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Dean Andromidas : choses vues du combat grec

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Photo : Dean Andromidas - Crédit : Institut Schiller

 

 

Dean Andromidas :

choses vues du combat grec

 

Voici la transcription de l’intervention du Dean Andromidas, rédacteur de l’Executive Intelligence Review (EIR), à la conférence internationale de l’Institut Schiller des 13 et 14 juin 2015 à Paris.

 

Je reviens d’une semaine en Grèce, mon quatrième voyage depuis cinq ans. Jusqu’à présent c’était comme visiter un camp de concentration avec toute sa souffrance et son désespoir. Ils avaient un gouvernement Quisling. Ils croyaient que leur situation était sans espoir. Aujourd’hui c’est devenu Stalingrad. La souffrance continue, mais ils ont un gouvernement élu par la population, et il a envoyé un signal fort aux Européens que les Grecs en ont assez. La souffrance continue, mais l’on se bat, et cela est très, très important. C’est aussi important pour les gens dans cette salle de comprendre ce qu’est leur responsabilité personnelle durant cette période.

 

Mais laissez-moi vous dresser le tableau de ce qui s’y passe. À chaque visite, depuis cinq ans, la situation empire de façon insoutenable. Le nouveau gouvernement de Syriza a hérité de la politique de génocide imposée par les institutions européennes. On peut voir les effets de cette politique partout : le chômage a atteint 27 %, une sous-estimation, car en réalité, il est de 45 %. Les journaux ne parlent pas des 300 000 petites entreprises qui ont fait faillite ; ils n’apparaissent pas sur les statistiques de chômage officielles. Il faut aller à Athènes pour voir tous les rideaux fermés des magasins en faillite, des magasins qui soutenaient beaucoup des familles.

 

Comment survivent ces gens ? Grâce aux retraites de leurs grands-parents – dix personnes dépendent parfois d’une seule retraite : les grands-parents, leurs enfants, les enfants de leurs enfants... Trois générations vivent d’une retraite de 400 euros par mois qui de surcroît a été réduite de 25-45 % ! Ce sont ces retraites que la Commission européenne veut empêcher le gouvernement de payer, pour que l’argent aille au remboursement de la dette due aux institutions européennes. Voilà la situation là-bas.

 

L’incertitude totale dans laquelle vit le pays est insoutenable. J’ai parlé avec des chauffeurs de taxi, avec des hommes d’affaires. L’incertitude est présente à tous les niveaux. Un retraité ne sait pas s’il va recevoir sa retraite, ou si elle lui permettra de payer les médicaments nécessaires pour rester en vie.

 

La Banque centrale européenne coupe les liquidités à la Grèce, mais inonde les banques françaises et allemandes, en faillite virtuelle, avec des liquidités presque gratuites. La Grèce elle n’a le droit à rien. Vous devez vous rendre compte de ce qu’implique le fait de ne pas avoir assez de liquidité dans le système bancaire. Des entreprises en Grèce, parfaitement viables n’ont pas d’accès aux liquidités dont ils ont besoin au jour le jour. L’Union européenne fait pression sur elles pour réduire les salaires à 300 € par mois, afin d’attirer les investissements étrangers. Mais quels investisseurs étrangers seraient prêts à investir en Grèce ? Qui voudrait venir dans une Grèce où règne l’incertitude et dont l’économie s’effondre ?

 

La zone d’affaires d’Athènes, le principal district commercial du pays, ressemble à un parc plein de seringues ! Nous avons vu des toxicomanes en train de se shooter en pleine ville.

 

Le costume national est devenu le blue-jeans et pas celui de marque ; l’ordinaire. Les gens sont au chômage et ce n’est pas que dans les rues qu’on voit les gens porter des blue-jeans, mais aussi dans les ministères !

 

Mais, il y a aujourd’hui une résistance. Le gouvernement est dirigé par le parti Syriza qui n’avait jamais fait plus de 4 % avant les élections de janvier. Mais le peuple a voulu envoyer un signal fort aux Européens, les Grecs en ont assez. Et Syriza n’est pas la gauche caviar. Certains de ses dirigeants sont issus du Parti communiste traditionnel. D’autres sont des étudiants qui avaient été torturés sous la Junte militaire. Syriza est un phénomène unique.

 

La Grèce a une histoire de résistance de 3 000 ans, face aux Perses, aux Ottomans et à l’Empire britannique. La guerre contre les Britanniques n’est pas terminée.

 

La question de la résistance est très profonde en Grèce. En 1942, un jeune de 16 ans est monté dans l’Acropole pour arracher le drapeau nazi, et cet acte a lancé la résistance. Il a actuellement 90 ans, et il siège au Parlement européen. Et c’est là la nature de la résistance grecque. Il y a des résistants de tous les âges, mais en particulier chez les retraités, des gens qui ont été au gouvernement ou dans la politique, mais qui n’avaient pas été actifs avant cette crise. Aujourd’hui ils mènent la bataille de leur vie. Beaucoup d’entre eux ont 70 ans. Comme l’ancien ambassadeur Chrysanthopoulos, un ancien diplomate qui a dû vendre sa voiture, quitter son appartement et emménager une maison de campagne à partir d’où il mène son combat.

 

Et il n’est pas le seul. Il y a aussi Mikos Theodorakis, le compositeur moderne grec le plus célèbre. Il fêtera bientôt son 90e anniversaire. Il est très malade : les séquelles de la torture durant la résistance lors de la IIe guerre mondiale, de la guerre civile dans les années 40 et de la junte militaire dans les années 60 et 70, ont fini par affecter sa santé et il n’est plus aussi actif.

Mais cet homme est une légende vivante, un symbole de la lutte. Il a pris les poèmes souvent émouvants des poètes grecs modernes, qui ont vécu les guerres civiles et l’occupation nazie et dont certains ont reçu le prix Nobel, et en a composé des œuvres musicales. Dans les années 50 et 60, il a utilisé sa musique pour mobiliser la population politiquement. Et bon nombre de jeunes qui ont fait partie de son mouvement sont aujourd’hui au gouvernement. La résistance est donc là !

 

Un conducteur des taxis que j’ai rencontré m’a dit : « Le gouvernement essaie » de changer les choses. Puis il a rajouté : « vous savez, nous ne nous sentons pas comme une partie de l’Europe ; nous pensons que nous sommes propriétaires de l’Europe. Nous les Grecs avons créé l’Europe. »

 

Beaucoup d’hellénistes, des Professeurs européens d’histoire de la période classique, disent que la population grecque d’aujourd’hui n’a rien à voir avec celle de la Grèce antique. Mais si vous dites cela aux Grecs actuellement, ils vous tuent, parce qu’ils pensent que c’est leur histoire et c’est là qu’ils puisent la force pour résister.

