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Grande-Bretagne – l’amant maudit d’Adolf Hitler (III)

Grande-Bretagne – l’amant maudit d’Adolf Hitler (III) | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Illustrations :

— En mai 1941, Rudolf Hess (au milieu à droite ci-dessus) apporta une offre de paix du Führer aux Anglais. Les Britanniques autorisèrent l’attaque de Hitler sur la Russie et promirent leur assistance, mais ils l’eurent doublé avant le 22 juin 1941.

— Staline et Churchill (en bas)

 

 

 

Grande-Bretagne –

l’amant maudit d’Adolf Hitler (III)

 

Cette série de trois articles est centrée sur les relations plus qu’ambiguës entre Hitler et la Grande-Bretagne. Tandis qu’il faisait tout pour éviter la guerre avec l’Angleterre, celle-ci faisait son possible pour le pousser dans ses derniers retranchements, comme pour l’obliger à accomplir une sorte de « contrat » antérieur, l’invasion de la Russie. Pour ce faire, des dizaines de milliers d’Allemands vont mourir, des villes seront dévastées par l’aviation anglaise. Londres n’hésitera pas à bombarder son allié français et à sacrifier des vies anglaises pour arriver à ses fins. Qu’on se le dise, une bonne fois pour toutes, si une situation similaire se reproduisait, ils n’hésiteraient pas une seconde à refaire la même chose, assurés qu’ils ont le pouvoir d'écrire l’Histoire comme ils l’entendent, en éliminant s’il le fallait, les témoins gênants, même 46 ans après comme Rudolf Hess. RI

 

***

 

Partie II (voir la partie I : ici

 

 

Durant cette période la Grande-Bretagne n’a jamais accepté d’accord de paix. Elle a assidûment continué son pilonnage des villes allemandes. Elle montrait sa détermination à combattre jusqu’au bout. Le Royaume-Uni pouvait être combattu, et même défait, mais après avoir examiné ses différentes options, Adolf Hitler se posa deux questions. Que lui coûterait cette victoire ? Et le plus important – quel était l’intérêt ?

 

Et puis le 10 mai 1941, le plus proche allié de Hitler, Rudolf Hess, s’envola pour le Royaume-Uni de son propre chef.[1] C’était une tentative désespérée de faire la paix avec l’Angleterre. Bien qu’à proprement parler, l’objectif de Hess n’était en fait pas un secret : « Il (Hess) connaissait et comprenait les pensées intimes de Hitler – sa haine de la Russie Soviétique, son désir de détruire le Bolchevisme, son admiration pour la Grande-Bretagne et son honnête souhait d’entretenir une relation amicale avec l’Empire britannique… » [2]

 

Il restait un peu plus d’un mois avant l’attaque prévue contre l’URSS. Hitler devait décider si oui ou non il devait lancer l’Opération Barbarossa. Les plans pour cette invasion n’étaient pas encore gravés dans le marbre. La décision d’attaquer l’Union soviétique n’avait pas encore été finalisée lorsque Hess se préparait à son voyage. Hitler n’aurait jamais fait la guerre sur deux fronts. Alors pourquoi est-ce exactement ce qu’il s’est passé ? Parce que lorsqu’il lança l’offensive contre l’URSS, il était convaincu qu’il n’y aurait pas de second front et qu’il n’y en aurait jamais ! C’est ce qu’il était ressorti du voyage de Hess.

 

Il est important de comprendre que le grand secret derrière la mystérieuse expédition vers l’Angleterre de l’adjoint de Hitler n’a rien à voir avec l’offre de celui-ci, mais plutôt avec la réponse que les Britanniques lui ont donnée !

 

Les Anglais garantirent leur neutralité en ce qui concerne la future guerre de Hitler avec l’URSS. Et ils promirent d’accepter l’offre de paix allemande une fois que la Russie aurait été vaincue.

 

« Le fameux Hess a en réalité été envoyé en Angleterre par les nazis dans le but de persuader les politiciens britanniques de rejoindre leur croisade contre l’Union soviétique. Mais les Allemands firent une sérieuse erreur de calcul. Malgré les efforts de Hess, la Grande-Bretagne et les USA étaient au contraire, dans le même camp que l’URSS contre l’Allemagne nazie » expliqua Staline depuis sa capitale assiégée de Moscou.

 

Lorsque Hitler décidait d’attaquer l’Union soviétique, cela signifiait que l’Angleterre le soutenait dans cette campagne. C’est la seule explication. La Grande-Bretagne dressa méthodiquement l’Allemagne nazie contre la Russie, et finalement les Anglais parvinrent à forcer le Führer à attaquer l’URSS. Hitler a été dupé par sa propre admiration pour l’Angleterre. Le chef allemand s’est comporté stupidement parce que les Anglais lui avaient promis qu’ils resteraient neutres. Les raids aériens allemands faisant rage au-dessus de la Grande-Bretagne se terminèrent soudainement juste après la visite de Hess, pour reprendre seulement en janvier 1943.

 

 

Le 17 août 1987, Rudolf Hess, le dernier survivant des leaders du Troisième Reich, fut retrouvé pendu à la prison de Spandau à l’âge de 93 ans. Il y était détenu depuis 46 ans. Tous les autres qui furent condamnés à la prison en même temps que lui lors du procès de Nuremberg avaient déjà été relâchés. Après 1966, il devint le seul et dernier détenu de la prison de Spandau. Le diplomate Konstantin von Neurath, condamné à 15 ans de prison, y resta huit ans avant d’être libéré, officiellement pour des raisons de santé. L’amiral Karl Dönitz et le chef de la jeunesse hitlérienne, Baldur von Schirach, ont été également libérés, après dix et vingt ans respectivement. Mais l’incarcération de Rudolf Hess ne se terminait pas.

 

Pourquoi ? Le lecteur dira que c’est parce qu’il a été condamné à la prison à vie. Mais… ce n’est pas tout à fait exact. L’amiral Raeder avait été condamné à la même sentence et fut libéré après seulement dix ans, Walter Funk, le ministre des Affaires économiques du Reich, fut libéré après 12 ans. Ils furent libérés parce qu’ils ne possédaient pas le terrible secret de Hess. Le fait que lui seul savait quelles promesses les Anglais avaient faites à Hitler et pourquoi le Führer les avait crues…

 

Les circonstances entourant sa mort sont des plus mystérieuses. Les examens du corps de Hess ont montré qu’il avait été étranglé et que son suicide avait été mis en scène. Mais qui aurait pu commettre un acte si odieux ? Le fils de Hess, Wolf Rüdiger, n’a jamais douté du fait que son père avait été assassiné par les Anglais. Le terrible secret de la diplomatie britannique, qui avait incité Hitler à attaquer l’Union soviétique, ne pourrait jamais être révélé. Et la cause involontaire de sa mort était… le chef soviétique Mikhail Gorbachev. Le fait est que des gens à l’Ouest réclamaient depuis longtemps la libération de Hess. Mais l’URSS avait toujours été la plus fervente opposante à sa libération, convaincue depuis longtemps que les nazis n’avaient pas leur place dans le monde extérieur. Mais avec la perestroïka qui battait son plein, Gorbachev dit à ses amis occidentaux qu’il était disposé à faire un geste de bonne volonté en laissant sortir Hess. Ainsi il signa l’arrêt de mort de ce dernier. Les Britanniques devaient agir rapidement pour réduire au silence ce témoin indésirable.

 

Tous les indices matériels des causes de la mort de Rudolf Hess : la maison d’été, le cordon électrique, les meubles, et même la prison de Spandau elle-même – furent détruits juste après sa mort. Les dossiers contenant les documents sur le cas de Hess ont été classifiés par le gouvernement britannique jusqu’en 2017. N’apprendrons-nous jamais la vérité au sujet des négociations de la Grande-Bretagne avec Hess en mai 1941 ? Seul l’avenir le dira.

 

 

***

 

… Quand Hitler attaqua l’Union soviétique, il fut cruellement dupé par les Anglais dès le premier jour. Le soir du 22 juin, Churchill, s’exprimant sur la BBC, promit : «  Nous sommes déterminés à détruire Hitler et tous les vestiges du régime nazi… Ainsi, nous fournirons à la Russie et au peuple russe toute l’aide que nous pourrons. » [3]


Mais il est intéressant de noter que l’Union soviétique n’a jamais reçu d’aide du Royaume-Uni ou des USA lorsqu’elle en avait vraiment besoin ou en tout cas pas dans les quantités nécessaires (pour plus de détails, lisez : Prêt-bail de la 2e Guerre mondiale : l’aide américaine a-t-elle été vraiment si utile ? Les Anglais prêtaient une attention toute particulière aux batailles cruciales qui se déroulaient sur le front oriental, attendant la défaite de l’URSS et l’opportunité de porter le coup de grâce aux troupes épuisées de Hitler. C’est seulement quand il est devenu clair en 1944 que l’Union soviétique repoussait à elle seule l’Allemagne nazie, que Washington et Londres décidèrent d’ouvrir un second front afin de pouvoir s’adjuger une partie de la victoire.

