octobre 1999, des émissaires de Basayev et d’al-Khattab allèrent jusqu’à la base mère d’Oussama Ben Laden dans la province afghane de Kandahar. Ben Laden fut d’accord pour fournir une aide militaire importante ainsi qu’une aide financière. Cette aide comprenait l’envoi en Tchétchénie de plusieurs centaines de combattants pour s’opposer aux troupes russes et commettre des actes de terrorisme. Plus tard cette année-là, Ben Laden envoya d’importantes sommes d’argent à Basayev, Movsar Barayev (leader du SPIR) et al-Khattab. Elles devaient servir exclusivement à la formation de terroristes armés, au recrutement de mercenaires et à l’achat de munitions. »

 

Le « train du terrorisme » Afghanistan-Caucase d’Al-Qaïda, financé par les services saoudiens, avait deux objectifs. L’un était un objectif saoudien, celui de répandre le djihad wahhabite fanatique dans la région d’Asie centrale qui avait appartenu à l’Union soviétique. Le deuxième était au programme de la CIA : déstabiliser la Fédération de Russie postsoviétique qui, à ce moment-là, était en train de s’effondrer.

 

 

Beslan

 

Le 1er septembre 2004, des terroristes armés appartenant à la Brigade Islamique Internationale de Basayev et d’al-Kattab prirent plus de 1 100 personnes en otages lors du siège d’une école. Il y avait 777 enfants. Ils les enfermèrent dans l’École N° 1 à Beslan, en Ossétie du Nord, république autonome de la Fédération de Russie, dans le Nord Caucase près de la frontière géorgienne.

 

Le 3e jour de la prise d’otages, alors qu’on entendait des explosions dans l’école, le FSB et d’autres troupes d’élite russes prirent le bâtiment d’assaut. Quand tout fut fini, au moins 334 otages avaient trouvé la mort, dont 186 enfants. Il y eut un nombre important de personnes blessées ou portées disparues. Après coup, il apparut que les forces russes avaient très mal géré leur intervention. 

 

La machine à propagande de Washington, de Radio Free Europe au New York Times et CNN, ne perdit pas de temps pour diaboliser Poutine et la Russie pour leur mauvaise gestion de la crise de Beslan plutôt que de se concentrer sur les liens entre Basayev, Al-Qaïda et les services secrets saoudiens. Cela aurait attiré l’attention mondiale sur les relations étroites entre la famille du président de l’époque, George W.Bush, et la famille Ben Laden, des Saoudiens milliardaires

 

Le 1er septembre 2001, juste 10 jours avant les attaques sur le World Trade Center et le Pentagone, le chef des services secrets saoudiens, le prince Turki bin Faisal Al Saudi, éduqué aux États-Unis, et alors qu’il était en fonction depuis 1977 — ce qui inclut la période pendant laquelle Ben Laden lança ses moudjahidin dans des opérations en Afghanistan et dans le Caucase — démissionna de façon soudaine et inexplicable. Cela se produisit quelques jours seulement après qu’il eut accepté une reconduction dans ses fonctions par son roi. Il ne donna aucune explication. On lui trouva vite un nouveau poste à Londres, loin de Washington.

 

Le rapport sur les liens étroits entre les familles Bush et Ben Laden fut enterré. En fait, pour des raisons de « sécurité d’État » (sic !) il fut complètement supprimé du rapport officiel de la Commission d’enquête sur le 11 septembre. Le nombre de 14 ou 19 terroristes saoudiens à New York et à Washington disparut également du dernier rapport de la Commission d’enquête mandatée par le gouvernement américain, rapport qui fut publié par l’administration Bush en juillet 2004 seulement, presque trois ans après les faits.

 

Basayev s’attribua le mérite d’avoir envoyé des terroristes à Beslan. Au nombre de ses exigences figurait l’indépendance totale de la Tchétchénie par rapport à la Russie, chose qui aurait mis dans les mains de Washington et du Pentagone un formidable poignard stratégique dans le bas-ventre de la Fédération de Russie.

 

Vers la fin de l’année 2004, suite à la tragédie de Beslan, il paraît que le président Vladimir Poutine confia aux services russes la mission secrète de retrouver et de tuer les principaux chefs des moudjahidin du Caucase menés par Basayev. Al-Khattab avait été tué en 2002. Les forces de sécurité russes ne mirent pas longtemps à découvrir que la plupart des terroristes arabo-afghans tchétchènes avaient pris la fuite. Ils avaient trouvé refuge en Turquie, membre de l’OTAN, en Azerbaïdjan qui était en passe de devenir membre de l’OTAN, en Allemagne, membre de l’OTAN ou bien à Dubai, un des pays arabes les plus proches des États-Unis, et au Qatar, autre proche allié des Américains. En d’autres termes, l’OTAN abritait les terroristes tchétchènes.

 

 

Par F. William Engdahl (*) www.informationclearinghouse.info - traduit par Christine Malgorn (**) — arretsurinfo.ch -   17 mai 2015

Note : 

[1] La guerre Sainte de l’Amérique (NdT)

 

(*) Frederick William Engdahl (né en 1944) est un économiste, écrivain et journaliste américain qui s’exprime sur des sujets de géopolitique, d’économie et d’énergie depuis plus de trois décennies. Il collabore régulièrement à un certain nombre de publications dont Nikon Keizai Shimbun, Foresight Magazine, Grant’s Investor.com, European Banker et Business Banker International et la revue italienne des études de géopolitique Eurasia. Il a participé à de nombreuses conférences internationales concernant la géopolitique, l’économie et l’énergie, et exerce une activité de conseil économique. (Source : Wikipédia)

  

(**) Christine Malgorn  – Auteur de Syrie, mon amour. 1860, au cœur de la guerre oubliée. Edition Harmattan, 2012  – Voir la vidéo (disponible sur Amazon);  et de « Bienvenue au Shéol » paru en avril 2015 (disponible en numérique sur Amazon, et bientôt en format papier). Voir son blog : https://cmalgorn.wordpress.com).


 

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Vers 1 nouvelle réalité en Syrie ? (1/2)

Vers 1 nouvelle réalité en Syrie ? (1/2) | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

© Sputnik. Dmitri Vinogradov

 

Vers une nouvelle réalité en Syrie ? (1/2)

 

Pour Libération ça craque à Damas tandis que le JDD se demande si le bastion d’Assad (la côte syrienne et la région de Lattaquié) n’est pas lui aussi sur le point de tomber.

Même scénario pour la presse anglo-saxonne que l’on pense par exemple au « national-interest » ou à de nombreux sites spécialisés affirmant que la dynamique d’une défaite militaire de l’État syrien était engagée. Dans la presse des États du Golfe, on affirme qu’il est temps de reconsidérer la vie après Assad.

 

Ce regain d’intensité du Bachar-bashing coïncide il est vrai avec une situation militaire qui au cours de ces dernières semaines n’a pas été favorable au régime. Comme les lecteurs de Sputnik avaient pu le lire dans mon précédent texte sur le dossier syrien, une telle inflexion de la situation ne peut être due qu’à « une intervention extérieure très appuyée ». C’est peut-être ce qui est en train de se passer.

 

Résumons les évolutions récentes sur le terrain :

Il y a tout d’abord eu au début de l’année 2015 le déclenchement d’un assaut militaire rebelle d’envergure au sud du pays, dans la zone frontalière avec la Jordanie. La Jordanie fournit du reste aux rebelles de solides appuis stratégiques et logistiques qui proviennent en réalité principalement des pays occidentaux et des pays du Golfe. Au cours des mois de février et mars le Front rebelle sud a remporté des succès militaires en évinçant le régime d’une grande zone le long de la frontière avec la Jordanie, comme on peut le voir sur cette carte, les zones en vert étant celles tenues par les rebelles.

 

Il y a ensuite eu l’échec de l’opération militaire gouvernementale de février 2015 qui visait à terminer l’encerclement d’Alep. Après l’échec de cette opération, la ville reste quasiment encerclée (comme on peut le voir sur cette carte), mais cet épisode a sans doute eu un impact psychologique négatif pour l’armée gouvernementale qui surfait sur une vague de succès jusque-là. À l’est de la ville, dans la zone sous contrôle de l’Emirat Islamique, une base militaire gouvernementale (Kuweyres) est en outre totalement encerclée et soumise aux assauts quotidiens des kamikazes de l’Émirat islamique.

 

Aux confins Est de la Syrie, les forces loyalistes sont aussi aux prises avec l’Emirat Islamique principalement dans deux sites sensibles qui sont la ville de Deir ez Zor, mais aussi le tracé de la route reliant la capitale à l’aéroport (la zone en blanc sur cette carte), route qui passe par le joyau historique qu’est Palmyre et/où se déroulent actuellement de très violents combats.

 

Mais c’est surtout dans la province d’Idlib que le régime a connu sa défaite militaire la plus lourde du moins sur les plans tactique et psychologique alors même qu’elle semblait inévitable depuis un certain temps.

 

Plusieurs milliers de rebelles ont attaqué une bande de territoire (en blanc sur cette carte) contrôlée par les forces loyalistes, mais isolée au sein d’une province majoritairement contrôlée par divers groupes fédérés autour du Front al-Nosra, la version syrienne d’Al-Qaïda. En seulement quelques semaines au cours des mois de mars et avril les rebelles ont pris le contrôle des villes d’Idlib et de Jisr-Shughour à l’Est et l’Ouest de cette bande, prenant en étau les milliers de loyalistes s’y trouvant, dont plusieurs centaines de soldats des troupes d’élite Tigres.

 

La rapidité avec laquelle les rebelles ont conquis ces villes, en seulement quelques jours, s’explique par plusieurs facteurs. Tout d’abord l’utilisation intensive des attentats suicide contre les check-points syriens (des sources parlent de plus d’une 40aine pour la seule ville d’Idlib), comme le fait l’Émirat islamique à l’Est du pays à Deir ez-Zor.

 

Il y a aussi eu, pour la première fois l’utilisation massive de missiles américains antichars TOW (plus de 250 missiles tirés en mars et avril dans cette zone) qui ont permis aux rebelles de réduire la mobilité des troupes syriennes qui ont subi des pertes importantes et qui ne peuvent désormais compter que sur l’appui aérien.

 

Ensuite, la présence de mercenaires étrangers en grand nombre semble avérée. On parle de membres du parti islamique du Turkistan et aussi de nombreux mercenaires turcophones, saoudiens ou tchétchènes.

 

De plus, les troupes d’élite syriennes n’étaient pas en grand nombre dans la région et surtout pas au sein des deux villes en question qui étaient principalement défendues par les forces de défenses locales, un corps de volontaires civils peu entrainés et incapables de faire face à un assaut d’une telle ampleur.

 

Mais en toile de fond de ces événements récents, un élément essentiel vient de faire son apparition. Depuis le début de la guerre en Syrie, les trois principales puissances sponsorisant les groupes rebelles et anti-Assad n’étaient pas unies pour des raisons de stratégie régionale. Conséquence directe, sur le terrain la kyrielle de groupes qui s’opposaient au pouvoir syrien se combattaient les uns et les autres pour obtenir le soutien financier, logistique et militaire de La Turquie, du Qatar, des Émirats arabes ou de l’Arabie Saoudite.

 

 

 

Par Alexandre Latsa - fr.sputniknews.com – le 18 mai 2015

Plus d’infos :

Syrie : la Maison-Blanche et le Pentagone confirment un raid contre l’EI

Europe : des « vétérans » du conflit en Syrie ont créé un réseau terroriste

Syrie : l’OTAN pas en mesure d’instaurer une zone d’exclusion aérienne

 

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Le Pentagone perd la trace d’un stock d’armes et d’équipements militaires d’une valeur de 500 millions de dollars donnés au Yémen

Le Pentagone perd la trace d’un stock d’armes et d’équipements militaires d’une valeur de 500 millions de dollars donnés au Yémen | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Le Pentagone perd la trace d’un stock d’armes et d’équipements militaires d’une valeur

de 500 millions de dollars donnés au Yémen

Par Craig Whitlock

 

Le Pentagone est incapable de retrouver la trace de matériel militaire donné au Yémen, d’une valeur de plus de 500 millions de dollars. Les officiels U.S craignent que l’armement, les équipements militaires et aéronautiques aient été saisis par des rebelles soutenus par l’Iran ou par Al-Qaïda.

 

Le Yémen traversant une période d’agitation politique et son gouvernement ayant volé en éclats, le département américain de la défense n’est plus en mesure de surveiller le bon déroulement des opérations de livraison d’armes légères, de munitions, de lunettes de vision de nuit, de vedettes de patrouille, et autres stocks de guerres. La situation a empiré depuis que les États-Unis ont fermé leur ambassade à Sanaa, la capitale, le mois dernier, et rapatrié la plupart de leurs conseillers militaires.

 

Ces dernières semaines, les membres du Congrès américain ont tenu des réunions à huis clos avec des hauts représentants militaires U.S. afin d’obtenir un compte-rendu des opérations de livraison et des pertes de matériel. Les officiels du Pentagone ont affirmé avoir peu d’information à ce sujet et qu’ils ne peuvent peu ou prou empêcher que les armes et l’équipement soient livrés entre de mauvaises mains, à ce stade de l’opération.

 

« Nous devons assumer que l’opération est complètement compromise et que l’équipement a disparu », dit un assistant au Congrès, qui a préféré conserver l’anonymat en raison de la sensibilité du sujet.

 

Les officiers militaires U.S. ont refusé de commenter la situation. Un responsable de la défense, s’exprimant sous condition d’anonymat en raison des règles de sécurité édictées par le Pentagone, considère qu’il n’y a jusqu’ici aucune preuve d’un vol ou d’une confiscation des équipements, mais reconnaît qu’ils ont été perdus.

 

« Même dans le meilleur scénario imaginable dans un pays instable, nous n’avons jamais une comptabilité exacte de nos équipements à l’issue de leur livraison » dit un officiel de la défense.

Le gouvernement yéménite a été renversé en janvier par les rebelles chiites Houthis, qui reçoivent un soutien d’Iran et sont extrêmement critiques des frappes américaines par drones au Yémen.

 

Les Houthis se sont emparés de nombreuses bases militaires yéménites dans le nord du Pays, dont quelques-unes à Sanaa, qui abritaient des unités contre-terroristes entraînées par les États-Unis. D’autres bases ont été prises d’assaut par des combattants d’Al-Qaïda dans la péninsule Arabique.

 

Suite à cette disparition d’équipement militaire, le département de la défense a décidé de mettre un terme aux livraisons vers le Yémen. Une cargaison de matériel militaire d’une valeur de 125 millions de dollars, incluant des drones de reconnaissance ScanEagle, des équipements de vol et des jeeps, ne sera donc pas livrée. Cet équipement sera finalement donné à d’autres pays du Moyen-Orient et d’Afrique, d’après des officiels de la défense.

 

Bien que la perte d’armes et d’équipement délivrés au Yémen est embarrassante, les officiels U.S. estiment qu’il est très improbable que leur utilisation altère l’équilibre militaire des pouvoirs en place. Il est estimé que le Yémen est le deuxième pays dans le monde (derrière les États-Unis) où le taux de possession d’armes est le plus élevé, et ses bazars sont bien fournis en armes lourdes. Par ailleurs, le gouvernement américain a restreint son aide létale en armes à feu légères et en munitions et a refusé une demande yéménite de livraison d’avions de combat et de tanks.

 

Au Yémen et ailleurs, l’Administration Obama poursuit une stratégie d’entraînement militaire et de fourniture d’équipements dans le but de réprimer les insurrections et de défaire les réseaux affiliés à Al-Qaïda. Cette stratégie a permis d’éviter jusqu’ici le déploiement de nombreuses forces américaines sur place, mais a aussi entraîné l’apparition de nouveaux défis à relever.

 

Washington a dépensé 25 milliards de dollars pour recréer puis armer les forces de sécurité irakiennes après l’invasion de 2003 menée par les États-Unis. Cela n’aura pas empêché l’armée irakienne d’être facilement défaite l’année dernière par une multitude de groupes de combattants de l’État Islamique qui ont pris le contrôle de larges parties du territoire, alors même que le président Obama présentait l’année dernière le Yémen comme un exemple de réussite de son approche pour combattre le terrorisme.


« L’Administration souhaitait vraiment développer cette narration laissant croire que le Yémen était différent de l’Irak, qu’on s’en chargerait avec moins de personnels, avec moins de frais », dit le Républicain texan Mac Thornberry (R-Tex.), président du comité des services armés au Congrès. « Ils tentaient une approche minimaliste, car elle devait coller à leur narration… qu’on n’aurait pas une répétition de l’Irak ».

 

Washington a dépensé plus de 500 millions de dollars en aide militaire pour le Yémen depuis 2007, sous l’égide de programmes des départements d’État et de la Défense. Le Pentagone et la CIA ont également fourni une assistance supplémentaire par le biais de programmes secrets, ce qui rend difficile la comptabilisation globale des dépenses pour le pays.

 

Les officiels du gouvernement américain disent que la branche d’Al-Qaïda au Yémen constitue une menace plus directe envers les États-Unis qu’aucun autre groupe terroriste. Pour la contrer, l’Administration Obama se fie à une combinaison de forces de proximité et de frappes de drones pilotées depuis des bases en dehors du pays.

 

Dans le cadre de cette stratégie, les militaires états-uniens ont avant tout cherché à façonner et former au sein de la garde républicaine une force militaire yéménite d’élite pour les opérations spéciales, à entraîner les unités contre-terroristes du ministère de l’Intérieur, et à améliorer les forces aériennes rudimentaires du Yémen.

 

Les progrès ont été difficiles. En 2011, l’Administration Obama a suspendu son aide contre-terroriste et rapatrié ses conseillers militaires lorsque le président d’alors, Ali Abdullah Saleh, a réprimé les manifestants du printemps arabe. Le programme a repris l’année suivante lorsque Saleh fut remplacé par son vice-président, Abed Rabbo Mansour Hadi, suite à une négociation menée par Washington.

 

Dans un rapport datant de 2013, le bureau de comptabilité du gouvernement américain trouvait que le programme contre-terroriste déclassifié mené au Yémen était insuffisamment contrôlé et que le Pentagone avait été incapable d’évaluer son impact positif.

Parmi d’autres problèmes, les auditeurs du bureau ont découvert que les Humvees donnés au ministère de l’intérieur yéménite étaient inactifs ou endommagés car le ministère de la défense yéménite avait refusé de partager des pièces détachées de ces véhicules avec celui-ci. Les deux ministères luttent aussi fermement pour l’utilisation des hélicoptères Huey II fournis par Washington, d’après le même rapport.

 

Un cadre supérieur de l’armée américaine qui a longtemps servi au Yémen dit que les forces locales étaient investies dans leur entraînement et compétents pour utiliser les armes à feu et l’équipement américain, mais que leurs commandants rechignaient à mener des offensives contre Al-Qaïda, pour des raisons politiques.

« Ils pouvaient combattre et étaient assez compétents, mais nous n’avons pu les engager » dans le combat, constate ce même cadre, qui s’exprime sous l’anonymat, car il n’est pas autorisé à échanger avec des journalistes.

 

Toutes les unités yéménites entraînées par les Américains ont été commandées ou supervisées par des proches de Saleh, l’ancien président du pays. La plupart ont été progressivement destitués ou mutés suite au départ forcé de Saleh en 2012. Mais les officiels U.S. reconnaissent que quelques unités ont maintenu leur allégeance à Saleh et à sa famille.

 

D’après un rapport d’investigation publié par un groupe de travail des Nations Unies le mois dernier, le fils de l’ancien président Saleh s’est emparé d’un arsenal d’armes de la garde républicaine après avoir été démis de ses fonctions de commandant d’une unité d’élite il y a deux ans. Les armes ont été transférées dans une base militaire privée en dehors de Sanaa. D’après le rapport, la base serait contrôlée par la famille Saleh.

 

Les enquêteurs des Nations Unies présument, à partir de documents yéménites qu’ils ont récupérés, que des milliers de fusils d’assaut M-16 manufacturés aux États-Unis faisaient partie du stock volé.


La liste de l’équipement dérobé inclut aussi une douzaine de Humvees, de véhicules Ford et de pistolets Glock, tous fournis dans le passé par le gouvernement U.S. au Yémen. Ahmed Saleh a nié les accusations de vol en août 2014 lors d’une rencontre avec le groupe des Nations Unies, d’après le même rapport.

 

De nombreux officiels américains et yéménites ont accusé les Saleh de conspirer contre les Houthis afin de faire tomber le gouvernement à Sanaa. Suite aux pressions de Washington, les Nations Unies ont imposé en novembre dernier des sanctions financières et des interdictions de déplacement à l’ancien président, ainsi qu’à deux leaders Houthis, comme punition pour avoir déstabilisé le Yémen.