 

Cela reflète bien leur attitude. L’un de mes amis est un ingénieur. Tous sont lourdement taxés : ceux qui ne sont pas encore nés, ceux qui sont au chômage, et leurs impôts sont plus élevés s’ils ont des enfants. Il m’a dit : « Nous les ingénieurs, nous payons des impôts, malgré le fait que beaucoup d’entre nous ne travaillent pas. » Car ils ont un statut des consultants indépendants. Beaucoup d’entre eux sont endettés au fisc. « Nous nous rencontrons à l’Association des ingénieurs et nous débattons de la situation du point de vue de Socrate et de Platon, afin d’appliquer leurs conceptions à la compréhension et à la lutte contre la crise. »

 

Que pouvons-nous faire ?

 

Je me suis demandé, qu’est-ce que je peux proposer à ces gens ?

 

Ils connaissent l’existence de l’oligarchie financière. La séparation stricte entre les banques d’affaires qui spéculent, et les banques de dépôts et de crédit utiles à la collectivité – la loi Glass-Steagall de l’époque de Roosevelt – fait partie de leur programme, et la plupart des gens veulent « pendre » les banquiers.

 

De facto, ils se sont déjà rapprochés des BRICS. Ils agissent à ce niveau. Mais je ne vais pas leur dire « vous n’avez qu’à quitter la zone euro ». Pourquoi la Grèce, le plus faible des pays européens, devrait-elle faire ce pas qui est le plus difficile ? La Grèce n’est pas l’Allemagne, ou la France. Elle n’a pas les ressources pour prendre cette responsabilité à ce stade. Ils dépendent de leurs importations. Qui va payer les médicaments qu’ils doivent importer ?

 

Comme disent les militaires, la Grèce est aujourd’hui sur la ligne de front. Elle a une mission et elle est en train de se battre pour l’accomplir.

 

Je leur ai donc parlé de la guerre que nous sommes en train de mener de notre côté pour changer globalement ce système. Je leur ai apporté les idées et les analyses de Lyndon LaRouche qui a une compréhension très grande de la situation des États-Unis et qui se bat là-bas pour rétablir la loi Glass-Steagall - c’est notre mouvement qui a mis cette question sur l’agenda – et pour que les États-Unis soutiennent la dynamique des BRICS.

 

La campagne présidentielle de l’ancien gouverneur du Maryland, Martin O’Malley, pourrait être aussi une percée de ce point de vue. Pour LaRouche, il est le seul candidat compétent pour le poste à ce stade, parce qu’il a mis au cœur de sa campagne la lutte contre Wall Street, et la nécessité de rétablir la loi Glass Steagall. Notre mouvement n’est pas en train d’organiser le vote pour O « Malley en tant que tel. Nous agissons pour créer les conditions pour qu’émerge un candidat présidentiel digne de ce nom aux États-Unis, un candidat s’attaquant à ces problèmes au sein de la Maison-Blanche.

 

Les Grecs doivent aussi agir pour favoriser ce changement aux États-Unis et une fois qu’un changement de cette nature aura lieu, nous aurons le pouvoir de changer la politique en Europe. Ceux qui sont proches du pouvoir ont compris cela rapidement. Pas de doute pour eux : il faut agir dans cette direction.

 

Et ici, qu’avez-vous fait, vous qui êtes dans cette salle, pour mettre fin à l’oligarchie prédatrice responsable de la situation en Grèce et de celle qui se répandra à l’Europe tout entière si nous ne l’arrêtons pas ? Voilà ce qui doit guider nos actes, ici.

 

En Grèce, il y a un auteur célèbre et très aimé, Nikos Kazantzakis. Il a écrit dans la première partie du siècle dernier. Et sur sa tombe on peut lire l’inscription suivante : « Je ne crains rien, je n’attends rien, c’est pourquoi je suis libre ». La question est : « J’agis, pas avec l’espoir qu’il y aura nécessairement un changement ; mais je dois agir en raison de mon humanité ! »

 

Voilà l’attitude que beaucoup de Grecs ont actuellement, et c’est celle que nous devons avoir lorsque nous quitterons cette salle. Notre arme est le Glass-Steagall qui pourra terrasser l’oligarchie. Nos alliés sont les BRICS et notre pouvoir, sont les idées que nous pouvons générer pour sauver l’humanité. Pas seulement aujourd’hui, mais dans 50, 100, 200 ans. Voilà donc ce qui se joue en Grèce actuellement.

 

 

 

Par la Rédaction de Solidarité & Progrès – le 25 juin 2015.

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Démocratie occidentale ?

Démocratie occidentale ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Nelson Mandela - © RODGER BOSCH / AFP


 

Démocratie occidentale ?

Par Jean-Paul Jouary (*)

 

 

Dire que les pauvres tiennent plus au pain qu’à la liberté politique est un argument de riche... Ignorer que la démocratie, prise en ce sens global, n’est un luxe pour personne, mais un levier universel d’émancipation humaine, c’est faire un cadeau inespéré à ceux qui confondent démocratie et monarchie élective...

 

À force d’entendre les monarques occidentaux donner des leçons de démocratie à tous les autres peuples du monde, on en viendrait à oublier l’essentiel de l’histoire humaine. La conception du passé est falsifiée par tant de caricatures du présent, qu’on en finirait par croire que nous vivons en démocratie au sens propre, et que « les autres » n’y sont jamais parvenus. Il faudrait les y aider, hier par la colonisation, aujourd’hui à coups de bombes.

 

L’ennui, c’est qu’en réaction à ces discours, dans bien des pays qui en sont privés, certains en viennent à refuser la démocratie en tant que modèle strictement occidental, perçu comme inséparable du passé colonialiste de nos pays et de ce qui le prolonge à notre époque dans la politique et l’économie mondiales. On réalise difficilement à quel point le monde souffre de ce double tour de passe-passe, y compris parmi les intellectuels qui, au nom de références révolutionnaires caricaturées, théorisent l’idée que la démocratie n’est qu’une mystification de type capitaliste. Un ami ivoirien d’origine indienne m’a convaincu de lire un petit livre qui balaie radicalement ces quelques propositions : La démocratie des autres, du Nobel indien Amartya Sen (1).