 

En attendant, l’histoire de l’arrivée de Hitler au pouvoir, les raisons du « miracle » économique qui s’ensuivit en Allemagne avec le chef nazi à sa barre, son amour pour le Royaume-Uni, et sa sympathie pour la façon qu’ont les Anglais de contrôler les nations subjuguées, tout ceci pointe clairement vers le véritable coupable de la Deuxième Guerre mondiale. Ce coupable qui mérite de partager les lauriers de la honte décernés au meurtrier de millions de personnes, avec le Troisième Reich, qui fut si minutieusement et si rapidement érigé des cendres allemandes de la Première Guerre mondiale.

 

 

 

Par Nikolay STARIKOV (*) (orientalreview.org) - traduit par Corentin Dumas pour Réseau International


 

(*) Nikolai Starikov est un économiste, historien et écrivain sociopolitique. (source : http://nstarikov.blogspot.be).

 

NOTES :

[1] Le timing du vol de Hess fut minutieusement choisi. Selon les plans établis par l’état-major allemand, les préparations pour l’Opération Barbarossa devaient être terminées pour le 15 mai 1941.

[2] Winston Churchill. The Grand Alliance. Pg. 44.

[3] Christopher Catherwood. His finest hour. Pg. 154.


Koter Info's insight:


Voir la partie I de l’article intitulé

 Grande-Bretagne –

l’amant maudit d’Adolf Hitler (II) ici 


 &

 

l’article intitulé 

Grande-Bretagne -

l’amant maudit d’Adolf Hitler (I) ici.


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Grande-Bretagne - l’amant maudit d’Adolf Hitler (I)

Grande-Bretagne - l’amant maudit d’Adolf Hitler (I) | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photos :

de gauche à droite :

- Adolf Hitler à Paris vaincue, 23 juin 1940

- À droite – l’amiral James Somerville (1882–1949)

- L’escadron français sous le feu de la flotte anglaise, Mers-el-Kébir, 3 juillet 1940.

- L’importante base navale française de Toulon, photo prise en 1944. On aperçoit les coques submergées du VSS Tartu, du Cassard, de L’Indomptable, du Vautour, de l’Aigle et du Condorcet.

 

 

Grande-Bretagne

l’amant maudit d’Adolf Hitler (I)

Par Nikolay STARIKOV

 

Rien ne doit se produire entre l’Angleterre et l’Allemagne qui pourrait de quelque manière que ce soit nuire au prestige de la Grande-Bretagne.  Adolf Hitler [1]

 

Lorsque Hitler réalisa que son idée de base, la création d’un puissant Reich allemand associé à la Grande-Bretagne, ne pourrait pas se concrétiser, il tenta de construire et de sécuriser ce Reich par ses propres moyens militaires. Ainsi, le monde entier devint son ennemi. Joachim Von Ribbentrop [ 2]

 

 

…Le 22 juin 1940, la France capitula. La flotte navale française fut désarmée. Cependant, aucun document ne fut signé ordonnant que les vaisseaux de guerre français soient transférés ou cédés aux Allemands. La France promit simplement d’arrêter la guerre contre l’Allemagne. Néanmoins, peut-être Hitler avait-il prévu de s’emparer des bateaux de la France d’une manière plus sournoise ? Non, certainement pas. Après sa victoire, les demandes de l’Allemagne étaient assez modestes et ne ressemblaient en rien au vol caractérisé que leur infligèrent les Alliés à Versailles. Et pourquoi cela ? Parce que Adolf Hitler n’avait jamais prévu d’entrer en guerre avec la Grande-Bretagne et la France.

 

Et même à ce moment-là, après avoir vaincu les Français, il n’était guère intéressé par le pillage et préférait convaincre ces pays de rejoindre sa cause, qui devait finalement mener à la tant attendue paix avec la Grande-Bretagne. Hitler n’avait pas l’intention de continuer la guerre avec l’Ouest. Au contraire, le Führer était prêt à signer un traité de paix avec Londres. Et les Anglais trouveraient les termes de ce futur accord de paix plutôt acceptable. Hitler n’avait aucun désir de dépouiller les Britanniques ou de les priver de leur position de souverain du monde. Le Führer voulait poser les bases d’une alliance éternelle entre l’Allemagne et la Grande-Bretagne. « Il était tellement sûr que les Anglais accepteraient son traité même après la chute de la France, qu’il n’avait aucun projet de poursuite de la guerre avec la Grande-Bretagne. »[3] – écrit William Shirer, un journaliste américain qui travailla pour le Troisième Reich.

 

L’idée que le dirigeant allemand voulait conquérir la Grande-Bretagne après sa prise de la France n’est rien d’autre que le produit de l’imagination surexcitée des historiens occidentaux. Ni Hitler ni les plus grands commandants de l’armée allemande n’étaient préparés à combattre les Britanniques.

 

Le 20 juin 1940, l’amiral Raeder demanda à son Führer, « et maintenant que fait-on à propos des Britanniques ? » Mais il n’eut aucune réponse. Dix jours plus tard, le chef des opérations de la Wehrmacht, le général Jodl, soumit un mémorandum à Hitler, qui déclarait que la guerre contre l’Angleterre devait être politique.[4]

 

À ce propos, Alfred Jodl, qui fut plus tard pendu à Nuremberg, était chargé de la planification stratégique de l’armée allemande.

 

Néanmoins, l’idée d’une issue paisible à la guerre contre leur protégé Adolf Hitler ne faisait pas partie des plans de la Grande-Bretagne. Lors de l’été 1940, les principes politiques britanniques restaient inchangés : des milliards de livres ne furent pas dépensés afin d’éviter que l’Allemagne nazie puisse devenir l’égale partenaire des gentlemen londoniens. Après tout, la guerre avec la Russie/URSS n’avait pas encore commencé.

 

« Faire la paix » avec le Führer signifiait que la Grande-Bretagne perdrait sa position hégémonique internationale de la plus offensante et stupide manière possible : en créant un rival géopolitique de leurs propres mains et en partageant la suprématie mondiale avec lui. Les Britanniques ne voulaient aucunement de ce genre de paix. Ils se battraient, et se battraient jusqu’au bout. Il n’y a pas de place pour les sentiments lorsque l’on fait face à la perspective de perdre le contrôle du monde. La détermination de la Grande-Bretagne se manifestait dans les mots résolus de son Premier ministre, « pendant des années si nécessaire, tout seul s’il le faut. »[5]

 

L’Opération Catapult fut rédigée par les Britanniques en un temps record et lancée seulement 11 jours après la reddition française. L’ironie de cette situation se situe dans le fait que cette fois les Britanniques attaquaient un allié et non un ennemi. Une vilaine scène se déroula aux quais des navires de guerre français amarrés dans les ports anglais de Portsmouth, Plymouth et Devonport.

 

Évidemment, les marins français ne s’attendaient pas à être piégés par leurs compagnons d’armes. Churchill écrira plus tard : « L’action était subite et devait être une surprise ».[6] Tous les bateaux français furent capturés par les Britanniques tôt dans la matinée du 3 juillet 1940 : deux cuirassés, quatre croiseurs, huit destroyers, 12 sous-marins et environ 200 démineurs et chasseurs de sous-marins.

 

L’attaque fut tellement inattendue que seul l’équipage du sous-marin Surcouf réussit à opposer une quelconque résistance armée. Les équipages français furent débarqués de force et détenus « non sans violents incidents. »[7] Tels des pirates, les Britanniques s’emparèrent des vaisseaux qui étaient ensuite ajoutés à la Marine anglaise

 

Mais la véritable tragédie ne s’est pas déroulée dans les ports britanniques, mais plutôt aux endroits où la flotte française était amarrée : à Mers-el-Kébir situé près d’Oran, et Dakar. En cette même matinée du 3 juillet [8] un escadron britannique commandé par l’amiral James Somerville approcha Oran. L’amiral français Marcel Gensoul, le commandant de la flotte française, reçut un ultimatum de la Grande-Bretagne. Il pouvait :

 

  • Continuer à se battre contre l’Allemagne et l’Italie comme membre de la flotte britannique


  • Déplacer les bateaux vers les ports anglais et renvoyer les équipages français en France, les bateaux resteraient alors dans les mains des Anglais jusqu’à la fin de la guerre


  • Déplacer les bateaux jusqu’aux Antilles Françaises ou bien les couler dans les 6 heures. [9]

 

Si Gensoul ne trouvait aucune de ces options acceptables, il pouvait « désarmer » ses navires à l’endroit où ils étaient amarrés, mais seulement s’il le faisait « efficacement ». Cela voulait dire que l’on demandait aux Français de détruire leurs propres vaisseaux sous supervision britannique. En tant que commandant d’un groupe constitué des plus récents et plus puissants navires de la Marine française, et se trouvant dans leur port d’attache, comment auriez-vous répondu à de telles demandes, venant en plus des « compagnons d’armes » de la veille ?