 

Ali Abdullah Saleh a rejeté les accusations ; le mois dernier, il disait au Washington Post dépenser la plupart de son temps à lire et à récupérer des blessures dont il souffre suite à l’attaque du palais présidentiel en 2011.

 

Des signaux clairs montrent que Saleh et sa famille ont en tête un retour formel au pouvoir. Vendredi dernier, des centaines de personnes se sont rassemblées à Sanaa pour demander des élections présidentielles et une candidature d’Ahmed Saleh.

 

Bien que l’ambassade américaine dans la capitale reste fermée depuis le mois dernier, une poignée de conseillers militaires U.S. est restée dans les régions sud du pays, dans des bases contrôlées par des commandants amis des États-Unis.

 

 

Par Craig Whitlock (Washington Post) - traduction : Enrique Labranche. H pour l’agenceinfolibre.fr

Koter Info's insight:


Voilà ce qu'il finit par arriver quand vous vous ingérez partout pour semer la guerre et le chaos ! Et si les USA s'occupaient de ses pauvres et du bien-être de son peuple au lieu de semer la mort et le malheur à l'étranger ?


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L’avenir que Kadhafi avait prédit

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L’avenir que Kadhafi avait prédit

Par Ahmad Barqawi (*)

 

 

La Libye, ISIS et le luxe sans prix de la sagesse rétrospective

 

« Qui êtes-vous ? » a demandé un jour, vers la fin de son règne, feu Mouammar Kadhafi dans un discours célèbre où il remettait en cause (à juste titre) la légitimité de ceux qui, à l’époque, cherchaient à renverser son gouvernement, en les qualifiant d’extrémistes, d’agents étrangers, de rats et de toxicomanes. On s’est moqué de lui, on l’a caricaturé, ridiculisé et diabolisé ; une ignoble vidéo parodique tournant en dérision le leader libyen s’est propagée sur les réseaux sociaux ; l’auteur de la vidéo, un Israélien, trouvait sans doute le mot libyen d’arabe courant « Zenga » (qui signifie une ruelle) si drôle qu’il l’a extrait de l’un des discours de Kadhafi, l’a mis en boucle sur un air de hip-hop et voilà (1)… il a fait un hit qui a été diffusé largement (et honteusement) avec un zèle « révolutionnaire » dans le monde arabe. Nous l’avons partagée, nous avons ri, il est mort.

 

Mais c’est nous qui faisons maintenant les frais de cette plaisanterie sanglante ; Kadhafi savait de quoi il parlait ; dès le début, il a accusé les soi-disant rebelles libyens d’être sous l’influence de l’idéologie d’Al-Qaïda et de Ben Laden ; personne ne l’a cru, évidemment, même pas un tout petit peu. Et pourquoi aurions-nous dû le croire ? Après tout, n’était-il pas un vil dictateur obsédé par le sexe et déterminé à massacrer la moitié de la population libyenne tout en soumettant l’autre moitié à des viols collectifs à l’aide de ses mercenaires subsahariens shootés au Viagra ? Au moins, c’est ce que le cancer visuel qu’est la chaîne Al Jazeera nous serinait, tout comme sa collègue saoudienne, encore plus haineuse si possible, d’Al-Arabiya dans leur couverture d’une rare malhonnêteté de la brutale conquête de la Libye par l’OTAN.

 

C’est vrai que Kadhafi s’habillait bizarrement ; pourquoi ferait-on confiance à un despote excentrique, fantasque, vêtu de bouts d’étoffe bigarrée, lorsqu’on a avec soi des sionistes bien propres sur eux comme Bernard Henry Levy, John McCain et Hillary Clinton qui sourient en faisant le signe de la victoire sur les photos, pourquoi vraiment ?

 

Kadhafi les appelait des drogués, des fondamentalistes islamiques ; nous, nous les appelons ISIS… on ne trouve plus cela aussi drôle aujourd’hui, hein ? Et ISIS est ce qui nous pendait au nez depuis le début ; le lynchage « révolutionnaire » et la sodomisation de Mouammar Kadhafi aux cris frénétiques de « Allahu Akbar », salués par beaucoup, à l’époque, comme une sorte de triomphe perverti du bien incarné par la volonté populaire (lire : loi de la populace parrainée par l’OTAN) sur le mal incarné par la dictature (lire : État souverain), n’étaient rien d’autre que les premiers signes de ce qui attendaient le pays et la région ; à savoir, le lynchage de masse de populations entières en Libye, Syrie et Irak et l’éclatement d’états arabes clés en mini-états ennemis.

 

La vidéo horrible de l’assassinat du colonel Kadhafi qui surpasse les vidéos d’ISIS en termes de brutalité désaxée et de grossièreté sanglante n’a pas soulevé la moindre critique à l’époque, bien au contraire ; tout le monde semblait parfaitement satisfait que le « tyran » libyen ait connu une fin aussi grotesquesauf que ce n’était que le début d’un nouveau règne de terreur sans précédent que nous devons aux mercenaires de l’OTAN et aux rebelles islamiques soutenus par le Conseil de Coopération du Golfe (CCG).

 

La prolifération rapide de groupes terroristes à la gâchette facile et de factions djihadistes arrosées de pétrodollars en Libye n’a pas été due à une sorte d’échec des services secrets des gouvernements occidentaux ni à la simple conséquence du vide de pouvoir laissé par le meurtre de Kadhafi ; non, c’était un calcul politique délibéré, une stratégie volontairement mise en œuvre par l’OTAN et ses alliés dans le Golfe réunis sous le sinistre sobriquet des « Amis de la Libye » (Coalition Internationale contre ISIS) pour faire de ce pays d’Afrique du Nord le plus grand et du plus incontrôlable dépotoir d’armes, de militants d’Al-Qaïda et du commerce illégal d’hydrocarbures du monde.

 

On peut donc dire, sans risquer de se tromper, que la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui a permis à l’OTAN de bombarder la Libye jusqu’à la réduire en miettes, a finalement porté ses fruits… et c’est un fruit complètement pourri, dont, en quelque sorte, le dernier assassinat horrible de 21 pêcheurs et travailleurs égyptiens par la branche libyenne de l’État Islamique est la pièce à conviction n° 1, sans parler bien sûr, de la myriade de meurtres quotidiens, des bombardements et de mini-guerres civiles qui sont maintenant le lot quotidien de l’ensemble du pays depuis que l’Occident a fomenté son coup d’État contre le gouvernement de Kadhafi. La « Libye » est devenue aujourd’hui synonyme d’anarchie et de mort. En la libérant, l’OTAN lui a fait l’inestimable cadeau d’un long avenir d’instabilité et de chaos.

 

Dans une interview avec les médias occidentaux de désinformation collective que sont la BBC, ABC et le Sunday Times, en février 2011, feu Mouammar Kadhafi a dit à ses arrogants interviewers ; « Avez-vous vu les agents d’Al-Qaïda ? Avez-vous entendu toutes ces émissions djihadistes ? C’est Al-Qaïda qui contrôle les villes de Al Baida et de Derna, des anciens détenus de Guantanamo et des extrémistes lâchés par l’Amérique pour terroriser le peuple libyen… » Derna est maintenant le principal bastion d’ISIS en Libye.

 

Par une étrange coïncidence (ou une sorte d’ironie cosmique), la date à laquelle ISIS a choisi de diffuser sa vidéo de la décapitation des captifs égyptiens, déclarant ainsi officiellement sa présence dans le pays déchiré par la guerre avec trois champs de pétrole sous son contrôle, a marqué (de manière tout à fait appropriée) le 4e anniversaire du commencement de la soi-disant révolution libyenne le 15 février 2011 ; aucun « hommage » n’aurait mieux convenu à la commémoration de la débâcle causée par le changement de régime opéré par l’Occident en Libye.

 

Mais bien avant qu’ISIS ne fasse le buzz, tout de suite après la chute de l’ancien régime, la nature atroce de la Libye « révolutionnaire » s’est révélée dans toute son effroyable splendeur, quand les soi-disant rebelles ont commis, avec une perfection qui donne la chair de poule, tous les crimes dont Kadhafi avait faussement été accusé : massacres, bombardements aveugles de zones résidentielles, voitures piégées, arrestations massives, torture, vol du pétrole et des ressources nationales… toute la panoplie. En 2013, deux militantes britanniques propalestiniennes, en chemin vers la bande de Gaza avec un convoi d’aide humanitaire, ont fait l’expérience personnelle des fruits pourris du chapitre libyen du soi-disant printemps arabe, quand elles ont été enlevées par une bande de révolutionnaires libyens devenus seigneurs de guerre dans la ville de Benghazi et violées devant leur père.

 

Les partisans des interventions humanitaires doivent se donner des claques dans le dos de satisfaction maintenant que la Libye a achevé sa métamorphose démocratique d’un pays qui avait plus haut niveau de vie d’Afrique sous le régime de Kadhafi, au modèle typique d’état failli : une zone sans foi ni loi de fanatisme religieux, d’affrontements sanglants et de marché de gros de têtes coupées ; en fait la Libye est devenue si « démocratique » qu’elle dispose maintenant de deux parlements et de deux gouvernements (en guerre), chacun avec sa propre armée (de criminels) et soutenus par l’argent et les caches d’armes de puissances étrangères concurrentes, sans parler de la myriade de mouvements et de milices sécessionnistes auxquels le coup illégal contre Kadhafi a donné naissance dans tout le pays tandis que la gratuité des soins de santé, de l’éducation et de l’électricité, que les Libyens tenaient pour acquise sous le régime de Kadhafi, n’est plus maintenant qu’une relique du passé ; voilà l’opération « Odyssey Dawn » (2) qu’on avait promise aux Libyens ; une version aseptisée de l’Irak sans l’indignation publique, soigneusement reconditionnée en « responsabilité de protéger » et livrée au moyen de campagnes de bombardements aériens grâce auxquelles le très zélé Club des Co-conspirateurs du Golfe (CCG) de l’Occident conduit uniquement par leurs mesquines vendettas personnelles contre Kadhafi, a pu tester l’efficacité meurtrière des avions de guerre rouillés made in USA et de ceux de l’OTAN, sur le peuple de Tripoli et de Syrte.

 

C’est ce que Kadhafi avait prédit dès le début et plus encore ; l’euphorie éphémère des révolutions tunisienne et égyptienne était tout simplement trop puissante et trop exaltante pour que nous nous embarrassions à lire les lettres en petits caractères ; était-ce un complot, ou un véritable esprit révolutionnaire qui avait mal tourné ? Ça n’a plus d’importance, maintenant qu’ISIS est devenue le véritable legs de la place Tahrir ; « Ils tourneront la Libye en un autre Afghanistan, une autre Somalie, un autre Irak… vos femmes ne seront pas autorisées à sortir, ils vont transformer la Libye en un émirat islamique et l’Amérique bombardera le pays sous prétexte de lutter contre le terrorisme », avait dit le dirigeant libyen assassiné à la fin d’un discours télévisé le 22 février 2011, et on n’a jamais entendu paroles plus prophétiques.

 

Le prototype libyen de la « guerre propre » américaine s’est avéré être un tel succès qu’on l’a reproduit avec la plus totale inconscience en Syrie. Les escadrons de la mort « Blackwater » de Paul Bremer du temps passé, qui répandaient la terreur partout en Irak, sont de retour… avec une touche islamique : barbus, vêtus de noir, couverts d’explosifs de la tête aux pieds, circulant dans des convois de Toyota Land Cruiser et l’idée fixe d’établir un califat islamique sans frontières et en constante expansion (qui se garde bizarrement de déranger le régime sioniste dans son occupation de la Palestine).

 

Chaque jour, le monde arabe découvre au réveil une nouvelle atrocité enregistrée sur vidéo ; un festival de scènes sanglantes et terrifiantes offert par ISIS (ou IS ou ISIL), et d’innombrables autres « YouTube », avec par exemple les crimes encore plus odieux que nous offrent les États-Unis avec leur guerre unilatérale de drones exterminateurs ; toute la région tangue au rythme des décapitations à la machette et des incinérations par les missiles Hellfire. La mort est partout, elle tombe du ciel… et monte du sol ; la guerre contre le terrorisme dresse sa tête hideuse une fois de plus ; pour faire rentrer dans le rang les méchants terroristes que l’Occident lui-même a financés et commandités au nom de la démocratie pour déstabiliser des régimes « peu recommandables » ; un implacable rituel cyclique (3) qui commence par la responsabilité de protéger et se termine par la guerre contre le terrorisme, avec des milliers de vies innocentes, généralement qualifiées de dommages collatéraux, écrasées dans le processus.

 

C’est exactement ce que Kadhafi avait prévu ; une Libye engloutie dans le chaos total, la guerre civile et les diktats occidentaux ; un terrain fertile pour le fondamentalisme djihadiste et les extrémistes… dommage que, au lieu d’écouter ses mises en garde, nous ayons préféré nous payer sa tête au son d’une parodie israélienne.

 

 

 

Par Ahmad Barqawi (*) - counterpunch.org - traduction : Dominique Muselet pour Arrêt sur Info – le 10 mars 2015

 

 

Notes : 

(1) En français dans le texte

(2) L’opération Odyssey Dawn est la contribution américaine à l’intervention militaire de 2011 en Libye.

(3) Groundhog Day. Le jour de la marmotte est un événement célébré en Amérique du Nord le jour de la Chandeleur, soit le 2 février. Selon la tradition, ce jour-là, on doit observer l’entrée du terrier d’une marmotte. Si elle émerge et ne voit pas son ombre parce que le temps est nuageux, l’hiver finira bientôt. Par contre, si elle voit son ombre parce que le temps est lumineux et clair, elle sera effrayée et se réfugiera de nouveau dans son trou, et l’hiver continuera pendant six semaines supplémentaires (Wikipedia).

Cela signifie aussi une situation où les événements se répètent ou semblent se répéter indéfiniment.

 

(*) Ahmad Barqawi est chroniqueur pigiste et rédacteur jordanien basé à Amman. Il est diplômé du baccalauréat ès sciences en économie. Il a fait plusieurs études, analyses statistiques et recherches sur le développement économique et social en Jordanie. (Sources : electronicintifada.net & cosmos.ucc.ie)


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SwissLeaks : le diamantaire israélie d’Al-Qaïda était lié au Mossad

SwissLeaks : le diamantaire israélie d’Al-Qaïda était lié au Mossad | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Serge Michel, journaliste du Monde - facebook.com/GrandJournal


 

 

SwissLeaks : le diamantaire israélien

d’Al-Qaïda était lié au Mossad

Par HICHAM HAMZA (*)

 

Découvrez la stupéfiante connexion — passée sous silence dans l’affaire SwissLeaks — entre un trafiquant d’armes israélien, Al-Qaïda et le Mossad.

 

À l’insu de ses protagonistes, ce fut un grand moment de télévision.

Vendredi soir, sur le plateau du Grand Journal de Canal+, le malaise était presque palpable à l’écran.

 

Invité spécial du jour : Serge Michel, journaliste du Monde impliqué — avec une centaine de confrères à travers le monde — dans la révélation du scandale SwissLeaks (portant sur un vaste et occulte système d’évasion fiscale mis en place par la filiale suisse du groupe bancaire britannique HSBC).

 

Sa révélation, formulée sur un ton badin (et mise en exergue, le lendemain, par le site de Canal+) : un évadé fiscal, détenteur d’un compte à HSBC, était un polycriminel (trafiquant d’armes, de diamants et de drogue) israélien qui avait financièrement assisté le groupe terroriste Al-Qaïda à la veille des attentats du 11— Septembre.

 

Interlocuteurs visiblement embarrassés (à l’instar d’un membre médusé du public) qui enchaînèrent aussitôt — avec un ton désinvolte — sur des remarques (« Bien… ») ou des questions (« Combien d’argent ? ») ineptes : l’animateur Antoine de Caunes, l’humoriste Sébastien Thoen et le chroniqueur politique Karim Rissouli.

 

Ni Natacha Polony ni Jean-Michel Apathie, chroniqueurs de l’émission, n’ont ensuite posé à Serge Michel (venu en compagnie de Louis Dreyfus et Gilles Van Koten, respectivement président du directoire et directeur de la rédaction du Monde) une question pourtant évidente : qui était exactement cet Israélien ? 

 

La consultation du site du Monde permet de répondre – partiellement — à cette interrogation : son nom est Shimon Yelinek.

 

Samedi 14 février, dans la soirée, le site du journal a discrètement publié — sans l’annoncer sur sa page Facebook — un article à son sujet. Le portrait expéditif brossé à l’antenne par Serge Michel y est plus développé.

 

Il faut également se référer à un autre journal partenaire du Monde dans la divulgation du scoop SwissLeaks : L’Hebdo.

 

Jeudi 12 février, ce média suisse avait consacré un article complémentaire — et relayé vendredi, dans l’indifférence générale, sur Facebook — au sujet de Shimon Yelinek, ex-courtier israélien basé au Panama qui suscita déjà l’intérêt de la presse américano-latine en 2002/2003. 

 

Contrairement à L’Hebdo, Le Monde évoque — sans s’y attarder davantage — l’identité du principal « collègue » de Yelinek, dénommé Ori Zoller et présenté comme un « ancien membre des forces spéciales israéliennes ».

 

La réalité est plus complexe.

 

Propriétaire d’une agence de courtage (en armes à feu) basée au Guatemala, Zoller n’était pas seulement un ex-militaire israélien. Cet homme, également impliqué — comme Yelenik — dans le trafic de diamants avec Al-Qaïda — avait été exposé par l’Organisation des États américains : en janvier 2003, cet organisme avait publié un minutieux rapport d’enquête relatif à l’acheminement illégal d’armes du Nicaragua — via le tandem Zoller/Yelinek — à destination d’un groupe paramilitaire colombien d’extrême droite.

 

Zoller y fut cité comme un « ex-agent du renseignement israélien » et représentant (au Guatemala) de la société Israël Military Industries (une compagnie contrôlée par le gouvernement israélien) qui bénéficia encore, fin 2001, d’importants virements bancaires effectués depuis Tel-Aviv.

 

En juin 2002, le Miami Herald (journal de la ville où séjournait régulièrement — dans l’hôtel Mariott — Yelinek) était plus incisif : selon une information rapportée par le quotidien Panama America et directement issue — via une source confidentielle du Conseil de sécurité nationale du Panama, Zoller était encore un agent du Mossad durant son étroite collaboration (dans les années 1999-2001) avec Yelinek.

 

Résumons : Yelinek, l’Israélien qui assista financièrement — via un intermédiaire libanais et en amont des attentats de 2001 — le réseau Al-Qaïda, était donc en relation — à travers son partenaire Zoller — avec le Mossad.

 

Une telle conjonction ne devrait pourtant pas surprendre les lecteurs fidèles de Panamza.

 

L’auteur de ces lignes a consacré un ouvrage à la connexion israélienne du 11-Septembre et, plus précisément, à l’implication — factuellement étayée — de la frange radicale de la mouvance américano-sioniste dans la genèse, l’exécution et le camouflage de cette opération militaire israélo-américaine réalisée sous fausse bannière.

 

Constat inquiétant sur la liberté de la presse : dans la France de 2015, les faits bruts à ce sujet — et non de prétendues « théories du complot » — sont généralement passés sous silence — ou édulcorés — par les chasseurs de conspirationnistes et leurs idiots utiles sur les réseaux sociaux.

 

Pour conclure cet article, un élément singulier — relatif à l’environnement israélien, mafieux et barbouzard dans lequel évoluait Shimon Yelinek — mérite ici d’être souligné. Le chapitre 2 de mon ouvrage Israël et le 11— Septembre : le grand tabou est consacré à un rapport méconnu du FBI — finalisé en 2005.

 

 

 

Rappel préliminaire des faits, déjà évoqués, à maintes reprises, par Panamza :

 

Cinq Israéliens ont été arrêtés par la police du New Jersey, le 11 septembre 2001, pour avoir manifesté une joie incongrue à la vue du crash du premier avion dans le World Trade Center.

 

Après 71 jours de détention, ils seront renvoyés à Tel-Aviv. Certains médias locaux, comme The Record, rapporteront l’incident et révéleront par la suite, telle la revue de la communauté juive new-yorkaise dénommée The Forward, que deux d’entre eux étaient des agents du Mossad sous couverture.

 

Question : pourquoi des employés des services secrets israéliens avait-ils exprimé leur jubilation, en se prenant en photo, devant la Tour Nord embrasée du World Trade Center ?

Cette arrestation n’est que le sommet de l’iceberg : environ 200 Israéliens, déguisés en étudiants en art ou en vendeurs de jouets et soupçonnés d’espionnage, ont été arrêtés sur le sol américain, autour de la date du 11 septembre 2001.

 

Plus étrange : certains d’entre eux étaient domiciliés à proximité  des futurs « pirates de l’air » présumés.