 

La « démocratie » ne serait-elle sur le fond qu’un rideau de fumée visant à masquer et permettre la pérennisation des dominations socio-économiques ? L’histoire humaine a déjà répondu à cette hypothèse : l’espérance de vie s’accroît avec l’extension du libre débat public, comme l’illustre de façon nette la comparaison de l’Inde et de la Chine et même, à l’intérieur de l’Inde, la comparaison du Kérala avec les autres parties du pays.

 

De même il n’y eut au XXe siècle aucune famine là où régnait cette culture démocratique de la discussion publique sans contrainte et sans domination étrangère. L’illustrent les contre-exemples de la Chine du « grand bond », de l’Indonésie, de la Thaïlande, de la Corée du Nord ou de l’Inde colonisée, et de dizaines d’autres.

 

 Dire que les pauvres tiennent plus au pain qu’à la liberté politique est un argument de riche. En réalité, le monde est porteur d’une contradiction qui brouille la perception et parfois occulte la valeur universelle des principes essentiels de la démocratie : l’aggravation des conditions de vie, le sentiment d’insécurité en tous domaines, les menaces de crise et de guerre conduisent à aiguiser des antagonismes parmi les pires victimes, lesquelles sont conduites à développer des haines qui les divisent, et à rechercher des « chefs » qui flattent leur soi-disant « identité » en promettant un pouvoir autoritaire et expéditif.

 

La démocratie juridique liée aux inégalités violentes tend à détruire la crédibilité de la démocratie elle-même. Le passé et le présent l’attestent. Mais en même temps, les peuples privés de libertés aspirent sans cesse davantage à les conquérir, et ceux qui les perdent déploient invariablement des efforts héroïques pour les conserver. Kant et Hegel n’ont pas rêvé : malgré les régressions et obstacles que l’histoire exhibe, l’idée de démocratie manifeste une tendance globale à l’extension.

 

Et si les puissances dominantes réinventent sans cesse mille et une manières d’en dévoyer le cours, c’est bien parce que l’immense majorité des exploités qu’ils dominent a un intérêt absolu à ce que la démocratie s’approfondisse. En confondant la démocratie avec ses formes dévoyées, on fait toujours le jeu des puissances dominantes.

 

Autre contre-sens : la démocratie serait une invention occidentale rayonnant peu à peu sur les autres peuples, retardataires. Certes, l’Athènes antique a inventé une forme politique extraordinairement novatrice et prometteuse, malgré son exclusion de la majorité de femmes, esclaves et métèques. Il est clair que si les pays occidentaux incluaient dans leur fonctionnement institutionnel toutes les exigences de la démocratie athénienne, les peuples concernés pourrait s’émanciper de l’essentiel des aliénations et dominations dont ils souffrent aujourd’hui. Mais croire que la démocratie naît à Athènes c’est se tromper lourdement, encore une fois, sur l’histoire humaine. Comme j’ai eu l’occasion d’y insister en d’autres occasions (2), l’extraordinaire créativité institutionnelle de Mandela s’est enracinée dans les traditions anciennes de son peuple et de son clan, dont il n’a cessé de rappeler le caractère démocratique et social.

 

En Afrique, en Asie, aux Proche et Moyen-Orient, des millénaires de pratiques d’essence démocratique sont susceptibles d’enraciner et libérer d’extraordinaires potentialités politiques et sociales, loin des modèles et des contre-modèles occidentaux à l’intérieur desquels on y a la fâcheuse tendance à s’enfermer. Décisions collectivement élaborées, tolérance, écoute des autres, pluralisme en tous domaines, ouverture d’esprit, idéal du débat public... De Cordoue à la Mongolie, de l’Indonésie à l’Égypte, de Bagdad et Téhéran à l’Inde, ces pratiques ont préparé, entouré et assimilé celles que les Athéniens ont institutionnalisées.

 

Encore faut-il s’entendre sur ce que l’on appelle « démocratie » : si l’on entend par là le seul usage du vote, alors bien sûr il est une façon d’en faire un mode mystificateur très efficace de domination sociale et de confiscation de la souveraineté populaire. Mais on oublie trop souvent que le vote ne trouve sa valeur que dans la traduction d’une volonté construite au sein d’un débat public libre, contradictoire et informé. C’est là une condition essentielle de la valeur des votes, comme résultat d’une autotransformation des citoyens par le débat et la réflexion collective. C’est même ce qui inquiète les forces dominantes dans l’idée de votations d’initiative citoyenne : le référendum français sur le Traité de Lisbonne a prouvé la fâcheuse tendance du peuple à créer de la pensée et de la pratique lorsqu’il sait qu’il devra trancher lui-même.

 

Si Nicolas Sarkozy a eu des propos insultants sur les traditions africaines et les institutions suisses, c’est sans doute en raison de la nécessité, pour le capitalisme libéral dominant, de falsifier le sens profond de ce que peuvent signifier les mots « démocratie » et « république ». Ignorer que la démocratie, prise en ce sens global, n’est un luxe pour personne, mais un levier universel d’émancipation humaine, c’est faire un cadeau inespéré à ceux qui confondent démocratie et monarchie élective, mais aussi à ceux qui confondent la lutte contre les puissances financières avec les régressions idéologiques et éthiques les plus médiévales. Si la démocratie n’est guère le privilège des puissances occidentales, celles-ci peuvent revendiquer le privilège de ses dévoiements les plus désastreux.

 

 

 

Par Jean-Paul Jouary (*) - humanite.fr/blogs – le 20 mai 2015

 

Notes :

(1) Editions Rivages Poche, 2015.

(2) Notamment dans mon livre Mandela, une philosophie en actes, Livre de Poche, 2014.

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(*) Jean-Paul Jouary est un philosophe et essayiste français. Professeur de chaire supérieure, agrégé et docteur en philosophie, il a publié de nombreux livres et articles de philosophie des sciences, de philosophie politique et sur l’histoire et l’enseignement de la philosophie… (Source : Wikipédia)

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POUR EN FINIR AVEC LE MYTHE CHURCHILL

POUR EN FINIR AVEC LE MYTHE CHURCHILL | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : lepeuple.be


 

POUR EN FINIR AVEC LE MYTHE CHURCHILL

 


Le cinquantenaire de la mort de Churchill (jan 1965) est l’occasion de rappeler quelques vérités qui feront tomber de son piédestal cette figure tutélaire. Avant de devenir l’icône de la résistance au nazisme, Winston Churchill a d’abord été un fervent défenseur de l’Empire britannique et un anti-bolchevique convaincu, un antisémite, mais aussi un malin.