 

L’amiral Gensoul rejeta l’ultimatum britannique. Cela fut reporté à Churchill et à 18:25 (la veille de la fin de l’ultimatum) le commandant des escadrons anglais reçut l’ordre final de son Premier ministre : «  les navires français doivent accepter nos conditions, se saborder ou bien vous les coulerez avant la nuit. »[10]

 

Cependant, afin de conserver un effet de surprise, l’amiral britannique Sommerville ouvrit le feu subitement, sans attendre la fin de l’ultimatum ! À 18:00, il communiqua par radio que l’attaque avait déjà commencé. Les marins français ne s’attendaient pas à ce que les Anglais leur tirent réellement dessus, mais c’est bien ce qui était en train de se passer ! Ce n’était ni un combat ni une bataille navale. Les marins français, qui n’étaient absolument pas préparés pour se défendre, furent exécutés.  « … Les navires d’Oran étaient, en réalité, hors d’état de se battre. Ils se trouvaient au mouillage, sans aucune possibilité de manœuvre ou de dispersion. Les navires anglais purent tirer les premières salves qui, chacun le sait, sont décisives sur mer à de telles distances. Leur destruction n’est pas le résultat d’un combat glorieux. »[11]

 

La réserve de munitions du cuirassé Bretagne, qui était amarré à Oran, fut touchée. Le navire explosa et sombra dans les profondeurs de la mer en quelques minutes. Le cuirassé Provence eut de gros dégâts et s’échoua ; le cuirassé Dunkerque parvint à manœuvrer légèrement et rejoignit le rivage. Bien qu’il fût endommagé par les torpilleurs britanniques, le croiseur de bataille Strasbourg réussit quand même à transpercer les lignes anglaises, accompagné de cinq destroyers et plusieurs sous-marins, et rejoindre les côtes françaises sous le feu ennemi.

 

L’amirauté britannique était rassurée, tous les nouveaux bateaux de guerre français étaient dorénavant hors service. Le dernier d’entre eux, le Richelieu, amarré à Dakar, fut attaqué par les torpilleurs anglais du porte-avions HMS Hermes et gravement touché. En tout, près de 1300 Français furent tués durant l’opération Catapult. [12]

 

En réponse à cette trahison, le gouvernement français rompit les relations diplomatiques avec l’Angleterre, sans toutefois déclarer la guerre.

 

Mais les Allemands auraient-ils pu capturer la flotte française ? Aucune chance. Ils n’essayèrent pas avant le 26 novembre 1942, deux ans après l’opération Catapult, lorsque les troupes allemandes entrèrent dans Toulon.[13] La flotte française postée là-bas fut sabordée sur ordre du gouvernement de Vichy. Trois cuirassés, 8 croiseurs, 17 destroyers, 16 torpilleurs, 16 sous-marins, 7 sloops, 3 patrouilleurs et 60 transporteurs, chalutiers et remorqueurs furent engloutis dans la mer.[14] Comme vous pouvez le constater, les Français ne cédèrent pas. Pourquoi ? Parce qu’ils ne furent à aucun moment les marionnettes des Allemands et ne prévirent jamais d’abandonner leur flotte au profit de ceux-ci ou des Anglais. La veille de cette trahison qu’était l’opération Catapult, la France avait promis à Churchill que les navires de guerre français ne tomberaient jamais entre les mains allemandes, et ce, quelles que soient les circonstances.

À suivre…

 

 

Par Nikolay STARIKOV (orientalreview.org) - traduit par Corentin Dumas pour Réseau International


Nikolai Starikov est un économiste, historien et écrivain socio-politique

(source : http://nstarikov.blogspot.be)

 

NOTES :

[1] F. H. Hinsley. Hitler’s Strategy. Pg. 81.

[2] Joachim Ribbentrop. The Ribbentrop Memoirs. Pg. 141.

[3] William Shirer. The Rise and Fall of the Third Reich. Pg. 747.

[4] MacGregor Knox. Mussolini Unleashed, 1939-1941: Politics and Strategy in Fascist Italy’s Last War. Pg. 183.

[5] Winston Churchill. The Second World War. Their Finest Hour. Pg. 197.

[6] Winston Churchill. The Second World War. Their Finest Hour. Pg. 207.

[7] Charles de Gaulle. Mémoires de guerre. Pg. 110.

[8] Les Britanniques devaient frapper la flotte française simultanément dans tous les ports s’ils ne voulaient pas perdre l’effet de surprise nécessaire à leur vœu de détruire les navires.

[9] David Thomas. Battles and Honours of the Royal Navy. Pg. 278.

[10] Brooke C. Stoddard. World in the Balance: The Perilous Months of June-October 1940. Pg. 74.

[11] Charles de Gaulle. Mémoires de guerre. Pg. 276.

[12] John Grehan. Churchill’s Secret Invasion : Britain’s First Large Scale Combined Operations Offensive 1942. Pg. 7.

[13] Peu avant cela, les Britanniques et les Américains pénétrèrent à Algiers, i.e, une colonie française en Afrique. Résistant farouchement aux Anglo-Saxons tout d’abord, l’amiral français François Darlan coopéra plus tard avec eux. Ainsi, l’Allemagne fut forcée d’occuper le reste de la France « libre », dans le but d’empêcher une potentielle invasion des Anglais et Américains.

[14] Charles de Gaulle. Mémoires de guerre. Pg. 59.

 

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Texte à mettre en relation avec l’article intitulé

« Grande-Bretagne

l’amant maudit d’Adolf Hitler (II) ».


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Ukraine - Les victimes de Korsoun se préparent à saisir la Cour européenne des Droits de l’Homme

Ukraine - Les victimes de Korsoun se préparent à saisir la Cour européenne des Droits de l’Homme | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Ukraine - Les victimes de Korsoun se préparent à

saisir la Cour européenne des Droits de l’Homme

Par Laurent Brayard (*)

 

 

Dans la nuit du 20 au 21 février 2014, des autobus cheminent sur une route d’Ukraine près de Korsoun. Cette ville se trouve au centre de l’Ukraine, elle fut au centre d’événements historiques nombreux pendant sa longue histoire notamment la terrible bataille du hérisson de Tcherkassy ou bataille de Korsoun au début de l’année 1944. Dans ces bus se trouvent quelques centaines de militants, hommes et femmes originaires de Crimée pour la plupart, partisans du président Ianoukovitch. Ils viennent de Kiev et retournent chez eux en Crimée, des adolescents sont parmi eux. Tout à coup, c’est le drame, sur la route non loin de Korsoun alors qu’ils ont encore une longue route à parcourir, il y a un barrage d’hommes armés.

 

Ces hommes, ce sont des « Démocrates » pro-européens de la section de l’Euromaïdan de Korsoun. L’opération a été planifiée, ils attendent les bus et ils connaissent la nature des gens qui sont les passagers des autocars. Pour rentrer en Crimée, il faut qu’ils passent par cette route, des ordres ont été donnés, ils attendent. Les bus ne peuvent aller plus loin, sur la route des dizaines d’amoureux de la « Démocratie » à la manière de Porochenko et du rêve européen de Bernard Henri Levy, sont là, ils hurlent et brandissent des armes.

 

Au petit jour, le 21 février, ce qui est appelé par les russophones « le Pogrom de Korsoun » commence. Ils sont là cagoulés et armés de longs bâtons, d’armes blanches, de barres de fer et même d’armes à feu. Les chauffeurs n’ont pas le choix, il faut s’arrêter. Les portes ne sont pas ouvertes que les militants pacifiques de l’Euromaïdan sont déjà en train de tambouriner et de frapper les bus de leurs armes, la haine est palpable, déjà. Les agresseurs sont nombreux, trop nombreux pour qu’il soit envisageable de résister. Des drapeaux ont été plantés sur une barricade, des pneus brûlent, ceci rappelle l’insurrection du Maïdan, ces hommes de toute façon s’en réclament.

 

Les bus forment une colonne, il faut s’arrêter, les portes à peine ouvertes, les occupants sont tirés des autobus sous les insultes et les coups, les menaces pleuvent. Les agresseurs sont ici de leur propre aveu depuis trois jours, ils les attendaient. Armé d’un fusil un premier militant exprime sa façon de penser en tirant, une lunette arrière vole en éclat, les autres tentent de fracasser les vitres, les pare-brise. Ceci va durer pendant huit heures, huit heures de cauchemar.

 

Ces gens qui sont tous des russophones et qui commencent de penser que décidément l’Ukraine devient folle ont devant eux une horde hystérique de fous furieux. Sans ménagement, les passagers sont sortis des bus, certains sont battus sauvagement, quelques-uns sont forcés de prendre dans leurs bouches des canons de pistolet, les insultes raciales sont terribles, quelques agresseurs appellent carrément au meurtre. Ceux qui se plaignent sont battus, insultés, malmenés, les femmes ne sont pas plus épargnées que les hommes. Les agresseurs ironisent et interpellent les femmes : « regardez vos hommes ! »

 

Ils sont contraints de se coucher sur le sol, d’autres sont à genoux sous la menace des fanatiques, ont leur intime l’ordre de crier « Gloire à l’Ukraine ! » et d’autres slogans nationalistes. Ils doivent remettre leur argent, leurs papiers, les humiliations se poursuivent, les militants pro-européens sont comme fous, les menaces de mort pleuvent : « tu ne partiras pas d’ici, pas la peine de prier ! ». Certains sont sévèrement frappés à la tête, il y a beaucoup de blessés, l’un deux Andreï Nikiforov a beaucoup de chance. Le coup qui le frappe à la tête lui ouvre le crâne, on lui fracasse les dents et le nez, il s’effondre, il survivra par miracle et témoigne choqué plusieurs mois plus tard, tenant une canne, il paraît avoir été proche de rester handicapé.