 

Extrait, à propos du rapport du FBI, de mon livre dans lequel est mentionnée — incidemment — une anomalie aujourd’hui significative : « Un des cinq Israéliens arrêtés dans le comté de Bergen disposait également du contact téléphonique d’un homme localisé « en Amérique du Sud » et lié à des militants islamiques du Moyen-Orient » (6, p.40).

 

 

 

Par HICHAM HAMZA  - panamza.com - le 15 février 2015

 

(*) HICHAM HAMZA : journaliste et directeur de publication du site Panamza

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Les impérialistes pleurent le roi Abdallah

Les impérialistes pleurent le roi Abdallah | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

 

Les impérialistes pleurent le roi Abdallah

 

Il serait difficile de trouver quelque chose de plus dégoutant, en termes de servilité et d’hypocrisie, que le déluge d’éloges des puissances impérialistes pour pleurer la mort du roi Abdallah d’Arabie saoudite. Le roi Abdallah est mort le 23 janvier à l’âge de 90 ans.

 

Des hommages sont parvenus des gouvernements aux quatre coins de la planète.


À Londres, le gouvernement britannique a mis en berne les drapeaux des édifices gouvernementaux et du Palais de Buckingham. Le prince Charles et le Premier ministre David Cameron se sont rendu en Arabie saoudite le weekend suivant sa mort.

 

Quant aux États-Unis, l’administration Obama a annoncé qu’elle modifierait l’itinéraire du président, qui était alors en Inde, afin qu’il puisse faire un voyage spécial à Riyad pour rendre visite au successeur d’Abdallah, son demi-frère de 79 ans, Salmane. La Maison-Blanche a publié un communiqué notant l’«amitié authentique et chaleureuse » entre le président Obama et le défunt monarque.

 

Salmane est le sixième des enfants d’al-Saoud, le fondateur du régime semi-féodal. Le fait qu’il soit atteint de la maladie d’Alzheimer est peut-être un reflet approprié de la nature du gouvernement dont il sera le dirigeant. Simon Henderson, le directeur du programme pour le Golfe et la politique énergétique à l’Institut sur la politique du Proche-Orient à Washington, a écrit le mois dernier que « le cerveau de Salmane est manifestement ravagé par la démence. Des visiteurs ont rapporté qu’après quelques minutes de conversation, il devient incohérent. »

 

Il est bien sûr possible pour un dirigeant, même avec des capacités grandement réduites, d’occuper un poste de figure de proue sans aucun pouvoir réel pendant une longue période de temps, comme Ronald Reagan l’a fait pendant la majeure partie de sa présidence. Mais, cela montre de toute évidence pourquoi il était de la plus grande importance, du point de vue de la Maison-Blanche, du Pentagone et du département d’État que le premier geste du nouveau roi était de confirmer que son successeur et prince héritier serait le plus jeune des fils d’al-Saoud, le prince Moqren, âgé de 69 ans.

 

La sélection du prince Mohammed Ben Nayef, le ministre de l’Intérieur, en tant que vice prince héritier et présumé successeur de Moqren était encore plus critique, du point de vue de l’impérialisme américain. Âgé de 55 ans, le prince est le premier occupant potentiel du trône choisi par la génération des petits-fils d’al-Saoud. En tant que chef des opérations antiterroristes de l’Arabie saoudite, il a travaillé étroitement avec la CIA et le Pentagone. Le Wall Street Journal a écrit dans un éditorial : « Le prince Mohammed a été longtemps vu comme le candidat favori de Washington parmi les jeunes princes qui aspirent à être roi. »

 

La collaboration étroite entre Washington et le régime saoudien en dit long sur la nature de l’intervention américaine au Moyen-Orient. Malgré le fait qu’une administration après l’autre a prétendu que la politique étrangère américaine défendait la démocratie, l’impérialisme américain a recours depuis longtemps au régime le plus réactionnaire et oppressif du Moyen-Orient. Depuis 70 ans, il y a un accord entre les États-Unis et la monarchie saoudienne : les États-Unis arment le régime jusqu’aux dents contre des menaces aussi bien intérieures qu’extérieures, tandis que l’Arabie saoudite les approvisionne en pétrole et défend généralement la politique étrangère américaine.

 

Même si les administrations américaines ont, pendant plus d’une décennie, adhéré à la « guerre contre le terrorisme », maintenant décrite par l’administration Obama comme une « lutte contre l’extrémisme violent », la pierre angulaire de la politique étrangère américaine au Moyen-Orient a été une alliance avec un État qui défend le fondamentalisme islamique et qui finance et arme des groupes fondamentalistes islamiques droitistes dans la région.

 

Dans les années 1980, l’administration Reagan et l’Arabie saoudite ont conjointement commandité les moudjahidines afghans, la guérilla de fondamentalistes islamiques recrutée par la CIA et sanctionnée et payée par l’Arabie saoudite, afin de combattre le régime prosoviétique en Afghanistan. La collaboration entre les États-Unis et l’Arabie saoudite en Afghanistan a donné naissance à Al-Qaïda, mené par Oussama Ben Laden, le fils d’un magnat de la construction devenu riche par ses contrats en Arabie saoudite. L’argent de l’Arabie saoudite – dont une partie provenait directement de la monarchie – a financé les attaques terroristes du 11—Septembre contre les États-Unis et 15 des 19 pirates de l’air étaient des Saoudiens.

 

Mais, l’administration Bush a glissé ces liens sous le tapis, premièrement en envahissant l’Afghanistan et, ensuite, en concoctant un lien entre Saddam Hussein et le 11—Septembre dans le but de justifier l’invasion et l’occupation criminelles de l’Irak en 2003. Même si les Saoudiens se sont opposés verbalement à l’intervention américaine (parce qu’ils voyaient Saddam Hussein comme un rempart contre l’Iran), l’armée américaine a bénéficié d’un accès complet aux bases saoudiennes afin de mener leurs opérations militaires pendant la guerre.

 

Récemment, l’Arabie saoudite a appuyé la guerre de l’OTAN menée par les États-Unis contre la Libye et est fortement intervenue en Syrie dans le cadre de la campagne orchestrée par les États-Unis pour déstabiliser le régime de Bachar al-Assad, un allié de l’Iran, le principal rival régional de l’Arabie saoudite.

 

L’alliance entre l’Arabie saoudite et les États-Unis a été un désastre sans équivoque pour les habitants du Moyen-Orient. L’Irak, la Syrie, la Libye et maintenant le Yémen, qui se trouve à la frontière sud de l’Arabie saoudite, ne sont plus des sociétés fonctionnelles et ont été dévastées par des offensives militaires (que ce soit directement, comme dans le cas de l’Irak ou de la Libye, ou indirectement, comme dans le cas de la Syrie ou à distance, via des frappes de missiles par drones, comme dans le cas du Yémen).

 

Les forces militaires saoudiennes ont envahi le Royaume de Bahreïn – le siège social des opérations navales américaines dans le Golfe persique – afin de supprimer l’opposition populaire à la famille dirigeante. En 2013, Washington et Riyad ont appuyé le coup d’État du général Al-Sisi en Égypte et le retour d’une dictature militaire contre l’État le plus peuplé du monde arabe.

 

En Syrie, les dollars saoudiens et les armes américaines fournies par l’Arabie saoudite ont alimenté l’émergence de l’État islamique en Irak et en Syrie (EI ou ISIS en anglais). Cela a mené à la débâcle de l’été dernier, lorsque les combattants d’ISIS ont conquis la majeure partie de l’ouest de l’Irak, incluant la deuxième plus grande ville d’Irak, Mossoul. Maintenant, les pilotes saoudiens ont rejoint la campagne de bombardement mené par les États-Unis en Syrie, le prélude à un conflit de beaucoup plus grande envergure et encore plus sanglant.

 

Le dernier exemple de collaboration entre les États-Unis et l’Arabie saoudite est la décision de l’OPEC, avec l’Arabie saoudite en tête, de rejeter toute réduction de production de pétrole au moment même où les prix chutent. Ce geste vise à acculer l’Iran et la Russie, deux alliés majeurs de la Syrie, à la faillite, en coupant les revenus que ces gouvernements peuvent tirer des exportations de pétrole dont ils dépendent.

 

Mais c’est un couteau à double tranchant. Aux États-Unis, la chute des prix du pétrole a dévasté l’industrie du gaz de schiste et a commencé à créer du chômage de masse au Texas et au Dakota du Nord. En Arabie saoudite, la chute des prix du pétrole a créé un manque à gagner de près de 40 milliards de dollars dans le budget national, forçant le pays à puiser dans ses réserves internationales.

 

La pauvreté et le chômage se répandent dans le pays, malgré sa richesse pétrolière. Une récente étude la CIA sur ce pays a estimé que 506.000 jeunes vont entrer sur le marché du travail en Arabie saoudite en 2015, où plus de la moitié de la population de 27 millions a moins de 25 ans. Étant donné que seulement 1,7 des 8,4 millions de salariés en Arabie saoudite sont des citoyens saoudiens – la grande majorité d’entre eux sont des immigrants –, le régime fait face à ce qu’un stratège impérialiste décrit comme étant « un défi incroyable en terme de stabilité nationale ».

 

La force la plus réactionnaire de la région – la monarchie saoudienne – est alliée avec la force la plus réactionnaire de la planète – l’impérialisme américain. Il en résulte une combinaison toxique de convulsions économiques, d’intensification des conflits tribaux et sectaires et d’escalade des interventions militaires impérialistes.

 

 

Par Patrick Martin mondialisation.ca – le 30 janvier 2015

Article paru d’abord en anglais, WSWS, le 26 janvier 2015

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Syrie. Alep encerclé, l’Occident cherche une autorisation spéciale pour sauver ses hordes de terroristes (NEO)

Syrie. Alep encerclé, l’Occident cherche une autorisation spéciale pour sauver ses hordes de terroristes (NEO) | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Syrie. Alep encerclé, l’Occident cherche une

autorisation spéciale pour sauver

ses hordes de terroristes (NEO)

Par Tony Cartalucci (*)


 

L’armée arabe syrienne serait proche d’encercler complètement les miliciens qui ont occupé la ville du nord d’Alep depuis qu’ils ont envahi la Syrie à partir des territoires de l’OTAN en 2012. Une fois que l’encerclement sera complet, les analystes estiment que la ville sera finalement libérée, dans un processus similaire à la reprise de Homs, plus au sud.

 

Le désespoir des miliciens face à cette phase finale de la bataille d’Alep se révèle au travers des tentatives de leurs sponsors occidentaux pour négocier un cessez-le-feu et organiser une « aide » pour les atteindre. Des tentatives similaires ont été faites en vain pendant les dernières phases de la bataille d’Homs à la mi-2014 — la ville de Homs ayant été l’épicentre de l’activité terroriste à partir de 2011 est maintenant sous le contrôle du gouvernement syrien. De petites poches de miliciens ont été isolées au sein d’Homs, permettant ainsi de rétablir l’ordre dans la majorité de la ville et de la région environnante.

 

Alors que le gouvernement syrien retrouve systématiquement le contrôle de la nation jusque là contrôlée en partie par des terroristes soutenus par l’Occident qui inonde le pays par des torrents d’argent, d’armes et d’équipements, le désespoir des Occidentaux au regard de leurs intérêts a visiblement augmenté.

 

Le journal The Guardian, un des leaders parmi les nombreux médias propagandistes qui déforment le récit du conflit depuis ses débuts en 2011, tente maintenant de former un récit de la situation en affirmant que seule l’OTAN pourra garantir la sécurité en établissant un « no-fly zone » sur Alep qui permettra d’aider les « rebelles modérés » à repousser les forces gouvernementales syriennes, et repousser les forces de « l’État Islamique (EI) ».

 

Dans un article intitulé « les rebelles syriens se préparent à défendre Alep ruiné alors que les troupes et les milices sont en passe de s’affronter », The Guardian déclare :

 

Depuis, les gains supplémentaires du régime ont été âprement disputés, la plupart des percées ont été repoussées par les combattants rebelles et les habitants, tous deux encore sous le choc de la diminution de leurs forces dans la guerre avec l’EI. Pendant ce temps, l’EI rôdait à plus de 30 kilomètres, narguant le Front islamique avec une station de radio, qui joue régulièrement des chants islamiques insultant les membres du groupe.

 

« Il s’agissait de pertes stratégiques pour nous », a déclaré le commandant d’Alep suite aux gains effectués par l’EI. « Et même [encore] maintenant les Étatsuniens doutent de notre engagement à les combattre ? Lorsque [les États-Unis] sont revenus en Syrie, nous pensions que le moins qu’ils pouvaient faire était de neutraliser la flotte aérienne d’Assad. Mais elle a bombardé la ville plus qu’elle ne l’avait jamais fait auparavant, et cela avant l’arrivée des Étatsuniens. Bien sûr, nous pensons qu’ils ont un accord avec le régime. C’est évident ».

 

Bien sûr, la réalité est tout autre : les États-Unis ont simplement utilisé l’EI comme prétexte pour violer l’espace aérien syrien, l’étape suivante étant d’établir des zones interdites de survol (« no-fly zone ») qui ont en fait été prévues de longue date, pour contrecarrer l’armée arabe syrienne. Tout comme en Libye, le no-fly zone permettrait tout simplement de donner le reste de la Syrie à l’EI (et à d’autres entités affiliées à Al-Qaïda) — qui est clairement la force milicienne la plus engagée dans la lutte contre le gouvernement syrien, et clairement les bénéficiaires de la grande majorité du matériel de soutien fourni par l’OTAN et leurs partenaires régionaux, notamment l’Arabie saoudite, le Qatar et Israël.

 

Il convient de noter que, tandis que The Guardian affirme que les miliciens restants encerclés à Alep s’opposent à l’EI, le même article admet que ces mêmes miliciens en coordination avec le Département d’État US sont en lien avec l’organisation terroriste étrangère, Al Nosra. The Guardian admet ainsi :

 

La lutte pour Zahraa, une des rares enclaves chiites dans le nord de la Syrie, est dirigée par l’organisation Jabhat al-Nusra affiliée à al-Qaida, avec qui le Front islamique a une entente, mais aucune alliance formelle. Après avoir tenu difficilement ce territoire pendant une grande partie de l’année écoulée, al-Nosra a récemment saisi de grandes parties de territoire près de la frontière turque, se réaffirmant comme une force déterminante au détriment des groupes non djihadistes. L’évolution rapide de la situation sur le terrain oblige à de nouveaux arrangements avec le Front islamique, qui déclare qu’il a attendu en vain l’aide promise par les pays arabes, mais qui n’a jamais été livrée.

 

Ces mêmes forces de l’EI qui sont présumées être opposées aux « rebelles modérés » ont vu des milliers de soi-disant « modérés » faire défection pour rejoindre récemment leurs rangs apportant avec eux de grosses sommes d’argent et des armes fournies par l’Occident. Cet Al Qaïda — à la fois Al Nusra et l’EI — semble prospérer le long de la frontière turque indiquant que le soutien de l’OTAN ne va pas uniquement aux « rebelles modérés », mais va aussi intentionnellement à Al-Qaïda, ou à des groupes modérés dont l’OTAN sait, qu’ils collaborent avec, ou vont se joindre prochainement à Al-Qaïda.

 

Avec la menace des propres groupes qu’il a créés — perpétués jusqu’à ce jour et prospérant le long des frontières de l’OTAN, cherchant refuge sur le territoire de l’OTAN et recevant en toute impunité un approvisionnement ininterrompu provenant des territoires de l’OTANl’Occident cherche à influencer les opinions publiques en instrumentalisant la crainte de propagation de l’EI et en faisant accepter au monde, une plus grande intervention militaire directe, jusqu’à la création de zones de survol interdites, et peut-être de politiques plus agressives, y compris la constitution de « zones de sécurité » dans lequel l’EI pourrait organiser des opérations militaires de plus grande envergure et plus efficaces à l’intérieur de la Syrie.

 

Comme exposé en 2007 par Seymour Hersh, journaliste qui a gagné à deux reprises le Prix Pulitzer, dans son article du New Yorker intitulé « The Redirection », l’Occident a conspiré pour former et disséminer dans le monde arabe des terroristes mercenaires affiliés à Al-Qaïda afin de débuter une guerre (par procuration) contre l’Iran et affaiblir son influence grandissante. Le soutien étatsunien devait transiter par l’Arabie Saoudite de façon à maintenir un semblant de déni plausible et une compartimentation opérationnelle. De toute évidence, ce qui se déroule aujourd’hui en Syrie, est la manifestation in extenso, de l’article méticuleux de neuf pages de Hersh.

 

Pour lutter contre cette conspiration criminelle, la Syrie et ses alliés doivent assurer que le conflit en cours est une invasion terroriste, et non une « guerre civile » et que toute stratégie formulée pour lutter contre ce fléau du terrorisme doit inclure le gouvernement syrien — manifestement le plus capable d’affronter Al-Qaïda et l’EI depuis 2011. Ainsi, plus l’Occident et ses alliés régionaux aident ce front terroriste, plus grand sera le soutien en Syrie et sur la scène mondiale pour le combattre — et acculer la politique étrangère occidentale permettant aux Syriens de finalement rétablir l’ordre dans leur nation assiégée.

 

 

Par Tony Cartalucci (*) (journal-neo.org) — le-blog-sam-la-touch.over-blog – le 25 janvier 2015

 

Tony Cartalucci, est un écrivain et un chercheur en géopolitique basé à Bangkok géopolitique, écrivant en particulier pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook ».

 

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Un ancien d'Al-Qaïda dénonce la collaboration entre l'EIIL, la CIA et Baghdadi

Vidéo de 11’37" - sous-titrée en français - Voir la version longue (41’07 ") : ici

 

 Un ancien d’Al-Qaïda dénonce la

collaboration entre l’EIIL et la CIA

 

Nabil Na’im Aboul Fattah est le fondateur du parti « Djihad démocratique » ainsi qu’un contributeur à Asharq Al-Awsat, un important quotidien panarabe en tant qu’analyste sur les questions concernant les groupes fanatiques religieux. Il a également été le chef du Djihad islamique égyptien de 1988 à 1992 puis un conseiller du gouvernement Égyptien après son arrestation en 1991.Il a été libéré en 2011 après la révolution égyptienne et après avoir écrit avec Ismail Nasr un document indiquant qu’il abandonnait la violence envers l’État.


Le texte qui suit et un résumé et un approfondissement des propos qu’il a tenus dans la vidéo « révélations d’un ancien cadre d’Al-Qaïda sur l’EIIL»


Voici un extrait  :


Al-quaida de l’époque soviétique a nos jours :


Al-Qaida a été fondé en 1989, il est financé par une ONG qui s’occupe de prélever la charité (Zakat) appelée Organisation Internationale de Secours Islamique (OISI) dont le siège est basé à Jeddah en Arabie Saoudite. Les fonds destinés à Al-Qaida étaient récupérés en grande partie dans les pays du golfe sans qu’ils aient besoin de se cacher. L’OISI était censée s’occuper de l’aide humanitaire au Pakistan et était une couverture parfaite pour le déplacement des djihadistes et du matériel en Afghanistan.

 

L’opération était géré par un certain Sulaiman Abdul Aziz Al Rajhi, un banquier saoudien extrêmement riche associé aux services secrets saoudiens. La CIA fournissait alors de l’équipement et la formation pour lutter contre l’URSS.

 

Après la conquête de l’Afghanistan, les USA ont tenté de se débarrasser d’Al-Qaida et de contrôler le pays, sans succès. Cela a « refroidi » leur coopération. Après le 11 septembre, l’opération « Green Quest » menée par plusieurs services dont le FBI, l’ATF et le NCIS et ayant pour but de démanteler les réseaux de financement du terrorisme affaiblit encore plus Al-Qaïda.

 

Après la mort de Ben Laden, Al-Qaïda est racheté et entretenu par le Qatar, et devient un groupe de mercenaires…

 

Par fr.awdnews.com – le 27 novembre 2014

http://fr.awdnews.com/politique/5794-un-ancien-d’al-qaïda-dénonce-la-collaboration-entre-l’eiil-et-la-cia.html

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Vers la fin du système Erdoğan - partie 1/2

Vers la fin du système Erdoğan - partie 1/2 | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : l’islamiste Recep Tayyip Erdoğan prend la succession du prince saoudien Bandar bin Sultan après l’attentat qui l’écarte de la scène en 2012 et devient le coordinateur du terrorisme international. Il prend la succession du Qatar en 2014 lorsque celui-ci doit renoncer à parrainer les Frères musulmans et devient ainsi le vrai leader de la Confrérie. Grisé par son succès, il se croit indispensable aux États-Unis et viole les règles de l’OTAN en signant le traité Turkish Stream avec la Russie.

 

 

Vers la fin du système Erdoğan - partie 1/2

 

 

Thierry Meyssan, qui avait annoncé la chute de Recep Tayyip Erdoğan dès décembre 2014 alors que tous les commentateurs internationaux persistaient à le croire gagnant des élections législatives, revient ici sur la carrière du président turc. Dans cette synthèse, il met en lumière les liens de l’AKP avec les Frères musulmans et le rôle de M. Erdoğan dans la coordination du terrorisme international après l’attentat contre le prince saoudien Bandar bin Sultan.