— En 1919, Winston Churchill alors Secrétaire d’État à la Guerre décide d’utiliser les grands moyens : « Les Arabes et les Kurdes savent maintenant ce que signifie un véritable bombardement. En 45 minutes nous sommes capables de raser un village et de tuer ou blesser un tiers de sa population. » Il poursuit : « Je ne comprends pas la sensiblerie par rapport à l’utilisation du gaz contre des tribus non civilisées »

 

— Winston Churchill présenta un Livre blanc en 1926, dans lequel le gouvernement britannique réaffirmait qu’il allait créer un foyer national juif en Palestine (y compris sur des terres déjà habitées). Sioniste le Churchill ? En tout cas antisémite en témoigne ses textes: « Il se peut en effet qu’involontairement, les juifs invitent à la persécution, qu’ils soient en partie responsables de l’hostilité dont ils souffrent ». Il serait facile d’attribuer l’hostilité aux Juifs à la méchanceté des persécuteurs, mais cela ne concorde pas avec tous les faits. Le fait central qui domine les relations entre Juif et non-juif est que le Juif est « différent » ». « Il a l’air différent. Il pense différemment. Il a une tradition et un héritage culturel différents. Il refuse d’être assimilé ».

 


— Après la bataille de Stalingrad, en 1943, qui s’était soldée par une défaite de la Wehrmacht, Churchill et Roosevelt se sont réunis le 20 août à Québec. À l’ordre du jour figurait le retrait éventuel des États-Unis et de la Grande-Bretagne de la coalition antihitlérienne et leur entrée en alliance avec les généraux nazis pour combattre ensemble l’Union soviétique. Difficilement tenable cette position est finalement abandonnée, ils se contenteront de retarder l’ouverture d'un second front en 1944.

L’opération Unthinkable fut tout de même un projet britannique qui visait à attaquer l’Union soviétique à la fin de la Seconde Guerre mondiale. La création du plan a été or-donnée par Winston Churchill et mise au point par l’armée britannique. Toutefois, elle ne fut jamais mise en œuvre du fait de de l’importance des forces soviétiques déployées en Europe. Ces plans ne furent rendus publics qu’en 1998.

 


— Octobre 1944, les nazis viennent tout juste de se retirer de Grèce qu’un corps expéditionnaire britannique installe à Athènes le gouvernement, sous tutelle d’un gouverneur militaire britannique, Ronald Scobie. Churchill demande au gouverneur militaire d’écraser la rébellion communiste qui reprend les armes, car elle se rend compte que les collabos grecs (les mains encore sanguinolentes) sont toujours au pouvoir. Une centaine de milliers d’hommes sont détournés du front italien et du combat contre les nazis pour mater la résistance communiste. C’est le début de la guerre civile qui dura 4 ans et qui couta la vie à 150.000 individus.

 


— Lors de son second passage au 10 downing street, il réprima la révolte Mau Mau au Kenya avec énergie (11.000 morts) ou alors n’hésita pas de bombarder à l’agent orange la Malaisie pour mater la rébellion. Tout cela pour conserver une partie d’empire. En fait il a bien résumé son action en déclarant : « nous sommes tous des assassins, mais l’important est d’être du côté des vainqueurs » peut être pensait-il alors au bombardement de Dresde en février 1945 qu’il avait ordonné sans que la Venise de l’Elbe ne fût en rien stratégique, sinon qu’elle s’apprêtait à devenir est-allemande (120.000 morts)…

 

 

Voir aussi : QUAND LES AMÉRICAINS VOULAIENT GOUVERNER LA FRANCE

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« Abolissez l’exploitation de l’homme par l’homme et vous abolirez l’exploitation d’une nation par une autre nation »… Friedrich Engels

 

 

Par Robert Gil - 2ccr.unblog.fr – le 28 février 2015

Koter Info's insight:


Et "ceux" d'aujourd'hui ne sont pas meilleurs, même arborant de beaux sourires, il faut le savoir.


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VIDÉO - RASSEMBLÉS À ATHÈNES, LES GRECS NE LÂCHENT RIEN

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VIDÉO - RASSEMBLÉS À ATHÈNES,

LES GRECS NE LÂCHENT RIEN

 

Le soutien de la population pour les négociations du nouveau gouvernement Place Syntagma, à Athènes

 

Des milliers de Grecs ont afflué ce mercredi 11 février partout en Grèce pour manifester leur soutien au gouvernement dans ses négociations avec les créanciers du pays.

 

Des milliers étaient présents Place Syntagma (parlement) à Athènes.

 

Si les sensibilités politiques de chacun pouvaient différer, tous manifestaient un espoir, un engouement, une ferveur renaissante pour la marche nouvelle de la politique grecque, ainsi qu’un sentiment de dignité retrouvée.

 

 

Par la Rédaction d’okeanews.fr – le 12 février 2015


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ATHÈNES SUR UN VOLCAN

ATHÈNES SUR UN VOLCAN | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : barbecue de bus aux fines herbes, à Athènes


 

« ICI, ÇA DÉPAVE, ÇA DÉBAT, ÇA ÉCRIT SUR LES MURS ET SUR LES CORPS, ÇA CHANTE, ÇA S’ORGANISE » : ATHÈNES SUR UN VOLCAN

 

Les manifestations, émeutes et occupations se multiplient chaque jour à Athènes et ailleurs en Grèce, depuis fin novembre. Notamment à cause de la tyrannie du pouvoir à l’égard de Nikos Romanos, jeune prisonnier de 21 ans en grève de la faim, privé de la possibilité d’étudier et particulièrement maltraité. Nikos est, de surcroît, l’ami d’enfance d’Alexis Grigoropoulos, tué le 6 décembre 2008, à l’âge de 15 ans, par un policier dans le quartier d’Exarcheia à Athènes, ce qui avait provoqué un mois d’émeutes retentissantes dans toute la Grèce.


Nikos est naturellement devenu le nouveau symbole de toutes les violences actuellement subies par la population, mais aussi du profond désir de lutter, quelle que soit la forme, et de refuser la torpeur et la résignation.