 

Aspergeant d’essence l’un des autocars, ce dernier s’embrasse rapidement. Il n’y aura pas de morts, cette fois-ci. Mais bientôt en mai, à Odessa, couvert par la police, 1 500 activistes, supporters de football, membres des partis nationalistes Pravy Sektor et Svoboda accompagnés d’une Femen passeront à l’acte et massacreront dans des conditions atroces une centaine de russophones à la Maison des syndicats.

 

À Paris, partout en France, des Français supportent ces gens, ces massacreurs. Ils sont ignorants, ils répètent ce que les médias écrivent en boucle depuis des mois. Pour ces Français, la Démocratie c’est obligatoirement le régime illégal de Porochenko, ils ont fait la Révolution.


En France lors d’une manifestation en faveur du régime de Porochenko, des journalistes sont présents. Ils filment, ils photographient… un reportage est monté. Les drapeaux ukrainiens qui étaient présents sont visibles, ceux noirs et rouges, les drapeaux du sang de Pravy Sektor, ceux des tueurs de Juifs de l’UPA, des alliés d’Adolf Hitler ont disparu de l’écran. Pourtant, ils étaient là, s’ils ont disparu c’est que ces journalistes français savaient. Ils savaient ce que c’était que le Pravy Sektor et ces drapeaux macabres noirs et rouges. Ils le savaient. C’est ceci le drame des russophones en Ukraine.

 

Ceux de Crimée, après le drame de Korsoun n’ont pas hésité en mars 2014 pour l’indépendance et le rattachement à la Russie. S’ils avaient douté, alors comme dans le Donbass, des milliers d’entre eux seraient morts, ils auraient été massacrés, leurs villes auraient été détruites. En France, des journalistes savent… mais il y a des ordres et dans les rédactions, les serviteurs de l’Union européenne, le IVe Reich, le Reich qui doit durer mille ans veillent. Français tu peux dormir, un jour peut-être cela sera ton tour et ce journaliste qui t’a menti est peut-être ton frère, ton oncle, ton cousin. Combien de Korsoun autrement plus terrifiants se sont déroulés depuis ?

 

Combien de souffrances, Peuple de France, refuseras-tu de regarder en face ? Les victimes de Korsoun veulent saisir la Cour européenne des Droits de l’Homme, il est probable qu’ils seront déboutés, des rires au nez les attendent. Ils sont russophones, ils sont maintenant Russes, leurs vies ne comptent pour rien dans le Reich européen.

 

 

 

Par Laurent Brayard (*) - Novorossia Vision – le 9 mars 2015

 

(*) Laurent Brayard : né à Clermont-Ferrand (origines dans la Bresse et le Lyonnais). Historien spécialiste des Armées de la Révolution et de l’Empire, secrétaire de la SEHRI, la société d’études historiques révolutionnaires et impériales et membre correspondant de la Société d’Émulation de l’Ain, l’une des plus anciennes sociétés savantes de France (créée en 1746). Rédacteur et journaliste à La Voix de la Russie vivant à Moscou depuis bientôt deux ans. Il poursuit ses travaux historiques en Russie et écrit un livre sur une famille russe durant la tourmente de la Seconde Guerre mondiale, de 1940 à 1948… (Source : ici)

 

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Grande-Bretagne – l’amant maudit d’Adolf Hitler (II)

Grande-Bretagne – l’amant maudit d’Adolf Hitler (II) | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photos :

De gauche à droite :

1) Peace bluff

2) Le général Gerd Von Rundstedt

3) Je ne vois aucune raison de continuer cette guerre. A. Hitler (William Shirer, The Rise and Fall of the Third Reich

4) Fribourg après des bombardements alliés, mai 1940

5) Centre de Coventry, R-U après un raid aérien allemand, novembre 1940

6) Une partie de Hambourg en ruine en 1946. Cela prit des années pour reconstruire Hambourg et d’autres villes allemandes dévastées par les bombardements alliés de la Seconde Guerre mondiale.

7) Dresde à la veille de la Seconde Guerre mondiale.

8) Le bombardement des villes civiles avait comme conséquence la destruction et la perte de vies humaines dans tous les pays belligérants. Il est extrêmement difficile de déterminer quel côté fut le premier à lancer de telles attaques. Mais évidemment les bombes britanniques causèrent le plus de victimes et le plus de dévastation.

 

 

Grande-Bretagne –

l’amant maudit d’Adolf Hitler (II)

Par Nikolay STARIKOV (*)

 

Partie I

 

Deux semaines après l’attaque déloyale de la Grande-Bretagne sur la Marine Française, le monde discutait déjà d’un événement très différent. Le 19 juillet 1940, Adolf Hitler monta à la tribune du Reichstag allemand. Dans ce hall étaient assis non seulement les membres du Parlement allemand, mais aussi des généraux, les chefs des SS, et des diplomates – la crème du troisième Reich. Tous ont ardemment écouté leur Führer. Et de quoi parlait-il ? Du brillant succès de l’armée allemande qui avait écrasé la France à une vitesse incroyable. Mais ensuite Hitler continua de parler… de paix.

 

Pas de l’idée abstraite qu’est « la paix dans le monde, », mais d’une paix particulière entre les puissances mondiales qui incarnaient cet idéal. Hitler, un anglophile, était au sommet de sa gloire quand il fit son appel à la paix à la Grande-Bretagne. Le vainqueur offrait la paix au vaincu. Le discours de Hitler, qui était traduit en anglais par un interprète pendant qu’il parlait, a fait le tour du monde.

 

De Grande-Bretagne, je ne perçois qu’un seul cri, qui n’est pas le cri des masses, mais des politiciens. On crie à la continuation de la guerre ! J’ignore si ces politiciens se font une idée exacte de ce que sera cette future continuation de la guerre. Ils déclarent en tout cas qu’ils continueront cette guerre — au besoin des bases du Canada — si l’Angleterre en tant que telle devait succomber. Je ne crois guère quant à moi que le peuple anglais ira là-bas. Vraisemblablement, seuls ces messieurs intéressés par la continuation de leur guerre se retireront au Canada. Le peuple, j’en ai bien peur, devra rester en Grande-Bretagne et… verra certainement la guerre d’un autre œil que leurs soi-disant dirigeants ne la verront du Canada.

 

Croyez-moi, messieurs, je ressens un profond dégoût à l’égard de ces politiciens sans scrupules qui détruisent des nations. J’ai presque le cœur gros de penser que le destin m’a élu pour asséner le coup de grâce aux structures que ces hommes ont déjà vouées à la ruine… M. Churchill… naturellement sera déjà au Canada, là où la fortune et les enfants des principales personnes qui veulent la guerre ont été déjà envoyés. Mais pour des millions d’autres gens, ce sera le début d’atroces souffrances. M. Churchill devrait peut-être, pour une fois, me croire quand je prédis qu’un grand empire sera détruit un empire qu’il n’a jamais été dans mes intentions de détruire ou même de léser

 

En cette heure je me sens tenu en conscience d’adresser une nouvelle fois un appel à la raison et au bon sens en Grande-Bretagne autant qu’ailleurs. Je me considère en mesure de faire cet appel puisque je ne suis pas le vaincu demandant des faveurs, mais le vainqueur parlant au nom de la raison.

 

Le 22 juillet 1940, le ministre des Affaires étrangères britannique, Lord Halifax, fit un discours rejetant l’appel à la paix de Hitler. Ce pays tellement idolâtré par Adolf Hitler, cette puissance du monde, cette alliance qu’il a considérée comme particulièrement prometteuse et utile à l’Allemagne, avait une fois encore repoussé sa main tendue. C’était une impasse. Pas pour l’État allemand, qui avait payé un si petit prix pour devenir si puissant. C’était une impasse pour le politicien Adolf Hitler, qui désirait ardemment détruire le communisme et établir un nouvel ordre mondial, mais qui avait à la place signé un traité de paix avec les bolcheviques et luttait contre ceux qui avaient construit un empire exemplaire bien avant qu’il ait été né. Un empire que Hitler lui-même avait toujours idéalisé. « J’admire les Anglais. Comme colonisateurs, ce qu’ils ont accompli est sans précédent, » a noté le Führer dans un de ses maints rapports au sujet des vertus du colonialisme britannique.

 

Mais qu’en est-il de l’Opération Lion de Mer ? Qu’en est-il de l’impitoyable bombardement de Londres ? Qu’en est-il de la bataille d’Angleterre qui se déroula dans les airs ? Tout cela ne peut-il pas être vu comme la preuve du combat anglais contre les nazis et du désir de Hitler de conquérir les Îles britanniques ?

Non. Ces « combats » ne constituaient qu’un petit épisode si l’on compare avec le drame sanglant qui s’ensuivit dans l’Est.