 

 

L’islamiste Recep Tayyip Erdoğan prend la succession du prince saoudien Bandar bin Sultan après l’attentat qui l’écarte de la scène en 2012 et devient le coordinateur du terrorisme international. Il prend la succession du Qatar en 2014 lorsque celui-ci doit renoncer à parrainer les Frères musulmans et devient ainsi le vrai leader de la Confrérie. Grisé par son succès, il se croit indispensable aux États-Unis et viole les règles de l’OTAN en signant le traité Turkish Stream avec la Russie.

 

 

Échec aux élections législatives


Le résultat des élections législatives turques ne menace pas simplement les projets de Recep Tayyip Erdoğan, qui se voyait déjà en nouveau Sultan, mais le pouvoir même de son parti, l’AKP. Chacun des trois autres partis (MHP conservateur, CHP socialiste et HPD gauche) a indiqué refuser de former un gouvernement de coalition avec lui et souhaiter, au contraire, former une coalition à trois. Dans le cas où ils n’y parviendraient pas d’ici 45 jours, il conviendrait alors soit de confier aux socialistes le soin de former une coalition gouvernementale – une option déjà écartée par l’AKP –, soit de convoquer à nouveau des élections législatives.

 

Ce scénario semble encore improbable, comme le résultat de l’élection paraissait impossible à la quasi-totalité des commentateurs politiques jusqu’au scrutin du 7 juin. Cependant, en signant le 1er décembre 2014 un accord économique avec Vladimir Poutine pour lui permettre de contourner les sanctions de l’Union européenne (Turkish Stream), M. Erdoğan a défié les règles implicites de l’OTAN. Ce faisant, il est devenu l’homme à abattre à la fois pour Washington et pour Bruxelles. Les États-Unis ont donc largement influé en sous-main durant la campagne électorale pour rendre possible le renversement de l’AKP.

 

Pour cette élection, M. Erdoğan s’était fixé comme objectif de remporter 400 sièges sur 550. En réalité, pour faire adopter une constitution taillée sur mesure qui lui accorde les pleins pouvoirs exécutifs, il espérait 367 sièges. À défaut, il se serait contenté de 330 sièges, ce qui lui aurait permis de convoquer un référendum qui aurait adopté le projet de constitution à la majorité simple. De toute manière, il lui en fallait 276 pour disposer de la majorité parlementaire, mais il n’en aura que 258, ce qui est insuffisant pour conserver seul le pouvoir.

 

La domination de l’AKP, depuis 2002, s’expliquait à la fois par ses bons résultats économiques et par la division de son opposition. Or, l’économie turque est en pleine déroute : le taux de croissance qui flirtait avec les 10 % pendant une décennie a chuté lors de la guerre contre la Libye, puis lors de l’opération secrète contre la Syrie. Il est actuellement de 3 %, mais pourrait rapidement devenir négatif. Le chômage se développe soudainement et atteint les 11 %. Ces guerres ont en effet été conduites contre des alliés de la Turquie et des partenaires économiques indispensables. Quant à la division de l’opposition, la CIA qui l’avait envenimée par le passé s’est empressée d’y remédier.

 

La chose était facile compte tenu de la kyrielle de griefs que l’autoritarisme de M. Erdoğan a suscitée. L’union de l’opposition avait déjà eu lieu, à la base, en juin 2013, lors des manifestations du parc Taksim Gezi. Mais le mouvement avait échoué, d’abord parce qu’à l’époque M. Erdoğan était soutenu par Washington, et parce qu’il était resté un soulèvement urbain. À l’époque, les manifestants protestaient certes contre un projet immobilier, mais principalement contre la dictature des Frères musulmans et la guerre contre la Syrie.

 

Constatant que ce mouvement n’avait pas pu le renverser, l’AKP se pensait, à tort, indétrônable. Il a donc tenté de faire passer en force son programme islamiste (foulards pour les femmes, interdiction de cohabitation pour les célibataires de sexe opposé, etc.). Et ce, alors que l’image pure du Sultan se trouvait soudainement remise en cause par la révélation de la corruption de sa famille. En février 2014, on entendait, sur ce qui paraît être une interception téléphonique, M. Erdoğan demander à son fils de cacher 30 millions d’euros en liquide avant une perquisition de la police [1].

 

Tout ceci sans parler de la purge contre les fidèles de son ancien allié, Fethullah Gülen [2], de l’incarcération massive de généraux, d’avocats et de journalistes [3], du non-respect des promesses faites aux Kurdes, et de la construction du plus grand palais présidentiel au monde.

 

 

 

 

 

 

Cet échec est la conséquence de sa politique étrangère


L’échec de Recep Tayyip Erdoğan ne provient pas de décisions intérieures, c’est la conséquence directe de sa politique étrangère. Les résultats économiques exceptionnels de ses premières années n’auraient pas été possibles sans l’aide en sous-main des États-Unis qui voulaient en faire le leader du monde sunnite. Ils ont été stoppés, en 2011, par le ralliement d’Ankara à l’opération de destruction de la Jamahiriya arabe libyenne qui était jusque là son second partenaire économique. La Turquie a réveillé les liens historiques qu’elle avait avec la tribu des Misratas, principalement des Aghdams, c’est-à-dire des juifs turcs convertis à l’islam et installés en Libye au XVIIIe et XIXe siècle.

 

La Turquie avait conscience qu’en attaquant la Libye, elle perdrait un très important marché, mais elle espérait prendre la tête des gouvernements tenus par les Frères musulmans, déjà en Tunisie, puis probablement en Libye, en Égypte et en Syrie. Ce qui a effectivement eu lieu dans les deux premiers États en 2012, mais n’a pas duré.

 

Ankara s’est engagé dans la guerre contre la Syrie. C’est sur le sol turc que l’OTAN a installé le quartier général de coordination des opérations. Durant la première guerre (celle de 4e génération), allant de février 2011 à la conférence de Genève I de juin 2012, l’OTAN transférait en Turquie les combattants d’al-Qaïda en Libye de manière à créer « l’Armée syrienne libre ». M. Erdoğan se contentait de fournir des bases arrières camouflées en « camps de réfugiés », tandis que la presse occidentale aveuglée ne voyait qu’une « révolution démocratique » (sic) dans la lignée du « printemps arabe » (re-sic).

 

En juin 2012, la victoire électorale des Frères musulmans en Égypte pouvait laisser penser à un avenir radieux de la Confrérie. Aussi M. Erdoğan suivit-il le projet d’Hillary Clinton, du général David Petraeus et de François Hollande de relancer la guerre contre la Syrie, mais sur le mode nicaraguayen cette fois. Il ne s’agissait plus de soutenir une opération secrète de l’OTAN, mais de jouer un rôle central dans une guerre classique de très grande ampleur.

 

Le 16 avril 2014, la presse turque publiait une photographie d’Abu Muhammad, un des officiers supérieurs de Daesh qui avait été blessé par l’Armée arabe syrienne à Idleb, puis transféré par le MIT en Turquie et soigné aux frais du contribuable turc dans un hôpital public d’Hatay.

 

 

Recep Tayyip Erdoğan, coordinateur

du terrorisme international

 

Lorsque, en juillet 2012, l’Axe de la Résistance réagissait à l’assassinat des membres du Conseil de sécurité national syrien en tentant d’assassiner le prince saoudien Bandar ben Sultan, Recep Tayyip Erdoğan saisit sa chance. Il substitua la Turquie à l’Arabie saoudite dans la manipulation du terrorisme international.

 

En deux ans, plus de 200 000 mercenaires, venus des quatre coins du monde, transitèrent par la Turquie pour faire le jihad en Syrie. Le MIT — les services secrets turcs — mit en place un vaste système de circulation d’armes et d’argent pour alimenter la guerre, principalement payée par le Qatar et supervisée par la CIA.

 

M. Erdoğan installait trois camps d’entrainement d’al-Qaïda sur son sol à Şanlıurfa (frontière syrienne), à Osmaniye (à côté de la base de l’OTAN d’Incirlik), et à Karaman (près d’Istanbul) où il organisa une académie du terrorisme dans la tradition de l’École des Amériques [4] [5].

 

La police et la Justice turque ont montré que M. Erdogğan était — comme l’ancien vice-président états-unien Dick Cheney — un ami personnel de Yasin al-Qadi, le « banquier d’al-Qaïda ». C’est en tous cas ainsi que le FBI et les Nations unies l’avaient identifié jusqu’à ce qu’il soit retiré de la liste internationale des terroristes, en octobre 2012.

 

Durant la période où il était mondialement recherché, Yasin al-Qadi se rendait secrètement à Ankara, en avion privé. Les gardes du corps de M. Erdoğan venaient le chercher à l’aéroport, non sans avoir d’abord désactivé les caméras de surveillance [6].

 

Le 18 mars 2014, un enregistrement diffusé sur YouTube laissait entendre un directeur de Turkish Airlines, Mehmet Karataş, se plaindre auprès d’un conseiller de M. Erdoğan, Mustafa Varank, que sa compagnie ait été utilisée par le gouvernement pour transférer secrètement des armes à Boko Haram au Nigéria. Le haut fonctionnaire ne s’inquiétait pas d’avoir violé le droit international, mais déplorait que ces armes puissent servir à tuer non seulement des chrétiens, mais aussi des musulmans.

 

En mai 2014, le MIT transférait par train spécial à Daesh quantité d’armes lourdes et de pick-up Toyota neufs offerts par l’Arabie saoudite. L’Émirat islamique, qui n’était alors qu’un groupe de quelques centaines de combattants, se transformait en un mois en une armée de dizaines de milliers d’hommes et envahissait l’Irak.

 

Durant les quatre derniers mois de 2014, la Turquie empêcha les Kurdes du PKK de voler au secours des leurs à Kobané (Aïn al-Arab) lorsque la ville fut attaquée par Daesh. Au contraire, de nombreux journalistes ont attesté que les jihadistes pouvaient librement franchir la frontière [7].

 

Le 19 janvier 2015, la gendarmerie sur requête du parquet intercepta un convoi transportant des armes destinées à Daesh. Cependant, la perquisition fut interrompue lorsqu’on découvrit que le convoi était conduit par des agents du MIT. Par la suite, les procureurs et le colonel de gendarmerie furent arrêtés pour « trahison » (sic). Durant l’instruction de leur procès, un magistrat laissa fuiter que le MIT avait affrété au total 2 000 camions d’armes pour Daesh [8].

 

La colonne vertébrale du système terroriste turc est facilement identifiable : en 2007, l’Académie militaire de West Point a montré que les hommes de l’Émirat islamique en Irak provenaient d’al-Qaïda en Libye (GICL). Les mêmes mercenaires ont été utilisés pour renverser Mouamar el-Kadhafi en 2011 [9], puis pour former l’Armée syrienne libre (les « modérés ») [10]. Les membres syriens de l’Émirat islamique en Irak ont créé al-Qaïda en Syrie (Front al-Nosra). De nombreux combattants libyens et syriens sont revenus au sein de l’Émirat islamique en Irak lorsque celui-ci s’est renommé « Daesh » et a envoyé des cadres à Boko Haram (Nigéria).

 

Mehdi al-Harati est un double national libyen irlandais. En juin 2010, sa photo remerciant M. Erdoğan venu le visiter à l’hôpital après son arrestation par les Israéliens à bord de la Flottille de la Liberté, fit la une de la presse. Lors d’un cambriolage de sa maison en Irlande (juillet 2011), il s’avéra qu’il détenait une grosse somme d’argent en liquide que la CIA lui avait donnée pour aider au renversement du Guide libyen. Il dirigea la Brigade de Tripoli, une unité d’al-Qaïda encadrée par des officiers français, chargée par l’OTAN de prendre l’hôtel Rixos qui servait de cache aux Kadhafi et, au passage, d’assassiner Thierry Meyssan (août 2011).


Sous les ordres d’Abdelhakim Belhaj et avec plusieurs milliers de combattants libyens, il vint en novembre 2011 en Syrie organiser l’Armée syrienne libre, pour le compte de la France. Par la suite, il créa et commanda une autre armée privée, Liwa al-Umma, qui reprit le sigle de l’Armée syrienne libre à la fin 2012. De retour en Libye, il fut élu maire de Tripoli (août 2014) lorsque le pays se divisa entre deux gouvernements, l’un à Tripoli soutenu par la Turquie, l’autre à Tobrouk soutenu par l’Égypte et les Émirats.

 

 

Par Thierry Meyssan - RÉSEAU VOLTAIRE | DAMAS (SYRIE) | 15 JUIN 2015


Thierry Meyssan Consultant politique, président fondateur du Réseau Voltaire et de la conférence Axis for Peace. Dernier ouvrage en français : L’Effroyable imposture : Tome 2, Manipulations et désinformations (éd. JP Bertand, 2007). Compte Twitter officiel.

 

 

 

Notes :

[1] « 30 millions d’euros et la voix d’Erdogan », Réseau Voltaire, 25 février 2014.

[2] « Erdoğan attaque Gülen publiquement », Réseau Voltaire, 23 novembre 2013.

[3] « Le coup d’État judiciaire de l’AKP », par Thierry Meyssan, Al-Watan (Syrie), Réseau Voltaire, 19 août 2013.

[4] « Israeli general says al Qaeda’s Syria fighters set up in Turkey », par Dan Williams, Reuters, 29 janvier 2014.

[5] L’École des Amériques était une école de torture, créée par la CIA durant la Guerre froide, au Panama.

[6] « Erdoğan recevait secrètement le banquier d’Al-Qaida », Réseau Voltaire, 2 janvier 2014.

[7] « Kobané, objet de tous les mensonges », Réseau Voltaire, 1er novembre 2014.

[8] « La Turquie arrête les procureurs qui enquêtaient sur Émirat islamique », Réseau Voltaire, 8 mai 2015.

[9] « Ennemis de l’OTAN en Irak et en Afghanistan, alliés en Libye », par Webster G. Tarpley, Réseau Voltaire, 21 mai 2011.

[10] « L’Armée syrienne libre est commandée par le gouverneur militaire de Tripoli », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 18 décembre 2011 ; « Des islamistes Libyens en Syrie pour « aider » la révolution », par Daniel Iriarte, ABC (Espagne), Réseau Voltaire, 18 décembre 2011.


Koter Info's insight:


>>> Voir la partie 2/2 ici


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État islamique & coalition arabo-occidentale : Document ahurissant du Renseignement US, preuve cynique de la collusion

État islamique & coalition arabo-occidentale : Document ahurissant du Renseignement US, preuve cynique de la collusion | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


État islamique & coalition arabo-occidentale : Document ahurissant du Renseignement US, preuve cynique de la collusion

 

Cela fait longtemps que nous savons que l’État islamique est cornaqué par la coalition arabo-occidentale, bénéficiant de camps d’entrainement et de formation. MPI vous a donné au fur et à mesure les documents et les recoupements. Mais cette fois-ci c’est un document officiel du Pentagone qui l’atteste avec un cynisme ahurissant. 

 

Judicial Watch se définit elle-même comme « une fondation conservatrice, qui se bat pour la responsabilité et l’intégrité du droit, la politique et le gouvernement, afin que personne ne soit au-dessus de la loi, » aux USA.

 

Judicial Watch a publié le 18 mai dernier une sélection de documents déclassifiés suite à un procès fédéral intenté contre le département américain de la Défense et le département d’État ; procès que la fondation a gagné. Les documents ont donc été déclassifiés et ouverts au public.

 

L’un de ces documents déclassifiés, rédigé en 2012, émis par la Défense Intelligence Agency (l’Agence de renseignements américaine), manifeste clairement le souhait d’un « État islamique » dans l’est de la Syrie pour que l’Occident, les pays du Golfe et la Turquie, unis dans un même complot, puissent arriver à leurs fins dans la région contre le gouvernement légitime syrien : « l’Occident, les pays du Golfe et la Turquie soutiennent l’opposition » et « La possibilité d’établir un émirat salafiste officiel ou pas, dans l’est de la Syrie (Hasaka et der Zor), et c’est exactement ce que veulent les forces qui soutiennent l’opposition, afin d’isoler le régime syrien »  … (Source : doc. DIA)

 

Le rapport de la DIA, déclassifié, daté du 12 août 2012, a été largement diffusé parmi les divers organes gouvernementaux, y compris CENTCOM, la CIA, le FBI, le DHS, NGA, le Département d’État et beaucoup d’autres.

 

Le document montre que, dès 2012, le renseignement américain avait prévu la montée de l’Etat Islamique en Irak et au Levant (ISIL ou ISIS), mais au lieu de désigner clairement le groupe comme un ennemi, le rapport envisage le groupe terroriste comme un atout stratégique américain. (Source)

 

« Les 7 pages du document de la DIA indiquent qu’al-Qaïda en Irak (AQI) a été le précurseur de l' « État islamique en Irak (ISI) », qui est devenu l’« État islamique en Irak et au Levant qui soutenait l’opposition syrienne dés le commencement, à la fois idéologiquement et à travers les médias ». (source)

 

Le rapport déclassifié du Pentagone note que la « montée de l’insurrection en Syrie » prend une « direction de plus en plus sectaire, » attirant le soutien de « pouvoirs religieux et tribaux sunnites » de toute la région. (Source : doc. DIA)

 

Dans une section intitulée « Les hypothèses futures de la crise », le rapport de la DIA prédit que si le régime d’Assad venait à survivre en conservant le contrôle du territoire syrien, la crise continuerait à monter « en guerre par procuration. » (S’agit-il de la guerre par procuration des l’islamiste [et néanmoins atroces assassins], au profit de la coalition arabo-occidentale ?)

 

Notant que les salafistes, les Frères musulmans, et al-Qaïda en Irak (AQI) sont « les principales forces motrices de l’opposition en Syrie », le document stipule que « l’Ouest, les Pays du Golf et la Turquie soutiennent l’opposition, cependant, la Russie, la Chine et l’Iran, soutiennent le régime. » (Source : doc. DIA).

 

On notera que les islamistes agissent pour le compte de l’Occident, mais avant tout pour leur propre compte. Il est donc inexact de prétendre que l’islam n’est pas responsable et que seuls les USA seraient responsables. Comme en 1915 l’islam est en train de perpétrer un nouveau génocide des chrétiens, avec, cette fois-ci, la complicité des autorités occidentales qui trahissent le plus hypocritement du monde leurs propres ressortissants, dont la majorité sont chrétiens, en leur faisant avaler de grosses couleuvres. 

 

En Libye, les rebelles anti-Kadhafi, dont la plupart étaient affiliés à Al-Qaïda, ont été protégés par l’OTAN comme des « havres de paix » que sont les « zones d’exclusion aérienne ». Et le document suggère d’utiliser de mêmes zones d’exclusion aérienne humanitaires pour servir de base de repli aux islamistes

 

Le document du Pentagone évoque explicitement la déclaration probable d’un « État islamique par son union avec d’autres organisations terroristes en Irak et en Syrie. » (Le levant). Cette constatation n’empêche pas « les pays occidentaux, les pays du Golfe et la Turquie de soutenir ces efforts » comme étant « les forces d’opposition » syriennes qui se battent pour « contrôler les régions de l’Est (Hasaka et Der Zor), adjacentes aux provinces irakiennes occidentales (Mossoul et Anbar) ».

 

Anbar est la région irakienne de Ramadi qui jouxte la région de Palmyre en Syrie. La région d’Anbar et Palmyre sont tombées ces derniers jours, alors que le document est datée d’août 2012.

 

« … Il y a la possibilité d’établir un émirat salafiste déclaré ou non dans l’est de la Syrie (Hasaka et Der Zor), ce qui est exactement ce que veulent les forces qui soutiennent l’opposition, afin d’isoler le régime syrien, qui est considéré comme le support stratégique de l’expansion chiite (l’Irak et l’Iran) « . (Source : doc. DIA)

 

 

Pour résumer :

l’ex-document secret du Pentagone fournit la confirmation que la coalition arabo-occidentale menée par les USA et qui prétend se battre (fort mollement, il est vrai) contre l’État Islamique, avait il y a trois ans salué l’émergence d’un « califat salafiste » en Irak, suggérant qu’il pourrait s’étendre à la Syrie comme un moyen de faire chuter le pouvoir légitime d’Assad, et de bloquer l’expansion stratégique de l’Iran. 

 

La coalition arabo-occidentale est clairement identifiée tout au long du document comme étant « l’Occident, les pays du Golfe et la Turquie. » Les pays du Golfe comprenant l’Arabie saoudite, et l’ensemble des Émirats Arabes-Unis, dont le Qatar, Abou Dhabi, Dubaï et quatre autres.