 

 


 

 

Par Yannis Youlountas (membre de l’assemblée d’occupation de l’École Polytechnique à Athènes) — vineyardsaker.fr – le 10 décembre 2014

 

Sources : Athènes sur un volcan (legrandsoir.info, français, 07-12-2014) & Athènes sur un volcan (nevivonspluscommedesesclaves.net, français, 07-12-2014)

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Livre : « Manifeste pour la Vraie Démocratie » d’André Tolmère

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Livre : « Manifeste pour la Vraie Démocratie » d’André Tolmère

 

La démocratie en France, nous sommes maintenant nombreux à savoir que ça n’existe pas, et que ça n’a jamais existé. Le seul exemple qu’il nous reste de l’Histoire, c’est Athènes, dont le fonctionnement sera largement repris comme modèle au cours du livre. Certains, par fatalisme, se disent qu’une réelle démocratie, à l’inverse du système de gouvernement représentatif aux allures démocratiques, n’est que pure utopie. Toutefois, à travers cet essai, l’auteur va tenter de prouver à ces sceptiques l’aisance avec laquelle nous pourrions mettre en place, dès à présent, un système réellement démocratique.

 

« La politique est au cœur de tous les problèmes. On ne peut rien changer sans changer la politique, et on ne peut changer la politique sans changer ses règles du jeu. Il ne pourra y avoir un réel renouvellement de la politique si l’on ne remet pas en question l’ordre établi par les jeux politiciens. Il faut en arriver à une rénovation radicale de la politique et redonner ses lettres de noblesse à une démocratie qui a singulièrement besoin de redorer son blason. »

 

André Tolmère semble avoir étudié la théorie révolutionnaire, puisque selon lui, c’est l’aspect politique qui prévaut sur l’aspect social. Son point de vue est net, il faut avant tout retirer le pouvoir des mains des politiciens qui sont totalement corrompus ou fous, et complètement névrosés par la qualité de leurs privilèges sur leurs concitoyens. L’auteur défend un point de vue très proche du principe anarchiste, qui veut que tout pouvoir corrompe et que toute autorité qui s’impose est nécessairement illégitime. Selon lui, il est donc primordial d’arrêter de concentrer le pouvoir dans les mains d’une petite caste, et il est urgent que les citoyens s’organisent pour reprendre leur place dans la vie politique du pays.

 

« Le pouvoir crée une inégalité entre celui qui le détient et celui qui n’en est pas pourvu. Il donne à l’un la possibilité de dominer l’autre qui ne peut que subir. Ceci, quelle que soit sa nature : pouvoir de l’argent, pouvoir de la force ou de l’intelligence, pouvoir hiérarchique (dans l’entreprise ou dans l’appareil d’État), pouvoir politique. »

 

L’essayiste nous explique en détail, parfois même un peu trop d’ailleurs, que c’est l’objectif fondamental des politiciens que de diviser pour mieux régner, et que cela est même intrinsèque à leur fonction. Il met à nu de nombreuses idées, dont par exemple celle que l’accès au travail et aux promotions se ferait sur la base de la méritocratie ; en citant le Principe de Peter il nous démontre que les politiciens n’ont pas cette position grâce à leur compétence, mais plutôt grâce à leur incompétence. L’auteur prouve à qui avait encore besoin de voir cela prouvé, que l’unique capacité que les politiciens possèdent, c’est de se faire élire, et réélire malgré les scandales judiciaires.

 

« L’État n’est qu’une façade derrière laquelle agissent des hommes. Le pouvoir de l’État est aux mains des hommes politiques qui recherchent la position de leader. Président élu ou dictateur, cela revient au même : les citoyens fondus dans la masse doivent suivre et subir. »

 

Militant pour que le pouvoir revienne aux citoyens, il est évident que ce livre dénonce l’absence totale de possibilité pour ceux-ci de participer à la vie politique du pays, même au plus petit échelon. Il ne semble plus être à démontrer que l’élection, principe antidémocratique, vise à créer une aristocratie, c’est-à-dire un gouvernement des meilleurs, puisque par définition quand on vote, on essaye de voter pour le « moins pire ».

 

Nous nous souvenons tous du référendum pour une Constitution Européenne, celle-ci fut refusée par les Français, mais adoptée par leurs « représentants ». Et les exemples se multiplient, qui peuvent être recensés en bon nombre et amène l’auteur à conclure que les institutions qui sont supposées être un minimum démocratique, sont constamment bafouées, ou sont truquées de base, afin de ne jamais exprimer la volonté réelle des citoyens.

 

« L’exemple français est presque une caricature, mais la plupart des pays prétendument démocratiques ne se demandent pas plus que nous quelles sont les institutions susceptibles de favoriser le plus largement possible la démocratie. Ils préfèrent toujours des institutions qui renforcent le pouvoir politique d’une oligarchie au détriment  des citoyens auxquels on donne, de loin en loin, au gré des consultations, un os à ronger électoral. Le procédé est redoutablement efficace puisqu’il empêche le peuple, chien docile de ses maîtres, d’aboyer trop fort ou de devenir enragé et de les mordre. Pire : les maîtres, même s’ils changent de temps en temps, ce qui constitue une suprême astuce pour satisfaire et endormir le vilain toutou, tirent de l’animal toute leur légitimité dont ils se parent et qu’ils retournent contre lui pour mieux le mater. »

 

Donc, c’est là que se trouve l’utopie : croire fermement, et avec conviction que le changement peut se produire par les urnes. L’idée de notre auteur, et c’en est une qui ne date pas d’hier, puisqu’elle était déjà développée par Gracchus Babeuf en 1796, c’est que la base de la démocratie c’est l’égalité politique. Selon ces deux écrivains, la liberté politique découle de l’égalité, et non l’inverse, et c’est pourquoi ils désirent ériger en principe fondateur d’une réelle démocratie ceci : 1 citoyen = 1 citoyen. Actuellement, dans le système de gouvernement représentatif, aristocratique et oligarchique, 1 citoyen équivaut à 1 voix. L’auteur explique d’ailleurs qu’aux élections législatives par exemple, chaque voix ne se vaut pas, et qu’en fonction de la région où le votant se trouve, il aura un vote plus ou moins important, c’est-à-dire que son vote vaudra plus ou moins de députés que quelqu’un qui voterait dans une autre région.

 

« En 2002, l’UMP et l’UDF réunissent 50% des suffrages aux législatives et raflent 70% des sièges à l’Assemblée Nationale. Le Front National, avec un potentiel de 18% obtenus à la présidentielle, est laminé et n’obtient pas le moindre député. Les “démocrates” qui se réjouissent de ce résultat devraient plutôt s’inquiéter : leur démocratie est bien malade. »

 

Même ceux qui disent défendre la démocratie et la République mentent. C’est évident, si la démocratie c’est le pouvoir du peuple par le peuple, que l’élection c’est le moyen de connaitre l’opinion du peuple, alors s’opposer, ou ne pas faciliter l’expression représentative et proportionnelle de la volonté des citoyens, ne serait-ce pas cela être anti-démocrate ? L’idée que Marine Le Pen puisse partager des idées avec nous est cocasse, surtout lorsque l’on s’intéresse à sa vision géopolitique, néanmoins il est évident que pour quiconque se revendique démocrate, et adopte la fable de l’élection avec candidats comme moyen de déterminer avec exactitude la volonté des citoyens, ne pas avoir presque 20% des citoyens représentés par le pouvoir législatif est au moins un déni de démocratie, si ce n’est, pour les plus candides, une violation de l’État de droit. Faudrait-il déjà, pour les moins candides, que ce fameux État de droit existe.

