« 2 € - Waterloo » : duel d’inepties entre Bruxelles et Paris | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


« 2 € - Waterloo »


Duel d’inepties entre Bruxelles et Paris

 Par Patrice de Plunkett (*)

 

Pourquoi une monnaie belge sur Waterloo ? Pourquoi la comédie pseudo-napoléonienne du gouvernement Valls contre le gouvernement Michel ?



Éléments de réflexion :  

 

Pour commémorer la bataille de Waterloo (18 juin 1815 : 12 000 morts), le ministère belge des Finances a fait frapper 270 000 pièces de 2 euros représentant la butte du Lion, destinées à être vendues 8 euros l’unité. Bénéfice escompté : 2,45 millions d’euros. C’était sans compter sur la campagne française des élections départementales !

 

Affolé à l’idée que Marine Le Pen fasse de ce 2 € — Waterloo une preuve de plus de « la soumission de Paris aux eurocrates », le gouvernement français a opposé son veto à la mise en circulation de la pièce. Bruxelles a dû s’incliner, perdant ainsi beaucoup d’argent. D’où l’irritation (non dissimulée) du gouvernement belge, qui accuse Matignon de perdre son temps à des futilités théâtrales.

 

Il n’est pas sûr que M. van Overtveldt* soit moins futile dans cette affaire que le théâtral M. Valls. Fondée en 1830, la Belgique n’existait pas en 1815 : sur le champ de bataille de Waterloo il y avait (aux côtés des Britanniques, Hanovriens, Brunswickois et Nassoviens) des Néerlandais, parmi lesquels un certain nombre de ressortissants des Pays-Bas du Sud qui allaient quinze ans après constituer le nouveau royaume belge.


Mais il faut se souvenir que cette révolution « belge » de 1830 allait se faire... contre l’armée du roi des Pays-Bas Guillaume Ier (1772-1843), celle-là même qui s’était battue à Waterloo. En juin 1815, Guillaume Ier portait le titre de « prince-souverain des Pays-Bas » : c’est à la suite de la victoire alliée de Waterloo qu’il se proclama roi, créant ainsi la situation contre laquelle allait se produire la révolution « belge » de 1830...

 

L’actuel gouvernement de Bruxelles a donc peu de raisons historiques de célébrer Waterloo ; son opération festive 1815-2015 est de nature commerciale et financière. On comprend par là qu’il soit énervé par la soudaine crise napoléonienne de M. Valls.

 

Parlons maintenant de M. Valls. En dehors de ses sourcils impérieux, ses affinités avec Napoléon Ier sont aussi peu évidentes que les raisons belges de commémorer Waterloo.


Vassal de Washington, chef d’un gouvernement qui a encore aggravé le démantèlement de la souveraineté française entrepris sous Mitterrand-Chirac-Sarkozy, M. Valls et son partenaire M. Hollande manquent de sérieux quand ils invoquent la « résonance particulière » de Waterloo dans la « conscience collective » des Français à propos d’une pièce de 2 euros.

 

Sachant que notre conscience collective est sommée depuis 2012 de se résumer aux « nouvelles valeurs de la République » (qui sont ce que l’on sait), et sachant qu’en 2005 la République avait refusé de commémorer Austerlitz, on voit ce que vaut le canon d’alarme de M. Valls nous sommant de courir à la frontière du Nord.

 

Resterait aussi à évaluer ce que les Français de 2015 pensent réellement de Waterloo et des Cent Jours. C’est un autre débat.

 

 

 

Par Patrice de Plunkett (*) - plunkett.hautetfort.com - le 13 mars 2015

* ministre belge des Finances.

 

(*) Patrice de Plunkett, né à Paris le 9 janvier 1947, est un journaliste et essayiste français, qui codirigea le Figaro Magazine… (Source Wikipédia)