 

Commençons par le commencement. Le 13 juillet 1940, six jours avant son discours de « paix » au Reichstag, le Führer a publié la Directive no. 16 : « pour développer des plans contre les Anglais. » Cette directive débutait par la déclaration suivante : « L’Angleterre, malgré sa situation militaire désespérée, n’a jusqu’ici montré aucune volonté de parvenir à un compromis. »[1] Conscients de l’attitude respectueuse de Hitler envers les Anglais et son hésitation extrême à les combattre, les généraux allemands n’ont pas mis beaucoup d’efforts dans la rédaction de l’Opération Lion de Mer. Ils étaient persuadés que les troupes allemandes ne débarqueraient jamais en Angleterre. Le général allemand Gerd von Rundstedt a indiqué aux enquêteurs des Alliés en 1945 que « l’invasion proposée de l’Angleterre n’avait aucun sens, parce que les bateaux nécessaires n’étaient pas disponibles… Nous avons considéré la chose comme une sorte de jeu… J’ai le sentiment que le Führer n’a jamais vraiment voulu envahir l’Angleterre. »[2] Son collègue, le général Günther Blumentritt, a également affirmé que les généraux allemands considéraient l’Opération Lion de Mer comme un bluff. [3] La preuve de ceci était la décision de Hitler de dissoudre 50 divisions et d’en transférer 25 autres aux corps de paix.[4]

 

En août 1940, le journaliste américain William Shirer arriva sur les rivages de la Manche et ne trouva là-bas aucun signe de préparation à une quelconque invasion des Îles britanniques. [5] Même les dates limites de Hitler pour préparer l’armée allemande à attaquer l’Angleterre ont été repoussées du 15 septembre au 21, puis au 24, et finalement au 12 octobre. Mais au lieu d’un ordre de débarquement, un document très différent apparut ce même jour : « Le Führer a décidé qu’à partir de maintenant et jusqu’au printemps, les préparations pour l’Opération Lion de Mer seront maintenues dans l’unique but de maintenir une pression politique et militaire sur l’Angleterre. »[6]


Ainsi sous quel angle devrions-nous considérer la fameuse bataille d’Angleterre ? Pourquoi Hitler a-t-il donné l’ordre de commencer le bombardement des Îles britanniques ? Afin de mieux comprendre la stratégie de Hitler, comprenons d’abord ses objectifs. Il n’a aucun désir de combattre l’Angleterre, mais l’Empire britannique refuse de signer un traité de paix. Qu’est supposé faire le chef de l’Allemagne dans une telle situation ? Accepter les conditions anglaises (ce qui serait une concession stupide et totalement inacceptable pour un vainqueur) ou essayer de les persuader de faire la paix.

 

Mais il voulait seulement les persuader, pas les écraser ni les détruire. Puisque même si les troupes allemandes débarquaient avec succès sur les rivages anglais, ce serait peu utile à Hitler. Si les îles étaient occupées, la famille royale et les aristocrates de Grande-Bretagne sauteraient aussitôt sur les vaisseaux de guerre et se dirigeraient vers le Canada, sans se rendre ou signer un traité de paix. Que faire alors ? La guerre qui se profilait serait sans fin pour l’Allemagne, parce que, comme nous l’avons dit, les Allemands n’avaient pratiquement pas de marine.

 

Qu’est-ce que cela leur apporterait d’occuper l’Angleterre ? Rien du tout. Mais Hitler s’accrocha à l’espoir qu’en faisant tout un spectacle de ses préparations à l’invasion des rives britanniques et qu’en insistant sur les horreurs d’une guerre sur le sol anglais, il pourrait pousser les dirigeants britanniques à accepter un compromis paisible. Si seulement il pouvait employer bombes et bluffs pour montrer aux Anglais que leur obstination aurait de graves conséquences ! Dans ce but, il débuterait l’Opération Lion de Mer par une attaque aérienne sur les Îles britanniques – il lancerait ainsi la bataille d’Angleterre.

 

Nous sommes toujours fascinés par les mythes et les stéréotypes. Demandez à n’importe qui – qui fut le premier à bombarder des villes pleines de civils ? Et on vous répondra — « les nazis. » Mais en fait, les premières bombes – qui ont atterri sur des civils et non des cibles – n’ont pas été lâchées par les avions allemands, mais par les Anglais. Le 11 mai 1940, juste après être devenu Premier ministre, Winston Churchill a commandé le bombardement de la ville allemande de Fribourg (dans la province de Baden). Ce ne fut pas avant le 10 juillet 1940 que les avions allemands menèrent leur premier raid aérien sur le sol anglais. Cette date marqua le début de la bataille d’Angleterre.

 

Durant la majeure partie de la bataille d’Angleterre, les pilotes allemands attaquaient les cibles militaires ennemies. Mais les Anglais alternaient les raids contre les objectifs militaires et les frappes aériennes sur les villes allemandes. Les 25, 26 et 29 août, les avions britanniques bombardèrent Berlin. Le 4 septembre 1940, Adolf Hitler s’exprima depuis sa capitale assiégée à ce propos, il parla notamment de cette campagne aérienne, « … À chaque fois qu’ils voient une lumière, les Anglais lâchent une bombe… sur les zones résidentielles, les fermes et les villages. Depuis trois mois je n’ai pas répondu à cela parce que je croyais qu’une telle folie ne durerait pas. M. Churchill a pris ça comme un signe de faiblesse. Nous devons maintenant répondre nuit après nuit. »[7]

 

Ce n’est qu’à partir du 7 septembre que les avions allemands commencèrent à faire des raids réguliers sur Londres. Ceci est encore une preuve claire que Hitler ne projetait pas une invasion des Îles britanniques. Autrement, ne pas se concentrer sur l’annihilation des forces aériennes anglaises et se contenter de représailles sur des civils était totalement idiot. Si les chefs allemands prévoyaient d’occuper l’Angleterre, ils n’auraient pas bombardé la capitale britannique – au lieu de cela ils auraient détruit les terrains d’aviation et les installations militaires qui auraient entravé une éventuelle invasion.

 

Un fait reste donc indéniable : le dirigeant de l’Allemagne mène une guerre timide contre la Grande-Bretagne, se contentant de répondre par des contre-attaques. Ce n’est pas de cette façon que l’on gagne une guerre. Mais Hitler ne projetait pas de gagner cette guerre, il souhaitait y mettre un terme !

 

À quel point ces raids aériens allemands étaient-ils mortels et terrifiants ? Selon les nombres officiels, pendant la Bataille d’Angleterre 842 personnes furent tuées à Londres et 2.347 furent blessées.[8] La plus tristement célèbre attaque aérienne allemande sur la ville anglaise de Coventry le 14 novembre 1940 fit 568 morts.

 

Évidemment la mort de tout être humain est une tragédie, mais ces nombres ne semblent pas si élevés quand on les compare aux millions de victimes russes, chinoises, yougoslaves et polonaises de la Deuxième Guerre mondiale. Le même sentiment se fait ressentir quand on s’intéresse à la réelle contribution des Anglais à la défaite de l’Allemagne nazie. Au cours de toute la Deuxième Guerre mondiale, l’Angleterre a perdu 388.000 personnes, dont 62.000 civils. [9] Cela signifie que seulement 62.000 non-combattants britanniques furent victimes des bombes allemandes durant la guerre. Donc, est-ce beaucoup ou pas beaucoup ? Tout est relatif.

 

Le territoire français occupé par les Allemands n’était pas la cible principale des avions alliés. Pour cette raison, les bombes britanniques et américaines ont tué seulement 30.000 personnes là-bas en quatre ans (de l’été 1940 à l’été 1944). Mais après l’invasion de la Normandie, les avions britanniques et américains ont commencé à bombarder les villes et les villages français bien plus fréquemment, afin de mettre en déroute les forces allemandes. En conséquence, pendant les trois mois de l’été 1944, alors que les Allemands étaient repoussés hors de la France, 20.000 Français de plus furent tués (sur 50.000 au total) par des bombes larguées par leurs « libérateurs ». [10]

 

Mais le nombre de civils allemands tués durant des bombardements est encore enveloppé de mystère. Personne ne peut donner un chiffre définitif. Car celui-ci est trop effroyable. Si l’Allemagne avait gagné la Deuxième Guerre mondiale, alors Churchill, Roosevelt et les chefs des forces aériennes alliées auraient été certains d’avoir une place sur le banc des accusés, mais également une condamnation à mort pour leurs centaines de milliers de victimes. Mais l’histoire est écrite par les vainqueurs. Par conséquent, d’autres criminels furent jugés pour d’autres crimes à Nuremberg, alors que ceux qui ont rasé des villes allemandes entières avec tous leurs habitants pouvaient prendre leur retraite en paix

 

Hambourg fut la première victime de la stratégie de guerre aérienne de la Grande-Bretagne. L’opération Gomorrhe a commencé la nuit du 24 juillet 1943. Les Anglais avaient déjà lancé des attaques sur les villes allemandes. Mais cette nouvelle campagne aérienne était emplie de nouveautés : le nombre de bombardiers (700) et le nombre étonnant de bombes incendiaires qui furent lâchées sur la ville. Ainsi, un nouveau et terrible phénomène apparut dans l’histoire de l’humanité – la tempête de feu.

 

Quand un grand nombre de petits feux sont concentrés dans un même endroit, ils chauffent très rapidement l’air jusqu’à une telle température que l’air plus frais alentour est aspiré, comme dans une cheminée, vers la source de chaleur. La différence de températures atteignit 600-1.000 degrés, formant ainsi des tornades jamais vues dans la nature, où les différences de températures ne dépassent pas 20-30 degrés. De l’air chaud parcourait les rues à toute vitesse, transportant des étincelles, des petits morceaux de bois ardents, mettant le feu à de nouveaux bâtiments et incinérant littéralement n’importe qui se trouvant sur son chemin. Il n’y avait aucune manière d’arrêter ce cyclone de flammes. Le feu fit rage dans la ville pendant encore plusieurs jours, et une colonne de fumée de six kilomètres s’était levée !