 

« Jean-Jacques Rousseau, en son temps, déplorait le recours à la représentation. S’inclinant devant l’incontournable obstacle, il préconisait le mandat impératif. Les représentants élus étaient obligés d’appliquer à la lettre le mandat reçu de leurs électeurs. Les démocrates du dix-huitième siècle, admirateurs de l’Antiquité, n’étaient pas des partisans de la démocratie grecque. Le pouvoir démesuré qu’elle accordait au peuple les effrayait. Il y a une aversion totale et une méfiance absolue des révolutionnaires américains et français pour le modèle démocratique athénien. Car ces messieurs les révolutionnaires étaient issus des élites bourgeoises, et ils entendaient bien faire prévaloir leurs ambitions et les étendre»

 

Premièrement nous ne sommes pas dans un État représentatif du peuple, et deuxièmement, nous ne devrions pas souhaiter nous y trouver. Le seul « joker » qui assurerait la réelle représentativité des opinions exprimées par les citoyens, c’est celui qui est invalidé par l’article 27 de la Constitution de 1958, à savoir le mandat impératif. Le mandat impératif, c’est ce qui permettrait aux citoyens de rédiger le programme des élus, de le leur donner, et de les obliger à le respecter. Ajoutons à cela l’idée des élections sans candidat, on pourrait s’attendre à un résultat assez surprenant. François Hollande, Jacques Chirac, le président français d’origine hongroise N.Sarkozy, ou François Mitterrand auraient-ils été élus sans rédiger leurs mensonges électoraux, et sans faire campagne pour rendre ceux-ci crédibles ?

 

« Le citoyen se trouve pris dans un piège schizophrénique : d’une part, il reconnaît l’État et il en a besoin, d’autre part il se sent écrasé par un appareil d’État tout-puissant. Sur le plan politique, cette schizophrénie est nourrie par l’ambiguïté et le paradoxe du statut des élus. Les élus sont les “représentants du peuple” (article 3 de la constitution de 1958) qui exercent un “mandat” (article 27). Ce mandat établit un contrat politique entre l’élu et ses électeurs. Or, non seulement ce contrat n’est pas impératif, l’élu n’est en rien obligé de se conformer aux engagements solennellement souscrits auprès de ses électeurs, mais de surcroît, élu d’une circonscription, il ne la représente pas, car il est censé être le représentant de toute la nation ! »


L’élection sans candidats, c’est un moyen de s’assurer de limiter le pôle aristocratique de ce système représentatif, afin de mettre l’accent sur le côté démocratique, mais c’est en plus un moyen d’économiser beaucoup d’argent en frais de campagnes remboursés par le contribuable. Pourquoi les politiciens ne font pas cette proposition, s’ils sont certains de leur popularité auprès du peuple, sans avoir à occuper incessamment leur poste de télévision pendant 6 mois, et si – mais ça on en doute tout de même moins – ils désirent réellement et sincèrement réduire les dépenses publiques pour le bien de la population ?

 

« Hors de là, point de salut ! On a réussi à persuader des millions, des milliards d’individus que la démocratie, c’est le suffrage universel. Non. La vraie démocratie, c’est le tirage au sort. Pourquoi a-t-on oublié que c’est le suffrage universel qui a amené au pouvoir un Adolf Hitler, dans un régime démocratique, la république de Weimar (Buchenwald n’est situé qu’à quelques kilomètres de Weimar) qui, à lui tout seul, a provoqué le plus grand cataclysme du vingtième siècle ? »

 

Mais allons encore plus loin que les élections sans candidat, puisque c’est ce que André Tolmère fait. Si l’on désire une réelle représentativité des citoyens dans le corps législateur, pourquoi ne pas tout simplement en tirer au sort ? L’idée de l’Assemblée Constituante tirée au sort, sous contrôle des citoyens, reprise notamment par Étienne Chouard lors de ses conférences commence à faire son chemin. Le hasard n’est-il pas le meilleur garant, quand on observe que l’élection ou la nomination restent toujours des principes très aristocratiques, d’une sélection totalement aléatoire, qui ne pourrait donc donner lieu à aucune discrimination, et qui offrirait à chaque citoyen l’opportunité de participer à la vie politique de son pays.

 

« On qualifie généralement d’utopique un système ou un projet irréalisable. L’ennui, c’est que cette utopie a fonctionné, et plutôt bien, pendant plus d’un siècle, il y a 2500 ans. Bizarrement, aujourd’hui ce ne serait plus possible ? L’argument tombe tout seul. Mais c’est ce même argument qui est constamment repris et asséné depuis plus de deux siècles, depuis les révolutions américaine et française : “La démocratie directe n’est pas applicable… Cela pouvait fonctionner dans le cadre d’une petite cité comme Athènes, mais c’est impossible pour un grand pays…” et hop, on a escamoté le plus important, le recours au tirage au sort, qui élimine les “élites”. Rappelons encore qu’Athènes, au cinquième siècle avant Jésus-Christ, n’était pas un village, mais une grande ville pour l’époque, une cité État, dont la population atteignait 200.000 habitants. La grande majorité des Athéniens était très attachée aux valeurs de la démocratie, les vraies, indissociables du tirage au sort. »

 

Le Manifeste pour la Vraie Démocratie appelle à la formation d’un Mouvement des Citoyens pour la Vraie Démocratie, appelé MCVD, il appelle les personnes soucieuses de la vie politique de leur pays, de leur région, ou même de leur quartier à s’organiser et à se former en groupe-citoyens. Bien que la lecture de cet ouvrage puisse être un peu difficile, de par des aspects parfois redondants, et cela surtout pour les gens déjà sensibles aux problématiques de démocratie réelle et de tirage au sort, il reste un très bon moyen d’aborder le sujet et recense une quantité d’arguments et de contre-arguments assez impressionnante, ce qui permettra de convaincre n’importe quelle personne de bonne foi, que la première vraie démocratie en France est possible, souhaitable, et qu’il faut travailler ensemble afin de la mettre en place.