 

Les analystes du Pentagone montrent qu’ils étaient bien conscients en été 2012 des risques terribles de cette stratégie ; ils craignaient que le califat crée l’atmosphère idéale pour qu’Al Qaïda s’empare de Mossoul et de Ramadi. Depuis, les islamistes se sont emparés de ces régions. Celle de Ramadi (région d’Anbar en Irak) a été prise il y a quatre ou cinq jours.

 

Ils ajoutent qu’un tel califat sera : « … Un élan de rassemblement autour du djihad chez les sunnites d’Irak et de Syrie, et avec le reste des sunnites dans le monde arabe contre ce qu’ils considèrent comme un ennemi. L’EI pourrait également déclarer un État islamique au travers de son union avec d’autres organisations terroristes en Irak et en Syrie, ce qui créera un grave danger en ce qui concerne l’unification de l’Irak et la protection du territoire ». 

 

Depuis ce document, à partir du Moyen-Orient, l’islamisme s’est mis à dévaster de nombreux pays d’Afrique noire et s’est imprégné dans de nombreux esprits en Occident, où il était latent il est vrai. Mais rien ne démontre que la politique de la coalition ait évolué pour autant, bien au contraire.

 

Suite aux révélations de ce document, un porte-parole du Foreign Office a déclaré :

 

« Al Qaïda et l’EI sont des organisations terroristes proscrites. Le Royaume-Uni s’oppose à toutes les formes de terrorisme. AQ, ISIL et leurs sociétés affiliées constituent une menace directe pour la sécurité nationale du Royaume-Uni. Nous faisons partie d’une coalition militaire et politique pour vaincre ISIL en Irak et en Syrie, et nous travaillons avec des partenaires internationaux pour contrer la menace d’Al Qaïda et d’autres groupes terroristes dans cette région. En Syrie, nous avons toujours soutenu les groupes d’opposition modérés qui s’opposent à la tyrannie de Assad et à la brutalité des extrémistes ». (Source)

 

Nous reconnaissons dans ce commentaire du Foreign Office, outre la langue de bois, les fameux et fumeux prétendus « opposants modérés à Bachar el Assad » (selon le terme requis), que les Américains se sont vantés de former en grand nombre dans des camps en Turquie, en Jordanie et ailleurs, avec des « citoyens de tous les pays », selon l’ambassadeur de Géorgie aux USA.

 

Ce document est la confirmation au plus haut niveau du Renseignement US, que les autorités occidentales et leurs alliés sunnites de Turquie, d’Arabie Saoudite et des autres émirats du Golfe, ont vu, sciemment, la création d’un califat et en ont suggéré l’extension, pour s’en servir comme de leur outil propre, pour faire sauter les autorités légales de la Syrie.

 

Cela n’empêchera pas l’Occident de continuer à tromper la majorité de ses populations en laissant croire qu’il combat l’islamisme au Moyen-Orient. Pas plus tard que jeudi, François Hollande a versé des larmes de crocodile sur les morts de l’État islamique…

 

Ici, le document déclassifié du renseignement américain, qui a servi de base à cet article.

 

 

 

Par ÉMILIE DEFRESNE - medias-presse.info – le 24 mai 2015.

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Vers 1 nouvelle réalité en Syrie ? (2/2)

Vers 1 nouvelle réalité en Syrie ? (2/2) | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

© AP Photo/ UNRWA

 

Vers une nouvelle réalité en Syrie ? (2/2)

 

Cette alliance entre deux puissances du golfe et un pays de l’OTAN, accompagne donc maintenant une coalition militaire composée de combattants djihadistes proches des frères musulmans et de salafistes, dans une coalition hétéroclite et radicale qui pourrait rassembler jusque 70.000 combattants.

 

Lors de l’assaut contre Idlib, de nombreuses sources bien informées affirment que si l’équipement était majoritairement fourni par Riyad, plusieurs milliers de combattants se sont infiltrés en quelques heures sur le territoire Syrien par la frontière turque, frontière d’où un soutien médical a même été apporté aux djihadistes blessés qui ont pu franchir la frontière pour être traites dans les hôpitaux en Turquie (source ici et ).

 

Les mêmes sources affirment que Riyad et Ankara envisageraient des opérations militaires en Syrie, même si cela semble à ce jour encore improbable, et il faut rappeler que la Turquie a déjà proposé l’établissement par voie militaire d’une zone tampon, aérienne et au sol, dans le nord du pays.

 

En outre, avec l’aide des États-Unis, ce nouvel axe va former dans les prochains mois un contingent de 5.000 hommes pour combattre tant le pouvoir syrien que l’Emirat Islamique. Ces changements importants interviennent dans un contexte international et régional mouvant lié à l’Iran.

 

L’accord sur le nucléaire Iranien et la plausible levée des sanctions ont créé une vive inquiétude au sein des monarchies du golfe qui craignent par-dessus tout l’influence régionale de Téhéran. La mort du roi Abdallah au début de l’année 2015 et l’accession au trône de son demi-frère Salman a eu pour conséquence un retournement de la politique étrangère saoudienne, accéléré sans doute par l’opération au Yémen que Riyad mène contre les rebelles Houtis qui ont le soutien de Téhéran.

 

En lien direct avec l’Iran, le Hezbollah semble de plus en plus devenir une des clefs du dossier syrien sur le plan militaire. À la frontière avec le Liban, le Hezbollah augmente son implication sur le terrain. Il a lancé au cours de ce mois de mai une opération militaire de très grande envergure dans les monts Qalamoum, visant à sécuriser la frontière et cette zone stratégique qui donne directement accès à la capitale syrienne.

 

Jusque-là, le Hezbollah se contentait d’intervenir dans des zones périphériques et plus ou moins frontalières du Liban, hormis de rares exceptions. Mais le 12 décembre dans un discours d’importance, Hassan Nasrallah a clairement laissé entendre que le Hezbollah allait désormais combattre partout où il le faudrait sur le territoire Syrien pour ne pas permettre la défaite du régime. Il semble du reste plausible qu’après la bataille de Qalamoun le Hezbollah soit déployé dans le sud du pays, accentuant de fait la crainte de la Jordanie de voir l’influence de Téhéran s’approcher de ses frontières, tandis que dans le même temps l’Emirat Islamique semble de son côté vouloir s’implanter en Jordanie.

Que peut-il se passer maintenant en Syrie ?

 

 

Sur le plan intérieur

 

On peut imaginer que l’État syrien ne devrait pas s’effondrer après la perte de plusieurs centaines de soldats et de dizaines de tanks dans la terrible bataille en cours pour la province d’Idlib. La montée en puissance du Hezbollah semble montrer clairement le problème principal auquel fait face l’armée syrienne pour garder le contrôle sur la totalité du territoire syrien : la dispersion des forces sur des fronts de plus en plus nombreux et étendus. En quatre ans de guerre, l’armée syrienne et les forces de défense nationale ont perdu plusieurs dizaines de milliers d’hommes. Il est donc de plus en plus difficile de mener des opérations importantes sur plusieurs fronts à la fois, tout en sécurisant les territoires sous contrôle de l’État.

 

Il faudra observer dans les prochains mois si le régime peut continuer à se maintenir dans ces avant-postes que sont Alep ou Deir-Ez-Zor, mais aussi et surtout continuer à contrôler les axes routiers menant à ces villes. De cela dépendra beaucoup l’avenir de la Syrie qui pourrait voir le régime choisir d’abandonner, au moins provisoirement, le nord et l’est du pays qui tomberaient ainsi sous contrôle total de l’Émirat Islamique (de l’Est d’Alep à la frontière Irakienne) et du Front Al-Nosra donc d’Al-Qaïda pour ce qui est de la province d’Idlib.

 

Mais ce scénario de repli des forces gouvernementales reste une option qui dépendra de l’évolution de la situation militaire dans les semaines qui viennent et de la capacité du régime à alimenter en hommes les nombreux fronts militaires.

 

 

Sur le plan extérieur

 

Une ligne de rupture semble se dessiner entre les préoccupations prioritaires des Occidentaux et celles des acteurs régionaux.

 

Les occidentaux sont désormais focalisés sur l’Emirat Islamique et les risques qu’il fait courir à la région, mais aussi aux états d’Europe puisque plusieurs milliers de ressortissants européens musulmans ont rejoint les rangs de l’organisation.

 

Par contre, pour Ankara ou les puissances du golfe, la priorité est clairement de contrecarrer l’influence iranienne et surtout de ne pas laisser l’axe Téhéran-Damas-Hezbollah prendre le dessus dans ce conflit syrien. Tout dépendra de la pression que l’Iran peut exercer. Téhéran peut décider de passer à la vitesse supérieure (mais sous quelle forme ?) pour maintenir Assad au pouvoir et appuyer le processus en cours visiblement de transformation du Hezbollah en « État dans l’État » au sein du système étatique syrien.

 

De toute manière, le conflit Syrien ne semble pas près de se terminer, le pays voit se dérouler sur son territoire une terrible guerre proxy, entre une bien étrange coalition des démocraties occidentales, des dictatures du golfe et de la Turquie, contre un axe regroupant la Syrie laïque, l’axe Chiite Téhéran-Hezbollah et en arrière-plan la Russie.

 

Difficile d’imaginer quelle nouvelle réalité est en train d’émerger en Syrie.

 

Les opinions exprimées dans ce contenu n’engagent que la responsabilité de l’auteur.

 

 

 

Par Alexandre Latsa - fr.sputniknews.com – le 19 mai 2015.



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Yémen : avec le soutien de Washington, Riyad vole au secours d’Al Qaïda

Yémen : avec le soutien de Washington, Riyad vole au secours d’Al Qaïda | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : des civils fuyants les zones de bombardements. Direction Union européenne ? Crédit : Reuters

 

 

Yémen : avec le soutien de Washington,

Riyad vole au secours d’Al Qaïda

 

Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté le 14 avril une résolution concernant la crise au Yémen, ayant pour effet de légitimer les opérations terroristes de l’Arabie Saoudite mis à mal par l’Iran.


L’Arabie saoudite dirige l’assaut sur le Yémen, lancé le 26 mars en alliance avec quelques pays du Golfe et le soutien logistique des États-Unis et du Royaume-Uni.

 

La résolution 2216 a été adoptée par 14 votes (incluant celui de la Chine) alors que la Russie s’est abstenue. Ainsi, Beijing et Moscou refont l’erreur qu’ils avaient faite en 2011, lorsqu’ils se sont abstenus sur la résolution autorisant la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne en Libye, qui a rapidement conduit à l’intervention militaire, au renversement et au meurtre du président Kadhafi.

 

La résolution 2216 ne dit absolument rien à propos des décès, de la destruction et des souffrances causés par les bombardements saoudiens contre les populations et les infrastructures civiles, ainsi que les dépôts de médicaments et de nourriture. Tout le blâme est reporté sur les rebelles Houthis et leurs alliés, incluant l’ancien président Ali Abdullah Saleh, son fils et les factions de l’armée et de la garde républicaine qu’ils conduisent en coordination avec les Houthis et la majorité des tribus du pays. Cette alliance de forces nationales a permis de débarrasser de larges régions du Yémen des forces associées à al-Qaïda et à l’État islamique (Daech).

 

La résolution du Conseil de sécurité prétend vouloir rétablir le gouvernement « légitime » du président déchu Abedrabbo Mansour Hadi, qui bénéficiait de très peu de soutien au Yémen à l’exception d’al-Qaïda, ainsi que de certaines factions séparatistes du sud du pays et de milices des frères musulmans. Ces groupes sont actuellement isolés dans le sud et le sud-est du pays, à qui les Saoudiens ont livré par la voie des airs des colis contenant des armes et des munitions.

 

Les campagnes de bombardement ont ciblé des résidences, des camps de réfugiés et des silos à grain, ainsi que des aqueducs, des réservoirs d’eau potable et stations de pompage, des usines de traitement du lait, des ports, des aéroports, des ponts, des centrales thermiques, des lignes de distribution d’électricité, des stations d’essence et des réservoirs, des raffineries, provoquant des pénuries alimentaires, d’eau potable et de médicaments dans tout le pays. Tout ceci a été décrit de manière détaillée par les organisations d’aide humanitaire et les agences de l’ONU elles-mêmes.

 

Cette résolution est inacceptable pour les Houthis et leurs alliés, qui bénéficient du soutien de la majorité des Yéménites. Ainsi, les bombardements et les souffrances vont se poursuivre, étant donné l’incapacité des Anglo-Saoudiens d’obtenir quelque victoire que ce soit sur le terrain.

 

Les Saoudiens se sont vantés, au moment de lancer cette campagne, de pouvoir compter sur le soutien de l’Égypte, du Pakistan et de la Turquie, les trois principales puissances « sunnites » capables de fournir des troupes au sol au Yémen. Fort heureusement, la diplomatie et des hommes sages au Pakistan et en Turquie ont temporairement bloqué le déroulement de ce scénario de guerre entre chiites et sunnites. Le Parlement pakistanais a voté la neutralité dans ce conflit, et la Turquie a jusqu’ici soutenu les efforts iraniens pour trouver une solution politique. En Égypte, des voix se sont exprimées avec force dans les médias, ainsi que certaines élites politiques, pour empêcher l’Égypte de tomber dans le piège tendu par les Saoudiens au Yémen.

 

Quant à l’évacuation des ressortissants étrangers, les États-Unis n’ont toujours pas entamé l’évacuation de leurs ressortissants du Yémen. Le scandale est tel que 41 Américains bloqués au Yémen ont déposé une plainte auprès du tribunal fédéral de Washington contre le Département d’État et le Pentagone, réclamant d’être évacués !

 

De son côté, le navire Priazovie de la Marine de guerre russe a évacué dimanche dernier 308 citoyens de 19 pays : 159 Yéménites, 45 Russes, 18 Américains, 14 Ukrainiens, 13 Jordaniens, 9 Cubains, 9 Biélorusses, 8 Ouzbeks, 5 Britanniques, 5 Azerbaïdjanais, un Bulgare, 6 Estoniens, 3 Turkmènes, 3 Palestiniens, 2 Égyptiens un Bahreïni, un Djiboutien, un Somalien, et un Saoudien.

 

 

 

Par la Rédaction de Solidarité & Progrès – le 21 avril 2015.

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La CIA dépassée par le soutien de civils à Daesh

La CIA dépassée par le soutien de civils à Daesh | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : John Brennan, directeur de la CIA, ne comprend pas pourquoi des civils soutiennent ses mercenaires de l’État islamique, malgré leurs crimes.

 


La CIA dépassée par le soutien de civils à Daesh

Par Thierry Meyssan (*)

 

Dépassée par le développement foudroyant de l’Émirat islamique qu’elle a elle-même créée, l’Agence centrale de Renseignement (CIA) sera profondément réorganisée. Mais le problème qu’elle rencontre est sans précédent : une rhétorique qu’elle avait imaginée pour signer des communiqués de revendication d’actes terroristes sous faux drapeaux s’est transformée en une puissante idéologie au contact d’une population dont elle ignorait jusqu’à l’existence. Pour Thierry Meyssan, la réforme de la CIA sera inefficace : elle ne lui permettra pas de gérer le cataclysme qu’elle a provoqué au Levant.

 

 

La CIA est apparue, en novembre dernier, dans l’incapacité d’évaluer la situation en Syrie. Perdue dans ses mensonges, l’Agence ne parvenait plus à identifier les motivations de ses « révolutionnaires ». Pire, elle était incapable de dénombrer les soutiens à la « rébellion » et ceux à la République. Cet échec n’a fait qu’empirer comme l’a montré, fin février 2015, l’effondrement du Mouvement de la Fermeté (Harakat Hazm), l’armée officielle de l’Agence en Syrie [1]. Bien sûr, la vie continue et la CIA a déjà regroupé ses forces au sein d’une nouvelle formation, le Front du Levant (Shamiyat Front).

 

En créant al-Qaïda, puis Daesh, la CIA pensait engager des mercenaires pour réaliser des missions ponctuelles qu’elle ne pouvait pas revendiquer. Elle n’avait jamais envisagé que des civils puissent prendre au sérieux la phraséologie à quatre sous qu’elle avait imaginée pour rédiger des communiqués de revendication. De fait, personne n’a accordé d’importance au charabia d’Oussama Ben Laden selon qui la présence de militaires non-musulmans de l’OTAN, lors de « Tempête du désert », sur le territoire saoudien était un sacrilège qui exigeait réparation. Nulle part on ne trouvera dans le Coran de justification de cette malédiction. Les mercenaires d’al-Qaïda n’ont donc eu aucune difficulté à se battre aux côtés de l’OTAN en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo. Il ne semblait pas y avoir de raison de croire qu’il en serait autrement aujourd’hui.

 

Pourtant, lors de la guerre contre la Jamahiriya arabe libyenne, j’avais observé que certains mercenaires d’al-Qaïda semblaient vouloir réellement revenir au mode de vie du VIIe siècle, le « temps du Prophète ». C’était au moins vrai dans l’obscur Émirat islamique gouverné par Abdelkarim Al-Hasadi à Dernaa. Or, il ne s’agissait pas pour eux du VIIe siècle levantin, alors chrétien et ne parlant pas l’arabe, ou même du VIIe siècle français du bon roi Dagobert, mais du VIIe siècle de la péninsule arabique, une société hors du temps, composée selon le Coran de bédouins fourbes et cruels que le Prophète tenta de convertir et d’apaiser.

 

Par la suite, durant la guerre contre la République arabe syrienne, j’observais que les Syriens qui soutenaient al-Qaïda (et aujourd’hui Daesh), sans mobiles financiers, étaient tous membres de familles très nombreuses dont les femmes n’étaient pas autorisées à contrôler leur fécondité. Le clivage qui s’opérait dans le pays n’avait rien de politique au sens moderne du terme. Désormais, l’idéologie des civils qui soutiennent les jihadistes se résume à ce retour à des origines mythiques, celle des gardiens de chameaux d’Arabie du Moyen-âge. Et la CIA qui l’a provoquée, n’en a pas compris la force et n’en a pas suivi l’expansion.

 

Il ne s’agit pas ici de « retour de bâton » — Daesh ne s’est pas retourné contre la CIA. Mais de la transformation d’un groupuscule terroriste en un État et du triomphe d’une rhétorique ridicule parmi certaines populations.

 

La CIA se trouve face au problème de toutes les administrations. Son mode d’organisation, qui lui permit de nombreuses victoires par le passé dans diverses régions du monde, ne fonctionne plus parce qu’elle n’a pas su s’adapter. Organiser un coup d’État et manipuler des masses pour qu’elles soutiennent une organisation terroriste sont deux choses bien différentes.

 

C’est pourquoi le directeur John Brennan a annoncé une refonte complète de la structure de l’Agence, à l’issue de 4 mois de consultations internes.

 

Jusqu’ici, il y avait :

 

• La Direction du Renseignement, chargée d’analyser les données recueillies ;

• La Direction des Opérations, renommée Service clandestin, chargée de l’espionnage humain ;

• La Direction des Sciences et de la technologie, spécialisée dans le traitement des informations scientifiques et techniques

• La Direction du Soutien, chargée de la gestion du personnel, de la fourniture des matériels et du financement.

 

Le personnel était réparti selon ses compétences : les intellectuels au Renseignement, les baroudeurs aux Opérations, les matheux aux Sciences et les organisateurs au Soutien. Bien sûr, chaque direction s’était aussi adjointe des collaborateurs avec d’autres profils pour pouvoir faire son travail, mais schématiquement chaque direction correspondait à un profil humain particulier.

 

Les documents révélés par Edward Snowden nous ont appris que la CIA est la plus importante agence de Renseignement au monde avec un budget de 14,7 milliards de dollars en 2013 (soit le double du budget total de la République arabe syrienne). Mais elle n’est pourtant qu’une agence de renseignement parmi les 16 que comptent les États-Unis.

 

Bref, avec tout cet argent et ces compétences, la CIA était prête à vaincre l’URSS qui s’est effondrée sur elle-même sans son aide il y a plus de 25 ans.

 

Pour faire progresser l’Agence, John O. Brennan a décidé de généraliser le modèle du Centre contre-terroriste, créé en 1986 au sein de la Direction des Opérations ; un modèle ultra-sophistiqué mis en scène dans la série télévisée 24 heures. Cette unité pluridisciplinaire a fait merveille pour répondre presque instantanément aux questions qu’on lui posait. Elle est capable d’identifier un individu, de le localiser et de l’éliminer en un rien de temps pour la plus grande joie de la Maison-Blanche. Et l’on sait que le président Obama se rend chaque jour dans son bunker sous-terrain pour déterminer les cibles de ses drones et faire assassiner qui il veut, quand il veut et où il veut.

 

Selon M. Brennan, il s’agit ni plus ni moins que de faire entrer le Renseignement dans l’ère des nouvelles technologies, des ordinateurs et des satellites. L’Agence devrait donc être rapidement restructurée autour de 16 Centres chargés de chaque région du monde et de divers objectifs généraux.