 

Des bombes au phosphore furent également employées contre les habitants de Hambourg. Les particules de phosphore se collent à la peau et ne peuvent pas être éteintes parce qu’elles s’enflamment au contact de l’air. Les habitants de la ville furent brûlés vivants et personne ne pouvait rien faire pour les aider. Selon des témoins oculaires, la chaussée bouillonnait, du sucre stocké dans les entrepôts de la ville bouillait, et les fenêtres en verre des tramways avaient fondu. Des civils innocents furent brûlés vivants, réduits à l’état de cendres, ou suffoquèrent à cause du gaz toxique pendant qu’ils essayaient de se protéger des bombes dans le sous-sol de leurs maisons. Aussitôt que ces feux étaient éteints, un nouveau raid aérien arrivait, et puis un autre. En une semaine, 55.000 résidents de Hambourg moururent dans des attaques aériennes, ce qui correspond à peu près au nombre de personnes tuées en Angleterre tout au long de la guerre. [11]

 

Êtes-vous déjà allés à Hambourg ? Si vous y allez, vous pourriez vous demander pourquoi il ne reste rien de la vieille ville hanséatique. Et si vous demandez, on vous répondra que 13 kilomètres carrés du centre de la ville historique ont été complètement incinérés ; 27.000 bâtiments résidentiels et 7.000 bâtiments publics ont été détruits, y compris quelques monuments antiques de culture et d’architecture ; et que 750.000 personnes sur les deux millions d’habitants de Hambourg se retrouvèrent à la rue.

 

Mais c’était juste le commencement. La deuxième tempête de feu de l’histoire de l’humanité a été créée dans la ville de Cassel le 22 octobre 1943. Cette nuit-là, 10.000 habitants sur les 250.000 de cette ville périrent. Cassel serait suivi de Nuremberg, de Leipzig, et de beaucoup d’autres villes. Soixante-et-une villes allemandes, pour une population totale de 25 millions de personnes, subirent des dommages colossaux, huit millions de personnes ont été laissées sans-abri, et environ 600.000 furent tuées. Parmi eux se trouvaient beaucoup d’enfants, de personnes âgées, et de femmes, mais très peu d’hommes. Après tout, la plupart de ceux-ci étaient au front…

 

La pire tempête de feu se produisit à Dresde à cause des bombardiers britanniques et américains. Les avions britanniques ont effectué leur premier raid dans la nuit du 13 février 1945. Le matin suivant la ville embrasée fut soumise à une deuxième offensive – cette fois courtoisie de l’Armée de l’Air américaine. Au total, 1.300 bombardiers ont participé, ayant pour résultat une tempête de feu d’une ampleur sans précédent. Dresde fut rasée de la carte. Jadis considérée comme l’une des villes les plus belles d’Allemagne, c’est aujourd’hui une ville presque exempte de charme architectural. Il ne fut jamais possible d’établir définitivement le nombre de victimes qui moururent : selon diverses estimations, entre 60.000 et 100.000 personnes périrent dans cet enfer ardent. Regardez la date de ce raid et demandez-vous, pourquoi, deux mois avant la fin de la guerre, quand l’issue était déjà décidée, était-il nécessaire de perpétrer un tel carnage dans une ville sans cibles militaires ou usine d’armes ? Était-ce un accident ? Une erreur ? Rappelez-vous qui a lâché des bombes nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki pendant les derniers jours de la Seconde Guerre mondiale. Ces criminels n’ont jamais été punis non plus.

À suivre…

 

 

 

Par Nikolay STARIKOV (*) (orientalreview.org) — traduit par Corentin Dumas pour Réseau International


 

(*) Nikolai Starikov est un économiste, historien et écrivain socio-politique. (source : http://nstarikov.blogspot.be).



NOTES :

[1] Peter Fleming. Operation Sea Lion: Hitler’s Plot to Invade England. Pg. 15.

[2] William Shirer. The Rise and Fall of the Third Reich. Pg. 761.

[3] Ibid.

[4] A. J. P. Taylor. Vtoraya Mirovaya Voina // Vtoraya Mirovaya Voina: Dva Vzglyada. Pg. 423.

[5] William Shirer. The Rise and Fall of the Third Reich. Pg. 761.

[6] Ibid. Pg. 774.

[7] William Shirer. The Rise and Fall of the Third Reich. Pg. 779.

[8] Ibid. Pg. 780.

[9] Alan Bullock. Hitler and Stalin: Parallel Lives. Pg. 983.

[10] Charles de Gaulle. Voennye Memuary. Edinstvo. 1940–1942. Pg. 189–190.

[11] Janusz Piekalkiewicz The Air War, 1939-1945. Harrisburg, Pa. : Historical Times Inc., 1985. Pg. 288.


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Texte à mettre en relation avec l’article intitulé

« Grande-Bretagne

l’amant maudit d’Adolf Hitler (I) » .


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Qui a signé la condamnation à mort de la France en 1940 ? (partie I/II)

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Photo : chars allemands en France. Ni Paris ni Londres ne s’attendaient à ce que Hitler ne se risque à une véritable attaque de l’Occident. Ce qui explique pourquoi ils sont tombés si rapidement.

 

 

Qui a signé la condamnation à mort de la France

en 1940 ? (partie I/II)

Par Nikolay STARIKOV (Russie)

 

 

C’est quelque chose que vous devriez savoir : chaque fois que nous aurons à choisir entre l’Europe et le Grand Large, nous choisirons toujours le Grand Large.

Winston Churchill [1]

 

Il avait suffi d’un revers sur le continent pour que la Grande-Bretagne voulût s’absorber dans sa propre défense ».

Charles de Gaulle [2]

 

Le 6 octobre 1939, deux semaines après la chute de Varsovie et la fin de la campagne de Pologne, Hitler a parlé au Reichstag :

 

« Mon effort principal a été de débarrasser nos relations avec la France de toute trace de mauvaise volonté et les rendre supportables pour les deux nations… L’Allemagne ne demande rien d’autre à la France… J’ai même refusé d’évoquer le problème de l’Alsace-Lorraine… En France, j’ai toujours exprimé mon désir d’enterrer pour toujours notre ancienne inimitié et de rassembler ces deux nations, qui ont toutes deux un passé si glorieux…

J’ai consacré au moins autant d’efforts pour construire une entente anglo-allemande, et, mieux encore, une amitié anglo-allemande. À aucun moment et en aucun lieu, jamais, je n’ai agi à l’encontre des intérêts britanniques… Aujourd’hui encore, je crois qu’il ne peut y avoir de paix véritable en Europe et dans le monde que si l’Allemagne et l’Angleterre arrivent à s’entendre. (William Shirer. The Rise and Fall of the Third Reich , p. 576)

 

 

En lisant la transcription de l’allocution de Hitler, on pourrait penser qu’il s’agit des sentiments du plus grand Pacificateur de tous les temps et de toutes les nations, et non du discours du plus grand criminel de l’histoire de l’humanité.

 

Au cours de sa carrière politique, le Führer a parlé souvent et longuement de paix, tout en se préparant pour la guerre. Mais il y avait quelque chose de spécial au sujet de ce discours. C’était comme s’il parlait à d’invisibles associés à Londres et à Paris, essayant de les convaincre en expliquant une fois de plus sa position, pour tenter d’influencer leur décision, bien qu’il y a peu de doute qu’il la connaissait déjà.

 

Quel était le but de Hitler, en faisant ce discours ? Se défendre devant les générations futures ? Afficher son désir fictif de paix devant la nation allemande, afin que plus tard, il lui soit plus facile de lancer son peuple dans l’enfer de la plus terrible des guerres ? C’est possible. Mais il me semble que ceux auxquels était destiné ce discours ne représentaient que quelques dizaines de personnes qui tentaient d’évaluer la politique de la Grande-Bretagne et avec elle, les futurs événements de l’histoire.

 

Pourquoi cette guerre en Occident devrait-elle avoir lieu ? Pour la restauration de la Pologne ? La Pologne du traité de Versailles ne ressuscitera jamais… La question du rétablissement de l’État polonais est un problème qui ne sera pas résolu par une guerre en Occident, mais exclusivement par la Russie et l’Allemagne… Il serait insensé d’anéantir des millions d’hommes et détruire des biens valant des millions afin de reconstruire un État qui, dès sa naissance même, a été appelé à avorter par tous ceux qui ne sont pas d’origine polonaise.

 

Quelle autre raison existe-t-il ?…

 

Si cette guerre doit vraiment être menée uniquement pour mettre en place un nouveau régime en Allemagne… alors des millions de vies humaines seront sacrifiées pour rien… Non, cette guerre en Occident ne peut pas régler tous les problèmes… (ibid., 641)

« à aucun moment et en aucun lieu, jamais, je n’ai agi à l’encontre des intérêts britanniques » prétend Hitler.

 

Quels mots étranges ! Qu’essayait-il de rationaliser devant ceux qui avaient déclaré la guerre à son pays ? « Les intérêts allemands ne sont pas contraires aux intérêts britanniques », c’est ce qu’il aurait dû dire. Avec un « mais » – seulement si Adolf Hitler avait lui-même pris le pouvoir dans son propre pays et que personne d’autre que les industriels allemands n’avaient mis la main dans sa carrière. Mais nous avons déjà montré comment l’Angleterre, la France et les États-Unis ont joué un rôle dans la mise en place du régime nazi.