 

Le livre peut être lu ici :

http://etienne.chouard.free.fr/Europe/messages_recus/Manifeste_pour_la_vraie_democratie.pdf

 

 

PAR ARBY - cercledesvolontaires.fr – le 1er juin 2015.

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Attention au pivot de la Grèce vers la Russie

Attention au pivot de la Grèce vers la Russie | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Légende & source photo : Alexis Tsipras - fr.euronews.com


 

Attention au pivot de la Grèce vers la Russie

 

Avec des médias allemands se demandant qui est le plus dangereux pour nous ? La Grèce ou la Russie ? Des actions récentes des deux protagonistes dans cette question suggèrent qu’ils peuvent être mis sur le même pied plus tôt que beaucoup ne s’y attendaient.

 

Avec les tensions qui montent entre la Grèce et l’Eurogroupe, les visites récentes et futures en Russie ont gagné en importance depuis que le ministre des Finances russe a confirmé que Moscou « pourrait considérer une aide financière pour la Grèce ». Alors que cette idée de pivot russe était un truc de conspirationnistes, il y a seulement quelques semaines, la BBC se demande maintenant directement si l’Europe pourrait abandonner la Grèce au profit de la Russie. Sachant que 61 % des Grecs ont un regard positif envers la Russie et seulement 23 % envers l’Europe, cela ne devrait choquer personne.

 

L’approfondissement des liens entre le nouveau gouvernement de la Grèce et la Russie a déclenché des sonnettes d’alarme à travers l’Europe. Tandis que les leaders d’Athènes s’étripent avec leurs créanciers internationaux sur des réformes pour éviter la faillite, et que la Grèce peut fixer les yeux sur Moscou comme un atout en réserve, certains craignent qu’elle s’éloigne inexorablement de l’Ouest, vers un allié plus bienveillant, un investisseur potentiel et un créancier. Comme la BBC le constate, l’Europe n’est pas satisfaite. Devrait-elle en plus s’en s’inquiéter ?

 

Une foule de membres du cabinet grec se rendra à Moscou.

 

Le président russe Vladimir Poutine accueillera le Premier ministre Alexis Tsipras en mai, accompagné par le partenaire de la coalition Panos Kammenos, le ministre de la Défense nationale et le leader du parti populiste de droite des Grecs indépendants. Le calendrier choisi n’a pas échappé aux analystes.

 

Le délai pour le renflouement de la Grèce expire fin juin et le secret de polichinelle bien gardé à Bruxelles est qu’Athènes aura besoin de nouveaux prêts pour ne pas couler.

 

Officiellement, la Grèce ne cherche pas de sources de financement alternatives.

 

Mais un prêt de la Russie, ou peut-être de la Chine, pourrait sembler une alternative plus favorable – ou au moins complémentaire – à n’importe quel nouveau renflouement de la zone euro avec toutes ses mesures impopulaires et les réformes attachées.

 

La Grèce pourrait espérer un gaz moins cher pour les ménages qui peinent à survivre, ainsi qu’une augmentation de l’investissement et du tourisme russe pour donner le coup de pouce économique dont elle a vraiment besoin.

 

Moscou, en retour, serait récompensé par un allié amical ayant un droit de veto à l’intérieur de l’UE à un moment de rapports tendus par la crise en Ukraine.

« Mon sentiment est que le gouvernement grec joue la carte russe pour améliorer sa position de négociation dans les marchandages actuels, dit Manos Karagiannis, un spécialiste de la politique étrangère russe, né en Grèce et enseignant au King’s College de Londres. Mais ce sera très difficile pour Athènes de se distancier de l’UE et de l’OTAN. »

 

Pour le Prof. Karagiannis, ce qui importe, c’est que la Grèce est entièrement intégrée dans l’Ouest, mais il avertit contre une sous-estimation des risques d’une sortie de l’euro pour la Grèce.

 

« Un Grexit pourrait certainement alimenter des sentiments contre l’Union européenne parmi la population grecque, et une Grèce isolée et faible pourrait mettre en danger la stabilité de la région entière », dit-il.

 

Un pays affaibli, rejeté de la zone euro et probablement de l’UE serait alors bien plus ouvert à des liens approfondis avec la Russie.

 

 

 

Par Tyler Durden (zerohedge) - traduit par jefke, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone

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Yanis Varoufakis, un brillant scientifique

Yanis Varoufakis, un brillant scientifique | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : le ministre grec des Finances est docteur en économie de l’Université d’Essex (Royaume-Uni), spécialiste en théorie de la négociation. Il a passé plusieurs mois à l’UCL en 1996.

 


Yanis Varoufakis, un brillant scientifique

 

Christian Arnsperger, chercheur FNRS à la Chaire Hoover et professeur à l’Université de Lausanne (depuis septembre 2014) est un proche de Yanis Varoufakis dont il dresse ici un portrait.

 

L’homme qui occupe depuis le 27 janvier 2015 le poste de ministre des Finances de la République grecque est aussi, accessoirement, un ami de la Chaire Hoover d’éthique économique et sociale.

 

Yanis Varoufakis, docteur en économie de l’Université d’Essex (Royaume-Uni), spécialiste en théorie de la négociation et en économie politique « hétérodoxe », a passé plusieurs mois à l’UCL en 1996.

 

À l’époque professeur à l’Université de Sydney, il avait mis à profit son séjour louvaniste pour développer des recherches sur la théorie de la solidarité en collaboration avec Christian Arnsperger, chercheur FNRS à la Chaire Hoover et, depuis septembre 2014, professeur à l’Université de Lausanne (Suisse). Les deux hommes nouèrent à cette époque une profonde amitié aussi bien intellectuelle que personnelle, qui perdure jusqu’aujourd’hui. Entre 1999 et 2006, ils publièrent conjointement plusieurs articles scientifiques sur l’analyse axiomatique de la notion de solidarité et sur la critique épistémologique de l’économie néoclassique.

 

Aux yeux de Christian Arnsperger, qui est loin d’être seul à être de cet avis, Yanis Varoufakis, bientôt âgé de 54 ans, est l’un des économistes « anti-néoclassiques » les plus brillants de sa génération. Grand connaisseur des méthodes mainstream qu’il maîtrise parfaitement et qu’il a enseignées des décennies durant en Angleterre, en Australie et à l’Université d’Athènes, il occupe depuis 2000 un poste de professeur en Grèce et y a mis sur pied l’un des diplômes de Doctorat les plus originaux d’Europe (nommé UADPhilEcon), combinant formation technique « standard » et ouverture à la critique épistémologique et politique de l’économie comme science sociale.