 

Mais en quoi le modèle du Centre contre-terroriste aurait-il pu comprendre la transformation d’une phraséologie enfantine en une puissante idéologie ?

 

Le succès de l’Émirat islamique provient d’abord de ses soutiens étatiques, de son armement et de son argent. Mais le soutien dont il bénéficie chez quelques Syriens et certains Irakiens n’a rien à voir ni avec le Coran ni avec la lutte des classes. C’est la révolte d’un mode de vie en train de disparaître, d’une société violente dominée par les hommes, contre un mode de vie respectueux des femmes et contrôlant les naissances. Cette transformation s’est faite en Europe avec l’exode rural et les deux Guerres mondiales, sans provoquer de guerres supplémentaires. Elle a été accomplie au début des années 80 par l’Iran de l’imam Khomeiny avec un succès éclatant et s’est progressivement étendue au monde arabe jusqu’à se fracasser sur Daesh ; un conflit qui n’a rien à voir avec la distinction théologique entre chiites et sunnites.

 

La suite des événements est, elle, prévisible. Comme toujours, les États-Uniens pensent que leur problème sera résolu grâce au progrès technique. C’est avec une débauche d’informatique qu’ils vont tenter de comprendre la situation au « Proche-Orient ».

 

Mais comment les États-Unis, fondés il y a deux siècles, pourraient-ils comprendre le cataclysme qu’ils ont provoqué dans la plus ancienne civilisation du monde ? Comment les États-Uniens — des Barbares friqués — et des Bédouins du Golfe pourraient-ils organiser des peuples civilisés depuis six millénaires ?

 

Car c’est le secret du Levant : quantité de peuples différents, ayant leur propre histoire, leur propre langue et leur propre religion, y parlent une même langue vernaculaire et y collaborent ensemble [2]. Les nassériens et les baasistes ont tenté de transformer cette mosaïque en une unique force politique. Ils ont cherché à composer une « Nation arabe » avec des peuples majoritairement non arabes. Un rêve dont il ne reste aujourd’hui que la « République arabe syrienne ». C’est ce projet politique qui était attaqué par Daesh et cette civilisation qui est aujourd’hui menacée par les civils qui le soutiennent.

 

Tandis que les États mono-ethniques sont faciles à conquérir, ils ont appris avec le temps que leur diversité et leur entremêlement les rendent invincibles. C’est d’ailleurs pour cela qu’ils ont protégé les survivants d’un Ancien Monde ; des survivants qui aujourd’hui se révoltent contre eux et les rongent de l’intérieur.

 

Comment la CIA pouvait-elle anticiper que de jeunes Européens, eux aussi nostalgiques de ces temps anciens, se joindraient par dizaines de milliers à Daesh pour s’opposer à la marche du temps et détruire des œuvres d’art millénaires ?

 

La défaite israélienne au Liban, en 2006, a montré que quelques citoyens déterminés étaient capables de faire échouer l’armée la plus sophistiquée au monde. L’homme a déjà triomphé des machines. C’est une erreur de croire que le progrès technique est un critère de civilisation, que des ordinateurs permettront de comprendre qui que ce soit, ni même de le dominer. Tout au plus peuvent-ils collecter de grandes quantités d’information, les trier et les synthétiser. La réorganisation de l’Agence va lui permettre de répondre à toutes les questions du jour, mais à aucune sur ce qui se passera demain.

 

Les États-Uniens et les Européens sont incapables d’admettre que des peuples qu’ils ont colonisés ont rattrapé leur retard technique alors qu’eux-mêmes n’ont pas rattrapé leur retard en civilisation. Ils se trouvent confrontés à leurs limites et ne peuvent plus influer sur le cataclysme qu’ils ont involontairement suscité.

 

 

Par Thierry Meyssan (*) - RÉSEAU VOLTAIRE INTERNATIONAL | DAMAS (SYRIE) – LE 16 MARS 2015

 

Notes :

[1] « Dissolution de l’armée de la CIA en Syrie », Réseau Voltaire International, 3 mars 2015

[2] L’arabe est la langue commune au Levant, mais on y parle aussi les différentes langues kurdes, l’arménien, le turc, l’araméen, le syriaque, l’hébreu, etc. Presque aucun de ses habitants n’est ethniquement arabe.


(*) Thierry Meyssan : consultant politique, président-fondateur du Réseau Voltaire et de la conférence Axis for Peace. Dernier ouvrage en français : L’Effroyable imposture : Tome 2, Manipulations et désinformations (éd. JP Bertand, 2007). Compte Twitter officiel.



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Boko Haram : une opération secrète de la CIA pour diviser et régner en Afrique ?

Boko Haram : une opération secrète de la CIA pour diviser et régner en Afrique ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo :  duffelblog.com 


 

 

Boko Haram : une opération secrète de la CIA

pour diviser et régner en Afrique ?

 Par Julie Lévesque (*)


Le but de la présence militaire étasunienne en Afrique est bien documenté : contrer l’influence chinoise et contrôler des endroits stratégiques et des ressources naturelles, y compris les réserves de pétrole. Cela a été confirmé il y a plus de 8 ans par le département d’État étasunien :


En 2007, le conseiller du département d’État étasunien, le Dr J. Peter Pham a commenté les objectifs stratégiques d’AFRICOM :

« protéger l’accès aux hydrocarbures et autres ressources stratégiques abondantes en Afrique, une tâche qui consiste à protéger la vulnérabilité de ces richesses naturelles et à s’assurer qu’aucune autre tierce partie intéressée, comme la Chine, l’Inde, le Japon ou la Russie, n’obtienne des monopoles ou des traitements préférentiels ». (Nile Bowie,.US AFRICOM Commander Calls for “Huge” Military Campaign in West Africa, Global Research, 11 avril 2012)

 

Au début février, « de passage au Centre d’études stratégiques et internationales à Washington, D.C., le chef d’AFRICOM, le général David Rodriguez, a appelé à une campagne de « contre-insurrection » de grande envergure menée par les États-Unis contre des groupes en Afrique de l’Ouest ».

 

Le chef du Commandement des opérations spéciales des États-Unis (SOCOM), le général Joseph Votel, a fait des remarques similaires la semaine dernière à l’Académie West Point de l’Armée étasunienne, affirmant que les équipes de commandos étasuniens doivent se préparer à de nouveaux déploiements contre Boko Haram et l’État islamique. (Thomas Gaist, US AFRICOM Commander Calls for “Huge” Military Campaign in West Africa, World Socialist Web Site, 2 février 2015)

 

Mark P. Fancher a souligné l’hypocrisie et « l’arrogance impérialiste » des pays occidentaux, qui « malgré la condamnation universelle du colonialisme », sont toujours prêts « à déclarer publiquement (sans excuses) leurs plans d’expansion et de coordination de leur présence militaire en Afrique » (Marc P. Fancher, Arrogant Western Military Coordination and the New/Old Threat to Africa, Black Agenda Report, le 4 février 2015)

 

Plus de troupes en provenance du Bénin, du Cameroun, du Niger, du Nigeria et du Tchad sont maintenant déployées pour lutter contre Boko Haram.

 

Cette nouvelle guerre contre une autre entité terroriste obscure en Afrique n’est pas sans rappeler la campagne de propagande ratée de Kony 2012, drapée dans des idéaux humanitaires. Elle est utilisée comme un écran de fumée pour éviter d’aborder la question des victimes de la guerre contre le terrorisme et les causes réelles du terrorisme, et afin de justifier une autre invasion militaire. Il est vrai que Boko Haram fait des victimes, mais le but de l’intervention occidentale en Afrique n’est pas de venir à leur secours.

 

Le conflit le plus meurtrier dans le monde depuis la Seconde Guerre mondiale, celui qui fait toujours rage, se passe au Congo et l’élite occidentale et leurs médias ne s’en préoccupent pas. Cela démontre que les interventions militaires ne sont pas destinées à sauver des vies.


Pour comprendre pourquoi les médias se concentrent sur Boko Haram, nous avons besoin de savoir qui est derrière cette organisation. Quel est le contexte sous-jacent et quels intérêts sont servis ?

 


Boko Haram : une autre opération clandestine des États-Unis ?

 

Boko Haram est basé dans le nord du Nigeria, le pays le plus peuplé et la plus grande économie d’Afrique. Le Nigeria est le plus grand producteur de pétrole du continent et détient 3,4 % des réserves mondiales de pétrole brut.

 

En mai 2014, African Renaissance News a publié un reportage détaillé sur Boko Haram et la possibilité que l’organisation soit une autre opération secrète de la CIA visant à prendre le contrôle du Nigeria :


[L] e plus grand prix pour l’AFRICOM, qui vise à implanter une Pax Americana en Afrique, serait de réussir dans le pays africain le plus stratégique, le Nigeria. C’est là qu’entre en perspective la question de Boko Haram qui fait rage actuellement et la prédiction de l’Intelligence Council des États-Unis sur la désintégration du Nigeria en 2015, dont on a beaucoup parlé [...] (Atheling P Reginald Mavengira, Humanitarian Intervention” in Nigeria: Is the Boko Haram Insurgency Another CIA Covert Operation? Wikileaks, African Renaissance News, 8 mai 2014)

 

Dans les années 1970 et 1980, le Nigeria a aidé plusieurs pays africains « défiant ainsi clairement les intérêts des États-Unis et de leurs alliés occidentaux, une opposition ayant entraîné à l’époque un recul des initiatives occidentales en Afrique ». (Ibid.)

 

Le Nigeria exerce son influence dans la région grâce au leadership du Groupe de contrôle de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (ECOMOG, droite), une armée composée de soldats de divers pays africains et mise en place par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Le groupe est intervenu dans la guerre civile au Liberia dans les années 90. Le Liberia a été fondé en 1821 par les États-Unis et a été dirigé par des Américano-Libériens pendant plus d’un siècle.

 

Les puissances occidentales, en premier lieu les États-Unis, ne sont évidemment pas prêtes à laisser les Africains avoir une armée multinationale dans laquelle ils ne détiennent pas de rôle de premier plan. L’ACRI, qui devint plus tard l’AFRICOM, a été formé en 2000 pour contenir l’influence du Nigeria et contrer l’ECOMOG, évitant ainsi l’émergence d’une force militaire africaine dirigée par des Africains.

 

Selon les documents de Wikileaks mentionnés dans l’article de Mavengira ci-dessus, l’ambassade étasunienne au Nigeria constitue :

une base d’opérations pour des actes de subversion de grande envergure et à grande portée contre le Nigeria, notamment l’écoute des communications du gouvernement nigérian, l’espionnage financier d’éminents Nigérians, le soutien et le financement de groupes subversifs, d’insurgés, de propagande de discorde entre les groupes disparates du Nigeria et l’utilisation de chantage relié aux visas afin de contraindre et d’amener des Nigérians de haut rang à agir en faveur des intérêts étasuniens. (Mavengira, op. cit., c’est l’auteure qui souligne)

 

Mavengira fait partie de la GreenWhite Coalition, un « groupe de défense citoyen bénévole composé de Nigérians de tous les groupes ethniques et de toutes les convictions religieuses ». Il écrit que le but ultime des opérations clandestines étasuniennes dans son pays consiste « à éliminer le Nigeria comme potentiel rival stratégique des États-Unis sur le continent africain ». (Ibid.)

 

Une enquête sur la secte Boko Haram par la Coalition GreenWhite a révélé que la « campagne de Boko Haram est une opération secrète organisée de la Central Intelligence Agency (CIA) étasunienne coordonnée par l’ambassade étasunienne au Nigeria ». Les États-Unis ont déjà utilisé leurs ambassades pour des opérations secrètes. L’ambassade de Benghazi s’est révélée être la base d’une opération secrète de trafic d’armes pour les mercenaires luttant contre Bachar Al-Assad en Syrie. Quant à l’ambassade en Ukraine, une vidéo de novembre 2013 a émergé récemment montrant un parlementaire ukrainien l’exposant comme le point central d’une autre opération clandestine destinée à fomenter des troubles civils et à renverser le gouvernement démocratiquement élu.

 

L’enquête de GreenWhite Coalition sur Boko Haram révèle un plan en trois étapes du National Intelligence Council des États-Unis visant à « pakistaniser » le Nigeria, internationaliser la crise et diviser le pays en vertu d’un mandat et d’une force d’occupation de l’ONU. Le plan « prédit » la désintégration du Nigeria pour 2015. Il convient de citer l’enquête en détail :

 

L’ensemble du rapport du [National Intelligence Council] est en réalité une déclaration d’intentions codée sur la façon dont les États-Unis prévoient éventuellement démanteler le Nigeria grâce à des complots de déstabilisation [...]

 


Étape 1 : Pakistaniser le Nigeria

 

Vu la réalité existentielle du fléau de Boko Haram, la vague d’attentats et d’attaques sur les bâtiments publics sont susceptibles de dégénérer dans les mois à venir.

 

Le but est d’exacerber les tensions et la suspicion mutuelle entre les adeptes des deux religions au Nigeria et de les mener à la violence interconfessionnelle [...]

 


Étape 2 : L’internationalisation de la crise

 

Les États-Unis, l’Union européenne et les Nations Unies appelleront à l’arrêt des violences. [...] Pour créer de l’effet, il y aura une couverture importante des médias internationaux sur la crise du Nigeria avec de soi-disant experts pour discuter de toutes les ramifications. Ces experts s’efforceront de créer l’impression que seule une intervention étrangère bienveillante pourrait résoudre la crise.

 


Étape 3 : La grande division en vertu d’un mandat de l’ONU

 

L’on proposera d’abord l’intervention d’une force internationale de maintien de la paix afin de séparer les groupes belligérants et/ou un mandat de l’ONU assignant différentes parties du Nigeria à des puissances occupantes. Bien sûr, les États-Unis et leurs alliés, guidés par des purs intérêts économiques, auront préalablement discuté dans les coulisses des zones à occuper [...] (Ibid., c’est l’auteure qui souligne)

 

En 2012, le Nile Bowie écrivait :

 

Le Nigerian Tribune a rapporté que Boko Haram reçoit du financement de différents groupes de l’Arabie saoudite et du Royaume-Uni, en particulier du Fonds fiduciaire Al-Muntada, dont le siège est au Royaume-Uni et à la Société islamique mondiale de l’Arabie saoudite [8]. Lors d’une entrevue menée par Al-Jazeera avec Abou Mousab Abdel Wadoud, le chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) stipule que des organisations dont le siège est en Algérie ont fourni des armes au mouvement Boko Haram au Nigeria « pour défendre les musulmans au Nigeria et arrêter les avancées d’une minorité de croisés » [9].

 

Fait amplement documenté, les membres d’Al-Qaïda (AQMI) et du Groupe islamique combattant en Libye (GICL) ont combattu aux côtés des rebelles libyens et reçu directement des pays de l’OTAN des armes [10] et du soutien logistique [11] durant le conflit libyen en 2011 [...]

 

Pour l’administration Obama, l’appui clandestin à des organisations terroristes dans le but d’atteindre ses objectifs de politique étrangère semble être la condition préalable au commandement des opérations à l’étranger. Boko Haram existe comme une division séparée de l’appareil de déstabilisation étasunien, visant à briser le pays le plus peuplé d’Afrique et le plus grand marché potentiel. (Nile Bowie, CIA Covert Ops in Nigeria: Fertile Ground for US Sponsored Balkanization, Global Research, le 11 avril 2012)

 

Des reportages indiquent également que certains commandants nigérians sont possiblement impliqués dans le financement de l’insurrection.

 

Selon le reportage, un soldat nigérian dans l’État de Borno a confirmé que Boko Haram a attaqué Gamboru Ngala en leur présence, mais que leur commandant leur a demandé de ne pas repousser l’attaque. Le soldat a dit au Service Hausa de la BBC que des hélicoptères planaient dans le ciel tandis que les attaques étaient en cours. Trois cents personnes ont été tuées, des maisons et un marché brûlés tandis que les soldats regardaient, ayant reçu l’ordre de ne pas prêter assistance à ceux qui étaient attaqués. Le soldat a déclaré que l’insurrection de Boko Haram prendra fin lorsque les officiers supérieurs de l’armée cesseront de l’alimenter.

 

Lors des enlèvements de filles de Chibok, un soldat a affirmé en entrevue à SaharaReporters,

« Nous avons reçu l’ordre d’arrêter les véhicules transportant les filles, mais dès le début de la mission, nous avons reçu l’ordre contraire, soit de nous retirer. Je peux vous assurer que personne ne nous a demandé de chercher quiconque. »

 

Certains soldats soupçonnent leurs commandants de révéler les opérations militaires à la secte Boko Haram. (Audu Liberty Oseni, Who is Protecting Boko Haram. Is the Nigerian Government involved in a Conspiracy?, africanexecutive.com, 28 mai 2014)

 

Ces commandants auraient-ils été contraints par des éléments de l’ambassade étasunienne, tel que le suggère l’enquête de Greewhite Coalition citée auparavant ?

 

Boko Haram : Le prochain chapitre dans la frauduleuse, coûteuse, destructrice et meurtrière guerre au terrorisme ?

 

Il a été clairement démontré que la soi-disant guerre contre le terrorisme a fait croître le terrorisme.

Nick Turse explique :

[Dix] ans après que Washington eut commencé à verser l’argent des contribuables dans la lutte contre le terrorisme et les efforts de stabilisation à travers l’Afrique, et que ses forces eurent commencé à exploiter le Camp Lemonnier [Djibouti], le continent a connu de profonds changements, mais pas ceux recherchés par les États-Unis. L’université de Berny Sèbe de Birmingham cite en exemple la Libye postrévolutionnaire, l’effondrement du Mali, la montée de Boko Haram au Nigeria, le coup d’État en République centrafricaine, et la violence dans la région des Grands Lacs de l’Afrique comme preuve de la volatilité croissante. « Le continent est certainement plus instable aujourd’hui qu’il ne l’était au début des années 2000, lorsque les États-Unis ont commencé à intervenir plus directement. » (Nick Turse, The Terror Diaspora: The U.S. Military and Obama’s Scramble for Africa, Tom Dispatch, 18 juin, 2013)

 


Que veulent les États-Unis en Afrique ?

 

Lorsqu’il est question d’interventions à l’étranger, des décennies d’histoire ont démontré que les objectifs déclarés de l’armée étasunienne et ses véritables intentions ne sont jamais les mêmes. L’intention réelle ne consiste jamais à sauver des humains, mais plutôt à sauver des profits et à gagner du pouvoir. Les interventions des États-Unis et de l’OTAN ne sauvent pas, elles tuent.


Celles menées depuis le début du siècle ont tué des centaines de milliers, si ce n’est plus d’un million d’innocents. Difficile de dire combien, car l’OTAN ne veut pas vraiment savoir combien de civils elle tue. Comme le notait The Guardian en août 2011, il n’y avait « pas de projet international de grande envergure consacré au bilan des décès dans le conflit en Libye », à part durant une brève période.

 

En février 2014, « on estimait qu’au moins 21 000 civils [étaient] décédés de mort violente en raison de la guerre » en Afghanistan selon Cost of War. En ce qui concerne l’Irak, en mai 2014 on comptait « au moins 133 000 civils tués, victimes de violence directe depuis l’invasion ».

 

Quant à la Libye, les médias traditionnels ont d’abord menti à propos du fait que Kadhafi avait initié la violence en attaquant des manifestants pacifiques, un faux compte-rendu destiné à diaboliser Kadhafi et galvaniser l’opinion publique en faveur d’une autre intervention militaire. Comme l’explique le Centre Belfer for Science and International Affairs, « ce sont effectivement les manifestants qui ont initié la violence ».

 

Alan Kuperman écrit :

 

Le gouvernement a réagi aux gestes des rebelles en envoyant l’armée, mais n’a jamais intentionnellement ciblé de civils ou eu recours à l’usage excessif et aveugle de la force, comme l’ont affirmé les médias occidentaux [...]

 

Le plus grand malentendu à propos de l’intervention de l’OTAN, c’est qu’elle a sauvé des vies et a bénéficié à la Libye et ses voisins. En réalité, lorsque l’OTAN est intervenue à la mi-mars 2011, Kadhafi avait déjà repris le contrôle de presque toute la Libye, alors que les rebelles se retiraient rapidement vers l’Égypte. Ainsi, le conflit était sur le point de se terminer à peine six semaines après avoir éclaté, avec un bilan d’environ 1 000 morts, incluant les soldats, les rebelles et les civils pris entre deux feux.

En intervenant, l’OTAN a permis aux rebelles de résumer leur attaque, prolongeant ainsi la guerre pendant encore sept mois et causant la mort d’au moins 7 000 personnes de plus. (Alan Kuperman, Lessons from Libya: How Not to Intervene, Belfer Center for Science and International Affairs, septembre 2013)

Malgré ces chiffres, les médias tenteront encore une fois de nous convaincre que ce dont le monde a le plus besoin en ce moment est de se débarrasser du groupe terroriste Boko Haram et qu’une intervention militaire est la seule solution, même si la soi-disant guerre contre la terreur a en fait accru le terrorisme à l’échelle mondiale. Comme le faisait remarquer Washington’s Blog en 2013, « le terrorisme à l’échelle mondiale a diminué entre 1992 et 2004… mais est monté en flèche depuis 2004 ».