 

Ainsi, Adolf Hitler était en train de justifier devant ses sponsors britanniques le fait qu’il était en train de s’affranchir de leur contrôle et qu’il allait couper la « laisse ». Et il essayait d’argumenter avec un point important : malgré ce qui est arrivé, il n’avait pas empiété sur leur empire et voulait seulement traiter avec eux comme un égal. C’est ce que voulaient dire ses observations sur le fait que l’Occident n’avait pas besoin d’une guerre.

 

Mais les discours d’Hitler n’étaient pas un appel pour la paix. C’était une tentative pour secouer les Britanniques et les Français et les sortir de leur réticence obstinée à faire de l’Allemagne un partenaire à part entière sur la scène politique internationale. Leurs différences se résumaient à quelque chose de très simple : Hitler voulait d’abord s’assurer qu’il recevrait un traitement d’égal à égal, et alors seulement il serait prêt à frapper la Russie, qu’il avait toujours haïe.

 

Mais les dirigeants occidentaux refusaient d’accueillir les Allemands à leurs côtés à la même table, tant que Berlin ne s’était pas acquitté de son devoir d’écraser la Russie/l’USSR. Ils voulaient que Hitler retire les troupes allemandes du territoire polonais et restaure l’État polonais. Dans quel but ? Afin d’atteindre l’objectif de longue date de la politique occidentale, qui devait provoquer un conflit entre l’Allemagne et la Russie. Après tout, il était peu probable que Staline accepte de rendre tout simplement les terres qui avaient été cédées à l’Union Soviétique avec le Pacte de non-agression germano-soviétique. Les conditions de la « restauration de la Pologne » sonnaient bien, mais en fait, n’avaient rien à voir avec la paix sur le continent européen, mais étaient plutôt pour remplacer une guerre « étrange » par une autre, plus « correcte ».

 

Les pensées que Hitler a exprimées du haut de la tribune du Reichstag le 6 octobre 1939 avaient déjà été relayées aux dirigeants du Royaume-Uni et des États-Unis par l’entremise de canaux confidentiels. Le 26 septembre 1939, Hitler a personnellement chargé Hermann Göring de la nécessité de communiquer ces idées à Londres via un intermédiaire le Suédois Birger Dahlerus. Dans le même temps, le Führer utilisait un magnat du pétrole américain, William Rhodes Davis, pour transmettre ses propositions au Président Roosevelt. Ainsi, les propositions de paix d’Hitler étaient destinées à tomber sur un sol très « fertile ». Ce qui signifie qu’il y avait de bonnes chances pour que le chef allemand voie l’Occident changer de position et accepter de discuter les conditions préalables pour que l’Allemagne rejoigne l’ordre existant du monde anglo-saxon. C’est pourquoi le discours d’Adolf Hitler avait tant d’accents pacifiques, assez pour que l’on puisse l’attribuer à n’importe quel éminent « militant pour la paix mondiale. » Le lendemain, les gros titres ont fait la une de l’ensemble des journaux allemands : « Volonté de l’Allemagne pour la paix », « L’Allemagne ne veut la guerre ni contre la France ni l’Angleterre – aucune autre réclamation, sauf pour les colonies ». « Réduction des armements » (ibid., 642)

 

Maintenant, les gouvernements de la Grande-Bretagne et de la France pourraient, du point de vue du Führer, prêter main-forte au troisième Reich sans perdre la face. Après tout, ce n’était pas eux qui avaient demandé la paix, mais l’Allemagne elle-même. Donc, les ouvertures de paix d’Hitler à l’Occident étaient très probablement tout à fait sérieuses. Mais avec l’intention, plus tard, de les transformer en une guerre avec l’Est. Mais les initiatives du Führer sont restées sans réponses. Ou plutôt, la réponse fut non. Le lendemain, le 7 octobre 1939, le Premier ministre français Édouard Daladier dit à Hitler que la France ne déposerait les armes que quand des garanties pour une « paix réelle et la sécurité générale » auraient été obtenues (ibid., 643). Le 12 octobre 1939, le Premier ministre britannique Neville Chamberlain qualifie les propositions d’Hitler de « vagues et incertaines ». Mais ce que l’Anglais a ajouté ne devrait pas être incompris. Le dirigeant britannique a déclaré que si l’Allemagne voulait la paix, « des actes – pas seulement des mots – devraient suivre. » Hitler devait montrer à Londres des « preuves convaincantes » qu’il voulait vraiment la paix, c’est-à-dire, qu’il devait attaquer l’URSS.

 

Que pouvait faire Adolf Hitler ? Il a offert la paix et celle-ci avait été rejetée. Il ne lui restait plus qu’à se préparer à se battre. Donc, il a attendu trois jours, ensuite il a donné l’ordre d’élaborer un plan pour balayer l’ennemi qui était le plus proche, celui qu’il avait à portée de main – la France.

 

Nous ne saurons jamais ce que Adolf Hitler voulait vraiment ou à quel point ses intentions de décimer les Français étaient sérieuses. Mais en regardant certains faits, nous pouvons discerner que son idée principale était encore de négocier avec l’Occident. Quels sont les faits ? Par exemple, si Hitler avait vraiment voulu se battre contre Londres et Paris, il n’aurait pas empêché les marins allemands de mener à bien ce qui aurait dû être une mission sans ambiguïté, c’est-à-dire, couler les navires ennemis.

 

Mais la marine allemande a commencé les combats avec un tel héroïsme que le Führer a dû rapidement intervenir afin de freiner ses capitaines trop zélés. Au cours de la première semaine de la guerre, les Allemands ont coulé 11 navires, pour un total de 64 595 tonnes. Si cela avait continué, il n’y aurait plus eu, bientôt, que des sous-marins allemands autour des îles britanniques. Après la première semaine, il y eut alors un véritable miracle : le tonnage des navires anglais qui furent coulés pendant la deuxième semaine de la guerre ne s’élevait plus qu’à seulement 51 561, puis 12 750 tonnes dans la troisième semaine et seulement 4 646 tonnes à la quatrième (ibid., 635).

 

Qu’est-ce qui a conduit à cette perte d’efficacité des sous-marins allemands ? Peut-être les Britanniques avaient-ils appris à les couler ? Ou les capitaines des navires britanniques étaient-ils devenus plus prudents et plus expérimentés ? Non, les marins britanniques eux-mêmes ont été surpris par ces chiffres. Mais ce n’est pas difficile de comprendre comment ce « miracle » s’est produit. Hitler a demandé à ses commandants de marine de ne pas couler les navires anglais et français ! L’Amiral allemand Erich Raeder note dans son journal que la politique générale a été pour l’essentiel « de faire preuve de retenue jusqu’à ce que la situation politique dans l’ouest soit devenue plus claire » (ibid., 636). Il y avait un incident bien connu, dans lequel un capitaine de sous-marin allemand a demandé la permission d’attaquer un navire de guerre français, le Dunkerque, qui était dans une position vulnérable, mais la permission lui a été refusée. [3] le Führer ayant personnellement interdit l’attaque !

 

L’histoire de l’attaque de Hitler contre la France semble tout aussi improbable. Hitler avait tout d’abord programmé l’offensive pour le 12 novembre 1939 [4], mais elle n’a en fait eu lieu que le 10 mai 1940. Au cours de cette période, Hitler a reporté l’offensive 20 fois ! [5] (il est intéressant de noter que le premier retard dans l’offensive s’est produit après la tentative d’« assassinat préventif » contre Hitler orchestré par des agents secrets britanniques le 8 novembre 1939 dans la salle de la bière Bürgerbräukeller à Munich).

 

Comment les Britanniques et les Français se sont-ils préparés à repousser son agression ? Parfois, il semblait que jusqu’à la fin ils ne pouvaient simplement pas croire que le Führer se déciderait à bouger. Alors même que les combats faisaient rage en Norvège entre les forces allemandes et britanniques, les Britanniques ont toujours gardé leurs avions au sol. Seuls quelques avions ont effectué quelques raids – dans un premier temps au cours de la journée et puis surtout pendant la nuit. Durant ces sorties, les avions britanniques ont continué à lâcher d’innombrables tracts de propagande destinés au public allemand. Et cette idylle dura jusqu’en mai 1940, c’est-à-dire jusqu’au début de l’offensive allemande.

 

 

 

Par Nikolay STARIKOV (Russie)- ORIENTAL REVIEW - le texte original a été adapté pour la traduction en anglais par ORIENTAL REVIEW - traduit par Avic – Réseau International – le 26 mai 2015

 

Source : ORIENTAL REVIEW publie en exclusivité des chapitres provenant de la recherche documentaire de Nikolay Starikov « Qui a poussé Hitler à attaquer Staline » (Saint-Pétersbourg, 2008). M. Starikov est historien russe et activiste civil. Le texte original a été adapté pour la traduction en anglais par ORIENTAL REVIEW

 

NOTES :

[1] Charles de Gaulle, The Complete guerre mémoires de Charles de Gaulle (New York : Carroll & Graf Publishers, 1998) 557.

[2] ibid.. , 59.

[3] Albert Speer. À l’intérieur du troisième Reich. Mémoires (New York : Simon & Schuster, 1997) 165.

[4] Franz Halder. Le journal de guerre de Halder, 1939-1942 (Novato, CA: Presidio Press, 1988) 672.