 

Poussé à s’expatrier, comme tant d’autres de ses compatriotes, par la crise de 2008 et les ravages des politiques d’austérité, il est depuis 2013 professeur invité à l’Université d’Austin au Texas, où il collabore avec l’économiste James Galbraith, fils du grand John Kenneth Galbraith et critique farouche d’une « austérité néolibérale » qui, sur la base d’hypothèses économiques fallacieuses, engendre la pauvreté collective au prétexte illusoire de relancer des économies exsangues.

 

Penseur profond des rouages inégalitaires du capitalisme, inspiré depuis sa prime jeunesse par les grandes figures de l’économie radicale américaine que furent Paul Baran, Paul Sweezy et Harry Magdoff, le théoricien Varoufakis est – au nom même de convictions ancrées dans un patient travail de réflexion et de critique – un scientifique engagé.

 

Impossible pour lui de dissocier l’engagement méthodologique en faveur d’une analyse « marxienne » des rapports de pouvoir au sein du capitalisme monopolistique et financier actuel, et l’engagement politique envers une Europe et un monde qui ne soient pas l’aire de jeu de logiques d’« empire ».

 

Avant de devenir ministre des Finances, il fut un temps conseiller économique du parti socialiste grec (PASOK), dont il s’éloigna par suite de désaccords sur la posture du gouvernement Papandreou concernant les mesures d’austérité imposées par la « Troïka », pour rejoindre (comme Euclides Tsakalotos et Costas Lapavitsas, deux autres éminents économistes grecs de la même génération) la formation de gauche radicale SYRIZA.

 

Auteur en 2011 d’un ouvrage remarqué et remarquable, The Global Minotaur (qui explique la Grande Récession de 2008 comme l’aboutissement de longues décennies de « financiarisation » du capitalisme à la faveur d’une économie américaine surdimensionnée), Yanis Varoufakis a également, dès 2009, fait circuler avec son collègue Stuart Holland une « proposition modeste » (qui en est aujourd’hui à sa version 4.0) pour la réforme des institutions et du mode de fonctionnement de la zone europroposition scientifiquement fondée qu’il tente actuellement de mettre en pratique politiquement dans les négociations sur le rééchelonnement de la dette de son pays.

 

 

 

Pour aller plus loin

 

 

Par l’Université catholique de Louvain – février 2015

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Menace de putsch en Grèce

Menace de putsch en Grèce | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : lemonde.fr - YANNIS BEHRAKIS/REUTERS


Menace de putsch en Grèce

 Par Benito Perez


Les crises – et celle que traverse l’Europe depuis 2008 ne fait pas exception – agissent comme de puissants révélateurs. Depuis mercredi soir, la menace de la Banque centrale européenne (BCE) de couper toute alimentation au système financier grec n’est plus une hypothèse – évoquée mardi dans nos colonnes –, mais une réalité. Le chantage est limpide : si le gouvernement d’Alexis Tsipras ne renonce pas, courant février, à appliquer son programme, les banques grecques seront privées d’oxygène. Dans le conflit qui oppose Athènes à Berlin – et leurs projets économiques antagoniques –, l’institution dirigée par Mario Draghi, l’ancien cadre de Goldman Sachs1, a choisi son camp.

 

On n’en sera pas surpris. La prétendue neutralité des banques centrales – fiction néoclassique destinée à soustraire la monnaie au périmètre de la démocratie – a tôt fait de disparaître dès que certains intérêts sont en jeu. On a pu l’observer juste après la crise des subprimes, lorsque les banques nationales avaient été sommées d’assainir leurs homologues privées.

 

Puis, oubliant soudain leur dogme anti-inflation, ces mêmes instituts chargés d’émettre la monnaie l’ont généreusement prêtée, à des taux dérisoires, aux banques privées. Des sommes faramineuses que les financiers ont fait fructifier sur les marchés émergents ou spéculatifs, relançant ainsi leur profitabilité. Le tout sous prétexte de relancer l’économie réelle locale...

 

Même la Suisse s’est laissé séduire et, après le sauvetage d’UBS, a de nouveau actionné la BNS, en 2011, lorsque le franc fort commençait à menacer les marges de l’industrie d’exportation. Avant qu’elle ne soit rappelée à la réalité en janvier dernier par de plus gros joueurs.


Or, de deux choses l’une : soit ces instituts ont des tâches de politique économique et doivent être soumis au pouvoir politique, soit ils ne sont que des organismes techniques, juste bons à contrôler l’inflation, et peuvent donc s’émanciper des gouvernements. La réponse, la BCE s’est chargée de nous la rappeler mercredi, en refusant de considérer la valeur des titres grecs, alors même qu’Athènes venait de lever, le jour même, 812,5 millions d’euros à 2,75 % sur les marchés financiers.

 

Le coup est déloyal : Athènes n’avait pris aucune mesure unilatérale pouvant justifier une dévaluation de ses obligations. Il est politique : il vise le talon d’Achille des Grecs, « leurs » banques privées. Il est idéologique : il veut forcer le gouvernement de Syriza à abandonner son plan de sortie de crise pourtant approuvé par les urnes (fiscalité plus juste, lutte contre la corruption, relance de la consommation) et à revenir aux mesures de privatisation-austérité imposées par la Troïka. Une stratégie d’encerclement, puisqu’elle présuppose que le gouvernement grec n’osera pas reprendre le contrôle de sa banque centrale, voire de l’ensemble de ses établissements financiers, et quitter la zone euro.

 

En résumé : l’institution d’émission de la monnaie des Grecs s’est retournée contre eux. Tel un quarteron de généraux factieux, l’ex-mercenaire de Goldman Sachs et ses hauts fonctionnaires se sont dressés contre un gouvernement démocratiquement élu, le menaçant d’un putsch financier s’il ne retrouvait pas « la raison »...


Cette « bataille d’Athènes », comme naguère celle du Chili, dépasse les frontières grecques. Elle est celle de la démocratie contre la toute-puissance du carcan néolibéral. Au-delà de notre solidarité spontanée à l’égard du peuple grec, elle nous concerne toutes et tous.

 

 

Par Benito Perez (journaliste) - lecourrier.ch – le 5 février 2015

1 Rappelons que Mario Draghi s’occupait des dettes souveraines européennes chez Goldmann Sachs au moment où cette banque maquillait les comptes grecs.

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