 

Le Guardian rapportait pour sa part en novembre 2014 :

 

L’Index mondial du terrorisme (Global Terrorism Index) a enregistré près de 18 000 décès l’an dernier, un bond d’environ 60 % par rapport à l’année précédente. Quatre groupes sont responsables de la majorité de ces décès : le groupe État islamique (EI) en Irak et en Syrie ; Boko Haram au Nigeria ; les talibans en Afghanistan ; et Al-Qaïda dans diverses parties du monde. (Ewen MacAskill, Fivefold increase in terrorism fatalities since 9/11, says report, The Guardian, 18 novembre 2014)

 

Le Guardian omet toutefois de mentionner que tous ces groupes, y compris Boko Haram et le groupe État islamique, ont été, d’une manière ou d’une autre, armés, entraînés et financés par l’alliance des États-Unis et de l’OTAN, ainsi que leurs alliés au Moyen-Orient.


Grâce à l’appui clandestin des pays occidentaux, des marchands d’armes et des banquiers qui profitent de la mort et de la destruction, la guerre au terrorisme se porte bien. L’Occident prône des interventions militaires sans fin, feignant d’ignorer les causes réelles du terrorisme et la raison pour laquelle il se répand, cachant son rôle et de ce fait indiquant clairement son réel objectif en Afrique : alimenter le terrorisme pour déstabiliser et détruire des pays, justifiant ainsi l’invasion militaire menant à la conquête des terres les plus riches du continent africain, tout en feignant de sauver le monde de la terreur.




Par Julie Lévesque (*) - mondialisation.ca – le 3 mars 2015

 

Article publié initialement en anglais le 14 février : Is Boko Haram a CIA Covert Op to Divide and Conquer Africa?

 

 

(*) Julie Lévesque est journaliste et chercheuse au Centre de recherche sur la mondialisation

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Obama réarme

Obama réarme | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Source photo  : lintegral.over-blog.com + E&R

 


 

Obama réarme

 

Alors que la presse atlantiste salue la nouvelle Doctrine US de sécurité nationale comme une volonté d’explorer d’abord des moyens non-militaires pour résoudre des conflits, Thierry Meyssan y a lu une profession de foi impérialiste et une déclaration de guerre au monde. Nos lecteurs pourront se reporter au document original, téléchargeable au bas de cette page, pour vérifier qui dit vrai.

 

Le président Obama vient de rendre publique sa Doctrine de sécurité nationale (National Security Strategy), un document qui explicite les ambitions de son pays et dont on attendait depuis longtemps la publication. Tout en maniant la « langue de bois », il y définit sa vision de l’impérialisme. En voici le décryptage :

 


A— Les huit entraves à la domination impériale

 

— Le premier obstacle, c’est la diminution des dépenses militaires. « La force n’est pas le premier choix des États-Unis, mais parfois leur choix nécessaire », aussi doivent-ils conserver leur écrasante supériorité en la matière [leur budget militaire est supérieur à celui de tous les autres États du monde cumulés] et doivent-ils cesser d’y faire des économies.

 

— Le second, c’est le danger interne de révolte armée. Depuis les attentats du 11 septembre, la peur du terrorisme a permis de développer la surveillance des citoyens. Ainsi, le Patriot Act a « protégé des individus vulnérables à des idéologies extrémistes susceptibles de les pousser à des attaques sur le sol » états-unien.

 

— Le troisième, c’est le terrorisme transnational que les États-Unis ont créé et qu’ils doivent sans cesse maîtriser. Afin que la lutte contre cette entrave ne soit pas détournée pour régler des comptes intérieurs, elle sera toujours accomplie dans un respect scrupuleux de la loi US [pas de la loi internationale puisque l’organisation du terrorisme est un crime international].


— Le quatrième, c’est le relèvement de la puissance russe et accessoirement les provocations de la République populaire démocratique de Corée, désignée sous le nom de Corée du Nord de manière à se souvenir que les États-Unis ne l’ont toujours pas vaincue et qu’ils peuvent toujours reprendre cette guerre.

 

— Le cinquième, c’est l’éventuelle accession de nouveaux États au statut de puissance nucléaire, ce qui leur permettrait de résister à Washington. L’opinion publique internationale pense ici à l’Iran, mais le président Obama pense en réalité à la Corée. Et peu importe qu’il n’ait jamais tenu ses promesses de dénucléarisation ni que l’OTAN serve à violer les engagements signés du Traité de non-prolifération.

 

— Le sixième, c’est l’évolution du climat qui pousse des populations à migrer et donc menace le statu quo.

 

— Le septième, c’est la remise en cause du contrôle exclusif des États-Unis sur les espaces communs.

 

D’abord, le cyberespace : les États-Unis étant à la fois propriétaires de l’Internet et disposant d’un système gigantesque d’écoutes illégales, ils ne s’attendaient pas à ce que certains utilisent ce mode de communication pour ne pas payer les redevances des brevets, droits d’auteur et autres droits des marques qui constituent aujourd’hui une rente, la première source de revenus.

 

Ensuite, l’espace : les États-Unis soutiennent le projet européen de Code de conduite sur les activités spatiales ce qui est un moyen d’échapper au projet russo-chinois de Traité d’interdiction de placement d’armes dans l’espace.

 

Enfin, l’air et la mer. Depuis la Charte de l’Atlantique, les États-Unis et le Royaume-Uni se sont autoproclamés police de l’air et des mers. Ils garantissent la libre circulation des marchandises et étendent ainsi leur thalassocratie.

 

— Le huitième, c’est le risque d’une épidémie. Depuis un an, les États-Unis ont mis en place avec une trentaine de leurs alliés le Global Health Security Agenda qui vise à détecter et contenir les épidémies aussi bien qu’à répondre au bioterrorisme.

 

 

B— Les objectifs économiques

 

En premier lieu, il s’agit de faire travailler les États-Uniens, non pas pour qu’ils puissent vivre avec un meilleur niveau de vie, mais pour qu’ils assurent la puissance économique du pays.

 

Deuxièmement, les États-Unis rencontrent un problème de sécurité énergétique non pas parce qu’ils auraient du mal à s’approvisionner — ils sont désormais excédentaires grâce au pétrole mexicain dont ils se sont discrètement emparés — mais parce que la Russie prétend suivre leur exemple en contrôlant le marché mondial du gaz.

 

Troisièmement, le leadership US en matières scientifiques et technologiques ne doit plus reposer sur l’immigration des cerveaux, qui tend à se raréfier, mais sur son propre système scolaire.

 

Quatrièmement, le nouvel ordre économique doit faire des États-Unis la première destination des investissements dans le monde. Dès lors tous leurs encouragements à développer les investissements ici ou là sont de pure forme.

 

Cinquièmement, les États-Unis doivent utiliser l’extrême pauvreté dans le monde pour imposer leurs produits.

 

 

C— L’idéologie

 

Les États-Unis sont irréprochables en matière de « Droits de l’homme ». Cette expression doit être comprise au sens anglo-saxon de protection des individus face à l’arbitraire des États, mais surtout pas au sens des Révolutionnaires français pour qui le premier « Droit de l’homme et du citoyen », ce n’est pas d’élire des dirigeants parmi les élites, c’est d’être son propre dirigeant.

 

L’Administration Obama a mit fin à la pratique de la torture et garantit les droits de ses prisonniers. Peu importe que les membres de la CIA ayant pratiqué des expériences sur des prisonniers ne soient pas poursuivis pour leurs crimes ni qu’aucune enquête n’ait été conduite sur les 80 000 personnes qui furent illégalement détenues en eaux internationales sur des bateaux de la Navy durant l’ère Bush. De même, on est prié de croire que la NSA ne collecte aucun renseignement pour réprimer des opinions politiques ni qu’elle transmette ses renseignements à l’Advocacy Center afin de favoriser les entreprises US lors des appels d’offres internationaux.

 

Les États-Unis défendent des principes universels : la liberté d’expression [sauf pour les télévisions serbes, irakiennes, libyennes et syriennes qu’ils ont détruites], la liberté de culte [mais pas la liberté de conscience] et de réunion, la capacité de choisir ses leaders de manière démocratique [sauf pour les Syriens qui ont élu Bachar el-Assad à 88 %], et le droit à une procédure et une justice équitable [mais uniquement en ce qui concerne le droit pénal chez les autres]. Ils défendent les communautés les plus vulnérables, telles les minorités ethniques et religieuses [mais ni les Yazidis ni les catholiques ou orthodoxes du Proche-Orient], les handicapés, les LGTB [uniquement parce que ça ne leur coûte rien], les personnes déplacées [sauf les Mexicains qui tentent de franchir la frontière] et les travailleurs migrants.

 

Les États-Unis soutiennent les démocraties émergentes, particulièrement après le printemps arabe. C’est pourquoi ils ont soutenu Al-Qaïda dans sa révolution contre la Jamahiriya arabe libyenne et le soutiennent encore contre la République arabe syrienne. Ils luttent également contre la corruption, sachant qu’ils n’ont rien à se reprocher puisque les membres du Congrès ne touchent pas d’argent en cachette pour modifier leurs votes, mais le déclarent sur un registre.

 

Les États-Unis continueront à subventionner des associations à l’étranger en choisissant leurs interlocuteurs de manière à pouvoir camoufler leurs coups d’État en « révolutions colorées ».

 

Enfin, les États-Unis s’attacheront à prévenir des massacres de masse [mais pas à ne pas en pratiquer eux-mêmes comme celui des 160 000 Libyens qu’ils avaient reçu mandat de protéger et qu’ils bombardèrent]. Pour ce faire, ils soutiendront la Cour pénale internationale [à la condition qu’elle ne poursuive pas de fonctionnaires US].

 

 

D— Le Nouvel ordre régional

 

— Extrême-Orient : Bien que la Chine soit en compétition avec les États-Unis, ils éviteront la confrontation et « chercheront à développer une relation constructive » avec Pékin. Néanmoins, comme on n’est jamais assez prudent, ils poursuivront le déplacement de leurs troupes vers l’Extrême-Orient et se préparent dès à présent à la Guerre mondiale.

 

— Europe : Les États-Unis continueront à s’appuyer sur l’Union européenne qu’ils ont imposée aux Européens, leur principal client. Ils ne manqueront pas d’utiliser l’UE, leur « partenaire indispensable », contre la Russie.

 

— Proche-Orient : Les États-Unis garantissent la survie de la colonie juive de Palestine. Pour ce faire, ils continueront à la doter d’une très importante avance technologique militaire. Surtout, ils poursuivront la construction d’une alliance militaire entre Israël, la Jordanie et les pays du Golfe conduits par l’Arabie saoudite, ce qui enterrera définitivement le mythe du conflit israélo-arabe.

 

— Afrique : Les États-Unis subventionneront de « Jeunes leaders » qu’ils aideront à être démocratiquement élus.

 

— Amérique latine : Les États-Unis lutteront pour la démocratie au Venezuela et à Cuba, qui persistent à leur résister.

 

 

E— Conclusion

 

Concluant son exposé, le président Obama souligne que ce programme ne pourra être accompli qu’en restaurant la coopération entre Républicains et Démocrates, ce qui est une manière de rappeler son projet d’augmentation des dépenses militaires.

 

Pour être comprise, la nouvelle Doctrine de sécurité nationale doit être replacée dans son contexte. En 2010, le président Obama avait abandonné la théorie de la « guerre préventive », c’est-à-dire le droit du plus fort de tuer qui bon lui semble. Cette fois-ci, il abandonne le projet de « remodelage du Moyen-Orient élargi ». Compte tenu des principes énoncés plus haut, on peut en conclure que les États-Unis vont repousser Daesh vers la Russie, qu’ils ne reconnaîtront finalement pas l’indépendance du Kurdistan irakien, et qu’ils confieront la sécurité d’Israël à la Jordanie et à l’Arabie saoudite et non pas à la Russie comme envisagé en 2012.

 

La Doctrine Obama restera dans l’Histoire comme le constat d’un échec et l’annonce d’une catastrophe : Washington abandonne son projet de réorganisation militaire et se lance à nouveau dans le développement de ses armées.

 

Au cours des 70 dernières années, le budget militaire du pays a toujours été en augmentation, sauf en 1991-95 lorsqu’ils pensaient conquérir le monde par la seule voie économique, et en 2013-14 lorsqu’ils prirent conscience de leur désorganisation. En effet, depuis plusieurs années, plus ils mettent d’argent dans leurs armées, moins celles-ci fonctionnent. Cependant personne n’a réussi à réformer le système ni Donald Rumsfeld ni Chuck Hagel. Par conséquent, il faudra toujours nourrir plus le Moloch, à la fois d’un point de vue budgétaire et en lui offrant des guerres à livrer.

 

 

>>> Voir le rapport en question ici :

National Security Strategy, USA 2015 (original en anglais)

 

 

 

Par E & R - voltairenet.org – le 9 février 2015


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Comment Washington, Tel-Aviv et Riya travaillent à la création d’un État Islamique docilisé

Comment Washington, Tel-Aviv et Riya travaillent à la création d’un État Islamique docilisé | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Source photo : le360.ma/fr


 

 

Comment Washington, Tel-Aviv et Riyad

travaillent à la création d’un État Islamique docilisé

 

Le fameux croissant chiite qui va de Téhéran au Sud-Liban, en passant par Bagdad et Damas, reste plus que jamais la bête noire des États-Unis, d’Israël et des pays du Golfe. Aujourd’hui, ce triumvirat et leurs laquais travaillent d’arrache-pied à la création de facto de cet État islamique qu’ils prétendent combattre. En réalité, la campagne de bombardements en cours ne sert qu’à en fixer les futures limites géographiques. Ensuite, la zone ainsi créée sera « docilisée » par un océan de pétrodollars et l’extermination des récalcitrants. But final de l’opération : créer un ventre mou régional sunnite qui permette enfin de casser physiquement ce diable d’axe chiite et affaiblir ainsi à la fois l’Iran, le Hezbollah et par ricochet le Hamas palestinien.


 

Le triumvirat des peuples élus autoproclamés…

 

Avant d’entrer dans le vif du sujet, un petit détour par notre fameux triumvirat, histoire de présenter les acteurs du dernier jeu de massacre géopolitique en cours. 
On connaît par cœur l’alliance indéfectible qui unit les États-Unis à son 51e État israélien, et qui permet à l’entité sioniste d’accumuler en Palestine et au Liban les pires boucheries et crimes de guerre depuis 60 ans sans aucun souci du lendemain.


On connaît aussi la révérence humide (1) de Washington et des pays du Bloc atlantiste pour la monarchie saoudienne, même si cette dernière est l’une des plus brutales théocraties du monde arabo-musulman ; même si son wahhabisme rétrograde est la matrice idéologique des terroristes d’al-Qaïda, Daech, al-Nosra et Cie.



On connait moins en revanche l’axe Riyad-Tel-Aviv puisque, instinctivement, on aurait plutôt tendance à classer la Grande Mosquée saoudienne dans le rang des ennemis « naturels » d’Israël. Sauf que, comme on dit, les ennemis de mes ennemis sont mes amis. Or dans sa course effrénée pour conserver le leadership du monde musulman, Riyad n’a qu’un seul véritable ennemi : l’Iran chiite et ses alliés (2). Et il se trouve que pour des raisons sécuritaires cette fois, c’est exactement le cas pour Tel-Aviv qui craint par-dessus tout l’Iran et l’arsenal du Hezbollah.



Avec l’axe Washington-Tel-Aviv-Riyad, qui regroupe l’« exceptionnalisme » américain (3), l’État juif militarisé et la Mecque du salafisme : c’est un peu le triumvirat des peuples élus autoproclamés réunis dans la plus improbable et effrayante des coalitions.



 

 

Alimenter, mais circonscrire l’incendie

 

Au plan opérationnel, l’idée est donc simple et complexe à la fois. Simple, car il s’agit d’un côté d’alimenter l’incendie (argent, armes, combattants) des djihadistes de Daech, al-Nosra et consorts, mais aussi, de l’autre, de circonscrire ses contours pour qu’il ne ravage que la zone voulue (>>voir la carte). 
Au nord, pas question ainsi de s’approcher de la zone kurde et d’Erbil, chasse gardée à la fois des Américains et des Israéliens pour lesquels le clan Barzani roule à tombeau ouvert si l’on ose dire. 
Pas question non plus d’exercer une trop forte pression sur la frontière Turque, pays membre de l’OTAN par où nombre de djihadistes étrangers passent (4). Les frappes US se concentrent d’ailleurs majoritairement sur ces deux zones pour fixer de facto la limite nord de l’EI en Syrie, et sa limite Est en Irak.
 En Irak toujours, la limite Sud de l’EI se dessinera naturellement en venant buter contre la partie chiite du pays où il n’a aucune chance de s’implanter.
 Pour la limite ouest-irakienne, elle devra nécessairement être fixée assez loin des frontières du grand allié des États-Unis qu’est la Jordanie, où nombre de mercenaires font escale en ce moment pour y être formés par des instructeurs américains avant de partir semer la terreur en Syrie (5). 


 

 

Hezbollah armé : le binôme gagnant

 

Enfin, reste le problème de la frontière Ouest de l’État islamique en Syrie, frontière qui longe les zones particulièrement sensibles que sont le Liban et Israël.
 S’agissant du Liban, il est évident que c’est grâce à l’engagement du Hezbollah, puis de celui de l’armée libanaise, que le Pays du Cèdre a pu éviter d’être aspiré dans la spirale de la guerre. Notons aussi à ce stade que c’est l’entente entre le Courant Patriotique Libre du général chrétien Michel Aoun et le Hezbollah qui a permet actuellement la stabilité du pays dans son versant politique. Mais la pression reste très forte et des attaques sanglantes occasionnent de nombreuses pertes dans l’anti-Liban par exemple (6).À l’heure où nous écrivons ces lignes, plusieurs milliers de terroristes de EI et al-Nosra sont coincés dans un chaudron dans le Jurd, entre le Liban et la Syrie, pris sous les feux croisés de l’armée loyaliste de Bachar el-Assad, de l’armée libanaise et des forces du Hezbollah.
 Inutile de dire que l’hiver aidant, l’espérance de survie des djihadistes pris dans la nasse fond comme neige au soleil…


 

 

Quand Israël parie sur al-Nosra

 

Plus au sud, Israël a engagé une partie particulièrement perverse en soutenant clairement les bouchers d’al-Nosra. « Nous savons qu’Israël accueille des blessés d’al-Nosra dans ses hôpitaux pour les renvoyer ensuite au combat », nous confiait hier une source libanaise très bien informée. 
Pour l’État hébreu, l’objectif est en effet de tisser des liens étroits avec le groupe salafiste dont il entend se servir ensuite comme d’une force supplétive pour tenir une zone tampon qui courrait le long du Golan. Un peu comme il l’avait fait en son temps avec l’Armée du Liban Sud (ALS).
 « Lorsque vous avez aidé des combattants, précise notre source, négocié avec ses chefs et fait en sorte qu’ils vous doivent finalement beaucoup de leur succès et de leur survie, il est facile ensuite de traiter l’après-guerre avec eux en bonne intelligence. »

 

Ainsi, pour Israël, une chute de Bachar el-Assad – qui ferait voler en éclat le croissant chiite et casserait les lignes d’approvisionnement en armes du Hezbollah et du Hamas – représente ainsi un bénéfice bien supérieur au risque encouru par la présence de djihadistes aisément manipulables.
 Et puis, souvenons-nous que l’éclatement de l’Irak et de la Syrie figure au programme de l’État-major israélien depuis les années » 80 (7).


 

 

Iran et Russie en embuscade

 

En résumé, l’État islamique ainsi créé avec les garde-fous adéquats – dont pourquoi pas des Casques bleus pour faire tampon – pourrait même devenir à terme un partenaire officieux tout à fait convenable pour le Bloc atlantiste et Israël, une fois la poussière de la bataille retombée ; les tribus sunnites achetées et les cadres djihadistes récalcitrants exterminés lors d’une opération de nettoyage inspirée de celles conduites au Vietnam (Phoenix) ou en Amérique latine (Condor). 
Reste qu’évidemment tout cela est très joli sur le papier, mais l’affaire est loin d’être pliée.
 Car hormis le risque de perte de contrôle de l’incendie par le Bloc atlantiste, l’Iran, la Russie, la Syrie légaliste et la résistance libanaise sont également à la manœuvre et sont loin, très loin, d’avoir dit leur dernier mot.

 

 

PS : Une attaque du Hezbollah dans la zone des Fermes de Chebaa occupée par Israël a fait deux morts et des blessés dans les rangs de l’armée sioniste mercredi.