[5] Hans-Adolf Jacobsen, 1939-1945. Belaïa Mirovaïa Voina / / Vtoraya Mirovaïa Voina : Dva Vzglyada. 13.

 

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Voir la partie II/II ici : http://sco.lt/5c1LRh


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Que la Russie soit maudite, histoire d’une hystérie collective

Que la Russie soit maudite, histoire d’une hystérie collective | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Que la Russie soit maudite,

histoire d’une hystérie collective

 

Si nous nous en tenons aux médias occidentaux et français, la Russie c’est un drôle de pays où vivent des Peuples qui se complaisent dans une terrible dictature.


Selon cette rhétorique, la Russie est un pays arriéré, les magasins sont vides, les femmes sont faciles comme nulle part, les alcooliques sont effondrés à chaque coin de rue, une mafia armée jusqu’aux dents fait régner la terreur au service d’un gouvernement cynique.


Si vous continuez cette description de rêve, dans les bouches du métro vivent des hordes d’affamés, de clochards tuberculeux. Dans ce pays glacial, pour vous réchauffer vous n’aurez le choix qu’entre quelques litres de vodka, des femmes plantureuses à la vertu chancelante ou encore la chasse aux homosexuels.

 

Et si tout cela ne vous suffit pas, les Russes sont, paraît-il, des gens assoiffés de sang, ils ont attaqué l’Ukraine, un pays paradisiaque en mal de Démocratie et qui subit une agression caractérisée.


La Crimée n’aurait jamais été russe, là-bas des gens éplorés vivent sous le joug des Russes. De gentils organisateurs de manifestations et des milliers de journalistes tous opposants au régime terrifiant de Vladimir vivent dans la peur de l’assassinat. La profession de tueur à gages promet un grand avenir et des enfants de 8 ans conduisent des bolides à 200 km/h sur des routes défoncées.


Quelques millions d’opposants geignant et contraints de vivre dans un tel marasme doivent lutter également contre les éléments et la cruauté infinie d’une classe politique asservie. Leur argent ne vaut plus rien, le chômage et la chute de la natalité réduisent ce pays à la misère démographique, il est également en train de disparaître. Le président est un fameux tireur, du haut des tours du Kremlin, il descend les figures emblématiques de l’opposition comme s’il se trouvait au tir au pigeon dans une quelconque fête foraine.

 

Les Russes sont aussi des tricheurs lorsqu’ils font du sport, ils se dopent et accessoirement lorsqu’ils organisent une manifestation internationale, ils ne savent ni construire des toilettes ni organiser quoi que ce soit sans détruire la nature environnante.


Le Russe par ailleurs passe son temps à détruire son pays. Tout en haut de la pyramide sociétale, domine une oligarchie chamarrée servie par des armées privées, tandis que les malheureux gueulards « du populo » se traînent dans les rues la cervelle de toute façon anesthésiée par les nombreux litres de vodka ingurgités.


L’armée gigantesque de la Russie est innombrable, les soldats ne réfléchissent pas, ils sont envoyés partout où cela est possible pour martyriser des peuplades aux noms rigolos dont la plupart des Européens ne sauraient pas trouver la localisation de leurs pays sur une carte.


En Ukraine, ce sont des milliers d’hommes, divisions entières et chars innombrables qui sévissent. Leur valeur au combat est faible, le Russe c’est bien connu depuis Adolf Hitler est un « sous-homme ». Il ne parle aucune langue que la sienne, même sous la torture. Sortis de Saint-Pétersbourg ou de Moscou, vous ferez face à une mare de boue, un pays cloaque et sombre. Le Russe ferait par ailleurs en plus d’un bon tueur, un bon hackeur informatique.

 

Vous rigolerez peut-être à lire toutes ces stupidités et ces stéréotypes. Mais c’est avec colère que je constate que le Français lambda, décérébré par des années de russophobie ambiante dans tous les médias, voit ainsi la Russie. Il ne se passait pas un jour sans que quelques « trolls » viennent sur mon Twitter pour me lancer à la figure les sempiternelles invectives. Il y a quelques jours un brave Serge des Pyrénées me lançait un « Alors ça paye bien de faire la pute des Russes ? », hier ce fut encore pire. Dans les ondes de France Info, une journaliste qui ne parlait pas russe était au milieu de la fameuse manifestation. Deux opposants larmoyants nous servaient la soupe russophobe du jour en langue… anglaise. Un jeune homme assenait que selon ses calculs, « 200 000 manifestants sont venus, je suis fier d’être ici avec eux ». Ce matin, les médias un peu ennuyés du nombre d’opposants ; pour ceux qui réalisent que Moscou c’est 15 millions d’habitants ; annonçaient toutefois 70 000 manifestants selon l’opposition, 21 000 selon la Police… les uns et les autres étant toujours à minorer ou exagérer les chiffres, nous avions donc environ 35 000 manifestants dans la rue… 2 500 à Saint-Pétersbourg et c’est tout… « Mais c’est la preuve que c’est une dictature, les gens ont peur de descendre dans la rue ! »

 

Si vous parliez russe, vous sauriez qu’il n’y a qu’en France et en Occident que la politique passionne à un tel point. Les Russes, pudiques sont peu prolixes de discours politiques. Ils n’ont pas la Révolution française et une tradition de 225 années de débats, de révolutions et de changements de régime comme nous avons en France. Boris Nemtsov ne représente en Russie, qu’un des derniers oligarques au service d’Eltsine qui se gavèrent en leur temps. S’il n’était pas mort, il aurait conduit cette manifestation entourée de 5 ou 6 000 « démocrates ». Mort, il était plus utile aux USA et aux Ukrainiens… sous-entendre dans tous les médias français que Vladimir est derrière l’arme qui a tué Nemtsov est une cocasserie ubuesque.

 

Mais Goebbels, ne disait-il pas lui-même que plus le mensonge est gros, plus il est grossier, plus il est susceptible de passer dans l’opinion populaire ? Si vous vous attendez en Russie à des réactions aussi violentes que celles que j’ai lues partout en France, attisées par une désinformation éhontée pour qui connaît les deux mondes, France et Russie, vous n’auriez comme commentaires de la part de nombreux Russes : « mais qu’est-ce qui arrive aux Européens ? Aux Français ? D’où vient cette haine, pourquoi cette désinformation ? Prions pour eux, c’est terrible ce qui se passe là-bas, sont-ils vraiment pris par cette propagande de caniveau ? ». Qu’est-ce que je peux bien leur répondre ? Que oui, ils le sont ?

 

Comment répondre à cette chape de plomb médiatique, lorsque des journalistes bien payés assènent comme hier « Poutine mène une guerre en Ukraine ! ». Savent-ils donc que la Novorossia cela n’est pas la Russie ? Qu’il y a des gens qui ont décidé de leur indépendance, qu’ils se trouvent souvent en opposition avec la Russie et que l’OTAN a conclus à la non-présence de troupes régulières russes dans le Donbass ? Alors, à quoi cela sert de parler de la « guerre de Poutine » ? À qui profitait le plus le crime de Nemtsov comme je l’écrivais, à qui profite donc cette propagande digne du IIIe Reich qui salit un pays, transforme son image, lui fait des procès d’intention, la montre du doigt, lui impose des leçons de morale, tous les jours qui passent et sans fin cherche ou invente tout ce qui pourrait être négatif et utilisable comme arme médiatique contre la Russie et plus largement contre les russophones.

 

Un internaute écrivait « ils veulent la guerre, ils vont l’avoir »… Mais quelle guerre ? Êtes-vous donc allés en Russie pour connaître le sentiment des Russes par rapport à cette volonté imaginaire ? Avez-vous mieux à faire vous autres les journalistes que d’interviewer les massacreurs d’Odessa, des bataillons Azov, Dniepr et Aydar et de vous plaindre que toujours vous ayez de véritables néonazis à la table de votre banquet ?

 

S’il faut que la Russie soit maudite, alors je réclame l’honneur d’être enseveli avec mes frères russes. Ce sont encore des Humains et mes compatriotes depuis samedi, me font peur, très peur. La haine, l’intolérance et la méconnaissance, d’un peuple nombriliste comme celui des Français font qu’en ce jour et peut-être pour la première fois, j’ai honte, non pas d’être Français, mais honte de ce consternant spectacle franco-européen et de mes concitoyens. Me tuera-t-on pour mon ruban de Saint-Georges à un détour de rue ? Que ferez-vous de nous les russophones et du Peuple russe ? Nous réserve-t-on le sort des martyrs du Donbass ?

 

 

 

Par Laurent Brayard - Novorossia Vision – le 3 mars 2015

 

(*) Laurent Brayard : né à Clermont-Ferrand (origines dans la Bresse et le Lyonnais). Historien spécialiste des Armées de la Révolution et de l’Empire, secrétaire de la SEHRI, la société d’études historiques révolutionnaires et impériales et membre correspondant de la Société d’Émulation de l’Ain, l’une des plus anciennes sociétés savantes de France (créée en 1746). Rédacteur et journaliste à La Voix de la Russie vivant à Moscou depuis bientôt deux ans. Il poursuit ses travaux historiques en Russie et écrit un livre sur une famille russe durant la tourmente de la Seconde Guerre mondiale, de 1940 à 1948… (Source : ici)

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