 

Il s’agissait d’une riposte attendue à l’attaque perpétrée par Israël en Syrie il y a une dizaine de jours, et qui avait provoqué la mort de six combattants du Hezbollah et d’un général iranien. Mais le Hezbollah a aussi clairement voulu dire à l’entité sioniste qu’elle n’avait pas les mains libres dans la région du Golan. Israël a riposté à son tour, tuant… un soldat espagnol de la Finul.

 

Il est peu probable qu’Israël prenne le risque de déclencher aujourd’hui une nouvelle guerre contre le Hezbollah qui lui avait déjà infligé l’humiliant revers que l’on sait en 2006, alors qu’à l’époque, la résistance libanaise disposait d’un arsenal bien moindre que celui qu’elle détient aujourd’hui (env. 100’000 roquettes).

 

 


Par entrefilets.com – le 29 janvier 2014

 

Notes :

1 Cette révérence est bien évidemment liée au ciment nauséabond du pétrole, mais pas seulement. Les USA se sont en effet toujours appuyés sur les sunnites pour conduire leur conquête du Moyen-Orient. Le sunnisme est en effet un pouvoir de marchands. Il préconise d’obéir au prince, fusse-t-il corrompu, puisque l’on ne saurait présumer du jugement final de dieu sur le bonhomme. À l’inverse, le chiisme ne fait pas de compromis avec le prince si celui-ci est perverti et préconise dès lors son renversement. Comme le souligne François Thual dans sa Géopolitique du chiisme : « Vivre dans l’attente du retour de l’Imam en luttant contre l’injustice sur cette terre est, très globalement, le programme de cette religion dans son aspect profane. » La pire des hérésies pour l’Occident qui, comme la Sunna, est un pouvoir de marchands qui veut bien traiter avec n’importe quel prince, tortionnaire, dictateur ou despote on s’en fout, pourvu qu’il ait le même dieu que lui, la Grande Calculette donc.


2 Depuis la première guerre du Golfe, jamais les pétromonarchies n’ont été plus éloignées de leurs références islamiques et leur soumission aux intérêts américains, voire israéliens, est très mal perçue par la rue arabe. Avec des positions (anti-israéliennes, anti-américaines) aux antipodes de ses voisins du Golfe, Téhéran s’affirme donc de plus en plus comme une référence religieuse plus convaincante malgré le fossé qui sépare les branches sunnites et chiites de l’Islam. Au demeurant, on constatera aussi que les pays du Golfe sont en proie à des troubles souvent liés à leurs très fortes minorités chiites, sans parler de Bahrein dont la population est à 70 % chiites. Pour les puissances du Golfe, la priorité absolue est donc à la chute de l’Iran chiite, dont la déstabilisation du régime chiite alaouite de Bachar al-Assad est un préalable.


3 Les États-Unis et le facteur religieux

4 Flux de combattants étrangers

5 Tentative de dessiner les futurs contours de Daech

6 Soldats libanais tués à la frontière

7 Stratégie pour Israël dans les années « 80


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Il y a deux sortes de tueurs en série : les organisés, et les inorganisés...

Il y a deux sortes de tueurs en série : les organisés, et les inorganisés... | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

 

 

Il y a deux sortes de tueurs en série :

les organisés, et les inorganisés...

 

Les premiers profilers disaient, il y a deux sortes de tueurs en série : les organisés, et les inorganisés.


Le tueur organisé va calculer le meilleur moyen de satisfaire ses pulsions terrifiantes en réduisant au minimum le risque d’être pris. Les tueurs de cette catégorie peuvent battre des records en matière de série et de longévité.


Le désorganisé, lui, va passer les entrailles de sa victime au mixer en retournant chercher le premier qui passe dans la rue, pour finir la sauce. En général, il se fait serrer assez vite.


De la même façon, chez les terroristes, il y a les organisés, et les inorganisés. On pourra désormais ajouter une troisième catégorie : les désorganisés organisés à leur insu.

 

Il est rare qu’un loup solitaire déclenche spontanément un attentat, à moins d’être suicidaire, motivé, et armé ; et encore, on ne dispose pas aussi facilement d’armes de guerre, malgré les reportages d’Emmanuel Chain. L’attentat du loup solitaire se termine en général assez rapidement, car ses revendications sont assez floues, et la concentration policière vite intenable. N’ayant pas affaire à un professionnel, capable par exemple de négocier, les forces d’intervention savent qu’il faut abattre le forcené, s’il ne se supprime pas avant.

 

Pour les autres, ceux qui ont un dessein politique, il y a trois façons d’organiser un attentat. Dans tous les cas il faut une logistique (papiers, devises, armes non tracées, moyens de communication sécurisés, plans de fuite, réseau de planques, logistique d’exfiltration), trouver des hommes prêts à mourir, éventuellement, parce qu’en général il n’y a pas de pitié, de l’autre côté, surtout si l’opération réussit.



La cellule en question est souvent le fait d’un État étranger, sur laquelle elle s’appuie plus ou moins directement. Ainsi la RDA a-t-elle accueilli des terroristes ProPalestiniens sur son sol. Dresde a été le théâtre d’entraînements commando de centaines d’étudiants palestiniens. Et Carlos fut hébergé par la Stasi, police politique est-allemande.

 

Seconde possibilité : des services de l’État créent, infiltrent ou manipulent une cellule terroriste préexistante. Ce fut le cas d’une partie des GIA par la Sécurité militaire algérienne, qui brouilla toutes les cartes dans les années 90. Ou de la puissante ISI pakistanaise avec certaines cellules du Waziristan, l’objectif étant d’affaiblir le voisin afghan en entretenant une déstabilisation locale, régionale, voire nationale. Justifiant ainsi son existence et ses budgets. Les services chinois ayant eux fourni une logistique de surveillance et d’armement aux talibans sur le mode : je t’aide en Afghanistan, mais tu me lâches au Xinjiang. Plus près de nous, le gouvernement espagnol, parfois avec l’appui discret du gouvernement français, a créé les GAL, groupes antiterroristes de libération, pour agir brutalement contre l’ETA au milieu des années 80. Du terrorisme antiterroriste direct, qui n’avait pas à respecter les lois de la jeune et démocratique monarchie espagnole.

 

Troisième possibilité, le maintien sous couveuse de terroristes potentiels qui ne savent pas qu’ils sont non pas manipulés, mais suivis d’en haut, car il n’y a pas ou plus d’officiers traitants. Cette méthode permet, le jour J, le mois M, ou l’année A, de laisser les hommes concernés passer tranquillement à la préparation terminale, puis à l’action sans retour. Ce sont de vrais terroristes, logiquement repérés, fichés et « suivis » par les services de renseignement.

 

Cette dernière solution, plus intelligente et moins risquée pour un service de renseignement affilié à une nation, consiste à contrôler les menaces et à laisser s’ouvrir une vanne entre toutes, le jour où l’on a besoin, politiquement, que le projet en question s’exécute. Les lévriers piaffent d’impatience dans leur cage, sur la ligne de départ, et bavent sur le lapin qu’ils vont égorger sur la piste.

 

 

Couper le lien entre marionnettiste et marionnettes

 

C’est la théorie qu’on pourrait appeler du « lâcher de chiens », élevés à cet effet. Plus précisément, dont on suit la croissance sans qu’ils le sachent, en leur laissant croire qu’ils sont libres et invisibles. Une longueur de laisse qui correspond à une latitude d’action. Les spécialistes du terrorisme les laissent passer toutes les étapes, par exemple, du djihadiste français moyen : délinquance, prison, islamisation, formation militaire à l’étranger (Yémen, Afghanistan), et retour en France avec un projet et un budget. « Retourner » un jeune prototerroriste est même possible pendant l’étape prison. C’est une option, mais dans ce cas on retombe dans la seconde possibilité : infiltration et manipulation. Une option qui augmente le risque de remonter au manipulateur, qui n’est pas forcément le commanditaire. Ne simplifions pas les choses.

 

Différentes potentialités sous forme de couples cellule/cible peuvent être maintenues sous contrôle par, en ce qui nous concerne, c’est un exemple, le ministère de l’Intérieur ou de la Défense, et un top est donné à l’un des chiens qui sera alors lâché sur sa cible, que les services connaissent forcément. Il ne s’agit donc même pas de manipulation, mais de contrôle avec système d’interrupteur à distance.

 

Cela permet d’intervenir à tout moment sur la chaîne de préparation, car les terroristes sont surveillés du début à la fin : dans la phase prison (avec des infiltrés), dans la phase préparation militaire, dans la phase de retour au pays (contrôles aux frontières), et enfin dans la phase de préparation de l’attentat. Dans ce cas, savoir où ils vont finir n’est pas impossible, les terroristes en puissance travaillant sans obstacles (repérages physiques de la cible, communications intracellule). Cette méthode a un avantage majeur sur les deux premières : couper tout lien entre un gouvernement et une cellule terroriste (soi-disant ennemie) qui est effectivement une cellule terroriste et qui a soudain la possibilité d’agir alors qu’elle pourrait être appréhendée. Par simple principe de précaution, au cas où le jour et les détails de l’attaque n’ont pas filtré.

 

C’est la différence entre mensonge primaire et mensonge par omission : entre affirmer quelque chose de faux, et cacher une vérité. Nous voici en présence d’une cellule désormais libre d’agir, mais de A à Z sous surveillance, électronique, satellitaire, policière. Une cellule dont l’objectif peut croiser un objectif gouvernemental. Là, le gouvernement qui lâche un de ses chiens fait d’une pierre au moins trois coups : il crée un choc dans l’opinion qui précipite les civils dans les bras d’un pouvoir auparavant contesté, comme c’est toujours le cas en démocratie (la contestation autorisée fait partie de l’arsenal de leurres démocratiques dont dispose le pouvoir), il élimine une cellule terroriste en direct, gagnant des points dans l’opinion, et laisse accuser un ennemi de l’intérieur ou de l’extérieur.

 

Les perdants de ces opérations sont évidemment d’abord la cible, y compris les policiers protecteurs de la cible, puis l’information, totalement brouillée, et enfin le peuple, qui n’a pas les moyens de faire le lien entre ces deux entités apparemment opposées, mais aux objectifs confondus : qui va rapprocher un gouvernement d’une cellule terroriste ennemie, dont les intérêts sont, semble-t-il, absolument antagonistes ?

 

« Ce dispositif de surveillance téléphonique, numérique et physique a été renforcé à la fin de l’année 2011, lors du retour de Saïd Kouachi de son voyage yéménite. « Mais, entre cette date et l’été 2014, aucun élément n’a laissé transparaître de connexions avec un quelconque mouvement islamiste radical, ni par téléphone ni sur Internet », révèle une source judiciaire. « Compte tenu de cette absence d’éléments, la surveillance s’est levée pour se réorienter sur d’autres objectifs qui présentaient à ce moment-là des risques avérés. » » (Le Parisien du 10/01/15, relais non officiel du ministère de l’Intérieur)

 

Les sceptiques pourront se rapporter à l’assassinat du général Audran par la cellule Action directe, il y a 30 ans, le 25 janvier 1985, cellule qui a bénéficié de l’amnistie mitterrandienne de 1981. Officiellement, ce sont les Iraniens qui auraient planifié l’opération, en réponse à l’action d’Audran au poste d’ingénieur général de l’armement, pour cela en charge de la livraison d’armes à l’Irak, en pleine guerre contre l’Iran. Action directe aurait donc travaillé sous contrat, comme le font la majorité des organisations terroristes.


On pense aux Palestiniens du FPLP (de Georges Habache et Wadie Haddad, ce dernier mort d’une variété étrange de leucémie, comme Arafat), aux Irlandais de l’IRA, ou aux Basques de l’ETA. La piste iranienne, une thèse officielle qui laisse des zones d’ombre : il semble qu’Audran ait été au courant de « doublages », c’est-à-dire de ventes d’armes parallèles à l’Iran via le ministère de la Défense de l’époque, et qu’il s’y serait opposé, heurtant ainsi les bénéficiaires des commissions générées par ce trafic aussi juteux qu’illégal.

Audran supprimé, le business amoral qui consiste à armer deux adversaires pouvait se poursuivre allègrement. Cependant, 30 ans après, comme souvent lorsqu’il s’agit d’élimination dans les sphères, la moindre tentative d’explication rationnelle est polluée par toutes sortes de théories plus ou moins fumeuses, placées là à cet effet. Fumée, et fumées contre la fumée…

 

Il n’y a donc pas une manipulation, mais plusieurs types et degrés de manipulation. La manipulation, ce joker hollywoodien qu’on dégaine en un clin d’œil, présente en réalité une variété de cas de figure : entre la manipulation grossière d’un imbécile à qui l’on demande de déposer un paquet dans le métro, la manipulation tordue de celui qui est sous le coup de menaces (sortant menacé de retour en prison, menaces sur proches, menaces de révélations gênantes, pressions physiques, voir à ce propos le film Espion [s] de Nicolas Saada avec Guillaume Canet), et la manipulation fine qui consiste à tirer des fils invisibles en ouvrant les portes à un prisonnier inconscient du contexte, qui sort avant terme (exemple Coulibaly), se forme au terrorisme ou va parfaire ses techniques de combat, et à le laisser monter sa petite cellule « action » personnelle ou amicale, il y a un gouffre.

 

Et puis, parmi les djihadistes français partis faire le coup de feu en Syrie (quand ils ne cirent pas les rangers de leurs camarades plus aguerris et très soupçonneux), il y a évidemment des taupes de la DGSE. Des taulards qui infiltrent les filières djihadistes, qui sont bien sûr réelles, rappelons-le. Ainsi, un jeune Français passé par la case prison, puis la case islam, et qui s’en va au Yémen avant d’être envoyé en Syrie, peut ne pas être du tout un agent officiel, mais un révélateur lumineux de toute une filière, jusqu’au terrain des opérations dites sérieuses. Cet agent français involontaire et qui s’ignore peut donc tout à fait monter un coup ici, sans avoir une fois rencontré de manière officielle, officieuse, accidentelle ou inconsciente, d’officier traitant. C’est la surveillance serrée qui fait office d’officier traitant. Le lien humain disparaît, à l’image des Américains qui n’envoient plus de bombardiers B-2, trop imprécis dans la guerre contre le terrorisme, mais des drones, plus « individualistes », plus discrets aussi. C’est justement au Yémen que les exécutions américaines ciblées sont les plus nombreuses. Ce qui n’exclut pas les bavures : le 17 décembre 2009, un missile Tomahawk bourré de bombes à fragmentation pulvérise 46 bergers et apiculteurs, que la surveillance aérienne avait pris pour un camp d’entraînement d’Al-Qaïda (source : L’Express du 05/04/13). 

 

Les cellules de combattants d’Al-Qaïda existent bien, les cellules AQMI ou AQPA aussi, certaines sont infiltrées, d’autres pas (ininfiltrables de l’extérieur même par de bons musulmans, car elles ne comportent que des Yéménites de telle ou telle localité ou tribu, par exemple), certaines sont surveillées, d’autres complètement manipulées avec un agent double à leur tête (GIA algérien), bref, la cellule terroriste, en prenant un peu de recul, c’est la boite à jouets des départements antiterroristes des grandes nations guerrières : États-Unis, Russie, Angleterre, Chine, France, Israël. Elles permettent de ne rien respecter : ni lois de la guerre, qui sont encore en vigueur, ni lois morales (un gouvernement peut attaquer son propre peuple en le terrorisant), ni lois diplomatiques : on peut mettre la pression sur un allié récalcitrant, comme les Espagnols (attentats de Madrid) ou les Anglais (attentats de Londres) trois et quatre ans après le 11 septembre 2001, deux alliés visiblement pas très chauds pour continuer le combat impérialiste en Irak, rebaptisé troisième guerre du Golfe, commencé le 20 mars 2003 et toujours en cours.

 

C’est banal de dire aujourd’hui que le gouvernement américain, à travers ses services intérieurs (FBI), s’est servi de la mafia italo-américaine pour régler certains problèmes politiques (grèves, communisme, opposants de couleur) délicats. En déléguant au Syndicat du crime les éliminations physiques ou les intimidations qui servaient ses objectifs, le gouvernement US ne pouvait pas faire moins que de désinscrire la Mafia de la liste des organisations dangereuses, allant jusqu’à nier son existence ! Ainsi, le roi de 48 ans de renseignement intérieur (1924-1972), le célèbre J. Edgar Hoover, tenu en outre par un dossier de photos homosexuelles compromettantes, a-t-il fait la chasse aux Rouges plutôt qu’aux Affranchis.  

 

 

Rechercher la cause dans l’effet

 

Comment savoir si un attentat est un autoattentat ? En regardant si son impact consolide un gouvernement ? Cela ne suffit pas. On remarque, malgré les victimes, que c’est parfois, hélas, le cas. L’attentat tombé du ciel, réalisé par de vrais dingues, suicidaires et déterminés, est un cas rarissime. Car un fou n’a pas les moyens de faire de gros dégâts : il est rarement bien armé, ne bénéficie pas d’un réseau d’entraide, n’a aucun plan de sortie (à part la mort), et n’a pas les connexions suffisantes pour toucher du matériel vraiment dangereux (Semtex, C4 et autres explosifs), sans oublier le maniement des armes et des explosifs. C’est la différence entre le « mass shooting » du pauvre Américain puceau qui défouraille dans le MacDo du coin, et le militaire entraîné, qui marche au lieu de courir, qui a un plan d’attaque, qui a appris à tuer, qui sait résister à la pitié, qui peut tenir plusieurs jours dans une planque pourrie, etc.

 

Dans le cas de l’autoattentat, les vraies victimes, ce sont les victimes… tuées deux fois, la première par les terroristes, la seconde par la récupération politique. Qui est d’autant plus efficiente qu’elle peut être, elle aussi, organisée.

 

La théorie du contrôle est dangereuse à tous points de vue : c’est un contrôle partiellement sécuritaire, et les chiens peuvent, à leur insu, servir des maîtres qu’ils ne connaissent pas. Dans la Mafia, les choses étaient plus claires : le soldat allait éliminer la cible, arrangeant en cela le gouvernement, qui fermait en contrepartie les yeux sur les trafics des Familles.

 

Tout le monde sait désormais que deux éléments se sont croisés qui ont permis le massacre de Charlie Hebdo : le relâchement de la surveillance des frères Kouachi en juin 2014, et l’allègement du dispositif policier devant l’immeuble de la rédaction de l’hebdomadaire fin 2014. Une conjonction en forme de double ouverture qui ne laisse pas d’interroger, et qui étaye la théorie non pas du complot, mais du contrôle. Ou plutôt, du contrôle/décontrôle.

 

Lorsqu’un journaliste de Sud Ouest demande à un membre de la DGSI pourquoi les frères Kouachi, qui étaient sur écoute, ne l’ont plus été, voici ce qu’il répond :

 

« Les écoutes administratives, c’est quatre mois renouvelables une fois, donc huit mois en tout. Alors si on n’entend rien qui permette d’aller voir un juge, on arrête. En plus, il y a un quota : pour brancher quelqu’un, il faut en débrancher un autre. En plus, il faut avoir les moyens d’écouter vraiment. Ça ne sert à rien de brancher deux cents personnes si on n’a pas les moyens de suivre et étudier les conversations. Et les moyens, on ne les a pas. » (Sud Ouest du 13 janvier 2015)

 

On rappelle que Mitterrand avait fait écouter 3 000 personnalités françaises, pour connaître le degré d’avancement de l’information sur sa fille cachée, et accessoirement pour son petit plaisir personnel. L’échec gravissime des services de renseignement intérieur et extérieur serait donc dû à un problème de sous-effectifs. Mieux, Coulibaly, le tueur de la porte de Vincennes, n’a même pas été placé (officiellement) sur écoute à sa sortie de prison, en mars 2014.

 

Dans cette affaire, qui est double au niveau des victimes – les employés de Charlie et leurs protecteurs, policiers en service et en protection rapprochée, et les citoyens français de confession juive de la supérette, sans rapport visible entre eux – on a l’impression qu’une triple coïncidence a servi les assassins :

  • l’abandon des écoutes,
  • une sortie de prison anticipée,
  • et un allègement de la surveillance alors que le journal était la cible prioritaire des fondamentalistes !

 

Il n’y a que deux possibilités : soit nos services sont dépassés et incompétents, malgré la « refonte » Sarkozy récente, soit une organisation secrète à l’intérieur et/ou à l’extérieur de l’État a mené cette opération de main de maître. Car les terroristes sont de vrais terroristes, et visiblement pas des agents manipulés de manière directe comme Mohamed Merah. Et les victimes... de vraies victimes.


Alors, dans ce vrai attentat qui sent le faux, où est le faux ?

 

 

Par echelledejacob.blogspot.be – le 22 janvier 2015

Source : Rédaction E & R

Koter Info's insight:


L'attentat qui sent trop le faux !


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